3. Bibliothèque Nationale de France : la galère informatique
Comme
la presse s'en est fait largement l'écho, la Bibliothèque
nationale de France a connu, à l'ouverture du niveau rez-de-jardin
destiné aux chercheurs en octobre 1998, un certain nombre de
difficultés dans la mise en oeuvre de la version dite V1 du
système d'information concernant les services au public. Celles-ci ont
surtout touché la partie sensible de la chaîne de communication
comme la réservation de places et de documents par les lecteurs ou le
suivi du document entre les magasins et les banques de salle de lecture.
Compte tenu des dysfonctionnements constatés lors de la mise en oeuvre
du système, dans les livraisons du titulaire du marché, la
société Cap Gemini, la BNF n'a pu réceptionner
contractuellement la version dite V1. L'ouverture du niveau destiné
à la recherche ne pouvant plus être différée, une
" solution d'attente " a été déployée
à la demande de la BNF, conformément à une clause du
marché.
Certes, la direction de la Bibliothèque Nationale de France reste
confiante et fournit des réponses laissant penser que la crise est
largement derrière nous : "
Pour ce qui concerne
l'intégration des applications dans l'infrastructure (système de
gestion de base de données, réseau interne...), les
difficultés techniques observées (qui sont à l'origine des
incidents majeurs
survenus en octobre 1998) ont été
résolues en 2 campagnes (décembre 1998, puis février 1999)
et n'occasionnent plus de pannes longues du système. Depuis mars 1999,
les taux de disponibilité des systèmes centraux
s'améliorent et dépassent 99,7 %. Depuis juin 1999, la
durée cumulée des pannes est au maximum d'une heure par
mois. "
Mais le problème administratif demeure sur les responsabilités
dans ce qui constitue un fiasco informatique. Les tests sur les requêtes,
réalisés sur la collection " Que sais-je ? ", témoignent
d'un progrès très relatif : le délai pour obtenir une
liste de titres correspondant à un critère est passé de 16
à environ 2 minutes. On reste cependant très loin de l'objectif
de 2,5 secondes fixé par le cahier des charges, et ce, près
de cinq ans après le début des travaux et deux ans après
la date prévue (fin 1997) de remise de l'application.
Une des conséquences de ce retard est que de
nombreux logiciels
(tels que ceux qui gèrent le dépôt légal) qui
auraient dû être remplacés par les versions 2 (V2) et 3
(V3),
restent en service. D'où un coût de maintenance
supplémentaire auquel s'ajoute celui de la correction du bogue de l'an
2000
, qui n'avait, au départ, pas lieu d'être.
Les désaccords importants entre la BNF et le titulaire du marché
Cap Gemini ont conduit l'établissement à
résilier,
après mise en demeure restée infructueuse au mois de mai 1999, le
marché aux torts du titulaire le 22 juillet 1999.
En effet, de
nouvelles dérives de calendrier étaient annoncées par Cap
Gemini pour terminer la version V1 et livrer le reste du système en
juillet 2000, soit plus de 30 mois de retard par rapport au marché.
On note également que, Cap Gemini avait fait état d'une
réclamation financière que la BNF avait estimé non
justifiée au regard des dispositions du marché.
A la suite de la résiliation du contrat, Cap Gemini qui a
indiqué qu'il "
prend acte de cette décision, regrette
l'interruption d'un chantier qui aurait pu être mené à son
terme et prendra toutes dispositions utiles pour faire valoir ses droits
",
a saisi le Comité consultatif national des règlements amiables,
sans qu'aucun contentieux ne soit ouvert à ce jour .
Des procédures d'appel d'offres sont en cours pour permettre, d'une
part, d'achever les améliorations nécessaires au service au
public et, d'autre part, de mettre en oeuvre toutes les fonctionnalités
destinées aux professionnels, notamment pour les acquisitions, le
catalogage, la réception du dépôt légal et la
conservation des documents.
Toute la question pour votre rapporteur sera de faire la part dans ce dossier
de ce qui résulte effectivement de la défaillance du titulaire du
marché et de ce qui relève de la responsabilité du
maître d'ouvrage, qui, par sa lenteur de réaction et de multiples
modifications des spécifications initiales du cahier des charges, a pu
ralentir et compliquer encore la solution des problèmes informatiques de
la Bibliothèque nationale de France.