B. LES AUTRES FACTEURS D'ÉVOLUTION
Mais,
pour apprécier l'accroissement des charges de personnel, il faut prendre
en compte les autres facteurs d'augmentation que sont les mesures
générales applicables à la fonction publique dont l'effet
atteint 48,9 millions de francs en 2000.
Il apparaît aussi que les crédits ouverts en 2000 au titre du
protocole ne couvrent qu'une fraction des charges du protocole en année
pleine.
Malgré cela, les dépenses de personnel s'accroissent de
162,3 millions de francs.
Ces évolutions sont évidemment préoccupantes puisqu'elles
laissent présager le maintien d'un rythme de progression des charges de
personnel très rapide et sans commune mesure avec les contraintes qui
pèsent sur les salaires des entreprises de transport aérien
confrontées à la nécessité d'affronter la
concurrence.
Il faut ajouter que cette perspective jure avec les conditions
générales de progression des rémunérations de la
fonction publique.
On peut au surplus redouter, compte tenu de la structure des
rémunérations des personnels de la DGAC marquée par
l'importance des indemnités, les effets retardés de ces
évolutions sur les charges de pension, l'une des revendications majeures
des personnels consistant à obtenir une meilleure adéquation de
leurs pensions avec leurs rémunérations d'activités.
Enfin, pour s'en tenir aux seuls chapitres de rémunération hors
cotisations et prestations sociales, les évolutions significatives
suivantes doivent être rappelées :
Evolution de la masse salariale du BAAC hors charges sociales
|
1995 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Ecart
1
|
Ecart
1
|
Rémunérations des titulaires et contractuels |
1.463,9 |
1.644,4 |
1.752,5 |
1.820,6 |
1.892,1 |
29,2 |
3,9 |
Rémunérations des personnels ouvriers |
170,7 |
186,3 |
191,9 |
199,5 |
201,2 |
17,8 |
0,08 |
Vacataires et divers |
12,7 |
19,2 |
18,9 |
15,9 |
18,3 |
44,1 |
15,1 |
Primes et indemnités |
886,3 |
1.074,8 |
1.164,6 |
1.264,2 |
1.328,8 |
49,9 |
5,1 |
Total |
2.533,6 |
2.924,7 |
3.127,9 |
3.300,2 |
3.440,4 |
35,8 |
4,2 |
(1)
En pourcentage
Rapportée au nombre d'agents, la masse salariale hors cotisations
sociales donnait un coût par agent de 255.000 francs en 1995, de
284.920 francs en 1997, de 301.000 francs en 1998, de
311.398 francs en 1999 et de 319.206 francs en 2000 soit un niveau de
rémunération individuelle supérieur de 25 % au
montant atteint en 1995.
L'essentiel de la progression de la masse salariale de la DGAC (35,8 %
au total) vient donc de la revalorisation des rémunérations
individuelles, le reste provenant de l'accroissement des effectifs.
Ce
n'est donc pas la nécessité de mettre en place des
capacités nouvelles de traitement du trafic qui explique à titre
principal le glissement de la masse salariale. Cette nécessité
reste d'ailleurs à démontrer compte tenu d'une évaluation
réaliste des conditions de travail des agents du contrôle
aérien mais bien le choix de revaloriser les traitements des agents.
Les conditions dans lesquelles est gérée la masse salariale du
BAAC débouchent sur
des évolutions évidemment peu
raisonnables au regard des contraintes financières du moment qui
s'imposent tant à la fonction publique qu'aux salariés des
entreprises du transport aérien
.
En la matière une inquiétude supplémentaire provient
d'abord de la perspective de conflits portant sur la durée du travail
des personnels.
Sous bénéfice d'inventaires, cette question devrait pourtant
être abordée avec circonspection compte tenu des conditions dans
lesquelles est organisé le travail d'une partie importante des
personnels.
A titre d'exemple, pour les ingénieurs du contrôle de la
navigation aérienne, les obligations de service dans les
différents organismes définies par les instructions de la
direction de la navigation aérienne sont les suivantes :
Pour les centres en route de la navigation aérienne et sur les
aéroports d'Orly et Charles-de-Gaulle, les contrôleurs sont tenus
d'effectuer, en moyenne hebdomadaire, 32 heures de présence dont 24
heures en tenue effective d'un poste de contrôle. En application des
protocoles signés en 1988 et 1991, des modulations d'horaire sont mises
en, conduisant les contrôleurs a effectuer 36 heures de présence
hebdomadaire dans les périodes chargées.
Sur les aérodromes autres qu'Orly et Charles-de-Gaulle, la
durée hebdomadaire moyenne de présence sur le lieu de travail est
adaptée de la durée réglementaire fixée pour la
fonction publique (actuellement 39 heures par semaine) par application des
coefficients de pondération destinés à compenser les
contraintes résultant du travail effectué la nuit, les dimanches
et jours fériés. Selon les aérodromes, cette durée
peut varier de 34 heures 30 à 37 heures 30 par semaine. La durée
effective de tenue d'un poste de contrôle en est déduite par
application d'un coefficient tenant compte de la pénibilité du
travail (contraintes nerveuses et fatigue visuelle liées au travail sur
écran radar notamment).
Dans le cadre du protocole signé le 3 novembre 1997, il est en outre
prévu de réduire à partir de la fin 2000, la durée
hebdomadaire moyenne de présence sur le lieu de travail à 22
heures pour les aérodromes de Nice, Lyon, Marseille, Toulouse,
Bâle, Bordeaux, Strasbourg, Montpellier, Nantes, Clermont-Ferrand, Lille,
Pau, Le Bourget, Point-à-Pitre et Fort-de-France.
Des modulations d'horaires du même type que celles mise en place pour les
centres en route de la navigation aérienne, d'Orly et Charles de Gaulle
sont également prévues (le total des heures de présence au
delà des 32 heures hebdomadaires dans la limite de 36 heures ne
pourra excéder 64 heures sur l'année).
L'on doit également redouter une importante augmentation des charges de
pensions.
La perspective de nombreuses cessations d'activité se traduira dans les dix ans à venir par une augmentation annuelle des charges de pension de l'ordre de 2,6 %.