b) Des relations commerciales en recomposition
Un solde devenu négatif
Lors des années 1990, nos échanges commerciaux avec la cité-Etat ont été relativement équilibrés : le solde bilatéral a alternativement été excédentaire et déficitaire ; le taux de couverture moyen a été proche de l'unité sur l'ensemble de la décennie. Les échanges commerciaux sont toutefois devenus déficitaires durant la crise asiatique. Cette détérioration, qui s'est poursuivie au cours de l'année 2000 (aggravation du déficit commercial français, malgré la forte reprise de la demande intérieure) a des causes conjoncturelles (nos exportations de biens d'équipement, relativement inertes, sont loin d'avoir retrouvé leur niveau d'avant crise) mais aussi structurelles (montée en puissance des échanges de biens intermédiaires).
Au total, nos relations commerciales avec Singapour restent relativement modestes : en 1999, Singapour représente 0,63 % de nos exportations et 0,75 % de nos importations. La cité-Etat a rétrogradé au 28 e rang des pays clients de la France sur les neuf premiers mois de 2000, tandis qu'elle reste notre 21 e fournisseur sur la période. La part de marché moyenne de la France à Singapour est de 2,3 % en 1999, (contre 3,2 % pour l'Allemagne) pour une moyenne de 2,5 % sur les années 1990. La France est ainsi le 13 e fournisseur de Singapour, derrière les Etats-Unis (1 er fournisseur), le Japon (2 e fournisseur), les partenaires asiatiques, l'Allemagne (8 e fournisseur) et le Royaume-Uni (12 e fournisseur).
L'évolution de nos échanges est retracée ci-après :
Une structure en évolution
- Les exportations françaises
La structure des exportations françaises vers Singapour est traditionnellement constituée principalement de biens d'équipement, mais avait tendance, depuis la crise, à se modifier au profit des biens intermédiaires et des biens de consommation.
Le retour des investissements des entreprises dans un contexte économique en amélioration a fait que le secteur des biens d'équipement a connu la plus forte croissance en ce qui concerne les exportations françaises : ce secteur représente désormais 32,3 % des exportations totales, ce qui est toujours moins qu'au 1 er semestre 1998 quand ce chiffre atteignait 43,8%.
La progression des exportations de biens intermédiaires est en grande partie le résultat de la progression des composants électroniques (+28,8 %), principale catégorie de produit exportée, qui représente à elle seule 20,3 % des exportations françaises totales. Cette tendance s'explique par le renouveau de la demande asiatique de produits électroniques, et le restockage corrélatif de l'industrie électronique singapourienne. Dans un même temps, l'amélioration du climat économique à Singapour au premier semestre 2000, conjointe à une relance de la consommation des ménages, a entraîné à la hausse les exportations françaises de spiritueux (plus de la moitié des exportations agro-alimentaires vers Singapour) et de biens de consommation tels que l'habillement (+49,2 %), la pharmacie-parfumerie (+36,3 %) et l'automobile (+70,7 %).
EVOLUTION STRUCTURELLE DES EXPORTATIONS
FRANÇAISES
(CHIFFRES EN MILLIONS DE FRANCS ET EN %)
- Les importations françaises
La structure des importations françaises est traditionnellement déséquilibrée au profit des biens d'équipement et des biens intermédiaires , notamment en raison de la part de l'équipement et des composants électroniques. Cette part était néanmoins en diminution depuis 1998.
Or, la tendance récente est à un retour à la prédominance des importations d'équipement et composants électroniques : ces catégories ont représenté 77 % des importations françaises durant le 1 er semestre 2000 (ce chiffre était de 70 % en 1998). L'explication est la progression de 97,8 % des importations en composants électroniques, stimulées par la demande en produits de la " Nouvelle Economie ".
Dans un même temps, les importations de produits chimiques , qui avaient cru de manière importante durant les deux dernières années, ont lourdement chuté (- 21,3 %), limitant la croissance des importations de biens intermédiaires. Plus accessoirement, la croissance des importations en pharmacie-parfumerie (+ 124,8 %), qui concerne surtout les produits pharmaceutiques de base, a entraîné avec elle la progression des importations de biens de consommation (+ 21,8 %). Malgré tout cela, les importations de trois catégories de produits , les ordinateurs et équipements informatiques (38,4 % des importations totales), les produits chimiques organiques de base (21,0 %) et les composants électroniques (16,9 %), représentent à elles-seules 76,3 % des importations françaises depuis Singapour.
EVOLUTION STRUCTURELLE DES IMPORTATIONS
FRANÇAISES
(CHIFFRES EN MILLIONS DE FRANCS ET EN %)
Les prévisions sont optimistes pour 2001 : les flux commerciaux vers Singapour devraient être soutenus par la pérennité du rebond de la consommation des ménages d'une part (+ 9,1 % au second trimestre 2000, en glissement annuel) et surtout par la bonne santé de l'économie singapourienne, qui devrait stimuler la demande en biens intermédiaires et en biens d'équipement. A cet égard, il faut signaler également la reprise des commandes des biens d'équipement lourds, avec la commande par Singapore Airlines de 25 superjumbo A380 à Airbus, pour un total de 8,6 milliards de dollars, livrés entre 2006 et 2011.