C. LA NÉCESSITÉ D'UNE CONSOLIDATION DES COMPTES
Au delà des liens étroits et des dynamiques quelque peu différentes que peuvent receler les lois de finances et de financement de la sécurité sociale, les arguments ne manquent pas en faveur d'une consolidation de ces comptes.
1. Une vision d'ensemble des finances publiques
Il
convient d'abord de souligner la nécessité de disposer d'une
vision d'ensemble des finances publiques. Les finances sociales sont
aujourd'hui le premier poste des finances publiques : les dépenses
sociales représentaient ainsi 143,3 % du budget de l'Etat en 1998.
L'écart entre les deux ne cesse d'ailleurs d'augmenter.
Par voie de conséquence, l'Etat subit directement ce poids des
dépenses sociales dans son budget
. La part relative des
ministères sociaux ne cesse de croître (+ 4,3 % pour le
budget de l'emploi et de la solidarité à structure constante de
1999 à 2000 par exemple). Les impôts et taxes affectés
à la sécurité sociale suivent la même
évolution : ils passeront en 2000 de 478,2 milliards de francs
à 547,3 milliards de francs, soit une hausse de 14,5 %
résultant pour l'essentiel des transferts de ressources vers le fonds de
financement des 35 heures.
Enfin, ce poids est révélé par l'augmentation croissante
des contributions publiques aux différents régimes de protection
sociale. Il s'agit de l'ensemble des versements de l'Etat aux régimes de
protection sociale, prélevés sur les recettes fiscales. Cela
recouvre :
• les subventions d'équilibre des régimes d'intervention
sociale des pouvoirs publics (comme le RMI, les allocations logement) et des
assurances sociales (comme la branche vieillesse du régime
spécial des mines, la caisse de retraite des marins, les régimes
de la RATP ou de EDF / GDF) ;
• les versements correspondant au financement de certaines prestations
versées par des organismes de protection sociale, comme l'allocation
pour adulte handicapé (AAH) versée par la CNAF.
Ces contributions publiques ont augmenté de 10,5 % entre 1995 et
1998 pour s'élever cette année-là à
391,9 milliards de francs.
A ces dépenses directes s'ajoutent des dépenses de transferts qui
correspondent le plus souvent au remboursement par l'Etat de certains
allégements de charges sociales. Par exemple, les cotisations prises en
charge par l'Etat représentaient 62,7 milliards de francs en 1998 et
s'élèveront à 83 milliards de francs en 2000,
principalement à cause des versements du fonds de financement des 35
heures.
Ce qui vaut pour les dépenses reste juste pour les recettes, c'est
à dire les prélèvements obligatoires.
Le poids
croissant des prélèvements sociaux rend inopérante toute
analyse sur les seuls prélèvements en faveur de l'Etat.
En
effet, alors que les prélèvements obligatoires français
totaux battent des records en Europe et connaissent un niveau historiquement
élevé, notre pays connaît un mouvement
contradictoire : les prélèvements au profit de l'Etat ne
cessent de diminuer tandis que ceux au profit de la protection sociale ne
cessent de croître.
Ainsi, la part des prélèvements obligatoires dans le PIB revenant
aux administrations sociales passera de 20,4 % en 1997 à
21,3 % en 2000, alors que ceux en faveur de l'Etat connaissait un
mouvement inverse, de 17,3 % à 16,9 %.
Les administrations
de sécurité sociale recevront 47,5 % de l'ensemble des
prélèvements obligatoires en 2000 contre 45,4 % en 1997.
2. Pour une cohérence accrue des méthodes comptables
Il faut
ensuite pouvoir et vouloir mener une politique cohérente des finances
publiques françaises et rompre avec la schizophrénie qui semble
caractériser les relations entre Etat et administrations de
sécurité sociale.
Seuls des comptes consolidés permettront de coordonner les
différentes interventions de la sphère publique et de porter un
regard global sur les politiques publiques.
Ainsi, auditionné le 27 octobre 1999 par la commission des affaires
sociales, le premier président de la Cour des comptes, Monsieur Pierre
Joxe, a estimé qu'il était
" désormais
nécessaire d'établir un budget consolidé des
collectivités publiques correspondant à l'ensemble des
prélèvements obligatoires "
.
C'est pourquoi, votre commission des finances vous fera des propositions
allant en ce sens
.