C. QUESTIONS D'ACTUALITÉ
Votre rapporteur spécial se propose d'évoquer une série de questions d'actualité culturelle, de façon à informer la Haute Assemblée et à alimenter le débat budgétaire.
1. La mise en place des commissions régionales du patrimoine et des sites
La loi
du 28 février 1997 votée sur une initiative du Sénat,
fusionne les commissions régionales consultatives en matière
patrimoniale et institue une procédure de saisine du préfet de
région sur les avis émis par les architectes des bâtiments
de France.
Le retard constaté dans sa mise en oeuvre s'expliquerait par la
difficile mise au point du décret d'application : il a fallu
prévoir un ensemble de mécanismes simples qui s'intègrent
dans les procédures d'instruction d'autorisations d'urbanisme.
Le décret en Conseil d'État a été finalement
signé le 5 février 1999 et la circulaire d'application aux
services, le 4 mai 1999. Le décret prévoit un début
d'application le 1
er
mai 1999. Les commissions se sont mises en
place à partir de cette date.
Huit commissions étaient constituées au
1
er
août 1999. Les autres seront arrêtées
par les préfets de région incessamment (l'ensemble des
arrêtés est prêt).
Au 1
er
août 1999, sept saisines du préfet de
région ont été présentées, dont deux ont
déjà été examinées en Commission
régionale du patrimoine et des sites.
Six préfets de région avaient réuni une commission
régionale du patrimoine et des sites au 1
er
août
1999 ou avaient programmé une réunion pour la rentrée.
2. Une nouvelle salle de concert : une nécessité pour Paris ?
Dans une
lettre adressée le 20 septembre au ministre de la Culture le compositeur
et chef d'orchestre français
Pierre Boulez et 75 personnalités
musicales, demandent la construction d'un grand auditorium à La
Villette
.
Une telle initiative est tout à fait significative d'une logique
très française conduisant, pour de très bonnes raisons,
l'État à ajouter des équipements nouveaux, sans jamais en
retrancher aucun.
Paris est-il une ville suréquipée sur le plan
culturel
? La question mérite d'être posée
à travers une demande qui même justifiée sur le fond, n'en
pose pas moins des problèmes dans une optique globale
d'aménagement culturel.
La capitale dispose déjà de trois salles dévolues à
l'art lyrique - l'Opéra-Bastille (2 700 places), l'Opéra-Garnier
(1 900 places) et l'Opéra-Comique (1 200 places) - ainsi que de deux
autres lieux qui accueillent à la fois de l'opéra et de nombreux
concerts d'orchestre et récitals de musique instrumentale ou
vocale : le Théâtre du Châtelet (2 000 places) et le
Théâtre des Champs-Elysées (1 900 places).
A la différence des trois premières qui sont sous la tutelle de
l'État, le Châtelet bénéficie de subventions de la
Mairie de Paris, tandis que et le Théâtre des
Champs-Elysées bénéficie du soutien de la Caisse des
dépôts et consignations, propriétaire des lieux.
Les données de la question sont particulièrement
compliquées.
D'un côté, il y a un orchestre, l'Orchestre de Paris, sans toit
car aucune salle existante ne peut lui être affectée,
en
l'état actuel des choses : la salle Pleyel qui l'héberge
actuellement, à été vendue à un propriétaire
privé ; le Théâtre des Champs-Elysées, dont
l'acoustique est critiquée accueille déjà l'Orchestre
national de France ; la Salle du conservatoire du IXe arrondissement
ne contient que 600 places ; l'installation au théâtre de la
Gaîté lyrique que Jack Lang avait voulu consacrer à
l'opérette, envisagée par la ville de Paris, est un projet
très contesté par les professionnels qui lui
préfèrent la création d'une nouvelle salle à la
Cité de la musique.
Selon Pierre Boulez et tous les musiciens qui le soutiennent, cette nouvelle
salle " aurait pour principal avantage de développer un pôle
musical associant diffusion, patrimoine et mission éducative et de
répondre ainsi aux besoins d'un public élargi désirant
approfondir sa relation à la vie musicale dans toute sa
diversité ".
La question n'est pas simplement une quetion de coût
d'investissement ; ce n'est même pas un problème de
fonctionnement, même si on se demande où le ministère va
trouver les
emplois permanents
pour les
besoins permanents
qu'il
va devoir satisfaire car on n'ose envisager l'hypothèse de l'utilisation
de vacataires qu'il faudrait de toute façon titulariser
ultérieurement...
Il convient de se demander s'il existe une demande
: le taux actuel
de fréquentation de l'Orchestre de Paris est de 66%, or la nouvelle
salle ajouterait 2.300 places 250 jours par an, c'est-à-dire 575.000
places supplémentaires, pour un public parisien qui n'en absorbe que
250.000.
Pour mettre le débat en perspective, il convient de souligner que la
crise
que traverse actuellement
l'Opéra Comique
résulte à l'évidence de la multiplication des lieux qui
aboutit à réduire les plus faibles à la portion congrue.
Désormais privée de budget artistique car les créations
trop intimistes sont maintenant dirigées sur le Palais Garnier, sans
orchestre en résidence, sans ateliers de décors et de costumes,
la salle Favart est confrontée à une crise d'identité -
l'essentiel de son répertoire historique est montré ailleurs - et
une crise budgétaire : le déficit actuel
s'élève à environ 8 millions de francs et pourrait se
monter à 12 millions pour une subvention globale de 28 millions de
francs, manifestement insuffisante pour permettre un fonctionnement normal de
la salle et en particulier pour assurer les travaux urgents de
sécurité. La crise a justifié un audit et va probablement
se traduire par le départ de l'actuel directeur et l'arrivée
anticipée de Jérôme Savary.
3. Le centre d'art du Palais de Tokyo
L'ouverture à Paris d'un centre dédié
à
la jeune création répond à un vrai besoin. Votre
rapporteur spécial a pu le constater lorsqu'il a entendu, à
l'occasion de la préparation de son rapport d'information sur le
marché de l'art, les représentants des galeries regretter
l'absence de lieu consacré à Paris à la création
française.
Les artistes vivant à Paris et en Ile de France manquent de lieux pour
faire connaître leur travail, tandis que la plupart des villes
étrangères possèdent un ou plusieurs équipements de
ce type. Il s'agirait selon le ministère de ne pas renouveler les
erreurs des années 60 et 70, où toute une
génération, à quelques rares exceptions près, n'a
pas connu la diffusion internationale qu'elle aurait méritée. Tel
est l'objet du centre dont la création a été
annoncée au printemps 1999 par la Ministre de la culture et de la
communication.
Indépendamment du problème général d'affectation du
palais de Tokyo au sujet duquel le rapporteur spécial a eu l'occasion de
s'exprimer, on ne peut que se féliciter de l'approche modeste qui
caractérise cette initiative :
" Résolument tourné vers la création, ce lieu doit
éviter toute sophistication, fonctionner avec des coûts fixes
modérés et échapper à toute dérive
institutionnelle ".
Dans cet esprit, on peut effectivement remarquer que son organisation se
caractérise par:
• Une direction, qui ne sera pas confiée à une
personnalité issue des institutions publiques et sera renouvelée
tous les trois ans ; c'est dans cet esprit que MM. Jérôme
Sans et Nicolas Bourriaud ont été choisis par la Ministre,
à l'issue d'un appel à candidatures ;
• Un statut juridique de l'établissement, qui lui garantira une
autonomie suffisante ;
• La présence de partenaires privés (entreprises,
collectionneurs) dans les organes délibérants.
• Par ailleurs, ce centre doit jouer un rôle d'interface avec les
lieux en région : coproduction avec des centres d'art du
réseau régional afin de mieux diffuser les oeuvres des jeunes
artistes situés sur l'ensemble du territoire.
Au niveau des principes, on note que le centre serait organisé de
façon assez souple :
• l'organisation du lieu devrait permettre différents types
de " monstration " (salle d'exposition, salles expérimentales,
" project rooms "...), représenter la création dans
toute sa diversité et établir des liens entre les disciplines
artistiques ;
• le centre serait conçu comme un "
Lieu de vie et
d'invention, [qui] accueillera aussi les oeuvres audio et vidéo, ou plus
ponctuellement de la danse. Ses horaires d'ouverture ne le situeront pas dans
la famille des musées : plutôt midi-minuit que 10 h - 18
h ".
Le budget d'investissement est volontairement défini dans de strictes
limites : outre des autorisations de programmes disponibles sur des
reliquats d'opérations précédentes pour le même
édifice, 17 millions de francs d'autorisations de programme sont
prévus au projet de loi de finances pour 2000.
La programmation de ces investissements va débuter dès la fin de
l'été 1999 entre les services du ministère et de
l'établissement public de maîtrise d'ouvrage des travaux culturels
et la direction récemment désignée.
En ce qui concerne le fonctionnement, l'année 2000 ne constituera qu'une
première étape, puisque le centre ne sera pas opérationnel
avant le milieu du second semestre ; une mesure nouvelle de
2 millions de francs est prévue au chapitre 43-20 du budget de la
culture pour 2000 ; elle ne constitue toutefois pas la
référence de fonctionnement du centre en année pleine.
L'objectif est de constituer une structure légère, dont le
coût de fonctionnement restera mesuré.
La prise en charge de ce fonctionnement pourra être assurée par le
ministère de la culture bien sûr, mais aussi par les partenaires
publics et privés qui seront regroupés en une association de
gestion dont les statuts sont en cours d'élaboration.
4. Le musée des arts et des civilisations
Le
projet de musée des arts et des civilisations a été
annoncé par le Président de la République, dès
1995. L'objectif est de procurer une meilleure exposition aux arts d'Afrique,
d'Asie, d'Océanie et des Amériques dans les institutions
nationales de la France, par la création d'un musée nouveau et
par la présentation, au Pavillon des Sessions du Palais du Louvre, en
préfiguration d'une centaine de chefs-d'oeuvre d'art dit
" premier ".
Votre rapporteur spécial fait ci-après le point de l'état
d'avancement du projet.
A la suite des conclusions remises, au gouvernement, à
l'été 1996, par la commission de réflexion
présidée par M. Jacques Friedmann, il a été
décidé de créer une association relevant de la loi 1901,
intitulée " mission de préfiguration du musée de
l'Homme, des arts et des civilisations ", placée sous la double
tutelle du ministère de la Culture et du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Recherche et chargée
de favoriser la création de cette institution culturelle et
scientifique à Paris.
En 1998, les travaux de cette association ont notamment permis de :
• lancer une concertation avec les milieux culturel et scientifique ;
• rassembler les éléments techniques nécessaires au
choix du lieu d'implantation du futur musée ;
• finaliser le pré-programme du concours international de
maîtrise d'oeuvre pour la construction du futur musée ;
• lancer le concours de maîtrise d'oeuvre du Pavillon des Sessions
qui a permis la désignation de l'architecte Jean-Michel Wilmotte ;
• mettre en oeuvre une politique d'acquisition destinée à
compléter les collections actuellement affectées au musée
des arts d'Afrique et d'Océanie et au laboratoire d'ethnologie du
musée de l'Homme ;
• mener par ailleurs une évaluation des collections du MAAO et du
laboratoire d'ethnologie du musée de l'Homme.
L'association a également mené une réflexion sur la nature
juridique de la structure à même, jusqu'à l'ouverture au
public du futur musée, de :
• conduire la maîtrise d'ouvrage du projet ;
• mener une politique d'acquisition d'oeuvres d'art ;
• proposer aux pouvoirs publics le statut du futur musée ;
• préfigurer, notamment par des expositions et des colloques, la
politique culturelle et scientifique du futur musée ;
• gérer le Pavillon des Sessions du Palais du Louvre.
Cette réflexion a conduit à la création, par décret
n° 98-1191 du 23 décembre 1998, de l'établissement
public du musée du quai Branly.
Ainsi a été confirmée la volonté de voir
créer un musée consacré aux civilisations et aux arts
premiers, placé sous la double tutelle du ministère de
l'Education nationale, de la Recherche et de la Technologie et du
ministère de la Culture et de la Communication, sur le site du quai
Branly à Paris (7e).
Ce musée, qui ouvrira ses portes en 2004, regroupera les collections du
Musée des arts d'Afrique et d'Océanie - MAAO - et du laboratoire
d'ethnologie du musée de l'Homme enrichies par les acquisitions
précitées, et sera chargé d'une mission de conservation,
de présentation des collections, d'enseignement et de recherche.
Le coût de ce projet, conduit par l'établissement public du
musée du quai Branly, a été évalué à
1,1 milliard de francs d'investissement.
La répartition des financements pour 1999 et 2000 est la suivante :
(en francs TTC)
Nature des crédits |
1999 |
2000 |
Fonctionnement |
15 M.F. (1) |
15,1 M.F. |
Acquisitions |
50 M.F. |
30 M.F. |
Investissement |
124 M.F. AP - 31 M.F. CP |
117 M.F. AP - 60 M.F. CP (2) |
(1)
correspondent au financement de la mission de préfiguration sur 5 mois +
celui de l'établissement public sur 7 mois
(2) dont 32millions de francs AP - 26millions de francs CP à la charge
du MCC
Ces dotations sont financées, à parts égales, par les deux
ministères de tutelle.
L'effectif global de l'établissement public du musée du quai
Branly est de 24 personnes en 1999.
Pendant ses 7 premiers mois d'activité, l'établissement public du
musée du quai Branly a notamment :
• lancé le concours international de maîtrise d'oeuvre pour
la construction du musée du quai Branly qui permettra de désigner
un projet lauréat fin décembre 1999, par la constitution
d'un jury réunissant des personnalités internationales ;
• conduit les études nécessaires notamment à la
mise en place, en 2000, du chantier des collections qui permettra
d'inventorier, de numériser et de restaurer quand cela s'avérera
nécessaire, les 300 000 objets de la collection du musée du
quai Branly ;
• associé les équipes du MAAO et du musée de l'Homme
à la réflexion menée sur le programme
muséographique du futur musée ;
• lancé une politique de coopération culturelle avec les
pays d'origine par la signature d'une convention avec la Polynésie
française ;
• coproduit avec la réunion des musées nationaux un
catalogue et un cédérom relatifs aux objets et aux cultures
présentés au Pavillon des Sessions du Palais du Louvre ;
• préparé l'ouverture d'un site Internet ;
• poursuivi la politique d'acquisition engagée pour
compléter les collections actuelles ;
• engagé une réflexion, à travers le conseil
d'orientation, sur la présence de la création contemporaine dans
la future institution.
En 2000, il est prévu :
• de signer le contrat de maîtrise d'oeuvre avec le lauréat
du concours de maîtrise d'oeuvre ;
• d'ouvrir le Pavillon des Sessions dans le courant du mois d'avril
2000 ;
• d'engager les études nécessaires à la finalisation
du projet d'architecture ;
• de lancer le chantier des collections ;
• d'engager une politique de production muséographique
multimédia ;
• de produire deux événements de préfiguration (un
colloque et une exposition) ;
• de présenter les résultats du concours d'architecture
à travers une exposition au Centre national d'art et de culture Georges
Pompidou et d'un colloque professionnel organisé avec l'Institut
Français d'Architecture ;
• de développer la politique de coopération culturelle avec
les pays d'origine ;
• de poursuivre la politique d'acquisition engagée ;
• d'engager une réflexion approfondie sur le statut juridique du
futur musée.
Votre rapporteur spécial prend acte de ce programme qui met en valeur
des cultures avec lesquelles la France a des liens historiques
privilégiés. Il souhaite néanmoins être rapidement
fixé sur l'avenir du Musée des arts d'Afrique et
d'Océanie, qu'il a visité et qui lui est apparu à la fois
un superbe témoignage architectural des années trente et une
institution bien organisée prenant un soin particulier des
chefs-d'oeuvre dont elle a la charge.
Il attend que soit entreprise une réflexion, qui, il est vrai
dépasse l'organisme, dans la mesure où son avenir est
inséparable des choix qui doivent être faits en ce qui concerne
tous les lieux actuellement sans affectation.
5. La remise en cause de l'exception culturelle : l'éternel retour
C'est en
1993 au cours du cycle de l'Uruguay qu'est née l'expression " exception
culturelle ". Cette notion, qui n'a aucune consistance juridique,
s'était traduite en réalité par une absence d'offre sur un
nombre restreint de secteurs de la culture. C'est ainsi que les services
audiovisuels (cinéma, radio, télévision, enregistrements
sonores) et les services concernant les bibliothèques, les archives, les
musées et autres services culturels n'ont pas été offerts
par la Communauté européenne. En revanche, les services de
spectacle (y compris le théâtre, les orchestres et le cirque),
l'édition, les agences de presse et les services d'architecture ont
été offerts.
A peine a-t-on vu se dissiper les craintes relatives à la
pérennité de " l'exception culturelle " du fait du
projet d'accord multilatéral sur l'investissement (AMI) et de celui de
nouveau marché transatlantique aujourd'hui abandonnés, que se
profile aujourd'hui la menace des nouvelles négociation de
l'Organisation mondiale du commerce.
Dans le dossier de l'AMI, la France, qui avait demandé une exception
générale pour la culture, a décidé, à la
suite de la publication d'un rapport établi par Madame Lalumière
et Monsieur Landau, de se retirer de la table des négociations en
octobre 1998. Les accords négociés dans l'enceinte de l'OCDE
devant, pour être adoptés, faire l'objet d'un consensus, ce
retrait a eu pour conséquence de mettre un terme aux négociations
qui, selon la France, ne devaient pas se limiter aux pays
développés et donc être négociés dans le
cadre de l'OMC dont la vocation est plus universelle.
Le nouveau marché transatlantique (NTM), accord bilatéral entre
les Etats-Unis et l'Union européenne n'a pas non plus vu le jour. Son
objectif était de créer une zone de libre échange ente les
Etats-Unis et l'Union européenne en éliminant ou en
réduisant progressivement les entraves à la libre circulation des
marchandises, des crédits et des capitaux.
Lors du Conseil " affaires générales " de l'Union
européenne du 27 avril 1998, la France a refusé le mandat de
négociation nécessaire à la Commission européenne
pour poursuivre les négociations avec les Etats-Unis. Selon la France,
il paraissait en effet inadmissible que la Commission puisse prendre des
initiatives dans les négociations avec les Etats-Unis sans que le
débat n'ait été préalablement engagé au sein
du Conseil.
Par ailleurs, conclure un accord bilatéral entre
les deux plus
grandes puissances commerciales du monde était considéré
par la France comme un signal inattendu et paradoxal en direction des pays
tiers à la veille du lancement des nouvelles négociations
multilatérales au sein de l'OMC.
A la suite de l'échec du NTM, un accord a pu être trouvé au
Conseil " affaires générales " de l'Union
européenne du 9 novembre 1998 sur le contenu d'un partenariat
économique transatlantique (TEP). Dans ce projet certains aspects de
l'initiative de la Commission ont été abandonnés (zone de
libre échange en matière de services, engagement de
démantèlement des tarifs industriels, harmonisation et alignement
des normes, création d'un mécanisme de règlement des
différends). Dans ce cadre, le ministère de la culture et de la
communication a obtenu qu'une très grande vigilance sur les conditions
de mise en oeuvre du mandat dans les secteurs de l'audiovisuel et de la
propriété intellectuelle soit exercée.
Actuellement, les négociations entre les Etats-Unis et l'Union
européenne semblent stagner car aucun accord n'arrive à
être trouvé notamment sur la propriété
intellectuelle, les marchés publics ou les services.
Les enjeux pour le secteur culturel vont en réalité se jouer lors
des prochaines négociations multilatérales qui auront lieu dans
le cadre de l'Organisation mondiale du commerce. En effet, un nouveau cycle de
négociations multilatérales doit s'ouvrir à compter du 1er
janvier 2000. L'Union européenne est actuellement en train de
préparer ces négociations. Le ministère de la culture et
de la communication est concerné par plusieurs aspects de ces
négociations.
Pour les nouvelles négociations du millénaire, la position
interministérielle qui semble actuellement se dégager, est que
l'OMC ne devienne pas une organisation dans laquelle soient discutées
des règles matérielles traditionnellement négociées
au sein de l'OMPI qui doit rester l'enceinte privilégiée des
négociations concernant ce sujet. Par ailleurs, concernant l'exception
culturelle, la France se dirige vers un maintien des acquis du GATS (General
Agreement on Trade and Services) de 1993.
Si les acquis du GATS semblent pouvoir être sauvegardés, ceux-ci
pourraient indirectement être remis en cause par les négociations
qui auront lieu sur des sujets qui n'ont pas encore été
abordés dans le cadre de l'OMC :
•
Le commerce électronique
: la notion de biens
virtuels promue par les Etats-Unis dans le cadre du débat sur le
commerce électronique vise à montrer que les transactions de
biens par voie électronique (livres, disques, logiciels, films ... )
relèveraient des accords du GATT. Or, la technique de négociation
de ces derniers offre des garanties de libéralisation plus larges en
terme d'accès au marché que le GATS. Pour les européens,
cette notion de biens virtuels est contestable et les transactions
réalisées par voie électronique sont des prestations de
service.
• Les
subventions
: un débat général sur
les subventions pourrait s'engager à l'OMC et les règles
applicables aux marchandises pourraient être appliquées aux
services. Cela aboutirait à une obligation de plafonnement des
subventions à 5 % comme cela est déjà la règle pour
les marchandises. Or la France, dans le domaine de l'audiovisuel comme dans les
autres secteurs de la culture, avec des subventions qui peuvent dépasser
15 % de la valeur du produit est, dans ce domaine, très au-delà
du plafond de 5 % retenu à l'OMC dans le cadre des marchandises.
• L'investissement est également un des sujets qui sera
abordé dans le cadre de l'OMC sur lequel le ministère de la
culture et de la communication devra être particulièrement
attentif afin que ne se répètent pas les problèmes
survenus lors de l'AMI (secteur de la propriété intellectuelle
traité comme de l'investissement et possibilité de prises de
participation des sociétés étrangères dans les
entreprises culturelles ... ).
• Enfin, les règles concernant les marchés publics,
ainsi que les entraves techniques aux échanges (vis-à-vis de nos
professions réglementées)
devront également faire
l'objet de toute notre vigilance.
6. La préparation des festivités de l'an 2000
Votre
rapporteur spécial fait aussi le point de la préparation des
festivités organisées pour le passage au troisième
millénaire. Il faut remarquer que, une fois n'est pas coutume, la France
s'est lancée dans des projets relativement plus modestes que dans les
autres pays.
Au niveau du financement consacré à la commémoration du
passage de l'an 2000, il convient de distinguer deux types de
contributions :
• La
subvention de fonctionnement
attribuée à
une association de soutien à
la mission pour la
célébration de l'an 2000
, qui assure notamment la gestion des
concours d'origine publique destinés au financement. L'association a
perçu à ce titre : 5 millions de francs en 1996,
11,5 millions de francs en 1997, 13,5 millions de francs en 1998 et
10,8153 millions de francs en 1999.
• En ce qui concerne la
subvention d'intervention
, le budget
total consacré par l'État sur les années 1998, 1999 et
2000 aux opérations commémoratives elles-mêmes
s'élèvera à 400 millions de francs. Cette enveloppe
se répartit comme suit :
- 34,3 millions de francs en 1998. Cette dotation comprenait une
ouverture de crédits de 19,04 millions de francs
opérée au profit du ministère chargé de la culture
et un solde de 15,26 millions de francs qui restait à la charge de
ce dernier,
- 180 millions de francs en 1999. Cette dotation a été
ouverte dans le cadre du collectif de fin d'année 1998.
- en l'an 2000, 185,7 millions de francs devront être
mobilisés pour solder l'enveloppe globale de 400 millions de francs
que l'État a décidé de consacrer à cette
commémoration. Cette dotation sera prise en compte dans le cadre du
collectif de fin d'année 1999.
Cette enveloppe d'interventions de 400 millions de francs accordée
par l'État vient compléter les sommes déjà
rassemblées par les initiateurs des projets sélectionnés.
L'ensemble de ces subventions ont été ou seront versées
à partir du chapitre 43-20 « interventions culturelles
d'intérêt national ».
La liste des opérations soutenues par la mission ainsi que leur montant
et l'échéancier de règlement.
Au niveau du programme des célébrations :
Le gouvernement a décidé de marquer le passage de l'an 2000, en
métropole comme dans les DOM-TOM par une série de manifestations
" festives au contenu fort et symbolique ", qui marque un
équilibre entre les projets concernant la région parisienne et
ceux qui intéressent les autres régions. Dans le même ordre
de préoccupation, les banlieues ne seront pas ignorées au profit
des centres-villes.
Le choix a d'ailleurs été fait d'une célébration
décentralisée en plusieurs sites répartis sur l'ensemble
du territoire. Cette orientation traduit la volonté d'associer le
maximum de Français à l'événement et d'inviter
Français et étrangers à se déplacer pour
découvrir la France. Le programme du passage de l'an 2000 se
déroulera sur 18 mois, de l'automne 1999 au début 2001.
Par ailleurs, en accord avec le Premier ministre, la ministre de la culture et
de la communication a voulu que des signes visibles de ces
célébrations demeurent pour les générations
futures. Des
commandes publiques
ont été passées
dans de très nombreuses disciplines. De façon
générale, même les manifestations temporaires donneront
lieu à des documents pérennes, qu'il s'agisse de films ou de
livres sans oublier les technologies du multimédia.
Les manifestations retenues peuvent être regroupées sous quatre
rubriques :
1°) Trois grandes fêtes seront organisées à des
dates phares :
L'importance de ces initiatives justifiera la vaste campagne de promotion
internationale engagée avec le ministère du tourisme et la Maison
de la France.
• Première en date : le 31 décembre 1999, se dresseront
« les portes de l'an 2000 »
à Paris et en
province. Des parcours seront jalonnés d'arcs de triomphe
réalisés par des créateurs contemporains. Dans la nuit du
31 décembre 1999 au 1er janvier 2000 sera organisée à
Paris une fête avec une préoccupation évidente: ne laisser
personne au bord de la route, faire que toutes et tous puissent participer
à la fête, puissent de nouveau avoir confiance en l'avenir. Le
passage à l'an 2000 sera d'abord la fête de la solidarité,
la fête d'un nouveau rapport aux autres. La réalisation de cette
manifestation a été confiée à M. Patrick Bouchain.
• Seconde étape le
21 juin: une fête de la musique
très particulière pour abolir les frontières.
Celles
qui séparent villes et banlieues, mais aussi celles qui séparent
les pays. La fête du 21 juin sera d'abord la fête de la paix
et de la solidarité entre les peuples. Une fête du symbole du
nouvel espace européen en train de se construire. La fête d'une
culture partagée qui s'enrichit au contact des autres, qui progresse
sans se renier.
• Troisième étape:
autour du 14 juillet. Une
fête de la nature ou plutôt de sa redécouverte. Arbres et
jardins seront plantés, du nord au sud de la France, tout au long du
méridien de Paris
. Sur la proposition artistique de M. Paul
CHEMETOV,
la « Méridienne verte » reliera
Dunkerque à Prats de Mollo à travers 337 communes,
20 départements et 8 régions
. Tout au long de
l'été, les fêtes qui se dérouleront sur son
tracé, marqueront la volonté d'établir un nouveau rapport
à notre environnement.
2°) A ces trois fêtes principales viendront s'ajouter bien
d'autres manifestations
répondant également à ces
mêmes préoccupations, fêtes de la solidarité, de la
rencontre, du partage et d'une nature retrouvée.
Pendant vingt mois, de la fin 1999 au début 2001, se tiendra le
festival « 2000 en France
». Dans le cadre de ce
festival, des manifestations exceptionnelles seront proposées sur une
centaine de points du territoire (y compris l'outre-mer). La plupart de ces
manifestations seront organisées par de grands établissements
publics et par des collectivités locales. Cependant, la mission pour la
célébration de l'an 2000 assumera directement la production de
deux expositions :
• l`une à
Lyon - « Les langues
françaises
» - pour interroger la langue et les langues de
notre pays (pour répondre à la question comment une langue peut
répondre au désir d'identité des communautés qui la
partagent),
• l'autre à Avignon, capitale européenne de l'an 2000 -
« La Beauté
» -, pour méditer sur la
beauté et les beautés du monde (pour répondre à la
question comment partager un monde dont nous ne saurions plus lire la
beauté).
De grandes initiatives accompagneront le festival « 2000 en
France » pendant la même période. Elles inviteront les
Français à la connaissance du passé, à la
réflexion sur l'avenir. La célébration est l'occasion de
refonder les valeurs, les convictions, les savoirs. Elles seront axées
autour des thèmes suivants :
•
Savoir le monde
: Ce sont, dès maintenant, les
forums de l'an 2000 qui déboucheront sur " l'université de
tous les savoirs " qui, pendant toute l'année 2000, invitera un des
meilleurs spécialistes mondiaux à délivrer une
leçon à l'adresse du grand public. Professeurs de toutes
disciplines et chercheurs des cinq continents dispenseront leurs connaissances
au cours de séminaires d'accès libre : à Nantes, les
mondes inventés autour de Jules Verne, à Forbach les cultures du
travail, à Bordeaux les mutations urbaines, à Lille les nouvelles
musiques ...
•
Création :
Célébrer l'an 2000, c'est
aussi marquer le passage du temps par des oeuvres de son temps. Un programme de
commandes publiques centré sur les thèmes de la jeunesse, de la
mise en valeur de certains sites et du passage du temps est en cours
d'exécution. Ce sera donc une nouvelle occasion de permettre à
des créateurs de toutes disciplines de s'exprimer, d'innover, de
créer et d'inventer demain. Le programme donne une large part à
l'initiative, au talent des créateurs, plasticiens, metteurs en
scène, chorégraphes, musiciens, cinéastes, etc, pour
entraîner, émouvoir, transporter... peintres, sculpteurs,
architectes, pour marquer le paysage. Tous les modes d'expression sont ainsi
concernés. Leurs créations constitueront la mémoire future
du passage du siècle.
•
Exploit et découverte
: la mission apportera son
soutien à la course du millénaire autour du monde qui mettra en
ligne des bateaux faisant appel à toutes les ressources des techniques
contemporaines. La mission apportera également son soutien à
l'organisation du voyage de 2000 jeunes français en Europe. Ceux-ci
feront partager leur découverte de l'Europe d'aujourd'hui grâce
à un réseau de partenariats avec les médias.
Enfin, des actions seront entreprises pour assurer le rayonnement de la France.
Trois types d'initiatives sont prévues :
•
Une campagne de communication et de promotion touristique
incluant l'offre de dispositifs tarifaires attractifs, qu'il s'agisse de
transports en commun ou de billetterie.
• Une campagne de valorisation du savoir-faire français à
travers le lancement d'un label « France 2000 » pour les
meilleurs produits
.
• L'organisation de plusieurs événements à
l'étranger
qui seront autant d'échos du programme de la
célébration de l'an 2000 dans des lieux symboliques de la
présence française.