B. LA LOI SUR L'ARABISATION
Le 5 juillet 1998 est entrée en vigueur la loi généralisant l'usage de la langue arabe. Il s'agit du dernier épisode d'une politique engagée dès 1962, marquée en 1990 par le vote, par un Parlement contrôlé alors par le FLN, d'une première loi de généralisation de la langue arabe 1 ( * ) . De même, la nouvelle constitution algérienne de 1994 a-t-elle confirmé l'arabe comme seule langue nationale et officielle, tout en reconnaissant l'identité berbère (l'amazighité) comme l'une des trois composantes fondamentales de l'identité nationale, à côté de l'arabité et de l'islamité.
Désormais les administrations -où de nombreux textes sont rédigés en français-, les entreprises, les associations devront, sous peine d'amendes, rédiger uniquement en arabe. Par ailleurs, obligation est faite de doubler ou de traduire en arabe les films et émissions télévisées en langue étrangère. De même est décidée l'arabisation complète des panneaux publicitaires, enseignes et slogans.
La loi ne remet cependant pas en cause l'usage courant des deux langues qui, aux côtés de l'arabe littéraire et dialectal, sont parlées par des millions de personnes : le français et le berbère.
Cela étant, les implications profondes de cette loi ne sont pas seulement linguistiques, elles correspondent également à des clivages politiques. Le principe de l'arabisation réunit les partis au pouvoir RND, FLN et les deux partis islamiques légaux -Ennahda et MSP-, contre les partis "démocrates" de l'opposition que sont le FFS et le RCD, très implantés en Kabylie et dont les cadres sont la plupart francophones.
Cette loi a été perçue, en Algérie même, comme un élément de division supplémentaire au sein d'une société que préoccupent prioritairement la sécurité et la lutte contre la pauvreté.
C. L'ALGÉRIE CONFRONTÉE A DE NOUVELLES ÉCHÉANCES POLITIQUES
La démission du président Zéroual, annoncée par ce dernier le 11 septembre, ouvre à nouveau, dans un contexte institutionnel remanié, une période de grande incertitude. Votre rapporteur ne tentera pas ici de présenter une analyse explicative des motifs qui ont conduit le président élu il y a trois ans à prendre cette décision. Le voudrait-il qu'il se heurterait rapidement à la difficulté de présenter une grille de lecture où l'on ferait la part des raisons personnelles, celle des rivalités de "clans", celle des divergences de stratégies au sein du pouvoir militaire dans les rapports avec les islamistes ou sur les méthodes de lutte contre les terroristes, celle liée aux réformes économiques, etc... La transition qui s'ouvre et les élections présidentielles annoncées placent à nouveau le peuple algérien en situation de choisir son avenir. Il reste à espérer que son évident désir de paix civile et d'amélioration de sa situation sociale et économique soit entendu, par delà les inquiétudes qui persistent, en particulier du fait d'un terrorisme persistant.
* 1 L'application de cette loi avait été suspendue par le Président Boudiaf en 1992, considérant que les conditions d'une généralisation de l'arabe n'étaient pas réunies.