c) Une restructuration économique et financière inachevée
En Malaisie, comme dans la plupart des économies d'Asie touchées par la crise, la restructuration des entreprises et celle du secteur financier sont deux nécessités. En effet, la fragilité du système bancaire et l'endettement excessif ont largement déterminé la crise asiatique.
Le financement des groupes industriels s'est longtemps fait par le crédit (les entreprises ayant privilégié les créanciers au détriment des actionnaires pour financer leur développement). Ainsi, lorsque la crise a éclaté, les banques présentaient des bilans fragiles et d'importantes expositions de hors-bilan, de sorte que les problèmes de service de la dette, rencontrés en 1997 par de nombreuses entreprises, grandes et petites, se sont rapidement propagés au secteur financier.
La reprise d'une croissance durable passe par un assainissement du système bancaire , une diminution de l'endettement interne privé (qui représente environ 120 % du PIB) et par la baisse corrélative des charges financières qui pèsent sur les entreprises.
En Malaisie, deux agences gouvernementales ont été chargées de restructurer le secteur financier. Les résultats obtenus semblent mitigés. Si Danamodal , l'agence chargée de recapitaliser les institutions financières, estime avoir rempli ses objectifs (le ratio " Cooke 24 ( * ) " moyen de l'industrie bancaire est de plus de 13 %), les résultats de Danaharta , la structure de défaisance, qui a acquis environ un tiers du total estimé des mauvaises créances du système bancaire, sont plus contestés : ses tentatives, à partir de fin 1999, de mise aux enchères des biens immobiliers, collatéraux des prêts non performants, n'ont pas atteint leurs objectifs, si bien que l'agence se retrouve contrainte de conserver ces actifs et risque de devoir recourir aux fonds publics pour rembourser les obligations qu'elle a émises en 1998 et, au début 2000, pour un montant total de 2,9 milliards de dollars américains.
Dans une analyse récente des progrès de la restructuration bancaire en Malaisie, la Banque Mondiale estime qu'à la fin juin 2000, le montant des prêts " non performants " 25 ( * ) du système bancaire malaisien s'élevait à 65,2 milliards de ringgits, même s'ils ne représentaient plus, à cette date, que 16,2 % de l'encours total de crédits, contre 18,9 % en 1998. Comme nombre d'observateurs internationaux, la Banque Mondiale estime que les progrès en la matière ont été particulièrement lents.
Parallèlement, la consolidation programmée du secteur financier (58 institutions devaient fusionner avant la fin de l'année 2000 autour de 10 pôles bancaires) se poursuit mais a pris du retard : au 31 décembre 2000, seuls six regroupements avaient eu lieu, la Banque centrale ayant prolongé le délai de l'autorisation de fusion pour les quatre autres piliers.
Les avantages attendus de cette consolidation sont, d'abord, l'amélioration de la compétitivité du secteur bancaire face à la croissance de la concurrence internationale et, ensuite, l'assurance d'éviter des défaillances éventuelles qui auraient des conséquences néfastes sur l'économie en général.
* 24 Ratio prudentiel bancaire
* 25 Créances ayant donné lieu à des incidents de remboursement