N° 81
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 17 novembre 1999
RAPPORT
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi, ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE, portant ratification des ordonnances n° 98-524 du 24 juin 1998, n° 98-525 du 24 juin 1998, n° 98-581 du 8 juillet 1998, n° 98-775 du 2 septembre 1998 prises en application de la loi n° 98-145 du 6 mars 1998 portant habilitation du Gouvernement à prendre, par ordonnances, les mesures législatives nécessaires à l' actualisation et à l' adaptation du droit applicable outre-mer ,
Par M.
Henri TORRE,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet, vice-présidents ; Jacques-Richard Delong, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Denis Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri Torre, René Trégouët.
Voir
les numéros :
Assemblée nationale
(
11
ème
législ.) :
1175
rect.,
1686
et T.A.
337
.
Sénat :
422
(1998-1999)
Départements et territoires d'outre-mer. |
INTRODUCTION
L'article 38 de la Constitution dispose que "
le
Gouvernement peut, pour l'exécution de son programme, demander au
Parlement l'autorisation de prendre par ordonnances, pendant un délai
limité, des mesures qui sont normalement du domaine de la loi.
"
La loi d'habilitation n° 98-145 du 6 mars 1998 a fixé une liste de
dix-sept domaines dans lesquels le gouvernement est habilité à
prendre des ordonnances. Elle a également prévu que le projet de
loi de ratification devrait être déposé avant le 15
novembre 1998.
Parmi les dix-sept domaines définis par la loi d'habilitation, les
points 4, 9 et 14 concernaient le champ de compétences de votre
commission des finances :
- les dispositions relatives à la déclaration périodique
douanière entre les départements d'outre-mer, à la
modernisation des codes des douanes et au contrôle des transferts
financiers avec l'étranger dans les territoires d'outre-mer et les
collectivités territoriales de Mayotte et de
Saint-Pierre-et-Miquelon ;
- le régime des activités financières dans les territoires
d'outre-mer et les collectivités territoriales de Mayotte et de
Saint-Pierre-et-Miquelon ;
- le régime des privilèges et sûretés du
Trésor et la procédure contentieuse en Polynésie
française.
Ces trois domaines ont donné lieu à la prise des quatre
ordonnances visées par le présent projet de loi de ratification.
Ce projet de loi a été déposé dans le délai
fixé par la loi d'habilitation, le 4 novembre 1998. S'il ne l'avait pas
été, les ordonnances seraient devenues
"
caduques
", comme le prévoit l'article 38 de la
Constitution
1(
*
)
.
Le champ de l'habilitation de la loi du 6 mars 1998, donc, par contraste, le
champ de l'abandon temporaire par le Parlement de ses prérogatives de
législateur, était très vaste et couvrait des
matières aussi diverses que le droit du travail, le droit douanier, le
droit commercial, la santé publique et la sécurité
sociale, l'état civil, la domanialité, l'organisation
juridictionnelle, le régime des activités financières, le
droit pénal, le droit électoral, le régime de la
pêche, celui de l'enseignement supérieur, l'action foncière
ou encore l'urbanisme commercial. Si vaste que l'ensemble de ces domaines n'a
pas été concerné par la prise d'une ordonnance.
La longueur de la liste des domaines concernés par la loi du 6 mars 1998
témoigne de l'ampleur du chantier ouvert par le gouvernement, celui de
l'actualisation de la législation en vigueur outre-mer. En cette
matière, le retard par rapport à la métropole
2(
*
)
est tel que, même si le
législateur décidait de prévoir les modalités de
l'extension à l'outre-mer de chacune des nouvelles dispositions
législatives, il ne le pourrait pas toujours car les textes
adoptés en métropole modifient parfois des dispositions dont
l'applicabilité outre-mer n'a jamais été prévue.
Le dynamisme du gouvernement en cette matière de " mise à
jour " du droit ultramarin doit être salué. Ce dynamisme
confine même à l'activisme puisque, avant même la
ratification par le Parlement des ordonnances prises en application de la loi
d'habilitation du 6 mars 1998, un nouveau projet de loi d'habilitation a
été soumis au Parlement.
Le champ de cette nouvelle loi d'habilitation, n°98-899 du 25 octobre
1999, est encore une fois très étendu. Il concerne douze
domaines, dont deux relevant des compétences de votre commission des
finances : le statut et les missions de l'Institut d'émission des
départements d'outre-mer et les contributions de l'Etat aux ressources
des communes de la Polynésie française.
L'accélération du processus d'actualisation du droit en vigueur
outre-mer s'accompagne d'une novation en matière de procédure.
Les ordonnances prises en application d'une même loi d'habilitation
seront désormais soumises à ratification dans le cadre de
plusieurs projets de lois, renvoyés devant les commissions
compétentes au fond, de manière à permettre un meilleur
contrôle du Parlement sur le contenu des ordonnances.
Le législateur reste cependant confronté à une
difficulté, liée à l'évolution du statut des
différentes collectivités et territoires d'outre-mer. Ainsi,
lorsque la loi d'habilitation du 6 mars 1998 est entrée en vigueur, la
Nouvelle-Calédonie était encore un territoire d'outre-mer. Dans
le cadre du présent projet de loi de ratification, il est possible de
tirer les conséquences de son changement de statut. Toutefois, le
Parlement doit examiner les ordonnances aujourd'hui soumises à
ratification comme si la Polynésie française était encore
un territoire d'outre-mer et n'allait pas, dans quelques mois, se transformer
en pays d'outre-mer.