4. Le développement des nouvelles techniques
L'essor
récent des biotechnologies et de nouvelles technologies de l'information
(télématique, informatique...) semble devoir toucher le secteur
agricole. L'évolution actuelle des technologies succède à
celle qui a accompagné la modernisation d'après-guerre
(motorisation, chimie...). Le renchérissement du prix de certains
intrants, la saturation des marchés agricoles et le développement
du chômage contribuent à expliquer la mutation technologique en
cours. Les atteintes à l'environnement, une forte demande sociale pour
une agriculture moins polluante sont un second type d'explication.
La réforme de la PAC a fait, par ailleurs, prendre conscience aux
agriculteurs de la nécessité d'ajuster les techniques culturales
aux nouveaux rapports de prix et aux conditions pédo-climatiques de
chaque exploitation, voire de chaque parcelle.
Outre la question des organismes génétiquement modifiés,
longuement évoquée au cours de l'année 98, l'une des
prochaines innovations pourrait être ainsi celle de l'" agriculture
de précision ". Elle permet aux agriculteurs de moduler leurs
pratiques culturales selon le potentiel agronomique de chaque zone à
l'intérieur d'une même parcelle. Cette technique repose sur le
recueil et la transmission d'informations par satellite. Ces informations sont
traitées par ordinateur pour donner des instructions aux marchés
et ainsi optimiser les densités de semis, les apports d'engrais ou les
doses de traitement.
Encore très peu utilisées en France, ces nouvelles techniques
commencent à se développer aux États-Unis dans les
exploitations de grandes cultures. De même, des systèmes
d'optimisation permettent déjà de réguler individuellement
la ration alimentaire des animaux en fonction de leur potentiel de
production.
5. Une redéfinition nécessaire de la fonction commerciale
Souvent
nées de la crise agricole de la fin du XIXe siècle et du
début du XXe siècle, les coopératives agricoles ont
accompagné les agriculteurs dans le développement de leur
production.
Confrontées à l'élargissement des marchés, elles se
sont souvent regroupées pour constituer des unités
économiques de grandes dimensions.
Depuis plusieurs années, elles ont à relever de nombreux
défis telles que la rapidité de décision, la dynamique de
gestion, tout en subissant des contraintes propres à leur statut en
matière d'apports ou de délocalisation.
Mais dans de nombreux secteurs,
l'organisation des producteurs reste
insuffisante,
ne serait-ce que pour faire face dans de bonnes conditions
à la grande distribution ou pour créer de véritables
plates-formes à l'exportation.
Nos concurrents ont parfois su évoluer plus vite, telle l'union de
coopératives italiennes (CONERPO) qui regroupe
58 coopératives de base et traite près de
1.000.000 tonnes de fruits par an, dont 200.000 à l'exportation.
Une évolution profonde de l'organisation économique de la
production agricole est inévitable. A partir des coopératives et
de véritables groupements de producteurs,
l'agriculture va devoir
trouver un second souffle dans la définition des processus de
commercialisation afin de répondre à la fois aux exigences
industrielles et aux demandes de plus en plus différenciées des
consommateurs.
Le développement de structures en réseau
constitue, par exemple, une hypothèse de travail à étudier
attentivement.
L'agriculture de l'an 2000 sera la résultante de grands choix
stratégiques qui doivent être opérés aujourd'hui.
L'environnement international et communautaire nécessite
l'élaboration d'une véritable charte commune entre l'agriculture
et la nation afin que les agriculteurs, le monde rural et les entreprises
agro-alimentaires soient en mesure de relever les défis qui sont les
leurs.