N°
376
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 26 mai 1999
RAPPORT
FAIT
au nom de la commission des Affaires sociales (1) sur le projet de loi, ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE APRÈS DÉCLARATION D'URGENCE, portant création d'une couverture maladie universelle ,
Par M.
Charles DESCOURS,
Sénateur.
Tome I
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Jean Delaneau,
président
; Jacques Bimbenet, Louis Boyer, Mme Marie-Madeleine
Dieulangard, MM. Guy Fischer, Jean-Louis Lorrain, Louis Souvet,
vice-présidents
; Mme Annick Bocandé, MM. Charles
Descours, Alain Gournac, Roland Huguet,
secrétaires
; Henri
d'Attilio, François Autain, Paul Blanc, Mme Nicole Borvo, MM.
Jean-Pierre Cantegrit, Bernard Cazeau, Gilbert Chabroux, Jean Chérioux,
Philippe Darniche, Christian Demuynck, Claude Domeizel, Jacques Dominati,
Michel Esneu, Alfred Foy, Serge Franchis, Francis Giraud, Claude Huriet,
André Jourdain, Philippe Labeyrie, Roger Lagorsse, Dominique Larifla,
Henri Le Breton, Dominique Leclerc, Marcel Lesbros, Simon Loueckhote, Jacques
Machet, Georges Mouly, Lucien Neuwirth, Philippe Nogrix, Mme Nelly Olin, MM.
Lylian Payet, André Pourny, Mme Gisèle Printz, MM. Henri de
Raincourt, Bernard Seillier, Martial Taugourdeau, Alain Vasselle, Paul
Vergès, André Vezinhet, Guy Vissac.
Voir les numéros :
Assemblée nationale (11
ème
législ.) :
1419
,
1518
et T.A.
288
.
Sénat
:
338
et
382
(1998-1999).
Assurance maladie maternité. |
TRAVAUX DE LA COMMISSION
I. AUDITION DE MME AUBRY, MINISTRE DE L'EMPLOI ET DE LA SOLIDARITÉ
Réunie le
mardi 18 mai 1999
, sous la
présidence de
M. Jean Delaneau, président,
la commission a
procédé à
l'audition de Mme Martine Aubry, ministre de
l'emploi et de la solidarité, sur le projet de loi n° 338
(1998-1999), adopté par l'Assemblée nationale, après
déclaration d'urgence,
portant
création d'une
couverture maladie universelle
(CMU)
.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a
rappelé que la loi d'orientation relative à la lutte contre les
exclusions, par certaines de ses dispositions (programmes régionaux
d'accès aux soins, permanences d'accès aux soins de
santé), avait annoncé le projet de loi portant création
d'une couverture maladie universelle. Elle a souligné que l'apport
essentiel de la CMU consistait à mettre un terme à l'inadmissible
injustice que représentait l'inégalité devant la
prévention et les soins, le niveau de revenu ne devant plus introduire
de discrimination dans le domaine de la santé. Elle a indiqué
qu'un Français sur quatre renonçait à se soigner pour des
raisons financières et que l'espérance de vie variait
considérablement en fonction des critères socioprofessionnels,
l'écart ayant tendance à s'accroître à nouveau,
tandis que des pathologies, comme la tuberculose, réapparaissaient.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a
indiqué que le projet de loi comprenait deux parties distinctes. La
première partie correspondait au projet d'assurance maladie universelle
sur lequel avait travaillé le précédent Gouvernement. Elle
a indiqué que le projet de loi disposait ainsi que tout résident
stable et régulier qui n'aurait pas de droits ouverts auprès d'un
régime de sécurité sociale bénéficierait,
sur la seule justification de sa résidence régulière, des
prestations du régime général. Elle a
précisé que les personnes au revenu supérieur à
3.500 francs par mois, pour un célibataire, s'acquitteraient d'une
cotisation proportionnelle au revenu au-delà de ce seuil. Elle a
expliqué que l'affiliation serait à la fois immédiate -la
caisse concernée recherchant ensuite si la personne ne peut
bénéficier de droits à un autre titre- et automatique, sur
présentation de la carte d'identité, ou, s'il s'agit d'un
étranger, de la carte de séjour. Elle a souligné que les
droits aux prestations en nature seraient ouverts dès le
dépôt de la demande et que leur continuité serait garantie,
le paiement de cotisations ne constituant plus un préliminaire à
l'accès aux soins. Elle a observé que 700.000 personnes n'avaient
pas accès actuellement à un régime de base obligatoire,
550.000 d'entre elles étant affiliées au régime de
l'assurance personnelle (dont 50.000 cotisants), régime complexe
qui laisse subsister une population de 150.000 personnes ne
bénéficiant d'aucune couverture maladie.
Elle a observé que la seconde partie du projet de loi visait à
ouvrir un droit à la couverture complémentaire pour les 10 % de
personnes les plus modestes de la population. Elle a constaté que
l'assurance maladie laissait 25 % des dépenses de santé
à la charge des ménages, alors que de nombreux pays
européens garantissent un accès gratuit. Précisant que
84 % de la population disposent d'une couverture complémentaire
prenant en charge le forfait hospitalier et le ticket modérateur, elle a
observé que cette proportion tombait à 45 % dans la tranche
des revenus inférieurs à 2.000 francs par mois. Elle a
indiqué que l'aide médicale gérée par les
départements n'avait pas résolu ces problèmes
d'accès aux soins, en raison de barèmes de ressources trop
restrictifs dans certains départements, certains se limitant à
l'obligation légale de prise en charge des bénéficiaires
du RMI. Elle a précisé que la couverture maladie universelle
permettrait à 6 millions de personnes de bénéficier
d'une couverture complémentaire, définie de manière
égale sur tout le territoire. Elle a souligné que les soins,
comme le forfait hospitalier, seraient pris en charge à 100 % et
que des remboursements adaptés seraient mis en place pour les
prothèses dentaires et l'optique. S'agissant du problème de
l'avance de frais, elle a observé que les personnes aux revenus les plus
modiques bénéficieraient du tiers payant tant sur les prestations
obligatoires qu'au titre de la couverture complémentaire.
Abordant la question de l'effet de seuil, induit par la fixation d'un plafond
de revenus par unité de consommation fixé à 3.500 francs
pour une personne seule, elle a constaté qu'il était
particulièrement difficile de l'éviter. Elle a observé que
les départements avaient, à l'heure actuelle, recours au
même système. Elle a expliqué qu'un certain nombre de
mécanismes serait mis en place pour en atténuer au maximum les
effets :
- les droits à la couverture complémentaire seront ouverts
pendant un an, quelle que soit l'évolution du revenu des
bénéficiaires pendant la période de
référence ;
- les bénéficiaires de la couverture maladie universelle (CMU)
qui viendraient à dépasser le seuil de revenus et qui auront
choisi une mutuelle ou une assurance, verront leurs droits à la
couverture complémentaire prolongés d'un an à un tarif
préférentiel ;
- les fonds d'action sociale des caisses, soulagés par la mise en place
de la CMU, pourront intervenir pour les personnes dont les ressources sont
supérieures au barème, mais qui rencontreraient des
problèmes particuliers.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a
évoqué les critiques des députés de l'opposition,
qu'elle a jugées contradictoires. Elle a constaté qu'il
n'était pas possible simultanément de dénoncer un
système d'assistance généralisé et demander le
relèvement du plafond de ressources de 3.500 francs à 3.800
francs, ce qui concernerait 2,5 millions de personnes
supplémentaires, pour un coût de 2,5 à 3 milliards de
francs.
Présentant le financement du dispositif, elle a constaté que la
mise en oeuvre de la couverture maladie universelle n'aggravait pas le
déficit de la sécurité sociale, le coût de la
couverture complémentaire étant pris en charge, au sein d'un
fonds spécifique, par l'Etat et par une contribution des organismes de
protection complémentaire, portant sur 1,75 % de leur chiffre
d'affaires consacré à la santé. Elle a
précisé que les sommes consacrées par les
départements au titre de la couverture complémentaire seraient
transférées à l'Etat à hauteur de 95 %, les
5 % restants, conservés par les départements, pouvant
être consacrés à l'action sociale. Elle a reconnu que les
départements qui avaient consacré des efforts importants en
matière d'aide médicale étaient pénalisés.
Elle a observé que ces départements disposaient de ressources
plus importantes que les autres. Elle a précisé que ce
système -dont le principal mérite est la simplicité- avait
reçu l'aval de l'Association des départements de France.
Evoquant le chiffre de 1.500 francs retenu pour l'évaluation
financière de la couverture santé d'un ressortissant de la CMU,
elle a précisé que ce montant avait été retenu en
concertation avec les mutuelles et les compagnies d'assurance. Elle a
observé que les études réalisées au sein des
départements montraient que la consommation médicale des plus
défavorisés restait inférieure de 10 % à la
consommation moyenne. Elle a reconnu qu'un phénomène de
rattrapage pouvait exister, mais qu'il restait tout à fait temporaire.
S'agissant de la gestion de la prestation, elle a observé que le choix
d'un système mixte était justifié par plusieurs
considérations, au premier rang desquelles l'intérêt des
bénéficiaires. Elle a constaté qu'il était apparu
plus efficace de permettre leur inscription aussi bien auprès de la
caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) que des sociétés
d'assurance, des mutuelles et des institutions de prévoyance afin de ne
pas courir le risque d'une carence dans l'application de la loi en cas
d'engagement insuffisant de ces dernières ou d'une rupture
d'adhésion. Elle a considéré que cette formule mixte
était à la fois la plus simple et la plus souple, la CPAM pouvant
compenser, le cas échéant, la défaillance des autres
acteurs de la protection complémentaire.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité
, a
souhaité, en conclusion, que la réforme fondamentale que
proposait le projet de loi puisse recevoir une large adhésion.
A titre préliminaire,
M. Charles Descours, rapporteur,
a
indiqué au ministre que le dépôt de contre-propositions au
projet de loi portant création d'une couverture maladie universelle, par
des membres de la majorité comme de l'opposition, ne signifiait pas que
les parlementaires ne considéraient pas que l'accès aux soins
pour tous constituait une base de la démocratie.
Il a demandé à Mme Martine Aubry ce qu'elle pensait des
protocoles d'accord conclus entre l'assurance maladie et les
représentants des assureurs et des mutuelles, si elle estimait que les
6 millions de personnes concernées par la CMU constituaient une
catégorie homogène de la population devant se voir proposer une
solution unique. Il l'a également interrogée sur la
compatibilité des dispositions du projet de loi avec le droit
européen et il lui a demandé selon quels moyens elle s'en
était assurée.
Il a rappelé que M. Jean-Pierre Davant, président de la
Fédération nationale de la mutualité française
(FNMF), avait affirmé devant la commission que l'estimation du
coût de la couverture complémentaire à 1.500 francs
par personne était sous-évaluée.
Il a demandé au ministre comment elle comptait éviter que les
étudiants issus des classes moyennes décident de sortir du foyer
fiscal de leurs parents afin de bénéficier de l'allocation
logement et de la CMU.
Rappelant les propos du ministre selon lesquels ce sont les réticences
du monde mutualiste à assurer la couverture complémentaire des
populations bénéficiaires de la CMU qui ont conduit le
Gouvernement à proposer qu'elles puissent s'adresser aussi aux caisses
primaires,
M. Charles Descours, rapporteur,
s'est demandé si les
réticences prises en compte n'avaient pas été celles des
associations.
Il lui a enfin demandé à quelle date serait réunie la
commission des comptes de la sécurité sociale.
Répondant aux questions du rapporteur,
Mme Martine Aubry, ministre de
l'emploi et de la solidarité,
a rappelé qu'à
l'Assemblée nationale, pas un des députés membres de
l'opposition n'avait affirmé de désaccord avec l'ambition
poursuivie par le projet de loi, mais que pas un non plus n'avait voté
en faveur du texte.
Elle a affirmé qu'elle ne pouvait accepter que le protocole conclu entre
l'assurance maladie et les représentants des assureurs et des mutuelles
ne prévoie l'intervention des caisses primaires d'assurance maladie pour
assurer la couverture complémentaire des bénéficiaires de
la CMU que sous des conditions restrictives.
Rappelant que les associations étaient au départ favorables au
scénario partenarial proposé par M. Jean-Claude Boulard,
parlementaire en mission,
Mme Martine Aubry
a déclaré
qu'elles avaient ensuite exprimé des craintes face aux réactions
des mutuelles et avaient finalement affirmé leur
préférence pour la possibilité d'une gestion de la
couverture complémentaire par les CPAM.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a
indiqué que la Fédération nationale de la mutualité
française (FNMF) était à l'origine du chiffrage des
1.500 francs par personne et par an du coût de la couverture
complémentaire et que ce chiffrage avait été
vérifié à l'aide des statistiques des
départements : cette vérification avait d'ailleurs permis de
constater que le coût réel s'établissait à un niveau
inférieur de 10 % à ces 1.500 francs.
Constatant que personne n'avait intérêt à
sous-évaluer ce coût, elle s'est déclarée favorable
à l'établissement d'un bilan d'application de la loi, qui
pourrait conduire à une réévaluation, si celle-ci se
révélait nécessaire.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a
jugé importante la question posée par M. Charles Descours,
rapporteur
,
sur l'homogénéité du groupe
constitué par les bénéficiaires potentiels de la CMU et
elle a rappelé qu'elle s'était interrogée sur la
légitimité d'un droit à des soins gratuits sans aucune
contribution de leur part. Elle a toutefois observé que l'institution
d'une cotisation d'un montant peu élevé, de 30 à
50 francs, se heurterait aux difficultés financières de
beaucoup de bénéficiaires de la CMU et se traduirait par un
coût de recouvrement important. Elle a affirmé qu'elle
préférait proposer une loi dont les dispositions seraient, en
pratique, applicables, quitte à ne pas prévoir de contribution.
Evoquant la compatibilité des dispositions du projet de loi avec le
droit communautaire,
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la
solidarité,
a indiqué que le secrétariat
général du Gouvernement, comme le Conseil d'Etat, n'avaient
formulé aucune observation à cet égard. Elle a
également répondu à M. Charles Descours, rapporteur, que
seuls pourraient bénéficier de la CMU les étudiants qui
n'habitent pas chez leurs parents et ne sont plus inclus dans leur foyer
fiscal. Elle a enfin déclaré que la réunion de la
commission des comptes de la sécurité sociale se tiendrait le 31
mai prochain.
M. Jacques Oudin, rapporteur pour avis de la commission des finances,
a
particulièrement insisté sur les dérives
financières susceptibles d'être entraînées par
l'application du projet de loi et affirmé que le budget de l'Etat
n'était pas extensible. Il a rappelé la croissance
considérable des dépenses publiques consacrées au revenu
minimum d'insertion et, dans une moindre mesure, à l'allocation aux
adultes handicapés. Il a fait part de sa crainte que l'adoption, par la
France, de dispositions aussi généreuses que celle de la
création de la CMU donne à notre pays une
" attractivité sociale " certaine pour des populations de
nationalité étrangère, qui pourraient ainsi être
tentées de séjourner sur le territoire français. Prenant
acte de la convocation de la commission des comptes de la
sécurité sociale pour le 31 mai, il a regretté que le
secrétaire général de cette commission ne dispose que
d'une dizaine de jours pour rédiger son rapport.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a
rappelé que, déjà, compte tenu du droit en vigueur,
2,5 millions de personnes bénéficiaient de prestations
maladie sans payer de cotisation. Répondant à la crainte
exprimée par M. Jacques Oudin, elle a affirmé que la CMU ne
comportait que des prestations en nature, qui n'étaient pas susceptibles
de connaître des dérives comparables à celles qui
pourraient être constatées pour des prestations en espèces.
Elle a également estimé qu'au-delà des premiers mois
d'application de la loi au cours desquels se manifesteraient des effets de
rattrapage dans l'accès aux soins, la règle selon laquelle les
personnes défavorisées consommaient généralement
moins de soins que la moyenne se trouverait à nouveau confirmée.
Elle a enfin considéré que la CMU permettrait à ces
personnes de bénéficier de soins préventifs,
évitant ainsi de coûteuses hospitalisations.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a
rappelé que les délais impartis pour la rédaction du
rapport de la commission des comptes de la sécurité sociale
avaient toujours été très brefs.
M. Jean Chérioux
a pris acte de la reconnaissance, par le
ministre, du rôle des départements, ainsi que de ses propos sur la
solidarité financière entre départements que devrait
traduire le mécanisme de récupération prévu par le
projet de loi. Il a demandé si, dans les départements qui
s'étaient dotés de mécanismes plus favorables que celui de
la CMU, cette solidarité serait à la charge des
bénéficiaires de la carte santé dont les droits seraient
réduits ou à celle des contribuables de ces départements.
Il a rappelé que le système de l'aide médicale ne
comportait pas de cotisation à la charge de ses
bénéficiaires, mais prévoyait l'application du principe de
l'obligation alimentaire, ce qui le différenciait fondamentalement de la
couverture maladie universelle.
M. Alain Vasselle
a estimé que le ministre faisait un mauvais
procès aux députés de l'opposition, ceux-ci approuvant le
principe de l'amélioration de l'accès aux soins mais ayant
exprimé leur désaccord sur les modalités prévues
par le projet de loi. Il a fait siennes les craintes exprimées par
M. Jacques Oudin sur " l'attractivité sociale " de la
France en cas d'adoption du projet de loi sur la CMU. Il a exprimé le
souhait que les communes puissent continuer à donner leur avis dans la
procédure d'attribution de la CMU et rappelé que, dans le
département de l'Oise, les titulaires du minimum vieillesse
étaient aujourd'hui éligibles à l'aide médicale,
mais ne bénéficieraient pas de la CMU demain. Il s'est enfin
interrogé sur l'avenir des personnels départementaux
chargés de l'aide médicale.
M. Gilbert Chabroux
a affirmé que le Sénat s'honorerait
s'il votait en faveur du projet de loi de la CMU. Evoquant les contingents
communaux d'aide sociale et rappelant que la moyenne nationale de ces
contingents s'élevait à 201 francs pour l'ensemble des
communes mais à 332 francs dans les grandes villes, il s'est
interrogé sur la possibilité de profiter du débat sur le
projet de loi tendant à la création d'une couverture maladie
universelle pour plafonner la contribution des communes à un taux proche
de celui de la moyenne nationale, classer les communes en fonction d'un indice
synthétique et répartir ensuite la contribution en fonction des
résultats de ce classement.
Mme Nicole Borvo
, constatant que la majorité sénatoriale
s'étonnait d'une inégalité entre des Français qui
cotisaient et d'autres qui ne cotisaient pas, a estimé encore plus
choquant que certains aient accès aux soins et d'autres, pas. Elle a
rappelé la nécessité d'améliorer les remboursements
de la sécurité sociale pour tous les assurés sociaux,
notamment en matière d'optique et de soins dentaires et a
également évoqué les difficultés rencontrées
par certaines personnes pour acquitter le montant du forfait hospitalier.
Constatant qu'une trentaine de départements avait prévu un
dispositif plus favorable que celui de la CMU, elle a demandé au
ministre si elle s'était entretenue de cette question avec eux.
Mme Nicole Borvo
a enfin affirmé qu'elle souhaitait que le
critère d'affiliation à l'assurance de base soit celui d'une
résidence " stable ", mais pas nécessairement d'une
résidence régulière.
M. Guy Fischer
a souhaité que le ministre donne des informations
complémentaires sur la réforme des contingents communaux d'aide
sociale qui était envisagée.
M. Bernard Seillier
a d'abord rappelé qu'il avait
regretté, en tant que rapporteur du projet de loi d'orientation relative
à la lutte contre les exclusions, que ce texte ne comporte pas la
création d'une assurance maladie universelle. Comparant les logiques
respectives de cette première loi et du projet de loi portant
création d'une couverture maladie universelle, il a regretté que
l'approche très personnalisée et très concrète qui
avait été retenue l'an dernier n'ait pas été
choisie cette fois-ci.
Observant que la gestion d'une couverture complémentaire ne constituait
pas la vocation principale des caisses primaires d'assurance maladie,
M.
François Autain
s'est inquiété de
l'inégalité de traitement que semblait entériner le projet
de loi entre les bénéficiaires de la CMU qui choisissaient les
caisses primaires et ceux qui préféraient s'assurer auprès
d'organismes de protection sociale complémentaire, notamment en
matière de maintien des droits.
Mme Gisèle Printz et M. Louis Boyer
se sont
inquiétés de la situation des gens du voyage par rapport aux
dispositions du projet de loi créant une couverture maladie universelle.
Se référant aux propos de M. Alain Vasselle,
M. Roland
Huguet
a affirmé qu'il avait déjà étudié
la reconversion, dans d'autres services sociaux, des personnels
départementaux qui s'occupent aujourd'hui d'aide médicale. Il a
également déclaré que les représentants de la
mutualité devaient, dans leur discours, revenir aux sources qui avaient
inspiré la création de ce mouvement. Il a manifesté le
souhait qu'aucun des bénéficiaires actuels de l'aide
médicale ne soit perdant à la suite de l'institution de la CMU.
Citant enfin l'exemple de son département, qui consacrait
205 millions de francs à l'aide médicale légale et
15 millions de francs à des remboursements additionnels
résultant de conventions conclues avec les chirurgiens-dentistes et les
opticiens, il a demandé au ministre si l'Etat allait prendre à ce
département 205 ou 220 millions de francs.
Répondant aux intervenants,
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi
et de la solidarité,
a rappelé que, dans la
préparation du projet de loi, elle avait été
confrontée à la question des remontées financières
des départements et que celle-ci n'avait trouvé aucune
réponse simple, évidente et parfaite. Constatant que les
départements au dispositif d'aide médicale plus favorable que
celui du projet de loi se verraient demander la contribution la plus forte,
mais observant également qu'ils se caractérisaient souvent par un
potentiel fiscal élevé, elle a estimé que cette
différence de contribution entre départements constituait
l'expression d'une certaine solidarité financière.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
estimant que les diverses propositions des députés de
l'opposition pour remédier à l'effet de seuil étaient
difficilement compatibles entre elles, a rappelé qu'environ
2 milliards de francs, sur le terrain, demeuraient disponibles dans les
centres communaux d'action sociale, les fonds d'action sociale des caisses et
les départements pour aider les personnes dont le revenu se situait
au-dessus du seuil retenu par le projet de loi à
bénéficier d'une couverture complémentaire. Elle n'a pas
souhaité modifier la définition du critère de
résidence stable et régulière pour l'affiliation à
l'assurance maladie, rappelant toutefois que les personnes de
nationalité étrangère en situation
irrégulière continueraient à bénéficier,
dans les mêmes conditions qu'aujourd'hui, de l'aide médicale.
Au terme d'une discussion avec
M. Alain Vasselle,
s'appuyant sur le
barème d'aide sociale du département de l'Oise qui inclut les
bénéficiaires du minimum vieillesse,
Mme Martine Aubry,
ministre de l'emploi et de la solidarité,
a estimé que la
situation des personnes âgées était différente en
fonction de leur lieu de résidence.
Evoquant la réforme des contingents communaux d'aide sociale, elle a
indiqué que plusieurs tables rondes réunissant toutes les
institutions intéressées avaient été
réunies, mais que les conclusions de leurs discussions n'étaient
pas encore connues.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
s'est déclarée favorable à une amélioration de la
prise en charge des dépenses de soins au-delà du tarif de
responsabilité actuel pour l'optique et les soins dentaires et a
affirmé que le Gouvernement comptait s'appuyer sur les changements
introduits par la création de la CMU pour améliorer ce niveau de
prise en charge pour tous les assurés sociaux. Elle a enfin
précisé que la situation des gens du voyage au regard du projet
de loi était identique à celle des personnes sans domicile fixe.
M. Charles Descours, rapporteur,
ayant évoqué les
questions posées par l'article 14 du projet de loi,
Mme Martine
Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité,
a estimé que
les dispositions qu'il comportait étaient particulièrement
protectrices.