Projet de loi de finances pour 2000, adopté par l'Assemblée nationale, TOME III - Les moyens des services et les dispositions spéciales (deuxième partie de la loi de finances) Annexe n° 25 - Equipement, transports et logement : III. - Transports : transport aérien et météorologie et aviation civile.
COLLIN (Yvon), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 89-TOME III Annexe n° 25 (1999-2000) - COMMISSION DES FINANCES
Tableau comparatif au format Acrobat ( 342 Ko )Table des matières
-
PREMIÈRE PARTIE :
LE BUDGET ANNEXE DE L'AVIATION CIVILE -
CHAPITRE PREMIER :
L'ÉQUILIBRE DU BUDGET ANNEXE DE L'AVIATION CIVILE -
CHAPITRE II :
UN BUDGET CONFRONTÉ À DES DIFFICULTÉS
JURIDIQUES ET FINANCIÈRES -
CHAPITRE III :
UN BUDGET QUI N'EST PAS RÉELLEMENT MAITRISÉ
-
DEUXIÈME PARTIE :
LES CRÉDITS DE TRANSPORT AÉRIEN ET DE
MÉTÉOROLOGIE DU BUDGET DU MINISTÈRE DE
L'ÉQUIPEMENT, DES TRANSPORTS ET DU LOGEMENT
-
CHAPITRE PREMIER :
VERS UNE UNIFICATION DE L'INDUSTRIE AÉRONAUTIQUE EUROPÉENNE ?-
I. LA STRUCTURATION DE L'INDUSTRIE FRANÇAISE
-
A. DES OPÉRATIONS COMPLEXES
- 1. Le transfert de la participation de l'Etat dans Dassault Aviation à Aérospatiale, une démarche inachevée
- 2. Le transfert des activités satellites à Thomson, une opération à la cohérence remise en cause
- 3. Le rapprochement Aérospatiale - Matra Hautes Technologies, un événement majeur
- 4. La privatisation d'Aérospatiale
- B. LA NAISSANCE D'UN GÉANT
-
A. DES OPÉRATIONS COMPLEXES
- II. LA FUSION AÉROSPATIALE-MATRA-DASA, UNE ÉTAPE MAJEURE VERS L'UNIFICATION AÉRONAUTIQUE EUROPÉENNE ?
-
I. LA STRUCTURATION DE L'INDUSTRIE FRANÇAISE
-
CHAPITRE II :
LES CRÉDITS DE TRANSPORT AÉRIEN ET DE MÉTÉOROLOGIE -
ANNEXE N° 1 :
LA PONCTUALITÉ DU TRANSPORT AÉRIEN -
ANNEXE N° 2 :
LA SÉCURITÉ DU TRANSPORT AÉRIEN -
ARTICLE RATTACHÉ :
ARTICLE 70 QUATER NOUVEAU
Rapport sur l'institution d'un Fonds de péréquation des recettes fiscales engendrées par la plate-forme aéroportuaire d'Orly
- EXAMENS EN COMMISSION
N° 89
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès verbal de la séance du 25 novembre 1999.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 25
ÉQUIPEMENT, TRANSPORTS ET LOGEMENT :
III
.
- TRANSPORTS : TRANSPORT AÉRIEN ET MÉTÉOROLOGIE
et AVIATION CIVILE
Rapporteur spécial
: M. Yvon COLLIN
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Alain Lambert,
président
; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude
Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet,
vice-présidents
; Jacques-Richard Delong, Marc Massion,
Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Philippe
Marini,
rapporteur général
; Philippe Adnot, Denis
Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse
Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin,
Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean
Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard,
Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude
Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne,
Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri
Torre, René Trégouët.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
(1999-2000).
Lois de finances. |
PREMIÈRE PARTIE :
LE BUDGET ANNEXE DE
L'AVIATION CIVILE
CHAPITRE PREMIER :
L'ÉQUILIBRE DU BUDGET
ANNEXE DE L'AVIATION CIVILE
Le
budget annexe de l'aviation civile (BAAC), dont les dépenses
s'étaient accrues de 2,9 % l'an dernier, enregistre une
stabilisation apparente de ses crédits.
Cette évolution n'intervient pas à périmètre
constant puisqu'une partie des dépenses, celles concernant la
sûreté, retracée dans le BAAC l'an dernier, est
" sortie " du budget annexe pour figurer au Fonds d'intervention pour
les aéroports et le transport aérien (FIATA), créé
par la loi de finances pour 1999. Les crédits concernés
s'élèvent à 227 millions de francs quand, l'an
dernier, le FIATA ne comprenait à ce titre que 50 millions de
francs de dotations.
Pour retracer plus fidèlement l'augmentation des crédits, il faut
donc tenir compte des transferts entre comptes, dont il convient de faire une
présentation consolidée.
Consolidation des crédits du BAAC et du FIATA (1)
(en millions de francs)
|
1999 |
2000 |
Variation
|
BAAC |
8.714,2 |
8.717,7 |
0,04 |
FIATA |
97 |
311 |
321 |
TOTAL |
8.811,2 |
9.028,7 |
2,8 |
(1)
Hors fonds de péréquation des transports aériens.
La croissance des crédits consacrés aux infrastructures du
transport aérien apparaît alors supérieure
(+ 2,5 %) à la variation optique des crédits du seul
BAAC.
Pour s'en tenir aux seuls crédits du BAAC, le tableau ci-dessous en
décrit les données faciales pour 1999 et 2000.
Evolution des dépenses du BAAC entre 1999 et 2000
(en millions de francs)
|
|
|
Variations |
|
|
1999 |
2000 |
En niveau |
En % |
Dépenses de fonctionnement (1) |
6.584,4 |
6.633,2 |
+ 48,8 |
+ 0,7 |
Dépenses en capital |
2.129,8 |
2.084,6 |
- 45,2 |
- 2,1 |
Total |
8.714,2 |
8.717,7 |
+ 3,6 |
+ 0,04 |
(1)
Le terme "dépenses de fonctionnement" est plus approprié que
celui de "dépenses d'exploitation" directement issu de l'ordonnance
organique du 2 janvier 1959.
Le total des crédits s'élève à 8.717,7 millions
de francs.
La variation des dépenses en capital, qui
représentent 23,9 % de l'ensemble des dépenses contre 26,4 % en
1998, est cette année une nouvelle fois orientée à la
baisse ce qui permet de compenser au total la hausse des dépenses de
fonctionnement.
I. LES RESSOURCES
La présentation simplifiée suivante peut en être donnée :
Recettes d'exploitation 1( * ) |
6.419,3 millions de francs |
Subvention reçue du budget général |
210 millions de francs |
Taxe d'aviation civile |
1.258,4 millions de francs |
Emprunts |
830,0 millions de francs |
Total |
8.717,7 millions de francs |
L'évolution des différentes catégories de ressources par rapport aux prévisions de la loi de finances initiale pour 1999 est retracée dans le tableau ci-dessous.
Evolution des grandes catégories de ressources 1999/1998
(en millions de francs)
|
|
|
Variations |
|
|
1999 |
2000 |
En niveau |
En % |
Recettes d'exploitation |
6.389,7 |
6.419,3 |
+ 29,6 |
+ 0,5 |
Subvention reçue du budget général |
215 |
210 |
- 5 |
- 2,3 |
Taxe d'aviation civile |
1.279,5 |
1.258,4 |
- 21,1 |
- 1,6 |
Emprunts |
830 |
830 |
0 |
0 |
Total |
8.714,2 |
8.717,7 |
+ 3,6 |
+ 0,04 |
Sur
une longue période, l'évolution des différentes ressources
du BAAC a été fort contrastée. Cela a conduit à une
déformation de la structure de financement du budget annexe qui s'est
trouvé de plus en plus alimenté par la fiscalité et
l'emprunt.
Cette année, la tendance à
la déformation de la
structure du financement du BAAC aux dépens des recettes d'exploitation
serait cependant suspendue.
Structure de financement du BAAC
Part dans le total des ressources
(en %)
|
1999 |
2000 |
Ecart en points |
Recettes d'exploitation |
73,3 |
73,6 |
+ 0,3 |
Subvention reçue du budget général |
2,5 |
2,4 |
- 0,1 |
Taxe de sécurité et de sûreté |
14,7 |
14,4 |
- 0,3 |
Emprunts |
9,5 |
9,6 |
+ 0,1 |
Total |
100 |
100 |
0 |
Cette situation résulte uniquement des changements de périmètre du budget annexe que votre commission avait depuis toujours réclamés.
A. LES RESSOURCES D'EXPLOITATION
1. Les aménagements concernant les redevances aéronautiques
L'essentiel des ressources du BAAC provient des redevances
aéronautiques dont le produit s'élèverait à
6.074 millions de francs, soit 69,7 % du total des ressources du
budget annexe et 94,6 % du total des seuls recettes d'exploitation.
Les produits des redevances aéronautiques seraient
stabilisées (-0,6 %).
Pour la redevance de route
qui représente 80,8 % des
recettes tirées des redevances aéronautiques, la recette
s'infléchirait de 1,5 % par rapport aux prévisions du projet
de loi de finances initiale de l'an dernier. Cette évolution tient
compte d'une diminution du taux moyen de la redevance de route de 8,8 % et
d'une prévision de hausse du trafic en 2000 de 5 %. Mais, les
estimations de recettes pour 1999 devront probablement être
majorées pour tenir compte d'un essor du trafic plus important que
prévu, si bien que le niveau de la redevance de route pourrait
différer assez nettement du chiffre figurant dans le projet de loi de
finances.
Pour la redevance pour services terminaux de la circulation aérienne
(RSTCA)
, la réduction des recettes serait plus
modérée, de 0,6 % par rapport aux estimations de la loi de
finances pour 1999. En effet, la réduction du taux de la RSTCA serait
sensiblement moins importante, de 1,7 % par rapport au taux en vigueur au
début 1999.
Enfin, la mise à niveau de la RSTCA perçue aux abords des
aéroports d'outre-mer entraîne l'inscription d'une nouvelle ligne
de recettes destinée à en retracer le produit qui
s'élèverait à 107 millions de francs.
2. La stabilisation de la fiscalité spécifique affectée au BAAC
Le
produit de la taxation affectée au budget annexe de l'aviation civile
s'était beaucoup accru au cours de ces dernières
années.
La taxe de sécurité et de sûreté dont le produit
s'élevait à 652,5 millions de francs en 1995 et
représentait 10,6 % des recettes d'exploitation devrait rapporter,
sous son nouvel intitulé de taxe de l'aviation civile (TAC),
1.279,5 millions de francs en 1999 selon les prévisions initiales,
soit 16,5 % des recettes d'exploitation du BAAC.
Pour appréhender totalement le produit de la TAC en 1999, il faut en
outre prendre en compte la fraction de ce produit affectée au Fonds
d'intervention pour les aéroports et le transport aérien (FIATA).
La quotité affectée à ce fonds s'élève en
1999 à 10 % soit 97 millions de francs, si bien que la charge
correspondant à la taxe devait progresser en fait de 16,4 % par
rapport à l'année précédente. Son produit total
devait atteindre 1.376,5 millions de francs
2(
*
)
hors la part correspondant à la taxe de
péréquation du transport aérien intégrée
à la TAC. La fiscalité directement affectée aux
différents comptes budgétaires retraçant l'intervention
publique dans le domaine du transport aérien représenterait ainsi
en 1999 plus de deux fois le montant qui était le sien en 1995.
La montée en charge de la fiscalité affectée au BAAC
est d'abord intervenue pour financer l'augmentation des crédits du
budget annexe. Mais, elle a également répondu à la
nécessaire mise en ordre des redevances de navigation aérienne
-voir infra- et à la décrue du soutien budgétaire
accordé au transport aérien.
Le montant de la subvention versée au BAAC à partir du budget
général s'est en effet réduit au cours du temps. Avec
210 millions de francs prévus en 2000, son niveau nominal,
inchangé depuis 1997, se réduirait à nouveau.
Il faut d'ailleurs préciser que cette contribution est
régulièrement amputée en gestion au gré des
arrêtés d'annulations de crédits. Ainsi, même si en
1998 elle a été épargnée, elle fut réduite
en 1997 et ramenée de 215 à 183 millions de francs.
Le désengagement de l'Etat -voir infra- prend d'ailleurs d'autres
visages très préoccupants. La navigation aérienne doit
ainsi supporter la charge des exonérations accordées aux vols
militaires, ce qui aboutit à la situation anormale d'un financement des
services rendus par la navigation aérienne à l'armée de
l'air à travers des taxes prélevées sur les clients du
transport aérien commercial. En outre, les services de l'Etat en charge
des missions essentielles de sûreté se retirent des
aéroports, laissant aux exploitants la charge mais aussi la
responsabilité de les suppléer.
B. LES RESSOURCES D'INVESTISSEMENT
La
section d'exploitation du budget annexe de l'aviation civile dégage une
capacité d'autofinancement
portée en recettes de la
section d'investissement.
Cette recette s'élèverait à 1.244,9 millions de
francs en 2000, en forte progression de 72,1 millions de francs par
rapport à 1999.
Elle représente 19,4 % des recettes d'exploitation et 59,7 %
des recettes de la section d'investissement, soit un niveau d'autofinancement
des investissements en hausse sensible par rapport à 1999, mais
toutefois très faible.
Dans ce contexte, le recours aux
emprunts
serait stabilisé en
2000. Le montant des emprunts prévus s'élèverait à
830 millions de francs comme l'an dernier contre 1.042,5 millions de
francs en 1998.
II. LES DÉPENSES
A. LES GRANDES ACTIONS
Le BAAC
a succédé au budget annexe de la navigation aérienne. Il
retrace désormais l'intégralité des interventions de la
direction générale de l'aviation civile, exception faite de la
gestion des crédits de construction aéronautique civile qui
figurent au budget du ministère des transports, et non plus seulement
l'activité de navigation aérienne.
La répartition des crédits entre les différents
agrégats serait la suivante en 2000 :
BAAC 2000 - Répartition des actions *
(En millions de francs)
|
Dépenses ordinaires (exploitation) |
Crédits de paiement (dépenses en capital) |
|
|
|
Direction générale
|
1.944,3
|
621,9
|
2.566,2
|
29,4
|
4,6
|
TOTAL |
6.633,2 |
2.084,5 |
8.717,7 |
100 |
0,04 |
* aux
arrondis près.
Traditionnellement, une part majoritaire des crédits budgétaires
étant consacrée à la mission de navigation
aérienne, l'agrégat "bases aériennes" était, si
l'on néglige pour l'instant celui dénommé "direction
générale", le seul autre agrégat disposant de
crédits significatifs.
Cette année, si la modicité des crédits de contrôle
technique, et la faible croissance des crédits de formation
aéronautique se confirment, les crédits consacrés à
l'action " bases aériennes " qui avaient fortement
augmenté ces dernières années connaissent une diminution
considérable qui est entièrement due à la modification du
champ du budget annexe intervenue à l'occasion de la loi de finances
pour 1999 (v.infra).
Quant aux crédits de navigation aérienne, leur croissance reprend
sur un rythme plus rapide que celui de l'ensemble des moyens du BAAC.
On notera à ce stade, comme d'habitude, la discordance entre les
crédits budgétaires récapitulés par agrégats
et les moyens réellement alloués aux différentes missions
de la DGAC sur laquelle votre rapporteur reviendra.
Mais, on peut d'ores et
déjà relever le fort accroissement des crédits
budgétaires de navigation aérienne depuis 1994.
Dépenses de navigation aérienne
(en millions de francs)
|
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Différence 2000/1994 |
Dépenses d'exploitation |
3.292,2 |
3.552,8 |
3.850,6 |
3.881,0 |
4.077,2 |
4.264 |
4.444,5 |
+ 1.152,3 |
Dépenses en capital |
1.140,0 |
1.139,0 |
1.185,0 |
1.335,0 |
1.370 |
1.195,5 |
1.290 |
+ 150 |
Total |
4.432,2 |
4.691,8 |
5.035,6 |
5.216,0 |
5.447,2 |
5.459,5 |
5.734,5 |
+ 1.302,3 |
C'est
ainsi qu'en six ans, le niveau des crédits annuels de navigation
aérienne aura été accru de 1,3 milliard de francs
soit une augmentation globale de près de 30 % et une variation annuelle
moyenne de 4,4 %.
Ces évolutions se décomposent elles-mêmes en une croissance
de près de 35 % des crédits de fonctionnement et de 13% des
crédits consacrés aux opérations en capital qui,
après avoir connu l'an dernier une chute non pérenne, reprennent
leur essor comme annoncé.
La seule présentation des crédits budgétaires
consacrés à la navigation aérienne fait ainsi
apparaître
une déformation de la structure des moyens
consacrés à cette mission. Déjà très
fortement consommatrice de moyens de fonctionnement en 1994
-74,3 %
des crédits sont alors consacrés à l'exploitation du
système-
la mission de navigation aérienne requiert en 1999
une part encore plus élevée de tels crédits (77,5 %) et,
ce, malgré l'importance des flux annuels d'investissement.
La croissance annuelle moyenne des crédits d'exploitation en
témoigne. Elle s'élève sur la période à plus
de 5,1 %, soit davantage encore que l'ensemble des dotations
consacrées à la navigation aérienne.
B. LES DÉPENSES PAR NATURE
Les crédits du budget annexe correspondent pour les uns à des dépenses d'exploitation, pour les autres à des dépenses d'investissement.
1. Les crédits de la section d'exploitation
La
structure des crédits d'exploitation
Comparaison 1995-1999
(en %)
|
1995 |
1999 |
Variation |
Achats et services |
12,8 |
9,9 |
- 2,9 |
Services extérieurs |
1,3 |
0,8 |
- 0,5 |
impôts |
0,5 |
0,3 |
- 0,2 |
Charges de personnel |
51,9 |
54,1 |
+ 2,2 |
Autres charges de gestion courante |
16,6 |
15,7 |
- 0,9 |
Charges financières |
3,5 |
3,0 |
- 0,5 |
Charges exceptionnelles |
0,2 |
0,6 |
+ 0,4 |
Dotations aux amortissements et aux provisions |
13,2 |
15,6 |
+ 2,4 |
Total |
100 |
100 |
0 |
Entre
1995 et 1999, les crédits d'exploitation auront progressé de
21,8 %, soit une moyenne de 5 % par an. Mais, dans cet ensemble,
l'évolution des différentes composantes est fort
contrastée.
La déformation de la structure des crédits d'exploitation fait
apparaître le poids de deux contraintes : celle d'abord de la
progression des charges de personnel qui, entre 1995 et 1999, ont cru de
26,8 % (+ 887,2 millions de francs) ; celle ensuite issue
de la nécessité de dégager une capacité de
financement toujours plus importante. Entre 1995 et 1999, les dotations aux
amortissements augmentent ainsi de 42,3 % (+ 355 millions de
francs).
La dynamique de ces deux catégories de dépenses explique celle du
BAAC mais aussi les recherches d'économies effectuées sur les
autres crédits d'exploitation. Certaines catégories d'entre eux
ont connu une variation nominale négative entre 1995 et 1999. Il s'agit
en particulier des crédits pour achats et services, des crédits
de services extérieurs et des crédits pour impôts et taxes.
Les autres catégories ont connu une progression de leurs crédits
inférieure à la moyenne. Ce dernier phénomène est
venu soit d'une politique volontariste, soit de l'évolution favorable
mais quelque peu aléatoire de l'environnement économique et
financier. Ainsi, malgré une forte progression de l'endettement, les
charges financières correspondant au coût de la dette n'ont
augmenté que de 6,4 % grâce à la diminution des taux
d'intérêt.
Pour 2000, doivent être soulignées les fortes augmentations du
poste " Services extérieurs " du fait de l'ajustement de la
contribution à Eurocontrol et du poste " Charges de
personnel " sous l'effet d'une forte croissance des primes et
indemnités.
En sens inverse, la réduction des dépenses de gestion courante
(achats et services, autres charges de gestion courante) et des charges
financières et exceptionnelles pour un total de 146,1 millions de
francs vient modérer l'augmentation globale des crédits, ce qui
permet une progression soutenue des dotations aux amortissements qui
s'accroissent de 86,1 millions de francs.
Évolution des dépenses de fonctionnement
(en millions de francs)
|
Variations |
|||
|
1999 |
2000 |
en niveau |
en % |
Achats et services |
764,9 |
707 |
- 57,9 |
- 7,9 |
Services extérieurs |
69,4 |
85,4 |
+ 16 |
+ 23 |
Impôts |
26,9 |
29,6 |
+ 2,7 |
+ 1 |
Charges de personnel |
4.198,8 |
4.361,1 |
+ 162,3 |
+ 3,9 |
dont rémunérations hors charges sociales |
3.300,2 |
3.440,4 |
+ 140,2 |
+ 4,2 |
dont |
|
|
|
|
primes et indemnités |
1.264,2 |
1.328,8 |
+ 64,6 |
+ 5,1 |
Autres charges de gestion courante |
1.220,6 |
1.184,2 |
- 36,4 |
- 3 |
Charges financières |
234 |
190 |
- 44 |
- 18,8 |
Charges exceptionnelles |
47,8 |
40 |
- 7,8 |
- 16,7 |
2. Les crédits de la section d'investissement
Entre
1995 et 1999, les crédits de la section d'investissement se sont accrus
de 26,7 % (6,1 % l'an), sur un rythme plus rapide que celui des
crédits d'exploitation. Encore doit-on observer que l'année
dernière était intervenue une réduction des crédits
d'investissements ramenée de 2,2 à 2,1 milliards de francs.
Une comparaison entre 1999 et 1995 permettait de faire ressortir une
évolution disparate entre les deux grandes catégories que sont
les amortissements financiers et les " investissements physiques ".
Les premiers ont progressé très vivement. Ils étaient en
1999 2,5 fois plus lourds qu'en 1995. Cette évolution étant
le reflet des besoins d'amortissement d'une dette grandissante se poursuit.
Dans le budget 2000, cette charge atteint 541,9 millions de francs,
soit 95,7 millions de francs de plus que l'an dernier.
Quant aux " investissements physiques ", si leur niveau
n'était supérieur en 1999 à celui atteint en 1995 que de
12 %, l'année 1999 n'était pas entièrement
significative du fait d'une réduction des investissements. Une
comparaison entre 1995 et 1998 permettait de faire ressortir une
évolution probablement plus significative démontrant la poursuite
d'une progression soutenue des dépenses d'investissement sur un rythme
annuel de l'ordre de 8 %.
C'est ce que confirme le budget 2000 puisque, à structures
constantes, le niveau des autorisations de programme reprend son envol en
progressant de 6,5 %.
CHAPITRE II :
UN BUDGET CONFRONTÉ
À DES DIFFICULTÉS
JURIDIQUES ET
FINANCIÈRES
Le
budget annexe de l'aviation civile s'est trouvé confronté
à des difficultés juridiques profondes, diverses dans leurs
natures.
Des progrès ont été accomplis pour donner plus d'assise
juridique aux redevances aéronautiques. Mais, il reste quelques
difficultés substantielles de ce point de vue.
Cependant, même avec des redevances entièrement satisfaisantes sur
le plan du droit, la gestion du BAAC est apparue impossible à
réaliser. Il a fallu faire des choix et en réduire le
périmètre.
I. MALGRÉ DES AMÉLIORATIONS CERTAINES, LE SYSTÈME DES REDEVANCES RESTE FRAGILE
Les
redevances aéronautiques représentent près de 70 %
des ressources du BAAC. Elles ont fait l'objet de contestations
récurrentes au terme desquelles plusieurs décisions de justice
sont intervenues pour rappeler que ce type de financement devait être
réservé à la couverture de prestations de services rendus
aux usagers.
Le Parlement à l'initiative de la commission des finances du
Sénat s'est également saisi de la question. Des progrès
ont pu être accomplis. Mais, il reste des éléments de
fragilité.
A. DES PROGRÈS ONT ÉTÉ ACCOMPLIS
1. L'intervention du Conseil d'Etat
L'intervention de la juridiction administrative, limitée pour des motifs juridiques quelque peu contestables à la RSTCA, a permis d'exercer un contrôle sur les taux de cette redevance et d'exclure le recours à cette formule pour le financement de missions d'intérêt général.
L'arrêt du 10 février 1995 sur la RSCTA
Rendu par la Section du Contentieux du Conseil d'Etat à la demande de la Chambre Syndicale du Transport Aérien, un arrêt du 10 février 1995 a annulé l'arrêté conjoint du ministre du budget et du ministre des transports daté du 21 décembre 1992 fixant les conditions d'établissement et de perception de la redevance pour services terminaux de la circulation aérienne.
Les motifs retenus par le Conseil ont été les suivants :
Le
premier, technique, a consisté à reprocher aux auteurs de
l'arrêté de n'avoir pas établi la liste des
aérodromes où les services de circulation aérienne rendus
donnaient lieu à rémunération en considération du
seuil d'activité des bases aéroportuaires. En somme,
l'administration se serait affranchie d'exercer son pouvoir
d'appréciation qui est aussi, en droit public français, un devoir.
Le second a consisté à estimer qu'en imputant de
façon forfaitaire une partie de l'ensemble des coûts
supportés par la DGAC comme des coûts générés
par le contrôle d'approche, l'administration n'étant pas en mesure
de justifier que la fraction des coûts ainsi imputée correspondait
bien à des charges auxquelles l'expose ledit contrôle.
Par cet arrêt dont votre commission avait rendu compte, le Conseil d'Etat
rappelait que les redevances devaient trouver une
contrepartie directe et
proportionnelle dans un service rendu
à ceux priés de les
acquitter.
Le même jour, un autre arrêt du Conseil d'Etat sur la redevance de
contrôle technique apportait la confirmation d'une jurisprudence
constante.
L'arrêt du 10 février 1995 sur la redevance de contrôle technique
Par un
arrêt du 10 février 1995, le Conseil d'Etat a
considéré que les dépenses de contrôle technique
étaient des dépenses liées à une mission de service
public d'intérêt général. Il en a conclu qu'elles ne
pouvaient être financées par des redevances pour service
rendu
.
Votre commission en avait également rendu compte en ces termes :
" Le sens de l'arrêt du Conseil d'Etat est dépourvu
d'ambiguïté : les missions exercées par la DGAC au service
de l'intérêt public ne sauraient être financées par
redevances.
Sans préjuger des solutions juridictionnelles qui n'ont pas
été sollicitées à ce jour, il est loisible de
penser que cette règle trouve à s'appliquer dans d'autres
domaines d'activité de la DGAC et, en particulier, dans l'un, dont le
développement pourrait s'accélérer à l'avenir, la
sûreté -v. infra-
3(
*
)
. "
Il apparaissait alors à votre commission comme un fait très
probable que d'autres difficultés surgiraient à partir des
mêmes causes.
C'est ce qui s'est produit puisque par un arrêt du 20 mai 1998, le
Conseil d'Etat a annulé divers arrêtés fixant le taux de la
RSTCA au motif que les coûts de certaines missions d'intérêt
général encore inclus dans l'assiette de la RSTCA (Services de
sécurité d'incendie et de sauvetage -SSIS- et de gendarmerie du
transport aérien) devaient être financés autrement que par
redevances.
Le projet de budget pour 1999 en tient compte -v. supra- en réduisant le
taux unitaire de la RSTCA rapprochant ainsi les redevances perçues au
profit du BAAC de ce qu'elles sont autorisées à être.
2. L'initiative du Parlement
a) L'article 99 de la loi de finances pour 1996
Mais, le
Parlement a également beaucoup contribué à
améliorer la situation.
Il était apparu à votre commission qu'une source importante de
contentieux venait de ce que les comptes à partir desquels
étaient fixés les tarifs des redevances de transport
aérien manquaient de transparence. Cette situation nourrissait à
l'évidence le soupçon que les coûts des missions
d'intérêt général exercées par la direction
générale de l'aviation civile (DGAC) étaient, au moins
partiellement, financés par les redevances. C'est la raison pour
laquelle votre rapporteur avait pris l'initiative de proposer un amendement,
devenu l'article 99 de la loi de finances pour 1996
, qui prescrivait que
soit remis chaque année au Parlement un état récapitulatif
présentant la répartition des coûts et des dépenses
budgétaires en distinguant ceux afférents aux prestations de
services rendus aux usagers et ceux résultant des missions
d'intérêt général public assumés par la DGAC.
Cette initiative avait évidemment d'abord pour objet de favoriser le
contrôle parlementaire du budget annexe de l'aviation civile.
Mais, il s'agissait aussi, d'une part, de traduire l'exigence d'une meilleure
transparence des opérations conduites par la DGAC et, d'autre part, un
effort de pédagogie et d'ouverture ayant été
réalisé à destination des redevables, de faciliter le
dialogue entre ceux-ci et l'administration.
Dans l'ensemble, ces objectifs ont été atteints et d'ailleurs les
conclusions du commissaire du gouvernement du Conseil d'Etat produites à
l'occasion de l'examen du contentieux qui devait donner lieu à
l'arrêt du 20 mai 1998 pouvaient indiquer :
"
L'administration a, par ailleurs, accompli d'importants efforts de
clarification et d'information, comme le lui impose d'ailleurs l'article 99 de
la loi de finances pour 1996. Ainsi le rapport établi à ce titre
à l'automne 1996 fournit d'utiles explications sur le mode de calcul
actuel de la RSTCA. Et de manière générale, c'est à
notre avis à juste titre que le rapport du sénateur Collin sur le
budget annexe de l'aviation civile dans le projet de loi de finances pour 1997
salue (p. 28) les efforts réalisés dans le sens de la
transparence.
"
b) Le rapport annuel
Grâce à la production de ce rapport les
problèmes posés par les modes de fixation des tarifs des
redevances sont exposés.
Ces problèmes sont doubles
.
Le premier consiste dans l'identification des coûts de la navigation
aérienne.
Cette identification
n'est pas simple. Elle suppose en premier lieu de
disposer d'une comptabilité analytique fiable
permettant d'isoler
les coûts effectifs attachés à cette mission. Les
difficultés les plus sensibles rencontrées dans cet exercice
concernent l'identification des dépenses d'administration
générale qu'il est possible de rattacher à l'exercice de
la mission de contrôle aérien. Près de 58 % de ces
charges sont considérés comme relevant de cette mission.
Mais d'autres conditions s'imposent pour que l'identification des
coûts de la navigation aérienne puisse être jugée
convenable. Il faut, en particulier, que le calcul des charges à
incorporer dans ces coûts soit pertinent.
Deux questions sont à évoquer :
- celle des investissements ;
- celle du calcul des intérêts.
S'agissant des investissements
, on ne peut en effet retenir l'ensemble
des charges budgétaires exposées dans l'intérêt du
contrôle aérien pour établir le montant des coûts du
contrôle. En effet, les recommandations de l'Organisation de
l'administration civile internationale -OACI- qui paraissent, sur ce point,
conformes à notre droit public précisent que la valeur d'origine
des immobilisations doit être amortie sur l'estimation de leur
durée de vie utile et que
les coûts d'amortissement ne doivent
commencer à courir qu'une fois l'installation mise en service
.
S'agissant du calcul des intérêts
, on rappelle que l'OACI
considère que les intérêts doivent être
calculés sur la base de la
valeur nette des immobilisations en
service au cours de l'exercice.
Enfin, surgit l'écueil du calcul des coûts dénommés
dans le
rapport susmentionné "
éléments
supplétifs d'assiette
" et dont l'essentiel consiste dans les
coûts des prestations d'organismes extérieurs à la DGAC aux
premiers rangs desquels, le ministère de l'équipement et celui de
la défense. Leur prise en compte intégrale, alors même que
la DGAC ne supporte pas de dépenses à due proportion au profit de
ces deux ministères, est jusitifé par l'administration au nom du
principe qui veut que l'ensemble des coûts d'un service soit pris en
compte pour en asseoir le tarif.
Le deuxième problème est celui de l'imputation des
coûts de navigation aérienne.
A ce propos, plusieurs difficultés doivent être relevées.
La première concerne le "
mécanisme correcteur"
.
Les
taux des redevances de navigation aérienne sont établis de la
façon suivante. Une fois déterminées les assiettes des
redevances, leur tarif découle de prévisions portant sur le
niveau des unités de service taxables
4(
*
)
.
Si une erreur survient sur l'un ou l'autre nombre de ce rapport, il se peut que
les produits appelés soient inférieurs ou supérieurs aux
coûts effectivement engagés pour satisfaire la mission de
contrôle aérien. Le déficit ou l'excédent de produit
est alors ajouté ou déduit de l'assiette des redevances, avec un
décalage de 2 ans. Par exemple, en 1996, un surcroît de
produits de 131 millions de francs constaté en 1994 a dû
être déduit des coûts de la mission de navigation
aérienne pris en compte pour calculer le tarif des redevances.
Une deuxième difficulté déjà relevée l'an
dernier concerne le sort des
créances impayées
.
Avec les difficultés posées par les
exemptions et
exonérations
,
on aborde une troisième
difficulté
, de taille puisque les montants concernés ont
atteint 675 millions de francs en 1996, qui voit la DGAC renoncer à
percevoir les redevances auprès de certains usagers pour des prestations
de contrôle aérien rendues par elle à ces usagers.
Les exemptions concernent la RSTCA qui n'est perçue que lorsque le
trafic d'un aéroport dépasse le seuil de 5.000 unités de
service par an en moyenne sur les trois dernières années.
Les exonérations s'appliquent à certains types de vol et, en
particulier, aux vols militaires.
Les exonérations de fait concernent l'outremer où les redevances
effectivement perçus ne couvrent que moins de 20 % des coûts
effectifs de la navigation aérienne.
S'il apparaît justifié de réduire les coûts
associés à ces prestations pour calculer les coûts
facturables par voie de redevances, il ne faut pas en déduire que ces
coûts n'existent plus "ipso facto". En réalité, ils
subsistent et doivent être couverts par d'autres ressources.
B. DES FRAGILITÉS SUBSISTENT
La
complexité du droit de redevances, ses exigences sont une source
permanente de vulnérabilité.
A ce propos, l'on avait l'an dernier vivement déplorer que le rapport
transmis au Parlement puisse contenir des données de fait contestables.
Il faut citer à ce propos les conclusions du commissaire du gouvernement
du Conseil d'Etat relatives à l'évaluation des coûts de
l'école nationale de l'aviation civile pris en compte pour calculer le
taux de la RSTCA.
"
On peut cependant éprouver davantage de doute sur une question
qui se situe en réalité en amont de l'existence ou non d'une
erreur manifeste, celle de la manière dont est justifiée la prise
en compte des dépenses de formation et notamment du coût de
fonctionnement de l'école nationale de l'aviation civile (ENAC).
Sans doute le ministre explique-t-il de manière convaincante que cette
école sert en particulier à former les techniciens du
contrôle aérien.
Mais on peut s'étonner, avec le syndicat requérant, que la
quote-part financée par les compagnies à travers la RSTCA soit de
57,2 % alors que cette école forme aussi des pilotes et des
ingénieurs aéronautiques.
Les doutes que l'on éprouve à ce sujet s'accroissent en outre
lorsque l'on relève le caractère évolutif, et en
réalité contradictoire des explications fournies sur le calcul de
ce taux.
Dans le document de la DGAC présentant sa comptabilité
analytique, on peut lire, p. 40, que la répartition des coûts
d'administration générale de l'ENAC " est effectuée
au prorata de coûts opérationnels de la DGAC ". Or une telle
clé est étrangère à la nature des personnels
formés par l'ENAC, le seul critère pertinent conduisant à
distinguer, parmi les agents qui bénéficient de ces formations,
selon qu'ils sont liés ou non au contrôle aérien et, plus
précisément, qu'ils concourent ou non aux missions que la
redevance litigieuse a pour objet de financer.
Conscient sans doute de cette faiblesse, le ministre avance une autre
explication dans son dernier mémoire, en indiquant que le taux de
57,2 % résulte d'un calcul qui tient compte, d'une part de la
proportion des élèves qui suivent les formations
intéressant le contrôle aérien, d'autre part du coût
relatif des différentes formations.
Mais outre qu'il est pour le moins fâcheux que les indications
données au Parlement dans le document que nous avons mentionné
à l'instant soient radicalement différentes
, l'administration
-pourtant invitée à le faire par une mesure d'instruction
prescrite par votre 8° sous-section- ne nous paraît pas avoir
justifié que cette nouvelle explication permettait de rendre compte d'un
taux aussi élevé ".
Il reste à vérifier que ces difficultés aient
été résolues.
Quant aux autres facteurs de vulnérabilité des redevances qui
persistent, il y a lieu d'évoquer sommairement les questions
suivantes.
Il n'est d'abord pas certain que les règles posées pour
encadrer la prise en compte des
investissements et études
pour le
calcul des taux de redevances soient entièrement respectées.
Si elles paraissent l'être s'agissant des investissements directement
financés par le BAAC, c'est plus douteux s'agissant des investissements
et études effectués par Eurocontrol dans la mesure où la
DGAC a pris le parti d'incorporer aux coûts de la navigation
aérienne la totalité de sa contribution annuelle à
Eurocontrol. Il faudrait alors s'assurer que les appels à contribution
de cette organisation tiennent elles-mêmes compte des recommandations de
l'OACI.
S'agissant du calcul des intérêts
, la règle de
l'OACI est contestable en ce que l'application du taux d'intérêt
ne tient pas compte du niveau d'autofinancement des immobilisations,
étant uniforme quelque soit le mode de financement -sur emprunt ou sur
ressources propres- de l'investissement.
Or, en cas d'autofinancement sur ressources tirées des redevances, le
choix d'appliquer cette règle revient à faire supporter deux fois
le coût financier d'opportunité des investissements aux redevables
des redevances.
S'agissant du fonctionnement du " mécanisme
correcteur ", il conviendrait sans doute d'améliorer le
système en affectant aux sommes qu'il concerne un taux
d'intérêt représentatif du coût d'opportunité
que l'immobilisation de ces montants suppose.
S'agissant des
créances impayées,
par leur
intégration dans la base de calcul des coûts de la navigation
aérienne, l'administration choisit de prélever auprès des
"
bons
payeurs
" des sommes représentatives, par
définition, de coûts qui ne leur sont pas imputables. Autrement
dit, une partie, certes minime, du tarif des redevances apparaît, non pas
comme la contrepartie d'un service rendu aux redevables, mais bien comme la
conséquence d'un mécanisme de solidarité collective entre
les usagers. Cette option, qui n'apparaît pas conforme aux principes de
calcul des redevances rappelées par le juge administratif, pourrait
constituer, pour l'administration, un élément désincitatif
à un recouvrement diligent de créances auprès des mauvais
payeurs.
Elle devrait être abandonnée.
Trois conséquences nocives résultent de la complexité du
système des redevances :
elle pose d'abord un problème de compréhension aux redevables
qui nuit à l'acceptation des redevances ;
elle suppose des arbitrages parfois contestables qui entretiennent le doute et
la suspicion ;
elle s'accompagne de transferts peu transparents entre administrations.
Mais, surtout le régime encadrant les redevances a engendré un
redoutable problème de financement du budget annexe.
II. L'ÉCUEIL DU FINANCEMENT DE LA NAVIGATION AÉRIENNE
Il est apparu que les redevances ne permettaient pas d'assurer un financement équilibré du BAAC. S'en est suivi un dilemme dont il convenait de sortir. Les recommandations répétées de votre commission ont été enfin mises en oeuvre.
A. UNE IMPASSE DE FINANCEMENT
Le tableau ci-après, tiré du rapport déposé au mois d'octobre 1998 en application de l'article 99 de la loi de finances pour 1996 est, à soi seul, éloquent.
Coûts |
2000 |
- Charges incorporables |
5.408 |
- Coûts supplétifs |
267 |
- Assiette totale |
7.116 |
- Recettes accessoires |
- 11 |
- Mécanisme correcteur |
- 233 |
- Exemptions et exonérations |
- 774 |
- Assiette réduite (facturée) |
6.098 |
Selon ce
tableau, le total des coûts de navigation aérienne à
financer s'élève à 7.116 millions de francs.
Ce chiffre peut être mis en rapport avec celui des recettes tirées
des redevances aéronautiques qui s'élèveraient, elles,
à 6.074 millions de francs en 2000.
L'écart entre ces deux données, 1.042 millions de francs,
manifeste d'abord que
le système des redevances ne permet pas de
couvrir les coûts économiques de la navigation
aérienne
. Cette situation s'explique principalement (pour
774 millions de francs), par les exemptions et exonérations dont
bénéficient certains vols.
Il faut souligner que si tous les bénéficiaires devaient
contribuer également aux coûts des prestations de la navigation
aérienne, le BAAC enregistrerait en 1999 un supplément de
recettes de 774 millions de francs, ce qui permettrait soit une modification,
à la hausse, du taux d'autofinancement des investissements, soit
d'alléger les autres prélèvements affectés au
budget annexe.
La somme susmentionnée comporte les exonérations dont
bénéficient certains usagers. Elles sont supportées par
les clients du transport aérien ce qui est quelque peu
déconcertant dans les cas rappelés plus haut.
Mais, il y a plus grave : les produits des redevances sont
inférieurs aux crédits budgétaires ouverts en loi de
finances au titre de la navigation aérienne.
Cette situation peut s'expliquer pour partie, et parfois seulement, par le jeu
du " mécanisme correcteur ". On en trouve une illustration
spectaculaire cette année puisque les excédents de redevance
perçus au cours de l'exercice 1998 qui atteignent 233 millions de francs
permettent, en affichage, de minorer l'appel de redevances pour 2000.
Sur la base d'une clef de répartition réaliste ne mesurant pas
artificiellement les crédits nécessaires pour couvrir les
charges de la navigation aérienne, on aboutit à une estimation
des crédits budgétaires de navigation aérienne de
7.171 millions de francs correspondant à la sommation de 5.881
millions de francs de crédits d'exploitation et de 1.290 millions de
francs de crédits pour opérations en capital.
Les produits budgètés au titre des redevances
aéronautiques s'élevant à 6.074 millions de francs,
une impasse de financement de 1.097 millions de francs doit être
couverte par d'autres ressources.
Le niveau de cette impasse impose, est, doit-on observer, une fonction directe
du niveau des investissements de navigation aérienne une année
donnée. Plus celui-ci est élevé, plus l'écart se
creuse entre les ressources disponibles et les crédits à financer.
Une première solution s'offre pour financer cette impasse. Elle passe
par la réduction du niveau des investissements. Utilisée l'an
dernier, sa maniabilité est toutefois limitée comme le montre le
budget 2000.
L'autre solution trop largement éprouvée, consiste dans le
recours à des ressources alternatives.
B. LES DEUX ÉCUEILS
1. Déséquilibre financier ou alourdissement de la fiscalité ?
Comme
les redevances sont insuffisantes pour financer les charges budgétaires
de navigation aérienne, le recours à d'autres sources de
financement s'impose.
L'insuffisance d'autofinancement des crédits de la navigation
aérienne et les limites de l'endettement contraignent à
accroître considérablement le taux de la taxe de l'aviation civile
qui devient la ressource d'ajustement d'un budget annexe qui, sans elle,
verrait son équilibre financier sérieusement menacé.
Si, cette année, cette contrainte est desserée du fait d'un
transfert structurel de certains crédits du BAAC vers le FIATA, elle
l'est aussi pour des raisons plus contingentes et accidentelles tenant à
la constitution d'excédents de redevances en 1998. Une telle
opportunité n'est aucunement garantie de perdurer. Les problèmes
de financement du BAAC continueront donc à se poser même s'ils
seront moins aigus à l'avenir.
2. Un alourdissement de la fiscalité affectée en question
La formule du budget annexe constitue une exception à la règle de non-affectation des recettes posée à l'article 18 de l'ordonnance n° 59-2 portant loi organique relative aux lois de finances. Ce même article dispose en effet que certaines recettes pouvant être directement affectées à certaines dépenses, ces affectations spéciales "prennent la forme de budgets annexes, de comptes spéciaux du Trésor ou de procédures comptables particulières au sein du budget général ou d'un budget annexe." Mais, l'accroissement de la fiscalité affectée au BAAC ainsi que celui des dépenses d'intérêt général qu'il retrace sont à l'origine de doutes quant à la pérennité même du BAAC.
a) Qu'est-ce qu'un budget annexe ?
L'article 20 dispose que "
les opérations
financières de services de l'Etat que la loi n'a pas dotés de la
personnalité morale et dont l'activité tend essentiellement
à produire des biens ou rendre des services
donnant lieu au
paiement de prix, peuvent faire l'objet de budgets annexes
."
La formule du budget annexe, exception aux principes d'universalité et
d'unité budgétaire et à son corollaire le principe de
non-affectation, permet donc
deux formes d'affectation distinctes
:
l'affectation directe de certaines recettes à certaines
dépenses ;
l'affectation par procédure particulière.
Cette deuxième catégorie d'affectation est
décidée par voie réglementaire dans les conditions
prévues à l'article 19 de l'ordonnance.
Ce dernier article
précise que
les procédures particulières d'affectation
sont la procédure de fonds de concours et la procédure de
rétablissement de crédits.
Des définitions précises de ces procédures sont
données à l'article 19. Elles encadrent et limitent les
procédures particulières d'affectation et, par conséquent,
l'entorse qu'elles apportent au principe général de
non-affectation des recettes. Il va de soi que l'actuelle taxe de
sécurité et de sûreté, comme d'ailleurs toute autre
taxe venant s'y substituer, n'entre pas dans ce cadre réservé, on
le sait, aux ressources non fiscales.
Un problème majeur avait été mis en évidence par
votre commission, celui de l'interprétation à donner aux termes
de l'article 21 de l'ordonnance organique.
Celui-ci précise que "
les budgets annexes comprennent, d'une part,
les recettes et les dépenses d'exploitation, d'autre part, les
dépenses d'investissement et les ressources spéciales
affectées à ces dépenses".
En fixant le contenu et la structure des opérations budgétaires
retracées par un budget annexe, il semblait que l'article 21 jetait
les principes à partir desquels on pouvait définir le champ de
l'affectation directe de recettes à certaines dépenses ouvert par
la formule du budget annexe.
Suivant cet article, deux types de ressources semblaient, seules, pouvoir
être affectées au BAAC : des ressources d'exploitation et des
ressources spéciales. Mais aucune définition explicite de ces
ressources n'étant donnée par le texte, il fallait tenter une
exploration de la logique particulière du budget annexe pour comprendre
ce que peuvent être ces ressources. Au terme de cette exploration, les
conclusions suivantes s'imposaient.
L'article 20 mentionné plus haut invite à considérer que
les recettes d'exploitation visées par l'article 21 sont les
recettes perçues en contrepartie de la tarification d'un prix
censé rémunérer l'exploitation du service rendu aux
bénéficiaires des prestations de la DGAC soit, pour l'essentiel,
les recettes tirées des redevances.
Cette interprétation est confortée par l'accolement des termes
"d'exploitation" au mot "recettes" alors que, pour le budget
général, le mot "recettes" n'est accompagné d'aucun
élément de précision. De plus, le texte concernant les
budgets annexes vise les "dépenses d'exploitation" là où,
pour le budget général, sont visées les dépenses
ordinaires.
On peut constater que le lexique des budgets annexes diffère donc de
celui du budget général et trouver cette situation logique dans
la mesure où les budgets annexes retracent les opérations
financières de services qui, par leur nature, offrent des prestations
"donnant lieu au paiement d'un prix", ce que ne fait pas le budget
général.
On peut conclure que les recettes d'exploitation du BAAC sont principalement
les redevances de navigation aérienne, d'autres ressources tirées
de l'exploitation entreprise par la DGAC pouvant y être ajoutées
comme des recettes issues des autres prestations de service.
Dans cette acception, le concept de recettes d'exploitation diffère
profondément de celui de recettes de fonctionnement. Il s'agit en effet
d'un concept économique et non d'un concept purement comptable.
Cette lecture du texte de l'article 21 de l'ordonnance n'est pas la seule
mais elle paraît plus heureuse que celle qui considérerait comme
d'étroits synonymes les termes "recettes d'exploitation" et "recettes de
fonctionnement".
En effet, si cette dernière interprétation purement juridique
devait être privilégiée, les recettes d'exploitation ne
pourraient couvrir aucune des charges d'investissement du budget annexe.
Celles-ci devraient toutes être financées à partir des
"ressources spéciales" visées par l'article 21 de
l'ordonnance. Dans cette hypothèse, les deux sections du budget annexe,
la section d'exploitation et celle des opérations en capital, devraient
être, chacune, équilibrées par des recettes propres sans
possibilité de transfert d'une section à l'autre.
Mais, il s'ensuit que ni des recettes purement fiscales ni des ressources
d'emprunt ne sauraient être assimilées à des recettes
d'exploitation.
Par conséquent ces recettes ne pouvant être
considérées comme des recettes d'exploitation ne sauraient, au
terme de l'article 21 de l'ordonnance organique, couvrir les
dépenses d'exploitation du BAAC, c'est-à-dire les dépenses
liées à la mission de navigation aérienne alors que, dans
la réalité, elles y contribuent.
Le même écueil se retrouve du côté des
dépenses : que sont les dépenses d'exploitation du budget
annexe ?
L'article 21 de l'ordonnance distingue clairement les dépenses
d'exploitation des dépenses d'investissement pour indiquer quelles
dépenses peuvent figurer à un budget annexe
5(
*
)
.
Ce faisant, l'ordonnance apporte plus de confusion que de clarté
puisque la distinction qu'elle opère entre les dépenses
d'exploitation et les dépenses d'investissement donne à penser
que les charges d'investissement seraient à exclure du champ des
dépenses d'exploitation des prestations de navigation aérienne.
Dans cette hypothèse, les dépenses d'investissement devraient
n'être financées que par les ressources spéciales
qu'évoque l'ordonnance.
On sait bien qu'il n'en est rien -v. supra- et que, si les crédits
budgétaires d'investissement doivent être distingués des
dépenses d'exploitation, celles-ci sont néanmoins tributaires
pour partie des dépenses d'investissement.
En bref, la notion de dépenses d'exploitation devrait être
distinguée de celle de dépenses de fonctionnement : pour la
cerner, il faut ajouter aux dépenses de fonctionnement liées au
service offert aux usagers les charges des opérations en capital qui
concourent à rendre possible l'exploitation du service rendu aux
usagers.
Une autre interprétation qui retiendrait l'idée
d'équivalence entre dépenses d'exploitation et dépenses de
fonctionnement serait ruineuse pour le budget annexe. On sait que,
dans la
pratique, la part des recettes dites d'exploitation qui excède les
besoins de fonctionnement courant du BAAC, est virée en recette de la
section d'investissement. Si une conception des recettes d'exploitation tendant
à les assimiler aux recettes de fonctionnement courant devait
prévaloir les principes d'affectation posés par l'article 21 de
l'ordonnance devraient interdire cette pratique
qui reviendrait à
affecter à des dépenses d'investissement d'autres ressources que
les ressources spéciales mentionnées par l'ordonnance.
Face à une lecture purement juridique des budgets annexes,
l'interprétation juridique et économique qu'on propose de retenir
conduit à ceci que, les dépenses d'exploitation seraient
constituées de l'ensemble des coûts d'exploitation du service de
la navigation aérienne et les recettes d'exploitation, des redevances et
autres recettes directement tirées de l'exploitation du service.
Ce n'est pourtant pas cette voie qu'à suivie le Conseil Constitutionnel
dans sa décision sur la loi de finances pour 1998.
Par cette décision, le Conseil a affirmé le principe
d'universalité des budgets annexes. Il en a conclu que les ressources
fiscales affectées au budget annexe n'avaient pas à être
affectées à une dépense plutôt qu'à une autre
et qu'elles pouvaient ainsi sans contrarier la Constitution ni l'ordonnance
organique concourir aux conditions de l'équilibre général
du budget annexe.
On observera que cette décision a pour effet d'atténuer
considérablement la portée de l'article 21 de l'ordonnance
organique qui semblait, par dérogation aux principes rappelés par
le Conseil et à la règle de non affectation posée par
l'article 18 de la même ordonnance, articuler des règles
d'affection de recettes à certaines dépenses.
Il est bien possible que le Conseil en négligeant une disposition
spéciale au profit d'une référence à des
règles d'ordre général ait souhaité neutraliser un
article qui, à l'évidence, relève d'une conception un peu
vague et est entaché d'une rédaction plutôt floue et
ambiguë.
Il n'empêche que la décision du Conseil, simplificatrice, a pour
effet de réduire la spécificité des budgets annexes et, au
fond, d'atténuer également la portée de l'article 20 de
l'ordonnance.
Il sera sans doute utile à l'avenir d'apporter quelques
précisions au texte de l'article 21 de l'ordonnance organique.
b) De quelques compromis peu satisfaisants
C'est
peut-être parce qu'il a été conscient de ce problème
que le Conseil s'est attaché à commencer à
régler
une difficulté considérable sur le plan des
principes.
On sait que le budget annexe de l'aviation civile abrite des opérations
qui n'ont pas vocation à y être retracées et reçoit,
du coup, des financements qui ne devraient pas lui être
affectés.
Ce problème lassant avait été perçu lorsque le
BANA
6(
*
)
avait été
transformé en BAAC.
Dans l'avis du Conseil d'Etat du 17 juillet 1990, la Haute
Assemblée avait considéré que :
"
Si, en revanche, les missions de la Direction Générale, en ce
qui concerne la sûreté des passagers dans les aéroports, ne
peuvent être regardés comme tendant à rendre des services
donnant lieu au paiement d'un prix, dès lors qu'en ce domaine le
législateur a créé la taxe définie à
l'article 302 Bis K du Code Général des Impôts, ces
activités ne représentent, du point de vue tant des moyens en
personnel que des charges financières,
qu'une part très faible
de l'ensemble de l'activité
de la direction générale
de l'aviation civile qui serait reprise dans le budget annexe ;
il s'ensuit
que, même en tenant compte de cette part des missions de la direction
générale les conditions définies à
l'article 20 resteraient remplies
; par suite, il est loisible au
législateur de créer un budget annexe pour les opérations
financières de la direction générale de l'aviation civile
correspondant à l'ensemble des missions ci-dessus rappelées et de
décider que les recettes correspondant au produit de la taxe de
sûreté sur les aéroports seront affectées à
ce budget".
Dès l'origine, l'avis du Conseil d'Etat pouvait ne pas emporter
complètement la conviction.
La Haute Assemblée se référait en effet à
l'article 20 de l'ordonnance et négligeait l'article 21.
Or, si son interprétation de l'article 20 peut satisfaire,
même si le choix de conférer à l'adverbe "essentiellement"
le sens de l'adverbe "principalement" plutôt que celui, plus
philosophique de "naturellement" peut être contesté,
le
défaut de référence à l'article 21,
décidément peu prisé par nos juristes, posait
problème
.
Comme aucune des dépenses régaliennes assumées par le
budget annexe ne peut être assimilée soit à une
dépense d'exploitation, soit à une dépense
d'investissement nécessaire à l'exploitation d'un service, ces
dépenses ne peuvent donc être retracées par le budget
annexe que moyennant "l'oubli" des dispositions de l'article 21 de
l'ordonnance.
Il y a sans doute une contradiction entre cet article 21 et
l'article 20 que le Conseil a alors choisi de résoudre en
privilégiant celui-ci plutôt que celui-là, comme le Conseil
Constitutionnel l'a, semble-t-il, plus récemment, fait. Ce compromis peu
satisfaisant n'a pas réglé toutes les difficultés.
Depuis, le problème est resté pendant et s'est trouvé
aggravé par l'ampleur prise par la part des dépenses
régaliennes dans le budget annexe et par celle du financement
trouvé dans les taxes affectées à ce budget.
Sur ce sujet, il faut souligner que, dans son avis, le Conseil d'Etat avait
considéré que ses observations ne pouvaient valoir que pour
autant que les activités autres que de prestations de service conservent
une place très faible dans l'ensemble de l'activité de la DGAC et
que, parallèlement, la taxe de sûreté procure une part
très faible des recettes du budget.
Votre rapporteur avait fait valoir que tel n'était plus le cas et que,
par conséquent, l'entorse au principe de non-affectation des recettes
pourrait bien dégénérer en une fracture du BAAC.
Il avait ajouté qu'on ne pourrait "sauver" l'affectation à ce
budget annexe des taxes qu'en considérant celles-ci comme appartenant
à la catégorie de ces ressources spéciales que vise
l'article 21 de l'ordonnance organique.
Mais, il avait précisé alors que son produit devrait être
affecté aux seules dépenses d'investissement -ce qui est loin
d'être le cas-, ce qui supposerait, au demeurant, que le budget annexe
puisse abriter des dépenses d'investissement conséquentes
destinées à autre chose qu'à l'exploitation d'un service
faisant l'objet de prestations donnant lieu au "paiement de prix".
La décision du Conseil constitutionnel sur la loi de finances pour 1998
allait globalement confirmer le bien-fondé des observations de votre
rapporteur en indiquant que, de la combinaison des articles 20 et 21 de
l'ordonnance organique, il résultait "
que, pour l'essentiel, les
recettes des budgets annexes doivent être constitués de
rémunérations pour services rendus et que la part des ressources
fiscales qui leur sont affectées doit demeurer réduite
". Le
Conseil devait conclure que tel était encore le cas.
Mais, le rappel
des principes a été compris par chacun comme une sorte de mise en
garde devant le renforcement d'un risque constitutionnel substantiel.
C. UNE SOLUTION RAISONNABLE
La
création du fonds d'intervention pour les aéroports et le
transport aérien (FIATA) par la loi de finances pour 1999 a permis
d'atténuer quelque peu les risques encourus par le BAAC.
Le FIATA résulte d'une extension du compte d'affectation spéciale
n° 902-25 intitulé "Fonds de péréquation des
transports aériens" (FPTA).
Ce fonds, créé par l'article 46 de la loi de finances pour
1995 afin de financer les déficits d'exploitation de certaines lignes
aériennes dites "d'aménagement du territoire" prendrait une autre
dénomination et s'intitulerait désormais "Fonds d'intervention
pour les aéroports et le transport aérien" (FIATA).
Le FIATA continuera à assumer cette dernière charge mais il est
en outre appelé à financer :
a) les dépenses directes de l'Etat en fonctionnement et en capital
concernant les services de sécurité-incendie-sauvetage et la
sûreté, à l'exception des dépenses de
personnel ;
b) les subventions aux gestionnaires d'aérodromes en matière de
sécurite-incendie-sauvetage, de sûreté, de lutte contre le
péril aviaire et de mesures effectuées dans le cadre des
contrôles environnementaux ;
c) les
frais de gestion ;
d) les restitutions des sommes indûment perçues ;
e) les dépenses diverses ou accidentelles.
Le FIATA
est financé au moyen d'une part du produit de la taxe d'aviation civile
(TAC).
L'évolution du FIATA entre 1999 et 2000 est rappelée dans le
tableau ci-après.
(En millions de francs)
|
1999 |
2000 |
Péréquation lignes aériennes |
51 |
50 |
Financement aéroportuaire dont |
97 |
311 |
dépenses en capital directes de l'Etat |
50 |
174 |
péréquation petites plates-formes |
15 |
84 |
dépenses de fonctionnnement de l'Etat |
10 |
53 |
Total |
148 |
361 |
Le
transfert de crédits du BAAC vers le FIATA se poursuit donc comme
l'avait recommandé votre commission. L'ensemble des dépenses de
sûreté de l'Etat y figure désormais. Cette évolution
favorable qui appellera une grande vigilance sur l'exécution
financière du FIATA ne doit pas cacher une réalité qui,
elle, l'est beaucoup moins. Il s'agit du système adapté pour
financer les dépenses nécessitées par la
sécurité et la sûreté mises à la charge des
aéroports. On sait qu'à cet effet a été
instituée une taxe d'aéroport.
Or, le statut budgétaire de la taxe d'aéroport n'est pas
satisfaisant.
La taxe d'aéroport est à ranger dans
la catégorie des
impositions de toute nature
.
Par conséquent, son régime juridique devrait obéir aux
règles qui, dans notre droit budgétaire, s'appliquent à de
telles impositions. Elle devrait être retracée dans les recettes
de l'Etat, sa perception devrait être autorisée chaque
année par la loi de finances et son affectation comptable devrait
respecter les dispositions prévues par le chapitre II de l'ordonnance
59-2 du 2 janvier 1959 portant loi organique relative aux lois de
finances. En particulier, il faudrait respecter la règle posée
à l'article 18 de cette ordonnance selon laquelle "
Il est fait
recette du montant intégral des produits, sans contraction entre les
recettes et les dépenses. L'ensemble des recettes assurant
l'exécution de l'ensemble des dépenses, toutes les recettes et
toutes les dépenses sont imputées à un compte unique,
intitulé budget général.
"
Le dispositif adopté l'an dernier contrevient manifestement à cet
ensemble de contraintes constitutionnelles. Il n'est en effet pas prévu
de rattacher le produit de la nouvelle taxe au budget général non
plus d'ailleurs que de mentionner dans le budget les charges qu'elle est
appelée à financer. Mais, plus grave, la mention du texte selon
laquelle "
la taxe... est perçue au profit des exploitants des
aérodromes
" si elle s'inspire des dispositions traditionnellement
retenues en matière de taxes parafiscales n'a pas lieu d'être
s'agissant d'une imposition et soutient une affectation contraire aux
règles du droit budgétaire.
La décision du Conseil constitutionnel sur la loi de finances pour
1999 est, sur ce point, déconcertante.
Il est politiquement inacceptable d'instaurer un système de financement
de cette importance, son montant est d'1 milliard de francs en
année pleine et il concerne des missions d'intérêt
général essentielles sans que le Parlement n'en soit saisi en
totalité à travers des documents budgétaires dont c'est la
raison d'être.
S'il est bien vrai que le Conseil constitutionnel avait déjà
admis dans sa décision du 29 juillet 1998 rendue à propos de
l'affectation d'une taxe appartenant à la catégorie des
impositions de toute nature à l'Agence nationale d'amélioration
de l'habitat qu'un établissement public pouvait bénéficier
de l'affectation du produit d'une imposition, il est plus surprenant qu'il ait
choisi une solution analogue à propos de la taxe d'aéroport.
On peut d'abord observer que l'existence juridique des aéroports n'est
pas établie dans la plupart des cas.
On peut également faire valoir que certains aéroports sont
gérés par des personnes morales de droit privé qui se
trouvent ainsi affectataires d'une imposition.
On doit surtout ajouter que comme la jurisprudence du Conseil d'Etat l'avait
clairement établi que
"les services rendus par les services de
sécurité d'incendie et de sauvetage et par la gendarmerie
correspondent à des missions d'intérêt
général qui incombent, par nature à l'Etat
".
Dans ces conditions, l'on voit mal pourquoi il a été
accepté que des dépenses correspondant à des charges qui
incombent naturellement à l'Etat puissent ne pas être
intégrées dans le budget de l'Etat, censé les retracer en
totalité et constituer le support de leur autorisation et de leur
gestion.
Il n'est pas souhaitable d'engager nos finances publiques sur la voie d'un
démembrement qui est déjà trop acclimaté et qui
constitue une violation de l'esprit même de l'ordonnance de 1959 qui
régit sagement les lois de finances.
Il est d'ailleurs à observer que la voie empruntée
débouche sur l'inscription d'un crédit de 84 millions de francs
dans le FIATA au titre de la couverture des besoins des aéroports en mal
de produits de taxe d'aéroport dont on ne sait par vraiment à
quoi il correspond. Nul ne peut en effet préciser aujourd'hui quels
seront les besoins à couvrir puisqu'aussi bien le recouvrement de la
taxe d'aéroport semble poser de vraies difficultés tandis que les
dépenses prévisibles des plates-formes ne sont pas connues.
Les exigences du contrôle démocratique invitent à
conclure que les sources de financement des dépenses
réalisées par les gestionnaires d'aéroport devraient
être retracées par le budget de l'Etat.
De la même manière, il faut réintégrer dans le
budget de l'Etat les dépenses qui comme celles concernant la
sûreté publique ne peuvent être considérées
autrement que comme des charges incombant par essence à l'Etat qu'au
prix d'une conception difficilement compatible avec les principes
républicains.
CHAPITRE III :
UN BUDGET QUI N'EST PAS
RÉELLEMENT MAITRISÉ
En
apparence, la variation des crédits du BAAC entre 1999 et 2000 semble
modérée. Mais, ceci tient à un changement de
périmètre budgétaire. Surtout, elle n'apparaît pas
durable.
A structures constantes, les crédits progressent à peu
près comme l'an dernier. L'expérience montre qu'il est en effet
bien difficile de maîtriser les dépenses du budget annexe. En
corollaire, la réduction affichée des recettes affectées
aux différents comptes retraçant l'intervention publique dans le
transport aérien résulte pour partie d'un jeu d'illusion. Votre
rapporteur souhaite s'inscrire dans une démarche positive. Comme
parlementaire sa fonction est de contrôler l'usage des crédits du
budget annexe. En ce sens, il souhaite conduire l'an prochain une mission
d'évaluation consacrée au contrôle aérien qu'il
situera dans son contexte européen.
Mais le budget annexe est, avant tout, l'affaire des usagers du transport
aérien, compagnies mais aussi clients de celles-ci. En ce sens, il doit
être entouré d'une vraie concertation qui mérite de
fonctionner sans failles. Il faut également consacrer la vocation de
prestataire de services de la direction générale de l'aviation
civile pour celles de ses missions qui relèvent de cette
catégorie. Il faut enfin que cette administration qui, sauf contredit,
n'a pas la volonté de sortir de la sphère publique adopte des
comportements mieux en rapport avec ceux d'un ensemble auquel elle se dit
attachée. Cela conduit à recommander la mise en chantier d'une
vraie modernisation de son management.
I. LA POURSUITE DE L'ACCROISSEMENT DES CHARGES DE PERSONNEL
Le BAAC est, pour moitié, un budget de rémunérations. Les charges de personnel s'accroîtraient de près de 3,9 % par rapport à 1999 7( * ) après une augmentation moyenne de 5,6% au cours des deux dernières années (successivement 6 et 5 % entre 1997 et 1998 et 1998 et 1999)
Evolution des charges de personnel depuis 1995
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Evolution 2000/1995 |
Evolution
|
3.311,6 |
3.632,5 |
3.766 |
3.990,6 |
4.198,8 |
4.361,1 |
+ 31,7 % |
+ 3,9 % |
La
hausse des charges salariales s'explique largement par la négociation
périodique de protocoles sociaux triennaux qui donne lieu à des
tensions auxquelles les gouvernements successifs se sont toujours
montrés très soucieux d'apporter une réponse non
conflictuelle.
En 1998, dernière année de traduction budgétaire du
précédent protocole triennal du 3 novembre 1994, les charges
de personnel étaient supérieures d'1/5ème au niveau
atteint en 1995, première année d'application du protocole
triennal.
A. LE PROTOCOLE DU 3 NOVEMBRE 1997
Un
nouveau protocole a été conclu le 3 novembre 1997 qui
produira lui-même un accroissement important des charges.
Le protocole récemment conclu comporte en effet de nombreuses
dispositions allant dans ce sens. Il s'agit d'abord des recrutements.
Recrutements DGAC associés au protocole du 3 novembre 1997
Corps |
1998 |
1999 |
2000 |
Total |
ICNA |
80 |
80 |
110 |
270 |
TEEAC |
70 |
70 |
70 |
210 |
IESSA |
30 |
30 |
30 |
90 |
IAC |
4 |
4 |
4 |
12 |
IEEAC |
12 |
12 |
12 |
36 |
ADM.C |
1 |
1 |
1 |
3 |
ATT. |
5 |
5 |
6 |
16 |
ASSIS. |
8 |
9 |
9 |
26 |
ADJ. |
15 |
15 |
15 |
45 |
OUVRIERS |
18 |
21 |
27 |
66 |
INFIRMIERS |
- |
1 |
- |
1 |
ASSIS. SOC. |
- |
1 |
- |
1 |
Total |
243 |
249 |
284 |
776 |
Questionnée sur l'impact financier du protocole, la DGAC a fourni le tableau suivant.
Charges nouvelles annuelles résultant du nouveau protocole DGAC
(en millions de francs)
Années |
1998 |
1999 |
2000 |
Créations d'emplois |
13 |
35 |
100 |
mesures catégorielles |
107 |
114 |
118 |
TOTAL |
120 |
149 |
218 |
Le
niveau des charges de personnel devrait donc être augmenté de
120 millions de francs en 1998 puis de 149 et 218 millions de francs,
en 1999 et 2000 respectivement, par rapport à une situation sans
protocole catégoriel.
La dynamique de dépenses induite par le protocole est, il faut le
souligner, retardée dans ses effets puisque le plein impact
budgétaire des recrutements est reporté compte tenu de la
formation initiale des contrôleurs aériens. Les effets des
recrutements prévus par le protocole de 1997 ne se traduisent donc pas
encore pleinement dans les données budgétaires mais imposeront de
très lourdes charges à l'avenir.
B. LES AUTRES FACTEURS D'ÉVOLUTION
Mais,
pour apprécier l'accroissement des charges de personnel, il faut prendre
en compte les autres facteurs d'augmentation que sont les mesures
générales applicables à la fonction publique dont l'effet
atteint 48,9 millions de francs en 2000.
Il apparaît aussi que les crédits ouverts en 2000 au titre du
protocole ne couvrent qu'une fraction des charges du protocole en année
pleine.
Malgré cela, les dépenses de personnel s'accroissent de
162,3 millions de francs.
Ces évolutions sont évidemment préoccupantes puisqu'elles
laissent présager le maintien d'un rythme de progression des charges de
personnel très rapide et sans commune mesure avec les contraintes qui
pèsent sur les salaires des entreprises de transport aérien
confrontées à la nécessité d'affronter la
concurrence.
Il faut ajouter que cette perspective jure avec les conditions
générales de progression des rémunérations de la
fonction publique.
On peut au surplus redouter, compte tenu de la structure des
rémunérations des personnels de la DGAC marquée par
l'importance des indemnités, les effets retardés de ces
évolutions sur les charges de pension, l'une des revendications majeures
des personnels consistant à obtenir une meilleure adéquation de
leurs pensions avec leurs rémunérations d'activités.
Enfin, pour s'en tenir aux seuls chapitres de rémunération hors
cotisations et prestations sociales, les évolutions significatives
suivantes doivent être rappelées :
Evolution de la masse salariale du BAAC hors charges sociales
|
1995 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Ecart
1
|
Ecart
1
|
Rémunérations des titulaires et contractuels |
1.463,9 |
1.644,4 |
1.752,5 |
1.820,6 |
1.892,1 |
29,2 |
3,9 |
Rémunérations des personnels ouvriers |
170,7 |
186,3 |
191,9 |
199,5 |
201,2 |
17,8 |
0,08 |
Vacataires et divers |
12,7 |
19,2 |
18,9 |
15,9 |
18,3 |
44,1 |
15,1 |
Primes et indemnités |
886,3 |
1.074,8 |
1.164,6 |
1.264,2 |
1.328,8 |
49,9 |
5,1 |
Total |
2.533,6 |
2.924,7 |
3.127,9 |
3.300,2 |
3.440,4 |
35,8 |
4,2 |
(1)
En pourcentage
Rapportée au nombre d'agents, la masse salariale hors cotisations
sociales donnait un coût par agent de 255.000 francs en 1995, de
284.920 francs en 1997, de 301.000 francs en 1998, de
311.398 francs en 1999 et de 319.206 francs en 2000 soit un niveau de
rémunération individuelle supérieur de 25 % au
montant atteint en 1995.
L'essentiel de la progression de la masse salariale de la DGAC (35,8 %
au total) vient donc de la revalorisation des rémunérations
individuelles, le reste provenant de l'accroissement des effectifs.
Ce
n'est donc pas la nécessité de mettre en place des
capacités nouvelles de traitement du trafic qui explique à titre
principal le glissement de la masse salariale. Cette nécessité
reste d'ailleurs à démontrer compte tenu d'une évaluation
réaliste des conditions de travail des agents du contrôle
aérien mais bien le choix de revaloriser les traitements des agents.
Les conditions dans lesquelles est gérée la masse salariale du
BAAC débouchent sur
des évolutions évidemment peu
raisonnables au regard des contraintes financières du moment qui
s'imposent tant à la fonction publique qu'aux salariés des
entreprises du transport aérien
.
En la matière une inquiétude supplémentaire provient
d'abord de la perspective de conflits portant sur la durée du travail
des personnels.
Sous bénéfice d'inventaires, cette question devrait pourtant
être abordée avec circonspection compte tenu des conditions dans
lesquelles est organisé le travail d'une partie importante des
personnels.
A titre d'exemple, pour les ingénieurs du contrôle de la
navigation aérienne, les obligations de service dans les
différents organismes définies par les instructions de la
direction de la navigation aérienne sont les suivantes :
Pour les centres en route de la navigation aérienne et sur les
aéroports d'Orly et Charles-de-Gaulle, les contrôleurs sont tenus
d'effectuer, en moyenne hebdomadaire, 32 heures de présence dont 24
heures en tenue effective d'un poste de contrôle. En application des
protocoles signés en 1988 et 1991, des modulations d'horaire sont mises
en, conduisant les contrôleurs a effectuer 36 heures de présence
hebdomadaire dans les périodes chargées.
Sur les aérodromes autres qu'Orly et Charles-de-Gaulle, la
durée hebdomadaire moyenne de présence sur le lieu de travail est
adaptée de la durée réglementaire fixée pour la
fonction publique (actuellement 39 heures par semaine) par application des
coefficients de pondération destinés à compenser les
contraintes résultant du travail effectué la nuit, les dimanches
et jours fériés. Selon les aérodromes, cette durée
peut varier de 34 heures 30 à 37 heures 30 par semaine. La durée
effective de tenue d'un poste de contrôle en est déduite par
application d'un coefficient tenant compte de la pénibilité du
travail (contraintes nerveuses et fatigue visuelle liées au travail sur
écran radar notamment).
Dans le cadre du protocole signé le 3 novembre 1997, il est en outre
prévu de réduire à partir de la fin 2000, la durée
hebdomadaire moyenne de présence sur le lieu de travail à 22
heures pour les aérodromes de Nice, Lyon, Marseille, Toulouse,
Bâle, Bordeaux, Strasbourg, Montpellier, Nantes, Clermont-Ferrand, Lille,
Pau, Le Bourget, Point-à-Pitre et Fort-de-France.
Des modulations d'horaires du même type que celles mise en place pour les
centres en route de la navigation aérienne, d'Orly et Charles de Gaulle
sont également prévues (le total des heures de présence au
delà des 32 heures hebdomadaires dans la limite de 36 heures ne
pourra excéder 64 heures sur l'année).
L'on doit également redouter une importante augmentation des charges de
pensions.
La perspective de nombreuses cessations d'activité se traduira dans les dix ans à venir par une augmentation annuelle des charges de pension de l'ordre de 2,6 %.
II. LES DÉPENSES EN CAPITAL NE SONT RÉDUITES QU'EN APPARENCE
Le niveau des dépenses en capital s'élève à 2.084,6 millions de francs et marque une baisse de 2,1 % par rapport à 1999. L'an dernier, la diminution de ces crédits atteignait 4,8 %. Elle était due à une réduction des investissements physiques destinée à compenser la dérive des crédits d'amortissement financier. Cette année, la baisse des opérations en capital du BAAC est largement optique. Elle résulte des changements de structure budgétaire relevés ci-dessus.
A. LES DÉPENSES D'AMORTISSEMENT FINANCIER
Elles
correspondent au remboursement en capital des dettes du BAAC. Leur progression
est considérable : de 33,8 % l'an dernier, elle passe à
21,4 % cette année, et cette charge s'élève à
541,9 millions de francs
. Cette tendance au terme de laquelle
les dépenses d'amortissement constituent la catégorie de
dépenses la plus dynamique du budget annexe
reflète
l'endettement passé.
Le tableau qui suit retrace la progression de l'endettement brut au
31 décembre de chacune des dernières années
connues.
8(
*
)
(en millions de francs)
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1.852,9 |
1.668,9 |
1.861,3 |
2.439,4 |
3.098,1 |
3.798,8 |
4.507,8 |
De
1992 à 1998, l'endettement a été multiplié par plus
de 2,4. L'endettement nouveau a tendu progressivement vers le niveau du
milliard de francs par an et a engendré une situation alarmante.
Il en résulte une progression spontanée des charges
d'amortissement dont l'évolution enregistrée depuis 1992 rend
compte.
Evolution des charges d'amortissement
(en millions de francs)
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
174,9 |
183,9 |
187,7 |
261,9 |
252,3 |
283,5 |
333,5 |
446,2 |
514,9 |
De 1992 à 2000, les charges d'amortissement ont été multipliées par 3,1. Sans que l'échéance puisse être précisément établie puisqu'elle dépendra des mesures d'étalement des amortissements, la dérive vers un niveau de charges proche de 1 milliard de francs est en cours. Les tensions financières qui en résulteront seront telles que la pérennité du BAAC est en cause. Un élément parmi d'autres le démontre assez : le ratio dettes/fonds propres du BAAC atteint 2 lorsque des analystes financiers jugent sain un ratio de 1.
B. LES DÉPENSES D'INVESTISSEMENT
1. Le contrôle aérien
Une part
importante des investissements de navigation aérienne consiste à
achever le programme "Operator Input and Display System" -ODS- nouvelle
dénomination du programme PHIDIAS. Initié au début de la
décennie, ce programme représente un coût de
1,025 milliard de francs dont plus de la moitié -530 millions
de francs- pour des achats de matériels.
Les investissements réalisés dans le domaine de la navigation
aérienne sont à l'origine d'interrogations persistantes
:
Le projet CAUTRA-5 est un projet à très long terme, 2015, et est l'homologue français du programme EATCHIP d'Eurocontrol.
Le
budget ne supporte en effet plus de charges à raison du transfert des
dépenses d'investissement de l'Etat en matière de
sécurité et sûreté au FIATA.
La définition du stade ultime du schéma est encore, comme pour
l'EATMS d'Eurocontrol, un sujet de recherche.
On comprend mal ce qui justifie la redondance des efforts consentis pour
construire le schéma de navigation aérienne du futur.
Il est impératif de rechercher une meilleure cohérence des
dépenses d'investissement entre les programmes nationaux et les
programmes européens.
Le programme ODS pose le même type de problèmes.
Les investissements de la DGAC posent, comme ceux des autres contrôles aériens en Europe, un problème dans la perspective d'une meilleure intégration du contrôle aérien européen. Il convient d'en vérifier la capacité à s'insérer dans les projets étudiés à l'étude.
2. Les bases aériennes
Estimés à 483 millions de francs en 1998, les investissements du service des bases aériennes avaient été réduits à 420,1 millions de francs en 1999, soit une diminution sensible de 13 % et de 62,9 millions de francs en niveau.
Evolution des investissements des bases aériennes
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Ecarts en % |
|
|
|
|
|
|
1999/1996 |
1999/1998 |
Infrastructures
Total |
123
|
140,6
|
163
|
173,3
|
40,9
|
15,9
|
Cette tendance s'amplifie cette année puisque les crédits d'investissement ne représentent plus que 158,6 millions de francs. Elles ne correspondent plus qu'à des dépenses d'infrastructure hormis 33 millions de francs 9( * ) encore consacrés à terminer l'installation du siège de la DGAC.
III. QUELQUES PROBLÈMES DE SINCÉRITÉ BUDGÉTAIRE
Le BAAC pour 2000 comporte quelques difficultés au regard de la sincérité budgétaire. Certaines concernent les recettes, d'autres les dépenses.
A. LA MODÉRATION DES RECETTES, UN EFFET D'ANNONCE
Le tarif
des redevances de navigation aérienne devrait s'inscrire en baisse comme
on l'a précédemment indiqué. Toutefois, cette baisse ne
parvient pas à convaincre de la réalité d'un
allégement des prélèvements exigés des usagers du
transport aérien.
La réduction du produit des redevances atteindrait 146 millions de
francs. Mais il faut tenir compte du produit inscrit sur la nouvelle ligne de
recettes retraçant la RSTCA d'outre-mer qui s'élève
à 107 millions de francs. Surtout, il convient de prendre en
considération le jeu du mécanisme correcteur -voir supra- qui,
selon le rapport de l'article 99 précité, permettrait de
récupérer 233 millions de redevances, soit le trop-perçu
de l'année 1998.
Ainsi, malgré la baisse de leurs tarifs, les redevances de navigation
aérienne engendreraient un produit très supérieur à
celui de l'année dernière, en hausse, de 3,2 %.
Une observation analogue s'impose en ce qui concerne la taxe de l'aviation
civile. A taux inchangé, son produit s'accroît vigoureusement, de
13,4 %.
L'ensemble des financements correspondant à des
prélèvements imposés aux usagers du transport
aérien s'accroît ainsi de 5,1 %.
Quant à la taxe d'aéroport, son produit n'a pas été
communiqué à votre rapporteur à cette date. Cette
opacité est la conséquence directe de la discussion du Conseil
constitutionnel susmentionnée. Il est donc impossible de vérifier
si les redevances aéroportuaires ont été correctement
ajustées comme le ministre s'y était engagé.
B. DES CRÉDITS PROBLÉMATIQUES
Les
difficultés rencontrées pour suivre les recouvrements de la taxe
d'aéroport et celles concernant la prévision des programmes
qu'elle est censée financer conduisent d'abord à l'inscription
quelque peu aléatoire d'un crédit de 84 millions de francs
au titre de la péréquation de la taxe d'aéroport dans les
comptes du FIATA.
Une difficulté majeure réside surtout dans les suites des
contentieux ouverts contre les arrêtés fixant les taux des
redevances de navigation aérienne et des redevances
aéroportuaires.
A ce propos, le gouvernement avait demandé au Parlement de valider ces
redevances.
Les réserves formulées par votre commission des finances saisie
pour avis, apparaissent rétrospectivement justifiées.
L'avis alors donné avait été assorti de nombreuses
réserves et avait été défavorable à une
extension du dispositif proposée avec l'assentiment du gouvernement.
Cette prudente attitude est totalement légitimée par un fait
nouveau important au terme duquel le Président de la Section du rapport
et des études du Conseil d'Etat a pu estimer la loi de validation en
cause incompatible avec les stipulations de l'article 6-1 de la Convention
européenne des droits de l'homme et des libertés fondamentales.
Il y a là, une sérieuse menace pour les finances du BAAC qui
n'est pas provisionnée dans le budget pour 2000.
*
* *
Le
budget annexe de l'aviation civile finance, avant tout, à
côté d'autres missions de nature régalienne, le
contrôle aérien qui consiste par nature en une activité de
prestations de services.
Les moyens de cette mission sont issus de prélèvements
payés par les usagers qu'il s'agisse des redevances de navigation
aérienne proprement dites ou des taxes.
La direction générale de l'aviation civile appartient donc par
excellence à cette catégorie d'administrations qui, au service
d'un public qui les finance, doivent se montrer attentives à la
qualité du service qu'elles rendent mais aussi à leur
efficience.
Ces caractéristiques de même que le fonctionnement, actuellement
peu satisfaisant, des instances de concertation invitent à souhaiter la
mise en chantier d'une
charte d'objectifs et de moyens
.
Une telle démarche a été entreprise par la direction
générale des impôts et il serait pour le moins paradoxal
qu'une administration dont l'essence est de rendre des services ne l'emprunte
pas.
Il convient donc de réfléchir à la substance même
d'une telle charte. Elle devrait comporter deux séries de dispositions.
Les unes porteraient sur des objectifs clairs et quantifiés de
qualité de service, assortis d'indicateurs. Les autres, de nature
financière, devrait programmer, sur le moyen terme, les gains
d'efficacité de la direction générale de l'aviation civile
et leur destination.
Votre rapporteur souhaite inscrire ses prochains travaux de contrôle et
d'évaluation dans le cadre d'une telle approche.
DEUXIÈME PARTIE :
LES CRÉDITS DE TRANSPORT AÉRIEN
ET DE
MÉTÉOROLOGIE DU BUDGET DU MINISTÈRE
DE
L'ÉQUIPEMENT, DES TRANSPORTS ET DU LOGEMENT
CHAPITRE PREMIER :
VERS UNE UNIFICATION DE
L'INDUSTRIE AÉRONAUTIQUE EUROPÉENNE ?
Votre
commission des finances a adopté au mois de juin dernier un
rapport
10(
*
)
consacré à
définir un projet aéronautique européen susceptible
d'assurer les positions de l'Europe dans un secteur industriel
stratégique du point de vue économique mais aussi politique.
Soulignant les acquis engendrés par les rapprochements intervenus au
sein de l'industrie française, il appelait à une relance du
processus de concentration européenne en en énonçant les
conditions.
L'annonce de la fusion entre Aérospatiale-Matra et DASA, dont les
conditions et les suites restent à analyser, a, depuis, constitué
un pas important en vue d'une Europe aéronautique plus forte.
I. LA STRUCTURATION DE L'INDUSTRIE FRANÇAISE
Au prix d'une série d'opérations complexes à caractère juridique et financier, la réorganisation de l'industrie française a donné naissance à un champion national occupant en outre des positions majeures sur l'échiquier européen.
A. DES OPÉRATIONS COMPLEXES
Apports, fusions et privatisation ont été nécessaires pour réorganiser l'industrie aéronautique française.
1. Le transfert de la participation de l'Etat dans Dassault Aviation à Aérospatiale, une démarche inachevée
Fin
décembre 1998, l'Etat a transféré à
Aérospatiale 45,76 % du capital de Dassault Aviation.
Le rapport susmentionné avait jugé les conditions de ce transfert
assez obscures, qu'il s'agisse de la négociation préalable, de
son contenu ou de son impact sur les parties concernées.
Au vu des développements les plus récents, ce jugement ne peut
qu'être formulé à nouveau.
S'agissant des négociations
, l'élément capital a
été le sort des droits de vote double attachés à la
participation de l'Etat chez Dassault. Ils mettaient l'Etat en bonne situation
pour négocier avec l'entreprise un rapprochement de ses actifs avec ceux
d'Aérospatiale. La question s'est même posée de savoir si
l'Etat se trouvait en mesure d'imposer un tel rapprochement. Le
déroulement de la négociation a conféré à
cette interrogation un caractère seulement théorique mais elle
n'en est pas moins légitime d'un point de vue rétrospectif au vu
de l'histoire des tentatives de rapprochement entre les avionneurs
français.
Dans les faits, le problème des droits de vote double s'est enrichi de
la question de savoir si un transfert de la participation de l'Etat à
Aérospatiale s'accompagnerait du maintien ou de la perte des droits
liés à cette participation. Il semble que, saisi pour avis, le
Conseil d'Etat ait penché pour le maintien de ces droits. Mais, cette
façon de voir aurait pu être combattue devant les juridictions
commerciales compétentes qui auraient elles-mêmes pu adopter une
attitude différente.
C'est probablement cette considération, parmi d'autres, qui a
incliné les parties à rechercher plutôt la
négociation.
L'on entre alors dans les inconnues portant sur la
substance de l'accord
conclu entre les parties à la négociation. Celle-ci suscite un
nombre important de questions.
Evoquons d'abord les certitudes :
L'Etat s'est dessaisi de ses droits au profit d'Aérospatiale.
Ce dessaisissement n'a été que partiel puisque les droits de
l'Etat dans l'entité Dassault-Systèmes n'ont pas
été transférés à Aérospatiale. Cette
réduction du périmètre transféré à
l'entreprise publique est, à coup sûr, très notable compte
tenu de la valorisation boursière de Dassault-Systèmes et de ce
que la participation de l'Etat au capital de Dassault Aviation lui
confère 16,33 % de cette capitalisation. D'un point de vue
stratégique, l'exclusion de Dassault-Systèmes du
périmètre transféré à Aérospatiale
peut être justifiée par la nature du métier de l'entreprise
-conception industrielle par ordinateur- et par sa position commerciale qui
fait de Boeing l'un de ses premiers clients. Il n'en reste pas moins que
le
sort de la participation de l'Etat dans Dassault-Systèmes devra
être réglé.
Dernière certitude, l'Etat a renoncé à ses droits de vote
double.
L'on entre à ce stade dans le domaine des interrogations.
Une première question fondamentale porte alors sur ce qu'a obtenu l'Etat
à l'occasion de son renoncement à ses prérogatives
particulières. Autrement dit quelle a été la valeur
d'échange des droits de vote double de l'Etat, quelles contreparties
celui-ci a-t-il obtenu contre cet abandon ?
La réponse à
cette question est loin d'être éclaircie. La contrepartie acquise
par l'Etat consiste-t-elle dans le seul accord de Dassault au transfert
réalisé au profit d'Aérospatiale et au volet patrimonial
et industriel de l'accord entre les parties ? Peut-elle être alors
jugée suffisante et donc équitable ? D'autres clauses
viennent-elles l'enrichir ?
Autant de questions qui, étant donné leur caractère
stratégique et leur aspect financier -la détention de droits de
vote double a un prix qui peut-être considéré comme un
actif de la Nation-, méritent des précisions de la part des
pouvoirs publics.
Liée à cette problématique, la question se pose alors
évidemment du degré de contrôle d'Aérospatiale sur
Dassault Aviation résultant de cette opération.
Aérospatiale n'étant pas appelée à
bénéficier des privilèges liées à la
participation de l'Etat elle détient 45,76 % du capital de Dassault
Aviation, ce qui en fait certes un actionnaire de référence
majeur mais toutefois un actionnaire minoritaire par rapport à la
holding Dassault Industries qui en détient 49,90 %, le reste,
4,34 % étant en Bourse
L'accord intervenu entre les parties a, sans doute, inclus des dispositions
élargissant les droits d'Aérospatiale au-delà des seuls
droits attachés à sa participation et dont seule une connaissance
précise permettrait d'en évaluer l'impact. Mais, en contrepartie,
il semble que l'actionnaire majoritaire se soit vu conférer des
prérogatives particulières incluant des clauses de
préemption.
Le rapport susmentionné appelait à des clarifications qui restent
nécessaires.
En tout état de cause, la voie de la fusion entre Dassault Aviation
et Aérospatiale ayant été écartée, la
question de la cohérence de l'opération se posait.
Sur le plan financier,
cette question est celle du bilan de
l'opération pour les trois acteurs. Elle renvoie aux questions relatives
à la substance même de ce qui a été
échangé et à son évaluation pour les uns et les
autres.
Le sentiment se dégage que l'accord n'a guère été
exigeant pour Dassault Aviation
11(
*
)
tandis que,
pour l'Etat, la perte de ses droits de vote double et le traitement comptable
de l'apport réalisé au bénéfice
d'Aérospatiale suscitent certaines interrogations. Du côté
d'Aérospatiale, les évaluations sont complexes. Compte tenu de la
valorisation boursière de Dassault Aviation hors Dassault
Systèmes, les droits de l'Etat ont pu être évalués
à 880 millions d'euros, soit 5.764 millions de francs.
Cependant, un certain nombre d'objections peuvent être faites à
l'adoption de cette seule méthode de valorisation, ces objections
revenant à relativiser la valorisation de marché de l'entreprise,
susceptible compte tenu du nombre d'actions en bourse de ne pas refléter
entièrement sa valeur. A partir de méthodes d'évaluation
alternatives passant par des valorisations comptables ou l'examen des plans
d'affaires, on est conduit à insister sur des variables plus complexes
et notamment celles relatives aux avances clients et fournisseurs qui, dans le
secteur de l'industrie aéronautique, occupent une place très
importante. De la même manière, il apparaît alors qu'en tout
état de cause, l'évaluation de la participation
d'Aérospatiale dans Dassault Aviation est fondamentalement liée
au devenir du Mirage 2000-5 et surtout du Rafale, programme majeur de la
firme.
La réussite passée de Dassault, les comparaisons de prix des
avions de combat -voir tableau ci-après -, la disponibilité du
missile MICA pour équiper les appareils de Dassault, les incertitudes
entourant les capacités opérationnelles de certains concurrents
et, tout particulièrement, de l'Eurofighter plaident en faveur du
succès de ces deux programmes.
En sens inverse, le poids de la diplomatie économique américaine,
l'isolement de Dassault, l'engagement des autres grands européens de la
défense en faveur de l'Eurofighter constituent autant d'obstacles.
Ces données amènent à adopter un parti pris qui peut
paraître décevant, celui consistant à considérer
qu'une pleine valorisation économique de ces programmes est
prématurée.
Aussi, en l'état, faute de mieux, l'évaluation mentionnée
plus haut peut-elle être considérée comme significative du
renforcement financier d'Aérospatiale du fait d'une opération au
terme de laquelle les capitaux propres de l'entreprise ont, notons-le,
été accrus de 20 %.
La cohérence
stratégique de l'opération reste quant
à elle à démontrer.
Il semble que l'accord industriel conclu entre les parties ait plus valeur
d'armistice que le mérite de constituer un socle offensif. Les positions
étant figées par des droits de préemption consentis aux
parties et l'extension du champ des décisions requérant une
majorité qualifiée des 2/3 - les décisions d'accords
industriels restent, semble-t-il, soumises à la majorité simple
-, chacun reste maître chez soi.
Une telle situation ne peut à l'évidence perdurer puisque, dans
le futur, les avions de combat ne pourront être produits qu'au sein de
groupes puissants financièrement, commercialement et politiquement. Des
décisions devront être prises dans ce sens. De ce point de vue,
l'opération pourrait avoir pour grand mérite de les faire
dépendre du consentement d'un ensemble industriel national puissant,
autrement dit de désigner un partenaire national comme partenaire
obligé. On éviterait ainsi la perspective de choix excluant des
entreprises françaises même si, de ce point de vue, la
dépendance du développement d'un appareil militaire envers les
crédits publics constituait déjà une certaine garantie.
A ces questions s'ajoutent celles portant sur les effets plus immédiats
de l'accord.
Au-delà du renforcement de la capacité financière
d'Aérospatiale résultant de l'augmentation de ses fonds propres,
de sa participation au capital d'une entreprise aux ratios bien
supérieurs et d'un meilleur équilibre entre les sources civile et
militaire du chiffre d'affaires de l'entreprise, ces effets ont
été quasi-nuls jusqu'à présent.
La réorganisation en cours chez Dassault Aviation, avec une
séparation des branches militaire et civile qui paraît conduite
" proprio motu ", ne semble d'ailleurs pas intégrer une
quelconque dimension nouvelle liée à la constitution d'un groupe.
Sauf à être durablement sous-optimale, la démarche de
rapprochement entre Aérospatiale et Dassault Aviation devra donc
être prolongée.
2. Le transfert des activités satellites à Thomson, une opération à la cohérence remise en cause
Une
importante modification du périmètre d'Aérospatiale est
intervenue avec le transfert à Thomson CSF des activités
d'Aérospatiale dans le domaine des satellites à
l'été 1998. Le chiffre d'affaires de cette division
s'était élevé à 3,4 milliards de francs en
1997 contre 5 milliards en 1996 représentant 6 % de
l'activité totale de l'entreprise. Ce transfert était
accompagné d'une clause de non rétablissement par laquelle
Aérospatiale s'était engagée à abandonner toute
activité dans le secteur. En contrepartie de ce transfert,
Aérospatiale avait reçu 4 % du capital de Thomson CSF
remodelé après l'entrée d'Alcatel et de Dassault
Industries dans l'entreprise, si bien que celle-ci s'est trouvée
privatisée
de facto.
Cette opération a été remise en cause par le projet de
fusion entre Aérospatiale et Matra Hautes Technologies qui,
accompagnée de la privatisation d'Aérospatiale, constitue
l'élément principal des opérations portant sur
l'entreprise et l'événement majeur de la structuration de
l'industrie aéronautique française.
Toutefois, une solution de compromis a alors été
décidée consistant à sortir du périmètre
d'Aérospatiale sa participation dans Thomson CSF pour la faire porter
par l'Etat. Cette solution n'est évidemment pas appelée à
persister. Son dénouement sera certainement concomitant des
évolutions que devra entreprendre Thomson CSF.
3. Le rapprochement Aérospatiale - Matra Hautes Technologies, un événement majeur
a) Rappel des enjeux
La
dimension financière de la fusion a suscité bien des
interrogations.
La question a porté en substance sur la détermination de la
quotité du capital du nouvel ensemble à attribuer à MHT et
donc sur l'évaluation implicite d'Aérospatiale et des apports de
Lagardère.
Les enjeux attachés à cette question fondamentale doivent
être rapidement mentionnés.
Hormis les enjeux, privés,
concernant Lagardère, ils relevaient de deux catégories,
patrimoniale et stratégique.
Sur le plan stratégique
, l'évaluation de MHT étant
supposée connue en raison de la cotation en bourse de Lagardère
SCA, l'attribution d'une quotité de titres Aérospatiale en
échange de l'apport de MHT à l'entreprise pouvait être
considérée comme une évaluation implicite
d'Aérospatiale. A l'heure où la structuration de l'industrie
aéronautique européenne butait en particulier sur des divergences
d'évaluation des entreprises, une telle évaluation consistait
à dévoiler ses cartes aux partenaires.
Consciente de cette difficulté, la Commission des participations et des
transferts (CPT) a tenu à insister tant dans son avis sur la
fusion
12(
*
)
sur l'absence de prise en compte
à ce stade des effets de synergie résultant du rapprochement des
deux entités et a souligné que de tels effets devront en revanche
être estimés lors de la mise sur le marché du nouveau
groupe.
Sur le plan patrimonial
, étant rappelé
qu'Aérospatiale était alors une entreprise publique, la
valorisation implicite retenue à l'occasion de la fusion devait peser
lourd alors même que la mise sur le marché annoncée d'une
quotité de 20 % du capital était programmée.
Il importait donc de vérifier que la valorisation de l'actif public
était minorée par rapport à celle de l'actif
apporté par Lagardère SCA ce qui aurait été
synonyme de perte sèche pour l'Etat.
b) Les grandes lignes de l'accord
L'accord
général a comporté trois accords particuliers.
L'accord du 15 février 1999
entre l'Etat et Lagardère SCA
précise
les solutions financières.
Le groupe Lagardère, en échange de ses apports, recevrait
31,45 % du capital de la future entreprise, le périmètre
d'Aérospatiale étant préalablement réduit du fait
du transfert à l'Etat de la participation de l'entreprise dans le
capital de Thomson CSF (3,87 %).
Le groupe Lagardère se voit reconnaître, par un pacte
d'actionnaires, le statut de
partenaire privilégié
dans la
future entreprise, statut défini à travers les droits reconnus
à Lagardère par ledit pacte d'actionnaire conclu avec l'Etat dont
il reste à préciser complètement la substance.
Outre l'apport des actifs de MHT à Aérospatiale, Lagardère
SCA versera à l'Etat une soulte de 850 millions de francs au minimum
représentative de 1,55 % du capital de l'entreprise, et dans la
limite de 1.150 millions de francs, une somme variant selon la performance
boursière relative du titre Aérospatiale-Matra
appréciée sur une période de deux ans.
Plus le titre se valorisera par rapport au CAC 40, moins la soulte à
verser par Lagardère sera substantielle ; si le cours du titre
monte de 10 % par rapport au CAC 40, la dette de Lagardère sera
annulée. Une clause prévoit en outre que tout
désengagement du nouvel actionnaire dans les deux ans rend exigible la
soulte calculée
prorata temporis
.
Selon le communiqué de presse du 15 février 1999, l'une des
clauses du
pacte
d'actionnaires
conclu entre l'Etat et
Lagardère SCA stipule que "
les principales décisions
concernant le nouveau groupe seront arrêtées d'un commun accord
entre ses deux premiers actionnaires, l'Etat et le groupe
Lagardère. "
L'avis de la CPT évoque en outre l'organisation d'un système
croisé de droits de préemption. L'Etat dispose de la
possibilité d'acquérir la participation de Lagardère SCA
si cette société change de contrôle ou si elle entend
céder sa participation.
L'avis indique que "
Réciproquement, Lagardère SCA pourra
acquérir les actions cédées par l'Etat si la participation
de celui-ci descendait en-dessous de 20 % ".
Le troisième pilier de l'opération est constitué par un
accord industriel
conclu le 3 mars 1999 entre Aérospatiale
d'une part, Lagardère SCA et MHT d'autre part. Cet accord restera en
vigueur tant que Lagardère SCA détiendra plus de 20 % des
droits de vote de la nouvelle entité.
Quatre clauses de l'accord industriel doivent être mises en
évidence :
- Aérospatiale rapprochera ses activités de missilier avec
Matra-Bae Dynamics dont l'actionnariat restera inchangé ;
- les fonctions à l'exportation du nouvel ensemble seront
assurées par un groupement d'intérêt économique
(GIE) constitué entre Lagardère SCA et Matra Aérospatiale,
avec la répartition suivante des parts sociales : 49 % pour la
première, 51 % pour la seconde ;
- les sociétés du nouveau groupe bénéficieront d'un
accès gratuit, mais non transférable, au savoir-faire et droits
de propriété industrielle de l'ensemble des membres du
groupe ;
- enfin, les conventions de prestations entre Lagardère SCA et les
entités de MHT sont maintenues jusqu'au 31 décembre 2003.
Cet accord industriel est complété par une série d'accords
passés avec les partenaires de Lagardère SCA et, en particulier,
GEC (MMS) et BAe (MBD), au terme desquels GEC exercera notamment son droit
d'équilibrer sa participation dans MMS avec celle de MHT.
c) Que penser de cet accord ?
Le
volet financier du rapprochement doit être apprécié en
gardant à l'esprit que les problèmes soulevés par
l'évaluation des entreprises sont à ce point complexes qu'une
part d'incertitude subsiste toujours, inévitablement
. Il faut donc
dépasser l'idée d'estimer l'équilibre d'un échange
à partir de l'ambition d'en établir la stricte équivalence
financière. Celle-ci est techniquement hors de portée.
En outre, d'autres considérations sont à prendre en compte et,
en particulier, le coût d'un non-accord
. Or, en l'espèce
celui-ci aurait été sans doute fort élevé de part
et d'autre, l'isolement d'Aérospatiale pouvant être
considéré comme annonciateur d'une perte patrimoniale pour l'Etat.
La méthode centrale d'évaluation utilisée à
l'occasion de l'apport de MHT a consisté à actualiser les flux de
trésorerie prévisionnels des deux entreprises dans les cinq
années à venir sur la base de l'estimation de leurs plans de
développement (business plan).
L'on ne peut conférer à une telle méthode classiquement
utilisée dans de telles négociations plus de vertus qu'elle n'en
a.
Pas plus qu'en macro-économie, la prévision
micro-économique ne peut se prévaloir du statut de la science
exacte.
L'exercice confine à l'art mais a pour avantage mais aussi pour
handicap, de reposer sur le consensus. Or, celui-ci est plutôt le
résultat de la négociation que son fondement.
A partir de là, il va de soi que la silhouette du départ de
chaque partie à la négociation profile celle-ci et
détermine donc largement ses résultats.
Ces remarques ne sont pas purement
" intellectuelles ",
" théoriques ".
Elles visent à rendre
intelligibles
les termes d'une négociation qui ont été
fortement déterminés par les événements qui ont
entouré la présentation des comptes d'Aérospatiale pour
1998.
La soudaine révision à la baisse des performances de cette
entreprise a joué un rôle considérable dans la
négociation
en favorisant la position de Lagardère SCA
et, finalement, le bon accueil réservé à ses
prétentions.
Le résultat d'exploitation d'Aérospatiale est en effet
passé entre ces deux exercices de 1.078 à 409 millions de
francs, et ce malgré une hausse du chiffre d'affaires dans un contexte
où la contribution d'Airbus au résultat, historiquement positive,
s'est soldée par une perte (- 68 millions de francs contre un
profit de 1131 millions en 1997).
Les facteurs de variation du résultat de l'entreprise entre 1997 et
1998 sont étroitement liés à des événements
exceptionnels dont la récurrence semble établie du moins sur
courte période et pour certains d'entre eux.
C'est probablement le cas
des provisions
qui
ont
été considérablement augmentées de 650 millions de
francs pour la seule activité Airbus, sous l'effet d'exigences nouvelles
du GIE. Cet effort de provisionnement, brutal, semble résulter de la
considération d'engagements " hors-bilan " constitués
par les garanties sur les valeurs résiduelles offertes aux clients
d'Airbus.
Au terme de ces garanties (qui peuvent porter sur le paiement des loyers, la
valeur résiduelle des avions ou la participation au financement de la
vente de certains appareils), si le prix touché par le détenteur
d'un appareil au moment de sa revente éventuelle est inférieur
à la valeur résiduelle garantie par le constructeur lors de la
vente, celui-ci " rembourse la différence " à son
acquéreur.
L'ampleur des provisions passées à ce titre en 1998 peut
à bon droit susciter quelques interrogations
sur
elles-mêmes (ces provisions sont-elles justifiées ?
sont-elles passées de la même manière dans les autres
entreprises du GIE Airbus ?), mais aussi sur les conditions dans
lesquelles les comptes de l'entreprise ont pu être certifiés dans
le passé.
Mais, il faut aussi tenir compte
des frais de recherche-développement
autofinancés
par l'entreprise pour comprendre l'évolution
négative de son résultat en 1998. Ce type de charges qui a
joué un rôle important dans les évaluations ne peut
être quant à lui jugé entièrement récurrent
puisqu'il dépend en particulier des décisions des pouvoirs
publics
13(
*
)
De 527 millions d'euros
en 1997, ces charges sont passées à 587 millions lors de
l'exercice écoulé pour l'ensemble du groupe. La variation de ce
poste de charges paraît intégralement dû à
l'augmentation des remboursements d'avances consenties par l'Etat au titre des
premiers programmes Airbus. Elle s'élèverait à
622 millions de francs, les remboursements passant de 1.155 à
1.777 millions entre les deux années sous revue.
Même si une telle évolution est la résultante d'un mode de
soutien public garantissant les intérêts de l'Etat et conforme aux
engagements de la Communauté européenne, elle est symptomatique
d'un système de financement public de l'industrie aéronautique
mal adapté aux exigences de compétitivité des entreprises.
On renverra sur ce sujet aux conclusions d'un précédent rapport
de la commission des finances
14(
*
)
dont les
conclusions ont été malheureusement beaucoup
négligées.
En tout état de cause, l'effet des remboursements d'avances sur les
comptes d'Aérospatiale est très lourd.
Dans un contexte où le montant des charges de
recherche-développement supportées par Aérospatiale est
considérable, il s'élève à 7 % de son chiffre
d'affaires contre seulement 1,5 % pour British Aérospace et
5,5 % pour DASA, il faut souligner que cet effort est sensiblement plus
réduit pour MHT (3,4 % du chiffre d'affaires consolidé) dont
les activités de recherche sont plus souvent financées sur des
ressources externes.
Si les caractéristiques de l'activité d'Aérospatiale
expliquent le niveau relativement élevé par rapport à la
situation de MHT des charges de recherche-développement de l'entreprise,
la comparaison du niveau de ces charges par rapport à la moyenne des
entreprises comparables invite à approfondir cet aspect du dossier.
On est ainsi amené à considérer que les charges de
recherche-développement étant
à court terme
indépendantes de l'activité peuvent être
aménagées assez librement, ce qui en fait un poste de charges
ajustable à des fins comptables au moins jusqu'à un certain
point. De plus, l'appréciation des charges de recherche
développement supportées par Aérospatiale devait tenir
compte des besoins de programmes en voie de terminaison comme ArianeV ou les
A 330 et A 340, 500 et 600.
Outre ces évolutions intégrées dans les comptes de
l'entreprise, d'autres variables-clefs censées influer sur les comptes
futurs ont été prises en compte dans les négociations.
Il s'est essentiellement
agi de questions relatives au change des
devises
. Une partie considérable du chiffre d'affaires
d'Aérospatiale est réalisée à partir de ventes
libellées en dollar. Dans le même temps, les charges
supportées par l'entreprise sont principalement exprimées en
francs. Selon les analyses financières de la direction de l'entreprise,
le point mort est atteint lorsque le cours du dollar contre franc se situe aux
alentours de 5 francs.
Plus le cours du dollar est élevé, plus, toutes choses
égales par ailleurs, les performances d'Aérospatiale sont
bonnes
. Dans l'évaluation de l'entreprise, la variable de change
était donc centrale.
La valeur anticipée du cours du dollar n'ayant pas été
communiquée à votre rapporteur et ne figurant pas dans l'avis de
la CPT, on ne peut faire autrement que de supputer la solution retenue. A cet
égard, on ne peut que supposer qu'elle a consisté dans une cote
intermédiaire entre une valeur de l'ordre de 5,50 - 5,60 francs pour un
dollar compte tenu des couvertures de risques de change pratiquées en
1999.
Une telle option amène une observation. L'hypothèse pourtant
envisageable d'une montée en puissance des opérations
commerciales libellées en euros n'a pas été retenue lors
de la négociation. Or, sa réalisation aurait pour effet
d'insensibiliser plus ou moins totalement les comptes d'Aérospatiale aux
évolutions de change.
Mais la question du change a également été à
l'origine d'une charge imprévue pour Aérospatiale. L'existence
d'un risque de change résiduel a ainsi été
" découverte "
à l'occasion des
négociations.
Dès lors qu'une entreprise ne maîtrise pas ses recettes du fait de
variations possibles du change, il existe un risque de change que la prudence
commande de couvrir. Or, il est apparu que cette couverture n'était pas
entièrement organisée au delà de l'année 1999, un
volant d'affaires de l'ordre de 12 milliards de dollars restant non couverts.
La poursuite de la politique prudentielle d'Aérospatiale, c'est à
dire l'objectif de garantir des recettes sur la base d'un cours de 1 dollar
contre 5,50 francs
15(
*
)
, supposait de
compléter les mécanismes de gestion du risque au delà de
1999. Les coûts de ce parachèvement ont été
estimés à environ 300 millions de dollars compte tenu de
l'économie fiscale associée à cette charge.
Cette charge a été prise en compte dans la négociation, la
décision ayant été prise de passer en totalité les
coûts de l'extension de la couverture de change en charges dès
1999
16(
*
)
.
Une constatation s'impose, celle du cumul des événements
défavorables pour les comptes d'Aérospatiale survenus à
l'occasion de l'opération de fusion.
Ce faisceau de coïncidences ne peut pas conduire à conclure que des
manipulations artificielles auraient permis de réduire la valeur de
l'entreprise pour favoriser la bonne fin de la négociation. Mais, il
témoigne certainement de choix, certes pas arbitraires, mais discutables
qui ont pu peser sur la base à partir de laquelle a été
conduite l'évaluation du dynamisme de l'entreprise.
D'un autre côté, certaines prérogatives accordées au
nouvel arrivant pourraient paraître exorbitantes si elles
n'étaient pas provisoires.
Il reste que l'équilibre de l'opération doit être
jugé à l'aune de l'importance stratégique d'une
réorganisation du paysage industriel français qui n'est pas sans
effet sur la valeur patrimoniale de la participation du secteur public dans
l'entreprise.
4. La privatisation d'Aérospatiale
A ce
sujet, les conditions de la mise sur le marché d'une fraction de cette
participation - 17 % - approuvées par la Commission des participations
et des transferts laissent penser que l'Etat n'a pas tiré tout le parti
des perspectives d'une entreprise dont le potentiel devrait être mieux
exploité à l'avenir.
La sur-souscription du placement réservé aux institutionnels
(plus de 35 fois) et pourtant offert au prix le plus élevé de la
fourchette prévue dans le cadre du pré-placement, le bond du
titre le premier jour de sa cotation et l'introduction d'une clause de
revalorisation du produit de la cession consentie au bénéfice du
Consortium de réalisation(CdR), principal vendeur dans cette
opération en témoignent.
Dans une perspective patrimoniale et stratégique, il aurait
été souhaitable de mieux valoriser le nouveau groupe.
Il reste à souhaiter que la recomposition du paysage aéronautique
français soit approfondie ce qui suppose un meilleur arrimage des avions
de combat et de prolonger la logique des concentrations horizontales.
B. LA NAISSANCE D'UN GÉANT
Chiffre d'affaires annuel des industriels mondiaux
de
l'aéronautique et de l'espace
1
(en milliards d'euros)
1) Avant la fusion entre GEC et British Aerospace
L'opération a donné naissance à une entreprise de premier
plan. Elle crée un " champion national " plus musclé
mais a été aussi une étape importante, parfois
décisive, vers le regroupement des forces européennes. Le total
du
chiffre d'affaires du groupe
en 1997 peut, en effet, être
estimé à 13 milliards d'euros (85 milliards de francs)
se décomposant en :
9,9 milliards d'euros de chiffres d'affaires pour
Aérospatiale
17(
*
)
,
3,1 milliards d'euros de chiffres d'affaires pour Matra Hautes Technologies.
La répartition du chiffre d'affaires du nouveau groupe est
caractérisée par un ressaut de la part Espace-Défense par
rapport à la situation actuelle d'Aérospatiale.
Répartition du chiffre d'affaires du groupe
Aérospatiale Matra Hautes Technologies
au titre de l'année 1999
Source : Crédit Lyonnais Securities Europe
Le
pôle aéronautique
resterait prédominant (56 % du
chiffre d'affaires), organisé autour d'Airbus (40 % du chiffre
d'affaires), de Dassault Aviation (8,4 % du chiffre d'affaires), le reste
(7,8 % du chiffre d'affaires) résultant de l'activité de
maintenance et des appareils d'ATR.
Le pôle Espace Défense
représenterait quant à
lui 31 % du chiffre d'affaires du groupe se décomposant entre :
les missiles (16,4 % du chiffre d'affaires total) ;
les lanceurs (4,3 % du chiffre d'affaires total) ;
et les satellites (10,2 % du chiffre d'affaires total) ;
Les apports en provenance de Matra Hautes Technologies concernent
essentiellement cette portion du chiffre d'affaires du nouveau groupe.
La fusion des actifs des deux entreprises s'est traduite par un renforcement
substantiel de la position du groupe qui devra, toutefois, régler les
problèmes de coexistence des missiles concurrents Otomat et Exocet.
En ce qui concerne les satellites
, l'intégration des actifs de MHT
dans Aérospatiale a pour effet de rétablir cette activité
dans le futur groupe, malgré les arrangements ayant accompagné la
cession du portefeuille satellites d'Aérospatiale à Thomson
(v.supra).
Evolution du chiffre d'affaires satellites
|
1995 |
1996 |
Var (%) |
1997 |
Var (%) |
1998e |
Var (%) |
1999e |
Var (%) |
2000e |
Var (%) |
Aerospatiale (M) |
406 |
760 |
87 % |
51 |
- 32 % |
0 |
NS |
0 |
NS |
0 |
NS |
MMS (M) |
1.025 |
1.276 |
24 % |
1.281 |
0 % |
1.271 |
- 1 % |
1.377 |
8 % |
1.437 |
4 % |
Aerospatiale (MF) |
2.685 |
5.024 |
87 % |
3.421 |
- 32 % |
0 |
- 100 % |
0 |
NS |
0 |
NS |
MMS (MF) |
6.777 |
8.437 |
24 % |
8.465 |
0 % |
8.400 |
- 1 % |
9.100 |
8 % |
9.500 |
4 % |
Cette
partie du dossier a d'ailleurs été à la source de vives
tensions entre industriels. Le sort de la participation d'Aérospatiale
dans Thomson CSF a été résolu provisoirement par un
transfert au profit de l'Etat. On relèvera à ce stade que cette
participation ayant pu être évaluée à 1,5 milliard
de francs, " l'appauvrissement " d'Aérospatiale
consécutif à la solution choisie a favorisé la conclusion
de l'accord avec Lagardère SCA sans garantie que l'Etat puisse valoriser
cette participation sur une base équivalente dans un futur proche.
On le voit, la logique industrielle du rapprochement Aérospatiale-MHT
est satisfaisante dans l'ensemble. Elle peut toutefois faire l'objet
d'appréciations nuancées sur tel ou tel point.
Mais, globalement, le nouveau groupe sera en premier lieu le seul groupe
européen à maîtriser l'ensemble des douze métiers de
l'aéronautique et de la défense.
Comparaison des segments de marché des industriels
européens
|
Aérospatiale |
Matra BAe |
Aérospatiale MHT |
Dasa |
BAe |
Dasa BAe |
Avions commerciaux |
Oui |
Non |
Oui |
Oui |
Oui |
Oui |
Avions d'affaires |
Oui |
Non |
Oui |
Non |
Non |
Non |
Avions de combat |
Oui |
Non |
Oui |
Oui |
Oui |
Oui |
Avions mil (hors combat) |
Oui |
Non |
Oui |
Oui |
Oui |
Oui |
Hélicoptères |
Oui |
Non |
Oui |
Oui |
Non |
Oui |
Missiles tactiques |
Oui |
Oui |
Oui |
Oui |
Oui |
Oui |
Missiles balistiques |
Oui |
Non |
Oui |
Non |
Non |
Non |
Missiles air air |
Non |
Oui |
Oui |
Non |
Oui |
Oui |
Lanceurs spatiaux |
Oui |
Non |
Oui |
Oui |
Non |
Oui |
Satellites |
Non |
Oui |
Oui |
Oui |
Non |
Oui |
Infras.spatiales |
Oui |
Oui |
Oui |
Oui |
Non |
Oui |
Electronique |
Oui |
Oui |
Oui |
Oui |
Oui |
Oui |
Source : estimations CLSE
De
plus, au-delà d'une agglomération bienvenue d'actifs nationaux,
la fusion entre Aérospatiale et MHT apporte également une
contribution importante à une plus grande intégration de
l'industrie européenne.
Si l'apport de Lagardère SCA à Aérospatiale n'a aucun
impact direct sur le plan de l'aéronautique pure, il n'en va pas de
même pour les missiles, activité dont les liens avec les
programmes aéronautiques sont étroits, et pour les
activités spatiales.
En soi, le regroupement des actifs des deux entreprises constitue
déjà, du fait de leurs tailles respectives, une importante
avancée sur le chemin de l'union des forces en Europe. Mais, il y a
plus. Chacune des deux entreprises étant liée par des
coopérations plus ou moins étroites avec des partenaires
européens, le regroupement de leurs activités est susceptible
d'élargir le réseau des actifs mis en commun en Europe.
En ce qui concerne l'espace, la fusion aura pour effet de constituer une
entité puissante.
Classements des industriels mondiaux fabricants de satellites
(en % de chiffre d'affaires)
Lockheed Martin |
31,2 |
MMS Dasa |
17,9 |
Hugues |
16,7 |
Alcatel Thomson |
14,2 |
TRW |
10,8 |
Loral |
9,1 |
Source : Euroconsult
Le nouveau groupe qui apparaît en particulier comme le deuxième
fabricant de satellites au monde toutefois loin derrière le premier
d'entre eux, alliera à cette activité qui pourrait être
encore plus concentrée à l'avenir une position très forte
dans les lanceurs.
Cette entité est, de plus, conduite en partenariat avec des industriels
étrangers à travers Matra Marconi Space (MMS) dont le
réseau d'alliances s'est étendu fin 1998.
Les sociétés Lagardère SCA, GEC et DASA ont en effet
conclu, le 23 décembre 1998, un accord relatif à la fusion
des activités de MMS et des filiales de DASA dans le secteur spatial
(DASA Raumfahrt-Infrastruktur et Dornier Satellitensysteme). Cette fusion
devrait créer un nouveau groupe intégré détenu de
manière paritaire en termes de droits de vote, MMS détenant
toutefois la majorité des droits économiques.
Le même jour, un accord de principe a également été
signé avec le groupe Finmeccanica pour la fusion du nouvel ensemble avec
la division espace Alenia Spazio.
A l'issue de l'ensemble des opérations projetées,
la
nouvelle entité sera la première entreprise spatiale
européenne.
II. LA FUSION AÉROSPATIALE-MATRA-DASA, UNE ÉTAPE MAJEURE VERS L'UNIFICATION AÉRONAUTIQUE EUROPÉENNE ?
Les
objectifs fixés par les responsables politiques européens
n'avaient pas été atteints lorsque votre commission des finances
avait adopté le rapport précité.
Les obstacles aux processus d'intégration envisagés n'avaient pas
été surmontés. Certaines initiatives malheureuses avaient
de surcroît contrarié l'aboutissement nécessaire des
restructurations.
Ayant évalué les difficultés à surmonter, votre
commission avait formulé plusieurs recommandations. La naissance de la
société européenne d'aéronautique de défense
et spatial (EADS) a constitué depuis une annonce majeure dont les suites
méritent examen.
A. LES DIFFICULTÉS D'UNE UNIFICATION AÉRONAUTIQUE EUROPÉENNE DEVAIENT ÊTRE SURMONTÉES
Il était apparu à votre commission que malgré d'immenses difficultés, l'unification de l'aéronautique européenne était un projet viable.
1. Les problèmes tenant à la diversité des entreprises
Les entreprises européennes présentent des caractéristiques propres qui rendent leur union difficile. Mais, s'il serait vain de nier leurs différences, il est dangeureux de les exalter.
a) Des actionnariats disparates
Le point
d'achoppement principal est venu de la question de la structure de
l'actionnariat de la future EADC. Sous-jacente à cette question, le
problème de la valorisation des apports de chacun n'a été
abordé que de façon incidente.
Le constat d'une grande hérérogénéité des
structures d'actionnariat des différentes entreprises concernées
peut être formulé simplement. A l'époque de la confection
du rapport :
Aérospatiale
était détenue à 99 % par
l'Etat français (directement ou indirectement).
BAe
était totalement privée, et cotée en bourse,
avec des actionnaires très diversifiés sans actionnaire de
" référence ". Le Gouvernement britannique disposait
d'une action avec droit de véto (" golden share ")
limité essentiellement à la détention d'actions par des
étrangers à hauteur de 49,5 %.
CASA
était détenue à 99% par l'Etat espagnol, le
gouvernement espagnol ayant l'intention de privatiser la société,
sans en avoir encore décidé les conditions.
DASA
était controlée par des actionnaires
privés (environ 94 % par Daimler-Benz AG, 6 % par Freie und Hansestadt
Hamburg et d'autres actionnaires privés minoritaires), le Gouvernement
allemand ne détenant aucune action avec droit de véto.
Cette diversité des formes d'actionnariat a fait naître des
divergences entre les industriels portant sur la conception de l'actionnariat
de la future EADC.
BAe et CASA
ont pu considéré que celui-ci devait reposer sur
la base d'un actionnariat distribué et d'investisseurs institutionnels.
Cette conception repose sur l'idée que l'intérêt des
actionnaires pour l'entreprise est d'une nature financière, la direction
de la société étant redevable devant les actionnaires des
bonnes performances économiques sans que ceux-ci n'interviennent dans la
direction des affaires au delà des questions pour lesquelles les
règles boursières exigent une présentation à
l'assemblée des actionnaires.
De leur côté,
les actionnaires de DASA et
d'Aérospatiale
ont pu conditionner la fusion de leurs actifs
à la conservation de la propriété directe de leur
participation sans dilution des droits attachés aux actions.
Mais, d'importants progrès vers la résolution des
difficultés sont intervenus avec la cession par l'Etat d'une part
majoritaire du capital d'Aérospatiale et l'entrée dans le groupe
d'un actionnaire privilégié extérieur au secteur public et
doté de prérogatives importantes de gestion.
b) L'évaluation des actifs
Un
autre conflit latent est apparu, sans être examiné au fond, celui
portant sur la valorisation des actifs apportés par les
différents industriels, valorisation constituant en elle-même une
variable décisive pour déterminer les droits des actionnaires
dans la future entreprise unifiée.
En effet, si les industriels ont posé le principe selon lequel les
actionnaires actuels des sociétés partenaires devraient pouvoir
conserver au moins la valeur complète de leurs parts, ce principe
demande à être complété par des réponses
apportées à la question des méthodes de valorisation de
ces actifs.
Or, l'exigence posée par BAe de voir retenue pour évaluer ses
apports la capitalisation boursière de l'entreprise, concept non
extensible à DASA qui n'est pas cotée ni " a fortiori "
à Aérospatiale et à CASA, entreprises encore publiques
alors, était susceptible de susciter nombre d'objections compte tenu de
son aspect exagérément simplificateur.
Une telle méthode d'évaluation n'est en général pas
de mise dans les mariages préparés à l'avance,
c'est-à-dire dans les unions qui ne résultent pas d'une
volonté agressive d'absorber l'un des partenaires.
L'exemple de la fusion entre Aérospatiale et MHT -v. infra-
démontre que dans des opérations consensuelles, il est tenu
compte de l'ensemble des paramètres significatifs de la valeur des
apports et, en particulier, de la capacité de chacun à produire
des liquidités évaluée dans le temps. La signification
d'un cours de bourse à un instant donné n'apparaît en effet
que relative (v. supra, l'exemple de Boeing).
Une démarche fondée sur d'autres variables s'imposait tout
particulièrement en l'espèce en ce sens que deux des principaux
acteurs concernés n'ont pas de " vécu financier "
autonome. La cotation d'Aérospatiale n'est en effet acquise que depuis
peu et ne saurait refléter le potentiel de l'entreprise qui, appartenant
au secteur public, n'a pas été gérée selon les
canons des entreprises privées du secteur. Quant à DASA, elle
fait partie, comme indiqué plus haut d'un groupe beaucoup plus vaste.
c) Des " personnalités " hétéroclites
L'une
des difficultés majeures des consolidations aéronautiques
consiste à unir des entreprises aux cultures dissemblables. La nature
des activités, les méthodes de travail, les orientations
stratégiques sont susceptibles de varier considérablement d'une
entreprise à l'autre.
Ce qui est vrai des entreprises d'un même pays l'est
a fortiori
lorsque les entreprises appartiennent à des espaces politique et
culturel différents. Il suffit de songer à la diversité
des langues en Europe pour mesurer la particularité des obstacles
rencontrés pour aboutir à l'union de l'aéronautique
européenne.
Sous bien des angles, les entreprises européennes présentent des
caractères différents.
La situation des entreprises européennes varie beaucoup, d'abord au
regard de la nature de leur activité
.
BAe apparaît comme essentiellement tournée vers les métiers
de la défense quand Aérospatiale a une vocation Airbus
affirmée, un peu atténuée depuis la fusion avec MHT,
partagée à un moindre degré par DASA.
Chiffre d'affaires généré par Airbus en
1997
pour les trois grandes sociétés
(en millions de francs)
Aérospatiale |
27.025 |
BAe (1) |
13.387 (1) |
DASA (1) |
14.383 (2) |
(1)
Sur la base d'une livre britannique = 9,80 francs.
(2) Sur la base d'un DM = 3,36 francs.
Les données du tableau ci-dessus en témoignent. Elles indiquent
aussi qu'en marge des règles de retour à chaque industriel au
sein du GIE Airbus -voir supra-, il existe une disproportion entre les chiffres
d'affaires générés par Airbus chez Aérospatiale et
DASA au profit de la première quand, pourtant, les deux entreprises ont
des droits équivalents dans le consortium (37,9 %).
Cette situation est d'ailleurs à l'origine de différents conflits
dont l'un, important, tient aux divergences d'intérêt qu'elle fait
naître entre les partenaires. On sait, en effet, que les entreprises du
GIE bénéficient de deux types de rémunérations du
fait de leur participation dans Airbus : l'une qui provient des ventes au
consortium qu'elles réalisent ; l'autre qui provient de la
redistribution des profits du consortium en fonction de leurs droits sociaux.
Les entreprises dont l'activité au profit du GIE est proportionnellement
supérieure à leurs droits dans Airbus ont intérêt
à pratiquer les prix de cession les plus élevés alors que
la situation inverse prévaut pour les autres.
En tout cas, la dépendance de chaque entreprise par rapport à
Airbus est très variable comme le montre le tableau ci-après
réalisé avant les opérations Aérospatiale-MHT et
BAe-GEC.
Part
du chiffre d'affaires Airbus dans le total du chiffre d'affaires
des trois
grandes sociétés en 1997
Aérospatiale |
48 % |
BAe |
16 % |
DASA |
28 % |
Cette inégalité de dépendance sous l'angle du volume d'activité n'est pas démentie lorsqu'on examine les contributions aux résultats.
Éléments relatifs aux résultats
d'exploitations
des trois grandes sociétés (en
1997)
|
Résultat d'exploitation |
Contribution d'Airbus |
|
|
|
Niveau |
en % |
Aérospatiale |
1.066 |
1.131 18( * ) |
106 |
BAe (1) |
5.253 |
|
|
DASA (1) |
1.451,5 |
|
|
Même si sous ce rapport ni DASA ni BAe ne communiquent
les
résultats de leur participation à l'activité d'Airbus, il
n'est guère douteux que, au moins pour BAe, l'ampleur de ceux-ci n'est
pas du même ordre que pour Aérospatiale.
Le panorama offert par les industriels pourrait être résumé
à partir des caractéristiques suivantes :
une industrie britannique dominée par une entreprise fortement
orientée vers la défense et intégrée verticalement
(BAe) ;
une industrie française animée par une entreprise à
vocation plus commerciale qui, du fait des concentrations récentes, a
diversifié ses activités (Aérospatiale - MHT) ;
une industrie allemande disposant d'une entreprise au portefeuille
d'activités de dimension très significative et
diversifiées qui doit néanmoins faire des choix
stratégiques ;
des industries, l'espagnole, l'italienne, la suédoise, abritant des
acteurs disposant de savoir-faire incontestables mais sous-dimensionnés
et parfois insuffisamment intégrées aux alliances
européennes.
Différentes par leurs activités, les entreprises
européennes le sont aussi par leur culture managériale.
BAe apparaît de ce point de vue comme l'archétype de l'entreprise
orientée vers la performance financière tandis
qu'Aérospatiale et même DASA avaient moins le souci de la
profitabilité.
Cette situation est certes en voie de profonde modification. L'un des objectifs
prioritaires des dirigeants d'Aérospatiale est d'améliorer la
marge d'exploitation de l'entreprise, objectif qui est aussi depuis quelque
temps une priorité chez DASA.
Les changements de culture rapprochent les modes de gestion des trois
entreprises.
Néanmoins, cette convergence ne pourra être entière. L'un
des facteurs majeurs des écarts de coûts entre les entreprises
européennes résulte du niveau comparé de leur effort de
recherche-développement. En effet, la répartition inégale
des métiers exercés par les entreprises européennes
suppose des contraintes plus sévères pour l'entreprise
française à qui, en particulier, incombe une charge
d'autofinancement de son effort de recherche nettement plus
élevée qu'ailleurs. Cette contrainte est d'ailleurs
renforcée par un contexte où les productions du groupe
français rendent cet effort de recherche relativement plus exigeant.
Il reste que ces contraintes qui doivent être optimisées sont
aussi un atout pour l'industrie aéronautique européenne. Cet
atout doit être pleinement valorisé et à ce sujet, il faut
vérifier si, dans le passé, Aérospatiale a
entièrement répercuté ses coûts à ses
partenaires.
d) Des produits concurrents
L'une
des difficultés majeures à résoudre résulte de la
concurrence qui existe entre les productions des industriels européens.
Cette difficulté importante lorsqu'on envisage le portefeuille
d'activités de l'industrie italienne vouée aux productions
américaines atteint une ampleur considérable avec la coexistence
de deux avions de combat concurrents, le Rafale et l'Eurofighter.
Cette situation n'est pourtant pas sans solution. Ce qui devrait importer aux
partenaires et actionnaires réunis dans l'entreprise unique, c'est en
effet moins d'imposer un produit plutôt que l'autre que de dégager
à travers l'un ou (et) l'autre de ces produits les marges les plus
importantes. Dans cette perspective, une sélection naturelle permettrait
de régler une situation héritée du passé dont
l'intégration aéronautique européenne doit avoir l'heureux
résultat d'éviter l'occurrence à l'avenir.
Il reste que cette solution est difficilement modélisable notamment
parce qu'elle dépend de façon cruciale des choix des pouvoirs
publics -v. infra-. En tout cas, ceux-ci doivent être clarifiés
sur des bases politiques pour permettre au processus d'union de suivre son
cours.
2. Les conditions du succès
Pour
surmonter ces difficultés, plusieurs recommandations ont
été faites par votre commission. Il fallait
d'abord changer de
méthode
. Les divergences entre les industriels appelaient
l'intervention d'un arbitre qui ne pouvait qu'être le pouvoir politique.
Les responsables politiques européens devaient reprendre la main et
élaborer le schéma détaillé d'une
réorganisation du paysage aéronautique européen.
Ceci supposait d'abord qu'ils prennent leurs intentions au sérieux et
qu'ils ne sous estiment pas leurs responsabilités et leurs moyens.
Leurs responsabilités sont grandes tant la perpétuation d'une
industrie européenne désunie est porteuse de dangers et de
gaspillages.
Elles s'accompagnent de réels moyens d'action puisqu'aussi bien
l'industrie aéronautique est étroitement dépendante des
interventions publiques. Les Européens gagneraient à s'inspirer
sur ce point des pratiques de l'admnistration américaine.
Mais si cette volonté d'influence devait mieux s'exercer, elle devait
aussi s'accompagner des décisions sans lesquelles une entreprise
aéronautique européenne unifiée ne saurait voir le jour.
Il fallait, rappelons-le, prendre des mesures :
-
dans le secteur militaire
, sur l'harmonisation des
spécifications, l'engagement de financements à long terme et la
direction des programmes par une agence intergouvernementale du type de
l'Occar ;
-
dans le domaine du soutien à l'industrie aéronautique
,
sur la constitution de fonds européens d'avances remboursables pour le
lancement des nouveaux programmes et l'élaboration d'une politique
commune de promotion des exportations et d'aide à la
restructuration ;
-
dans le domaine de la police administrative
sur l'édiction de
règles harmonisées concernant la sécurité
nationale, la sécurité d'approvisionnement, et de contrôle
des exportations ;
-
enfin, dans le domaine juridique et fiscal
, sur des engagements
communs concernant l'approbation des fusions aux niveaux européen et
national des accords fiscaux afin de garantir aux Etats partenaires de recevoir
un revenu sur une base juste, ou encore les procédures de contrôle
sur l'entreprise à venir (procédures de changement de
contrôle, en particulier).
Ces décisions étaient indispensables, faut-il le souligner, tout
à la fois pour réunir les conditions de constitution de
l'entreprise aéronautique unique (aucune évaluation
sérieuse des apports des partenaires n'est possible sans des
décisions sur les avions de combat ou les modes de soutien public) et
pour instaurer le cadre dans lequel une telle entreprise pourraient se
développer.
Reprendre la main, c'était aussi pour les pouvoirs publics proposer
un schéma précis d'union que les entreprises ne sont pas
parvenues à définir.
Ce schéma devait s'appuyer sur les accords constatés lors des
discussions entre les industriels mais il devait surmonter les
désaccords en s'inspirant du souci d'équilibre qui constituait
une forte préconisation dans la déclaration du 9 décembre
1997.
En ce sens, la future entreprise devait être bâtie sur le
périmètre le plus vaste possible ce qui supposait des
aménagements nationaux avec, en France, la question des avions de combat
et, au Royaume-Uni, celle de l'électronique.
Comme la future entreprise devait regrouper les actifs aéronautiques sur
la base d'une concentration horizontale, par grands métiers, en excluant
donc les actifs dont l'inclusion aurait pour effet d'opérer des
concentrations verticales, cela supposait que les activités de
l'électronique ne soient pas apportées à la future
entreprise unique européenne de l'aéronautique.
Ce regroupement devait en revanche concerner les appareils militaires, ce qui
suppose de mettre en oeuvre les conditions d'une coexistence entre le Rafale et
l'Eurofighter. L'un des aspects importants de cette coexistence devait
être pour les pouvoirs publics européens d'assurent à leurs
contribuables par des décisions conjointes un équipement au
meilleur coût.
Les frictions entre les entreprises du fait de la nature variable de leur
actionnariat et des conflits dans l'évaluation des actifs conduisaient
d'abord à préconiser une évaluation de ces derniers
basée sur des plans d'affaires comparés réalistes
arbitrée par des tiers impartiaux. A ce sujet, on rappelait l'importance
d'une évaluation précise, conduite en dynamique, du passage d'un
mode d'interventions publiques national à un mode européen.
Au terme de cette évaluation qui aurait pu déboucher sur une
inégalité de droits entre les partenaires, il était
avisé d'envisager de dissocier transitoirement les droits financiers de
certains droits de décision portant sur des domaines
nécessairement limités considérés comme
stratégiques.
B. L'EADS, UNE ÉTAPE MAJEURE QUI MÉRITE EXAMEN
1. EADS, la troisième entreprise aéronautique mondiale
L'EADS
devrait résulter d'une mise en commun de tous les actifs des deux
entreprises française et allemande, à l'exception notable du
motoriste allemand MTU et d'un transfert de liquidités de
3,4 milliards d'euros
19(
*
)
de DASA vers
Daimler-Chrysler, sa maison-mère, et, peut-être, des actifs
Dassault-Aviation de l'entreprise française. Son chiffre d'affaires
atteindrait 19,8 milliards d'euros.
La création de la société entraînerait donc
l'intégration européenne totale d'une large gamme
d'activités aéronautiques et spatiales, au terme de laquelle
l'entreprise gérerait le troisième groupe mondial, loin toutefois
derrière Boeing (53 ,5 milliards d'euros de chiffre
d'affaires) et Lockheed Martin (25 milliards d'euros de chiffre
d'affaires).
Le total des droits détenus dans Airbus par la nouvelle entreprise,
à qui pourrait se joindre d'abord l'espagnol CASA, atteindrait 75 % de
l'ensemble.
La structure capitalistique d'EADS serait la suivante : 40 % en
bourse ; 30 % à Aérospatiale-Matra ; 30 %
à DASA.
Cet agencement s'accompagnerait d'une participation de l'Etat français
dans EADS de 15 %, soit un peu plus que ses droits arithmétiques.
2. Une opération à examiner attentivement
Votre
commission des finances se réjouit qu'une étape majeure sur la
voie d'une industrie européenne unifiée ait ainsi
été franchie.
Elle ne peut que déplorer, en revanche, qu'un tel projet ait pu
être conduit sans qu'une quelconque information lui ait été
spécifiquement adressée.
Elle regrette aussi que cette fusion franco-allemande puisse déboucher
sur le choix d'une localisation du siège de la nouvelle entreprise aux
Pays-Bas, et elle y voit une nouvelle confirmation du bien-fondé de ses
analyses sur la concurrence fiscale en Europe.
Il appartiendra à votre commission d'examiner en détail les
aspects financiers de cette fusion lorsque davantage d'informations lui auront
été fournies.
Les parités retenues entre Aérospatiale-Matra et DASA peuvent
susciter quelques interrogations de ce point de vue, ne serait-ce que parce
que, sous bénéfice d'inventaire, nul accord ne semble être
intervenu permettant d'organiser la coexistence du Rafale et de l'Eurofighter.
Il faudra également s'interroger sur les conditions dans lesquelles
seront résolus les problèmes résultant des perspectives
d'une offre monopolistique.
La constitution d'une grande entreprise aéronautique en Europe offre en
effet une perspective qui n'est jamais réjouissante pour un client,
celle de se trouver face à un unique fournisseur.
Or, les Etats européens sont appelés à être clients
d'une entreprise, souhaitée par eux, qui se retrouverait dans une telle
situation.
On rappelle que cette éventualité considérée avec
défaveur par le Pentagone a suscité aux Etats-Unis des
initiatives des pouvoirs publics destinées à garantir la
coexistence d'au moins deux fournisseurs.
L'aversion au monopole s'appuie sur deux considérations
principales :
les difficultés à se procurer dans un tel cas des
équipements au meilleur prix :
le danger d'une " anesthésie " du progrès technique,
le monopole supprimant toute incitation à la recherche de produits de
meilleure qualité que ceux de la concurrence.
Ces objections ne sont évidemment pas infondées. Cependant, elles
ne doivent pas être exagérées et ne peuvent en Europe
déboucher sur les mêmes décisions qu'aux Etats-Unis.
La capacité des Etats européens à développer des
moyens tels qu'au moins deux entreprises puissent concourir pour un même
grand programme d'avion militaire n'existe pas plus que la capacité de
chaque entreprise européenne à assumer seule les coûts d'un
tel programme.
L'exemple de la coexistence des programmes Rafale et Eurofighter
démontre qu'une telle option est excessivement coûteuse pour les
finances publiques.
Elle prive en outre des moyens de poursuivre des programmes diversifiés
alors que l'Europe a précisément besoin de se doter d'une
capacité industrielle élargie.
Dans l'arbitrage entre une diversité d'entreprises ou une
diversité de programmes, le second terme l'emporte évidemment.
Il est alors nécessaire de mettre en place les moyens pour surmonter les
risques du monopole. Etant observé que celui-ci ne sera pas parfait -des
offres non-européennes demeureront- l'on doit alors souhaiter la mise en
oeuvre d'un strict contrôle des coûts des programmes ainsi que
d'une politique de soutien à la recherche vigilante sur le degré
d'incorporation du progrès technique aux produits commandés.
Les gains d'efficience attendus des consolidations industrielles seront
aussi d'autant mieux mobilisés que les Etats européens seront
capables de gérer les incitations nécessaires à la bonne
gestion de tout programme militaire.
Il faudra enfin résoudre divers problèmes d'accompagnement.
Les interdépendances entre l'industrie aéronautique et les
pouvoirs publics sont grandes.
L'européanisation de la base
industrielle suppose une européanisation de l'action des pouvoirs
publics. :
L'intégration des industries aéronautiques européennes
nécessite suppose des progrès décisifs sur plusieurs
fronts :
- dans le secteur militaire
, sur l'harmonisation des
spécifications, l'engagement de financements à long terme et la
direction des programmes par une agence intergouvernementale du type de
l'Occar ;
- dans le domaine du soutien à l'industrie aéronautique,
sur la constitution de fonds européens d'avances remboursables pour
le lancement des nouveaux programmes et l'élaboration d'une politique
commune de promotion des exportations et d'aide à la
restructuration ;
- dans le domaine de la police administrative
sur l'édiction de
règles harmonisées concernant la sécurité
nationale, la sécurité d'approvisionnement, et le contrôle
des exportations.
Dans le domaine fiscal
, il conviendra de mieux veiller qu'aujourd'hui
à ce que les Etats partenaires reçoivent un revenu sur une base
juste.
CHAPITRE II :
LES CRÉDITS DE TRANSPORT
AÉRIEN ET DE MÉTÉOROLOGIE
I. LES CRÉDITS DE TRANSPORT AÉRIEN ET DE MÉTÉOROLOGIE
A. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
Crédits de paiement du transport aérien
(en millions de francs)
|
1999 |
2000 |
Ecart en % |
Subvention au BAAC
Total |
215
|
210
|
- 2,3
|
Les
crédits du transport aérien s'élèveraient à
1.630 millions de francs, soit une stabilisation de leur niveau par
rapport à 1999.
Le montant de la
subvention versée au BAAC
serait en baisse
à 210 millions de francs.
Le montant des
soutiens à la recherche-amont
progresserait
légèrement.
Les crédits prévus pour payer en 1999 les
échéances des
avances remboursables
s'infléchiraient, passant de 934 à 916 millions de
francs, soit une diminution de 1,9 % faisant suite l'an dernier à
un même mouvement ( 4 %).
Le montant des
subventions à des organismes tiers
serait
stabilisé après la nette réduction de l'an dernier
(- 7 millions de francs, soit - 26,3 % par rapport
à 1998).
La baisse du montant de la subvention versée au BAAC confirme le
regrettable désengagement de l'Etat.
Subvention d'équilibre du BAAC
(En millions de francs)
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
253 |
305 |
265 |
260,6 |
260 |
215 |
215 |
215 |
210 |
S'agissant des crédits consacrés au soutien à l'industrie aéronautique, leur évolution rétrospective est récapitulée dans le tableau ci-dessous.
Evolution des crédits de transport
aérien
Crédits de paiement
(en millions de francs)
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Moyenne 2000-1996 |
Etudes et recherche amont |
11,2 |
1,0 |
451,0 |
477,1 |
484 |
* NS |
Hélicoptères |
|
68,0 |
94,0 |
86 |
55 |
60,5 |
Moteurs |
374,0 |
149,0 |
40,0 |
10 |
75 |
129,6 |
Equipements de bord |
200,0 |
190,0 |
190,0 |
170 |
145 |
179 |
Aviation légère |
7,0 |
6,0 |
6,0 |
4 |
4 |
5,4 |
Aviations de transport |
434,0 |
318,0 |
642,5 |
664 |
637 |
539,1 |
Subventions |
48,9 |
37,0 |
27,0 |
20 |
20 |
30,6 |
Total |
1.075,1 |
763,0 |
1.450,5 |
1431,1 |
1.414 |
1.226,7 |
Les
crédits d'études et de recherche
qui avaient presque disparu
du budget, conséquence de leur transfert au budget du ministère
de la défense, ont été réaffectés au budget
des transports dans la loi de finances pour 1998 du fait d'un transfert en sens
inverse, résultat des débats tenus lors de l'examen de la loi de
programmation militaire. Ils s'élèvent à 484 millions de
francs en crédits de paiement et à 756 millions de francs en
autorisations de programme.
Les avances remboursables représentent l'essentiel des crédits
avec 916 millions de francs.
Le montant des crédits de météorologie augmenterait de
30 millions de francs. Ils atteignent, avec plus de 1.100 millions de
francs, un niveau important.
Crédits de météorologie
(en millions de francs)
Recherche |
|
Fonctionnement |
93,35 |
Dépenses en capital |
250 |
Total |
343,35 |
Hors recherche |
|
Fonctionnement |
837,6 |
Total |
1.180,95 |
B. L'EXÉCUTION DES CRÉDITS
L'exécution des crédits de transport
aérien
souffre régulièrement des régulations budgétaires
intervenant en cours d'année.
En 1999, leur montant atteint 149 millions de francs en autorisations de
programme et 299 millions de francs en crédits de paiement soit le
cinquième des dotations ouvertes. Cela n'est pas raisonnable.
Sans doute faut-il nuancer.
Pour les avances remboursables
, les
annulations de crédits peuvent être le reflet des
difficultés des industriels à conduire les programmes
conventionnés sur la base des prévisions contractuelles.
Plusieurs exemples passés le démontrent. Ainsi, pour les
programmes relatifs aux moteurs, en 1997 ces derniers devaient
théoriquement donner lieu à 149 millions de francs d'avances
remboursables. Cette prévision s'est révélée
excessive compte tenu des développements réels si bien que les
crédits ont pu être réduits de 92 millions de francs
(61 % des dotations initiales). Cette annulation de conséquence
est, en particulier, venue de l'échec rencontré par la SNECMA
dans le développement du moteur CFM XX.
Mais, tel n'est pas toujours le cas et les annulations de crédits
d'avances remboursables peuvent aussi être la conséquence d'un
ralentissement du soutien public aux programmes accordé par l'Etat.
En la matière, certaines difficultés peuvent venir de la
coordination des soutiens publics nationaux s'agissant de programmes le plus
souvent conduits en coopération. L'exemple de l'A318 le montre. Il
convient donc de rechercher une meilleure coordination.
En revanche,
pour ce qui concerne
les crédits de
recherche-amont
, les annulations de crédits ne peuvent être
considérées autrement que comme une réduction des soutiens
publics à un secteur de recherche essentiel pour l'avenir industriel,
dont la programmation devrait être soigneusement élaborée
et scrupuleusement respectée.
C. LE DÉTAIL DES CRÉDITS POUR 2000
1. Les avances remboursables
Le
niveau des avances remboursables dépend des conventions passées
avec les industriels et des projets nouveaux ayant reçu l'aval des
pouvoirs publics.
Leur affectation prévisionnelle a évolué comme
indiqué ci-dessous.
Les avances remboursables en 1997
(en millions de francs)
|
|
AP |
CP |
Article 21 |
Hélicoptère EC 165 |
90 |
68 |
Article 36 |
Moteurs GE 90 |
91 |
69 |
|
Moteur du nouveau A340 ex CFM XX |
100 |
80 |
Total article 36 |
191 |
149 |
|
Article 60 |
Equipements de bord |
220 |
190 |
Article 81 |
Avions de transport A 330 - A 340 |
141 |
142 |
|
Avions de 100 places |
40 |
30 |
|
A 330-320 |
90 |
140 |
Total article 81 |
271 |
312 |
|
Article 84 |
Autres aéronefs |
|
|
|
Aviation légère |
6 |
6 |
TOTAL |
778 |
725 |
Les avances remboursables en 1998
(en millions de francs)
Programmes |
AP |
CP |
Hélicoptère EC 165 |
103 |
94 |
Moteur GE 90 |
49 |
10 |
Nouveaux moteurs SNECMA (provision) |
40 |
30 |
Equipements (divers programmes) |
220 |
190 |
Avion de 100 places |
42 |
38 |
Airbus A330-200 |
80 |
100 |
Airbus A340-500 et 600 |
603 |
504,5 |
TOTAL |
1.137 |
966,5 |
Les avances remboursables en 1999
(en millions de francs)
|
|
AP |
CP |
Article 21 |
Hélicoptère EC 165 |
81 |
86 |
Article 36 |
Moteurs (nouveaux) |
20 |
10 |
Article 60 |
Equipements de bord |
250 |
170 |
Article 81 |
Avions de transport A 340 - 500 et 600 |
735 |
644 |
|
Avions de 70 à 110 places (nouveau) |
20 |
10 |
|
A 330-320 |
0 |
10 |
Total article 81 |
755 |
664 |
|
Article 84 |
Autres aéronefs |
4 |
4 |
|
Aviation légère |
|
|
TOTAL |
1.110 |
934 |
Pour 2000, le niveau des avances remboursables atteint 916 millions de francs en crédits de paiement et 1 milliard en autorisations de programme.
Les avances remboursables en 2000
(en millions de francs)
|
|
AP |
CP |
Article 21 |
Hélicoptère EC 165 |
40 |
55 |
Article 36 |
Moteurs (nouveaux) |
103 |
75 |
Article 60 |
Equipements de bord |
250 |
145 |
Article 81 |
Avions de transport |
603 |
637 |
|
Autres |
192 |
128 |
|
A 340 - 500 et 600 |
411 |
509 |
Article 84 |
Autres aéronefs |
4 |
4 |
TOTAL |
1000 |
916 |
Les
programmes soutenus seraient les suivants :
L'EC 165
L'hélicoptère EC 165 est le successeur du Dauphin dans la
catégorie des hélicoptères moyens de 4 à 6 tonnes.
Capable d'accueillir 12 passagers, sa charge utile est de 2,5 tonnes.
Cet hélicoptère livrable à partir de l'an 2000 affichera
une vitesse de 330 Km/h et une distance franchissable de 890 km. Le niveau
acoustique de l'appareil se situe à - 8 db par rapport aux normes
de l'OACI. Le marché potentiel est estimé à plus de
600 unités.
En 1997, année de début du soutien, ce programme a fait l'objet
d'une dotation 90 MF en AP de 68 MF en CP, ramenée à
67 MF en AP et 51 MF en CP par suite d'une annulation de
crédits de 23 MF et 17 MF ; ces dotations ont
été complétées, en 1998, à hauteur de
103 MF en AP et 94 MF en CP. La demande pour 1999
s'élève à 81 MF en AP et 86 MF en CP.
Le programme aurait dû être achevé cette année
puisque la première livraison est prévue pour l'an 2000.
Toutefois, cette échéance a été retardée.
Les moteurs
Le projet de moteur CFM XX, d'une poussée voisine de 42.000 livres
a dû être abandonné. Ce programme avait été
envisagé dans le but de motoriser les premiers projets de version
allongée de l'A 340. Après une analyse de marché et des
besoins des compagnies aériennes, Airbus Industrie a finalement
opté pour un projet d'avion de capacité et de rayon d'action
sensiblement plus grands, qui demande pour sa propulsion un réacteur
plus puissants (près de 56.000 livres).
La SNECMA travaille maintenant sur d'autres projets de motorisation, notamment
pour les gammes d'avion de plus faible capacité (bas de gamme Airbus,
bi-réacteur de transport régional).
Les dotations demandées sont destinées à soutenir le
projet qui aura été retenu.
Les équipements de bord
Cette ligne budgétaire a pour objet d'aider les industriels
français à développer, seuls ou en coopération, les
équipements de bord destinés essentiellement aux Airbus, mais
également aux autres avions français ou étrangers sur
lesquels ils peuvent être retenus.
En 1997, 205 MF en AP et 180 MF en CP
ont été
consacrés à ce secteur, compte tenu d'une annulation de
15 MF en AP et 10 MF en CP.
Les montants prévus par la LFI pour 1998 ont été
ramenés à 212 MF
Les équipements de bord
Cette ligne budgétaire a pour objet d'aider les industriels
français à développer, seuls ou en coopération, les
équipements de bord destinés essentiellement aux Airbus, mais
également aux autres avions français ou étrangers sur
lesquels ils peuvent être retenus.
En 1997, 205 MF en AP et 180 MF en CP
ont été
consacrés à ce secteur, compte tenu d'une annulation de
15 MF en AP et 10 MF en CP.
Les montants prévus par la LFI pour 1998 ont été
ramenés à 212 MF en AP et 183 MF en CP par l'annulation
du 16 janvier.
Les avions de transports
L'an dernier, 10 MF de crédits de paiement étaient inscrits
pour permettre de solder l'opération relative à
l'A330-200
. Celle-ci est désormais achevée.
Le programme d'avion de 100 places
, qu'il était prévu
de réaliser dans le cadre d'une coopération entre les industries
chinoise et européenne, est aujourd'hui abandonné, principalement
parce que les dernières études approfondies menées par les
industriels ont montré que les conditions de sa viabilité
économique ne paraissaient pas acquises. Airbus a annoncé
à l'occasion du Salon de Farnborough le prélancement d'un nouvel
appareil, l'A318, qui serait conçu à partir de l'actuel A319.
Des dotations avaient été demandées pour initialiser un
soutien à ce nouveau projet. Mais aucun crédit n'est inscrit
à ce titre en 2000.
Airbus a entrepris la réalisation de
nouvelles versions de l'Airbus
A340-500 et 600
qui auront une capacité et un rayon d'action accrus.
L'A340-600 pourra emporter 370 passagers sur des distances voisines de
13.900 kms, alors que l'A340-500 emmènera jusqu'à
313 passagers sur 15.800 kms. Ces deux nouvelles versions, qui font
déjà l'objet de 34 commandes fermes et 40 options
seront disponibles dès 2002 et concurrenceront directement les Boeing
B777-300 et B747-400.
Les dotations inscrites s'élèvent à 509 millions de francs
et permettront la poursuite du soutien par avances remboursables.
Les autres aéronefs (aviation légère)
Depuis le début des années 80, l'Etat, en apportant son aide
à de nombreux développements (TB 20, TBM 700, Robin 3000, moteurs
JPX et PRV, planeurs Marianne et Pégase...), a contribué au
maintien de la construction aéronautique légère
française. Plus récemment, cette politique d'aide a permis
à la Socata et Renault Sport de développer un moteur pour avions
légers, permettant de mettre fin au monopole détenu par
l'américain Lycoming. Il est prévu de poursuivre cette politique
à l'avenir et de soutenir les projets de développement ou de
recherche susceptible d'accroître le dynamisme de ce secteur.
2. Les crédits de recherche-amont
La
recherche aéronautique peut être subdivisée selon les
principaux secteurs d'activité de l'industrie aéronautique.
On peut ainsi distinguer les cellules d'avions subsoniques, les moteurs
d'avions, les technologies supersoniques, les hélicoptères et
moteurs associés et les équipements.
Le tableau ci-dessous détaille l'utilisation des crédit en 1997,
1998 et telle qu'elle est prévue en 1999.
Affectation des crédits de recherche-amont
(en millions de francs)
|
1997 |
1998 |
1999 |
Cellules d'avions subsoniques et systèmes |
237 |
275 |
251 |
Moteurs d'avions subsoniques |
239 |
195 |
181 |
Technologies supersoniques |
36 |
0 |
0 |
Hélicoptères et moteurs associés |
77 |
155 |
88 |
Equipements |
58 |
30 |
148 |
Total |
646 |
655 |
668 |
En ce
qui concerne les
cellules
d'avion subsoniques, les disciplines les plus
importantes sont l'aérodynamique (codes de calcul, maîtrise de la
laminarité), les matériaux et structures, les systèmes
(avionique, commandes de vol, systèmes électriques) et la
réduction du bruit et des nuisances. Les soutiens ont pour but de
conforter les avionneurs dans leur métier de concepteur et de
réalisateur. Les financements sont apportés essentiellement
à Aérospatiale-Matra, Dassault Aviation et l'ONERA. Les
recherches sur les systèmes associent également les
équipementiers.
Les recherche sur les
moteurs d'avions
subsoniques sont
réalisées par la Snecma et l'ONERA et portent sur la conception
d'ensemble et les différentes parties des moteurs civils, haute pression
et basse pression.
Les études
techologiques supersoniques
correspondent à une
simple vieille technologique et portent principalement sur les avant-projets,
l'aérodynamique, les moteurs et l'intégration motrice. Elles sont
réalisées par Aérospatiale-Matra, la Snecma et l'ONERA.
Pour les
hélicoptères
(Europcopter) et les
moteurs
associés
(Turbomeca), les principaux sujets de recherche sont la
réduction du bruit, l'extension du domaine de vol en mauvaises
conditions météorologiques, la maintenance, la
sécurité, et les calculs aérodynamiques d'ensemble.
L'ONERA est également soutenu sur ces thèmes.
En matière
d'équipements avioniques
, les recherches
portent sur l'architecture future (avionique modulaire), l'intégration
de l'aéronef dans le système de gestion de trafic, les aides
à l'atterrissage, l'interface homme-machine, la sécurité
(anticollision), etc...
Des études sont également réalisées sur les
équipements mécaniques (train d'atterissage, systèmes de
conditionnement, systèmes électriques, systèmes carburant,
dégivrage, ...)
Les bénéficiaires potentiels des crédits sont les nombreux
équipementiers français.
II. OBSERVATIONS SUR L'EFFORT DE SOUTIEN PUBLIC
A. DES DOTATIONS PROVISIONNELLES ?
La
réduction des crédits d'avances remboursables atténue un
peu les effets favorables, cette année, de la progression des
crédits de recherche amont.
L'avion sino-européen de 100 places ne décollera pas. Les
avances remboursables prévues à ce titre affectées l'an
dernier à l'A 318 disparaissent totalement. En revanche, les
versions allongées des A 340 poursuivent leur carrière.
Pour les autres crédits, les dotations inscrites au budget pourraient
apparaître rétrospectivement comme essentiellement provisionnelles.
Le montant des avances remboursables budgété l'an dernier
traduisait l'absence d'accompagnement financier du futur gros porteur
A 3XX, au motif que la décision de lancement n'avait pas encore
été officialisée. Cette année, ce même motif
subsiste, mais la " punition " qui l'accompagnait l'an dernier
disparaît.
Une dotation de 192 millions de francs est ouverte au titre des
autorisations de programme pour initier le cas échéant un soutien
public à l'A3XX.
Cet appareil est indispensable à Airbus pour réunir les
conditions d'une vraie compétitivité face à Boeing. Cette
entreprise dispose en effet, avec le B747, du monopole de l'offre sur le
segment haut du marché de l'aviation commerciale qui lui permet de
livrer une guerre des prix sur les autres catégories d'appareils
où Airbus oppose une concurrence.
Le coût de développement de la famille A3XX étant
estimé à 10,7 milliards de dollars, le montant des avances
qui seraient nécessaires pour un financement à hauteur de
33 % de la part française serait d'environ 6 milliards de
francs. L'échéancier prévisionnel, dans l'hypothèse
du calendrier retenu par Airbus (lancement industriel à mi-2000) et sur
la base des estimations provisoires de coût disponibles actuellement,
s'établit de la façon suivante
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 et au-delà |
Total (MF) |
240 |
700 |
1.250 |
1.250 |
2.560 |
6.000 |
La
dotation inscrite pour 2000 ne couvrirait pas les besoins estimés par
l'industriel pour l'année prochaine et
a fortiori
représente une infime partie des soutiens publics qu'il faudrait
prévoir.
Toutefois, les perspectives de lancement du programme en cours d'année
étant seulement conjecturales, la décision d'inscrire des
crédits dans le budget 2000 doit être saluée comme
marquant l'intérêt de la France pour ce grand projet.
Il serait souhaitable que les Etats partenaires d'Airbus manifestent une
même volonté.
De la même manière, il convient de veiller à l'adaptation
rapide du statut d'Airbus. La naissance d'EADS constitue en ce sens un
accélérateur qui devrait permettre à la
société Airbus de voir le jour et d'accéder ainsi par
elle-même au marché financier.
B. UN SYSTÈME DE SOUTIEN PERFECTIBLE
En
comparaison des soutiens publics dont bénéficie l'aviation
commerciale aux Etats-Unis, l'Europe reste à la traîne.
L'unification de l'industrie aéronautique européenne invite
à rappeler les principales conclusions du rapport adopté par la
commission des finances sur ce thème le 24 juin 1997.
Un réexamen des règles internationales
qui encadrent la
politique de soutien public s'impose qu'il s'agisse de l'accord
euro-américain du 17 juillet 1992 ou de l'adaptation des
règles européennes relatives aux aides publiques.
Le soutien public à la construction aéronautique civile doit
être augmenté
et mis à niveau afin de contrer les
effets sur notre compétitivité des soutiens publics
accordés par nos concurrents et de permettre à nos constructeurs
de poursuivre un développement sans lequel les acquis seraient perdus.
En effet, l'avenir de nos entreprises aéronautiques est certes
conditionné par des efforts de maîtrise des coûts mais aussi
par leur capacité à développer leurs chiffres d'affaires,
ce qui suppose de diversifier une offre encore insuffisante.
Il apparaît prioritaire de développer l'A3XXX et de mettre la
SNECMA en mesure de suivre l'offre mondiale.
La panoplie de notre soutien public doit être diversifiée.
Une mise à niveau des fonds propres des entreprises s'impose
, qui
doit s'accompagner, si les entreprises concernées devaient rester, pour
l'essentiel publiques, d'une clarification des rapports entre l'Etat et ces
entreprises et, en particulier, d'une réforme des modalités de
contrôle de l'Etat passant par l'affirmation d'un " chef de
file " qui devrait être le ministre chargé de la conception
de la politique dans le domaine de l'aéronautique civile.
La proportion des aides indirectes doit être accrue
puisque les
avances remboursables sont, en l'état, soumises à de stricts
plafonds. Mais, cela suppose une meilleure programmation des soutiens à
la recherche au niveau national et européen.
L'environnement des entreprises de construction aéronautique doit
être amélioré.
L'environnement européen doit être fortifié.
- Il est nécessaire de construire de vrais ensembles européens
sans que les difficultés rencontrées par ce processus
obèrent les développements industriels nécessaires.
- Une diplomatie aéronautique doit émerge à
l'échelle européenne sur le modèle de la diplomatie Boeing.
- Une plus grande harmonisation en Europe doit marquer différentes
procédures qui constituent l'environnement du transport
aérien : la certification, mais aussi les procédés de
navigation aérienne et la promotion à l'exportation des normes et
procédés européens.
Au plan national, certaines mesures s'imposent.
Nous devons nous doter
d'un pôle permanent d'expertise et d'animation de notre politique de
soutien à l'industrie aéronautique civile, les processus de
décision en ce domaine n'apparaissant pas pleinement satisfaisants.
L'administration principalement chargée de la conception de notre
politique en ce domaine, la Direction des programmes aéronautiques
civils du ministère des transports, doit se voir reconnaître une
responsabilité éminente et ses moyens propres doivent être
renforcés sans accroissement net des fonctionnaires publics.
Il faut rappeler, pour combattre l'image complaisamment répandue selon
laquelle notre système de soutien " distordrait " la
concurrence en octroyant un avantage indû à nos entreprises que
si notre système offre un avantage ponctuel aux entreprises, il n'est
pas un mécanisme systématique de financement public de la
construction aéronautique civile comme c'est le cas aux Etats-Unis. Il
convient donc de compléter les avances remboursables et de
rééquilibrer les interventions de l'Etat.
C'est d'autant plus nécessaire qu'actuellement le montant des avances
remboursables est significativement inférieur à celui des
remboursements dûs sur les avances remboursables antérieurement
concédées, si bien que le bilan du mécanisme est
défavorable à nos industriels.
Cette charge, si elle est la rançon des avantages octroyés dans
le passé et si elle traduit en outre les succès commerciaux des
programmes alors soutenus, n'en est pas moins considérable au moment
où la concurrence fait rage.
On a exposé plus haut les conséquences de cette situation sur la
valorisation d'Aérospatiale lors de l'opération de fusion avec
MHT. Il convient de prolonger les réflexions sur un
réaménagement de nos soutiens publics qui devra de plus tenir
compte des conditions industrielles nouvellement apparues.
ANNEXE N° 1 :
LA PONCTUALITÉ DU
TRANSPORT AÉRIEN
La
ponctualité globale du transport aérien en France, comme en
Europe, s'est fortement dégradée en 1998 par rapport à
1997, ainsi qu'au cours du premier semestre 1999 par rapport au premier
semestre 1998.
Le comité des usagers du transport aérien (COMUTA), publie
périodiquement un baromètre des retards.
Les indicateurs publiés dénombrent plus de soixante dix causes de
retard : il s'agit des retards globaux dits toutes causes confondus (TCC).
Les retards peuvent être liées à l'appareil, au traitement
des passagers, à la météorologie, aux infrastructures au
sol (problèmes aéroportuaires) et au contrôle
aérien. Le retard TCC constitue la différence entre l'heure de
départ prévue (heure annoncée au passager sur son billet)
et l'heure de départ réelle (heure à laquelle l'avion
quitte son poste de stationnement).
Les chiffres sont sans appel.
1. Retards toutes causes confondues (TCC)
Le
retard moyen par vol réalisé au départ des principaux
aérodromes français est passé de 15,2 minutes en 1997
à 16,2 minutes en 1998 et de 15,5 minutes au cours du premier semestre
1998 à 19,8 minutes au cours du premier semestre 1999.
En moyenne, 32,8 % des vols ont été retardés de plus de 15
minutes en 1998 contre 30,1 % en 1997 et 40,3 % au cours du premier semestre
1999 contre 32,2 % au cours du premier semestre 1998.
2. Retard dû au seul contrôle aérien (ATC)
Concernant les retards engendrés par le système
de
contrôle aérien, qui constitue l'une des causes prises en compte
dans le retard TCC, les statistiques disponibles obéissent à un
mode de calcul différent de celui du retard TCC : le retard ATC
constitue la différence entre le créneau de décollage
attribué par le système de contrôle aérien et
l'heure de décollage demandée par la compagnie. Il ne correspond
pas à un constat factuel puisque le départ réel peut
encore être retardé.
- Le retard moyen par vol réalisé au départ des
principaux aérodromes français est passé de 3,6 minutes en
1997 à 3,8 minutes en 1998 et de 3,5 minutes au cours du premier
semestre 1998 à 7,4 minutes au cours du premier semestre 1999.
- En moyenne, 10,1 % des vols ont été retardés de plus de
15 minutes en 1998 contre 9,4 % en 1997 et 18 % au cours du premier
semestre 1999 contre 10 % au cours du premier semestre 1998.
Les causes des retards imputes au contrôle aérien relevant
d'origine multiple. Les plus significatives sont sans doute :
Une progression exceptionnelle du trafic aérien
: en 1998,
le trafic aérien a crû de 7,3 % par rapport à 1997,
augmentation sans équivalent depuis les dix dernières
années. A titre d'illustration :
- la pointe absolue de 1997, soit 6.981 vols en un jour, a été
dépassée 24 fois en 1998 ;
- la pointe de trafic en 1998 s'établit, quant à elle, à
7.559 vols en un jour, soit une hausse de 8,9 % par rapport à la pointe
de 1997 et 15,6 % par rapport à celle de 1996 (6.575 vols) qui a
été dépassée pendant 88 jours en 1998 ;
- au cours du premier semestre 1999, le trafic a continué sa progression
avec une croissance moyenne de 8,5 % par rapport aux six premiers mois de 1998.
Cette croissance soutenue s'accompagne de fortes disparités
géographiques et journalières.
Ainsi dans le Sud-Est de la
France, le trafic aérien a crû de 23,2 % en mai 1999 par rapport
à mai 1998.
Une sensibilité accrue au retard du fait de la création de
plates-formes de correspondance (" hubs ") qui, en concentrant les
vols, multiplient l'effet de cascade d'un retard sur un vol.
A la mi-mars 1999, le conflit au Kosovo qui a eu des répercussions sur
le bon écoulement du trafic aérien civil.
Une mise en oeuvre difficile du nouveau réseau européen de
routes aériennes (ARN v3) due en partie aux nombreuses erreurs de plans
de vol déposés par les transporteurs.
En matière de répartition des causes de retards TCC, la seule
source disponible est celle publiée dans le compte-rendu mensuel du
Central Office for Delays Analysis (Eurocontrol). Elle est basée sur des
données de treize compagnies de l'Association des Compagnies
Européennes (AEA), au départ de 19 aérodromes
européens dont Paris - Charles de Gaulle.
En 1998, les principales causes identifiées de retards de plus de 1
minute étaient dues, sur la base de cet échantillon :
- pour 27 %, en moyenne, au contrôle aérien (ATC) ;
- pour 25 % en moyenne, aux compagnies (dont 12 % liés à des
problèmes techniques des appareils) ;
- pour 8 %, en moyenne, aux installations aéroportuaires.
Mais cette source de données reste incomplète car elle
n'approdondit pas la cause " arrivée tardive de l'appareil "
qui a représenté, en 1998, environ 35 % des retards.
L'attribution de cette cause de retard aux différents acteurs
cités ci-dessus ne peut au demeurant être effectuée de
manière simple et fait actuellement l'objet d'études
complémentaires au niveau français.
Pourcentage des vols retardés toutes causes
confondues en
1998 et 1999
Pourcentage des vols retardés cause ATC en 1998 et 1999
ANNEXE N° 2 :
LA SÉCURITÉ DU
TRANSPORT AÉRIEN
Le
niveau de sécurité du transport aérien est
traditionnellement évalué sur la base du nombre d'incidents
Airprox de la circulation aérienne enregistrés. Une
procédure Airprox est déclenchée par un commandant de bord
lorsqu'il estime que la sécurité de son aéronef a
été, ou aurait pu être, compromise par la proximité
d'un autre aéronef en vol ou au sol.
Cet indicateur statistique doit être considéré avec
prudence en raison du faible nombre d'Airprox enregistrés, qui
dépend, notamment, de facteurs psychologiques difficiles à
évaluer.
Il faut aussi tenir compte, dans l'analyse de l'évolution de cet
indicateur, de l'augmentation progressive du nombre d'avions
équipés du système anti-abordage TCAS
20(
*
)
. Ce système permet d'informer les pilotes sur
la position relative d'autres aéronefs et de les alerter en cas de
rapprochement dangereux. Pour l'année 1998, 31 Airprox ont
été déposés suite à une alarme TCAS à
bord contre 23 en 1997 et 13 en 1996.
Evolution des Airprox durant les dix dernières années
Airprox |
En CRNA (1) |
Hors CRNA (2) |
Total civils |
Civiles/militaires |
Total |
Par million de vols IFR en France |
1989 |
25 |
63 |
88 |
22 |
110 |
74 |
1990 |
17 |
49 |
66 |
25 |
91 |
58 |
1991 |
14 |
62 |
76 |
11 |
87 |
54 |
1992 |
14 |
44 |
58 |
17 |
75 |
55 |
1993 |
12 |
57 |
69 |
26 |
95 |
57 |
1994 |
14 |
52 |
66 |
22 |
88 |
50 |
1995 |
12 |
42 |
54 |
18 |
72 |
39 |
1996 |
21 |
64 |
85 |
18 |
103 |
53 |
1997 |
20 |
75 |
95 |
24 |
199 |
58 |
1998 |
23 |
82 |
105 |
31 |
136 |
62 |
1999 (7 mois) |
24 |
42 |
66 |
18 |
84 |
72 |
(1)
Centre régional de navigation aérienne
(2) Aux abords des aéroports
Le nombre d'Airprox déposés en 1998 et depuis le début
1999 est en progression sensible.
On remarquera l'importante augmentation
des Airprox aux abords des aéroports déposés depuis 1998
en raison notamment de la croissance du trafic commercial et de la
création des hubs.
Pour la sécurité dans les espaces aériens
gérés par les Centres régionaux de la navigation
aérienne, un autre indicateur peut être pris en compte : il
s'agit des alertes " filet de sauvegarde ". Le filet de sauvegarde
est une aide automatisée destinée à avertir le
contrôle lorsqu'un croisement va s'effectuer avec un espacement en
dessous des normes. Ces alertes, enregistrées automatiquement,
constituent un échantillon statistique plus objectif que les Airprox.
Nombre d'alertes " filet de sauvegarde "
1989 |
36 |
1990 |
52 |
1991 |
68 |
1992 |
56 |
1993 |
49 |
1994 |
38 |
1995 |
38 |
1996 |
35 |
1997 |
27 |
1998 |
27 |
1999 (6 mois) |
20 |
L'évolution de cet indicateur semble traduire une
amélioration de la sécurité en 1997 et 1998, ce qui n'est
contradictoire avec les conclusions tirées du nombre d'Airprox qu'en
apparence. En effet, les incidents ici recensés sont liés
à la navigation en route qui pose beaucoup moins de problème que
les approches.
On notera que la situation en Europe est encore plus délicate à
appréhender car certains Etats ne communiquent pas les chiffres
correspondants et les données comptabilisées ne sont pas
identiques dans tous les pays. La commission de réglementation de la
sécurité d'Eurocontrol, créée en 1998, a
défini en 1999 un programme visant à collecter et harmoniser les
données relatives à la sécurité du contrôle
du trafic aérien des pays membres.
Il faut aller plus loin et pratiquer en ce domaine une transparence
absolue.
ARTICLE RATTACHÉ :
ARTICLE 70 QUATER
NOUVEAU
Rapport sur l'institution d'un Fonds de
péréquation des recettes fiscales engendrées par la
plate-forme aéroportuaire d'Orly
Commentaire : le présent article propose de
demander
au gouvernement de déposer un rapport sur l'institution d'un Fonds de
péréquation des recettes fiscales engendrées par
l'aéroport d'Orly visant notamment à accorder des compensations
financières aux communes voisines.
La commission des finances ne s'est pas opposée à cet article.
Décision de la commission : votre commission vous propose
d'adopter cet article.
EXAMENS EN COMMISSION
Au
cours d'une première séance tenue le
mercredi 3 novembre
sous la présidence de M. Roland du
Luart, vice-président, puis de M. Alain Lambert, président, la
commission a procédé à l'examen du rapport de M. Yvon
Collin, rapporteur spécial sur les crédits consacrés, dans
le projet de loi de finances pour 2000, au budget annexe de l'aviation civile.
M. Yvon Collin, rapporteur spécial, a indiqué que les
crédits du budget annexe de l'aviation civile (BAAC) atteindraient
8.717,7 millions de francs, marquant une quasi-stabilisation par rapport
à 1999 et que l'une des particularités du BAAC était
d'être financé, pour une partie importante, par des redevances de
navigation aérienne, mais aussi par l'affectation
d'éléments de fiscalité et par l'emprunt, et de moins en
moins par des subventions du budget général.
Il a alors observé que si le projet de BAAC pour 2000 faisait
apparaître une certaine maîtrise des dépenses, en contraste
avec des progressions annuelles de l'ordre de 5 % habituellement, cette
maîtrise était pour une grande part apparente et s'expliquait pour
beaucoup par une modification de la structure du budget annexe.
Il a précisé que le transfert réalisé, l'an
dernier, d'un certain nombre des dépenses traditionnellement
assurées par le BAAC à un compte d'affectation spéciale
nouvellement créé, conformément aux recommandations
traditionnelles de la commission des finances du Sénat, le fonds
d'intervention pour les aéroports et le transport aérien (FIATA),
se poursuivait et s'amplifiait cette année.
Il a ajouté qu'un autre transfert de charges impliquait les
aéroports eux-mêmes, l'instauration de la taxe d'aéroport,
dont les modalités restent critiquables, allégeant les besoins du
budget annexe de 79 millions de francs.
Il a alors expliqué que l'augmentation des crédits du BAAC, de 3
% hors événements exceptionnels, était principalement due
au dynamisme des crédits de rémunération des personnels,
dont l'augmentation, de 3,9 % cette année, est une constante du budget
annexe.
Evoquant les dépenses en capital, il a estimé que leur
réduction, de 2,1 %, était également apparente puisqu'elle
venait du transfert au FIATA de charges d'équipement auparavant
supportées par le BAAC et de la terminaison d'une opération
immobilière exceptionnelle concernant le siège de la DGAC. Il a
souligné la dérive des charges liées au remboursement de
la dette du BAAC et leur progression de 21,4 %, après 33,8 % l'an
dernier, estimant que cette situation correspondait à la
dégradation passée de la situation financière du BAAC.
Il a rappelé que cette situation très préoccupante avait
pu, l'an dernier, être contrebalancée par la baisse des
investissements, mais que, comme il l'avait indiqué, cet
équilibre n'avait pu être préservé, étant
donné l'ampleur des programmes dans ce domaine.
Le rapporteur spécial s'est alors inquiété de la
permanence des problèmes de financement que doit affronter le BAAC.
Soulignant la fragilité du financement par redevances qui avait conduit
les différents gouvernements à présenter plusieurs projets
de validations législatives, il a indiqué combien les
réserves formulées par la commission des finances, saisie pour
avis, sur la dernière validation présentée l'année
dernière, apparaissaient rétrospectivement justifiées.
Rappelant que la commission n'avait accepté qu'avec beaucoup de
réticence de donner son accord à cette validation, et qu'elle
s'était refusée à souscrire à une extension du
dispositif proposé au Sénat avec l'assentiment du Gouvernement,
il a jugé que cette attitude était totalement
légitimée par un fait nouveau important, au terme duquel le
Président de la section du Rapport et des Etudes du Conseil d'Etat avait
pu estimer la loi de validation en cause incompatible avec les stipulations de
l'article 6-1 de la Convention européenne des droits de l'homme et des
libertés fondamentales. Estimant qu'il fallait attendre la jurisprudence
des tribunaux administratifs pour apprécier les conséquences de
cette décision, il a indiqué qu'elle portait une sérieuse
menace sur les finances du BAAC, que le projet de budget pour 2000 ne prenait
toutefois pas en compte.
M. Yvon Collin, rapporteur spécial, s'est en revanche
félicité que le transfert de certaines charges du BAAC au FIATA
apporte une certaine sécurité juridique au budget annexe en
prévenant l'imputation de charges régaliennes dans l'assiette des
redevances et en desserrant la contrainte issue de la décision du
Conseil Constitutionnel sur la loi de finances pour 1998, par laquelle celui-ci
avait rappelé que le niveau des taxes affectées au budget annexe
de l'aviation civile ne devait pas dépasser une certaine limite. Il a
rappelé qu'au terme de cette jurisprudence, les responsables du BAAC
avaient été contraints, faute de pouvoir financer des charges
régaliennes en expansion à travers les redevances, à
recourir de plus en plus à l'emprunt et que le transfert d'une partie
des charges du BAAC au FIATA ou aux aéroports permettait maintenant de
recourir à un financement par l'impôt, que le budget annexe
n'autorisait pas.
Mais il s'est demandé si cette nouveauté serait de nature
à purger entièrement les redevances de leurs vices cachés
et a exprimé sa crainte, qu'à l'avenir, continue à se
poser le problème de la conformité des redevances de navigation
aérienne aux principes de droit qui en régissent l'usage.
Il a également regretté que les modalités du financement
public des infrastructures du transport aérien soient devenues si
complexes que leur opacité, déjà grande, s'en soit
trouvé accrue.
Il a tout particulièrement critiqué les modalités de la
taxe d'aéroport.
Puis, il a estimé que l'opacité pouvait être source d'abus,
d'autant plus inquiétants que la fiscalité prélevée
sur le transport aérien avait déjà augmenté de 47 %
en trois ans entre 1995 et 1998. A ce propos, il a souligné que cette
année, le transfert du BAAC, vers le FIATA et les aéroports, de
charges importantes (256 millions de francs) aurait dû être
l'occasion d'une réduction à due concurrence de la
fiscalité affectée au budget annexe et a regretté qu'il
n'en soit rien puisque le produit de la taxe d'aviation civile ne diminuait que
de 21,1 millions de francs.
Au cours d'une autre séance tenue le jeudi 18 novembre
1999
, sous la présidence de M. Alain Lambert, président,
la commission a décidé de proposer au Sénat de
rejeter
les crédits du ministère de l'équipement, des transports
et du logement et le budget annexe de l'aviation civile.
Réunie le jeudi 18 novembre 1999 sous la présidence de M.
Alain Lambert, président, la commission des finances a examiné
les crédits consacrés aux transports aériens et
météorologie et le budget annexe de l'aviation civile. Lors de sa
réunion, la commission a décidé de proposer au
Sénat le rejet des crédits du ministère de
l'équipement, des transports et du logement inscrits dans le projet de
loi de finances pour 2000 et le budget annexe de l'aviation
civile.
1
Y compris les produits financiers.
2
En année pleine, il s'élèvera, sur la base
des estimations pour 1999 à 1.408,8 millions de francs. En tenant
compte du financement de la péréquation des lignes
aériennes, il serait de 1.460 millions de francs.
3
Rapport général 86 M. Alain Lambert, annexe
n° 20 Aviation civile - M. Yvon Collin du 21 novembre 1996
4
Qui correspondent grosso modo au volume du trafic.
5
Et, dans le même temps, indiquer les recettes pouvant
être affectées à chaque type de dépenses.
6
Budget annexe de la navigation aérienne.
7
La masse salariale hors charges sociales augmenterait plus
vite : + 4,2 %.
8
Hors crédits fournisseurs et divers
9
Dont 25 millions de francs versés à la Ville de
Paris pour la construction d'une route d'accès.
10
" L'industrie aéronautique européenne ou
l'impératif de l'Union ". Sénat. Commission des finances.
Yvon Collin N) 414. 9 juin 1999.
11
Il est notable qu'un accord fiscal non communiqué
à votre rapporteur soit intervenu à l'occasion du rattachement
des actifs Dassault-Systèmes sortis de Dassault Aviation à la
holding Dassault Industrie.
12
Avis n° 99-AC-Z de la Commission des participations et
des transferts du 25 mars 1999 relatif au transfert du secteur public au
secteur privé d'une partie du capital de la société
Aérospatiale, société nationale industrielle. JO du
27 mars 1999.
13
Il faut observer que ce que l'Etat aurait gagné
patrimonialement à un équilibre des interventions publiques plus
favorable à Aérospatiale aurait été perdu via un
alourdissement des charges publiques nettes. Il n'est pourtant pas certain que
le bilan de ces deux flux soit équilibré puisqu'aussi bien
l'amélioration des résultats d'une entreprise publique est,
patrimonialement, amplifiée par le jeu des multiples boursiers qui sont
susceptibles d'intervenir au moment de son évaluation.
14
" Pour prolonger notre envol - Rapport sur les soutiens
publics à la construction aéronautique civile " Sénat
- Commission des finances M. Yvon Collin - n° 367 du 24 juin
1997.
15
Politique qui aurait rapporté quelques 5 milliards de
francs à l'entreprise entre 1993 et 1996
16
Cette solution a, semble-t-il, nécessité un
arbitrage de la commission des opérations de bourse compte tenu de son
originalité comptable.
17
Dont 1,3 milliard d'euros au titre des droits de
l'entreprise dans Dassault Aviation.
18
L'année 1998n a été moins favorable (v.
suppra.
19
22,3 milliards de francs.
20
Qui fait l `objet d'une obligation d'emport en Europe à
partir du 1
er
janvier 2000.