D. LA VALORISATION DES INERTES
1. Présentation
Deux
chiffres méritent d'être rappelés :
le BTP utilise chaque année environ 380 millions de tonnes de
granulats, dans une proportion d'un tiers pour les bâtiments et de deux
tiers pour les travaux publics ;
le BTP génère chaque année environ 25 à 30
millions de tonnes de gravats, dont 90 % sont mis en
décharge.
Origine des gravats |
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Par type d'ouvrage |
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Par type de chantier |
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Logement 40 % |
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Démolition 80 % |
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Bâtiments industriels 35 % |
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Construction 8 % |
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Travaux publics 25 % |
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Rénovation 12 % |
Source : IREX, mai 1990 |
Jusqu'à présent, il n'y avait aucune raison de
rapprocher ces deux chiffres, mais les circonstances pourraient amener à
changer d'attitude :
sur le plan
juridique
, l'échéance du
1
er
juillet 2002 est naturellement déterminante
puisque la mise en décharge sera normalement réservée aux
seuls déchets ultimes ;
sur le plan
économique
, on ne peut exclure que le secteur
connaisse quelques difficultés d'approvisionnement. L'offre de
matériaux traditionnels, notamment de granulats, sera affectée
par une difficulté grandissante à obtenir l'ouverture de
carrières, et par les contraintes touchant à l'extraction des
granulats alluvionnaires ;
en outre, les mairies, qui jusque là n'étaient pas
directement concernées par les déchets de démolition (les
déchets étaient mis en décharge par les professionnels du
bâtiment), vont le devenir, car non seulement elles seront
interrogées par les responsables du BTP pour savoir où mettre
leurs déchets et comment les valoriser, mais elles
récupéreront en outre une partie de ces gravats ou inertes par le
biais des déchetteries.
C'est d'ailleurs l'une des surprises de cet aménagement. Les
déchetteries ont été conçues pour être des
centres de récupération de matériaux et de
" pré-tri ", afin de les diriger vers les filières de
traitements adaptées. Leur organisation a été
fondée sur des hypothèses d'apports et de flux de déchets
dont certaines se sont avérées sous-estimées.
régularité. Ainsi, les déchets ne sont pas toujours ceux
qui étaient envisagés initialement. Certains centres
reçoivent en particulier d'importants volumes de bois (bois de coupes,
souches, chutes de menuiserie, portes...) qu'aucune étude n'avait
convenablement appréhendé. Il en est de même pour les
apports de plâtres. Les gisements existent, et les déchetteries
les ont fait apparaître.
A terme, ce sont donc plusieurs millions de tonnes qui seront à
gérer. Il convient en effet de rappeler les apports en
déchetterie. Un tiers des apports en déchetterie est
constitué par les gravats et inertes. Ainsi, pour un parc de 1.438
déchetteries, 1.220 tonnes de gravats ont été
collectées. Sur la base de 4.000 déchetteries, plus de 3 millions
de tonnes d'inertes et gravats seront collectés en
déchetteries.
2. Perspectives
Ainsi,
tandis que la demande de matériaux restera vive, l'offre de
matériaux potentiellement recyclables va croître. Le gisement est
même très important, mais force est de reconnaître que les
recherches ont été encore peu actives. Curieusement, les
recherches pour rapprocher cette offre et cette demande ont été
beaucoup plus poussées sur l'utilisation des mâchefers
d'incinération que sur l'utilisation des gravats de démolition
alors que les gisements sont sans comparaison. Quelques pistes peuvent
néanmoins être évoquées :
En amont
Les traitements " amont " visent à mieux préparer et
trier les déchets pour les rendre plus facilement valorisables, par
concassage notamment.
Les difficultés viennent du fait que les matériaux émanant
du génie civil, les gravats de démolition, et du bâtiment
présentent une assez grande
hétérogénéité avec une obligation de tri qui
obère leur rentabilité. Ils peuvent également incorporer
des composants qui les rendent impropres à leur utilisation
(matériaux amiantés, plomb...).
Les initiatives visent à généraliser la
déconstruction sélective, afin d'obtenir un matériau
facilement valorisable. Ces développements ne peuvent qu'être
progressifs, car ils génèrent de fortes perturbations dans la
structure même du secteur. En effet, les entreprises de démolition
sont essentiellement des petites et moyennes entreprises (PME), dont la
structure correspond aux besoins de souplesse et de régularité de
réaction du marché. Une déconstruction sélective
(en triant les différents matériaux) entraîne
inévitablement une plus grande technicité, parce qu'il ne s'agit
plus de récupérer pour transporter en décharge, mais de
sélectionner des matériaux susceptibles d'être
réutilisés. Il n'est pas exclu que l'on assiste à une
restructuration et à l'émergence d'un nouveau secteur,
chargé spécialement des démolitions.
En aval
Les traitements " aval " visent à mieux utiliser le gisement.
Quelques initiatives peuvent être évoquées :
le concassage des poteaux électriques en béton (300.000
tonnes par an) réalisé en partenariat avec EDF ;
l'utilisation de plâtres collectés en déchetteries,
dans la fabrication du ciment ;
l'utilisation de bois collecté en déchetteries, et
broyé comme support matière dans le compost des boues de stations.
Ces deux dernières initiatives sont développées par le
SYMIRIS de Rambouillet sur l'impulsion de son très actif
président, M. Jean-Philippe Assel.