b) La Villa comme plate-forme avancée de l'action culturelle(1ere possibilité)
Par rapport à cet impératif consistant à élargir la fonction « Malraux », il reste à choisir un mode d'organisation fonctionnelle pour la Villa Médicis.
Une des premières branches de l'alternative consisterait à faire de la Villa l'instrument d'une politique décidée à Paris.
C'est largement le cas aujourd'hui en ce qui concerne la mission Colbert ; compte tenu de ce qui a été dit au paragraphe précédent sur les procédures de sélection, cela devra être également largement le cas en ce qui concerne la mission Malraux, si l'on veut profiter pleinement de la vitrine que constitue la Villa Médicis.
Tel est le sens de l'image du porte-avions que nous avons déjà employée.
Le directeur se verrait confier essentiellement une tâche de coordinateur, chargé de régler le ballet harmonieux des personnes et des manifestations qui se succéderaient à la Villa Médicis.
Cette tâche pourrait - mais ce n'est pas absolument indispensable - se doubler d'une fonction de représentation culturelle qui ferait de la Villa Médicis une forme d'ambassade culturelle en Italie et en Europe.
Étant donné le rôle en définitive assez limité que tient le directeur dans le choix des pensionnaires admis à la Villa, et des fonctions de fait qu'il assure en matière de représentation culturelle, la situation ne serait pas très différente de celle qui prévaut actuellement, sauf en ce qui concerne l'organisation des expositions, dont l'initiative incomberait pour une part à des organes nationaux et, en particulier, à la Réunion des Musées Nationaux en liaison avec l'AFAA.
On note que cette option est tout à fait cohérente avec une banalisation du recrutement des pensionnaires, qui pourraient alors être choisis dans les mêmes conditions que les bénéficiaires de bourses au titre de la Villa Médicis « hors les murs ».
c) La Villa comme pôle d'excellence autonome de la création française (2eme possibilité)
L'autre branche de l'alternative serait de faire de la Villa une forme de navire amiral de la culture française , pour rester dans le domaine des métaphores navales, doté d'une certaine autonomie, tant dans la programmation des expositions -sous réserve de la reprise de certaines manifestations grand public de la réunion des musées nationaux - que dans le choix des pensionnaires.
Une des façons qui, selon votre rapporteur spécial, devrait permettre de redonner une certaine cohérence à la Villa, serait de renforcer le poids du directeur dans le choix des pensionnaires.
Actuellement, le directeur, tout vice-président du jury qu'il soit, semble un membre du jury parmi d'autres. L'importance déterminante du choix par la Délégation aux arts plastiques, des rapporteurs chargés de la présélection des candidats, en diminue encore le rôle dans la sélection finale.
L'enseignement majeur que votre rapporteur tire de sa visite au château « Solitude » est que, pour qu'une fondation marche, il faut que les artistes qui y sont accueillis, aient été, directement ou indirectement, le résultat des choix du directeur de l'institution et soient, d'une certaine façon, l'écho, même atténué, des engagements esthétiques de ce dernier.
Sans doute certains verront-ils dans cette ambition une certaine forme de naïveté, au vu du caractère multiforme de la création artistique contemporaine. Mais un tel constat doit-il conduire, pour autant, l'État à renoncer à chercher un système assurant une plus grande cohérence dans le choix des pensionnaires. On augmenterait ainsi la probabilité d'affinités électives , tout en se gardant d'une uniformité qui serait aussi vaine que stérile.
Le système actuel tend à favoriser une certaine dilution des responsabilités. Le renforcement du poids du directeur dans le choix des résidents aurait au moins le mérite d'en faire le responsable - dès lors qu'il resterait en poste suffisamment longtemps - des résultats obtenus.