B. UN BILAN FINANCIER TRÈS POSITIF, OBTENU SANS RATIONNEMENT DES SOINS ET SANS DEREMBOURSEMENT

1. Les effets du plan Juppé : de substantielles économies pour l'assurance maladie

Un des axes majeurs du plan annoncé par le Premier ministre, Alain Juppé, le 15 novembre 1995, était de mettre en oeuvre une réforme structurelle du système de soins et de l'assurance maladie qui ne pénalise pas l'accès aux soins.

Les ordonnances du 24 avril 1996 n'ont ainsi comporté aucune mesure de déremboursement. Elles ont mis en place, dans un contexte de ressources limitées mais sans rationnement des soins, les instruments juridiques indispensables pour qu'une offre de soins réformée réponde mieux aux besoins de la population.

Une étude de l'impact financier du plan Juppé doit inclure à la fois les mesures immédiates de sauvegarde décidées au mois de janvier 1996 et celles qui sont comprises dans les ordonnances d'avril.

Les mesures de sauvegarde concernaient les quatre branches de la sécurité sociale. Pour la branche maladie, ont été décidés :

- un taux d'évolution des dépenses pour 1996 identique à celui de l'indice des prix, à la fois pour la médecine de ville et l'hospitalisation ;

- pour les médecins du secteur 1, la suspension partielle de la prise en charge des cotisations famille par les caisses;

- une affiliation fictive et temporaire des médecins du secteur 2 au régime général (qui exige des cotisations supérieures à celles demandées par la CANAM, à laquelle sont le plus souvent affiliés les médecins du secteur 2) ;

- une contribution exceptionnelle de l'industrie pharmaceutique ;

- une hausse des cotisations sociales versées par les bénéficiaires de revenus de remplacement, pour rapprocher leur taux de celui qui est exigé sur les salaires ;

- des économies de gestion demandées aux caisses d'assurance maladie.

Dans son rapport, la Commission des comptes de la sécurité sociale ne détaille pas la répartition par branche des économies réalisées grâce au plan Juppé. Elle évalue les économies réalisées dans l'ensemble des branches à 26,7 milliards de francs en 1996 et à 38,1 milliards de francs en 1997, soit un total de 64,8 milliards de francs en deux ans.

Certes, les économies attendues étaient supérieures, à savoir 34,2 milliards de francs en 1996 et 56,5 milliards de francs en 1997, soit un total de 90,7 milliards de francs.

Pour 1996 et la seule branche maladie, la Commission des comptes de la sécurité sociale explique ce décalage par les rendements plus faibles qu'attendus de la hausse du taux des cotisations maladie sur les revenus de remplacement et de la refacturation des frais de recours contre tiers.

En outre, les cotisations supplémentaires perçues par la CANAM au titre de l'affiliation des médecins du secteur 2 n'ont été versées à la CNAM qu'en 1997.

Pour 1997 et toujours pour la branche maladie, la Commission des comptes de la sécurité sociale explique l'essentiel de l'écart entre prévisions et résultats par un simple effet d'affichage, les importantes économies réalisées en 1997, à la fois pour les dépenses de ville et d'hospitalisation, ayant été intégrées dans l'objectif national d'évolution des dépenses d'assurance maladie voté par le Parlement dans le cadre de la loi de financement de la société sociale.

En ce qui concerne les frais de gestion des caisses, qui ne sont pas comptabilisées dans les bilans ci-dessus, il apparaît que les économies demandées dans le cadre du plan Juppé se sont traduites par une décélération de leur évolution, mais pas par leur diminution.

Pour expliquer cet écart, il faut tenir compte des dépenses nouvelles qui ont été demandées à la CNAM, au premier rang desquelles figurent celles occasionnées par la diffusion du carnet de santé.

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