II. UNE PRÉSENCE À ACCENTUER
A. LA FAIBLESSE RELATIVE DES POSITIONS FRANÇAISES
1. Un déficit français au sein de l'ensemble européen
a) Une présence européenne déjà loin derrière les Etats-Unis et le Japon
Malgré la reprise de l'économie régionale, l'ASEAN reste un très modeste partenaire commercial de l'Union européenne . En 1999, elle représentait 1,5 % des exportations et 2,7 % des importations européennes, assez loin en Asie derrière le Japon (1,7 % des exportations et 3,5 % des importations européennes) et juste devant la Chine (0,9 % des exportations et 2,5 % des importations européennes). Pendant la crise asiatique, la contraction de la demande régionale a entraîné une baisse d'un tiers des exportations européennes vers l'ASEAN qui, après un pallier en 1999 légèrement supérieur à 31,5 milliards d'euros, sont reparties à la hausse en 2000.
Contrairement aux exportations, les importations européennes (notamment de biens d'équipement et de biens intermédiaires) ont continué d'augmenter pendant la crise (+12,6 % en 1998 et +7,3 % en 1999) pour atteindre près de 54,5 milliards d'euros en 1999. Le déficit commercial de l'Union avec l'ASEAN s'est ainsi creusé pour atteindre 24,4 milliards d'euros en 1999, après avoir frôlé l'équilibre en 1997. Les principaux partenaires commerciaux de l'Union européenne -comme de la France- au sein des 10 pays de l'ASEAN sont Singapour (38,1 % des exportations et 23,3 % des importations européennes), la Malaisie (respectivement 20,6 % et 24,1 %) et la Thaïlande (respectivement 15,1 % et 18,4 %).
Parmi les pays occidentaux, le poids économique des Etats-Unis est bien supérieur dans la zone, non seulement sur le plan des échanges commerciaux, mais également des investissements : par exemple, en 1999, les Etats-Unis ont représenté 45 % des investissements manufacturiers totaux à Singapour (contre 15 % pour le Japon et 14 % pour l'Europe).
b) La France : des performances modestes
Au sein de l'ensemble européen, la France réalise des performances modestes.
- A Singapour
Sur le plan commercial , sa part de marché est souvent en deçà de celle de ses principaux partenaires européens, au premier rang desquels figurent le Royaume-Uni, historiquement présent dans la zone, et l'Allemagne.
A Singapour, par exemple, la part de marché française tourne autour de 2,5 % en moyenne, pour la décennie 1990, alors que l'Allemagne est à 3,5 % et l'ensemble européen à 16 % (Royaume-Uni en tête).
Les principaux fournisseurs de Singapour sont en effet l'Asie (aux deux tiers : 17 % pour le Japon, 15 % pour la Malaisie, 5 % pour la Chine et la Thaïlande) et les Etats-Unis (18 %, premier pays fournisseur) devant l'Europe (16 %).
De même, pour les investissements directs étrangers , en stock , en 1997 (derniers chiffres disponibles) ce sont les Etats-Unis qui possédaient le plus grand volant d'investissements étrangers dans la Cité-Etat avec 17,9 % du total , en particulier dans le secteur manufacturier, soit plus de 29 % de la part étrangère, suivi par le Japon , qui contribue pour 16,9 %, et qui caracole en tête des investissements financiers avec 13,9 % du total de ces investissements (parts nationale et étrangère confondues).
Si l'ensemble des pays européens représente près du tiers du stock total, soit le même poids que l'ensemble des pays asiatiques, les situations individuelles sont très contrastées : certains pays, en particulier le Royaume-Uni , ont déjà un stock important d'investissements directs à Singapour (36 % du stock européen), tandis que la France ou l'Allemagne ont un stock plus limité, mais en forte croissance depuis 1990. Les Pays-Bas ou la Suisse ont également une forte présence puisqu'en 1997 ils dépassaient Hong Kong et la Malaisie et se situaient devant l'Allemagne et la France (Royaume-Uni environ 11 % du stock d'investissements, Suisse environ 8 %, Pays-Bas environ 6 %, Allemagne environ 1,9 % et France environ 1 %).
D'après les données communiquées à la délégation par l' Economic Development Board , la France n'est que le 6 e investisseur étranger à Singapour dans le secteur de la production manufacturière.
- En Malaisie
En Malaisie, avec près de 40 % des investissements directs étrangers en 1999, les Etats-Unis sont les premiers investisseurs, devant le Japon (10,7 %) et Singapour (8,4 %). Selon les statistiques malaisiennes, la France n'est qu'au 13 e rang des investisseurs étrangers , et, avec 1 milliard de francs d'investissements, au 4 e rang européen, loin derrière l'Allemagne (6 milliards de francs, soit 6 fois plus que la France), les Pays-Bas (3,2 milliards de francs) et le Royaume-Uni (3 milliards de francs, soit trois fois plus que la France). Rappelons toutefois que ces chiffres ne comptabilisent que les investissements manufacturiers, et non les services, et pourraient donc sous-estimer la position relative française.
Avec une part de marché de 1,5 % en Malaisie, la France est, sur le plan commercial , le 13 e fournisseur malaisien, loin derrière le Japon (21,4 %), les Etats-Unis (16,3 %), Singapour (13,8 %) et derrière ses partenaires européens allemand (2,9 % de part de marché, soit presque deux fois plus que la France) et britannique (2 % de part de marché).
Pour autant, les progrès réalisés depuis la précédente mission d'information de votre commission, en 1989, sont très importants. Ainsi, à l'époque, la France n'avait que 245 entreprises implantées à Singapour, où elle disposait d'une part de marché de 1,78 % (deux fois moins que l'Allemagne !), et seulement 73 entreprises implantées en Malaisie. On mesure dès lors mieux le chemin parcouru.