Projet de loi portant ratification des ordonnances n° 98-520 du 24 juin 1998, n° 98-521 du 24 juin 1998, n° 98-523 du 24 juin 1998, n° 98-526 du 24 juin 1998, n° 98-776 du 2 septembre 1998, n° 98-777 du 2 septembre 1998 prises en application de la loi n° 98-145 du 6 mars 1998 portant habilitation du Gouvernement à prendre, par ordonnances, les mesures législatives nécessaires à l'actualisation et à l'adaptation du droit applicable outre-mer
HUCHON (Jean)
RAPPORT 77 (1999-2000) - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
Table des matières
-
AVANT-PROPOS
- I. LE RECOURS À LA PROCÉDURE DE L'ARTICLE 38 DE L'OUTRE-MER
-
II. LES SIX ORDONNANCES VISÉES PAR LE PROJET DE LOI
DE RATIFICATION
- 1. Ordonnance n° 98-520 du 24 juin 1998 relative à l'action foncière, aux offices d'intervention économique dans le secteur de l'agriculture et de la pêche et à l'aide au logement dans la collectivité territoriale de Mayotte
- 2. Ordonnance n° 98-521 du 24 juin 1998 portant extension et adaptation de règles acoustiques et thermiques en matière de construction dans les départements d'outre-mer, de règles de sécurité et d'accessibilité des bâtiments dans la collectivité territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon et du régime d'épargne logement en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française et modifiant le code de la construction et de l'habitation.
- 3. Ordonnance n° 98-523 du 24 juin 1998 relative au régime de la pêche maritime dans le territoire des Terres australes et antarctiques françaises
- 4. Ordonnance n° 98-526 du 24 juin 1998 réglementant l'urbanisme commercial dans la collectivité territoriale de Mayotte
- 5. Ordonnance n° 98-776 du 2 septembre 1998 portant modification de la composition de l'assemblée permanente des chambres d'agriculture
- 6. Ordonnance n° 98-777 du 2 septembre 1998 portant dispositions particulières aux cessions à titre gratuit des terres appartenant au domaine privé de l'Etat en Guyane
- III. LES MODIFICATIONS APPORTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE
-
ANNEXE -
TEXTE DES ORDONNANCES SOUMISES À RATIFICATION
N° 77
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 17 novembre 1999
RAPPORT
FAIT
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi, ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE, portant ratification des ordonnances n° 98-520 du 24 juin 1998, n° 98-521 du 24 juin 1998, n° 98-523 du 24 juin 1998, n° 98-526 du 24 juin 1998, n° 98-776 du 2 septembre 1998, n° 98-777 du 2 septembre 1998 prises en application de la loi n° 98-145 du 6 mars 1998 portant habilitation du Gouvernement à prendre, par ordonnances, les mesures législatives nécessaires à l' actualisation et à l' adaptation du droit applicable outre-mer ,
Par M.
Jean HUCHON,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Jean François-Poncet, président ; Philippe François, Jean Huchon, Jean-François Le Grand, Jean-Pierre Raffarin, Jean-Marc Pastor, Pierre Lefebvre, vice-présidents ; Georges Berchet, Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Louis Moinard, secrétaires ; Louis Althapé, Pierre André, Philippe Arnaud, Mme Janine Bardou, MM. Bernard Barraux, Michel Bécot, Jacques Bellanger, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye, Gérard César, Marcel-Pierre Cleach, Gérard Cornu, Roland Courteau, Charles de Cuttoli, Désiré Debavelaere, Gérard Delfau, Marcel Deneux, Rodolphe Désiré, Michel Doublet, Xavier Dugoin, Bernard Dussaut , Jean-Paul Emin, André Ferrand, Hilaire Flandre, Alain Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Serge Godard, Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard Joly, Alain Journet, Gérard Larcher, Patrick Lassourd, Edmond Lauret, Gérard Le Cam, André Lejeune, Guy Lemaire, Kléber Malécot, Louis Mercier, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel Percheron, Bernard Piras, Jean-Pierre Plancade, Ladislas Poniatowski, Paul Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet, Jean-Jacques Robert, Josselin de Rohan, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, MM. Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, Henri Weber.
Voir le
numéro :
Sénat :
423
(1998-1999)
Départements et territoires d'outre-mer. |
AVANT-PROPOS
Mesdames, Messieurs,
Le Sénat est saisi, après son adoption par l'Assemblée
nationale, du projet de loi n° 423 portant ratification de six ordonnances
prises en application de la loi n° 98-145 du 6 mars 1998.
Celle-ci, en application de l'article 38 de la Constitution, habilitait le
Gouvernement à prendre, par ordonnances, les mesures législatives
nécessaires à l'actualisation et à l'adaptation du droit
applicable outre-mer.
I. LE RECOURS À LA PROCÉDURE DE L'ARTICLE 38 DE L'OUTRE-MER
1. Le contexte spécifique de l'outre-mer en matière législative
Il
convient de rappeler que, tant les territoires d'outre-mer, à savoir
Wallis-et-Futuna et les Terres australes et antarctiques françaises
(TAAF), que Mayotte, la Nouvelle-Calédonie et enfin la Polynésie
françaises, qui constitue un pays d'outre-mer, sont régis par le
principe de la spécialité législative. En dehors des lois
dites de souveraineté, notamment les lois constitutionnelles qui, par
leur objet, ont vocation à s'appliquer " à l'ensemble du
territoire de la République ", les lois métropolitaines ne
leurs sont pas applicables de plein droit. La législation applicable
dans les territoires et pays d'outre-mer, ainsi qu'en
Nouvelle-Calédonie, provient soit de textes spécifiques, soit de
textes prévoyant une mention expresse d'applicabilité outre-mer.
S'agissant des départements d'outre-mer et de Saint-Pierre-et-Miquelon,
le régime est celui de l'assimilation législative,
c'est-à-dire que les lois votées par le Parlement s'y appliquent
de plein droit. Néanmoins, il est souvent nécessaire de
prévoir des mesures d'adaptation pour tenir compte de leur
spécificité.
Malgré la circulaire du 15 juin 1990 relative à
l'application des textes législatifs et réglementaires outre-mer,
qui recommandait, pour les textes ne soulevant pas de difficultés
majeures, l'insertion d'une mention spécifique d'applicabilité
à l'outre-mer, nombre de textes n'ont pas été
complétés par cette mention. Par ailleurs, pour les textes
nécessitant une adaptation, le calendrier chargé des
assemblées parlementaires n'a pas permis d'examiner de lois d'extension
à un rythme suffisamment régulier.
Pour toutes ces raisons, il s'est accumulé un retard
préjudiciable dans l'application et la rénovation du droit en
vigueur outre-mer. Le Gouvernement a donc choisi la procédure
d'habilitation prévue à l'article 38 de la Constitution pour
combler ce retard, en procédant par ordonnances. En l'espèce,
l'article 2 de la loi du 6 mars 1998 autorisait le Gouvernement à
prendre, par ordonnances, les mesures législatives nécessaires
jusqu'au 15 septembre 1998.
2. L'intérêt d'une ratification par le Parlement
Au cours
des débats sur le projet de loi d'habilitation, les rapporteurs, tant du
Sénat que de l'Assemblée nationale, ont émis le voeu que
le Parlement ne soit pas dessaisi, soulignant l'ampleur de l'habilitation
accordée au Gouvernement. Il a été ainsi prévu que
plusieurs projets de ratification seraient déposés par le
Gouvernement, afin de garantir un meilleur contrôle du Parlement. En
effet, réparties à travers ces quatre projets de loi, les
ordonnances sont examinées par les commissions compétentes au
fond et non pas seulement par la Commission des lois.
On peut rappeler que la validité des ordonnances prises en application
de l'article 38 est subordonnée au seul dépôt d'un projet
de loi de ratification dans un délai fixé par la loi
d'habilitation. En l'espèce, le délai fixé par la loi du
6 mars 1998 expirait le 15 novembre 1998 et les projets de loi de
ratification furent déposés le 4 novembre 1998 sur le bureau
de l'Assemblée nationale.
La plupart du temps, le projet de loi de ratification n'est pas discuté
par le Parlement, car cette étape n'est pas nécessaire à
la validité des ordonnances prises. Ainsi, entre 1960 et 1990, seules 30
des 158 ordonnances prises en application de l'article 38 de la
Constitution ont été expressément ratifiées. Il
faut donc saluer ici la volonté du Gouvernement d'associer le Parlement
au processus de modernisation du droit de l'outre-mer.
Il convient de signaler également que ce projet de loi de ratification
des ordonnances a été soumis pour avis aux collectivités
territoriales d'outre-mer concernées. Le Conseil général
de Guadeloupe, le conseil régional de l'Ile de la Réunion, le
Conseil général de Saint-Pierre-et-Miquelon, ainsi que le
Congrès de la Nouvelle-Calédonie ont émis un avis
favorable sur le projet de loi de ratification des ordonnances, qui nous est
soumis aujourd'hui.
Enfin, il est intéressant de rappeler que l'adoption d'un projet de loi
de ratification lève toute ambiguïté sur la nature
même des ordonnances. En effet, les ordonnances, dont le projet de loi de
ratification a été déposé mais non adopté
par le Parlement, conservent le caractère d'actes administratifs, selon
une jurisprudence constante du Conseil d'Etat -développée
à propos des décrets-lois- remontant à l'arrêt
Compagnie des chemins de fer de l'Est du 6 décembre 1907. Cette
jurisprudence a été notamment appliquée aux ordonnances
prises en vertu de l'article 38 de la Constitution
(CE. Ass., 24 novembre 1961, Fédération nationale
des syndicats de police).
Les ordonnances qui n'ont pas été ratifiées sont donc
susceptibles d'être discutées au contentieux dans les mêmes
conditions que tout acte administratif.
Par ailleurs, le dernier alinéa de l'article 38 de la Constitution
précise, qu'au-delà du délai d'habilitation fixé
au Gouvernement par la loi, pour prendre les mesures législatives
nécessaires, " les ordonnances ne peuvent plus être
modifiées que par la loi dans les matières qui sont du domaine
législatif ".
Ainsi, tant que le projet de loi de ratification n'est pas adopté par le
Parlement, les dispositions des ordonnances qui relèvent du domaine
législatif sont des actes administratifs mais elles ne peuvent
être modifiées que par la loi, puisque le délai
d'habilitation est expiré.
Pour assurer une meilleure lisibilité du dispositif juridique
adopté pour l'outre-mer, il est donc important d'examiner le projet de
loi de ratification des ordonnances.
Mais votre rapporteur s'étonne
et regrette que le texte des ordonnances ne soit pas annexé à ce
projet de loi, alors même que le Parlement a la possibilité
d'amender ces ordonnances à l'occasion de leur ratification.
II. LES SIX ORDONNANCES VISÉES PAR LE PROJET DE LOI DE RATIFICATION
1. Ordonnance n° 98-520 du 24 juin 1998 relative à l'action foncière, aux offices d'intervention économique dans le secteur de l'agriculture et de la pêche et à l'aide au logement dans la collectivité territoriale de Mayotte
L'ordonnance n° 98-520 du 24 juin 1998, prise en
application du 15° de l'article premier de la loi n° 98-145 du
6 mars 1998, s'applique exclusivement à la collectivité
territoriale de Mayotte. Elle prévoit :
- d'optimiser l'intervention, déjà prévue par
convention, du Centre national pour l'aménagement des structures et
exploitations agricoles (CNASEA) comme opérateur foncier de la
collectivité territoriale en lui ouvrant, pour une durée de cinq
ans maximum, le droit d'acquérir des terres par exercice du droit de
préemption ;
Il convient de préciser que l'article premier de cette ordonnance fait
application de deux codes : un code de l'urbanisme et un code du domaine
de l'Etat et des collectivités territoriales, applicables exclusivement
dans la collectivité territoriale de Mayotte, tels que
rédigés par les ordonnances 90-571 du 25 juin 1990 et
92-1139 du 12 octobre 1992.
A ce sujet, votre rapporteur regrette que ces codes appliqués sur une
partie du territoire national ne fassent l'objet d'aucune publication
officielle. Ainsi, s'agissant de l'ordonnance n° 90-571 du
25 juin 1990, elle est simplement mentionnée dans une note
d'observation sous l'article L. 600-5 du code de l'urbanisme, ce qui
n'offre pas de conditions satisfaisantes pour connaître ce texte.
- d'étendre le champ d'intervention des Offices de
développement de l'agriculture ou de la pêche prévus par la
loi du 6 octobre 1982, et notamment de l'Office de développement de
l'économie agricole dans les départements d'outre-mer (ODEADOM).
Ces Offices, créés dans le cadre de la politique agricole
européenne, pourront désormais soutenir la politique agricole
mahoraise dans le respect des règles posées par la IVème
partie du traité instituant la Communauté européenne
associant cette collectivité territoriale et l'Union
européenne ;
- de donner une base législative à la mise en oeuvre, par
arrêtés préfectoraux, d'une nouvelle politique de l'Etat en
matière d'aide au logement social, notamment par l'introduction du
prêt à taux zéro ou, pour les communes, par le financement
de programmes locaux d'habitat.
2. Ordonnance n° 98-521 du 24 juin 1998 portant extension et adaptation de règles acoustiques et thermiques en matière de construction dans les départements d'outre-mer, de règles de sécurité et d'accessibilité des bâtiments dans la collectivité territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon et du régime d'épargne logement en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française et modifiant le code de la construction et de l'habitation.
L'ordonnance n° 98-521 du 24 juin 1998, prise en
application du 3° de l'article premier de la loi n° 98-145 du
6 mars 1998, vise :
- pour les départements d'outre-mer, à permettre
l'adaptation, par décret en Conseil d'Etat, des normes de construction
métropolitaines en matière acoustique et thermique pour tenir
compte des conditions climatiques locales ;
- pour Saint-Pierre-et-Miquelon, à étendre les dispositions
du code de la construction et de l'habitation relatives à l'accès
aux lieux publics par les personnes handicapées, à la
sécurité des équipements des immeubles et aux
règles de sécurité intéressant les bâtiments
les plus vétustes ; ainsi, le délai de mise en
conformité des cabines d'ascenseurs est fixé au
31 décembre 2001 ;
- pour la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie
française, à appliquer celles des dispositions du régime
métropolitain de l'épargne logement prévues aux articles
L.315-1, 2 et 3 du Code de la construction et de l'habitation. Le dispositif
prévu est, en effet, identique à celui des départements
français, sauf pour ce qui concerne la participation des territoires au
financement de la prime d'épargne, à part égale avec
l'Etat. Le coût de la mesure pour celui-ci est estimé à
40 millions de francs environ en année pleine.
S'agissant, par exemple, de la Nouvelle-Calédonie, l'extension consiste
à créer les Comptes Epargne Logement (CEL) et les Plans d'Epargne
Logement (PEL) dans les banques domiciliées en Nouvelle-Calédonie.
Pour compléter le dispositif, il convient de rendre applicable la partie
réglementaire relative à l'épargne logement à la
Nouvelle-Calédonie et d'arrêter, par voie de convention entre le
Haut-Commissariat de Nouvelle-Calédonie et le Territoire, les
modalités de répartition du versement de la prime.
Le Secrétariat d'Etat à l'Outre-mer et le ministère de
l'économie des finances et de l'industrie ont proposé, à
cet effet, au Haut-Commissaire de Nouvelle-Calédonie (aux fins de
consultation du Congrès du Territoire), un projet de convention relative
aux modalités de versement de la prime d'épargne :
- pour les CEL, la prime sera prise en charge à parité entre
l'Etat et le Territoire si l'investissement correspondant est situé en
Nouvelle-Calédonie (sinon, l'Etat prendra en charge la
totalité) ;
- pour les PEL, la prime étant versée au moment du retrait
des fonds, la prime sera toujours prise en charge à parité
Etat-Territoire ; cela suppose que le Territoire est susceptible
d'intervenir, même s'il concerne un investissement non localisé en
Nouvelle-Calédonie.
3. Ordonnance n° 98-523 du 24 juin 1998 relative au régime de la pêche maritime dans le territoire des Terres australes et antarctiques françaises
L'ordonnance n° 98-523 du 24 juin 1998, prise en
application du 12° de l'article premier de la loi n° 98-145 du
6 mars 1998, modifie certaines des dispositions de la loi n° 66-400
du 18 juin 1966 sur l'exercice de la pêche maritime et
l'exploitation des produits de la mer dans le territoire des Terres australes
et antarctiques françaises :
Elle précise notamment son champ d`application géographique
maritime, fixe l'assiette, le taux et les modalités de recouvrement d'un
droit de sortie relatif à la pêche à la langouste, pouvant
être perçu au profit du budget du territoire lorsque sont
délivrées des autorisations de pêche. Enfin, elle permet
d'identifier les fonctionnaires chargés de procéder à la
saisie des navires ayant servi à pêcher en infraction avec les
dispositions de la loi du 18 juin 1966.
Il s'agit de mesures garantissant la légalité des dispositifs de
répression destinés à lutter contre l'exploitation massive
et illégale des ressources halieutiques des Terres australes et
antarctiques françaises, notamment la pêche de la légine,
qui est un poisson très apprécié sur les marchés
asiatiques. Faute d'un accord international entre les pays concernés,
les autorités françaises ont considérablement
relevé le montant des amendes et procédé en 1999 à
l'arraisonnement et à la destruction de trois palangriers.
4. Ordonnance n° 98-526 du 24 juin 1998 réglementant l'urbanisme commercial dans la collectivité territoriale de Mayotte
L'ordonnance n° 98-526 du 24 juin 1998, prise en
application du 17° de l'article premier de la loi n° 98-145 du
6 mars 1998, vise à introduire à Mayotte de nouvelles
dispositions relatives aux activités commerciales et artisanales.
Pour ce faire, elle crée une commission territoriale d'organisation des
activités commerciales et artisanales chargée, d'une part,
d'examiner les demandes d'autorisation d'exploitation commerciale, notamment
les projets d'implantation de grandes surfaces et, d'autre part, de faire des
propositions pour faciliter l'adaptation du commerce et de l'artisanat
traditionnel afin de moderniser ces secteurs d'activités tout en
préservant l'équilibre entre le commerce et l'artisanat
traditionnel local.
Elle s'inspire en conséquence de la loi n° 73-1193 du
27 décembre 1973 d'orientation du commerce et de l'artisanat
modifiée par la loi du 5 juillet 1996, pour la composition de la
Commission territoriale d'organisation des activités commerciales et
artisanales. Elle prévoit également les modalités d'appel
contre les décisions de cette commission qui relèveront de la
Commission nationale d'équipement commercial créee par
l'article 33 de la loi du 27 décembre 1973.
5. Ordonnance n° 98-776 du 2 septembre 1998 portant modification de la composition de l'assemblée permanente des chambres d'agriculture
L'ordonnance n° 98-776 du 2 septembre 1998 prise en
application du 16° de l'article premier de la loi n° 98-145 du
6 mars 1998 modifie le code rural afin de permettre aux présidents
des chambres d'agriculture de la Nouvelle-Calédonie et de la
Polynésie française d'adhérer, au nom des organismes
qu'ils président, à l'assemblée permanente des chambres
d'agriculture, avec voie délibérative lorsqu'une affaire les
concernant y est présentée.
Cette mesure permet de formaliser les liens étroits entretenus avec
cette assemblée et d'assurer de manière plus efficace la
coopération et l'assistance technique entre les chambres
départementales d'agriculture et celles de ces deux territoires.
6. Ordonnance n° 98-777 du 2 septembre 1998 portant dispositions particulières aux cessions à titre gratuit des terres appartenant au domaine privé de l'Etat en Guyane
L'ordonnance n° 98-777 du 2 septembre 1998, prise en
application du 7° de l'article premier de la loi n° 98-145 du
6 mars 1998, modifie et élargit les modalités de cession
à titre gratuit du domaine privé de l'Etat en Guyane. Celui-ci
couvre presque 90 % de la surface du département et des lois
successives ont aménagé les dispositifs permettant de
régler les problèmes fonciers résultant notamment des
occupations sans titre.
La loi du 29 décembre 1989 a, ainsi, rendu possible les cessions
à titre gratuit de terrains dépendant du domaine privé de
l'Etat, aux titulaires de concessions accordées par l'Etat, ainsi qu'aux
agriculteurs exploitants depuis au moins cinq ans.
L'article premier de l'ordonnance n° 98-777 conforte ce dispositif et en
ouvre le bénéfice aux personnes morales dont l'objet est
essentiellement agricole et dont plus de 50 % du capital social appartient
à des agriculteurs.
L'obligation de maintenir l'usage agricole des terres cédées
pendant trente ans est confirmée.
L'ordonnance étend également ce mécanisme de cessions
à titre gratuit à des terrains autres qu'agricoles, dans le
respect des dispositions prévues par les collectivités locales en
matière d'urbanisme. Il pourra s'agir notamment des terrains
occupés par des constructions à usage d'habitation. Il est
précisé que le bénéficiaire de la cession s'engage
à conserver ce terrain pendant une durée de quinze ans minimum.
III. LES MODIFICATIONS APPORTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE
L'Assemblée nationale a procédé à
quelques rectifications formelles, notamment pour tenir compte du vote de lois
intervenu après l'adoption d'une des ordonnances soumise à
ratification.
En effet, l'article 2 de l'ordonnance n° 98-520 complétait,
par un article 34, la loi n° 82-847 du 6 octobre 1982 sur
les offices d'intervention agricoles, afin d'étendre les
compétences de l'office de développement de l'économie
agricole de l'outre-mer (ODEA-DOM) à Mayotte. Or, la loi
n° 98-565 du 8 juillet 1998 relative à la codification du
livre VI du code rural a abrogé plusieurs articles de la loi du
6 octobre 1982, dont cet article 34.
Cette difficulté ayant été constatée, la loi
n° 98-984 du 3 novembre 1998, visant à la création
d'un office des produits de la mer et de l'aquaculture et étendant
à la collectivité territoriale de Mayotte les offices
d'intervention prévus au livre VI du code rural, a rétabli et
codifié les dispositions de l'article 2 de
l'ordonnance n° 98-520.
Devenu sans objet, cet article a donc été abrogé par
l'Assemblée nationale.
L'Assemblée nationale a adopté également deux
modifications -l'une visant à rectifier une erreur matérielle et
l'autre clarifiant la rédaction d'un article- portant sur l'article
premier de l'ordonnance n° 98-521 du 24 juin 1998.
*
* *
Sur proposition de son rapporteur, la Commission des Affaires économiques a adopté ce projet de loi sans modification.
ANNEXE -
TEXTE DES ORDONNANCES SOUMISES À
RATIFICATION
1
. Ordonnance
n° 98-520
du 24
juin 1998
relative à l'action foncière, aux offices d'intervention
économique dans le secteur de l'agriculture et de la pêche et
à l'aide au logement dans la collectivité territoriale de Mayotte.
2
. Ordonnance
n° 98-521
du 24 juin 1998 portant
extension et adaptation de règles acoustiques et thermiques en
matière de construction dans les départements d'outre-mer, de
règles de sécurité et d'accessibilité des
bâtiments dans la collectivité territorial de
Saint-Pierre-et-Miquelon et du régime d'épargne logement en
Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française et modifiant
le code de la construction et de l'habitation.
3
. Ordonnance
n° 98-523
du 24 juin 1998 relative
au régime de la pêche maritime dans le territoire des Terres
australes et antarctiques françaises.
4
. Ordonnance
n° 98-526
du 24 juin 1998
réglementant l'urbanisme commercial dans la collectivité
territoriale de Mayotte.
5
. Ordonnance
n° 98-776
du 2 septembre 1998
portant modification de la composition de l'assemblée permanente des
chambres d'agriculture.
6
. Ordonnance
n° 98-777
du 2 septembre 1998
portant dispositions particulières aux cessions à titre gratuit
des terres appartenant au domaine privé de l'Etat en Guyane.