CHAPITRE VIII :
LES SERVICES D'ÉTUDES
ÉCONOMIQUES DES ADMINISTRATIONS FÉDÉRALES
I. VUES D'ENSEMBLE DE L'ADMINISTRATION FÉDÉRALE
A. VUE D'ENSEMBLE DE L'ORGANISATION DU GOUVERNEMENT FÉDÉRAL
1. La situation paradoxale du Président des États-Unis vis-à-vis de ses ministres
Comme le souligne M. Yves Mény 57 ( * ) , le Président des États-Unis se trouve dans une situation paradoxale vis-à-vis de ses ministres.
D'un côté, il dispose en principe de tous les pouvoirs à l'égard de ses ministres, qu'il nomme (sous réserve de leur confirmation par le Sénat) et qu'il révoque à son gré, et dont les délégations de pouvoir sont relativement limitées, au point que certains experts 58 ( * ) estiment que « ce sont des conseillers, pour autant que le Président le veuille bien, mais qui n'ont jamais et ne prennent jamais l'initiative, ce que refuserait le Président. Ils sont dans un rôle subordonné ».
De l'autre, le Président ne dispose guère d'institutions lui permettant d'affirmer son leadership . En effet, les « pères fondateurs » de la Constitution américaine étaient hostiles à l'idée d'un « cabinet » ou d'un « conseil des ministres » placé sous l'autorité du Chef de l'exécutif parce que la cohésion du gouvernement leur semblait de nature à favoriser la prééminence du pouvoir exécutif sur le Congrès. La Constitution américaine prévoit ainsi seulement que le Président peut solliciter l'opinion de chacun des responsables ministériels et le « cabinet » n'a donc qu'une existence informelle. Dans la pratique, les ministres peuvent ainsi entraver les initiatives présidentielles, notamment par inertie, au point qu'un ancien vice-Président, Charles Dawes, a pu affirmer 59 ( * ) que « les membres du cabinet sont les ennemis naturels du Président ».
En tout état de cause, les ministres ne constituent pas toujours des relais de transmission des initiatives présidentielles : le Président doit donc s'appuyer sur ses instruments propres, comme le White House Office et l' Executive Office.
Le Président des États-Unis dispose en effet tout d'abord d'une équipe de collaborateurs politiques très étoffée, le « bureau de la Maison Blanche » ( White House Office ), qui regroupe aujourd'hui plus de 600 personnes, dont les multiples conseillers chargés de lui fournir les informations, les documents et les discours nécessaires à l'action gouvernementale 60 ( * ) .
Par ailleurs, le Président est assisté par le « bureau exécutif » (l' Executive Office ) créé en 1937 par Roosevelt, qui rassemble une dizaine d'organismes à vocation technique placés directement sous son autorité.
Les compétences et les dimensions de ces organismes sont très variées, puisqu'on y trouve aussi bien la CIA ( Central Intelligence Agency ) et le Conseil de sécurité nationale ( National Security Council ) que le « bureau du Représentant des États-Unis pour le commerce extérieur » ( Office of the United States Trade Representative ), qui joue le rôle d'un ministre du commerce extérieur.
* 57 Cf. « Politique comparée », Montchrestien, 5 ème édition, 1996.
* 58 Cf. M.-F. Toinet, « Les États-Unis », Puf, 1987.
* 59 Cf. « Politique comparée », Montchrestien, 5 ème édition, 1996, page 310.
* 60 Cf. idem, page 319.