2. Un accès au monde de l'emploi
Comme le remarque l'UNIOPSS, le programme Nouveaux services - Emplois-jeunes a permis de " mettre le pied à l'étrier " de jeunes qui ont ainsi découvert et éprouvé les contraintes de la vie professionnelle. Pour reprendre la formule de M. Claudy Lebreton, secrétaire général de l'Association des départements de France (ADF), le dispositif a " ouvert une fenêtre sur l'emploi " pour des jeunes très touchés par le chômage.
Les emplois-jeunes ont constitué un élément positif pour des jeunes qui rencontraient de fortes difficultés ou qui se heurtaient à des phénomènes de discriminations à l'embauche.
En moyenne globale, en décembre 1999, 64,8 % des titulaires d'emplois-jeunes étaient au chômage 2 ( * ) .
La RATP estime qu'elle a recruté à 80 % des emplois-jeunes qui étaient auparavant au chômage, avaient un bas niveau de qualification et qui étaient en partie désocialisés.
Les emplois-jeunes ont permis aussi, à travers les recrutements financés par EDF-GDF, la Poste ou les organismes d'HLM, d'ouvrir un accès à l'emploi aux jeunes des quartiers difficiles ; de même, la Police nationale, tout en veillant à ne pas instituer de quotas formels, a tenu à préserver une dimension locale lors du recrutement des emplois-jeunes dont 10 à 20 % sont issus de quartiers difficiles.
Cet accès au monde du travail pour des jeunes menacés par une longue période d'inactivité à leur sortie de l'enseignement est à mettre au crédit du dispositif. Un milieu professionnel transmet et suppose le respect de valeurs particulières : respect des horaires, souci de la qualité du travail, capacité de communication. Ne pas permettre rapidement à des jeunes à la recherche d'un emploi d'accéder au monde du travail, c'est leur faire courir un grand risque pour la suite de leur parcours professionnel.
3. Un soutien à la découverte et au développement de nouvelles activités
Globalement, les nouveaux métiers ont réussi à exister par delà les appellations parfois surprenantes proposées comme pistes de réflexion en 1997.
Une trentaine de nouveaux métiers susceptibles d'être intégrés dans les conventions collectives ont ainsi été identifiés par la Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle .
Concernant les collectivités locales , M. Claudy Lebreton, président du Conseil général des Côtes d'Armor, secrétaire général de l'Association des départements de France (ADF) souligne que les emplois créés directement par les départements correspondaient bien à des nouveaux services " à la lisière de l'emploi public et de l'emploi marchand " (animation sociale dans les établissements pour personnes âgées, embellissement des routes départementales). Les communes ont également ressenti le besoin de nouveaux métiers dans les domaines de l'animation urbaine ou de la communication municipale, métiers que la grille de la fonction publique territoriale ne permettait pas de prendre en compte ; les départements ont fréquemment accompagné la création de tels emplois.
Dans le domaine sportif , les emplois-jeunes ont répondu à des besoins émergents pour jouer un rôle de liaison et améliorer la communication entre les associations sportives et les différentes institutions, qu'il s'agisse des services administratifs locaux ou des responsables politiques.
Selon l'UNIOPSS, les associations en milieu rural ont bénéficié d'un potentiel de développement sur de nouvelles activités du fait des emplois-jeunes. Ce point est confirmé par la Fédération nationale des maires ruraux (FNMR) qui souligne l'intervention bénéfique des emplois-jeunes dans les domaines de l'aide aux personnes âgées, de la petite enfance, de l'accueil des jeunes et des nouvelles technologies.
Pour ce qui concerne l'Education nationale , la situation est plus contrastée : si, dans le premier degré, les aides éducateurs ont souvent mis en place des activités entièrement nouvelles, il apparaît en revanche, dans le second degré, que ces derniers entraient parfois en concurrence avec les maîtres d'internat et surveillants d'externat (MI-SE) ou avec les documentalistes.
En revanche, comme le souligne le Centre d'études et de recherches sur les qualifications (CEREQ), les emplois-jeunes ont été particulièrement utiles dans le système scolaire dès lors qu'ils ont assuré une réponse " interstitielle " à des besoins qui ne relevaient ni des surveillants ni des enseignants -des emplois " ni-ni ", en somme (maintenance du parc informatique, accueil des enfants handicapés, aide administrative).
Dans le domaine de la médiation sociale , les expériences menées par EDF ont montré l'utilité des emplois-jeunes pour jouer un rôle de prévention en cas de difficultés de paiement. D'une manière générale, EDF-GDF se félicite de l'aspect à la fois utile et novateur des emplois-jeunes subventionnés au titre de la politique de la ville sur des missions de gardiennage, de service aux particuliers.
S'agissant des transports publics , à la SNCF, les services offerts dans les gares et les trains par les emplois-jeunes ont été perçus comme des facteurs de confort et de sécurisation par les voyageurs, ce qui a conduit au demeurant la SNCF à porter de 1.400 à 1.800 le nombre de ses emplois-jeunes. La RATP se félicite, pour sa part, de la bonne perception par les voyageurs des services rendus par les agents de sécurité affectés à des tâches de prévention.
Si les notions de " nouveau service " et de " besoin émergent " se sont bien avérés opérationnelles, il reste à se demander si tous ces nouveaux emplois sont susceptible de devenir des métiers à part entière ou si, comme le souligne M. Pierre Gabe, directeur exécutif d'EDF, il paraît peu envisageable de faire " carrière " sur une fonction créée à partir d'un emploi-jeune.
Celui-ci considère que les tâches demandées aux emplois-jeunes à EDF-GDF présentent des exigences relativement faciles à satisfaire et que ces activités apparaîtraient rapidement fastidieuses si elles devaient être exercées en permanence.
La grande question est bien de savoir si les emplois-jeunes créent de nouveaux métiers de service ou s'ils doivent être considérés comme des " emplois tremplins " avant l'exercice d'autres activités plus traditionnelles.
C'est l'une des ambiguïtés initiales du dispositif dont il n'est pas étonnant qu'elle persiste à l'usage.
* 2 Il est à noter que ce taux atteignait 73,5 % pour les emplois-jeunes hors Education nationale et Police nationale et que 8,5 % d'entre eux étaient même allocataires du RMI.