I. UNE SIMPLIFICATION ENCORE INSUFFISANTE
A. DES AIDES ENCORE DISPERSÉES
L'an
dernier, votre rapporteur stigmatisait un dispositif d'aides au logement
privé très cloisonné, et une dispersion des aides, nuisant
à leur efficacité.
L'introduction d'une TVA à taux réduit sur les travaux
d'amélioration et de rénovation dans le parc privé, qu'il
appelait de ses voeux, est désormais réalisée, avec
l'application de la directive européenne du 22 octobre
1999
3(
*
)
.
Toutefois, l'ensemble des mesures en faveur du parc privé ne sont pas
encore coordonnées. Il s'agit notamment de l'usage des subventions de
l'agence nationale pour l'amélioration de l'habitat (ANAH) et de la
prime d'amélioration de l'habitat (PAH).
Le tableau ci-joint, bien qu'il est vrai moins complexe que l'an dernier, fait
tout de même ressortir les difficultés d'articulation entre les
différents dispositifs fiscaux et budgétaires en faveur de la
rénovation des logements.
Les aides à l'amélioration des logements privés
Dispositif |
bénéficiaire |
Condition de ressources |
Opérations |
Taux de subvention |
Plafond |
PAH |
Propriétaires occupants
|
moins de
70% plafonds PAP
|
Amélioration des logements |
20%
|
70.000 F
|
SSI |
propriétaires occupants leur logement depuis au moins 2 ans |
pas plus de 100% plafonds PAP |
logement
insalubre
|
50% |
35.000 F |
ANAH |
bailleurs privés |
pas de condition de ressources |
|
25% |
|
|
logement dans une OPAH avec convention loyer |
|
|
35%
|
|
|
PST
|
|
|
40 % à 50 % |
|
TVA
à taux réduit
|
tous
|
pas de condition de ressources |
dépenses d'amélioration, de rénovation et d'entretien |
taux équivalent à 15,1 % |
- |
Crédit d'impôt (art 200 ter du CGI) |
propriétaires résidents |
pas de condition de ressources |
dépenses d'entretien sur la résidence principale |
5 % |
10.000 F pour une personne seule/20.000 F pour un couple |
L'application d'un taux réduit de TVA pour les
travaux
réalisés dans les logements d'habitation a
considérablement simplifié le dispositif.
Pour autant, il existe encore un nombre de dispositions spéciales dont
il y a lieu de se demander si elles sont toujours correctement mises en oeuvre.
Plusieurs dispositifs s'adressent aux propriétaires occupants de
condition modeste.
La prime à l'amélioration de l'habitat
est une subvention
réservée aux propriétaires occupants dont les ressources
ne dépassent pas 70 % des plafonds de ressources des anciens PAP.
Pour un couple comprenant deux actifs, les revenus mensuels nets ne doivent pas
dépasser 11.241 F à Paris, 8.948 F en Ile-de-France et 8.202 F en
Province.
La subvention pour travaux de sortie d'insalubrité (SSI)
s'adresse aux propriétaires occupant depuis au moins deux ans un
logement insalubre. Les revenus des bénéficiaires ne doivent pas
excéder un plafond de ressources actuellement égal à celui
qui est pris en compte pour l'octroi des anciens prêts aidés par
l'Etat (PAP). Il est possible de cumuler cette aide avec une prime à
l'amélioration de l'habitat (PAH).
D'autres dispositions sont prises pour la réhabilitation des
logements locatifs privés.
Créée en 1971, l'ANAH, établissement public à
caractère administratif dont le conseil d'administration comprend
notamment des représentants de l'Etat et des organisations
représentatives des bailleurs privés et des locataires, a ainsi
pour objectif d'aider l'amélioration de logements loués par des
propriétaires privés.
Les conditions et les modalités d'octroi des aides sont fixées
dans les délibérations du conseil d'administration.
L'ensemble de ces mesures traduit un dispositif relativement
cloisonné, même s'il est efficace pour certaines catégories
de logements particulièrement dégradés. C'est la raison
pour laquelle des appels se sont fait entendre pour qu'un dispositif plus
général d'aide à la réhabilitation des logements
privés soit mis en oeuvre.
Il apparaît que
le futur projet de loi "Urbanisme, habitat et
déplacement" pourrait constituer le cadre de la mise en oeuvre d'une
réforme tendant à l'unification des interventions
financières sur le parc privé
. Le secrétariat au
logement relève "
les insuffisances des actuelles procédures
comptables de gestion de l'ANAH et de la prime à l'amélioration
de l'habitat (PAH), notamment au regard des observations de la Cour des
comptes
". La réforme visera à "
regrouper auprès
d'un seul organisme public dont la vocation serait élargie à
l'ensemble du parc privé les outils et moyens financiers existants".
B. DES MOYENS FINANCIERS STABLES
Les
moyens consacrés à la PAH sont en légère hausse.
Les crédits de la PAH et de la SSI
chapitre 65.48/80 |
Consommation y compris reports (en millions de francs) |
Nombre de logements |
dont OPAH |
1992 |
535,50 |
52 276 |
18 167 |
1993 |
614,05 |
60 802 |
20 921 |
1994 |
661,40 |
68 771 |
24 486 |
1995
|
526,10
|
55 909
|
23 268
|
La dotation de l'ANAH devrait permettre un programme de subventions sensiblement identique à celui des années précédentes.
Subventions de l'ANAH
|
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
subventions engagées dans l'ensemble du parc (en MF) |
2 724 |
2 731 |
2 595 |
2 338 |
2 308 |
subventions engagées dans le parc ancien (construit avant 1948) (en MF) |
2 461 |
2 440 |
2 311 |
2 030 |
1988 |
nombre de
logements subventionnés
|
143 600
|
126 500
|
111 800
|
107 600
|
111 200
|
nombre de
logements subventionnés dans le parc ancien (avant 1948)
|
116 000
|
102 500
|
88 400
|
83 400
|
85 155
|
Par
ailleurs, afin d'accompagner les dispositions de la loi d'orientation du
28 juillet 1998 relative à la lutte contre les exclusions,
instituant une taxe sur les logements vacants, l'agence a prévu, dans
les huit agglomérations concernées par cette taxe, une majoration
forfaitaire de 20.000 francs des subventions attribuées pour la
réhabilitation des logements vacants antérieurement au 1er avril
1998 et faisant l'objet d'une convention avec l'Etat.
4(
*
)
L'élargissement du champ d'intervention de l'ANAH dans les secteurs
agglomérés des zones de revitalisation rurale, découlant
de l'article 54 de la loi n° 98-546 du 2 juillet 1998 et du
décret n° 98-1149 du 16 décembre 1998, permet
désormais à l'agence de subventionner la transformation en
logements de tous locaux, quelle que soit leur affectation initiale. La mis en
oeuvre de cette mesure devrait permettre de renforcer l'action de l'agence en
faveur des centres-bourgs en zone de revitalisation rurale.
La loi de finances pour 1999 (article 32) a ouvert le bénéfice du
taux réduit de TVA à 5,5 % pour l'ensemble des travaux
subventionnables effectués sur des logements améliorés
avec une subvention de l'ANAH et faisant l'objet d'un conventionnement au titre
de l'article L 3517-2 4° (conventionnement à l'Aide
Personnalisée au Logement -APL-). Cette mesure était applicable
aux décisions d'attribution de l'aide intervenues à compter du
1er janvier 1999. Toutefois, elle s'est éteinte le 15 septembre 1999
avec la mise en place de la TVA à taux réduit pour tous les
travaux réalisés dans les logements à usage
d'habitation.
C. DES RÉFORMES A VENIR
Dans
ses réponses aux questions budgétaires, le secrétariat
d'Etat au logement annonce une prochaine réforme des aides au secteur
privé.
"
Le projet de loi " Urbanisme Habitat et Déplacement "
constituera le cadre pour la mise en oeuvre d'une réforme tendant
à l'unification des interventions financières sur le parc
privé.
Cette réforme d'ensemble est justifiée, non seulement par les
insuffisances des actuelles procédures comptables de gestion de l'ANAH
et de la prime à l'amélioration de l'habitat (PAH), notamment au
regard des observations de la Cour des Comptes, mais aussi par la
nécessité de promouvoir une politique de réhabilitation
globale et cordonnée sur l'ensemble du parc privé,
nécessité qui se fait d'autant plus sentir que le nombre
d'immeubles d'habitations en copropriété, déjà
important, a tendance à se développer.
Cette réforme devrait permettre de regrouper auprès d'un seul
organisme public dont la vocation serait élargie à l'ensemble du
parc privé, les outils et moyens financiers existants : l'agence
nationale d'amélioration de l'Habitat deviendrait ainsi
compétente pour délivrer la PAH, aux lieu et place du
préfet de département.
Un nouvel équilibre institutionnel devrait permettre à l'agence
de fonctionner avec toute la souplesse requise tout en donnant à l'Etat
les moyens juridiques d'impulser ses propres orientations. "
Votre rapporteur souhaite en effet qu'une réflexion s'engage sur le
dispositif d'aide au secteur privé.
La baisse généralisée de la TVA sur les logements
d'habitation doit être suivie d'une simplification des aides
budgétaires, comme cela a été le cas en matière
d'aide au logement social.