b) Une stratégie de " niches " et de spécialisation
Chaque pays se spécialise dans la conquête d'un marché mondial , ce qui lui offre des débouchés quasi-illimités. L'exemple traditionnel est celui de l'industrie de la photo : inexistante dans les années 1950, elle se développe au Japon dans les années 1960 où elle est exportée à 80 % (en valeur).
Chaque pays d'Asie s'attache ainsi à conquérir une position dominante dans une ou plusieurs industries particulières : Singapour devient leader mondial des disques durs pour ordinateurs personnels, Hong Kong leader du jouet électronique, la Corée du Sud leader pour les téléviseurs et Taiwan pour les consoles d'ordinateurs. En définitive, ces pays se forgent un avantage compétitif apprécié sur le marché mondial, qui leur permet d'amorcer une progressive remontée de filière vers les productions et technologies à plus forte valeur ajoutée.
La stratégie de promotion des exportations n'a pas pour objectif de développer une économie nationale autosuffisante, mais, au contraire, vise à s'insérer de façon optimale dans la division internationale du travail . L'économie peut donc avoir une structure industrielle déséquilibrée et être organisée autour de quelques niches d'activités .
Cette stratégie se double d'une tactique d'élimination de la concurrence par un avantage de prix qui autorise la conquête fulgurante des marchés mondiaux, grâce à l'utilisation des techniques modernes de production, à l'achat de composants intermédiaires aux meilleurs prix mondiaux, à la qualité d'une main-d'oeuvre initialement bon marché et, dans les années concernées, à une parité monétaire offrant une prime de compétitivité.
Dès que l'amorçage des exportations est réalisé, des entreprises locales se créent dans les secteurs concernés. C'est ainsi que le Japon a, au début des années 1980 et en l'espace de quelques années, ravi aux Etats-Unis la première place en matière de composants électroniques et de mémoires dynamiques à très haute intégration.
Le développement devient alors plus ou moins endogène. C'est l'effet d'entraînement des exportations.
Initialement très concentrées sur quelques spécialités, les exportations se diversifient et se sophistiquent par la suite. On estime qu'au moins trois vagues de spécialisations se sont succédées pour les NPI, de produits peu élaborés vers les produits de haute technologie : une division verticale du travail s'instaure d'ailleurs, entre les pays les plus développés et leurs voisins, au fur et à mesure de la montée en gamme du tissu industriel de ces pays.