CHAPITRE II
DU BUDGET INITIAL À LA LOI DE
RÈGLEMENT
L'élaboration de la loi de finances initiale a été, pour la seconde année, encadrée par les dispositions de la loi d'orientation quinquennale du 24 janvier 1994 relative à la maîtrise des dépenses publiques, mais également par les dispositions du traité de Maastricht. La réduction du déficit public, et partant, la nécessaire maîtrise des dépenses publiques ainsi que la réforme du système des prélèvements obligatoires, ont ainsi constitué autant de priorités pour les gouvernements.
I. LA LOI DE FINANCES INITIALE POUR 1995
A. LE POIDS DES CONTRAINTES
Le
budget de l'Etat pour 1995 a été élaboré dans un
contexte particulier, marqué par l'accumulation des déficits au
cours des derniers exercices, la rigidité accrue des dépenses
publiques, ainsi que la faible dynamique des recettes. Dans ce cadre, la voie
était étroite entre le souci de ne pas entraver la reprise et
celui de réduire le poids de la puissance publique.
Ainsi, la réduction du déficit, inscrite dans le double cadre des
dispositions du traité de Maastricht et de la loi d'orientation
quinquennale de maîtrise des finances publiques, est apparue comme une
contrainte majeure et indispensable, car seule en mesure de permettre une
véritable maîtrise des dépenses.
B. L'ÉQUILIBRE FIXÉ EN LOI DE FINANCES INITIALE
Equilibre du budget 1995
(en milliards de francs)
|
Loi de finances pour 1994 |
Loi de finances pour 1995 |
Variation en % |
- Dette publique (hors remboursements et dégrèvements) |
217,1 |
224,6 |
+ 3,45 |
- Budgets civils |
|
|
|
. Pouvoirs publics |
3,8 |
3,9 |
+ 3,40 |
. Moyens des services |
494,5 |
511,8 |
+ 3,50 |
. Interventions publiques |
406,4 |
417,5 |
+ 2,75 |
. Dépenses en capital |
89,1 |
86,2 |
- 3,25 |
TOTAL |
993,8 |
1.019,4 |
+ 2,60 |
- Budget militaire |
|
|
|
. Dépenses de fonctionnement |
147,6 |
148,5 |
+ 0,60 |
. Dépenses en capital |
94,9 |
94,9 |
- |
TOTAL |
242,5 |
243,4 |
+ 0,40 |
TOTAL BUDGET GENERAL |
1.453,5 |
1.487,4 |
+ 2,35 |
Charge nette des comptes spéciaux du Trésor |
19,2 |
15,9 |
- 17,2 |
Total des charges |
1.472,7 |
1.503,3 |
+ 2,10 |
Recettes nettes |
1.171,3 |
1.228,2 |
+ 4,85 |
Solde général |
- 301,4 |
- 275,1 |
|
Solde en % du PIB |
- 4,1 |
- 3,55 |
|
L'équilibre de la loi de finances initiale, qui
s'inscrivait
dans le respect des dispositions de la loi d'orientation quinquennale
précitée, présentait les caractéristiques
suivantes :
- les charges du budget général progressent sensiblement
plus que la hausse des prix prévisionnels, soit de + 2,35 %,
contre + 1,8 %, et s'établissent à
1.487,4 milliards de francs ;
- les recettes progressent à un rythme inférieur à
celui du PIB en valeur ; ainsi, les recettes nettes totales du budget
général atteignent 1.228,2 milliards de francs, en
augmentation de 4,85 % par rapport à la loi de finances initiale
pour 1994 ;
- le déficit est ramené de 301,4 à
275,1 milliards de francs, soit de 4,1 % à 3,55 % du PIB.
En effet, l'élaboration du budget pour 1995 s'est faite sous une double
contrainte : alors que les recettes fiscales n'étaient pas encore
au rendez-vous de la reprise économique, une large part des
dépenses de l'Etat continuaient de croître sous le poids
d'engagements passés et des dispositifs sociaux mis en place en
période de crise.
Ainsi, la progression des ressources totales nettes (+ 4,85 %)
était inférieure à celle du PIB en valeur
(+ 5,1 %), les recettes fiscales augmentaient de 5,6 % alors que
les ressources non fiscales (hors recettes d'ordre) diminuaient de 3,2 %
et que les prélèvements sur recettes se stabilisaient à
leur niveau de 1994.
L'évaluation des recettes fiscales nettes, s'élevait à
1.305,9 milliards de francs en 1995, en progression de 69,3 milliards
de francs, et résultait, à hauteur de 16 milliards de francs
environ d'une actualisation des recettes attendues pour l'année en cours
et de 52 milliards de francs des effets de la croissance. Ceux-ci
restaient relativement modérés, la croissance étant
tirée par des composantes pauvres en plus-values fiscales.
Evaluées à 156,4 milliards de francs (hors recettes
d'ordre), les ressources non fiscales diminuaient de 3,2 %, principalement
en raison de l'impact des mesures contenues dans le projet de loi de finances,
consistant d'une part, en une modification dans l'affectation du produit des
privatisations et, d'autre part, en l'extension des attributions du fonds de
solidarité vieillesse.
La stabilisation des prélèvements sur recettes (+ 0,4 %
par rapport au budget voté de 1994) correspondait à une certaine
progression des prélèvements au profit des collectivités
locales (+ 2,8 %) et à une diminution sensible
(- 3 %) du prélèvement au profit des Communautés
européennes.
Les charges du budget général étaient presque
stabilisées en volume malgré une forte inertie de certaines
dépenses :
- la charge de la dette publique nette augmentait de 3,45 % ;
- les moyens des services civils étaient en progression de
3,5 % ;
- les dépenses d'intervention s'accroissaient de 2,75 % ;
- les dépenses civiles en capital diminuaient de 3,25 %.