III. SOUTENIR L'ACCESSION A LA PROPRIÉTÉ
A. LES PRÊTS A TAUX ZÉRO
En 1996
et 1997, 145.000 et 123.000 offres de prêts ont respectivement
été émises. Pendant cette même période,
117.900 et 129.150 prêts ont été mis en force,
c'est-à-dire ont fait l`objet d'un versement de subvention de l'Etat. En
1998, 111.200 offres de prêts ont été
déclarées et 109.200 prêts ont été mis
en force.
On constate donc une relative diminution du nombre de prêts à
taux zéro distribués.
Pourtant, l'encours des crédits immobiliers aux ménages progresse.
Pour les offres émises en 1998, l'habitat individuel représentait
91% des opérations financées avec un prêt à taux
zéro et l'habitat collectif seulement 9%. 84% des opérations
concernaient l'achat de logements neufs et 16% des opérations
d'acquisition-amélioration.
La faiblesse des opérations dans l'ancien
(acquisition-amélioration) plaide pour un rééquilibrage
avec l'ouverture du prêt à taux zéro au logement ancien et
l'abaissement de la quotité de travaux exigée pour
bénéficier du prêt à taux zéro.
Pour 2000, les hypothèses de la dotation budgétaires sont les
suivantes :
- 5.810 millions de francs en autorisations de programme
- 5.885 millions de francs en crédits de paiement, correspondant
à 2.905 millions de francs pour le versement de la première
moitié de la subvention pour les prêts mis en force dans
l'année budgétaire et 2.980 millions de francs pour le
versement de la seconde moitié de la subvention pour les prêts mis
en force l'année précédente. L'estimation de consommation
pour 1999 s'élève en effet à 5.960 millions de
francs, répartis en deux versements de 2.980 millions de francs
chacun.
Le secrétariat d'Etat au logement note que la réduction de la
dotation est due à la baisse du coût unitaire des prêts,
conséquence automatique de la baisse des taux de marché.
B. LE FINANCEMENT DU PRÊT À TAUX ZÉRO EN 2000 EST-IL ASSURÉ ?
En
raison des difficultés de la construction locative sociale et de
l'atterrissage prévu pour la construction locative privée (le
passage du dispositif de l'amortissement Périssol au dispositif Besson),
ce sont les flux d'accession à la propriété qui, tant dans
le neuf que dans l'ancien, devraient à l'avenir porter la conjoncture.
Selon les estimations du professeur Michel Mouillart, le niveau des taux
d'intérêt en 1999 permet de financer un programme de 110.000
prêts à taux zéro pour 5.335 millions de francs en
autorisations de programme contre 6.260 millions de francs prévus dans
la loi de finances initiale pour 1999, soit une économie de 925 millions
de francs. Dans l'hypothèse où la non revalorisation des plafonds
de ressources permettrait quand même un niveau de production
élevé (environ 113.000 prêts), le coût global serait
de 5.481 millions de francs, soit une économie budgétaire de
779 millions de francs.
Dans ces conditions, il apparaît que le gouvernement
bénéficie de la diminution des subventions du prêt à
taux zéro.
Toutefois, la convention conclue entre le 1% logement et l'Etat, qui
ramène la contribution du 1 % logement de 6,4 milliards de francs
en 1999 à 1,8 milliard de francs en 2002, pour s'arrêter au
delà, laisse planer des doutes sur les moyens budgétaires qui
seront accordés au prêt à taux zéro.
Le secrétariat d'Etat au logement estime n effet que les enveloppes
budgétaires dévolues aux prêts à taux zéro
devraient se stabiliser autour de 100.000 à 110.000 prêts pour
plusieurs années, en raison de l'évolution des taux
d'intérêt mais également
" des modifications de
barème que l'Etat déciderait ".
Depuis sa mise en place, en octobre 1995, le prêt à taux
zéro a connu diverses restrictions, avec une réduction de sa
durée en octobre 1996 et en octobre 1997 et une restriction aux
primo-accédants en novembre 1997.
Pour 1998, il apparaît que la
non-revalorisation des plafonds de ressources a conduit à réduire
sensiblement le nombre de bénéficiaires.
Si le gouvernement ne veut pas accorder les moyens budgétaires
nécessaires, un nouvel aménagement du profit du prêt
à taux zéro pourrait être enregistré, avec un
"recentrage social" sur les seuls accédants sociaux (par exemple en
dessous de 3.5 smic).
Votre rapporteur pense, au contraire, qu'une extension du prêt
à taux zéro à l'ancien est souhaitable avec une
quotité de travaux minorée à 20 % au lieu des 35%
actuels, ce qui se traduirait par une augmentation du nombre de PTZ
accordés de l'ordre de 25.000 unités par an, pour un coût
d'environ 1 milliard de francs.
En tout état de cause,
une vigilance devrait s'imposer sur les
crédits du prêt à taux zéro.
En effet, la baisse
des taux d'intérêt risque d'atteindre une limite rapidement,
puisque la décision de la banque centrale européenne de relever
ses taux à conduit les banques françaises à faire de
même.
Dans le même temps, l'accroissement de l'accession à la
propriété en 1999 devrait se confirmer en 2000 et peser sur la
demande de prêts. Dans ces conditions, l'hypothèse de
délivrance de 110.000 prêts paraît en dessous de la
réalité de la demande.
Ainsi, plusieurs éléments devraient jouer en sens contraire pour
le prêt à taux zéro en 2000 :
- l'accroissement de l'accession à la propriété devrait
conduire à l'augmentation du nombre de demandes de prêts à
taux zéro ;
- un éventuel relèvement des taux d'intérêt
augmenterait le coût moyen du prêt ;
- en sens inverse, l'absence de revalorisation du barème
conjuguée à l'amélioration de la situation
économique devrait conduire à diminuer le nombre de personnes
éligibles au dispositif.
En définitive, il apparaît que pour 2000, le gouvernement
pourrait être fortement tenté de revoir certaines conditions
réglementaires du prêt à taux zéro afin d'en limiter
le coût.
A cet égard, votre rapporteur rappelle les propos qu'il tenait lors dans
son rapport sur le budget du logement pour 1999 :
"
la
convention du 3 août 1998 n'aura d'effet que si l'Etat parvient à
dégager 15 milliards de francs sur la période quinquennale de la
convention. Il s'agit d'un effort très important : il conviendra donc
d'être très vigilant à ce que l'Etat respecte son
engagement de ne plus recourir au financement du prêt à taux
zéro par le 1% logement.
"
Votre rapporteur estime essentiel de poursuivre le financement de l'accession
sociale à la propriété par le prêt à taux
zéro. Un élargissement de celui-ci à l'acquisition de
logements sous quotité de travaux réduite serait justifié,
si le coût moyen du prêt continue de diminuer.
C. LA SÉCURISATION DES PRÊTS À L'ACCESSION SOCIALE
La sécurisation des prêts à l'accession sociale se caractérise par un nouveau dispositif, une faible sinistralité et paradoxalement l'accroissement de l'effort budgétaire.
1. Le fonds de garantie à l'accession sociale (FGAS)
L'article L. 312-1 du code de la construction et de
l'habitation
charge le FGAS de gérer pour le compte de l'Etat la garantie que
celui-ci accorde aux prêts PAS et aux prêts à taux
zéro. Le FGAS est alimenté en recettes par :
- une cotisation de l'Etat égale à 1,25% des prêts
garantis ; cette cotisation est prélevée sur le compte
d'avance de l'Etat à la société de gestion du FGAS lors de
la déclaration du prêt par l'établissement
prêteur ;
- une cotisation de l'établissement prêteur égale à
la cotisation de l'Etat et prélevée simultanément ;
- une commission annuelle sur l'encours des prêts garantis (0,2% de
l'encours) ;
- la rémunération des fonds.
En 1999, 300 millions de francs étaient prévus sur le chapitre
65-50/10. Cependant, l'augmentation du montant moyen des PAS (347.000 francs en
1998, 377.000 francs au premier semestre 1999) et de leur nombre
(66.400 en 1998, vraisemblablement de 80.000 à 85.000 en 1999),
devraient nécessiter une dotation complémentaire de 140 millions
de francs.
Au total, la trésorerie du FGAS s'élevait à 3,6
milliards de francs à la clôture de l'exercice 98/99.
Dans le même temps, le nombre de sinistres est extrêmement
faible
. Début juillet 1999, 59 sinistres étaient
déclarés depuis la mise en place du FGAS, 28 avaient
été pris en charge pour une indemnisation totale de 2,64 millions
de francs.
Dans ces conditions, l'accroissement des dotations aux FGAS pour 2000
paraît aller à contre-courant de l'évolution de ce
fonds.
La dotation de l'Etat au fonds de garantie de l'accession sociale (FGAS) est
revalorisée de 125 millions de francs (+ 41,6%). Il s'agit d'une
augmentation "mécanique" prenant en compte l'augmentation attendue des
prêts à l'accession sociale, ce qui ne reflète en rien les
risques couverts.
Les discussions entamées entre le ministère de l'économie,
des finances et de l'industrie, le ministère de l'équipement, des
transports et du logement, et les établissements prêteurs,
contributeurs avec l'Etat au FGAS, sur une réduction de leurs
cotisations, ont échoué. Un succès aurait pourtant permis
de réduire les dotations de l'Etat.
La faible sinistralité observée, ainsi qu'une probable baisse
supplémentaire résultant de la mise en place de la
sécurisation depuis le 1
er
avril 1999, a d'ailleurs
conduit le gouvernement à engager le réexamen du calcul de la
contribution du FGAS de chacun des partenaires.
Le gouvernement annonce donc une réduction du taux de cotisation au
FGAS, dès la prochaine génération de prêts.
Pour le moment, le versement de la cotisation périodique des
établissements de crédit a été interrompue en 1999
pour la première génération de prêts (prêts
distribués en 1993) et il a été décidé le
reversement aux établissements de crédit qui en feraient la
demande de la totalité de l'encours des cotisation périodiques
pour cette première génération de prêts, les
cotisations initiales étant suffisantes pour couvrir la
sinistralité prévisible de cette génération.
Votre rapporteur estime nécessaire que la réflexion sur les
moyens budgétaires accordés au FGAS aboutisse, alors même
qu'un nouveau dispositif de sécurisation des prêts devrait
permettre de limiter son champ d'intervention.
2. Un nouveau dispositif de sécurisation
Rappelons que depuis le 1er avril 1999 a été
mis en
place un dispositif de sécurisation
qui s'adresse à tous les
accédants sociaux à la propriété dans le neuf et
dans l'ancien. Il se fonde sur la signature de deux conventions entre l'Etat et
l'UESL conclues en application de l'article premier de la convention
quinquennale du 3 août 1998 relative à la modernisation du 1%
logement.
La première convention
concerne tous les accédants ayant
souscrit un prêt en accession sociale. Après un an de
chômage, l'accédant bénéficie d'un allégement
de moitié de ses annuités d'emprunt pendant douze mois. Le
remboursement de l'avance n'intervient qu'en fin de période d'emprunt,
sans intérêt.
La seconde convention
ne concerne que les salariés des
entreprises assujetties au 1% logement. Les ménages doivent remplir une
des conditions suivantes :
- avoir des revenus inférieurs au plafond du prêt à taux
zéro
- avoir subi une diminution imprévue de ressources (d'au minimum 30%)
- avoir un endettement d'au moins 40%.
L'aide est proposée sous la forme d'une avance sans
intérêt, prenant en charge 50 % de la mensualité des
prêts immobiliers en cours dans la limite de 2.500 francs par mois, pour
une durée maximale de 12 mois. L'avance est remboursable sur une
durée maximale de 10 ans.
De plus, l'article premier de la loi du 18 décembre 1998 relative
à l'emploi des fonds de la participation des employeurs à
l'effort de construction, entérine les interventions du 1 %
logement issues de la convention du 14 mai 1997 relative aux emplois
très sociaux. Cette convention a mis en place des aides pour certaines
catégories de personnes (notamment les jeunes) confrontés
à des difficultés particulières de logement. Aussi, les
emplois du 1 % logement ont été étendus aux aides directes
aux personnes physiques pour le changement de logement, le maintien dans
celui-ci ou l'accès au logement locatif. Ces aides peuvent prendre la
forme de financement du dépôt de garantie ou l'octroi d'une
caution, d'aides particulières (octroi de prêts relais ou prise en
charge de supplément de loyer pendant une période
déterminée) en cas de mobilité professionnelle ou de perte
d'emploi.
Enfin, cet article permet de rendre plus lisible la participation des
organismes 1 % logement à des emplois très sociaux dans le
domaine du logement (recherche et prospection de logements pour des
défavorisés par exemple) ainsi que leur soutien aux associations
d'information du public sur le logement dès lors que ces
dernières font l'objet d'un agrément (comme le réseau des
ADIL).