CHAPITRE III
LE PERSONNEL MILITAIRE AUTRE QUE
D'ACTIVE
I. LA DISPARITION PROGRESSIVE DES APPELÉS
La
loi portant réforme du servie national
, en date du 28 octobre
1997 :
• rappelle que le service national universel "
comprend des
obligations : recensement, appel à la préparation de
défense, appel sous les drapeaux
" et qu'
il comporte aussi
des volontariats
" ;
• suspend l'appel sous les drapeaux "
pour tous les
Français qui sont nés après le 31 décembre 1978
et
ceux qui sont rattachés aux mêmes classes de
recensement
" ;
• accorde un report d'incorporation aux jeunes gens titulaires d'un
contrat à durée indéterminée ou d'un contrat
à durée déterminée.
A. LES INCORPORATIONS ET LA RÉPARTITION DES APPELÉS
La dernière classe d'âge appelée sera donc la classe 1998. Les incorporations jusqu'à la classe 1998 sont récapitulées dans le tableau ci-dessous :
LES INCORPORATIONS PENDANT LA PÉRIODE DE PROGRAMMATION
(Ressour c e exprimée en milliers)
classes d'âge (année de |
Ressource utile prévue par classes |
ressource non encore incorporée |
Années d'incorporation prévisibles |
||||
naissance + 20 ans) |
d'âge (pour mémoire) |
au 01.07.1998 |
2 ème semestre 1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
1988 |
289,7 |
0,3 |
0,3 |
|
|
|
|
1989 |
299,6 |
0,7 |
0,3 |
|
|
|
|
1990 |
310,5 |
1 |
0,6 |
0,4 |
|
|
|
1991 |
319,8 |
1,7 |
0,6 |
0,7 |
0,4 |
|
|
1992 |
320,1 |
4,8 |
1,7 |
2,0 |
0,7 |
0,4 |
|
1993 |
313,7 |
19 |
132 |
3,0 |
2,0 |
0,7 |
0,4 |
1994 |
303,4 |
56 |
38,3 |
12 |
3,0 |
2,0 |
0,7 |
1995 |
278,0 |
87 |
13,8 |
56,7 |
11,5 |
3,0 |
2,0 |
1996 |
270,2 |
144 |
32 |
40,1 |
58,9 |
10,5 |
2,5 |
1997 |
237,3 |
180 |
15,2 |
52,9 |
40,7 |
60,2 |
11,0 |
1998 |
271,0 |
215 |
13,5 |
21,7 |
59,7 |
46,0 |
67,8 |
Total |
|
|
129,8 |
189,5 |
176,9 |
122,8 |
84,4 |
Il;
s'agit là d'un schéma théorique. La question se pose, en
effet, des conséquences d'une part des reports d'incorporation dont
bénéficient, sous certaines conditions, les jeunes gens
titulaires de contrats de travail à durée
indéterminée ou déterminée, d'autre part, du report
de 24 à 26 ans de l'âge d'incorporation des jeunes gens qui
poursuivent des études.
La répartition des appelés du service national a
été la suivante pour 1996 et 1997.
RÉPARTITION DES APPELÉS DU SERVICE NATIONAL
|
Réalisés |
Prévisions |
Estimations |
|
|
incorporés en 1996 |
Incorporés en 1997 |
Prévus au plan de gestion 1998* |
Estimés pour 1999 |
TOTAL DES APPELÉS ........... |
258 476 |
210 678 |
155 970 |
149 300 |
TOTAL SERVICE MILITAIRE |
207 074 |
163 842 |
117 676 |
|
FORMES CIVILES |
|
|
|
|
• Coopération ........................ |
5 158 |
5 712 |
6 132 |
|
• Aide technique .................... |
923 |
595 |
885 |
|
• Sécurité civile ..................... |
945 |
996 |
990 |
NON |
• Police nationale ................... |
9 311 |
7 885 |
7 000 |
DÉTERMINÉ |
PROTOCOLES ........................ |
13 437 |
13 235 |
6 037 |
|
OBJECTEURS ......................... |
9 998 |
5 847 |
6 000 |
|
GENDARMERIE ..................... |
11 309 |
12 234 |
11 250 |
|
*
Effectifs à incorporer déterminés par le plan de
gestion 1998.
La suspension du service militaire obligatoire n'aura pas la même
portée selon les armées.
L'
armée de Terre
est la plus touchée. Elle doit plus que
doubler, en 6 ans son effectif engagé.
Pour la
Marine et l'armée de l'Air
, la disparition des
appelés ne sera pas sans conséquences - notamment pour les
appelés dits " de haut niveau " - mais celles-ci seront de
moindre ampleur.
Enfin la
Gendarmerie
devra faire face à la disparition des
12 000 gendarmes auxiliaires.
II. LES RÉSERVES
La
réforme de nos armées repose sur un dispositif législatif
comprenant trois textes :
• une loi sur le service national ;
• une loi relative aux mesures concernant le personnel (départ -
reclassement etc.) ;
• une loi sur la réserve.
Deux de ces lois ont été votées :
• la loi du 19 décembre 1996 relative aux mesures en faveur du
personnel militaire dans le cadre de la professionnalisation ;
• la loi du 28 octobre 1997 portant réforme du service national.
Il reste à adopter la loi sur les réserves. Elle est
délicate à mettre au point car elle touche, fondamentalement,
au lien entre l'armée et la Nation
et aux relations de travail
entre les réservistes et leurs employeurs.
Il s'agit à la fois de contribuer à la cohérence
d'ensemble du nouveau modèle d'armée et de construire le
" pont " entre celle-ci et la société civile. La loi
devra modifier non seulement le statut général des militaires,
mais aussi le code du travail, le code de la sécurité sociale et
le code des pensions civiles et militaires.
De surcroît, il faudra financer le passage à la nouvelle
organisation pour lequel la loi de programmation prévoit, au total, plus
de 2 200 millions de francs.
La tâche est difficile ce qui explique sans doute qu'après
plusieurs années d'études et de réflexion le Parlement
n'en ait pas encore été saisi malgré l'annonce faite il y
a un an de son dépôt au milieu de l'année 1998.
Votre Rapporteur voudrait à nouveau attirer l'attention sur deux points :
La nécessité de définir et de mener une véritable
politique d'emploi des réserves. Une armée professionnelle doit
être appuyée par une réserve, elle aussi
" professionnelle ", c`est-à-dire véritablement apte
à tenir des emplois précisément définis. Cela
suppose que les réservistes soient disponibles et donc qu'ils obtiennent
des garanties de leurs employeurs et qu'ils bénéficient
d'incitations. Garanties et incitations ont un coût qu'il faudra accepter
de payer et qui fait partie du coût global de la professionnalisation.
Cela suppose aussi que les armées utilisent réellement et
fréquemment les réservistes dans l'esprit adopté par les
armées étrangères professionnalisées depuis
longtemps.
Dans la nouvelle organisation des réserves, il importe de porter une
grande attention à l'apport - essentiel - des réservistes
spécialisés dans les domaines qui concernent le
relèvement
économique des pays où nous sommes
militairement engagés
(travaux publics, distribution de
l'énergie et de l'eau, santé publique, etc.).
Nous avions déjà souligné l'importance de cette question
dans notre rapport sur les opérations de maintien de la paix de
1944.
III. L'ARRIVÉE DES PREMIERS VOLONTAIRES
Un
décret du 1
er
septembre 1998 a défini le statut des
jeunes gens qui décident de souscrire un contrat de volontaires dans les
armées
Ils participent, comme les militaires d'active, en tout temps et en tout lieu,
à l'accomplissement des missions des forces armées. Ils
souscrivent un contrat d'un an renouvelable dans la limite de cinq
années. Leur solde nette de 5 164 francs par mois pour un aspirant
à 4 354 francs pour un soldat est inférieure à celle
des engagés mais largement supérieure à celle des
appelés.
Leur effectif, au terme de la loi de programmation sera de 27 171.
4 751 emplois de volontaires sont créés au budget 1999.
Cette nouvelle catégorie de personnel suscite une double crainte :
• les volontaires pourront chaque année librement demander ou non
le renouvellement de leur contrat. Cette incertitude annuelle rendra complexe
la gestion des volontaires ;
• la Gendarmerie nationale, qui devra remplacer ses 12 000
gendarmes auxiliaires par 16 000 volontaires, qualifiés de
gendarmes adjoints, est placée dans une situation particulière et
difficile. Pour attirer les volontaires de bonne qualité et en nombre
suffisant, elle doit faire apparaître que la souscription de ce contrat
est une des meilleures voies pour devenir ensuite sous-officier de gendarmerie.
Mais ensuite, elle ne peut trop tarder à réaliser cet espoir ce
qui entraînera la déception rapide de ceux qui auront
échoué aux tests de sélection. On peut donc craindre que
la durée moyenne de trois ans du volontariat jugée
nécessaire pour maintenir l'effectif élevé de 16 000,
soit difficile à réaliser.