b) Un risque de plus en plus aigu et mal vécu par la population
La
perception du risque s'est trouvée naturellement amplifiée par
les incidents d'Auboué et de Moutiers.
Le 15 octobre 1996, à Auboué, une petite commune
située à une dizaine de kilomètres au Nord-Est de Metz,
les murs de plusieurs maisons se lézardent, des chaussées se
déforment, s'affaissent par endroits sur une hauteur d'un à deux
mètres, des canalisations d'eau et de gaz se rompent. Le
18 novembre, des dégâts similaires ont lieu. Six mois plus
tard, le 15 mai 1997, c'est au tour des habitants de Moutiers, une
commune voisine, de voir les fissures apparaître sur les murs de leurs
maisons. 190 logements ont ainsi été touchés.
Voilà vingt ans que de tels incidents ne s'étaient pas produits
dans la région.
Tant que les mines étaient exploitées, les habitants avaient
conscience d'un risque qui s'inscrivait parmi les aléas
inéluctables résultant d'une activité à laquelle
ils avaient bien souvent participé. Présents, les exploitants
assuraient et prenaient en charge plus facilement le risque lié au
comportement du sol.
Avec la disparition des sociétés minières du paysage
économique de la région et l'évolution de la population,
la mémoire du risque s'est progressivement estompée
.
Et ces événements, dramatiques pour ces communes, suscitent
l'inquiétude de toutes les régions concernées :
s'agit-il d'incidents isolés ou d'un signe précurseur d'une
série d'événements encore plus graves ?
Cette
inquiétude
s'est trouvée
amplifiée par le
fait que l'indemnisation des populations touchées s'est heurtée
à des problèmes juridiques
, nécessitant un effort de
solidarité nationale.
En outre, ces incidents ont accru la prise de conscience que
la gestion des
risques de l'après-mines avait sans doute été quelque peu
négligée
au moment où l'activité minière
battait son plein.
Ce n'est qu'après ces événements que des structures ad hoc
ont été mises en place dans le Nord-Pas-de-Calais et en Lorraine
(conférence permanente et conseil scientifique).
Enfin, ces phénomènes ont contribué à mettre en
lumière
l'insuffisance des moyens de prévention des risques
miniers
à la fin de l'exploitation.