projet de loi portant règlement définitif du budget de 1995
MARINI (Philippe)
RAPPORT 36 (98-99) - COMMISSION DES FINANCES
Table des matières
- EXPOSÉ GÉNÉRAL
-
CHAPITRE PREMIER
1995 OU "COMMENT RESISTER
AUX CHOCS EXTERIEURS" -
CHAPITRE II
DU BUDGET INITIAL À LA LOI DE RÈGLEMENT- I. LA LOI DE FINANCES INITIALE POUR 1995
- II. LA LOI DE FINANCES RECTIFICATIVE DU 4 AOÛT 1995
- III. LA LOI DE FINANCES RECTIFICATIVE DU 30 DÉCEMBRE 1995
- IV. LES MOUVEMENTS DE CRÉDITS OPÉRÉS PAR VOIE RÉGLEMENTAIRE
- V. LES MOUVEMENTS DE CRÉDITS CONTENUS DANS LA LOI DE RÈGLEMENT
-
CHAPITRE III
L'ÉVOLUTION DES RECETTES ET DES DÉPENSES -
EXAMEN DES ARTICLES
-
ARTICLE PREMIER
Résultats généraux de l'exécution
des lois de finances pour 1995 -
ARTICLE 2
Recettes du budget général -
ARTICLE 3
Dépenses ordinaires civiles du budget général -
ARTICLE 4
Dépenses civiles en capital du budget général -
ARTICLE 5
Dépenses ordinaires militaires du budget général -
ARTICLE 6
Dépenses militaires en capital du budget général -
ARTICLE 7
Résultat du budget général de 1995 -
ARTICLE 8
Résultats des budgets annexes -
ARTICLE 9
Comptes spéciaux dont les opérations se poursuivent en 1996 -
ARTICLE 10
Pertes et profits sur emprunts et engagements de l'Etat -
ARTICLE 11
Pertes en trésorerie sur devises -
ARTICLE 12
Remise de dettes consentie au Vietnam -
ARTICLE 13
Abandon de créances détenues à l'encontre de l'ex-ORTF -
ARTICLE 14
Reconnaissance d'utilité publique de dépenses comprises
dans des gestions de fait -
ARTICLE 15
Apurement du compte 427.9 "Ecart d'intégration des dépôts CCP de l'ex-budget annexe des PTT" -
ARTICLE 16
Transport aux découverts du Trésor
-
ARTICLE PREMIER
- EXAMEN EN COMMISSION
-
RÉPONSES DE LA COUR DES COMPTES AUX QUESTIONS
POSÉES PAR LA COMMISSION DES FINANCES
N° 36
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 27 octobre 1998
RAPPORT
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi, ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE, portant règlement définitif du budget de 1995 ,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Alain Lambert,
président
; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude
Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet,
vice-présidents
; Jacques-Richard Delong, Marc Massion,
Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Philippe
Marini,
rapporteur général
; Philippe Adnot, Denis
Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse
Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin,
Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean
Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard,
Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude
Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne,
Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri
Torre, René Trégouët.
Voir les numéros :
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
33
,
933
,
996
et T.A.
176
.
Sénat
:
527
(1997-1998).
Loi de règlement. |
EXPOSÉ GÉNÉRAL
CHAPITRE PREMIER
1995 OU "COMMENT RESISTER
AUX CHOCS EXTERIEURS"
Le
rapport économique, social et financier pour 1995 tablait sur une
croissance de 3,1 % en France soit un rythme de développement de
l'activité supérieur à la moyenne des pays de l'Union
européenne (2,9 %) et de l'OCDE (2,7 %).
In fine
, la croissance en volume ne fut que de 2 %.
Cette erreur de prévision, de 1,1 point de PIB, s'explique
principalement par la survenance d'aléas difficilement
prévisibles. Elle a suscité des réactions de politique
économique qui ont certes pu, à court terme, participer au
freinage de l'activité mais qui ont posé les bases d'une
croissance saine et durable.
I. UNE ERREUR DE PRÉVISION, RÉSULTAT DE LA SURVENANCE D'ALÉAS PEU SOUPÇONNABLES
Le
scénario proposé pour 1995 par le gouvernement reposait sur une
reprise de la demande intérieure s'ajoutant à une progression
soutenue de la demande étrangère.
Contributions à la croissance du PIB (prévisions)
(contributions à la croissance du PIB en points)
|
1994 |
1995 |
Demande intérieure hors stocks |
1,4 |
2,9 |
dont : |
|
|
Consommation des ménages |
0,9 |
1,4 |
Consommation des administrations |
0,3 |
0,3 |
FBCF |
0,2 |
1,2 |
dont : |
|
|
Entreprises |
0,1 |
0,9 |
Ménages hors EL |
0,1 |
0,2 |
Administrations |
0,1 |
0,1 |
Variations de stocks |
0,7 |
0,3 |
Commerce extérieur |
0,0 |
- 0,1 |
Exportations |
0,9 |
1,4 |
Importations |
- 0,9 |
- 1,5 |
PIB |
2,0 |
3,1 |
Source : INSEE, DP
L'accélération de la demande intérieure
dont on
estimait alors la croissance en 1994 à 2,1 % et dont on attendait,
pour 1995, 3,2 % d'augmentation, devait provenir d'une augmentation de la
consommation des ménages de 2,3 % consécutive à des
gains de pouvoir d'achat et d'une nette amélioration de
l'investissement, en particulier de celui des entreprises.
Le scénario imaginé pour la consommation des ménages
était conditionné par une amélioration du marché du
travail, une progression des revenus d'activité et du pouvoir d'achat de
l'ordre de 2,2 % et une quasi-stabilité de leur taux
d'épargne.
Quant à la reprise de la demande des entreprises, elle devait provenir
moins d'une reconstitution de leurs stocks dont la variation était
cependant appelée à contribuer positivement à la
croissance que du dynamisme retrouvé de leurs investissements
(+ 9,3 %). On estimait qu'après une reprise timide de
l'investissement en 1994 (+ 1 %) succédant à un
effondrement en 1993 (- 6,8 %), l'accélérateur
d'investissement jouerait à plein, favorisé par
l'amélioration de l'environnement financier des entreprises.
Ce scénario d'amplification du cycle haussier dessinait le paysage
d'une sortie définitive de la crise de 1993 après le sursaut de
1994.
Conséquence attendue de la reprise, le solde des administrations
publiques était appelé à s'améliorer de
1 point, passant de - 5,6 % à - 4,6 % du PIB
dans un contexte de légère réduction des
prélèvements obligatoires (- 0,2 point de PIB) et des
dépenses publiques (- 0,2 point de PIB).
Ce scénario fut déjoué, le rythme de croissance, au lieu
de s'accélérer, s'atténuant en 1995.
Il faut observer que cette erreur de prévision eut des
conséquences moins fâcheuses qu'on n'aurait pu le redouter du fait
d'une erreur de prévision en sens contraire commise pour
l'année 1994. En effet, cette année-là, la reprise
fut sensiblement plus vive qu'escompté (+ 2,6 % contre
2 % prévus au moment de l'exercice de cadrage économique du
budget 1995).
Il n'empêche qu'au lieu de croître de 5,1 % en 1994 et 1995,
l'économie française ne devait connaître qu'une dynamique
de l'ordre de 4,6 % et que la croissance ne fut que de 2 % en volume
en 1995.
Contributions à la croissance du PIB
(Taux de croissance annuel moyen en %)
Contribution à la croissance du PIB (aux prix de l'année précédente) |
1995 |
Consommation des ménages |
0,9 |
Consommation des administrations |
0,0 |
Formation brute de capital fixe
totale
|
0,4
|
Variation de stocks |
0,4 |
Commerce
extérieur
|
0,3
|
PIB |
2,0 |
(1) EI = entrepreneurs individuels
Source : INSEE, DP
L'ensemble des comportements de la demande intérieure a
connu
une croissance moins rapide qu'escompté. La consommation des
ménages n'a apporté au PIB qu'un supplément de
0,9 point contre 1,4 point attendu, et l'investissement des
entreprises n'a contribué à la croissance du PIB que de
0,3 point contre 0,9 point espéré. Finalement, le
soutien de la croissance vint du commerce extérieur.
La consommation des ménages ne s'accrut que de 1,7 % alors que
leur pouvoir d'achat connut une forte augmentation (2,8 %). Mais, leur
taux d'épargne augmenta considérablement, passant de 13,6
à 14,5 % de leur revenu. Cette hausse du taux d'épargne,
largement inexpliquée par les déterminants
économétriques traditionnels,
peut être analysée
comme la conséquence d'un réflexe de "précaution",
lui-même issu d'une montée de l'inquiétude devant la
survenance d'aléas extérieurs défavorables et surtout de
la peur du chômage.
Quant à l'investissement des entreprises, sa croissance ne fut que de
3,3 % dans un contexte d'amélioration de la situation des
entreprises marquée par un renforcement de leur taux de marge et par une
diminution de la charge d'intérêt supportée par elles.
L'absence de tensions sur leurs capacités de production,
conséquence d'une faible dynamique économique et, probablement,
d'une meilleure productivité du capital installé, n'a pas
justifié en 1995 de sursaut de l'investissement. On peut en outre
considérer que les anticipations des entreprises ont alors
été sérieusement troublées par les crises qui ont
marqué l'année 1995.
En tout état de cause, la croissance ralentie ne fut pas un
événement "franco-français".
Le
phénomène a concerné l'ensemble des grandes
économies de l'OCDE comme en témoigne le tableau ci-dessous.
Croissance de quelques grands pays de l'OCDE en 1994 et 1995
(En %)
|
Etats-Unis |
Allemagne |
Royaume-Uni |
1994 |
3,5 |
2,7 |
4,3 |
1995 |
2 |
1,8 |
2,7 |
C'est
d'ailleurs un événement international qui a induit les
perturbations à la source du ralentissement de la croissance
française.
La crise financière du Mexique et la dévaluation du peso mexicain
le 22 décembre 1994 ont entraîné une
dépréciation du dollar de plus de 17 % par rapport au mark.
Cela a, à son tour, fortement perturbé les rapports de change
entre monnaies européennes. Une appréciation du mark s'en est
suivie que les autorités monétaires françaises ont
tenté de contrecarrer par des relèvements successifs des taux
d'intérêt. La fameuse asymétrie du système
monétaire européen joue donc une fois de plus, notre pays
étant doublement pénalisé par les coûts d'une
politique monétaire orientée vers la stabilisation de la
parité entre le franc et le mark et par l'appréciation
consécutive de notre monnaie à l'égard des monnaies
tierces du système.
Ces événements monétaires eurent pour effet de "brouiller"
les anticipations des agents et, au premier rang, celles des chefs
d'entreprise. La perspective d'une tension accrue des conditions
monétaires renforça un pessimisme qui pouvait se nourrir en outre
d'anticipations de demande défavorables. La croissance était
cassée.
II. UNE RÉPONSE DE POLITIQUE ECONOMIQUE RIGOUREUSE MAIS RÉALISTE
Devant
l'inflexion du rythme de croissance de l'activité économique
perceptible dès le premier semestre, le gouvernement prit les mesures
nécessaires pour atteindre son objectif d'assainissement des comptes
publics, mais aussi, on l'oublie souvent, pour donner plus de dynamisme
à une économie guettée par la langueur.
Ce dernier volet de la politique gouvernementale a poursuivi deux objectifs qui
ont été inégalement atteints. Le premier consistait
à alléger le coût du travail afin d'enrichir le contenu de
la croissance en emplois à travers une baisse de 10 % du coût
salarial aux alentours du SMIC et une réduction de 40 % pour les
embauches de chômeurs de longue durée. Le second objectif
était de soutenir la demande en revalorisant le SMIC et plusieurs
prestations sociales.
Ces deux objectifs, partiellement contradictoires, n'ont pas connu le
même succès. Si l'allégement du coût du travail peu
qualifié a permis de contenir le chômage, la politique des revenus
a certes accru le pouvoir d'achat des ménages appelés à
profiter de ces mesures mais n'a pas eu les effets économiques attendus.
Les revenus distribués n'ont pas été consommés, le
taux d'épargne des ménages connaissant une hausse sans
précédent.
Quant aux mesures de redressement des finances publiques, elles allaient se
manifester principalement dans la loi de finances rectificative du
4 août 1995 avec une hausse de 2 points du taux normal de TVA,
une majoration exceptionnelle de 10 % de l'impôt sur les
sociétés et une suppression de la remise sur les cotisations
d'assurance-vieillesse des salariés.
Ces mesures furent sans doute coûteuses à court terme puisque
selon certaines estimations
1(
*
)
elles
amputèrent la croissance du PIB de 0,2 point en 1995 et
0,5 point en 1996.
Mais, elles permirent d'atteindre l'objectif de réduction du besoin de
financement des administrations publiques de l'ordre de 1 point du PIB en
1995.
Cette politique, dont les effets ont été mal ressentis par
l'opinion publique, doit, rétrospectivement, être saluée
comme particulièrement cohérente.
On l'a souvent, à tort, décrite comme excessivement
restrictive. Un tout autre jugement s'impose pourtant. On doit rappeler que,
par rapport à un objectif louable de politique budgétaire, la
stabilisation du poids de la dette publique dans le PIB, le gouvernement
d'alors, plutôt que de la rechercher en une seule fois, inscrivit sa
politique budgétaire dans une trajectoire destinée à
atteindre progressivement cet objectif.
Une telle démarche, cohérente avec nos engagements
européens, s'imposait pour tout à la fois éviter un
resserrement excessif de la politique budgétaire et parvenir à
maîtriser le déficit et la dette publics.
Il faut seulement regretter que ce gage de bonne gestion budgétaire
ayant été donné, la politique monétaire n'ait pas
été suffisamment assouplie pour contrebalancer les effets d'une
politique budgétaire responsable.
L'année 1995 rappelle ainsi à chacun que la politique
économique forme un tout, et qu'une coordination des politiques
budgétaire et monétaire s'impose, sans laquelle il n'est pas
possible de rechercher un objectif global.
CHAPITRE II
DU BUDGET INITIAL À LA LOI DE
RÈGLEMENT
L'élaboration de la loi de finances initiale a été, pour la seconde année, encadrée par les dispositions de la loi d'orientation quinquennale du 24 janvier 1994 relative à la maîtrise des dépenses publiques, mais également par les dispositions du traité de Maastricht. La réduction du déficit public, et partant, la nécessaire maîtrise des dépenses publiques ainsi que la réforme du système des prélèvements obligatoires, ont ainsi constitué autant de priorités pour les gouvernements.
I. LA LOI DE FINANCES INITIALE POUR 1995
A. LE POIDS DES CONTRAINTES
Le
budget de l'Etat pour 1995 a été élaboré dans un
contexte particulier, marqué par l'accumulation des déficits au
cours des derniers exercices, la rigidité accrue des dépenses
publiques, ainsi que la faible dynamique des recettes. Dans ce cadre, la voie
était étroite entre le souci de ne pas entraver la reprise et
celui de réduire le poids de la puissance publique.
Ainsi, la réduction du déficit, inscrite dans le double cadre des
dispositions du traité de Maastricht et de la loi d'orientation
quinquennale de maîtrise des finances publiques, est apparue comme une
contrainte majeure et indispensable, car seule en mesure de permettre une
véritable maîtrise des dépenses.
B. L'ÉQUILIBRE FIXÉ EN LOI DE FINANCES INITIALE
Equilibre du budget 1995
(en milliards de francs)
|
Loi de finances pour 1994 |
Loi de finances pour 1995 |
Variation en % |
- Dette publique (hors remboursements et dégrèvements) |
217,1 |
224,6 |
+ 3,45 |
- Budgets civils |
|
|
|
. Pouvoirs publics |
3,8 |
3,9 |
+ 3,40 |
. Moyens des services |
494,5 |
511,8 |
+ 3,50 |
. Interventions publiques |
406,4 |
417,5 |
+ 2,75 |
. Dépenses en capital |
89,1 |
86,2 |
- 3,25 |
TOTAL |
993,8 |
1.019,4 |
+ 2,60 |
- Budget militaire |
|
|
|
. Dépenses de fonctionnement |
147,6 |
148,5 |
+ 0,60 |
. Dépenses en capital |
94,9 |
94,9 |
- |
TOTAL |
242,5 |
243,4 |
+ 0,40 |
TOTAL BUDGET GENERAL |
1.453,5 |
1.487,4 |
+ 2,35 |
Charge nette des comptes spéciaux du Trésor |
19,2 |
15,9 |
- 17,2 |
Total des charges |
1.472,7 |
1.503,3 |
+ 2,10 |
Recettes nettes |
1.171,3 |
1.228,2 |
+ 4,85 |
Solde général |
- 301,4 |
- 275,1 |
|
Solde en % du PIB |
- 4,1 |
- 3,55 |
|
L'équilibre de la loi de finances initiale, qui
s'inscrivait
dans le respect des dispositions de la loi d'orientation quinquennale
précitée, présentait les caractéristiques
suivantes :
- les charges du budget général progressent sensiblement
plus que la hausse des prix prévisionnels, soit de + 2,35 %,
contre + 1,8 %, et s'établissent à
1.487,4 milliards de francs ;
- les recettes progressent à un rythme inférieur à
celui du PIB en valeur ; ainsi, les recettes nettes totales du budget
général atteignent 1.228,2 milliards de francs, en
augmentation de 4,85 % par rapport à la loi de finances initiale
pour 1994 ;
- le déficit est ramené de 301,4 à
275,1 milliards de francs, soit de 4,1 % à 3,55 % du PIB.
En effet, l'élaboration du budget pour 1995 s'est faite sous une double
contrainte : alors que les recettes fiscales n'étaient pas encore
au rendez-vous de la reprise économique, une large part des
dépenses de l'Etat continuaient de croître sous le poids
d'engagements passés et des dispositifs sociaux mis en place en
période de crise.
Ainsi, la progression des ressources totales nettes (+ 4,85 %)
était inférieure à celle du PIB en valeur
(+ 5,1 %), les recettes fiscales augmentaient de 5,6 % alors que
les ressources non fiscales (hors recettes d'ordre) diminuaient de 3,2 %
et que les prélèvements sur recettes se stabilisaient à
leur niveau de 1994.
L'évaluation des recettes fiscales nettes, s'élevait à
1.305,9 milliards de francs en 1995, en progression de 69,3 milliards
de francs, et résultait, à hauteur de 16 milliards de francs
environ d'une actualisation des recettes attendues pour l'année en cours
et de 52 milliards de francs des effets de la croissance. Ceux-ci
restaient relativement modérés, la croissance étant
tirée par des composantes pauvres en plus-values fiscales.
Evaluées à 156,4 milliards de francs (hors recettes
d'ordre), les ressources non fiscales diminuaient de 3,2 %, principalement
en raison de l'impact des mesures contenues dans le projet de loi de finances,
consistant d'une part, en une modification dans l'affectation du produit des
privatisations et, d'autre part, en l'extension des attributions du fonds de
solidarité vieillesse.
La stabilisation des prélèvements sur recettes (+ 0,4 %
par rapport au budget voté de 1994) correspondait à une certaine
progression des prélèvements au profit des collectivités
locales (+ 2,8 %) et à une diminution sensible
(- 3 %) du prélèvement au profit des Communautés
européennes.
Les charges du budget général étaient presque
stabilisées en volume malgré une forte inertie de certaines
dépenses :
- la charge de la dette publique nette augmentait de 3,45 % ;
- les moyens des services civils étaient en progression de
3,5 % ;
- les dépenses d'intervention s'accroissaient de 2,75 % ;
- les dépenses civiles en capital diminuaient de
3,25 %.
II. LA LOI DE FINANCES RECTIFICATIVE DU 4 AOÛT 1995
Ce
projet de loi s'inscrivait dans une double perspective : maîtrise
des déficits et priorité à l'emploi.
Dans ce cadre, le nouveau gouvernement s'était fixé cinq
objectifs majeurs, appelant par ailleurs une présentation
budgétaire spécifique.
Cette première loi de finances rectificative a ouvert au sein du budget
général 59,8 milliards de francs de crédits nouveaux
et annulé 15,8 milliards de francs de crédits.
A. LES OBJECTIFS FIXÉS PAR LE GOUVERNEMENT
1. La non comptabilisation des recettes de privatisation
La loi de finances pour 1995 escomptait 55 milliards de francs de recettes de privatisation, dont 47 affectés aux ressources du budget général et 8 aux dotations en capital aux entreprises publiques. Le retour à une présentation plus orthodoxe, et par ailleurs plus conforme à l'esprit des critères de convergence au sens du traité de Maastricht, s'est traduit par l'imputation de 40 milliards de francs à deux comptes d'affectation spéciale.
2. La remise à niveau des dépenses et des recettes
L'exposé des motifs du projet de loi de finances rectificative indiquait que l'exécution du budget 1995 laisserait apparaître une moins-value de 11,2 milliards de francs sur les recettes et une sous-estimation des dépenses de 37,8 milliards de francs.
3. La mise en oeuvre d'une politique en faveur de l'emploi et du logement
Pour
mettre en oeuvre les orientations de son programme, le gouvernement a
proposé des actions nouvelles, dont le montant global s'élevait
à 14,5 milliards de francs pour 1995, en ouvertures nettes de
crédits, et à 50 milliards de francs en année pleine.
Il s'agissait principalement, d'une part, du plan d'urgence pour l'emploi
(10,4 milliards de francs) et, d'autre part, de mesures en faveur du
logement (3,4 milliards de francs).
4. Un effort d'économie
Cet effort, prélude à une politique plus rigoureuse de réduction des dépenses publiques, consistait principalement en des annulations de crédits à hauteur de 15,8 milliards de francs, et en moindres dépenses sur les comptes spéciaux du Trésor pour 3 milliards.
5. Des mesures de redressement des recettes
Les
recettes fiscales ont été augmentées de 31 milliards
de francs dont 17,4 milliards de francs qui correspondent au
relèvement de deux points du taux normal de la TVA et 12 milliards
de francs au titre de la contribution de 10 % assise sur l'impôt sur
les sociétés. Par ailleurs, l'exécution du budget mettait
en valeur une moins-value de 10 milliards de francs au titre de la TVA et
de l'impôt sur les sociétés.
Les recettes non fiscales baissaient de 28,9 milliards de francs, le
changement de comptabilisation des opérations de privatisation
(annulation de 47 milliards de francs de recettes) étant
compensé à hauteur de 18,1 milliards de francs par des
recettes diverses.
B. LA RATIFICATION DU DÉCRET D'AVANCES DU 31 MARS 1995
Le décret d'avances du 31 mars 1995 a ouvert 600 millions de francs au budget de l'industrie afin d'abonder le chapitre des primes à la reprise des véhicules de plus de 10 ans. Afin de ne pas remettre en cause l'équilibre initial de la loi de finances pour 1995, 600 millions de francs ont été annulés sur le chapitre 14-01 "Garanties diverses" au budget des charges communes, au titre de l'assurance-crédit.
III. LA LOI DE FINANCES RECTIFICATIVE DU 30 DÉCEMBRE 1995
Cette loi de finances rectificative a entraîné au titre du budget général une variation nette des crédits de 2,2 milliards de francs, tandis que les ressources nettes baissaient du même montant.
A. LES OUVERTURES DE CRÉDITS
Les
ouvertures de crédits correspondent, soit à des remises à
niveau des dotations telles qu'elles ressortent du collectif du
4 août 1995, soit à la traduction budgétaire de
décisions prises en 1995.
Les charges définitives du budget général augmentent de
2,2 milliards de francs (18,9 milliards de francs d'ouvertures de
crédits et 15,8 milliards de francs d'annulations) et se
répartissent ainsi :
- les dépenses ordinaires civiles (nettes de remboursements et
dégrèvements) augmentent de 5,04 milliards de francs. Ce
solde correspond à 15,72 milliards de francs d'ouvertures nettes de
crédits et à 10,67 milliards de francs d'annulation ;
- les dépenses civiles en capital diminuent de 1,41 milliard
de francs, en raison de 1,09 milliard de francs d'ouverture de
crédits et de 2,5 milliards de francs d'annulation ;
- les dépenses militaires baissent de 1,4 milliard de francs
(2,1 milliards de francs d'ouverture de crédits et
3,5 milliards de francs d'annulation).
Par ailleurs, la charge nette des comptes spéciaux du Trésor
baisse de 4,16 milliards de francs.
B. LES RÉÉVALUATIONS DE RECETTES
Les recettes nettes diminuent de 2,19 milliards de francs et s'établissent à 1.223,66 milliards de francs. Ces mouvements résultent notamment d'une baisse de 24,1 milliards de francs des recettes fiscales nettes, d'une progression de 19,8 milliards de francs des ressources non fiscales et d'un allégement de 2,1 milliards de francs des prélèvements sur recettes.
IV. LES MOUVEMENTS DE CRÉDITS OPÉRÉS PAR VOIE RÉGLEMENTAIRE
En 1995, au sein du budget général, les modifications de crédits opérées par voie réglementaire ont représenté au total un solde net de 70,6 milliards de francs correspondant à 47,9 milliards de francs de reports de l'exercice précédent, au décret d'avances du 31 mars 1995, ainsi qu'au rattachement de fonds de concours pour 65,3 milliards de francs. En contrepartie, 43,1 milliards de francs de crédits ont été annulés.
A. LES REPORTS DE CRÉDITS
Les reports de crédits de 1994 à 1995 s'établissent à 47,9 milliards de francs, en diminution de 14,1 % sur ceux effectués en 1994.
B. LES FONDS DE CONCOURS
Le volume des fonds de concours rattachés en 1995 progresse de 3 % pour atteindre 65,27 milliards de francs.
C. LES ANNULATIONS DE CRÉDITS
Fixées à 43,1 milliards de francs, elles sont en progression de 48,5 % par rapport à 1994 et touchent principalement, hors titre I, le budget de la défense (11,9 milliards de francs), et celui de l'agricultre (2,3 milliards de francs).
V. LES MOUVEMENTS DE CRÉDITS CONTENUS DANS LA LOI DE RÈGLEMENT
Au titre
du budget général, le projet de loi de règlement demande
l'ouverture de 16,02 milliards de francs et l'annulation de
14,25 milliards de francs de crédits contre, respectivement, 11,86
et 18,68 milliards de francs en 1994.
Les ouvertures de crédits concernent presque exclusivement les
dépenses ordinaires civiles (à hauteur de 16,01 milliards de
francs), et pour 14,2 millions de francs, les dépenses ordinaires
militaires.
Les annulations de crédits s'imputent pour 12,95 milliards de
francs sur les dépenses ordinaires civiles, et pour 1,29 milliard
de francs sur les dépenses ordinaires militaires.
CHAPITRE III
L'ÉVOLUTION DES RECETTES ET DES
DÉPENSES
I. LES RECETTES EN 1995
A. L'ÉVOLUTION GLOBALE DES RECETTES EN 1995
Décomposition des augmentations de recettes en 1995
Nature des produits |
Écart de recettes
effectives entre 1994 et 1995
|
Écart
|
Produit fiscal net |
+ 47,2 |
+ 4 % |
Recettes non fiscales (hors privatisations) |
|
|
Prélèvements sur recettes |
+ 1,9 |
- 0,8 % |
Fonds de concours |
+ 1,9 |
+ 3,3 % |
Recettes du budget général (hors privatisations) |
|
|
Les
recettes budgétaires nettes
(hors recettes de privatisations) ont
progressé de 5,3 % en 1995, alors que le PIB augmentait en valeur
de 3,9 %.
Cette progression, plus importante qu'en 1994 (+ 3 %), résulte
largement de la progression du produit fiscal net, qui est passé de
1.254,4 milliards de francs en 1994 à 1.301,6 milliards de francs
en 1995, soit une hausse de 4 %. Cette évolution ne
révèle en rien un dynamisme des recettes fiscales, mais traduit
les effets relativement mesurés des hausses d'impôts
décidées lors de la loi de finances rectificative du 4 août
1995.
Par ailleurs, il faut noter la forte progression des recettes non fiscales
(+ 9,7 %) qui ont contribué à assurer le respect des
objectifs de recettes fixés par la loi de finances initiale, alors que
dans le même temps, les prélèvements sur recettes
étaient plus modérés (-0,8 %).
B. L'ÉVOLUTION DES RECETTES FISCALES EN 1995
|
1994 |
1995 |
Évolution 1995/1994
|
Recettes fiscales brutes |
1.465,2 |
1.523,9 |
+ 4,0 |
Remboursements et dégrèvements |
- 210,8 |
- 222,3 |
+ 5,4 |
Produit
fiscal net
|
1.254,4
|
1.301,6
|
+ 3,8
|
Prélèvements
sur recettes
|
- 236,8
|
- 234,9
|
- 0,8
|
La
prévision économique associée à la loi de finances
pour 1995 escomptait une
croissance de 5,1 %
et un
produit fiscal
net
de 1.305,9 milliards de francs
en hausse de 4,1 %
par rapport
à 1994. Ces deux estimations étaient compatibles avec une
élasticité du système fiscal
2(
*
)
égale à 0,80.
"
In fine
"
,
la croissance aura été en 1995 de 3,9 % et les recettes fiscales
nettes se seront accrues de 3,8 % au prix d'un alourdissement des
prélèvements obligatoires.
Celui-ci a conduit à ajouter à l'évolution
spontanée des recettes fiscales un supplément de recettes de
l'ordre de 30 milliards de francs essentiellement au titre de la TVA (+ 17
milliards de francs) et de l'impôt sur les sociétés (+ 11
milliards de francs).
Sans ces mesures nouvelles, la variation des recettes fiscales aurait
été de l'ordre de 1,4 %, soit une élasticité du
système fiscal par rapport à la croissance de 0,35.
La progression des impôts ayant fait l'objet de majorations dans la loi
de finances rectificative du 4 août 1995 est pourtant décevante.
La taxe sur la valeur ajoutée
nette progresse de 4,3 % par
rapport à 1994, pour s'établir à 563,1 milliards de
francs. Sans l'augmentation de deux points du taux de l'impôt, la
progression aurait été limitée à 2,8 %, un
niveau comparable à la progression des emplois taxables (+2,6 %).
Rappelons qu'en 1994, le produit de cet impôt, avant la majoration
évoquée, avait progressé de 7,2 %. La faible
progression de l'assiette - consommation et investissement des ménages,
consommation des administrations et importations - est la cause essentielle du
médiocre rendement de l'impôt. La part de la TVA nette dans les
recettes fiscales progresse toutefois sensiblement (de 42,3 % à
43,3 %).
L'impôt sur les sociétés net
s'établit
à 125,8 milliards de francs en 1995, en forte progression par rapport
à 1994 (+11,1 %). Cette progression résulte essentiellement
de la majoration de 10% instituée par la loi de finances rectificative
du 4 août 1995 (10,4 milliards de francs sur 12,5 milliards de francs de
produit supplémentaire), si bien qu'à législation
constante, la progression n'aurait été que de 1,9 %.
L'importance des remboursements d'impôts (25 milliards de francs, soit 4
milliards de plus qu'en 1994) contraste vivement avec la progression du revenu
disponible brut des sociétés et quasi-sociétés en
1994 (+ 9,9 %) et 1995 (+ 5,4 %). Il s'explique en partie
par l'importance des provisions passées dans le secteur financier pour
faire face à la crise immobilière.
Le produit de
l'impôt de solidarité sur la fortune
progresse de 2,45 % pour s'élever à 8,5 milliards de francs.
Cet accroissement est encore entièrement dû à la
contribution de 10 % introduite par la loi de finances rectificative du 4
août 1995. En effet, une progression des bases imposables
(+ 1 %) inférieure au relèvement des tranches du
barème (+ 1,8 %) aurait fait diminuer l'impôt
mécaniquement, en l'absence de la majoration décidée en
cours d'année.
Les autres impôts connaissent également une évolution peu
dynamique.
Le produit de
l'impôt sur le revenu
a progressé faiblement
(+ 0,5 %) à 297 milliards de francs en 1995, si bien qu' il a
régressé de 0,15 point de PIB, après une forte diminution
en 1994 (- 4,6 %). La faible croissance de la base taxable - le
revenu disponible brut des ménages avant impôt n'avait cru que de
1 % en 1994 - explique une partie du faible rendement de cet impôt
en 1995. Mais des phénomènes d'optimisation fiscale de la part
des ménages ont probablement joué pour expliquer
l'évolution décevante du produit de l'impôt sur le revenu.
D'une manière générale, la Cour des comptes note une
faible corrélation entre l'évolution du produit de l'impôt
sur le revenu et celle du PIB.
La taxe sur les salaires
progresse de 8,9 % pour s'établir
à 44,3 milliards de francs mais avec une grande
inégalité dans la progression entre le secteur privé (26
milliards de francs, soit + 0,4 %) et le secteur public (18 milliards
de francs, soit + 23,7 %). L'augmentation du produit de la taxe pour
le secteur public s'explique largement par la suppression de
l'exonération dont bénéficiait La Poste.
Les droits d'importation, la TIPP et les divers droits de douane
progressent globalement faiblement (+ 1,6 %) pour s'établir
à 152,3 milliards de francs. L'évolution de cette recette traduit
de façon directe la déformation de la consommation des produits
pétroliers. Dans un marché globalement stable, la composante la
plus dynamique reste le gazole qui bénéficie d'une taxation
allégée.
Les produits de l'enregistrement
atteignent 68,3 milliards de francs, en
baisse de 0,6 % par rapport à 1994.
Les produits du timbre et de l'impôt sur les opérations de
bourse
s'établissent à 11,8 milliards de francs, en
diminution de 1,1 %. Les contributions indirectes et taxes
assimilées atteignent 41,4 milliards de francs.
Les dégrèvements et remboursements d'impôts
s'élèvent à 222 milliards de francs, en progression
de 5,4 % par rapport à 1994.
les remboursements
représentent 62,2 % du total : les
remboursements de TVA sont stables (+ 0,6 % à 105,6 milliards
de francs), alors que les remboursements d'impôts sur les
sociétés augmentent fortement (+ 18,3 %).
les dégrèvements
, qui représentent
31,4 % du total, progressent fortement (+ 9,5 %) essentiellement
en raison de la forte augmentation des dégrèvements
d'impôts locaux (50,4 milliards de francs en 1995, soit une progression
de 12,7 %).
C. LES RECETTES NON FISCALES
Le
recours à des recettes non fiscales a été largement
utilisé en 1995. Ainsi, en dépit d'une réduction apparente
de leur volume global -163,7 milliards de francs en 1995 contre
199,2 milliards de francs en 1994-, le montant des recettes non fiscales
hors privatisation s'est accru de 14,7 milliards de francs l'an dernier,
soit une progression de 9,7 %.
La Cour des comptes estime que "
de telles hausses des recettes non fiscales
ne paraissent pas pouvoir être escomptées de manière
durable
".
Les recettes exceptionnelles, notamment les prélèvements sur
trésoreries et réserves des organismes liés à
l'Etat sont en hausse constante.
Les recettes non fiscales sont essentiellement constituées des retenues
et cotisations sociales au profit de l'Etat (25,2 milliards de francs), des
taxes, redevances et recettes assimilées (19,9 milliards de francs), des
produits des exploitations industrielles et commerciales et des
établissements publics à caractère financier (18 milliards
de francs) et des intérêts des avances, des prêts et des
dotations en capital (9,9 milliards de francs). Cependant, le produit des
"recettes diverses" (88 milliards de francs) représente plus de la
moitié des recettes non fiscales.
Les
produits des exploitations industrielles et commerciales et des
établissements publics à caractère financier
enregistrent une baisse de 17 %, en raison de la non-reconduction des
versements exceptionnels de la Banque de France et du recul des dividendes de
l'Etat actionnaire dans les entreprises financières. En revanche, les
dividendes de l'Etat actionnaire d'entreprises non financières
progressent fortement. Les prélèvements sur les jeux connaissent
une très forte hausse (+ 26 %) pour atteindre 12,5 milliards
de francs.
Le produit global des
intérêts des avances, des prêts et
des dotations en capital
progresse de 19 %.
Les
taxes, redevances et recettes assimilées
restent stables.
Les
produits et revenus du domaine de l'Etat
progressent de 3,5 %,
hors recettes de privatisation. En effet, le traitement budgétaire et
comptable des opérations de privatisation a été
profondément modifié par la loi de finances rectificative du 4
août 1995 qui a supprimé le mécanisme d'affectation
dérogatoire d'une partie du produit des privatisations en recettes du
budget général. Il en est résulté une diminution de
47 milliards de francs des recettes du budget général par rapport
aux prévisions de la loi de finances initiale.
Les recettes diverses
progressent de 21 %, pour atteindre 88
milliards de francs :
- les recettes quasi-courantes sont en hausse, principalement les recettes en
atténuation des charges de la dette et des frais de trésorerie
(+21 %) ;
- les recettes exceptionnelles sont conformes aux prévisions de la loi
de finances rectificative ;
- les recettes de la ligne 899, d'un montant global de 25,5 milliards de
francs, progressent légèrement par rapport à 1994, mais
sont surtout nettement supérieures aux évaluations de la loi de
finances initiale (5,7 milliards de francs) en raison de la
non-évaluation des prélèvements sur les fonds
gérés par la Caisse des dépôts et consignations.
La Cour des comptes note que l'ensemble des prélèvements
effectués au bénéfice du Trésor sur les
différents fonds gérés par la Caisse des
dépôts et consignations ou sur son résultat
s'élève à 20 milliards de francs pour 1995 dont 15
milliards de francs de prélèvement sur les excédents de
subvention des prêts de la Caisse de garantie du logement social, 2,8
milliards de francs sur le Fonds de réserve du financement du logement
(seule ressource prévue en loi de finances initiale) et 2 milliards de
francs sur le Fonds de réserve des livrets d'épargne populaire.
S'interrogeant sur les conséquences de ces prélèvements,
elle note que le ratio de réserves de chaque fonds, fixé à
2 %, est respecté. Toutefois, l'ampleur des
prélèvements contraste avec l'absence de contribution au titre de
l'impôt sur les sociétés.
D. LES PRÉLÈVEMENTS SUR RECETTES
Les
prélèvements sur recettes diminuent pour la première fois
en 1995, de 0,8%. Alors que les prélèvements au profit des
collectivités locales progressent de 1,6% pour atteindre 156,6 milliards
de francs, ce résultat s'explique par la diminution des
prélèvements au profit de l'Union européenne
(- 5,2 % soit 78,2 milliards de francs).
Les prélèvements au profit des collectivités locales
comprennent les prélèvements à caractère
compensatoire (53,4 milliards de francs), les subventions (101,4 milliards de
francs) et les affectations de recettes (1,2 milliard de francs).
La progression des prélèvements compensatoires au profit des
collectivités locales s'explique presque entièrement par la
compensation d'exonérations relatives à la fiscalité
locale (+ 26,2 %). En revanche, les dotations du fonds de
compensation de la TVA sont en régression (- 8,7 %), à
21,2 milliards de francs, traduisant le recul des investissements des
collectivités locales en 1993.
Les subventions aux collectivités locales s'accroissent de 1,8 %,
soit la simple indexation du montant de 1994 sur les prix à la
consommation.
Les affectations de recettes, représentant 1,12 milliard de
francs, sont en forte baisse (- 20 %) en raison des effets de la loi
d'amnistie, qui a considérablement réduit le produit des amendes
forfaitaires de la police de circulation.
Les prélèvements au bénéfice de l'Union
européenne reculent de 5,3 % en raison de la diminution de la
contribution de la France assise sur le PNB.
E. LES FONDS DE CONCOURS
Le
produit des fonds de concours augmente de 3,3 % à 61,3 milliards de
francs en 1995.
Les fonds de concours ordinaires et spéciaux représentent
47,5 milliards de francs dont 20,2 milliards de francs au titre du
remboursement, par la Poste et France Telecom, des dépenses de pensions
civiles et des allocations temporaires d'invalidité servies au personnel
titulaire, rattachés au budget des charges communes.
Ces fonds de concours évoluent de manière très
différenciée : les fonds rattachés au budget des routes
diminuent de 3,1 % à 5,5 milliards de francs, ceux rattachés
aux services financiers et au budget travail stagnent respectivement à
6,5 milliards de francs et 3,3 milliards de francs. Les fonds
rattachés à l'industrie et à la défense progressent
en revanche fortement (+ 11 % et + 9 %).
Les fonds de concours de la coopération internationale
représentent 11,7 milliards de francs, en progression de 5,8 %. Les
fonds européens connaissent une très forte progression, notamment
le fonds social européen (+ 52,3 %, à 3,8 milliards de
francs) et le fonds européen de développement de l'espace rural
(+ 41,1 % à 2,5 milliards de francs), traduisant
l'implication croissante de l'Union européenne dans les financements
publics nationaux.
II. LES DEPENSES EN 1995
A. LE BUDGET GENERAL
Le total
des crédits ouverts au budget général pour 1995, y compris
les dégrèvements et remboursements d'impôts
(220,9 milliards de francs), s'est élevé à
1.872,5 milliards de francs, en progression de 3 % par rapport
à ceux ouverts en 1994.
Aux crédits prévus en loi de finances initiale s'ajoutent, en
effet, les modifications induites par les lois de finances rectificatives de
l'été et de l'automne 1995, ainsi que les reports de
crédits de 1994 sur 1995 et les crédits ouverts sur fonds de
concours
3(
*
)
.
Les dépenses effectives sont en augmentation de 3,2 % par rapport
à 1994 et représentent 1.818,9 milliards de francs, soit un
montant inférieur de 53,6 milliards de francs aux crédits
ouverts. Hors remboursements et dégrèvements d'impôts, qui
se sont élevés à 222,2 milliards de francs, la
progression est de 2,9 % par rapport à 1994.
Les dépenses effectives du budget général en 1994 et 1995
(en millions de francs)
|
1994 |
1995 |
Variation (en %) |
I.- Dépenses ordinaires |
|
|
|
A. - Services civils |
|
|
|
Titre I : Dette publique (a) |
427.603,4 |
470.063,7 |
9,9 % |
Titre II : Pouvoirs publics |
3.826,4 |
3.963,3 |
3,6 % |
Titre III : Moyens des services |
579.690,2 |
599.529,7 |
3,4 % |
Titre IV : Interventions publiques |
455.166,7 |
463.759,5 |
1,9 % |
Sous-total |
1.466.286,7 |
1.537.316,2 |
4,8 % |
B.- Services militaires |
|
|
|
Titre III : Moyens des services |
103.705,5 |
105.235,8 |
1,5 % |
Total des dépenses ordinaires |
1.569.992,2 |
1.642.552,0 |
4,6 % |
II. - Dépenses en capital |
|
|
|
A. - Services civils |
|
|
|
Titre V : Investissements exécutés par l'Etat |
25.453,1 |
24.862,7 |
- 2,3 % |
Titre VI : Subventions accordées par l'Etat |
79.438,3 |
76.803,7 |
- 3,3 % |
Titre VII : Réparation des dommages de guerre |
0,8 |
0,1 |
N.S |
Sous-total |
104.892,2 |
101.666,5 |
- 3,1 % |
B. - Services militaires |
|
|
|
Titre V : Investissements exécutés par l'Etat |
87.748,1 |
73.907,1 |
- 15,8 % |
Titre VI : Subventions accordées par l'Etat |
727,6 |
822,5 |
13,0 % |
Sous-total |
88.475,7 |
74.729,6 |
- 15,5 % |
Total des dépenses en capital |
193.367,9 |
176.396,1 |
- 8,8 % |
Total général |
1.763.360,1 |
1.818.948,1 |
3,2 % |
(a) Y compris les dégrèvements et remboursements d'impôts.
(Source : Cour des Comptes)
Les
dépenses ordinaires ont progressé de 4,6 %.
Cette augmentation est particulièrement marquée pour les
dépenses civiles (+ 4,8 %) et plus limitée pour les
dépenses militaires (+ 1,5 %). Elle résulte principalement
de la forte augmentation (+ 9,9 % soit 42,5 milliards de francs) des
dépenses du titre I.
Les dépenses en capital diminuent à nouveau et, pour 1995, dans
des proportions importantes : - 8,8 % par rapport à
1994.
1. Les dépenses du titre I
a) La charge de la dette
Après avoir connu un moindre accroissement en 1994, la charge de la dette publique a, compte tenu du niveau des taux d'intérêt, crû en 1995 de 12,6 % pour représenter 235,4 milliards de francs correspondant pour 92,5 % aux charges de la dette négociable.
b) Les dépenses de garantie
Celles-ci s'élèvent à 10,1 milliards en 1995, en progression de 90,7 % par rapport à 1994, où elles avaient diminué de près de 50 % par rapport à 1993. Cette augmentation provient pour l'essentiel des versements à la BFCE effectués au titre des " autres garanties " en raison de la mise en jeu de la garantie de l'Etat pour un accord militaire avec l'Irak (1,5 milliard), ainsi que d'arriérés de la BFCE s'élevant à 5,1 milliards sur plusieurs pays d'Afrique et en Yougoslavie.
c) Les dépenses en atténuation de recettes
Elles
ont progressé de 5 % en 1995 pour représenter
224,6 milliards de francs contre 213,2 milliards de francs en 1994 :
- les remboursements au titre de la TVA sont à un niveau identique
à 1994 (106 milliards de francs) notamment en raison de la
progression du PIB limitée à 3,9 % en valeur ;
- en revanche, les crédits de restitution d'impôts sur les
sociétés se sont élevés à 25 milliards
de francs (+ 3,85 milliards) en raison de la dégradation de la
situation des entreprises en 1994 et des provisionnements pour risques
immobiliers ; les dégrèvements sur impôts locaux à
la charge de l'Etat ont augmenté de 12,7 % (50,5 milliards de
francs).
2. Les dépenses de fonctionnement
La
progression des dépenses du titre II s'élève en moyenne
à 3,6 % et se limite à 0,8 % pour la part des
crédits concernant le Sénat.
L'ensemble des dépenses de personnel civil et militaire du titre III
connaît une progression de 3,96 % contre 4,03 % en 1994 pour
s'établir à 582 milliards de francs, dont 505 milliards
de francs pour les seules dépenses civiles.
Evolution des dépenses civiles de personnel du Titre III
(en millions de francs)
|
Dépenses nettes |
Evolution |
Glissement annuel |
||
Titre III |
1994 |
1995 |
1995-1994 |
1994-1993 |
1992-1995 |
Rémunérations d'activité |
273.718,8 |
284.801,4 |
4,05 % |
3,29 % |
4,23 % |
Pensions et allocations (y compris pensions militaires) |
150.033,5 |
158.052,4 |
5,34 % |
3,56 % |
4,92 % |
Charges sociales |
61.582,2 |
62.150,2 |
0,92 % |
8,14 % |
5,39 % |
TOTAL |
485.334,5 |
505.004,0 |
4,05 % |
3,97 % |
4,59 % |
La
hausse en 1995 des rémunérations civiles d'activité
(+ 4,05 %) correspond à l'application de l'accord salarial de
1993, qui se traduit par une augmentation de 2,55 % de la valeur moyenne
du point "fonction publique".
Les charges de pensions (y compris les pensions militaires) s'accroissent de
5,34 %, soit un montant supérieur tant à l'augmentation de
1994 (+ 3,56 %) qu'à l'augmentation moyenne sur la période
1992-1995 : + 4,92 %.
Aussi, ainsi que le souligne la Cour des Comptes "
l'évolution de
cette catégorie de charges [les pensions] constitue une
hypothèque sévère sur les budgets futurs
" dans la
mesure où le rapport démographique, au sein du régime
spécial des fonctionnaires civils et militaires de l'Etat actuellement
favorable (2,5) devrait s'établir à 1,4 en 2015. De ce fait,
"un besoin de financement supplémentaire annuel de 12 milliards
(en francs 1996) est prévisible dès 2000".
Les charges sociales, y compris militaires, n'augmentent que de 0,8 %
après un important rattrapage effectué en 1994 (+ 7,7 %).
Pour les charges correspondant aux seules dépenses civiles, ces montants
sont respectivement de 0,92 % et 8,14 %.
Les autres dépenses des services civils représentent
94,5 milliards de francs soit un niveau identique à celui de 1994
(+ 0,2 %) après deux années d'augmentation plus importante :
+ 3,9 % en 1994 et + 2,5 % en 1993. Seules les subventions de
fonctionnement (47,8 milliards de francs) progressent de 4 % tandis
que les dépenses de matériel et de fonctionnement, les travaux
d'entretien et les dépenses diverses diminuent respectivement de
2,8 %, 4,5 % et 4,3 %.
3. Les dépenses d'intervention (titre IV)
Elles
connaissent une progression de 1,9 % et s'établissent à
463,8 milliards de francs après deux années de très
sensible augmentation (+ 5,2 % en 1994 et + 5,7 % en 1993).
Cette moindre progression des dépenses d'intervention est principalement
imputable à la diminution de la subvention versée au BAPSA, qui
est passée de 19,3 milliards en 1994 à 9,6 milliards de
francs en 1995. Elle a été compensée par un
relèvement de 0,3 point de la TVA affectée à celui-ci.
Les autres postes connaissent des augmentations importantes, et notamment :
+ 13,6 % pour les dépenses au titre du RMI
(21,8 milliards de francs) ;
+ 7,3 % pour les aides à la personne pour le logement
(29,9 milliards de francs) ;
+ 7,2 % pour les interventions en faveur de l'emploi
(125,14 milliards de francs).
4. Les dépenses en capital
Les
dépenses civiles et militaires en capital ont poursuivi en 1995 leur
diminution dans la part des dépenses totales de l'Etat.
En exécution, ces dépenses (176,4 milliards de francs)
diminuent en 1995 de 8,8 % par rapport à 1994, compte tenu d'un
taux d'utilisation des crédits qui est passé de 84,7 %
à 82,8 % soit le niveau le plus bas depuis plus de 10 ans.
En
outre, la baisse initiale des crédits
4(
*
)
n'a pas été compensée en cours d'année par un
accroissement de ceux-ci résultant de reports, d'annulations ou de
virements.
La diminution des dépenses d'investissement est particulièrement
importante pour les services militaires : - 15,5 % (soit
74,7 milliards de francs) contre - 3,1 % pour les
dépenses civiles (101,7 milliards de francs). S'agissant du budget
de la défense, la Cour des Comptes a ainsi tenu à soluigner que
"
la contraction des crédits disponibles et l'effet des mesures de
régulation budgétaire ont provoqué une sérieuse
aggravation des reports des charges qui, selon les estimations du
ministère, atteignent environ 12 milliards de
francs
".
B. LES BUDGETS ANNEXES
En 1995, le montant total des opérations définitives s'est élevé à 100,5 milliards de francs soit une progression de 5,1 % par rapport à 1994, résultant principalement de l'accroissement de 12,7 % des crédits ouverts au titre du budget annexe de l'aviation civile (7,6 milliards de francs) et de 4,7 % de ceux du budget annexe des prestations sociales agricoles (91,2 milliards de francs).
C. LES COMPTES SPECIAUX DU TRESOR
1. Le changement du mode de traitement des opérations de privatisation
A compter de la loi de finances rectificative du 4 août 1995, les recettes de privatisation n'ont plus été comptabilisées parmi les ressources du budget général 5( * ) permettant ainsi d'établir une distinction plus claire entre le budget général et les comptes spéciaux du Trésor.
2. Les comptes d'affectation spéciale
Au titre
des opérations définitives, le montant effectif des
dépenses s'est élevé à 40 milliards de francs
contre 27,7 milliards de francs prévus en loi de finances. Cette
différence résulte, outre l'augmentation des recettes de
privatisation, du changement du mode de traitement des opérations de
privatisation tel que décrit ci-dessus.
Compte tenu de 42,2 milliards de francs de ressources définitives,
le solde positif s'est établi à 2,2 milliards de
francs.
3. Les comptes de commerce
Les dépenses effectives des 11 comptes de commerce s'élèvent à 47,7 milliards de francs pour 45,2 milliards de francs de recettes.
4. Les comptes de prêts et d'avances, les autres comptes spéciaux
Les
opérations du compte d'avances à divers services de l'Etat ou
organismes gérant des services publics se sont élevées
à 1.418,7 milliards de francs, soit une multiplication par plus de
8 par rapport à 1994, compte tenu du renouvellement des avances faites
à l'ACOSS qui a été rendu nécessaire par l'ampleur
de ses difficultés de trésorerie. Le montant moyen mensuel des
avances qui portent intérêt s'est élevé à
32,3 milliards de francs et s'est traduit en conséquence par le
versement de 2,6 milliards de francs au Trésor, contre
160 millions de francs en 1994.
Toutes ces avances ont été intégralement
remboursées en fin d'année. Elles n'ont donc eu aucun impact sur
le solde budgétaire.
III. LE SOLDE D'EXÉCUTION DES LOIS DE FINANCES EN 1995
Le
déficit budgétaire pour 1995 s'est établi en
exécution à 323 milliards de francs. La loi de finances
initiale prévoyait un déficit de 275,1 milliards de francs, mais
de 322,1 milliards de francs si l'on tient compte des recettes de privatisation
distraites du budget général par la première loi de
finances rectificative. L'exercice 1995 a donc été marqué
par une maîtrise satisfaisante de l'équilibre budgétaire,
malgré une croissance économique en net fléchissement
(2,2 % contre 2,8 % en 1994) et surtout moins vive que prévu
initialement (3,1 %).
Par rapport à l'exercice 1994, l'amélioration du déficit
budgétaire a été de 26,1 milliards de francs, soit un
déficit de 4,2 % du PIB, permettant à la France de continuer
son chemin vers l'union économique et monétaire, même si le
déficit global des administrations publiques en 1995, 4,9 % du PIB
(contre 5,75 % en 1994), ne permettait plus raisonnablement
d'espérer une mise en place de l'Euro dès 1997.
De la fin de 1994 à la fin de 1995, la dette brute des administrations
publiques (au sens du traité sur l'Union européenne) est
passée de 3.572 milliards de francs à 4.021 milliards de
francs, soit de 48,5 à 52,7 % du PIB.
Le
passage du déficit budgétaire à la dette publique
(réponse du gouvernement)
***
QUESTION
La Cour des Comptes fait apparaître un déficit de
382 milliards de francs comme "besoin de financement des administrations
publiques" et un "découvert" de 322,7 milliards de francs pour le
budget de l'Etat. En revanche, la progression de la dette publique est
établie à 452,6 milliards de francs. Préciser les
retraitements comptables qui permettent le passage d'une donnée à
l'autre.
REPONSE
Du
déficit budgétaire au besoin de financement public
aux sens
français et européen
S'agissant du "
déficit
", le traité de
Maastricht se réfère au concept de "
besoin de financement des
administrations publiques
", tel que le définit le système
européen de comptabilité nationale de 1979 précisé
par Eurostat.
Celui-ci recouvre l'ensemble des administrations publiques : l'Etat, mais
aussi les collectivités territoriales et leurs satellites
(administrations publiques locales), les organismes de protection sociale
(administrations publiques de sécurité sociale et hôpitaux)
et des "
organismes divers d'administration centrale
" (ODAC),
c'est-à-dire, pour l'essentiel, des établissements publics
auxquels l'Etat a confié une compétence spécialisée
au niveau national et dont les ressources principales sont des subventions de
l'Etat ou des contributions obligatoires. En revanche, les "
administrations
publiques
", au sens du traité, ne comprennent pas les entreprises
publiques, sauf si celles-ci sont financées majoritairement par des
ressources publiques (elles entrent alors, comme le CEA ou le CNES, dans la
catégorie des ODAC).
La notion de besoin de financement de l'Etat ne recoupe pas entièrement
celle de déficit budgétaire. Elle ne prend pas en compte les
opérations financières et budgétaires, mais intègre
à l'inverse des "
opérations non budgétaires non
financières
".
Or, le budget de l'Etat comporte des opérations financières qui
modifient la composition du patrimoine financier de l'Etat, sans a priori
influencer sa valeur nette : prêts et avances des comptes
spéciaux du Trésor, dotations en capital, produits des
privatisations...
A l'inverse, le budget de l'Etat ne comprend pas, par définition, des
"
opérations non financières et non budgétaires
" qui
ont un effet sur le besoin de financement car elles modifient la valeur nette
de son patrimoine (abandon d'une créance au profit d'un pays en voie de
développement, par exemple).
Ainsi, le "
découvert
" (322,7 milliards de francs)
mentionné par la Cour dans son rapport sur l'exécution des lois
de finances, correspond au solde d'exécution des lois de finances pour
1995, hors FMI. Il figure également à l'article premier du projet
de loi de règlement pour 1995.
Le déficit de 382 milliards de francs (révisé depuis
à 379 milliards de francs) correspond au besoin de financement de
l'ensemble des administrations publiques tel que défini ci-dessus, au
sens des critères du traité de Maastricht.
Logiquement, le passage de l'un à l'autre s'effectue en deux
étapes :
passage du solde budgétaire au besoin de financement de l'Etat.
Au sens français, ce passage fait l'objet d'une ventilation
détaillée dans le rapport sur les comptes de la Nation pour 1996
(pages 192-193 des comptes et indicateurs économiques). Il aboutit
à un montant de 335,9 milliards de francs.
Au sens européen, ce passage est explicité dans la notification
à Eurostat sur les déficits excessifs. Il diffère
notamment sur les traitements du crédit-bail, des avances
aéronautiques et des recettes des coupons courus. Il aboutit à un
montant de 312,5 milliards de francs.
Ajout des autres administrations publiques :
- ODAC : + 9,3 milliards de francs
- APUL : - 17,5 milliards de francs
- SECU : - 68,7 milliards de francs au sens français,
- 58,7 milliards de francs au sens européen après prise
en compte d'une correction de 10 milliards de francs sur les
hôpitaux (erreur de base).
Il est utile de se reporter aux pages 181 et suivantes du rapport sur les
comptes de la Nation pour 1996, afin d'y obtenir les principaux chiffres
aboutissant au besoin de financement des administrations publiques.
A l'issue de ce passage, on obtient le besoin de financement de
379 milliards de francs (y compris FMI) au sens européen
(412,8 milliards de francs au sens français).
Du besoin de financement à la dette publique
La Cour
des Comptes reprend le chiffre de déficit des administrations publiques
au sens du traité de Maastricht, pour l'année 1995,
notifié en mars 1996. Ce chiffre est fondé sur la version
provisoire du compte, revue depuis.
La progression de la dette publique au sens de Maastricht correspondante
était évaluée à 449,7 milliards de francs,
chiffre proche de celui cité par la Cour (452,6 milliards de
francs).
L'écart entre le besoin de financement et la variation de la dette
s'explique par des ajustements comptables provenant des différences de
définition. Les plus importantes viennent de ce que la dette au sens de
Maastricht ne comprend pas certains passifs financiers et est brute en valeur
nominale.
La dette au sens de Maastricht est nette des décalages comptables, des
crédits commerciaux et des opérations de crédit-bail. Or,
ces opérations financières sont implicitement retracées
dans le déficit public et il faut donc les prendre en compte pour passer
de ce dernier à la variation de dette au sens de Maastricht.
La dette est brute : or, le besoin de financement est comptablement
égal à la variation des dettes nettes des créances des
administrations publiques. Pour passer de la variation de dette publique au
besoin de financement, il faut donc rajouter à ce dernier les variations
de créances.
La dette est en valeur nominale : la cohérence stricte entre le
déficit public et la variation de la dette publique nette correspondante
voudrait que la dette obligataire soit mesurée en valeur de
marché. Or, la dette au sens de Maastricht est en valeur nominale. Il
faut donc prendre en compte l'écart entre ces deux modes de
valorisation.
EXAMEN DES ARTICLES
ARTICLE PREMIER
Résultats
généraux de l'exécution
des lois de finances pour
1995
Commentaire : le présent article a pour objet
d'arrêter les résultats définitifs de l'exécution
des lois de finances pour 1995.
Le présent article a pour objet de présenter, sous forme de
tableau synthétique, les résultats définitifs de
l'exécution de 1995, conformément à l'article 35 de
l'ordonnance organique du 2 janvier 1959 qui dispose que "
le projet annuel
de loi de règlement constate le montant définitif des
encaissements de recettes et des ordonnancements de dépenses se
rapportant à une même année
".
L'article premier fixe, d'une part, le résultat des opérations
à caractère définitif du budget général
ainsi que des budgets annexes et des comptes d'affectation spéciale, et
d'autre part, le résultat des opérations à
caractère temporaire en le présentant par catégorie de
comptes spéciaux.
Le solde des opérations définitives de l'Etat est
arrêté à - 301,91 milliards de francs (il
était de - 275,89 milliards de francs en 1994).
Le solde des opérations temporaires est de - 20,77 milliards de
francs (- 23,72 milliards de francs en 1994).
Le solde global hors opérations avec le FMI est de -
322,68 milliards de francs (- 299,61 milliards de francs en 1994).
Le solde global hors opérations avec le FMI et hors fonds de
stabilisation des changes est de - 322,95 milliards de francs
(- 299,08 milliards de francs en 1994).
Ce solde représente 4,10 % du PIB de 1995.
Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter
cet article sans modification.
ARTICLE 2
Recettes du budget
général
Commentaire : le présent article a pour objet
d'arrêter le montant des recettes du budget général pour
1995.
Le montant des recettes du budget général est arrêté
à 1.514,95 milliards de francs pour l'année 1995, soit une
progression de 1,8% par rapport à 1994.
Ces recettes se décomposent comme suit :
- 1.523,86 milliards de
recettes fiscales
, soit une progression de 4 %
par rapport à 1994.
- 164,68 milliards de
recettes non fiscales
, soit une diminution de 17,6
% par rapport à 1994.
- 61,32 milliards de
fonds de concours et recettes assimilées
,
soit une progression de 3,2 % par rapport à 1994.
- 234,92 milliards de
prélèvements sur recettes de l'Etat
venant en déduction des recettes totales, soit une diminution de 0,8 %
par rapport à 1994.
En prenant en compte les dégrèvements et remboursements
d'impôts, les recettes nettes du budget général
s'élèvent à 1.292,76 milliards de francs, soit une
augmentation de 1,23 % par rapport à 1994.
Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter
cet article sans modification.
ARTICLE 3
Dépenses ordinaires civiles du
budget général
Commentaire : Le présent article a pour objet
d'arrêter le montant définitif des dépenses ordinaires
civiles du budget général en 1995.
Le montant définitif des dépenses ordinaires civiles brutes
s'établit à 1.537,32 milliards de francs, contre
1.466,29 milliards de francs en 1994, soit une progression de 4,8 %.
Nettes des dégrèvements et remboursements, celles-ci
s'élèvent à 1.315,13 milliards de francs, en hausse
de 4,7 % par rapport à 1994.
Par titre, l'évolution de ces dépenses est la suivante :
pour le titre I : + 9,9 %, soit 470,06 milliards de
francs ;
pour le titre II : + 3,6 %, soit 3,96 milliards de
francs ;
pour le titre III : + 3,4 %, soit 599,53 milliards de
francs ;
pour le titre IV : + 1,9 %, soit 463,76 milliards de
francs.
Le présent article demande :
l'ouverture de crédits complémentaires à hauteur de
16,01 milliards de francs, essentiellement au profit du titre I
(+ 8,52 milliards de francs) et du titre IV
(+ 6,81 milliards de francs) ;
l'annulation de crédits non consommés pour
12,95 milliards de francs répartis principalement entre le
titre I (3,84 milliards de francs), le titre III
(3,77 milliards de francs) et le titre IV (5,33 milliards de
francs), soit au total un solde positif de 3,06 milliards de francs.
L'ensemble des ouvertures de crédits complémentaires telles
qu'elles sont détaillées dans le tableau B annexé
à la présente loi, porte sur des crédits évaluatifs
à deux exceptions près :
- un dépassement de 2.008,06 francs sur le chapitre 31-05 du
budget des services du Premier ministre (services généraux) qui
n'avait pas été doté en loi de finances initiale ;
- un ajustement de 3,33 francs sur l'ensemble des ministères
correspondant au fait que si les crédits sont arrêtés en
francs, les comptes publics sont, eux tenus en centimes.
Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter
cet article sans modification.
ARTICLE 4
Dépenses civiles en capital du
budget général
Commentaire : le présent article a pour objet
d'arrêter le montant définitif des dépenses civiles en
capital du budget général en 1995.
Le montant définitif des dépenses civiles en capital
s'établit à 101,67 milliards de francs contre
104,89 milliards de francs en 1994, soit une diminution de 3,1 %.
Pour des raisons comptables, la loi de règlement propose des ouvertures
de crédits complémentaires à hauteur de 10,97 francs
et des annulations de crédits non consommés pour
31,85 francs.
Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter
cet article sans modification.
ARTICLE 5
Dépenses ordinaires militaires
du budget général
Commentaire : Le présent article a pour objet
d'arrêter le montant définitif des dépenses ordinaires
militaires du budget général en 1995.
Le montant définitif des dépenses ordinaires militaires du budget
général s'établit, en 1995, à 105,23 milliards
de francs, en progression de 1,5 % par rapport à 1994.
En outre, le présent article demande l'ouverture de crédits
complémentaires détaillés dans le tableau D
annexé à la présente loi, pour un montant de
14,2 millions de francs, correspondant à des crédits
évaluatifs concernant des frais de contentieux (règlements des
dommages et accidents du travail) ainsi qu'un ajustement comptable de
0,49 franc.
Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter
cet article sans modification.
ARTICLE 6
Dépenses militaires en capital
du budget général
Commentaire : le présent article a pour objet
d'arrêter le montant définitif des dépenses militaires en
capital du budget général pour 1995.
Le montant définitif des dépenses militaires en capital
s'élève, en 1995, à 74,73 milliards de francs, soit
une diminution de 15,5 % par rapport à 1994.
En outre, le présent article demande des ouvertures de crédits de
1,23 franc rendues nécessaires par la tenue en centimes et non en
francs des comptes publics.
Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter
cet article sans modification.
ARTICLE 7
Résultat du budget
général de 1995
Commentaire : le présent article a pour objet
d'arrêter, compte tenu des montants de recettes et de dépenses
fixés aux articles précédents, le solde du budget
général en 1995.
L'excédent des dépenses (1.818,95 milliards de francs) sur
les recettes (1.514,95 milliards de francs) est arrêté par le
présent article à
304,00 milliards de francs.
Ce résultat représente une augmentation de 10,1 % par
rapport à 1994, mais une réduction de 6,6 % si l'on tient
compte des recettes de privatisation inscrites au budget général
de 1994.
Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter
cet article sans modification.
ARTICLE 8
Résultats des budgets
annexes
Commentaire : le présent article a pour objet
d'arrêter les résultats des budgets annexes et d'autoriser des
ajustements de crédits sur ces budgets.
Les résultats des six budgets annexes pour 1995 sont
arrêtés, en recettes et en dépenses, à
100,49 milliards de francs. Ils augmentent de 3,7 %.
Les ajustements demandés s'élèvent à :
- 1.324 millions de francs en ouvertures de crédits
complémentaires dont l'essentiel au budget annexe des prestations
agricoles ;
- 1.666 millions de francs en annulations de crédits non
consommés, dont :
1.416 millions de francs au budget annexe des prestations sociales
agricoles (BAPSA),
196 millions de francs au budget annexe de l'aviation civile (BAAC).
Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter
cet article sans modification.
ARTICLE 9
Comptes spéciaux dont les
opérations se poursuivent en
1996
Commentaire : cet article a pour objet, en application des
dispositions de l'article 35 de l'ordonnance organique du 2 janvier 1959,
d'établir les profits et les pertes constatés dans
l'exécution des comptes spéciaux du Trésor. Le solde des
comptes d'affectation spéciale est, en application de l'article 24 de
l'ordonnance, reporté en 1996.
Le paragraphe I de l'article
arrête les résultats des comptes
spéciaux du Trésor dont les opérations se poursuivent en
1996. Il retrace les modifications de crédits (ouvertures de
crédits complémentaires et annulations de crédits non
consommés) et les autorisations de découverts
complémentaires.
Les ajustements de la loi de règlement portent sur l'ouverture de 1420,4
milliards de francs de crédits complémentaires, l'annulation de
21,4 milliards de francs de crédits non consommés et une
autorisation de découvert complémentaire de 42,8 milliards de
francs (sur les comptes d'opérations monétaires).
L'ampleur des ouvertures de crédits complémentaires s'explique
par le dépassement constaté du compte d'avances n°903-58
("Avances à divers services de l'Etat ou organismes gérant des
services publics"), doté de crédits évaluatifs. Il
concerne, à hauteur de 1396,1 milliards de francs, les avances faites
à l'agence centrale des organismes de sécurité sociale
(ACOSS), qui n'ont pas été évaluées correctement en
loi de finances initiale. Les avances ont été remboursées
dans l'année, mais l'autorisation de les consentir doit être
validée.
Le paragraphe II de l'article
arrête les soldes des comptes
spéciaux du Trésor à la date du 31 décembre 1995.
Les soldes débiteurs représentent un total de 280 milliards de
francs, en augmentation par rapport à 1994, alors que le montant des
soldes créditeurs est relativement stable, à 25,8 milliards de
francs. Les soldes débiteurs proviennent essentiellement des comptes
d'opérations temporaires (comptes de prêts et d'avances).
Le paragraphe III de l'article
procède au report des soldes
arrêtés au paragraphe II, à l'exception du solde
débiteur du compte "pertes et bénéfices de change" de
197,9 millions de francs, et du solde créditeur de 1 milliard de francs
figurant aux comptes de prêts, en raison de remises de dettes aux pays
les moins avancés.
En application des dispositions particulières figurant dans le
décret de répartition des crédits ouvert au titre de la
loi de finances de l'année, le solde du compte "pertes et
bénéfices de change" est porté en atténuation des
découverts du Trésor (article 16 du projet de loi de
règlement).
Le solde débiteur des comptes de prêts correspondant à des
remises de dette aux pays les moins avancés est porté en
augmentation des découverts du Trésor (article 16 du projet de
loi de règlement).
Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter
cet article sans modification.
ARTICLE 10
Pertes et profits sur emprunts et
engagements de l'Etat
Commentaire : le présent article arrête le
solde des
pertes et profits à la somme de 15,22 milliards de francs au
31 décembre 1995.
Conformément au 5ème alinéa (c) de l'article 35 de
l'ordonnance du 2 janvier 1959 portant loi organique relative aux lois de
finances, le projet de loi de règlement établit le compte de
résultat de l'année qui comprend : "
les profits ou les
pertes résultant éventuellement de la gestion des
opérations de trésorerie dans des conditions prévues par
un règlement de comptabilité publique
".
Les opérations de gestion de trésorerie ont dégagé
un solde négatif de 15,22 milliards de francs en 1995, contre
156,5 milliards de francs en 1994
6(
*
)
et
18 milliards de francs en 1993.
Au titre des dépenses, 10,63 milliards de francs sont imputables
aux annuités non supportées par le budget général,
ou un compte spécial du trésor, qu'il s'agisse du remboursement
de créances de TVA (7,37 milliards de francs) ou du remboursement
d'emprunts pris en charge par l'Etat (3,26 milliards de francs), et
9,15 milliards de francs correspondent à des pertes sur
adjudications de titres.
Compte tenu de 5,46 milliards de francs de profits sur adjudications de
titres, le solde s'établit, au total, à
- 15,22 milliards de francs.
Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter
cet article sans modification.
ARTICLE 11
Pertes en trésorerie sur
devises
Commentaire : le présent article a pour objet
d'apurer une
perte en trésorerie correspondant à la contre-valeur de devises
détenues par les régies auprès des ambassades de France en
Irak, au Rwanda et en Georgie.
L'article 35 de l'ordonnance n°59-2 du 2 janvier 1959 relative aux lois de
finances dispose que le résultat de l'année comprend notamment
"les profits et pertes résultant éventuellement de la gestion des
opérations de trésorerie dans des conditions prévues par
un réglement de comptabilité publique".
Le présent article propose le transport de pertes en trésorerie
sur devises en augmentation des découverts du Trésor pour un
montant total de 9.486,60 francs.
Poste |
Montant en francs |
Observations |
Bagdad |
4,22 |
billets démonétisés |
Kigali |
9467,25 |
billets démonétisés |
Tbilissi |
15,13 |
petites coupures de coupons georgiens non échangeables contre des laris |
Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter cet article sans modification.
ARTICLE 12
Remise de dettes consentie au
Vietnam
Commentaire : le présent article autorise une remise
de
dettes d'un montant en capital de 28,4 millions de francs restant dû par
l'ancienne République du Vietnam.
Le prêt, de 70 millions de francs, accordé par la France à
l'ancienne République du Vietnam, dans le cadre d'un protocole conclu le
24 mars 1960, constitue la partie la plus ancienne de la dette de l'ex-Vietnam
du Sud.
Les arriérés de ce prêt s'élèvent au 31
décembre 1995 à 28,4 millions de francs en principal et 50,6
millions de francs en intérêts.
Suite à des négociations financières avec le gouvernement
français, il a été conclu que la République
socialiste du Vietnam honorerait l'ensemble des dettes de l'ancien Vietnam du
Sud restant dues, à l'exception de ce prêt accordé en 1960.
Il est donc proposé d'apurer, par transport en augmentation des
découverts du Trésor, la somme en principal de ce prêt,
soit 28,4 millions de francs inscrits au compte n°903-07 "Prêts du
Trésor à des Etats étrangers et à la Caisse
française de développement".
Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter
cet article sans modification.
ARTICLE 13
Abandon de créances
détenues à l'encontre de
l'ex-ORTF
Commentaire : le présent article autorise le
ministre de
l'Economie et des finances à procéder à la remise d'une
somme en capital de 75 millions de francs, correspondant à deux avances
accordées à l'Office de la Radiodiffusion
Télévision Française.
Deux avances, d'un montant global de 75 millions de francs ont
été accordées le 14 septembre 1974, à l'Office de
la Radiodiffusion-télévision Française (ORTF).
Ces avances ont été consolidées sous forme de prêt
imputable au compte spécial n° 903-15 "Avances du Trésor
consolidées par transformation en prêts du Trésor" par la
loi de finances rectificative pour 1978 (article 15).
En 1984, elles ont été consolidées par transformation en
prêts remboursables en 10 annuités, avec un taux
d'intérêt annuel de 8,75%.
Cependant, les établissements publics et sociétés
nationales issus de l'ORTF ont contesté dès 1984 le montant et la
nature de la créance de l'Etat, ainsi que le bien-fondé du
remboursement d'une dette contractée par l'ex-ORTF.
A cette contestation de la réalité de la créance se sont
ajoutées les modifications du paysage audiovisuel français.
Ainsi, lors de la privatisation de TF1, cette dette à l'égard de
l'Etat ne figurait pas au passif de la chaîne.
Aucun versement n'a donc été effectué selon
l'échéancier prévu.
Aucun des organismes issus de l'ORTF n'ayant réglé les
annuités de remboursement, le montant global dû
s'élève aujourd'hui à 115,6 millions de francs, dont 75
millions de francs en capital et 40,6 millions de francs en
intérêts comme le montre le tableau d'amortissement ci-dessous.
(en francs)
Dates d'échéance |
Montant des annuités de remboursement |
||
|
Capital |
Intérêts |
Total |
31 décembre 1985 |
4.995.724 |
6.562.500 |
11.558.224 |
31 décembre 1986 |
5.432.850 |
6.125.374 |
11.558.224 |
31 décembre 1987 |
5.908.224 |
5.650.000 |
11.558.224 |
31 décembre 1988 |
6.425.194 |
5.133.030 |
11.558.224 |
31 décembre 1989 |
6.987.399 |
4.570.725 |
11.558.224 |
31 décembre 1990 |
7.598.796 |
3.959.428 |
11.558.224 |
31 décembre 1991 |
8.263.691 |
3.294.533 |
11.558.224 |
31 décembre 1992 |
8.986.764 |
2.571.460 |
11.558.224 |
31 décembre 1993 |
9.773.106 |
1.785.118 |
11.558.224 |
31 décembre 1994 |
10.628.252 |
929.972 |
11.558.224 |
Totaux |
75.000.000 |
40.582.240 |
115.582.240 |
Source : Ministère de l'Economie et des finances
Il apparaît d'autant plus difficile de recouvrer cette créance
aujourd'hui, que la diversité des statuts des organismes de
l'audiovisuel ne permet pas de trouver une solution simple et équitable.
La diversité de statuts a en effet conduit à ne pas retenir la
solution préconisée par la Cour des comptes. Celle-ci avait
proposé d'utiliser une partie des crédits provenant de la
redevance audiovisuelle, c'est-à-dire des crédits figurant au
chapitre 05 "Dépenses diverses" du compte d'emploi de la redevance
(compte 902-15).
Cette solution ne serait pas satisfaisante, car elle ne concernerait que les
sociétés bénéficiant de la redevance, à
l'exclusion d'autres chaînes concernées par la créance de
l'Etat (TDF, la SFP, TF1), et pénaliserait des sociétés
qui, bénéficiant de la redevance, ne sont toutefois pas
concernées par la créance (La Cinquième, la Sept-ARTE).
Il apparaît donc, qu'à défaut d'avoir pris en compte les
conséquences de l'éclatement de l'ORTF, par exemple pour
transformer dès 1984 le prêt de l'Etat en subvention, aucune
solution ne peut aujourd'hui être trouvée.
Il est donc proposé d'abandonner la créance détenue
à l'encontre de l'ex-ORTF, pour un montant total de 75 millions de
francs, les intérêts correspondant au prêt étant
versés en recettes du budget général, au compte de
prêt intéressé (compte n° 903-15), conformément
aux dispositions de l'article 29 de l'ordonnance organique du 1959.
L'abandon de créance se traduira par un transport en augmentation des
découverts du Trésor de 75 millions de francs (article 16 du
présent projet de loi).
Bien qu'il soit devenu impossible de recouvrer aujourd'hui la créance,
votre rapporteur ne peut que déplorer la mauvaise gestion de l'Etat sur
ce dossier. Il aurait dû, soit admettre la transformation du prêt
en subvention, compte tenu des difficultés financières des
sociétés, soit assurer un suivi rigoureux de la créance
après l'éclatement de l'ORTF, pour s'assurer de la
continuité des contrats avec les sociétés qui en sont
issues.
Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter
cet article sans modification.
ARTICLE 14
Reconnaissance d'utilité
publique de dépenses comprises
dans des gestions de
fait
Commentaire : le présent article vise à
reconnaître d'utilité publique des dépenses comprises dans
la gestion de fait des deniers de l'Etat.
I. LES TROIS GESTIONS DE FAIT CONCERNÉES
Cet article intervient dans la phase ultime de trois procédures
juridictionnelles conduites devant la Cour des comptes et concernant des
gestions de fait :
- la gestion de fait de la Société française
d'études et de réalisations maritimes, portuaires et navales
(SOFREMER) mettant en cause le chef du Service technique central des ports
maritimes et des voies navigables (STCPMVN), l'ancien
délégué général de SOFREMER jusqu'au
31 octobre 1987 et le directeur de SOFREMER à partir du
1
er
novembre 1987 ;
- la gestion de fait du " Consulat général de France
à Oran " pour laquelle la Cour des comptes a déclaré
comptables de fait l'ancien consul général de France à
Oran et conjointement et solidairement, l'ancien consul général
adjoint de France à Oran, pour des opérations résultant de
l'émission de trois mandats fictifs (n °1373 du 2 janvier 1989
et n °1024 et 1025 du 23 octobre 1989) ;
- la gestion de fait de l'Association " Carrefour du
Développement " (ACAD) au titre de laquelle ont été
déclarés comptables de fait ladite association ainsi que
conjointement et solidairement avec le ministre de la coopération, le
chef de cabinet et le chef de bureau de l'ordonnancement pour l'ensemble des
opérations effectuées du 30 juin 1983 au 6 mai 1986.
Dans la première affaire, la STCPMVN et SOFREMER avaient
décidé de mettre en commun leurs moyens pour effectuer des
études portuaires et mener des actions de formation. Dans ce cadre, le
STCPMVN avait mis à la disposition de SOFREMER certains de ses moyens en
personnel et en matériel, la SOFREMER assurant en contrepartie
l'organisation de missions des agents du STCPMVN, la prise en charge des frais
de transport et de séjours correspondants et la souscription des
assurances individuelles nécessaires en cas de mission hors de France.
Chaque année, un bilan financier devait être établi,
faisant ressortir les prestations effectuées par chaque partie et dont
le solde devait donner lieu à remboursement auprès de l'organisme
concerné.
La Cour a considéré que la convention a eu pour effet de faire
prendre en charge par SOFREMER des dépenses incombant au STCPMVN alors
qu'elle aurait dû verser des honoraires pour la
rémunération des prestations fournies par ce dernier. Dans la
mesure où la rémunération des prestations qu'il effectue
au profit d'un tiers constitue une recette de l'Etat que seul un comptable
public a qualité pour recouvrer, la Cour a estimé que SOFREMER
s'était ingérée dans le recouvrement des recettes
destinées à l'Etat.
S'agissant de la deuxième affaire, la gestion de fait provenait de ce
que des factures relatives à des travaux dans les cimetières de
la région d'Oran et qui avaient donné lieu à paiement au
moyen de crédits ouverts au budget du ministère des affaires
étrangères ne correspondaient en réalité à
aucun service rendu. Les fonds avaient été utilisés comme
fonds de roulement dans l'attente d'autorisations de paiement futures et
avaient servi à payer diverses dépenses, se rapportant tant
à des travaux dans les cimetières qu'à d'autres usages
(travaux et achats de matériel pour le consulat et la résidence
du consul).
La troisième affaire concerne l'Association " Carrefour du
développement ". Son retentissement particulier aussi bien dans la
presse que dans la sphère politique est lié non seulement au fait
qu'elle a impliqué un ministre, M. Christian Nucci et son chef de
cabinet, M. Yves Chalier, mais également au montant élevé
des sommes détournées, respectivement 20,5 millions de
francs au profit du premier et 1,4 million de francs au profit du second.
L'association avait été créée en 1983 à
l'initiative du ministre de la coopération. Son objet était
double : d'une part, elle devait éditer et diffuser la revue
" Actuel Développement ", publication traitant de
différents sujets liés aux problèmes de
développement ainsi que de l'action du ministère ; d'autre
part, elle devait réaliser des opérations tendant à
informer et à sensibiliser l'opinion sur les questions de
développement et de relations avec les pays du " Sud ". Cette
association fonctionnait à partir de versements imputés sur les
crédits du budget du ministère de la coopération et
disposait de deux comptes : un compte bancaire et un CCP.
Lors d'un contrôle effectué par la Cour des comptes au cours de
l'année 1996, celle-ci a constaté maintes opérations
étrangères à l'objet de l'ACAD et que l'utilisation
abusive de la procédure de subvention, le versement d'avances et
l'octroi de délais pour rapporter la preuve du service fait avaient
permis à l'ACAD de recevoir des sommes importantes sans avoir à
justifier de la réalité des prestations. En outre, il a
été établi que l'ACAD a fait état de factures
surévaluées ou dépourvues de tout objet réel et que
des sommes ont été rétrocédées en
espèces par les auteurs des fausses factures.
Le contenu détaillé de chacune de ces quatre affaires est
rappelé aux pages 88 à 92 de l'exposé des motifs du projet
de loi de règlement.
L'objet du présent commentaire se limite donc à souligner les
grands traits de la procédure aboutissant à la reconnaissance de
l'utilité publique des sommes mentionnées dans le présent
article.
Il convient toutefois dès à présent de rappeler que la
reconnaissance d'utilité publique des dépenses comprises dans les
gestions de fait précitées se fonde sur les arrêts de la
Cour des comptes qui, après enquête, est en mesure de
définir le montant exact des sommes qui, bien que n'ayant pas
été manipulées selon les règles de la
comptabilité publique, ont toutefois le caractère
d'utilité publique par leur destination. Quant aux sommes auxquelles la
Cour a dénié le caractère d'utilité publique, elles
sont soumises à une procédure de recouvrement parallèle
qui peut conduire à une procédure contentieuse.
Le présent article a pour objet de donner valeur législative aux
arrêts de la Cour.
II. DESCRIPTION DE LA PROCÉDURE
- Dans chacune des affaires susmentionnées, la Cour des comptes a tout
d'abord été conduite à déterminer les
éléments constitutifs de la gestion de fait en séparant,
au sein des masses financières concernées, celles
répondant à l'objet qui leur avait initialement été
assigné et celles affectées, en-dehors du circuit comptable de
l'Etat, à des dépenses à caractère
budgétaire. Ces dernières sont seules constitutives de la gestion
de fait.
En fonction de la gravité de l'irrégularité et de son
caractère frauduleux, la Cour peut infliger des amendes aux
gestionnaires de fait. Ainsi, dans la gestion de fait " Consulat
général de France à Oran ", elle a condamné le
consul général à une amende de 2.000 francs et
à 1.000 francs le consul général adjoint, estimant que
"
la différence marquée entre l'emploi réel des
fonds et celui qui était licite donne aux errements relevés un
caractère de particulière gravité ".
Dans le cas de la gestion de fait Association " Carrefour du
développement ", la Cour a condamné à des peines
très lourdes les gestionnaires de fait afin de sanctionner la
gravité de ce qui constitue un véritable détournement des
fonds publics : 600.000 francs pour le ministre de la coopération,
500.000 francs pour le chef de cabinet et 10.000 francs pour le chef de bureau
de l'ordonnancement
7(
*
)
.
- Conformément aux dispositions de l'article L. 131-2 du code des
juridictions financières, la Cour des comptes a alors jugé les
comptes que lui avaient rendus les personnes qu'elle avait
déclarées comptables de fait.
Elle a ainsi été conduite à établir la ligne de
compte de la gestion de fait et à enjoindre au comptable de fait de
reverser auprès d'un comptable public l'excédent éventuel
des recettes sur les dépenses.
En ce qui concerne la gestion de fait SOFREMER, la Cour, dans son arrêt
du 12 juillet 1995, a rendu définitive la déclaration de
gestion de fait et a ainsi fixé provisoirement la ligne de compte :
942.735 francs en recettes, provenant des prestations effectuées
par le STCPMVN dont le paiement par SOFREMER aurait dû intervenir par un
comptable public ; 834.652,37 francs en dépenses, après
qu'ait été rejeté un montant de 20.326,34 francs.
L'excédent de recettes est fixé à 108.082,63 francs
dont le reversement dans la caisse du receveur général des
finances a été constaté.
En ce qui concerne la gestion de fait " Consulat général de
France à Oran ", la Cour a également fixé
provisoirement la ligne de compte.
A propos du mandat du 2 janvier 1989, elle a admis 149.453,70 dinars en
recettes et 124.349,70 dinars en dépenses. L'excédent de
recettes (25.104 dinars) a été reversé au
Trésor public.
A propos des mandats du 23 octobre 1989, elle a admis 67.250 dinars en
recettes et en dépenses.
En ce qui concerne la gestion de fait " ACAD ", la Cour a
distingué les opérations appropriées par le ministre de la
coopération de l'époque et celles appropriées par le chef
de cabinet et le chef du bureau de l'ordonnancement.
Ainsi, pour la première catégorie d'opérations, elle a
admis 51.648.786,83 francs en recettes et 31.185.517,94 francs en
dépenses, soit un excédent de recettes de
20.463.268,89 francs.
Pour la deuxième catégorie d'opérations, elle a admis
30.890.718,21 francs en recettes, 29.461.258,42 francs en
dépenses, soit un excédent de recettes fixé à
1.429.459,79 francs.
- Ensuite, la Cour a fait application du troisième alinéa de
l'article 60-XI de la loi n °63-156 du 23 février 1963 qui
dispose que "
les gestions irrégulières entraînent,
pour leurs auteurs, déclarés comptables de fait par la Cour des
comptes, les mêmes obligations et responsabilités que les gestions
patentes pour les comptables publics
".
En d'autres termes, le comptable de fait a été reconnu
responsable sur ses propres deniers de la régularité des
opérations auxquelles il avait procédé.
En ce qui concerne la gestion de fait " ACAD ", la Cour a enjoint
dans son arrêt du 7 décembre 1995 complété par
l'arrêt des 24 septembre et 2 octobre 1996 aux gestionnaires de fait
d'apporter, dans un délai de deux mois à compter du jour de la
notification du dernier arrêt, la preuve du reversement au Trésor
public de l'excédent resté entre leurs mains, soit
20.463.268,89 francs pour le ministre de la coopération et
1.429.459,79 francs pour le chef de cabinet et le chef du bureau de
l'ordonnancement. Le non reversement entraîne l'ouverture d'une
procédure contentieuse de recouvrement.
Il est à noter que pour le calcul de la dépense dans la gestion
de fait SOFREMER, la Cour a rejeté un montant de 20.326,34 francs au
motif qu'il ne correspondait à aucune dépense à
caractère d'utilité publique.
Pour les mêmes raisons, elle a rejeté dans la gestion de fait
" Consulat général de France à Oran ", un
montant de 22.202 francs du consulat d'Oran. Ces deux sommes doivent donc
être reversées au Trésor public.
Le Parlement doit ensuite statuer sur l'utilité publique des
dépenses de la gestion de fait. En effet, lui seul est habilité,
dans le cadre d'une loi de finances, à déterminer la nature, le
montant et l'affectation des charges de l'Etat.
Ainsi, en application des dispositions précitées de l'article
60-XI de la loi de finances pour 1963, la Cour a également enjoint les
comptables de fait "
de produire une décision du Parlement,
prise en la forme constitutionnellement requise pour le vote des lois de
finances, statuant sur l'utilité publique des dépenses de la
gestion de fait
".
Le comptable de fait, muni des dispositions prises dans le cadre du
présent article, pourra alors se retourner vers la Cour des comptes afin
d'être définitivement déchargé de l'obligation de
restituer les sommes correspondantes.
Le présent article propose de reconnaître d'utilité
publique, pour un montant de 834.652,37 francs, 142.167,73 francs,
31.185.517,94 francs et 29.461.258,42 francs les dépenses
comprises dans la gestion de fait des deniers de l'Etat respectivement au titre
du ministère de l'équipement, du logement, des transports et du
tourisme et du ministère des affaires étrangères. Pour le
calcul de ces sommes, la Cour des comptes a pris en compte les éventuels
reliquats à reverser au Trésor public dont le recouvrement
constitue une procédure parallèle.
Toutefois, on peut craindre que les 27.847.781,20 francs de
dépenses non justifiées résultant de la gestion de fait
" Association Carrefour du Développement " ne soient jamais
recouvrées. En effet, les sommes ont été
dépensées à l'époque des faits et les
intéressés sont à l'heure actuelle insolvables.
Décision de la commission : votre commission vous propose
d'adopter cet article sans modification.
ARTICLE 15
Apurement du compte 427.9 "Ecart
d'intégration des dépôts CCP de l'ex-budget annexe des
PTT"
Commentaire : le présent article tend à
apurer une
distorsion comptable apparue lors de la clôture du budget annexe des PTT
par l'article 65 de la loi de finances pour 1991.
Par la loi n° 90-568 du 2 juillet 1990, La Poste a été
transformée en exploitant public autonome.
Par conséquent, l'article 65 de la loi de finances pour 1991 a
procédé à la suppression, à compter du 1er janvier
1991, du budget annexe des postes et télécommunications.
Depuis son changement de statut en 1991, La Poste est donc comptée parmi
les correspondants du Trésor. Celui-ci a en dépôt les
comptes courants postaux des personnes physiques et des personnes morales non
dotées d'un comptable public.
La situation des avoirs des comptes chèques postaux (CCP) que La Poste
est tenue de déposer au Trésor est retracée au compte 427
- Comptes au Trésor de la Poste.
Dans son rapport sur l'exécution des lois de finances en vue du
règlement du budget de l'exercice 1994, la Cour des Comptes a toutefois
relevé "une importante anomalie au compte 427 - Comptes au Trésor
de la Poste".
En effet, un sous-compte 427-9 "Ecart d'intégration des
dépôts CCP, ex-budget annexe des PTT" a été ouvert
en 1992 et débité, par opérations successives, de 18,16
milliards de francs.
La Cour estime que cet écart de 18,16 milliards de francs a
"pour
origine les pertes cumulées de La Poste sous le régime du budget
annexe : en l'absence d'une gestion distincte des flux de trésorerie,
des prélèvements sur les avoirs des CCP ont été
opérés, pour ce montant, pour couvrir les besoins de financement
courants de l'exploitation".
La Cour des Comptes note que
"lors de l'établissement du bilan
d'ouverture de La Poste..., cette situation a fait l'objet d'une analyse
détaillée".
Malgré des demandes maintes fois réitérées,
aussi bien auprès de La Poste que de son ministère de tutelle,
votre rapporteur général n'a pu obtenir cette analyse
détaillée, ni aucun autre document d'explication avant la
rédaction du présent rapport.
En l'absence de toute information, et compte tenu du caractère succinct
de l'exposé des motifs attaché au présent article, votre
rapporteur général n'est donc pas en mesure de donner une
justification précise à cet écart comptable, qui
correspondait à 11% des avoirs des CCP portés au crédit du
compte 427 fin 1994.
La situation déficitaire de l'exploitation de La Poste n'est pas un
élément de justification suffisant.
En effet, jusqu'au 31 décembre 1990, le secteur postal et le secteur des
télécommunications faisaient l'objet d'un budget annexe : les
comptes étaient séparés, sauf en matière de
trésorerie. Or, l'unicité de trésorerie dissimulait une
situation financière différente entre les deux directions
générales : celle des télécommunications
était structurellement excédentaire et celle de La Poste
était structurellement déficitaire, au moins jusqu'en 1996.
Le manque de clarté et de transparence induit, avant 1991, par cette
trésorerie unique, avait fait l'objet de rapports de l'Inspection
générale des finances, notamment en 1978 et en 1981.
Mais cette unicité de trésorerie n'explique pas la situation
rencontrée à l'ouverture du compte d'exploitation de La Poste,
car la Cour des comptes indique que des prélèvements ont
porté sur les avoirs des comptes chèques postaux pour financer
des charges de fonctionnement courant.
Il n'est pas suffisant de constater que la Poste était
déficitaire : il faut savoir dans quelles conditions il a
été possible d'effectuer des prélèvements sur les
avoirs des comptes chèques postaux sans porter atteinte aux garanties
dont devraient bénéficier les déposants.
Il s'agit également d'avoir la certitude que les règles
budgétaires et comptables ont été correctement
respectées.
8(
*
)
Le présent article met en oeuvre une solution retenue par la Cour des
Comptes afin de remédier à une anomalie comptable, en
opérant le transport de l'écart de 18,16 milliards de francs en
augmentation des découverts du Trésor.
S'il est évidemment nécessaire de corriger une telle "anomalie",
compte tenu de son montant, elle ne peut l'être sans justification.
Décision de la commission : votre commission vous propose de
supprimer cet article
ARTICLE 16
Transport aux découverts du
Trésor
Commentaire : conformément à
l'article 35
de l'ordonnance du 2 janvier 1959 portant loi organique relative aux lois
de finances, le présent et dernier article de la loi de règlement
récapitule le compte de résultat de l'année et autorise
son transfert (" transport ") au compte permanent des
découverts du Trésor.
Le paragraphe I
porte
en augmentation
des découverts du
Trésor les sommes mentionnées aux articles 7, 10, 11 et 15,
soit :
l'excédent des dépenses sur les recettes du budget général de 1995 |
|
les pertes et profits sur emprunts et engagements |
|
les pertes en trésorerie sur devises |
9.486,60 francs |
l'apurement du compte 427-9 " Etat d'intégration des dépôts des comptes chèques postaux de l'ex-budget annexe des PTT " |
|
Le paragraphe II porte en atténuation des découverts du Trésor :
le résultat net du compte spécial du Trésor "Pertes et bénéfices de change" |
0,198 milliard de francs |
Le
paragraphe III
porte en
augmentation
des découverts du
Trésor les sommes correspondant à diverses remises de dettes
opérées par des lois de finances antérieures, au total
1.005,47 milliards de francs (dont la ventilation figure en annexe au
projet de loi).
Le paragraphe IV
transporte en
augmentation
des
découverts du Trésor les sommes correspondant aux remises de
dettes consenties au Viêt-nam (article 12) et à l'abandon de
créances détenues envers l'ex-ORTF, soit 103,43 millions de
francs.
Le paragraphe V
régularise (en atténuation) une
écriture transportée à tort aux découverts du
Trésor au titre de la remise de dette consentie à la compagnie de
chemin de fer franco-éthiopien, soit 1,53 millions de francs.
Après inscription du résultat de 1995, soit
- 338,29 milliards de francs, le montant net des découverts du
Trésor devrait s'élever à
2.927,53 milliards de
francs.
Compte tenu de l'absence d'explication concernant l'apurement du compte 427-9
" Etat d'intégration des dépôts des comptes
chèques postaux de l'ex-budget annexe des PTT "
9(
*
)
, il est proposé de ne pas porter en
augmentation des découverts du Trésor la somme correspondante de
18,158 milliards de francs, ce qui ramènerait le montant net des
découverts du Trésor à 2.909,372 milliards de francs.
Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter cet
article ainsi amendé.
EXAMEN EN COMMISSION
I. AUDITION DE M. PIERRE JOXE, PREMIER PRÉSIDENT DE LA COUR DES COMPTES
Réunie le jeudi 22 octobre 1998, sous la présidence de
M. Alain Lambert, président, la commission a procédé
à
l'audition
de
M. Pierre Joxe, Premier Président
de la Cour des Comptes,
accompagné de
M. François
Logerot, Président de la Première Chambre
,
et de
M. Bernard Cieutat, Rapporteur Général des lois de
règlement,
sur les
projets
de
loi
n°
527
(1997-1998) portant
règlement
définitif
du
budget
de
1995
et n°
528
(1997-1998) portant
règlement définitif
du
budget
de
1996
et sur le rapport de la Cour des comptes sur
l'exécution
des
lois de finances
pour
l'année
1997
.
En réponse à
M. Alain Lambert
,
président
,
qui l'interrogeait sur la contribution française au budget
européen,
M. Pierre Joxe
a évoqué les
crédits dont disposent les institutions de l'Union européenne,
dont l'utilisation fait actuellement l'objet de critiques.
Il a tout d'abord fait valoir que la disparité des traitements entre
les membres du Parlement européen se traduisait par des
rémunérations allant du simple au quadruple, ce qui expliquait le
recours à des frais de mission excessifs, et parfois fictifs, que des
magistrats français de la Cour des Comptes et de Chambre
régionale des comptes avaient critiqués.
Il a ensuite jugé indispensable de procéder à une
harmonisation des contrôles sur l'utilisation des fonds européens.
S'agissant notamment du fonds européen d'orientation et de garantie
agricole (FEOGA),
M. Pierre Joxe
a indiqué que les pays de
l'Union européenne avaient fait des choix différents en
matière de contrôle de l'utilisation de ce fonds, confiant parfois
cette tâche à leur Cour des comptes, parfois au ministère
de l'agriculture ou même, comme c'est le cas en Grande-Bretagne, à
un cabinet d'audit. Il a expliqué que, malgré leur progression
très lente, les fonds européens représenteraient
l'équivalent d'un grand ministère français d'ici cinq
à dix ans, ce qui justifiait de prévoir, dès à
présent, des contrôles adaptés.
Le Premier Président de la Cour des Comptes a ensuite abordé la
question de l'exécution du budget en France.
Il a indiqué que les comptes de l'Etat étaient désormais
arrêtés plus tôt, la période complémentaire,
qui s'achevait auparavant au 7 février, ayant été
ramenée au 31 janvier. A terme, il a souhaité que cette
période complémentaire soit supprimée comme elle l'est
déjà, par exemple, à Singapour.
M. Pierre Joxe
a ajouté que le rapport préliminaire
de la Cour des Comptes sur l'exécution des lois de finances était
un élément important pour accroître le contrôle du
Parlement sur l'exécution budgétaire, mais que ce contrôle
avait plus d'impact quand le projet de loi de règlement était
inscrit rapidement à l'ordre du jour des Assemblées.
M. Pierre Joxe
a ensuite abordé deux points :
l'amélioration de la situation budgétaire en 1995 et 1996 et la
nécessité d'une transparence accrue des procédures
comptables.
S'agissant du premier point, il a fait remarquer que le montant des
déficits et des pertes de l'Etat avait diminué, pour revenir
à 299 milliards de francs en 1996. Cette amélioration a
été rendue possible par l'accroissement des recettes fiscales et
par une moindre progression de la charge de la dette, grâce à une
diminution des taux d'intérêt. Toutefois, les dépenses de
personnel n'ont pas cessé d'augmenter sur cette période.
S'agissant du second point,
M. Pierre Joxe
a indiqué que
des améliorations avaient été constatées en
matière de transparence et de rigueur comptable. Il a pris comme exemple
le nouveau mode de comptabilisation des recettes fiscales perçues par
voie de rôles et la disposition du projet de loi de règlement pour
1995 concernant l'écart d'intégration des comptes chèques
postaux. Il a ajouté que des progrès devaient toutefois
être réalisés en matière de
prélèvements sur recettes, et que l'ensemble des
rémunérations accessoires devraient être
réintégrées au budget de l'Etat.
En réponse à
M. Alain Lambert
,
président
, le Premier Président de la Cour des Comptes a
ensuite évoqué l'enquête menée par la Cour depuis
trois ans sur les effectifs et les rémunérations dans la fonction
publique. Il a estimé légitime que l'Etat choisisse de
rémunérer certains de ses agents au-delà de leur salaire
déterminé par la grille indiciaire, mais il a souhaité que
cette rémunération soit publique. Il a pris l'exemple des
Pays-Bas, pays où les fonctionnaires sont rémunérés
de manière transparente, suivant une échelle allant de 1 à
27. Il a ajouté que cette enquête permettrait de décrire la
réalité des rémunérations dans la fonction
publique, seul moyen d'effectuer des comparaisons utiles entre les agents
publics.
Le Premier Président de la Cour des Comptes a ensuite répondu
aux questions de
M. Philippe Marini, rapporteur
général.
M. Pierre Joxe
a indiqué que, s'agissant de la
réforme de l'ordonnance organique du 2 janvier 1959, un groupe de
travail avait été mis en place à l'Assemblée
nationale. Il a souhaité que les parlementaires s'impliquent dans cette
réforme, dans la mesure où les administrations publiques
étaient très réticentes au changement.
M. François Logerot,
président de la première
chambre de la Cour des Comptes,
a précisé que la Cour
n'avait pas procédé à un travail d'ensemble sur
l'ordonnance organique du 2 janvier 1959. Il a cependant
évoqué l'éventuelle révision de l'article 13 de
l'ordonnance, qui autorise le ministre des finances à annuler par
arrêté tout crédit devenu sans objet. Il a
déclaré que, les hypothèses de croissance des recettes
fiscales étant arrêtées au milieu de l'année, au
plus tard au mois d'août ou septembre, la régulation
budgétaire était en réalité devenue un outil
d'ajustement aux évolutions de la croissance économique. Il a
ajouté que la Cour des Comptes s'était exprimée à
plusieurs reprises sur l'utilisation faite des dispositions de
l'article 13 de l'ordonnance organique de 1959, et qu'elle souhaitait
toujours que d'autres techniques budgétaires puissent être mises
en place.
Le président de la première chambre de la Cour des Comptes a
ensuite constaté que la comptabilité publique française
restait rudimentaire. Il a indiqué qu'elle n'appliquait pas le principe
des droits constatés, à la différence des autres pays
européens, alors que l'application de ce principe permettrait de
commencer l'élaboration d'une comptabilité patrimoniale de
l'Etat. Il a ajouté que la Cour des Comptes avait noté que
certaines pratiques traduisaient un changement de méthode d'un exercice
budgétaire à l'autre. Il a regretté que certaines charges
de structure ne soient pas correctement décrites dans les comptes de
l'Etat, de même que les charges futures des opérations de
défaisance. Il en a conclu que des réformes sur ces sujets
permettraient d'apporter des clarifications dans les comptes publics et de
donner une meilleure information au Parlement.
M. Bernard Cieutat,
rapporteur général des lois de
règlement, a évoqué la question de l'écart
d'intégration entre le montant des avoirs des comptes chèques
postaux et la somme déposée par la Poste au Trésor public.
Il a tout d'abord rappelé que la Cour avait soulevé ce
problème il y a de nombreuses années. Le rapport public pour 1988
décrivait déjà la confusion existant entre la
trésorerie de la Poste et la trésorerie de l'Etat. La Cour avait
noté qu'il existait des discordances entre ce que la Poste
déposait au titre des avoirs des comptes chèques postaux et ses
engagements vis-à-vis des titulaires de ces mêmes comptes.
M. Bernard Cieutat
a fait observer que, sous le régime du
budget annexe, la Poste était obligée de déposer les
avoirs des comptes chèques postaux au Trésor public, mais que
l'Etat, ne voulant pas la subventionner à hauteur de ses charges
d'exploitation, l'avait autorisée à conserver une partie de ces
avoirs. Si la Poste a effectivement puisé dans ces avoirs, il a
estimé que l'Etat avait une part de responsabilité importante
dans cette opération, d'autant qu'il avait effectué des
prélèvements au détriment de la Poste de l'ordre de
4 milliards de francs par an pendant cette période.
M. Bernard Cieutat
a ajouté qu'une commission avait
été constituée, présidée par un magistrat de
la Cour des Comptes, pour établir le bilan d'ouverture de la Poste.
C'est à ce moment que l'écart entre les comptes de la Poste et
ceux de l'Etat est ouvertement apparu. En 1992, le Gouvernement a pris la
décision de ne pas faire apparaître cette dette dans les comptes
de la Poste, pour que l'établissement public ne soit pas
créé avec une situation nette négative.
M. Bernard Cieutat
a conclu que l'article 15 du projet de loi
de règlement pour 1995 apportait une solution comptable au
problème évoqué, en inscrivant en pertes de
trésorerie pour l'Etat l'écart de 18 milliards de francs
constaté lors de l'établissement du bilan de la Poste. Il a
estimé que, si l'autonomie de la Poste s'accroissait à
l'égard de l'Etat, c'est-à-dire si elle était
dispensée de déposer les avoirs des comptes postaux au
Trésor, ou encore si tous les titulaires de ces comptes souhaitaient
retirer leur argent, l'Etat s'engagerait à honorer ces 18 milliards
de francs.
En matière de pensions,
M. Bernard Cieutat
a indiqué
que l'étude menée par la Cour des Comptes était loin
d'être achevée, mais que la Cour avait présenté des
observations dans ses derniers rapports publics. Il a indiqué que les
rémunérations principales, les indemnités, et surtout les
pensions augmentaient à un rythme très rapide, puisqu'elles
étaient passées de 139 milliards de francs en 1993 à
166 milliards de francs en 1997, soit une progression de 18 % sur 4
ans et de 4,2 % par an. Il a ajouté que cette moyenne était
toutefois erratique, puisqu'en 1997 la progression n'avait été
que de 3,6 %, en raison de l'absence du relèvement du point de la
fonction publique. Il a estimé toutefois que l'hypothèse d'un
accroissement de la charge des retraites de 12 milliards de francs par an
à partir de l'an 2000 était sans doute excessive.
M. Bernard Cieutat
a ajouté que la dégradation du rapport
entre le nombre de cotisants et le nombre de retraités dans la fonction
publique était très inquiétante pour l'avenir, car ce
rapport devrait passer de 2,5 en 1995 à 1,4 en 2015. Ce chiffre est
toutefois plus favorable que celui retenu pour le secteur privé, qui
s'élèvera à 1,2. Quelle que soit l'hypothèse
choisie, sur les 15 années à venir, la moitié des
fonctionnaires partira en retraite, si bien que le nombre de pensionnés
progressera de 10 % tous les deux ans et sera doublé en 2015.
M. Bernard Cieutat
a expliqué que les mesures
catégorielles accordées aux actifs étaient étendues
aux retraités, notamment la progression des indices de la fonction
publique, en application de l'article L 16 du code des pensions. De
surcroît, le renforcement des emplois d'encadrement fera progresser la
charge des pensions, alors qu'en sens inverse l'entrée plus tardive dans
la fonction publique minorera cette charge.
M. Bernard Cieutat
a conclu en indiquant que le commissariat
général du Plan était désormais chargé d'une
mission de prospection sur l'avenir des retraites et leur financement, ce qui
permettra d'actualiser le rapport sur les retraites de 1995.
M. François Logerot
a ensuite abordé la question des
rebudgétisations. Il a fait observer qu'un certain nombre
d'opérations de clarification introduites dans le projet de loi de
finances pour 1999 avaient pour origine des observations de la Cour des
Comptes, ou des études particulières menées par elle pour
répondre aux questions des commissions des finances, et
particulièrement à celle du Sénat. Concernant le
problème des "crédits d'article" au budget des services
financiers, il a indiqué qu'il s'agissait d'une incohérence de la
présentation budgétaire dans la mesure où des
dépenses n'étaient pas retracées dans le budget de l'Etat,
alors que les recettes les finançant y figuraient. Il a ajouté
que la décision du Conseil constitutionnel sur la loi de finances pour
1998 avait définitivement convaincu le Gouvernement de modifier sa
présentation budgétaire. Il a par ailleurs indiqué que les
opérations faites par voie de comptes de classe 4 (comptes de
tiers) étaient réintégrées dans le budget pour 1999
pour 138 millions de francs.
M. François Logerot
a estimé qu'il restait toutefois
d'autres opérations extra-budgétaires qu'il convenait de
réintégrer dans le budget de l'Etat. Il a cité les fonds
d'honoraires du ministère de l'équipement pour 900 millions
de francs, les fonds d'honoraires du génie rural pour 400 millions
de francs, et les comptes de classe 4 du ministère des finances,
tels les frais de service des comptables du Trésor, pour lesquels il
n'existe aucune centralisation comptable nationale.
M. François Logerot
a déclaré que les
opérations de remboursement de la taxe à la valeur ajoutée
aux entreprises, consécutives à la suppression du décalage
d'un mois, sont traitées en opérations de trésorerie,
alors qu'il s'agit d'opérations de caractère budgétaire.
Il a également regretté que le remboursement à l'Etat de
la dette de la caisse d'amortissement de la dette sociale (CADES) soit
intégralement retracé au budget général, alors que
la partie en capital correspondant à 5,8 milliards de francs avait
été intégralement traitée en opération de
trésorerie. Concernant les opérations de défaisance, il a
indiqué que les sommes versées à l'établissement
public de financement et de réalisation (EPFR) ne lui avaient pas permis
d'honorer les charges de l'emprunt contracté auprès du
Crédit lyonnais, ce qui avait entraîné des
pénalités de retard de 1 milliard de francs. Il a alors mis
en évidence le paradoxe aux termes duquel l'établissement public
de défaisance du Comptoir des Entrepreneurs avait, quant à lui,
reçu une dotation supérieure à ses besoins réels.
Enfin, il a regretté que des dépenses de fonctionnement des
administrations de l'Etat, notamment du ministère de
l'équipement, soient imputées sur les dépenses de certains
comptes spéciaux du Trésor, en contravention avec les
dispositions de l'ordonnance organique.
S'agissant des recettes attendues de la privatisation du Crédit
lyonnais en 1999, il a fait observer que les recettes prévues au titre
des privatisations s'élevaient à 17 milliards de francs dans
le projet de loi de finances pour 1999. Cette somme correspond au
complément de recettes dégagé par la privatisation du
groupement des assurances nationales (GAN) et à l'extension de la mise
sur le marché des actions de France Télécom. Il a convenu
qu'aucune recette n'était inscrite pour la privatisation du
Crédit lyonnais ou pour celle du Crédit foncier de France. Il a
toutefois indiqué que l'affichage de prévision de recettes se
révélait très difficile dans la mesure où la
capitalisation boursière était fluctuante et surtout parce qu'il
était dangereux d'afficher des prévisions trop excessives, qui
pouvaient décourager des repreneurs ou, au contraire, des
prévisions trop faibles qui pouvaient constituer un signe négatif
pour les négociations à venir. Il a fait observer que les
dotations inscrites sur la ligne correspondante n'avaient jamais
été conformes aux réalisations : en 1995,
55 milliards de francs étaient prévus mais seulement
21 milliards de francs ont été réalisés, en
1996, 22 milliards de francs étaient inscrits mais seulement
13 milliards de francs ont pu être réalisés, en 1997,
27 milliards de francs étaient inscrits mais 59 milliards de
francs ont finalement été réalisés. En 1998,
l'objectif inscrit en loi de finances ne devrait pas être atteint.
M. Michel Charasse
s'est félicité de l'étude
menée par la Cour des Comptes sur la fonction publique, ses effectifs,
ses rémunérations.
S'agissant du régime indemnitaire, il a tenu à préciser
que les fonds de concours du ministère des finances, qui viennent
d'être réintégrés dans le projet de loi de finances
pour 1999, étaient clairement identifiés, à la
différence de structures similaires existant au sein d'autres
ministères. Il a également distingué les régimes
indemnitaires correspondant à l'exercice effectif de
responsabilités et à la prise de risques de ceux relevant de
stratifications historiques. De même il s'est interrogé sur les
modalités de gestion des effectifs de la fonction publique, et notamment
sur l'utilisation de la mobilité dans l'intérêt du service.
Il a enfin souhaité que l'étude de la Cour des Comptes soit
étendue aux entreprises publiques.
S'agissant de la réforme de l'ordonnance du 2 janvier 1959, il a
rappelé la nécessité de l'autorisation préalable du
Parlement en matière des dépenses, l'importance de l'article
d'équilibre et l'intérêt que présente le
mécanisme dit de la " régulation budgétaire ",
ainsi que la nécessaire distinction entre l'autorisation et l'obligation
de dépense.
Enfin, évoquant, en sa qualité de rapporteur spécial des
crédits de la Coopération, sa récente mission en Afrique,
il a fait état de deux affaires, notamment en matière de
livraison d'aide alimentaire à caractère humanitaire, qui
pouvaient relever de la compétence de la Cour des Comptes.
M. Roland du Luart
, après s'être
félicité de la qualité des travaux de la Cour, s'est
interrogé sur les suites effectivement données à ses
conclusions. S'agissant de l'étude menée sur la fonction publique
et ses rémunérations, il a souhaité en connaître la
date de parution afin que celle-ci puisse clarifier le débat en la
matière, trop souvent polémique et excessif.
Il a enfin souhaité obtenir des informations quant au niveau
réel des primes versées à certains corps techniques de
l'Etat.
Partant de la situation de l'EPFR et des modalités de sa mise en
place,
M. Yann Gaillard
a souhaité que soient
examinées les conditions dans lesquelles cette structure avait
travaillé, ainsi que son coût financier. Il s'est par ailleurs
interrogé sur la nature précise et l'évolution à
venir des relations existant entre l'EPFR et le CDR (comptoir de
réalisation) et il a souhaité, que la Cour des Comptes puisse
apporter son éclairage en ce domaine.
M. Pierre Joxe
,
Premier Président de la Cour des Comptes,
s'agissant du travail actuellement effectué par la Cour des Comptes en
matière de rémunérations au sein de la fonction publique
en a reconnu la difficulté technique, notamment en raison du
nécessaire respect du caractère contradictoire de la
procédure. Il a par ailleurs souhaité obtenir des
précisions quant aux faits évoqués par M. Michel
Charasse en sa qualité de rapporteur spécial pour mieux orienter
l'action de contrôle de la Cour des Comptes.
Répondant à M. Roland du Luart, il lui a indiqué
que, lorsque les pressions, qu'elles émanent du Parlement, du
Gouvernement ou de l'opinion publique étaient fortes, les rapports et
études de la Cour connaissaient des suites rapides, mais qu'en tout
état de cause, la Cour ne disposait pas en principe de pouvoir de
sanction propre. A ce titre, évoquant les auditions publiques
menées en ces matières par le Parlement britannique, il a
estimé qu'elles pouvaient constituer un exemple transposable en France,
si le Parlement français le jugeait opportun.
S'agissant des rémunérations des ministres, il a rappelé
que celles-ci étaient réglementées et prévues de
façon très précise. De façon plus
générale, il a indiqué que les travaux de la Cour
permettraient de tracer un panorama clair et complet de la situation de
l'ensemble des rémunérations publiques.
En réponse à M. Yann Gaillard, il a convenu de
l'intérêt et de la nécessité, pour la Cour des
Comptes, d'étudier la situation de l'EPFR, tout en soulignant la
diversité, voire la complexité, des intérêts,
notamment financiers, en cause.
Il a enfin souligné l'utilité, notamment pour apprécier
l'effectivité des politiques publiques, des synergies pouvant exister
entre le développement de la fonction de contrôle du Parlement et
les travaux menés en ce domaine par la Cour des Comptes.
M. François Logerot, président de la première
chambre de la Cour des Comptes
, a apporté des précisions
à M. Roland du Luart sur les montants respectifs des
indemnités perçues par les fonctionnaires du génie rural
et ceux des ponts et chaussées.
S'agissant de la situation de l'EPFR, il a convenu de la justesse du propos de
M. Yann Gaillard et souhaité, à ce titre, de façon
plus générale, qu'une étude de synthèse soit
menée par la Cour sur les opérations de défaisance.
M. Alain Lambert, président
, a tenu à remercier
M. Pierre Joxe pour l'intérêt et les perspectives ouvertes
par son audition en matière de développement de la fonction de
contrôle du Parlement.
II. EXAMEN DU PROJET DE LOI
Réunie le jeudi 22 octobre 1998, sous la présidence de
M. Alain Lambert, président, la commission a procédé
à
l'examen
des
projets
de
loi
n°
527
(1997-1998) portant
règlement
définitif
du
budget
de
1995
et n°
528
(1997-1998) portant
règlement définitif
du
budget
de
1996
, sur le
rapport
de
M. Philippe Marini, rapporteur
général.
M. Philippe Marini, rapporteur général,
a souligné
que l'examen de ces projets de loi était riche d'enseignements sur l'art
de piloter les finances publiques dans un environnement de plus en plus
incertain. A ce titre, il a souligné que, dans des conditions
très difficiles, la France avait poursuivi son chemin vers la monnaie
unique en 1995 et 1996.
Il a tout d'abord fait observer, s'agissant du cadrage
macro-économique, que des écarts importants existaient entre
prévisions et réalisations.
Il a indiqué qu'en 1995 le Gouvernement avait prévu une
croissance de 3,1 % et qu'elle fut de 2 %, tandis qu'en 1996 la
prévision fut encore davantage déjouée : 1,2 %
réalisé pour 2,8 % prévu.
De même il a souligné qu'au cours de chacune des deux
années, la demande intérieure n'avait pas atteint le niveau que
l'on attendait, les ménages préférant épargner et
les entreprises continuer à se désendetter.
Il a également fait remarquer que la croissance, qui avait repris
vivement en 1994, avait marqué le pas en 1995 et 1996 dans la plupart
des grandes économies de l'OCDE, notamment en raison de la crise
financière mexicaine de la fin de 1994.
En conséquence, il est apparu nécessaire, pour la plupart des
pays européens, d'adopter des politiques budgétaires rigoureuses
pour entrer dans l'épure des critères du traité sur
l'Union européenne, ce qui avait probablement accentué le
ralentissement économique.
M. Philippe Marini, rapporteur général,
a ainsi
rappelé que la politique rigoureuse et responsable menée avait
alors permis à la France de faire ensuite partie des premiers
accédants à l'euro.
Il a ensuite détaillé les principaux éléments de
la gestion des finances publiques pour 1995 et 1996.
Il a tout d'abord rappelé que les recettes avaient été
marquées en 1995 et 1996 par un phénomène que les
gouvernements de l'époque avaient appelé
" déflation ". Non seulement la croissance économique
était plus faible que prévu, mais encore les recettes ne
suivaient pas cette croissance. Ainsi, en 1995, les recettes n'avaient
progressé spontanément que de 1,4 % alors que la croissance
nominale s'établissait à 3,4 %. La loi de finances
rectificative d'août 1995 a donc permis de redresser la courbe des
recettes, au prix d'un relèvement des prélèvements
obligatoires, surtout sur la TVA (+ 17 milliards de francs) et
l'impôt sur les sociétés (+ 11 milliards de
francs), soit au total 30 milliards de francs.
Le relèvement des impôts a ensuite été beaucoup
critiqué, mais s'il en avait été autrement, l'euro
n'aurait pas pu être mis en place le 1
er
janvier 1999.
Il a cependant souligné qu'en 1996, le phénomène n'avait
pas été aussi accentué même si les recettes fiscales
nettes avaient enregistré une moins-value de 1,6 %
(- 22,8 milliards de francs) essentiellement concentrée sur la
TVA (- 22,1 milliards de francs) et que le maintien du niveau des
recettes n'avait été obtenu que grâce à une
augmentation des recettes non fiscales : + 21,6 milliards de
francs.
Néanmoins, il a relevé que, malgré le souhait des
gouvernements successifs, les dépenses avaient été mal
contenues en 1995 et 1996, essentiellement du fait de la forte progression des
charges de la dette publique, mais aussi de certaines dépenses de
transfert liées aux difficultés économiques et sociales,
comme les aides personnelles au logement ou le revenu minimum d'insertion.
Ainsi, en exécution, les dépenses ont progressé en 1995
de 3,2 % par rapport à 1994, et encore de 4,6 % en 1996 par
rapport à 1995.
Il a rappelé que ces deux exercices avaient également subi le
vif emballement des charges de la dette publique : + 12,6 % en
1995 (235,4 milliards de francs) et que, même si la progression
s'était ralentie en 1996 (+ 1,6 %), la charge brute de
la dette publique qui représentait 240 milliards de francs
était devenue l'un des postes essentiels du budget de l'Etat avec les
crédits militaires et l'éducation nationale.
Par ailleurs, certaines dépenses d'intervention avaient
également exercé une très forte pression au cours de ces
deux années : le revenu minimum d'insertion (RMI) a augmenté
de 13,6 % en 1995 pour représenter 21,8 milliards de
francs, les aides au logement de 7,3 %, soit 29,9 milliards de
francs et les aides à l'emploi, de 7,2 % en 1995
et 15,2 % en 1996, pour atteindre le chiffre record de
148,8 milliards de francs.
Néanmoins,
M. Philippe Marini, rapporteur
général,
a souligné que, malgré un effet de
ciseaux (déflation des recettes et pression des dépenses
liées aux difficultés économiques), les gouvernements de
1995 et 1996 avaient maintenu la France sur les rails de la monnaie unique. Le
déficit 1995 avait ainsi été maintenu au niveau
prévu initialement : 323 milliards de francs en
exécution pour 322,1 milliards de francs en loi de finances
initiale.
Il a également indiqué que, si en 1996 le dérapage avait
été moins bien contrôlé : 295,4 milliards
de francs pour 287,8 milliards de francs prévus, les
déficits avaient cependant continué de se réduire en
proportion du produit intérieur brut (PIB) (4,2 % en 1995 et
3,8 % en 1996), et que le déficit global des administrations
publiques avait atteint respectivement 4,9 %, puis 4,1 % du PIB,
grâce à l'amélioration spectaculaire des comptes sociaux en
1996. De ce fait, si la monnaie unique n'était pas accessible pour 1997,
la France était en bonne voie pour 1999.
En conclusion, il a tenu à souligner que les difficultés de
l'exécution des lois de finances pour 1995 et 1996 permettaient de tirer
deux leçons pour l'avenir, dont devraient s'inspirer les gouvernements
dans la construction de la loi de finances, et qui seraient utiles pour
l'analyse du projet de budget 1999.
D'une part, il lui apparaissait que la situation économique, sensible
au moindre choc externe, était devenue d'une incroyable
imprévisibilité. Cette donnée imposait donc de construire
avec prudence des budgets ne prévoyant pas de dépenser, surtout
sous forme de charges de structure, toutes les recettes que la prévision
économique du moment pouvait laisser espérer.
L'élaboration d'un budget sur la base d'une croissance nominale
inférieure d'un point au consensus des prévisionnistes
permettrait ainsi de garantir sans trop de dommages l'objectif initial de
déficit budgétaire.
Par ailleurs, il a rappelé que le niveau des taux
d'intérêt à court et long termes, qui était une
donnée échappant totalement à la volonté des
gouvernements, constituait une variable déterminante pour les charges de
la dette publique. En conséquence, si l'on souhaitait que l'idée
même de politique budgétaire puisse continuer à exister, il
était impératif de réduire le fardeau de la dette
publique, même si cela n'était pas toujours possible puisqu'il
fallait, en effet, que la conjoncture économique s'y prête.
Néanmoins, lorsque c'était possible, il fallait le faire avec la
plus extrême détermination, car le fait de dépenser les
fruits de la croissance lorsque l'Etat est endetté constituait un
gaspillage.
M. Bernard Angels
, après avoir reconnu que la loi de
règlement ne faisait que constater l'exécution d'une loi de
finances, a regretté les retards pris dans leur examen.
Il a cependant contesté, s'agissant de la loi de règlement 1995,
le qualificatif de "rigoureuse et réaliste" appliqué à la
gestion gouvernementale. Ainsi le déficit fixé initialement
à 275 milliards a été exécuté à
un niveau de 323 milliards, soit 4,2 % du PIB. De même, il a
souligné qu'en 1996, le budget s'inscrivait dans le cadre d'une "gestion
calamiteuse des finances publiques", même si la dérive avait
cependant été limitée de 288 à 295 milliards
de francs.
S'agissant de l'objectif de réduction des dépenses publiques, il
a relevé que celles-ci avaient évolué en 1995 au
même niveau que le PIB et tenu à indiquer qu'elles diminueraient
d'un point de PIB en 1999.
De même, il a tenu à souligner que le déficit
budgétaire avait été peu réduit malgré des
recettes fiscales supplémentaires et les ressources tirées des
opérations de privatisation.
A titre liminaire,
Mme Marie-Claude Beaudeau
a tenu à
rappeler que la majoration de TVA, en 1995, avait été
accompagnée d'une diminution de l'impôt sur les
sociétés. Elle a souligné l'importance pour
l'exécution du budget de 1995 des effets du collectif budgétaire,
ainsi que l'accroissement du niveau du déficit budgétaire.
S'agissant du relèvement du taux de la TVA elle a tenu à indiquer
que les craintes qu'elle avait alors exprimées s'étaient
révélées justes, et ainsi démontré
l'intérêt de diminuer le taux de celle-ci.
En réponse à M. Bernard Angels,
M. Philippe Marini,
rapporteur général
, a fait état des graves
aléas de conjoncture extérieure qu'avait connus la France en
1995, notamment du fait de la crise du Mexique en 1994 et de la baisse du cours
du dollar, et de ses effets négatifs sur la progression des recettes.
Dans ce contexte, après avoir rappelé le choix fait par le
Gouvernement d'agir sur les recettes et non de diminuer les dépenses, il
en a souligné l'intérêt et l'utilité pour limiter la
progression du déficit et protéger l'avenir de la croissance en
France dans un contexte économique très différent de celui
qui avait été prévu initialement.
La commission a ensuite procédé à l'examen du projet de
loi de règlement définitif du budget de 1995. Elle a
adopté sans modification les quatorze premiers articles.
M. Philippe Marini, rapporteur général
, après
avoir présenté
l'article 15
et l'écart
d'intégration de 18 milliards de francs des dépôts des
comptes chèques postaux que cet article visait à apurer, a
souhaité, dans l'attente d'informations complémentaires et
satisfaisantes de la part du Gouvernement, présenter un amendement
"d'appel" visant à supprimer cet article. Cet amendement a
été adopté par la commission.
A
l'article 16
, il a présenté un amendement de
coordination consécutif à l'adoption de l'amendement de
suppression de l'article 15.
Puis, l'ensemble du projet de loi portant règlement définitif
du budget de 1995 ainsi amendé a été adopté.
La commission a ensuite adopté sans modification l'ensemble du
projet de loi portant règlement définitif du budget de 1996.
RÉPONSES DE LA COUR DES COMPTES AUX QUESTIONS
POSÉES PAR LA COMMISSION DES FINANCES
QUESTION N° 1
LES DEPENSES FISCALES
La Cour fait souvent référence (notamment dans les monographies) au concept de dépense fiscale afin, notamment, d'apprécier l'ensemble des concours publics à tel budget ou à telle activité. Il semble que cette dépense fiscale, compte tenu du poids politique accordé aux indicateurs " dépenses " et " prélèvements obligatoires ", devienne un instrument de plus en plus fréquent de la politique économique de l'Etat. Les connaissances sur cette dépense fiscale (coût, efficacité) apparaissent en outre assez modestes. La Cour est-elle en mesure, peut-être à partir de quelques exemples, d'éclairer le Parlement sur ce sujet d'importance croissante ?
REPONSE
Définie comme l'exception par rapport à une norme
fiscale, la dépense fiscale recouvre une gamme variée
d'allégements de la charge de l'impôt en faveur de certaines
catégories de bénéficiaires ou au service d'objectifs
spécifiques de politiques publiques. Elle constitue donc, à
côté de la dépense directe, un mode d'intervention souple
qui a connu un développement rapide dans les dernières
décennies. Le recours aux aides fiscales n'est pas toutefois sans poser
différents problèmes : la définition des
dépenses fiscales comprend des incertitudes, et pose le problème
du classement des mesures ; surtout, l'évaluation de leur
coût et de leur efficacité demeure insuffisante.
I - Un instrument d'intervention en développement rapide
1-
La notion de dépense fiscale est devenue familière
La notion de dépense fiscale, qui remonte aux années 1960, est
officialisée en France depuis 1980 à la suite de l'analyse des
réductions d'impôt sur le revenu conduite par le conseil des
impôts dans son rapport de 1979.
Est qualifiée de dépense fiscale toute disposition
législative ou réglementaire dont la mise en oeuvre
entraîne pour l'Etat une perte de recettes et pour le contribuable un
allégement de charge fiscale par rapport à ce qui serait
résulté de l'application de la " norme ",
c'est-à-dire des principes généraux du droit fiscal
français. Ces dispositions peuvent revêtir différentes
formes : exonérations (revenus exclus de la base d'imposition),
déductions (montants déduits du revenu brut pour obtenir le
montant imposable), crédits (montants déduits de l'impôt
dû), réductions de taux, report d'impôt (allégement
sous forme de délai de paiement de l'impôt).
L'ensemble des pays développés s'est efforcé
d'apprécier les meures fiscales avec une rigueur équivalente aux
dépenses directes. Le comité des affaires fiscales de l'OCDE a
ainsi consacré en 1995 un rapport
10(
*
)
aux expériences récentes en matière de présentation
des comptes des dépenses fiscales.
La définition de la dépense fiscale comme exception à une
norme est généralement reconnue, avec des variations selon
l'étroitesse de la définition donnée de la norme.
Différents critères en président
l'interprétation : l'avantage fiscal bénéficie
à un secteur, une activité ou une catégorie de
contribuables particuliers ; il vise un objectif particulier (autre que
l'efficacité du système fiscal) pouvant aisément
être assimilé à un objectif susceptible d'être
atteint à l'aide d'autres instruments ; le champ de l'impôt
en cause est suffisamment large pour permettre de déterminer une valeur
de référence appropriée à partie de laquelle
l'avantage peut être évalué ; il est possible, d'un
point de vue administratif de modifier le système fiscal pour
éliminer la dépense fiscale ; enfin, il n'existe par
ailleurs aucune disposition du système fiscal qui compense largement
l'avantage offert par la dépense fiscale.
2-
Les interventions sous forme d'aides fiscales se sont sensiblement
développées
- une croissance rapide
Le tome II du fascicule " Voies et moyens " annexé au projet
de loi de finances recense le nombre de dépenses fiscales. Leur total
est ainsi passé de 342 dans le budget de 1983 à 445 dans celui de
1997, soit une augmentation de 30 %. Les évolutions positives et
négatives, résultent de la prise en compte de nouvelles mesures
fiscales, de la suppression de mesures temporaires venant à expiration,
de la révision ponctuelle des critères d'appréciation de
la norme. De fortes augmentations sont ainsi intervenues dans les budgets de
1988 (lois relatives à l'épargne et au mécénat),
1990 (rétablissement de l'impôt de solidarité sur la
fortune) 1992 et 1993. La disparition de plusieurs mesures dans le budget de
1991 résulte de l'application de la 6
ème
directive
européenne. Une décélération est à noter
depuis le budget de 1994.
La personnalisation croisante de l'impôt sur le revenu a
entraîné une progression des divers abattements et
exonérations constitutifs de dépenses fiscales : près
de la moitié des mesures touchent cet impôt. Un rapport
récent
11(
*
)
a évalué leur
coût à plus de 25 milliards en 1995, en ne retenant que les
dispositions les plus importantes
12(
*
)
, à
la fois en termes de nombre de contribuables concernés et de montants de
la dépense fiscale.
Le montant des dépenses fiscales à vocation économique a
ainsi considérablement augmenté entre 1982 et 1992, passant en
francs courants de 11,7 milliards à 21 milliards, soit une
croissance de près de 80 % et de 17 % en francs constants.
Actualisée à 1996, la progression en francs courants et de
142 %, passant de 11,7 milliards à 28,44 milliards.
- l'importance des dépenses fiscales est variable selon les secteurs ou
les types d'impositions.
Si les dépenses fiscales portent en majorité sur l'impôt
sur le revenu, leur efficacité est limitée par
l'étroitesse du champ d'application de cette imposition, qui ne touche
que 50,4 % des contribuables. En matière de politique du logement
par exemple, le BIPE estimait en 1987 leur part dans le total des aides
publiques à 27 % en France, 42 % au Royaume-Uni, 53 % en
Allemagne, 66 % en Espagne et 81 % aux Etats-Unis. Cet écart
incitait le Conseil des impôts
13(
*
)
à conclure que la France utilise beaucoup moins l'instrument fiscal en
matière de politique du logement que les autres pays
développés et recourt davantage aux subventions. Cette
singularité doit être appréciée relativement
à la forte proportion d'exonérations de l'impôt sur le
revenu constatée en France, qui réduit l'impact des aides
fiscales aux seules catégories à revenus moyens ou
élevés assujetties à l'impôt sur le revenu.
De même, la France est le seul pays développé à
étendre l'application du régime du quotient familial à la
prise en compte des enfants ; dans les autres pays, la politique familiale
recourt dans une proportion plus limitée aux instruments fiscaux.
Ces évolutions liassent toutefois subsister de nombreuses incertitudes,
tant dans la définition que dans les modes d'évaluation de la
dépense fiscale.
II - L'appréhension du phénomène demeure
insuffisante
1-
La définition est sujette à controverses
Selon les études conduites par l'OCDE, il apparaît que tous les
pays se heurtent à la difficulté de donner une définition
formelle de la norme et appliquent des méthodes différentes pour
différencier la norme de l'exception.
La définition retenue par la France soulève elle aussi le
problème d'une définition stable de la norme, certaines
exceptions pouvant, soit du fait de leur nature même soit par suite e
leur pérennisation, devenir à leur tour la norme. Le as le plus
souvent cité est le quotient familial, devenu un élément
indissociable du barème progressif, l'impôt devant tenir compte de
la taille du foyer pour appréhender correctement sa capacité
contributive. Il en est de même pour des dispositions permanentes comme
le régime d'amortissement établi pour favoriser
l'investissement
14(
*
)
. En cas de
difficultés, les critères utilisés pour qualifier une
mesure de norme sont l'ancienneté de la mesure, son caractère
général ou son rattachement à un principe
considéré comme une norme par la doctrine.
La définition d'une fiscalité " normale " demeure
toutefois malaisée, même si les mesures qui soulèvent des
problèmes d'appréciation sont finalement peu nombreuses en
pratique, et que la classification des dépenses fiscales conserve une
certaine stabilité : une dépense fiscale disparaît
généralement du document des Voies et moyens au moment de la mort
naturelle de la mesure, plus rarement lors d'un changement de définition
de la norme.
Les problèmes de définition apparaissent ponctuellement à
travers l'examen de chacune des mesures appréciée u regard de la
politique dans laquelle elle s'inscrit. Le secteur du logement, auquel la
Cour
15(
*
)
et le conseil des
impôts
16(
*
)
ont consacré deux
enquêtes en 1992, en offre plusieurs illustrations.
Le Conseil considère que ne doivent pas être retenues comme
dépenses fiscales les mesures qui sont assez générale, en
termes d'opérations ou de contribuables, pour que l'on doive les
considérer comme des normes et non des aides accordées par
exception à une norme, les mesures qui sont assez anciennes pour
s'être incorporées à l'ordre juridique fiscal, ou qui
exonèrent une charge nécessaire à l'obtention d'un revenu.
C'est ainsi que la Cour comme le Conseil des impôts ne retiennent pas
comme dépenses fiscales plusieurs mesures classées comme telles
dans le fascicule " voies et moyens' :
- l'exonération des loyers fictifs des propriétaires
occupants : l'occupation d'un logement par son propriétaire
entraîne la jouissance gratuite d'un bien. Depuis 1964, une disposition
permanente du CGI
17(
*
)
écarte
l'imposition de cette jouissance, à l'instar des pratiques suivies par
plusieurs pays développés. Dans un rapport de 1988 sur le
financement du logement en milieu urbain, l'OCDE a refusé de prendre en
compte ces absences d'imposition dans les évaluations internationales de
dépenses fiscales. Cette mesure a de fait disparu de la liste des
dépenses fiscales
18(
*
)
, au motif que
54 % des ménages sont désormais propriétaires de leur
habitation et que rien ne justifie que la jouissance d'un appartement constitue
un revenu imposable pour le propriétaire.
- la déduction de dépenses qui sont la condition de l'existence
ou du maintien du revenu, comme la déduction forfaitaire de 35 et
25 % sur les revenus des propriétés urbaines neuves
affectées à usage d'habitation principale, évaluée
à 420 millions dans le projet de loi de finances pour 1997, qui
couvre les frais de gestion et une partie seulement des charges d'amortissement.
- la Cour observe également que ne doivent pas être
classées dans les dépenses fiscales les déductions des
dépenses de grosses réparations du montant des revenus fonciers
perçus par les propriétaires bailleurs (4,9 milliards dans
le PLF pour 1997). De telles déductions, qui constituent une sorte de
palliatif à l'absence ou à l'insuffisance de prise en compte
fiscale de l'amortissement, qui existe notamment en Allemagne, correspondent
à la logique économique puisqu'elles conditionnent le maintien de
la valeur d'un actif et du revenu qu'il produit
19(
*
)
.
Le même raisonnement était conduit pour l'imputation des
déficits fonciers sur le revenu foncier ou le revenu global. Cette
imputation n'est plus considérée comme une dépense fiscale
depuis 1997.
2-
L'évaluation du coût des dépenses fiscales se heurte
à des difficultés
- les méthodologies en usage
Le rapport de l'OCDE distingue trois méthodes de calcul du
" coût " des dépenses fiscales :
- la méthode des pertes de recettes consiste à calculer ex post
le montant du manque à gagner sur les recettes ;
- la méthode du gain de recettes, que la France a utilisée
jusqu'en 1984, consiste à calculer ex ante l'augmentation de recettes
attendue en cas de suppression de l'avantage ; cette méthode
implique une estimation des comportements probables en réaction au
changement apporté ;
- la méthode de l'équivalent dépenses calcule combien il
en coûterait d'offrir un avantage monétaire équivalent
à la dépense fiscale au moyen d'une dépense directe, en
supposant, comme dans la méthode des pertes de recettes, que les
comportements demeurent inchangés.
Tous les pays utilisent la méthode de la perte de recettes, à
l'exception des Etats-Unis qui recourent à la méthode de
l'équivalent dépenses.
Le calcul peut s'effectuer soit sur la base des recouvrements, soit sur la base
des droits constatés.
- les modes d'évaluation appliqués en France
En application de l'article 32 de la loi de finances pour 1980, la liste
des dépenses fiscales est publiée chaque année dans le
tome II du fascicule " Voies et moyens " annexé au projet
de loi de finances. Ce document indique le coût budgétaire des
mesures, évalué sur la base des données disponibles pour
les deux exercices précédents. Le projet de loi de finances pour
1997 indique ainsi les coûts pour 1995 et 1996. Les servies du
ministère des finances estiment que les résultats relatifs
à l première année, sans être des résultats
constatés, présentent un bon degré de fiabilité
Ceux fournis pour 1996 sont plus approximatif, notamment pour des impôts
dont les remontées statistiques s'effectuent plusieurs mois après
le dépôt des documents budgétaires ; c'est le cas de
l'exploitation des déclarations de l'impôt sur le revenu et de
l'impôt sur les sociétés. Les estimations de la
deuxième année sont néanmoins révisées dans
le projet de loi de finances de l'année suivante.
L'estimation doit être complétée par la présentation
dans le tome I des Voies et Moyens des mesures nouvelles qui
évaluent les flux positifs et négatifs de recettes
résultant des aménagements de droits liés aux mesures de
l'année et de l'impact des législations antérieures ;
le chiffrage de la variation d'une dépense fiscale d'une année
à l'autre est effectué au titre de la mesure nouvelle
correspondante.
L'examen de quelques méthodes d'évaluation illustre la
variété des bases utilisées ;
- pour les mesures qui touchent l'impôt sur le revenu (emploi d'un
salarié à domicile, quotient familial), l'évaluation se
fait sur la base d'un échantillon statistique établi à
partir des déclarations d'IR (400.000 contribuables pour le quotient
familial), auquel sont appliquées des simulations ;
- l'abattement sur la taxe sur les salaires due par les associations et
estimé par simulation à partir des données du fichier
national de la taxe sur les salaires ;
- le coût de la détaxe applicable au supercarburant sans plomb est
calculé sur la base des consommations de carburant, auxquelles est
affecté le différentiel de tarif.
La qualité des informations souffre donc de deux limites : la
fiabilité des données repose pour les impôts les plus
importants sur une base statistique, seule disponible au moment de
l'élaboration du projet de loi de finances, et non sur une exploitation
exhaustive des recouvrements ; l'évaluation rectifiée pour
l'année N n'est disponible que l'année suivante pour
l'élaboration du budget de l'année N+2.
Les services du ministère des finances estiment toutefois que les
incidences chiffrées des dépenses fiscales sont cohérentes
avec le niveau des recettes fiscales constatées sur chacun des
impôts et taxes concernés.
- les limites d'une évaluation globale
La totalisation de l'ensemble de ces aides, de l'ordre de 250 milliards,
est également sujette à caution. Définie comme le
supplément de recettes fiscales qu'aurait perçu le Trésor
si la disposition avait cessé de produire ses effets,
l'évaluation des dépenses fiscales n'intègre pas les
effets secondaires des dispositions fiscales votées. Certaines de ces
dispositions peuvent en effet inciter les contribuables à modifier leur
comportement, ce qui entraîne d'une part un coût de la mesure plus
important que celui chiffré initialement d'autre part un coût ou
un gain indirect sur d'autres impôts (les réductions d'impôt
au titre des dépenses d'isolation et de grosses réparations
devraient entraîner une baisse de la consommation d'énergie et en
conséquence réduire les recettes de TIP et de TVA, après
avoir fait augmenter celles de TVA lors de la réalisation de ces
travaux).
Les travaux de l'OCDE ont également mis en évidence l'interaction
entre diverses dispositions fiscales, qui ôte toute fiabilité
à l'addition des pertes de recettes spécifiques à chaque
mesure ; dans le cas d'un impôt sur le revenu progressif, l'effet
cumulatif de plusieurs déductions sera plus important que la somme des
pertes de recettes découlant de chacune des mesures, puisque les
contribuables bénéficient alors de taux marginaux
supérieurs.
L'évaluation du coût des dépenses fiscales trouve une
importante limite dans le fait que seule une faible majorité des mesures
peut être chiffrée : sur 445 mesures recensées en
1997, seulement 236, soit 53 %, ont pu être
évaluées
20(
*
)
.
Dans son rapport sur
Les aides au logement,
la Cour soulignait ainsi les
incertitudes liées à l'évaluation des aides
fiscales : le calcul de l'avantage consenti varie selon que l'on retient
un taux moyen ou un taux marginal d'imposition des catégories
bénéficiaires. Le Conseil des impôts a ainsi pu relever un
écart de plus de 5 milliards en 1991, dû exclusivement
à de telles divergences de modes de calcul, entre les évaluations
fournies respectivement par la direction de la prévision et par une
étude faite par le CEREVE pour le ministère de
l'équipement. L'addition d'aides fiscales est également
discutable, car certaines aides se chevauchent ou interagissent. Selon les
services et les documents, des montants très divers sont ainsi
publiés, selon l'extension de la notion de dépense fiscale ou le
mode de calcul retenu pour évaluer son coût.
- la rareté des études de coût et d'efficacité
L'appréhension du coût et de l'efficacité des
dépenses fiscales et partent nécessairement embryonnaire. Dans
son XIème rapport relatif à
L'impôt sur le revenu
(1990),le Conseil constate l'absence d'évaluation de l'utilité
économique et sociale des dépenses fiscales. Pour les aides
fiscales à justification économique, le Conseil observe que ce
chiffrage est malaisé la fiscalité n'est qu'un des
éléments dans le comportement des agents économiques et il
est difficile d'en isoler l'incidence ; d'autre part, le cumul des
incitations dont le champ d'application se recoupe aboutit sans doute à
en atténuer l'efficacité. Quant aux incitations fiscales à
justification sociale, la plupart ont pour cible de vrais besoins. Le conseil
relève néanmoins que l'outil fiscal et particulièrement
inadapté puisqu'il ne touche que les catégories à revenus
moyens ou élevés assujettis à l'impôt sur le revenu,
soit la moitié de la population, alors même que l'impôt sur
le revenu constitue le champ d'application privilégié des
dépenses fiscales : les aides aux étudiants accordées
sous cette forme ont été ainsi chiffrées à
9,3 milliards en 1996
21(
*
)
. Bien que moins
onéreuses que les prestations et les aides directes, les aides fiscales
sont donc contestables du point de vue de l'équité et de
l'efficacité.
Seules des études sectorielles détaillées permettent
d'approcher la réalité des coûts imputables aux
dépenses fiscales. Certains des travaux de la Cour et surtout du Conseil
des impôts fournissent des éléments d'information sur les
aides liées à certaine taxes ou secteurs d'interventions.
3-
Etude de cas : l'analyse des dépenses fiscales par la Cour ou
le Conseil des impôts
- les aides au logement
Le Conseil a identifié près de 50 mesures recensées
dans l'annexe au PLF. Regroupées par objectif, les aides fiscales
touchent :
- les aides à l'accession à la propriété
(réduction d'impôt au titre des intérêts d'emprunt,
exonération des intérêts et primes des comptes et livrets
d'épargne logement)
- les aides à l'investissement locatif (exonération de l'IS des
organismes d'HLM, taux réduit de TVA sur les terrains à
bâtir)
- les aides au maintien et à l'amélioration de l'habitat
(déduction pour grosses réparations).
Le Conseil des impôts propose une totalisation des aides à
méthodologie constante pour les années 1980 à 1991, sur la
base de l'estimation retenue par la direction de la prévision, le
Conseil et la Commission des comptes du logement, à deux suppressions
près, l'exonération des intérêts des livrets de
caisse d'épargne et la partie du coût de l'exonération de
la taxe foncière sur les propriétés bâties à
la charge des collectivités locales. L'évaluation montre une
relative stabilité en francs constants des dépenses fiscales de
1980 à 1986, puis une accélération ensuite, due
probablement aux aides à l'accession à la propriété
et à l'augmentation des intérêts exonérés de
l'épagne-logement. Ces dépenses passent ainsi de
21,6 milliards en 1980 et 29,2 milliards en 1991 (soit en francs
courants 11,4 et 29,2 milliards).
- la fiscalité des entreprises
Dans son IXème rapport consacré à
La fiscalité
des entreprises
(1987), le Conseil des impôts analysait l'impact sur
la création d'entreprises de la déduction des
intérêts des emprunts contractés pour la souscription au
capital des entreprises nouvelles et émettait des conclusions critiques
sur cette mesure discriminatoire réservée aux
sociétés dont les immobilisations satisfont à certains
critères d'amortissement, dont l'effet de levier financier est
limité et le coût budgétaire totalement
ignoré
22(
*
)
.
La faiblesse en revanche de la dépense fiscale attachée à
l'exonération de la rémunération des sommes inscrites sur
les livrets d'épargne entreprise
23(
*
)
renforce l'intérêt de cette mesure qui draine une épargne
importante au profit de la création d'entreprises.
S'agissant enfin des procédures d'incitation fiscale à
l'investissement, le Conseil s'interrogeait sur " le bien-fondé de
la tendance, observée en France comme à l'étranger,
à préférer un allégement
indifférencié de la fiscalité des entreprises à des
dispositions spécifiques en faveur de l'investissement. (...). Les
quelques études empiriques effectuées sur les effets des
incitations fiscales à l'investissement en France et à
l'étranger ne mettent pas en évidence un impact suffisamment
important de ces procédures, au regard de leur coût
budgétaire, pour qu'elles apparaissent de manière incontestable
comme préférables à un abaissement du taux de
l'impôt sur les sociétés ". Il apparaît en effet
que les baisses du coût du capital, que ces mesures tendent à
favoriser, ne jouent pas un rôle prépondérant dans la
décision d'investissement et restent en tout état de cause
inférieures aux variations du taux d'intérêt réel.
Ces aides ne peuvent avoir un impact significatif que si elles sont massives,
donc très coûteuses, et durables, alors qu'elles ont toujours eu
en France un caractère conjoncturel.
Dans son XIIème rapport relatif à
La fiscalité et
à la vie des entreprises
(1994), le Conseil des impôts fait
une estimation du coût du régime
24(
*
)
d'exemption provisoire d'imposition des
bénéfices des entreprises nouvelles défini aux
articles 44 bis (qui disparaît à partir de 1991),
44 quater (jusqu'en 1992) et 44 sexies ; ce dernier dispositif
est chiffré à 4 milliards en 1993. Le Conseil conclut que ce
régime, souvent modifié, n'a pas trouvé son point
d'équilibre et que l'insécurité fiscale qui en
résulte est dissuasive pour les chefs d'entreprise. Le Conseil conclut
que " l'efficacité de ces dispositifs n'a pu être
démontrée, ce qui conduite à l'interroger sur sa
pérennité au regard de son coût budgétaire
important ".
- l'agriculture
Dans les monographies jointes au rapport annuel sur l'exécution des lois
de finances, la Cour complète l'analyse des concours budgétaires
par une appréciation des autres interventions, notamment les
dépenses fiscales. Dans certains cas en effet, comme l'agriculture, le
budget est peu représentatif de la dépense publique. L'annexe
Voies et moyens du projet de loi de finances pour 1995 identifiait 32 mesures
évaluées à plus de 7 milliards, le régime
d'imposition du forfait collectif entraînant à lui seul une
moins-values fiscale de 2,2 milliards (1,9 milliards en 1997). Il
apparaît donc que des progrès doivent être recherchés
non seulement pour évaluer le coût de toutes les mesures mais
aussi pour étendre l'étude à l'ensemble du droit existant.
Un récent rapport de la Cour évalue à 364 millions de
francs le coût pour l'Etat du régime des SAFER, dont
300 millions de francs du fait de l'exonération des droits
d'enregistrement dont bénéficient les opérations
foncières réalisées par les SAFER.
Les difficultés constatées dans l'évaluation du coût
des aides fiscales pour les finances publiques et de leur impact sur les
besoins économiques et sociaux auxquels elles s'adressent mettent en
évidence les faiblesses de ces mesures par rapport aux interventions
budgétaires directes. Un certain nombre d'effets pervers leur sont en
effet attachés.
III-
Le recours aux dépenses fiscales comporte des risques
1-
Il compromet la maîtrise des finances publiques
La dépense fiscale représente une facilité dangereuse.
Elle résulte souvent de décisions plus faciles à prendre
que celles d'ouvertures de crédits expressément chiffrés
et limitatifs. Elle n'oblige pas à mettre en place des mécanismes
administratifs aussi compliqués que pour la distribution d'allocations.
Mais les contreparties négatives de cette souplesse sont
évidentes : l'absence de rigueur, voire l'impossibilité de
leur évaluation, le risque de pérennisation ou de dérive,
altèrent la qualité et l'efficacité d'un tel instrument
d'intervention.
Le recours massif aux dépenses fiscales fausse l'évaluation des
recettes fiscales, tant au stade de la prévision que de
l'exécution, sans que l'impact réel de cette incidence puisse
être correctement apprécié. Les estimations
opérées sur le produit de l'impôt sur le revenu, sur la
base de l'exploitation statistique d'un échantillon de contribuables,
mettent en évidence le poids croissant des dépenses fiscales, qui
progressent plu rapidement que l'assiette de l'impôt
25(
*
)
. La prévision s'en trouve donc
perturbée, du fait d'une moindre corrélation entre
l'évolution du revenu net imposable et de l'impôt et celle du PIB.
De même, l'appréciation des dépenses dans un secteur
donné doit être complétée par la prise en compte des
dépenses fiscales qui viennent compléter les aides
budgétaires.
2-
Il altère l'information sur les relations entre le budget de
l'Etat et les collectivités territoriales
Les exonérations qui frappent certaines taxes locales sont en partie
compensées par l'Etat. Mais la notion de dépense fiscale
étant exclusivement réservée aux impôts et taxes de
l'Etat, aucune évaluation ni recensement de ces mesures n'est
opéré .Les exonérations de taxes locales ainsi
compensées par l'Etat font l'objet de prélèvements sur les
recettes budgétaires de l'Etat.
En 1995, la part des prélèvements à caractère
compensatoire recensés dans le rapport sur l'exécution des lois
de finances a atteint 53.395,8 millions, dont 10.356,1 millions de
compensation d'exonérations relatives à la fiscalité
locale, 18.840,9 millions de dotation, de compensation, de la taxe
professionnelle et 21.175,3 millions au titre du fonds de compensation de
la TVA.
Le XVe rapport du conseil des impôts consacré à
La taxe
professionnelle
(1997) a évalué à 53,5 milliards
le coût net pour l'Etat, en 1995, des
dégrèvements
26(
*
)
(34,4 milliards) et des compensations (19,1 milliards)
27(
*
)
de taxe professionnelle.
Il en est résulté un doublement de la charge totale directe de la
taxe professionnelle pour le budget de l'Etat, en francs constants, entre 1988
et 1994, explicable pour l'essentiel (90 %) par l'incidence croissante du
plafonnement en fonction de la valeur ajoutée.
3-
Il prolonge et aggrave les insuffisances du système fiscal
Le Conseil des impôts observe ainsi que les mesures applicables à
l'impôt sur le revenu contribuent à la complexité du
système fiscal. Elles nuisent à la bonne compréhension par
le contribuable des règles e taxation et sont, par là-même,
source d'inégalités. Leur développement alourdit la
gestion de l'impôt par l'administration fiscale, lorsque les obligations
auxquelles les bénéficiaires doivent satisfaire sont
étalées ans le temps
28(
*
)
. Enfin,
les mécanismes d'incitation font l'objet de fréquentes
modifications. L'instabilité législative accentue l'impression de
complexité du dispositif que peuvent avoir les contribuables. La
multiplication des déductions et réductions d'impôt
constitue un facteur puissant de sédimentation législative et
réglementaire qui pérennise des avantages qui ont perdu leur
justification d'origine ou ne concernent plus qu'un nombre limité de
bénéficiaires.
A coût budgétaire donné, l'allégement fiscal
d'impôt sur le revenu constitue une technique d'intervention publique
d'une efficacité douteuse pur atteindre un objectif économique et
répondre à un besoin social.
Dans le secteur de l'immobilier urbain, le rapport du Conseil des impôts
souligne la méconnaissance des catégories sociales
réellement concernées par les avantages fiscaux, dont il critique
la relative inéquité lorsque ces avantages prennent la forme de
réductions d'impôts ou sont plafonnés. Le conseil
préconisait donc de revenir à une approche restrictive de la
dépense fiscale immobilière, d'en préciser les
bénéficiaires, d'en évaluer les effets, de
réexaminer périodiquement la pertinence de son maintien et de
rendre publiques et contradictoires les analyses.
Le Conseil des impôts avait assorti la définition des
dépenses fiscales de recommandations tendant à définir des
critères pour y inclure ou non des mesures fiscales, à
apprécier préalablement leur incidence prévisible et
à assurer leur réexamen périodique. Si ce programme a
été globalement respecté, des progrès restent
à accomplir pour améliorer la connaissance des dépenses
fiscales, contrôler leur croissance et améliorer l'information du
Parlement, tant pour ce qui concerne les dépenses fiscales sur les
impôts et taxes d'Etat que les exonérations de taxes locales
compensées par des interventions budgétaires.
QUESTION N° 2
LES " JAUNES "
Les rapports de la Cour des comptes (loi de règlement, sécurité sociale, rapports particuliers) représentent les outils les plus fiables pour apprécier l'état des finances publiques au sens large. Le gouvernement y participe également par l'intermédiaire des " jaunes ". Toutefois, ces documents, non seulement ont été créés au coup par coup -sans vision d'ensemble- mais, de plus , ne semblent pas respecter une méthodologie uniforme. La Cour a été conduite à donner son appréciation sur le " jaune " " ville " mais, malgré les assurances du ministre de l'époque, peu de modifications semblent y avoir été apportées. Il est donc demandé à la Cour s'il est possible de mettre un peu d'ordre dans la présentation des " jaunes " (données en exécution, analyse des écarts prévision-réalisation, abandon du concept non opératoire d'AP + DO, précisions sur les modes de calcul du financement des actions).
REPONSE
Les
documents adressés au Parlement en annexe à la loi de finances
annuelle sous une couverture jaune répondent à des demandes des
assemblées ayant donné lieu à des dispositions
législatives qui obligent le gouvernement à les produire.
Formulées année après année, portant sur une
variété d'objets et concernant des administrations très
diverses, ces demandes expriment nécessairement un grand nombre de
points de vue. Il appartient aux services du ministère du budget,
responsable de la communication des informations complémentaires
réunies dans chaque jaune, d'assurer l'harmonisation des réponses
transmises.
La Cour n'est qu'exceptionnellement conduite à donner son
appréciation sur des documents : elle l'a fait, soit indirectement,
en examinant les matières qui y sont traitées, par exemple, dans
le rapport sur l'exécution des lois de finances, les informations
concernant les rémunérations versées aux fonctionnaires,
qui font l'objet du rapport biennal jaune prévu par la loi
n° 83-834 du 13 juillet 1983, ou encore les crédits de
recherche (la monographie " recherche " évoque en effet le
document jaune relatif à l'effort de recherche et du
développement), soit directement en en critiquant certains aspects,
comme, au rapport public de 1995 dans l'analyse consacrée à
l'état récapitulatif de l'effort financier en faveur de la ville
et du développement urbain.
La question posée par le rapport général de la commission
des finances du Sénat a été pour la Cour une occasion de
recueillir auprès des services du ministère du budget une
information qui permet une première analyse de l'utilité des
jaunes et de la fiabilité des informations qu'ils comportent.
I - LES DOCUMENTS D'ACCOMPAGNEMENT DE LA LOI DE FINANCES, DESTINES A
L'INFORMATION DU PARLEMENT, CONSTITUENT UN ENSEMBLE ASSEZ PEU HOMOGENE
A. L'INFORMATION DU PARLEMENT
Les annexes jaunes font partie des documents que le Parlement demande au
gouvernement de produire pour son information. Le Parlement exerce ainsi le
droit général à l'information (et au contrôle) sur
la gestion des finances publiques que lui reconnaît la Constitution. Il
est à noter que l'ordonnance du 2 janvier 1959, en son article
premier, réserve exclusivement aux lois de finances
29(
*
)
la possibilité d'édicter " les
dispositions législatives destinées à organiser
(...) " ce droit
30(
*
)
. L'article 32 de
la loi organique dispose que " le projet de loi de finances de
l'année est accompagné (...) d'annexes générales
destinées à l'information et au contrôle du
Parlement ".
Ce son donc, le plus souvent, les assemblées parlementaires qui ,sur
l'initiative d'un parlementaire ou d'un groupe de parlementaires, créent
l'obligation de publication de ces documents. Mais il arrive qu'un
" jaune " résulte d'une initiative gouvernementale :
ainsi le premier ministre a décidé à compter du projet de
loi de finances pou r19997 de recenser les moyens d'action extérieure de
la France et a choisi le cadre d'un " jaune " budgétaire pour
ce faire
31(
*
)
.
B. UN ENSEMBLE PEU HOMOGENE
Une liste des " jaunes " associés au projet de loi de finances
pour 1997 est proposée en annexe. Elle montre que les informations
demandées par le Parlement concernent les sujets les plus variés
-reflétant parfois les préoccupations de l'heure. Leur
périodicité est annuelle ou pluriannuelle. Elles sont à
présenter sous différentes formes. On peut tenter de les classer
de la manière suivante :
- Les rapports
sont destinés à apporter des informations
particulières sur un aspect précis du projet de loi de finances.
Ce sont, par exemple, le " Rapport sur les taxes parafiscales " ou le
" Rapport sur les rémunérations de la fonction
publique " ou encore le " Rapport sur la gestion des autorisations de
programme ".
- Les états récapitulatifs
présentent de
manière regroupée les crédits que l'Etat consacre à
tel ou tel secteur d'intervention et qui se trouvent dispersés dans les
annexes " bleues " de plusieurs budgets ministériels, y
compris les charges communes. Ils ont pour objet d'éclairer le Parlement
sur un aspect donné de la politique du gouvernement.
Ce sont aujourd'hui les plus nombreux, les plus demandés, susceptibles
selon les sujets d'intéresser un public large. On y trouve par exemple
le recensement des crédits consacrés à l'action
extérieure de la France ou les états récapitulant l'effort
financier de l'Etat dans des domaines aussi divers que la politique de la
ville, la recherche, la formation professionnelle, les collectivités
locales, l'outre-mer, l'environnement ou depuis 1997 les petites et moyennes
entreprises.
-
Enfin,
les listes
n'ont pas d'autre objet que de
récapituler de la manière la plus exhaustive possible, des
séries d'organismes qui entretiennent avec l'Etat les rapports les plus
divers et qui ont mérité à un moment donné
l'attention du Parlement. Ce sont, par exemple la " Liste des associations
régies par la loi du 1
er
juillet 1901 ", la
" Liste des organismes à caractère privé ayant
effectué pour le compte de l'administration des études de quelque
nature que ce soit ", ou la récente " Liste des commissions et
instances consultatives ou délibératives placées
directement auprès du premier ministre ou des ministres ".
C. DES INFORMATIONS D'INEGALE QUALITE
Les informations sont établies par les ministères
concernés et vérifiées quant à leur exactitude par
la direction du budget quand la source est directement accessible.
La qualité des informations est donc très variable selon les cas.
Certaines informations très fines sont peu fiables et
l'exhaustivité lorsqu'il s'agit de listes, est difficile à
vérifier.
II - UNE MODERNISATION DES DOCUMENTS A ETE ENTREPRISE MAIS L'INTERET DES
DOCUMENTS ETABLIS DEMEURE INEGAL
A. UN CONTENU AMELIORE
La modernisation de la présentation des annexes informatives jaunes a
été expérimentée en 1994, étendue en 1995 et
généralisée à l'ensemble des documents de ce type
en 1996.
La novation a consisté à associer à une
présentation modernisée (format, graphisme, introduction de la
couleur, etc...), une modification sensible des contenus (introduction
d'indicateurs divers, de commentaires et d'analyses) pour une meilleure
information, plus lisible. Les informations données traditionnellement
sous la seule forme de tableaux chiffrés ont été assorties
de développements et d'analyses.
La distinction entre " rapports " et " états
récapitulatifs " tend de ce fait à s'estomper.
Les ministères responsables de l'élaboration d'un
" jaune " rénové, qui implique de leur part une
participation plus importante, paraissent s'être attachés à
produire un document de meilleure qualité. Les données
chiffrées sont vérifiées dans la mesure du possible par
les bureaux sectoriels concernés de la direction du budget en liaison
avec les bureaux budgétaires des ministères
32(
*
)
.
Sans attendre les résultats de l'amélioration entreprise, le
Parlement a décidé l'adjonction à compter du PLF pour
1997, de trois nouveaux documents : " l'effort financier de l'Etat en
faveur des PME ", la " liste des commissions et instances
placées auprès du premier ministre ou des ministres " ainsi
qu'un état récapitulant le " produit des impositions
affectées à des organismes de sécurité
sociale ".
B. TOUS LES " JAUNES ", CEPENDANT, NE PRESENTENT PAS LE MEME
DEGRE D'INTERET ET L'ON PEUT S'INTERROGER SUR LA NECESSITE DE CERTAINS D'ENTRE
EUX, DU MOINS SOUS LEUR FORME ACTUELLE
La qualité de documents tels que le jaune " Relations
financières avec l'Union européenne " ou les jaunes
" Ville ", " Action extérieure " ainsi que le jaune
" Rémunérations de la fonction publique " -dont le
" lectorat " ne se limite pas aux seules assemblées
parlementaires- ne peut être mise en doute. Mais on peut s'interroger sur
l'intérêt que présente, même pour un public restreint
et très spécialisé, la publication sous la forme d'annexes
budgétaires de documents tels que le " Rapport sur la gestion des
AP ", le " Rapport sur la gestion du fonds de
solidarité " ou le " Rapport sur l'imposition des
plus-values ". Ces informations pourraient être fournies au
Parlement sous une autre forme.
Certains documents jaunes " transversaux " sont utiles dans la mesure
où ils présentent l'effort financier de l'Etat par domaine
d'intervention, voire parce qu'ils proposent une vue différente de
l'action de l'Etat complémentaire de celle apportée par les
" bleus ". On peut s'interroger en revanche sur le bien-fondé
de la publication sous forme d'annexe au projet de loi de finances d'une
" Liste des associations " qui ne permet en aucun cas au lecteur
d'avoir une vision claire de la réalité du financement public des
associations.
Il serait enfin souhaitable d'examiner s'il est justifié de conserver
certains documents créés en réponse à des sujets
dont le caractère d'actualité a évolué.
*
* *
Conclusion
: La diversité des annexes jaunes
selon les questions traitées ne se prête guère à des
prescriptions méthodologiques communes.
S'il est justifié de valoriser le contenu de certains
" jaunes " en améliorant leur présentation, la
même démarche ne paraît pas s'imposer s'agissant de
documents de moindre intérêt destinés à l'usage d'un
très petit nombre de personnes.
En première analyse, et à titre indicatif, plusieurs
" jaunes " pourraient être remis en cause au moins dans leur
forme avec l'accord des assemblées parlementaires :
- liste des organismes ayant effectué des études pour le compte
de l'administration ;
- rapport sur la gestion des autorisations de programme ;
- état récapitulatif des crédits civils concourant
à la défense de la Nation ;
- compte tendu d'activité des agences de l'eau ;
- liste des commissions et instances placées auprès du premier
ministre ou des ministres ;
- effort social de la Nation et " Produit des impositions affectées
à des organismes de sécurité sociale "
33(
*
)
.
Annexes informatives " jaunes " associées au PLF
1997
Intitulés |
Relations
financières avec l'Union européenne
|
1 Nouveau
QUESTION N° 3
LES INDICATEURS D'EVOLUTION DES DEPENSES BUDGETAIRES
L'évolution des dépenses budgétaires d'une année sur l'autre fait l'objet de controverses fréquentes en raison de la multiplicité des indicateurs possibles (dépenses ou charges, brut ou net, solde ou masse de certains CST...). La Cour est-elle en mesure de proposer quelques indicateurs statistiques éprouvés au regard de sa compétence et de son expérience ? Dans l'affirmative, il serait demandé de les appliquer aux cinq derniers exercices connus et de mettre en évidence les différences essentielles entre les prévisions et les réalisations.
REPONSE
En
matière d'évolution des dépenses budgétaires, les
indicateurs éprouvés sont ceux qui, par définition,
offrent la garantie d'une certaine permanence. Mais, comme le souligne la
commission des finances du Sénat, la tentation existe de multiplier les
indicateurs pour mieux saisir une réalité, au risque de ne pas
pouvoir effectuer des comparaisons. A l'inverse, il est juste de
reconnaître que certains indicateurs traditionnels n'ont jamais permis de
véritable comparaison. Quant à la compétence de la Cour,
sa dimension juridictionnelle la conduit à s'appuyer, de
préférence, sur des indicateurs budgétaires ou comptables
dotés d'une base juridique incontestable, plutôt que sur des
indicateurs statistiques susceptibles d'interprétation.
Au fond, la question posée est celle de la norme de
référence permettant d'apprécier les dépenses
budgétaires et leur évolution.
La réponse diffère suivant qu'il s'agit de comparer la
prévision ou l'exécution budgétaire.
1)
La comparaison des prévisions budgétaires de
dépenses
d'une année sur l'autre ne concerne pas directement
la Cour qui n'est pas chargée de son appréciation.
Tout au plus constate-t-elle qu'invariablement le problème se repose de
savoir si la loi de finances initiale de l'année doit être
comparée à la loi de finances initiale ou à la loi de
finances rectifiée de l'année précédente.
La commission des finances de l'Assemblée nationale rappelle, dans son
rapport sur le projet de loi de finances pour 1996, que " la base
habituelle est la loi de finances initiale de l'année
précédente. C'est la base juridique utilisée pour la
confection des annexes bleues par ministère. C'est pourquoi l'analyse
détaillée des mesures d'économie, par budget ou par
mesure, s'appuie sur la comparaison avec la loi de finances initiale ".
Mais ce principe est remis en cause chaque fois que des changements politiques
majeurs entraînent le vote de lois de finances rectificatives importantes
comme ce fut le cas en 1993 et 1995. Le gouvernement invoque alors la
nécessité d'un parallélisme des formes avec la
transposition, en dépenses, de l'évaluation révisée
des recettes qui est pratiquée régulièrement. Des
solutions différentes ont été retenues dans les
années récentes. En 1994, il a paru significatif de se
référer au " budget tendanciel " de 1993,
c'est-à-dire au budget après remises à niveau, mais avant
mesures nouvelles. En 1996, le projet de loi de finances initiale est
comparé à la loi de finances rectifiée en août 1995.
Quant aux lois de finances initiales pour 1995 et pour 1997, les bases de
comparaison retenues sont respectivement la loi de finances initiale de 1994 et
celle de 1996, puisque les années en cause n'ont pas connu de collectif
majeur.
Retenant donc des bases de comparaison différentes chaque année,
les prévisions initiales de dépenses des lois de finances
aboutissent ainsi à des indicateurs qui ne sauraient être
rapprochés entre eux de manière significative. Ces changements de
présentation en matière de dépenses sont sans doute
explicables mais peuvent surprendre dans la mesure où on ne les retrouve
pas dans les prévisions de recettes qui, elles, ont toujours
été fondées sur l'évaluation révisée
de la loi de finances antérieure.
La Cour s'étonne aussi que le cadre de présentation
utilisé dans l'exposé général des motifs des
projets de lois de finances, depuis vingt-cinq ans, continue à faire
masse des dépenses du budget général et du solde de tous
les comptes spéciaux du Trésor, au risque de neutraliser l'impact
budgétaire de toute opération définitive financée
sur un compte d'affectation spéciale (par exemple, les dotations en
capital aux entreprises publiques), dès lors que, par construction, son
solde est nul.
2)
La mesure de l'évolution des dépenses budgétaires
en exécution
entre dans les attributions de la Cour.
En droit, le choix d'un indicateur éprouvé est simple. Il doit
permettre, en rapprochant l'exécution du budget tant de la
prévision budgétaire que de l'exécution du budget
passé, de mesurer à la fois le respect de l'autorisation
parlementaire et l'évolution du solde. Telle est d'ailleurs la
signification première du rapport sur l'exécution du budget de
l'Etat que la Cour produit à l'appui de la loi de règlement.
Cette loi ayant pour but de constater et de valider les opérations
budgétaires, la Cour, d'une part, commente les résultats obtenus
et, d'autre part, examine la régularité des opérations par
référence à la loi organique du 2 janvier 1959. Dans
cette optique, les données chiffrées produites par la Cour, dans
son rapport sur l'exécution du budget, constituent une série,
homogène depuis plus de trente ans, sur laquelle le Parlement est
invité à se prononcer quand il vote la loi de règlement.
Par nécessité juridique de s'articuler avec le projet de loi
qu'il accompagne, le rapport de la Cour s'efforce de présenter et de
comparer le plus souvent des charges brutes et non des soldes.
Mais des obligations supranationales, comme celles du traité de l'Union
européenne, peuvent amener à réviser la norme de
référence. En l'occurrence, l'obligation de respecter les
critères de convergence de Maastricht, conduit les pays membres à
mener une politique d'assainissement et de maîtrise des finances
publiques qui doit pouvoir être suivie pendant une durée
pluriannuelle et sur une base qui se rapproche de celle de nos partenaires
européens.
C'est pourquoi, le Parlement français a choisi de se doter d'un
instrument législatif supplémentaire avec la loi d'orientation
quinquennale du 24 janvier 1994. Or celle-ci poursuit des objectifs
différents de ceux d'une loi de finances, même si son domaine
d'application est comparable. En effet, la loi d'orientation quinquennale,
contrairement à une loi de finances qui autorise annuellement les
dépenses au niveau du chapitre et évalue les recettes ligne par
ligne, a pour objet de retracer les grands traits d'un redressement du budget
de l'Etat, sur une période de cinq ans, à partir de la
stabilisation des prélèvements obligatoires et du freinage de
l'évolution es charges budgétaires. De plus, alors qu'une loi de
finances doit inscrire ses choix dans le cadre donné par la loi
organique, la loi d'orientation quinquennale ne fixe pas de règle
contraignante quant aux moyens à mettre en oeuvre au sein de chacune des
grandes catégories retenues dans le tableau de projection figurant dans
le rapport annexé à la loi.
Dans ce contexte, il ressort que la mesure de l'évolution des charges
emprunte deux modes de calcul :
- celui dit " du gouvernement ", centré sur les
dépenses du budget général, nettes des dépenses
d'ordre relatives à la dette depuis 1994, auquel s'ajoute le solde de
tous les comptes spéciaux du Trésor ;
- le mode de calcul retenu par la commission des finances de
l'Assemblée nationale, qui fait droit à la notion de
dépenses du budget général, nettes des dépenses
d'ordre relatives à la dette, mais qui comptabilise aussi les
dépenses, et non le solde, des opérations définitives des
comptes spéciaux du Trésor, avant de retenir le solde des seules
opérations temporaires.
S'agissant de mesurer l'évolution des charges dans le cadre fourni par
la loi d'orientation quinquennale de 1994, la préférence de la
Cour va davantage vers cette seconde méthode, plus fidèle
à la notion de charges définitives et moins sensible aux
variations dans la structure du budget.
Il reste que les dépenses d'ordre venant en atténuation des
charges de la dette constituent la notion la plus délicate à
apprécier avec rigueur (voir réponse à la question
n° 1 posée par l'Assemblée nationale à
l'occasion du rapport sur l'exécution du budget de 1993.
Assemblée nationale, 1995, n° 2118, page 181). Aussi, la
Cour a-t-elle cru nécessaire, dans son rapport sur l'exécution du
budget de 1995, page 76, d'établir le tableau des charges
définitives de la dette de 1990 à 1995.
QUESTION N° 4
DIFFICULTES D'ARTICULATION ENTRE LE PROJET DE LOI DE FINANCES ET LE PROJET DE
LOI DE FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE
La Cour est-elle en mesure de présenter un premier bilan des difficultés d'articulation entre le projet de loi de finances et le projet de loi de financement de la sécurité sociale ?
REPONSE
Il est
prématuré de prétendre tirer, à ce stade, un
premier bilan des difficultés d'articulation entre le projet de loi de
finances et le projet de loi de financement de la sécurité
sociale. On notera toutefois que les deux projets, bien que
préparés selon un calendrier différent, sont pour
l'essentiel établis sur les mêmes bases en ce qui concerne les
hypothèses macro-économiques.
En outre, le rapprochement entre le projet de loi de finances et le projet de
LFSS appelle une particulière attention pour ce qui concerne les
dépenses imputées au budget annexe des prestations sociales
agricoles (BAPSA), les dépenses afférentes aux pensions de
retraite de la fonction publique et la compensation par l'Etat des
exonérations de cotisations sociales pour des motifs divers.
Conformément aux dispositions de l'article 6 de la loi du
25 juillet 1994, la Cour vérifie avec une vigilance accrue les
conditions dans lesquelles l'Etat s'acquitte envers les régimes sociaux
de ses obligations d'employeur. Il est encore trop tôt pour tirer de ces
contrôles des diagnostics assurés quant à la
fiabilité des prévisions budgétaires concernées.
Cependant, dans son rapport sur l'exécution de la loi de finances pour
1995, la Cour estimait que les efforts de clarification entrepris pour les
cotisations patronales d'assurance maladie dans le budget 1995 devaient
permettre une bonne prévision des crédits à ouvrir aux
budgets ministériels. Elle invitait à les prolonger en
matière de cotisations d'allocations familiales qui sont restées
quant à elles, déterminées par une méthode
forfaitaire.
Pour les compensations d'exonérations de cotisations sociales, les
chiffres inscrits tant dans le projet de loi de finances que dans le projet de
loi de financement de la sécurité sociale résultent d'un
travail effectué en commun par la direction du budget et les services du
ministère du travail, remarque étant faite que la direction de la
sécurité sociale n'y est pas associée. Une démarche
comparable est retenue pour le BAPSA : les chiffres établis par la
direction du budget avec le ministère de l'agriculture et la direction
de la sécurité sociale pour le projet de loi de finances sont
repris dans le projet de LFSS.
QUESTION N° 5
LES REMISES DE DETTES AUX ETATS ETRANGERS
Préciser l'impact budgétaire et comptable des annulations et remises de dettes consenties aux Etats étrangers débiteurs, et en particulier, indiquer l'incidence des transports au découvert du Trésor sur la capacité de financement des administrations publiques.
REPONSE
Le
précédent bilan global de l'impact budgétaire et comptable
des remises de dettes accordées par la France aux Etats étrangers
a été réalisé par la Cour en 1992 et remis au
Parlement au titre du règlement du budget de 1990
34(
*
)
.
Le rapport de la Cour sur l'exécution du budget de l'Etat consacre
néanmoins des développements importants dans son chapitre sur les
dispositions diverses
35(
*
)
, sur les remises de
dettes consenties dans l'année et qui font l'objet d'articles
spécifiques
36(
*
)
dans la loi de
règlement du budget présentée au vote du Parlement.
La multiplication des dispositifs de remises de dettes qui sont passés
de 3 en 1990 à 7 aujourd'hui conduit à mesurer leur impact sur
les finances publiques. Il s'agit d'examiner la façon dont elles sont
retracées dans les comptes de l'Etat au regard de la diversité
des procédures budgétaires et comptables mises en oeuvre et de
leur incidence sur les différents résultats affichés en
termes budgétaire, patrimonial et de comptabilité nationale.
La multiplicité des dispositifs de remises de dettes
Les décisions de remises de dettes par la France qu'elles soient
d'origine multilatérale ou bilatérale, son introduites dans le
droit français par les lois de finances initiale ou rectificatives puis
sont constatées en loi de règlement.
Les 7 dispositifs en vigueur résultent :
- de la résolution 165 S9 du conseil du commerce et du
développement de la CNUCED (loi de règlement du budget de
1978) ;
- du sommet du G7 réuni à
Toronto
en juin 1988
(article 40 de la loi de finances rectificative du 29 décembre
1988) complété par les accords dits
Termes de Londres et de
Naples
;
- du sommet franco-africain de mai 1989, dit
Dakar I
(article 125 I
de la loi de finances initiale pour 1990, complété par la
Conférence de Paris (article 68 I de la loi de finances
rectificative du 29 décembre 1990) ;
- du sommet franco-africain de
la Baule
en juin 1990 (loi de finances
initiale pour 1991 au titre des crédits ouverts au chapitre 44-98 du
budget des charges communes) ;
- de la décision du " Club de Paris " du 10 septembre
1990 dite de
Conversion de dettes
(article 68 III de la loi de
finances rectificative pour 1990 complétée par l'article 49
de la loi de finances rectificative du 29 décembre 1994) pour les
pays à revenu intermédiaire dans le cadre de la dette publique
bilatérale. La décote affectant la créance se traduit par
une annulation partielle de dette ;
- du sommet franco-africain de
Libreville
d'octobre 1992 visant les pays
à revenu intermédiaire de la zone franc dans le cadre d'un fonds
e conversion de créances (article 95 de la loi de finances
rectificative de décembre 1992) ;
- de la conférence de Dakar de janvier 1994 traitant des
problèmes de parité du Franc CFA, dite
Dakar II
(article 51 de la loi de finances rectificative u 29 décembre
1994) ;
A ces dispositifs s'ajoutent des abandons de créances faisant l'objet
d'articles spécifiques de la loi de règlement pour les pays
n'entrant dans aucun des accords, multilatéraux ou bilatéraux
mentionnés ci-dessus, comme le Mali et le Burkina - Faso en 1994 et le
Vietnam en 1995.
L'ensemble des opérations de remises de dettes depuis l'origine, soit
1980, est décrit dans le tableau ci-joint qui recense, pour chacun des
accords intervenus, les montants annulés annuellement.
Il ressort de ce tableau un manque d'homogénéité des
procédures budgétaires qui varient selon la nature de la
créance ou le rôle de l'établissement financier. Ainsi, les
opérations sont suivies à la fois ou exclusivement à des
comptes spéciaux du Trésor (comptes de prêts) et en
dotations budgétaires. Selon les cas et notamment qu'il s'agisse du
capital remis ou des intérêts, elles affectent directement ou
indirectement le résultat budgétaire. Les comptes de bilan
retracent également les remises de dettes qui influent sur le
résultat patrimonial. Enfin, elles font l'objet d'un retraitement en
comptabilité nationale en vue de la détermination du besoin de
financement de l'Etat.
L'impact budgétaire
L'attribution du prêt d'origine, soit directement par le Trésor ou
pour son compte par un intermédiaire financier, soit par l'organisme
financier à ses propres risques, détermine le suivi
budgétaire des remises de dettes.
La nature juridique de la créance et les pays
bénéficiaires sont en règle générale
précisé dans l'accord qui fixe la date à partir de
laquelle l'encours en capital et intérêts est gelé. Les
échéances ultérieures figurant au tableau d'amortissement
du prêt sont dès lors annulées soit annuellement, soit en
fonction du passage devant des instances appréciant les critères
d'éligibilité du pays débiteur au
rééchelonnement de sa dette (Fonds monétaire
international, " club de Paris " des créanciers publics).
L'annulation est étalée dans le temps jusqu'à l'extinction
de la dette prévue initialement dans le tableau d'amortissement ou selon
un pourcentage fixé dans l'accord (1/3, 50 % ou 2/3 pour l'accord de
Toronto modifié par les Termes e Londres et de Naples, puis 80 %
à la suite du sommet de Lyon), voire même totale (Dakar).
Mais seul un plafond de dépenses peut être inscrit en loi de
finances en ce qui concerne le dispositif Toronto qui prévoit le passage
des pays débiteurs devant le Club de Paris. Or, le rythme
aléatoire rend les dates de consolidation incertaines alors que le
dispositif Dakar, où l'annulation est totale et définitive, ne
requiert pus le renouvellement de l'autorisation législative.
Afin d'étalier le coût budgétaire de l'annulation de
prêts initialement consentis pour 30 ans, les remises de dettes se
traduisent dans les comptes à mesure de la venue des
échéances des annuités et seront constatées dans
les lois de règlement des budgets jusqu'en 2002 au titre du dispositif
CNUCED et 2018 au titre de Dakar I.
Les prêts du Trésor sont retracés au compte 903-07
" prêts du Trésor à des Etats étrangers et
à la Caisse française de développement " et au compte
903-17 " Prêts du Trésor à des Etats étrangers
pour la consolidation de dettes envers la France " pour les prêts
déjà refinancés.
Les opérations suivies au compte 903-07
37(
*
)
correspondent à des prêts directs du
Trésor ou à des prêts gérés aux risques du
Trésor par des intermédiaires financiers. Les opérations
suivies au compte 903-17 sont gérées par la Banque de France.
En revanche, les prêts accordés par les intermédiaires
financiers, non garantis par le Trésor ou sous leur propre
responsabilité, font l'objet de dotations ouvertes au budget des charges
communes au titre de l'indemnisation d'une annulation décidée par
la France.
Ces indemnisations sont retracées :
- pour la Banque française du commerce extérieur (BFCE)
38(
*
)
au chapitre 14-01, article 90, § 21
" Garanties diverses - BFCE - Annulations de dettes " ;
- pour la Caisse française de développement (CFD, ex Caisse
centrale de coopération économique)
39(
*
)
au chapitre 44-98, article 36, § 13
" Participations de l'Etat au service d'emprunts à caractère
économique - CFD - Indemnisations au titre des annulations de
dettes ". En effet, l'Etat a statué en lieu et place de l'ex-CCCE
en annulant des créances non garanties. D'où l'insertion d'un
deuxième alinéa à l'article 40 de la loi de finances
rectificative pour 1988 autorisant l'application du dispositif Toronto,
renouvelé à l'article 125 III de la LFI pour 1990 selon
lesquels " lorsque les prêts ont été consentis sans
garantie de l'Etat par la CCCE, celle-ci et indemnisée à hauteur
des montants remis ".
L'indemnisation versée à la CFD au titre de la réduction
des taux d'intérêts des prêts aux pays à revenu
intermédiaire décidée au sommet de la Baule est suivie au
§ 14 du chapitre 44-98 article 36.
Inscrites aux Titres I et IV du budget des charges communes, les
indemnisations, représentatives du capital et de intérêts
des dettes annulées, pèsent directement sur le résultat
d'exécution budgétaire.
Le montant constaté en 1995 s'élève globalement à
3.820,68 millions dont 3.354,26 millions au chapitre 44-98 et
466,42 millions au chapitre 14-01.
Depuis l'origine les montants atteignent 22.070,41 millions dont
18.616,68 millions au chapitre 44-98 et 3.453,73 millions au chapitre
14-01.
L'appréciation de l'impact budgétaire des opérations
enregistrées sur les comptes spéciaux du Trésor est pus
délicate à opérer en ce qu'elle n'affecte pas directement
le résultat d'exécution budgétaire.
En effet, la remise des échéances de prêts, tant en capital
qu'en intérêts, se traduit par une moins value de recettes sur les
exercices budgétaires ultérieurs qui auraient dû
enregistrer les recouvrements correspondants. Les comptes de prêts 903-07
et 903-17 ne sont pas crédités des remboursements en capital
annulés
40(
*
)
et les recettes non fiscales
du budget général ne sont pas davantage crédités
des versements d'intérêts annulés.
Il convient néanmoins de constater l'absence de ressources
consécutive à la décision de remise de dettes. Elle
s'inscrit dans les comptes de l'Etat par le transfert du résultat de
l'année au compte permanent des découverts du Trésor
autorisé par le Parlement lors du vote de la loi de règlement du
budget
41(
*
)
.
Or, l'article 35 alinéa 2 de la loi organique du 2 janvier 1959
définit le compte de résultat de l'année comme suit :
- le solde du budget général ;
- les profits et les pertes constatés dans l'exécution des
comptes spéciaux par application des articles 24 et 28 ;
- les profits et les pertes résultant éventuellement de la
gestion des opérations de trésorerie (...).
La remise de dettes, constitutive d'une perte de ressources, entre dans le
cadre des dispositions de l'article 24 de la loi organique,
alinéa 2 aux termes duquel " sauf dispositions contraires
prévues par une loi de finances, le solde de chaque compte et
reporté d'année en année. Toutefois, les profits et pertes
constatés sur toues les catégories de comptes, à
l'exception des comptes d'affection spéciale, sont imputés aux
résultats de l'année dans les conditions prévues à
l'article 35 ".
Ainsi, parmi les comptes spéciaux dont l'activité e poursuit sur
les exercices suivants, les pertes et bénéfices de changes et les
remises de dettes ne sont pas reportés. Le solde " comptable "
est minoré du montant transporté aux découverts du
Trésor.
Le montant des remises de dettes, pour la partie exigible du capital, qui a
été transporté aux découverts du Trésor en
1995 s'élève à 1.005,46 millions ; le montant
cumulé depuis l'origine s'établit à 3.906,15 millions.
L'impact des remises de dettes sur le résultat patrimonial
Le résultat patrimonial est affecté par les remises de dettes
pour la partie en capital.
Faisant suite aux recommandation formulées par la Cour
42(
*
)
, et conformément à l'article 35
alinéa 2 précité, le montant annulé dot
être porté en pertes au compte 678 " Autres charges
exceptionnelles " de l'année concernée, dès lors que
la loi de finances les a autorisées, avant de proposer le transport aux
découverts du Trésor.
En contrepartie, l'actif du bilan qui retrace l'encours des prêts doit
être minoré du montant en capital de l'annulation de la
créance de la France sur les pays étrangers.
Toutefois, la dispersion sur différents comptes de prêts rendait
malaisé le suivi des annulations qui étaient de surcroît
confondues avec les autres opérations les affectant. Le regroupement et
l'isolement des opérations de remises de dettes dans le bilan de l'Etat
fut également recommandé par la Cour.
Ainsi, d'un suivi éclaté aux comptes 251 " Prêts du
FDES ", dont 251-1 " Prêts aux risques du Trésor -
Prêts par l'intermédiaire d'établissements " et 251-4
" Prêts aux risques des établissements
intermédiaires ; au compte 253 " Prêts à
l'extérieur " et ses sous coptes et au compte 258 " autres
prêts ", l'encours des prêts ayant fait l'objet d'une
décision d'annulation et porté depuis 1992 à un nouveau
compte 257 intitulé " Prêts inclus dans des accords de
remises de dettes au pays étrangers ". Trois comptes divisionnaires
doivent retracer l'annulation des créances en application des
décisions de la CNUCED, de Toronto et de Dakar.
Le solde du compte au 31 décembre décrit l'encours restant
à annuler, soit 4,86 milliards en 1995. Mais ce montant ne
reflète qu'une partie de la dette annulable puisque seuls les
prêts faisant l'objet d'un échéancier précis et dont
l'annulation est certaine ont été portés au compte 257.
Ainsi, le regroupement des opérations n'a pas été
réalisé dans son intégralité, de même que les
remises effectuées dans le cadre des accores de Toronto n'y sont pas
retracées. Or, l'aléa que constitue notamment le passage en club
de Paris n'est pas un obstacle dirimant au suivi des opérations
dès lors que la décision de remise a été prise.
En ce qui concerne les intérêts, leur annulation n'a pas d'impact
sur le résultat patrimonial dans la mesure où ils ne sont pas
pris en charge dans la comptabilité de l'Etat. Il sont dès lors
considérés comme abandonnés, sans écriture
comptable.
Les intérêts sur prêts autrefois accordés au titre du
FDES étaient pris en charge. La remise de dettes avait pour effet
d'annuler la prise en charge à la ligne 404 du compte de recettes
non fiscales du budget général 901-540
" intérêts des prêts du FDES. Mais les prêts
accordés à la Caisse française de développement sur
les crédits du FDES dont le solde a été repris à
compter du 1
er
janvier 1993 au compte 903-07 " Prêts
aux gouvernements étrangers "
43(
*
)
,
ne font plus l'objet de prise en charge, au titre des intérêts, au
bilan de l'Etat.
L'impact sur le résultat patrimonial résulte de la constatation
de la perte exceptionnelle au compte 678 et de la diminution de l'actif aux
comptes 25 " prêts ". Toutefois, les créances de la
France sur les pays étrangers dont le principe de l'annulation a
été retenu, continuent de figurer à l'actif du bilan de
l'Etat en l'absence de comptabilisation de provisions pour pertes comme en
comptabilité privée.
L'impact des remises de dettes sur la capacité de financement de
l'Etat
L'analyse des remises de dettes aux pays étrangers en termes de
comptabilité nationale est confrontée à des
difficultés d'interprétation de nature économique.
En effet, les normes de comptabilité nationale, bien qu'autonomes dans
la présentation es résultats procèdent néanmoins
d'un retraitement des opérations budgétaires. Ainsi, bien que la
comptabilité nationale privilégie une optique patrimoniale, la
détermination de la capacité de financement de l'Etat
dépend de l'articulation opérée avec la
comptabilité budgétaire.
Le principe retenu en comptabilité nationale est cohérent avec
celui qui prévaut pour l'élaboration de la balance des
paiements
44(
*
)
. Il consiste à enregistrer
l'engagement global de la France correspondant à l'encours en capital de
sa créance au moment de la décision de remise de dettes puis
à constater son annulation pour sa totalité, en une seule fois.
Elle est considérée comme un transfert en capital avec le reste
du monde.
Les montants des remises de dettes intégrés dans les comptes
nationaux correspondent :
- aux accords de Dakar I pour 16,77 milliards en 1990 ;
- aux accords de Dakar II pour 21,37 milliards en 1994.
Le besoin de financement de l'Etat est aggravé d'un égal montant.
Il en résulte selon l'INSEE
45(
*
)
que,
" par rapport aux inscriptions budgétaires qui suivent les
échéances de remboursement, les résultats des comptes
nationaux font ainsi apparaître dans les dépenses de l'Etat un
écart de 22 milliards de francs, correspondant à la partie
de la dette qui aurait dû être honorée après
1994 " pour ce qui concerne Dakar II, comme ce fut le as pour
Dakar I.
L'ensemble des mécanismes recensés par l'INSEE fait
apparaître un montant global de remises de 39 milliards pour les
dettes visées par les deux dispositifs " Dakar ".
Leur traduction en une seule fois dans les comptes nationaux dès
l'année de la décision de remise, donne une évaluation de
l'étalement des charges opéré sur 30 ans en
opérations budgétaires.
L'ampleur des remises semble toutefois porter ses fruits puisque
l'amélioration des résultats de la Coface consécutive aux
accords conclus dans le cadre du fonds monétaire international et du
Club de Paris d'une part, la diminution des prêts sur accords de
consolidation et des remboursements accrus sur les comptes de prêts
d'autre part, attestent la meilleure santé financière des pays
à revenus intermédiaires d'Afrique après la
dévaluation du Franc CFA et d'Amérique latine comme le
Brésil.
HISTORIQUE DES REMISES DE DETTES AUX PAYS ETRANGERS (en millions de francs) |
||||||||||||
Année de comptabil. |
Remises de dettes CNUCED |
Remises
de dettes -
|
|
Remises
de dettes -
|
|
|||||||
|
Prêts Trésor |
Prêts |
Trésor |
Chap 44-98 |
Chap 14-01 |
Prêts |
Trésor |
Chap 44-98 |
Chap 14-01 |
|||
|
Capital |
Intérêts |
Capital |
Intérêt |
Cap + int |
Cap + int |
Capital |
Intérêt |
Cap + int |
Cap + int |
||
1980 |
75,46 |
48,88 |
|
|
|
|
|
|
|
|
||
1981 |
37,00 |
19,70 |
|
|
|
|
|
|
|
|
||
1982 |
37,17 |
17,70 |
|
|
|
|
|
|
|
|
||
1983 |
41,88 |
15,93 |
|
|
|
|
|
|
|
|
||
1984 |
121,92 |
40,21 |
|
|
|
|
|
|
|
|
||
1985 |
51,89 |
14,12 |
|
|
|
|
|
|
|
|
||
1986 |
46,04 |
11,65 |
|
|
|
|
|
|
|
|
||
1987 |
40,53 |
9,44 |
|
|
|
|
|
|
|
|
||
1988 |
38,77 |
7,49 |
|
|
|
|
|
|
|
|
||
1989 |
50,92 |
28,38 |
11,32 |
0,48 |
299,79 |
226,36 |
26,13 |
48,17 |
967,97 |
|
||
1990 |
54,30 |
22,07 |
137,38 |
119,99 |
72,25 |
379,50 |
33,64 |
180,86 |
1.760,24 |
289,21 |
||
1991 |
21,17 |
3,53 |
2,10 |
35,73 |
27,33 |
302,05 |
69,40 |
146,53 |
1.832,52 |
189,03 |
||
1992 |
10,37 |
2,63 |
4,03 |
21,10 |
8,10 |
156,70 |
100,91 |
140,94 |
1.835,35 |
181,18 |
||
1993 |
6,55 |
2,28 |
34,76 |
44,41 |
12,90 |
115,28 |
135,69 |
135,43 |
1.859,66 |
145,13 |
||
1994 |
5,66 |
2,06 |
74,23 |
324,25 |
4,37 |
880,46 |
164,77 |
129,27 |
1.863,41 |
122,41 |
||
1995 |
5,54 |
1,86 |
370,37 |
129,69 |
0,38 |
117,93 |
182,39 |
122,82 |
1.775,95 |
64,53 |
||
TOTAL |
645,17 |
247,93 |
634,19 |
675,65 |
425,12 |
2.178,28 |
712,93 |
904,02 |
11.895,10 |
991,49 |
HISTORIQUE DES REMISES DE DETTES AUX PAYS ETRANGERS
Année de comptabil. |
Remises
de dettes -
|
|
Sommet de la Baule |
Conversion de dettes |
Sommet de Libreville |
|
|||||||
|
Prêt |
Trésor |
Chap 44-98 |
Chap 14-01 |
Chap 44-98 |
|
Prêts du Trésor |
|
TOTAL |
||||
|
Capital |
Intérêts |
Cap + Int |
Cap + Int |
|
|
C/903-07&17 |
Intérêts |
C/903-17 |
|
|
||
1980 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
124,34 |
||
1981 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
56,70 |
||
1982 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
54,87 |
||
1983 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
57,81 |
||
1984 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
162,13 |
||
1985 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
66,01 |
||
1986 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
57,69 |
||
1987 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
49,97 |
||
1988 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
46,26 |
||
1989 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1.659,52 |
||
1990 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
3.049,44 |
||
1991 |
|
|
|
|
242,90 |
|
|
|
|
|
2.872,29 |
||
1992 |
|
|
|
|
261,50 |
|
114,88 |
|
|
|
2.837,69 |
||
1993 |
|
|
|
|
244,60 |
|
0,00 |
|
479,00 |
|
3.215,69 |
||
1994 |
57,09 |
449,08 |
3.733,93 |
|
235,60 |
|
791,73 |
18,98 |
24,00 |
|
8.881,30 |
||
1995 |
289,19 |
75,96 |
1.405,95 |
283,96 |
171,98 |
|
|
13,00 |
157,97 |
|
5.169,47 |
||
TOTAL |
346,28 |
525,04 |
5.139,88 |
283,96 |
1.156,58 |
|
906,61 |
31,98 |
660,97 |
|
28.361,18 |
QUESTION N° 6
LES RESSOURCES NON FISCALES DE L'ETAT
La liste
des ressources non fiscales du budget de l'Etat est-elle exhaustive et
dressée de manière pertinente au regard de son
intitulé ?
En particulier, la ligne 0309 répond-elle à la définition
d'une recette non fiscale.
REPONSE
Les
ressources permanentes de l'Etat sont décrites à l'article 3
de l'ordonnance organique du 2 janvier 1959. Elles comprennent :
- les impôts ainsi que le produit des amendes ;
- les rémunérations de services rendus, redevances, fonds de
concours, dons et legs ;
- les revenus du domaine et des participations financières ainsi que la
part de l'Etat dans les bénéfices des entreprises
nationales ;
- les remboursements des prêts et avances ;
- les produits divers.
La rémunération des services rendus par l'Etat et les autres
ressources non fiscales de l'Etat peuvent être instituées par le
pouvoir réglementaire Cependant, ces recettes sont prévues et
évaluées par la loi de finances de l'année, selon
l'article 52
ème
alinéa de l'ordonnance.
L'état des recettes non fiscales de l'Etat, bien que
développé avec un degré de détail assez fin dans
l'état A - Tableau des voies et moyens annexé à la loi de
finances, comporte des lacunes : il ne retrace pas certaines recettes
extrabudgétaires inscrits ans les comptes de classe 4 des
trésoriers-payeurs-généraux, dont l'article 110 de la
loi de finances pour 1996 a prévu l'intégration dans le budget de
l'Etat.
D'autres recettes, résultant de prélèvements pour frais
d'assiette et de recouvrement des impôts et taxes établis ou
perçus au profit des collectivités locales et de divers
organismes, posent par ailleurs des problèmes de définition. Tel
est le cas de la recette inscrite à la ligne 0309.
I-
Le recensement des ressources non fiscales de l'Etat
1-
Classification
La classification des recettes non fiscales de l'Etat qui figure dans
l'évaluation des Voies et moyens annexée au projet de loi de
finances distingue 8 catégories de recettes :
- les exploitations industrielles et commerciales et établissements
publics à caractère financier,
- les produits et revenus du domaine de l'Etat
46(
*
)
,
- les taxes, redevances et recettes assimilées,
- les intérêts des avances, des prêts et dotations en
capital,
- les retenues et cotisations sociales au profit de l'Etat,
- le recettes provenant de l'extérieur,
- les opérations entre administrations et services publics,
- une rubrique divers.
Chaque catégorie comprend différentes recettes
individualisées à des lignes spécifiques.
2-
Exhaustivité
L'exhaustivité du recensement trouve de sérieuse limites dans
l'existence de recettes extrabudgétaires qui viennent alimenter
différents budgets (services financiers, agriculture, équipement)
et leur permettent de prendre en charge diverses dépenses de
rémunération et de fonctionnement.
L'article 110 de la loi de finances pour 1996 a prévu qu'
" à compter du projet de loi de finances pour 1997, les recettes et
dépenses extrabudgétaires de toutes les administrations d'Etat
sont réintégrées au sein du budget général.
Dans les budgets précédents, ces ressources transitaient par
divers comptes de classe 4 dans la comptabilité des
trésoriers-payeurs-généraux, sans être
retracées au budget général. Pour la plupart d'entre
elles, ces ressources s'assimilent à des redevances pour services rendus
et devraient être comptabilisées à ce titre dans la
catégorie correspondante des recettes non fiscales.
Ces recettes retracent les contributions des collectivités locales ou de
divers organismes tirs pour rémunérer les missions
d'ingénierie publique accomplis par les fonctionnaires des
ministères de l'agriculture et de l'équipement.
A la demande de la commission des finances de l'Assemblée nationale, la
Cour a entrepris une étude sur les dotations extrabudgétaires
dont bénéficient ces ministères, ainsi que le
ministère de l'économie et des finances.
Pour ce qui concerne le
ministère de l'économie et des
finances
, qui a déjà fait l'objet d'un premier examen par la
Cour, plusieurs types de recettes viennent alimenter différents comptes.
Les ressources brutes, y compris les mouvements entre comptes, ont
représenté, pour les derniers exercices, les montants
suivants :
En MF |
1992 |
1993 |
1994 |
Compte 466-17 |
1 401,20 |
1.652,10 |
1 735,7* |
Compte 466-21 |
24,22 |
24,36 |
38,49 |
Compte 466-223 et 224 |
48,29 |
61,40 |
65,38 |
Compte 466-226 |
130,10 |
134,56 |
148,54 |
Compte 466-24 |
116,25 |
118,54 |
120,96 |
Total |
1 720,06 |
1.990,96 |
2 109,07 |
*
dont 869,5 millions en provenance de crédits budgétaires.
1°- le compte 466-17 " Frais de service des comptables du
Trésor "
est alimenté par des recettes résultant
de services rendus, prévues par arrêtés ministériels
ou par conventions et provenant, notamment :
- de la gestion comptable de certains organismes, comme les contributions
versées par les OPHLM au titre de la tenue de leur comptabilité
par un comptable du Trésor et par diverses associations de remembrement
et autres associations syndicales relevant du secteur public local ;
- de la réalisation de la paye à façon, sur conventions
avec divers organismes, notamment des établissements publics
nationaux ;
- d'autres contributions pour services rendus prévues par
arrêtés ministériels (frais de recouvrement de produits
revenant à l'ONF, paiement de pensions pour le compte de la Caisse
autonome de la sécurité sociale dans les Mines, contributions
à titre de frais d'exécution du service prélevées
sur les taxations de la Caisse des dépôts et consignations, sur
les produits provenant des dépôts de fonds des particuliers et des
disponibilités courantes des notaires) ou par conventions (avec les
caisses de crédit municipal ou la Caisse nationale de prévoyance
par exemple).
Le montant de recettes non budgétaires brutes inscrit à ce compte
en 1994 a atteint 399,6 millions.
2°- Le compte 466-21 " Opérations d'encaissement et de
répartition de remises et commissions sur emprunts et émission de
correspondants nationaux "
enregistre en crédit les recettes
résultant des commissions versées aux trésoreries
générales lors de chaque émission ; son solde
correspond aux sommes reçues qui n'ont pas encore fait l'objet d'une
répartition entre les différents
bénéficiaires
47(
*
)
. Le montant des
commissions sur émissions obligatoires placées par le
réseau du Trésor public s'est élevé à
38,49 millions en 1994.
3°- Les comptes 466-223 et 466-224 " Rémunérations
accessoires de certains agents de l'Etat-Cadastre "
Dans chaque département, la délivrance des extraits et de
reproductions de documents cadastraux des communes à cadastre
rénové est réalisée par les agents gestionnaires
des bureaux du cadastre
48(
*
)
. Sur ces produits,
le Trésor effectue un prélèvement dont le taux et e
80 % ou de 50 % selon qu'il s'agit du produit de la vente de
reproductions de plans et images photographiques et de la fourniture du livret
cadastral, ou de documents à établir par les agents du service du
cadastre.
Une partie du produit des extraits cadastraux est versée au budget
général au moment de la perception des droits. Le surplus est
porté au crédit du compte de tiers : en 1994,
90 millions ont été versés au budget
général sur un produit total de 155 millions. En 1995,
88 millions ont été versés au budget
général sur une recette totale de 151 millions.
4°- Le compte 466-226 " Hypothèques "
Les recettes comptabilisées à ce compte proviennent d'une partie
des " salaires " perçus par les conservateurs des
hypothèques pour les formalités accomplies et les renseignements
délivrés en matière de publicité
foncière
49(
*
)
. Est également
portée en recette à ce compte la majoration de 50 % du
barème des salaires perçue pour la délivrance des
renseignements sommaires urgents
50(
*
)
.
Ces recettes servent à financer des dépenses de
rémunérations. Les sommes inemployées sont versées
au budget général. En 1994, la part reversée au budget
général a atteint 75,3 millions pour un total de ressources
de 148,5 millions.
5°- Le compte 466-24 " Masse des douanes "
L'origine de la " masse des douanes ",qui sert à financer des
logements pour les agents des douanes, remonte à la Révolution
française. Les ressources (120,96 millions en 1994) proviennent de
redevances d'occupation, de redevances diverses, de la première mise de
masse (droit d'entrée versé par les agents lors de l'attribution
d'un premier logement), d'une partie du fonds de concours alimenté par
le " revenu du Travail Supplémentaire ", du produit de la
vente de biens mobiliers et immobiliers apprenant à la Masse et du
revenu du boni général de la masse placé à la
Caisse des dépôts et consignations, selon une loi du
16 juillet 1908.
Le rapport sur l'exécution des lois de finances de 1995 a
évalué l'ensemble des dépenses extrabudgétaires
alimentées par les comptes ci-dessus à 460,75 millions. Les
recettes brutes ont atteint, en 1994, 2.109,07 millions.
Il faut cependant signaler que certaines catégories de dépenses
non budgétaires de nature indemnitaire qui ne transitent pas par les
comptes mentionnés ci-dessus et dont le montant n'est pas connu par la
Cour ne sont pas comprises dans les analyses précédente. Parmi
ces dépenses, on peut citer :
- la part des " salaires " encaissés par les conservateurs des
hypothèque qui est conservée par ceux-ci pour leur
rémunération avant affectation du fonds au compte 466-226 ;
- la part des rémunérations à caractère
indemnitaire versées aux comptables du Trésor à partir du
compte 451, qui ne transitent ni par le compte 466-17 " Frais de
service " ni pas le compte 466-21 " Remises et commissions sur
emprunts " ; ces rémunérations sont versées au
titre de l'ensemble des activités d'épargne des services
extérieurs du Trésor, aussi bien au titre de l'activité
de préposé de la Caisse des dépôts que dans le cadre
de la gestion des fonds particuliers ; ces dépenses
représentent une grande partie des rémunérations
indemnitaires des comptables du Trésor ;
- des rémunérations au titre de conseil aux collectivités
locales (environ 140 MF) ;
- les indemnités versées aux agents-huissiers du Trésor au
prorata des actes exécutés (environ 30 MF).
II-
Les frais d'assiette et de recouvrement des impôts et taxes
établis ou perçus au profit des collectivités locales et
de divers organismes (ligne 309)
Les modalités de rémunération de l'Etat, collecteur
d'impôts pour le compte de tiers, ont été décrits
à l'annexe I du rapport sur l'exécution des lois de finances
pour 1993.
1. Composition des recettes inscrites à la ligne 309
L'essentiel des recettes perçues à ce titre est portée
à la ligne 309. Cette recette est composée de plusieurs
éléments :
1) Les frais d'assiette et de recouvrement des quatre principaux impôts
locaux (taxe d'habitation, taxes foncières et taxe professionnelle).
L'Etat assure la collecte des impôts pour le compte des
collectivités locales ; en rémunération des frais
ainsi supportés, l'Etat, en vertu du code général des
impôts (article 1641-II), perçoit un forfait
représentatif des frais d'assiette et de recouvrement.
Ce forfait est égal à 4,4 %
51(
*
)
du montant des impôts dus, y compris la taxe
d'habitation, lorsqu'elle concerne l'habitation principale. Le
prélèvement est supporté par le redevable, en sus de
l'impôt ou de la taxe due ; il ne s'impute d'aucune façon sur
le produit revenant aux collectivités ou organismes
intéressés, qui perçoivent l'intégralité du
produit fiscal voté
52(
*
)
.
Dans le cas des impôts émis par voie de rôle, et revenant
aux collectivités locales, l'Etat assure de plus à celles-ci le
recouvrement de la totalité de l'impôt dû et prend donc
à sa charge la perte résultant soit des restes à
recouvrer, soit des exonérations consenties par le législateur. A
ce titre, l'Etat perçoit un forfait complémentaire,
représentatif des frais de dégrèvement et de non-valeur.
Ce forfait est porté en recettes au budget général sous
forme de recette fiscale.
2) Les frais d'assiette et de recouvrement de la taxe locale
d'équipement.
L'article 1647-I institue un forfait représentatif des frais d'assiette
et de recouvrement sur le montant de la taxe locale
d'équipement
53(
*
)
, fixé à
4 % du montant des recouvrements.
Ce prélèvement s'impute donc sur le produit revenant aux
collectivités , et peut s'assimiler à un
prélèvement sur recettes. Son produit est porté en recette
non fiscale à la ligne 309.
3) Le forfait portant sur la taxe différentielle sur les
véhicules à moteur
54(
*
)
.
L'article 1647-Vb du code général des impôts
crée un forfait représentatif des frais d'assiette, de
recouvrement, de dégrèvement et de non-valeur,
arrêté à 2,5 %. Ce taux a été
porté à 3 % à compter de la période
d'imposition s'ouvrant le 1
er
décembre 1993
(article 50 de la loi de finances initiale pour 1993).
Ce forfait s'ajoute au montant de la taxe
55(
*
)
et ne pèse donc pas sur le produit revenant aux collectivités
locales.
Le produit encaissé est porté en recette budgétaire
à la ligne 309 et vient d'autre part alimenter le fonds de
concours 07.2.2.515 des services financiers.
4) Le forfait représentatif des frais d'assiette et de recouvrement des
droits d'enregistrement et de la taxe foncière.
L'article 1647 Va du code général des impôts
crée un forfait représentatif des frais d'assiette, de
recouvrement, de dégrèvement et de non-valeur des impositions
transférées aux départements à compter du
1
er
janvier 1984 cotées à
l'article 1594 A du code général des
impôts
56(
*
)
.
Le forfait est égal à 2,50 % du montant des taxes et droits
départementaux ; il s'ajoute au produit de ces impositions et il
est recouvré en négligeant les centimes.
Le produit encaissé est porté à la ligne 309.
5) Les forfaits relatifs à la collecte de certaines ressources des
organismes sociaux.
L'article 1647 III du code général des impôts
institue un prélèvement sur les cotisations sociales
perçues au profit des organismes soumis au contrôle de la Cour des
comptes, dans les conditions déterminées par les
articles L. 154-1 et L. 154-2 du code de la
sécurité sociale. Le taux de ce prélèvement et les
modalités de remboursement sont fixés par arrêté du
ministre de l'économie et des finances
57(
*
)
.
Le produit de ce prélèvement est inclus dans les montants
inscrits à la ligne 309.
2. Qualification des recettes inscrites à la ligne 309
La réponse à la question de savoir si la ligne 309
répond bien à la définition d'une recette non fiscale
appelle plusieurs types d'observations.
1) La qualification de la recette comme taxe ou rémunération
pour service rendu
Selon une jurisprudence abondante du Conseil constitutionnel, la
rémunération de services rendus par l'Etat se distingue de
l'imposition, et notamment de la taxe, par plusieurs
caractéristiques :
- elles trouvent leur contrepartie directe dans les prestations fournies par le
service ;
- il existe une corrélation entre le montant de la
rémunération ou de la redevance et la valeur du service rendu. Ce
critère dit de l'équivalence a été consacré
par le Conseil d'Etat (Syndicat des transporteurs aériens,
21 novembre 1958) et par le Conseil constitutionnel (92 L :
droits de port et de navigation).
Le Conseil constitutionnel a ainsi qualifié de
rémunération pour services rendus :
- les droits et taxes perçus à l'occasion de la visite des
musées nationaux (décision n° 38 L du 10 mars
1966) ;
- les revenus tirés de la publicité par l'ORTF (décision
n° 68-50 L du 30 janvier 1968) ;
- le remboursement des frais de scolarité à l'Ecole
polytechnique (décision n° 69-57 L du 24 octobre
1969) : ce remboursement trouve sa contrepartie directe dans des
prestations fournies par le service ;
- le prélèvement pour frais d'administration, de vente et de
perception sur le montant des sommes et produits de toute nature
recouvrés par le service des domaines pour le compte
d'établissements ou de tiers (décision n° 80-118 L
du 2 décembre 1980) ; ce prélèvement a pour
objet de couvrir les dépenses afférentes aux prestations fournies
par le service des domaines et a ainsi le caractère d'une
rémunération pour services rendus ;
- la redevance d'assainissement de l'eau : son assiette est directement
liée au volume d'eau prélevé par l'usager du service
d'assainissement et son produit est exclusivement affecté aux charges de
fonctionnement et d'investissement du service ; ces particularités
confèrent à l'élément de la redevance
d'assainissement le caractère d'un prix versé en contrepartie
d'un service rendu (décision n° 83-166 DC du
29 décembre 1983).
En revanche, les redevances perçues par les agences financières
de bassin sont des impositions (décision n° 82-124 L du
23 juin 1982) de même que la redevance affectée aux
dépenses résultant du contrôle exercé par
l'administration sur les offices d'habitation à loyer
modéré (décision n° 77-100 du 16 novembre
1977).
Selon la jurisprudence du Conseil, les critères qui distinguent une taxe
sont les suivants :
- la taxe peut être perçue même sur celui qui s'abstient de
profiter du service ;
- son montant est sans rapport avec le coût du service (60 DC du
11 août 1960).
Par ailleurs, les procédures particulières prévues pour le
recouvrement et la répartition d'une redevance sont des
mécanismes financiers et comptables sans influence sur sa nature
juridique de taxe parafiscale (DC 80-126 du 30 décembre 1980).
En l'espèce, la question se pose de la nature exacte du service rendu
par l'Etat aux collectivités, qui dépasse la simple
opération technique de collecte pour s'étendre à des
opérations d'assiette et de contrôle qui mettent en jeu
l'égalité des citoyens devant l'impôt. Conformément
à la jurisprudence du Conseil constitutionnel (décision
n° 77-100 du 16 novembre 1977), qui a classé comme
imposition la redevance affectée aux dépenses résultant du
contrôle exercé par l'administration sur les offices d'habitation
à loyer modéré, considérant que le produit de cette
redevance n'est pas uniquement la contrepartie d'un service rendu, la
rémunération des opérations d'assiette et de recouvrement
peut être considérée comme une imposition et non comme une
redevance pour service rendu.
En cas d'assimilation à une redevance, le critère de la
corrélation entre le montant de la rémunération ou de la
redevance et la valeur du service rendu serait en revanche plus difficile
à établir, puisque cette rémunération est assise
sur la base d'un pourcentage du produit de l'impôt et non sur les
coûts de gestion supportés par l'Etat dans ses opérations
de collecte d'impôts pour le compte de tiers. Cette base est rendue
encore plus incertaine par le mode de répartition forfaitaire entre
impôts d'Etat et impôts locaux en vigueur jusqu'au budget de 1995.
Toutefois, le Conseil constitutionnel a bien reconnu comme
rémunération de services rendus le prélèvement pour
frais d'administration, de vente et de perception sur le montant des sommes et
produits de toute nature recouvrés par le service des domaines pour le
compte d'établissements ou de tiers (décision
n° 80-118 L du 2 décembre 1980). En l'absence de
données comptables sur les coûts de gestion des administrations
rapportés à leurs différents types d'action, une autre
base est difficilement envisageable.
2) L'incidence du mode d'imputation des frais sur la nature de la recette
La plupart des recettes qui alimentent la ligne 309 résultent de
forfaits qui s'imputent en plus du produit de la taxe, à l'exception du
forfait perçu sur le recouvrement de la taxe locale d'équipement,
issue d'un prélèvement sur le produit de la taxe. C'est donc le
contribuable qui en supporte la charge, les collectivités et organismes
percevant l'intégralité du produit fiscal voté. La notion
de redevance s'en trouve donc vidée de son sens, puisque le
bénéficiaire du service rendu n'en supporte pas la charge. On se
rapproche dès lors de la définition d'une taxe, perçue
selon le Conseil constitutionnel même sur celui qui s'abstient de
profiter du service, alors que les caractéristiques de la redevance, qui
doit trouver sa contrepartie directe dans les prestations et respecter une
corrélation entre son montant et la valeur du service rendu, sont
perdues de vue.
3) L'incidence du mode d'affectation des recettes
Une partie des sommes ainsi prélevées est affectée
à la prise en charge de frais de rémunérations et de
fonctionnement des services financiers, par la voie de l'assimilation de
certaines recettes de caractère non fiscal à des fonds de
concours pour dépenses d'intérêt public, sur le fondement
de l'article 19, 2
ème
alinéa, de
l'ordonnance du 2 janvier 1959. Cette assimilation résulte de la
loi n° 49-1034 du 31 juillet 1949, dont l'article 6
établit que " les sommes retenues aux collectivités locales
depuis le 1
er
janvier 1949 au titre des frais d'assiette et de
perception sont affectées, dans les conditions qui seront
déterminées par arrêté du ministre des finances et
des affaires économiques, au remboursement des dépenses de
matériel et à la rémunération des travaux
spéciaux accomplis par les agents chargés de l'assiette, du
contrôle et du recouvrement des taxes locales ".
Les sommes ainsi affectées trouvent donc la qualification de recettes de
caractère non fiscal par le dispositif législatif qui les
assimile à des fonds de concours. Cette affectation ne touche cependant
qu'une partie des recettes inscrites à la ligne 309. La part de la
recette liée aux frais d'assiette et de recouvrement des impôts
locaux fait en effet l'objet d'une réfaction, plafonnée à
40 % du montant de la recette, destinée à alimenter le fonds
de concours des services financiers.
Le tableau ci-après récapitule les montants totaux
encaissés et la part du prélèvement au profit du fonds de
concours des services financiers.
|
1994 |
1995 |
Frais liés aux quatre impôts locaux |
13.101,98 |
13.799,74 |
Prélèvement au bénéfice du fonds de concours |
50295,66 |
5.148,82 |
Autres frais |
1.101,64 |
1.015,68 |
Total (hors prélèvement) |
8.907,96 |
9.666,69 |
Ces observations mettent en évidence les incertitudes attachées à la nature exacte des recettes inscrites à la ligne 309, qui semblent relever plutôt d'impositions que de redevances pour services rendus.
1
Lettre de l'OFCE n° 142 -
17 juillet 1995.
2
Rapport entre la variation des recettes fiscales et la variation
du PIB
3
A ce titre, votre commission des finances a souhaité
obtenir de la Cour des comptes des " indicateurs statistiques
éprouvés " retraçant l'évolution des
dépenses budgétaires (voir réponse à la question
n° 3)
4
En loi de finances initiale pour 1995, 11 budgets connaissaient
une diminution de leurs crédits supérieure à 5 % par
rapport à la loi de finances initiale pour 1994, et 5 budgets une
réduction de 10 % et plus. Au total, les crédits ouverts
pour les budgets civils s'élevaient, en loi de finances initiale,
à 86,2 milliards de francs, soit une diminution de 3,3 %.
5
Sur l'ensemble de ces questions, se reporter au rapport de votre
rapporteur général (n° 391 - 1994-1995) et notamment
aux pages 162 à 166 du tome I.
6
Cette perte très significative dans son ampleur
résultait d'une part, à hauteur de 19 milliards de francs,
de la suppression du décalage d'un mois dans le remboursement de la TVA
et, d'autre part, pour 110 milliards de francs, de la prise en charge par
l'Etat de la dette de l'agence centrale des organismes de
sécurité sociale (ACOSS) auprès de la Caisse des
dépôts et consignations.
7
L'amende de M. Nucci est en cours de versement, par
mensualités, les demandes en décharge de responsabilité et
en remise gracieuse de l'intéressé ayant été
rejetées par décision ministérielle du 10 avril 1997.
S'agissant de M. Chalier, aucun recouvrement n'a pu être
opéré, en raison de sa totale insolvabilité. Quant
à l'ancien chef du bureau de l'ordonnancement, il a obtenu une remise
gracieuse par décision ministérielle du 10 avril 1997.
8
A ce titre, dans son
rapport sur l'exécution des
lois de finances en vue du règlement du budget de l'exercice 1995, la
Cour constate qu'en application du contrat de plan 1995-1997 entre l'Etat et La
Poste, la rémunération allouée à la Poste pour la
collecte des fonds des comptes chèques postaux est "diminuée de
0,4% en rémunération de la garantie de l'Etat aux
dépôts sur les comptes courants postaux". La Cour estime qu'il
s'agit d'une contraction irrégulière et qu'un texte
réglementaire permettrait de confirmer l'existence d'une garantie de
l'Etat sur la totalité des avoirs des déposants et la perception
d'une rémunération. La Cour ajoute que ceci permettrait de
trouver une solution d'ensemble à l'écart existant entre les
comptes de l'Etat et ceux de La Poste.
9
Voir com mentaire de l'article 15 du présent
projet de loi
10
Ce rapport, qui constitue une actualisation d'une étude
précédente de 1984, compare les pratiques des pays membres en
matière de définition et de chiffrage des dépenses
fiscales et examine la couverture, la présentation et l'utilisation des
comptes de dépenses fiscales dans 14 de ces pays : Allemagne,
Australie, Autriche, Belgique, Canada, Espagne, Etats-Unis, Finlande, France,
Irlande, Italie, Pays-Bas, Portugal et Royaume-Uni.
11
Etudes des prélèvements fiscaux et sociaux pesant
sur les ménages rapport au ministre du budget de B. Ducamin,
R. Braconnier et R. Briet ,la documentation française, Paris,
1996.
12
Ont été retenues pour l'évaluation, sur la
base des données fournies par le service de la législation
fiscale :
- 6 mesures de soutien au bâtiment, pour 12,5 milliards en 1994
(dont les réductions d'impôt au titre des intérêts
d'emprunt pour l'habitation principale, des grosses réparation et de
l'investissement locatif),
- 3 mesures liées aux dons aux oeuvres et à des activités
d'intérêt général (1,57 milliard),
- 5 mesures de soutien à la création d'entreprises ou à
l'emploi, soit 3,36 milliards (dont la souscription au capital de
sociétés nouvelles et l'emploi d'un salarié à
domicile),
- 5 mesures de soutien à une zone ou à une activité
spécifique (1,97 milliard) , concernant les DOM-TOM, les parts de
SOFICA et l'adhésion à un centre de gestion agréé,
- 5 mesures d'incitation à l'épargne financière
(5,8 milliards).
13
XIIème rapport relatif à la fiscalité de
l'immobilier urbain 1992.
14
IXème rapport du Conseil des impôts relatif à
la fiscalité des entreprises, 1987.
15
Les aides au logement dans le budget de l'Etat (1980-1993), 1994
Annexe II : Note sur la fiscalité du logement.
16
XIIème rapport relatif à la fiscalité de
l'immobilier urbain Chapitre IV : les dépenses fiscales
immobilières.
17
L'article 15 dispose que " les revenus des logements dont le
propriétaire se réserve la jouissance ne sont pas soumis à
l'impôt sur le revenu ".
18
Cette exonération a disparu de la liste des
dépenses fiscales à compter du projet de loi de finances pour
1996. Elle était évaluée ans le PLF 1995 à
13,7 milliards.
19
Le service de la législation fiscale considère au
contraire que ces dépenses, qui contribuent dans la
généralité des cas à revaloriser le patrimoine
immobilier, devraient dès lors être amorties par le biais de la
déduction forfaitaire sur les revenus fonciers Leur déduction
immédiate constitue donc une dérogation à la norme.
20
En 1983, 165 mesures sur un total de 342 étaient
évaluées, soit une proportion de 48 %.
21
Ces aides prennent dans le budget de 1996 4 formes :
- majoration du quotient familial pour enfants étudiants
rattachés au foyer fiscal de leurs parents : 6.400 millions,
- réduction d'impôt pour frais de scolarité des enfants
poursuivant des études supérieures : 850 millions,
- déduction d'une pension alimentaire versée à un enfant
majeur étudiant : 2.000 millions,
- avantage minimum en impôt (au titre de la réduction d'une
pension alimentaire) : 80 millions.
22
Cette mesure n'est pas chiffrée dans l'annexe au projet de
loi de finances.
23
Cette dé "pense, bien que non chiffrée dans le
projet de loi de finances, a été évaluée par le
Conseil à 19 millions en 1987 : sur la base du taux de
rémunération des livrets au 1
er
janvier 1987, le
montant des intérêts exonérés ne représente
que 3 % de celui de l'épargne moyenne annuelle, le manque à
gagner au titre de l'impôt sur le revenu étant encore bien
inférieur.
24
Cette estimation du coût est calculée
forfaitairement à partir d'hypothèses aléatoires du nombre
annuel d'entreprises bénéficieras et du coût moyen d'un
dossier. Le résultat n'est donc qu'indicatif.
25
En 1995, les traitements et salaires de 1994, qui constituent
l'essentiel de l'assiette de l'impôt, augmentent de 1,7 %, tandis
que l'ensemble des abattements spéciaux et charges déductibles
progresse de 5,2 % et les réductions d'impôts de 5,4 %
(Rapport sur l'exécution des lois de finances pour 1995).
26
Le mécanisme le plus coûteux (31,2 milliards)
est celui du dégrèvement lié au plafonnement en fonction
de la valeur ajoutée qui conduit l'Etat à devoir prendre en
charge 50 % de tout augmentation d`un point de taxe professionnelle.
27
L'Etat assume le coût des compensations dues aux
diminutions de bases (18 milliards) dans le cadre de la dotation de
compensation de la taxe professionnelle (les principales mesures
concernées sont l'abattement général des base de 16 %
et la réduction pour embauche et investissement).
28
Par exemple l'engagement de louer un logement nu à usage
de résidence principale pendant 9 ans.
29
Y compris la loi de règlement.
30
Le Conseil constitutionnel censure les " cavaliers "
législatifs autant que les " cavaliers " budgétaires.
C'est ainsi qu'il juge (CC. Décision du 26 janvier 1995) que le
législateur ordinaire a empiété sur le domaine du
législateur financier lorsque le premier a introduit dans la loi
d'orientation pour l'aménagement et le développement du
territoire un article prévoyant qu'il serait transmis au Parlement
à l'occasion du débat budgétaire " un état
récapitulatif des dépenses de l'Etat consacrées à
la mise en oeuvre de sa politique d'aménagement ".
31
L'actuel " jaune " " Action extérieure de
la France " se substitue aux quatre " jaune " :
" Action extérieure ", " Action culturelle ",
" Action européenne ", " Francophonie ".
32
Dans le même temps, les tâches d'élaboration
et de vérification des documents " blancs " dits
" présentation du budget sous forme de budgets de programme "
ministériels paraissent avoir été dans beaucoup de cas
allégées ou abandonnées.
33
En vertu des textes actuellement en vigueur, " l'effort
social de la Nation " est aujourd'hui d'abord une annexe du projet de loi
de financement de la sécurité sociale ; mais le budget de
l'Etat continue à y contribuer.
Existent par ailleurs un " jaune " concernant le " Produit des
impositions affectées à des organismes de sécurité
sociale " et un rapport " blanc " dit " Contribution de
l'Etat au financement de la sécurité sociale " établi
en application de l'article 33 de la loi de finances rectificative pour
1995 (n° 95-885 du 4 août 1995) modifié notamment
par l'article 3-V de la loi organique relative aux lois de financement de
la sécurité sociale.
Les problèmes soulevés par la coordination des documents seront
évoqués dans le rapport présenté en 1997 par la
Cour des comptes sur la sécurité sociale.
34
Cf. Rapport n°2786 du 11 juin 192 de la commission des
finances de l'Assemblée nationale portant règlement
définitif du budget de 1990. Réponse à la Cour à la
question n° 11, page 247.
35
Cf. Rapport de la Cour sur l'exécution des lois de
finances pour 1995, page 571.
36
Cf. Projet de loi portant règlement définitif du
budget de 1995 : articles9.III et 15 ; Annexe VII à
l'exposé des motifs.
37
Le fonctionnement des comptes 903-07 et 903-17 est décrit
dans la réponse n° 12 à l'Assemblée nationale
sur le budget 1990 et dans la réponse n° 9 au Sénat sur
le budget 1992.
38
Cf. Article 30 de la loi de finances rectificative n° 81-784
du 3 août 1981 qui a autorisé le Trésor à
garantir les prêts accordés par la BFCE aux Etats étrangers
ans le cadre d'accords de consolidation signés avec les Etats.
39
Décret n° 92-1176 du 30 octobre 1992
portant création de la CFD.
40
L'article 29 alinéa 2 de la loi organique du
2 janvier 1959 relative aux lois de finances précise :
" Le montant de l'amortissement en capital des prêts de l'Etat est
pris recettes au compte de prêts intéressé ".
41
Cf. dernier alinéa de l'article 35 de la loi organique
précitée.
42
Cf. Rapport de la Cour des comptes sur l'exécution du
budget de 1990, pages 217 & 218.
43
Cf. article 80 III de la loi de finances initiale pour 1993.
44
Conformément aux dispositions préconisées
par le fonds monétaire international (4
ème
manuel).
45
Cf. Rapport sur les comptes de la Nation 1994. Tome II du
PLF pour 1996, page 10.
46
Le titre II a été profondément
modifié à partir du budget de 195 avec l'intégration des
produits de la privatisation auparavant affectés au budget
général.
47
Les mécanismes d'allocation des remises et commissions sur
emprunts du Trésor résultent d'un arrêté du ministre
des finances du 10 novembre 1960 et d'une instruction de la comptabilité
publique du 5 janvier 1961.
48
Cette activité donne lieu, en application du décret
n° 46-1949 du 5 septembre 1946 à un paiement par l'usager
dont les tarifs sont fixés par décision ministérielle.
49
Ce régime a une origine ancienne, remontant à la
loi du 21 ventôse an VII et plus récemment à une loi du
30 avril 1921.
50
Décrets n° 66-357 du 8 juin 1966 et 92-155 du 20
février 1992.
51
La majoration de 0,4 ù instituée par
l'article 59 de la loi du 30 juillet 1990 au titre de la révision
des évaluations cadastrales s'est appliquée aux impositions
établies au titre des années 19991 à 1995. Cette
disposition a été pérennisée par l'article 19
de la loi de finances initiale pour 1996.
52
Article 1644 du code général des impôts. Les
sommes à percevoir par l'Etat en vertu de l'article 1641 sont
ajoutées au produit des impositions directes devant revenir aux
collectivités locales et organismes divers.
53
La taxe locale d'équipement est établie sur la
construction, la reconstruction et l'agrandissement des bâtiments de
toute nature. Elle est instituée de plein droit dans les communes de
plus de 10.000 habitants et les communes de la région parisienne
précisée par décret ; elle est instituée par
délibération du conseil municipal dans les autres communes. Elle
a le caractère d'une recette extraordinaire.
54
Taxe perçue au profit des départements autres que
la Corse (article 1599 C) et au profit de la collectivité
territoriale de Corse (article 1599 nonies).
55
Sous réserve des corrections résultant de
l'arrondissement au franc pair le plus proche (véhicules de plus de cinq
ans et de moins de vingt ans) et en négligeant les centimes
(véhicules entre vingt et vingt-cinq ans). Les différences
résultant de l'arrondissement des tarifs viennent en augmentation ou en
diminution du produit des sommes revenant à l'Etat pour frais d'assiette
et de recouvrement (article 1599 I du code général des
impôts).
56
- Les droits d'enregistrement ou la taxe de publicité
foncière exigibles sur les mutations à titre onéreux
d'immeubles ou de droits immobiliers situés sur leur territoire ;
- La taxe de publicité foncière perçue en application de
l'article 663 lorsque les inscriptions, décisions, actes,
attestations ou documents mentionnés à cet article concernent des
immeubles ou des droits immobiliers situés sur leur territoire.
57
Par arrêté du 9 avril 1991, le taux de
prélèvement pour frais d'assiette et de perception
opéré sur le produit de la contribution sociale sur les revenus
du patrimoine affectée à la Caisse nationale d'allocations
familiales a été fixé à 0,5 %.