3. La question de la concurrence des bateliers étrangers
L'ouverture des voies fluviales allemandes au cabotage des
navires
étrangers a eu pour conséquence de diminuer la part de
marché de la batellerie locale.
Entre 1990 et 1996, le pavillon
allemand est passé de 44 à 41 % du total transporté
en Allemagne
, tandis que la batellerie néerlandaise a accru sa part
de marché de 42 % à 47 %. La batellerie belge a
conservé 5 % de part de marché, tandis que les navires
battant un autre pavillon ont également perdu du terrain, passant de
9 % à 7 %.
Cette évolution s'explique par la compétitivité des
bateliers néerlandais qui supportent des charges fiscales et sociales
beaucoup moins élevées que les bateliers allemands. Les
contributions acquittées pour un bateau de 1.500 tonnes battant pavillon
de la république fédérale sont d'environ 30.000
Deutschemark plus élevées que celles d'un bateau navigant sous
pavillon néerlandais. La situation est d'autant plus préoccupante
que le régime de protection sociale (notamment en matière de
compensation des accidents du travail) des bateliers allemands subit un
déséquilibre tendanciel à cause de l'accroissement du
nombre des personnes éligibles par rapport aux cotisants. La charge
pesant sur ceux-ci est donc de plus en plus lourde. Les bateliers allemands
redoutent d'ailleurs que l'entrée dans l'Union européenne de pays
tels que la Pologne ne renforce cette concurrence qui procède d'une
forme de dumping social.
Sur le canal Main-Danube, les bateliers allemands conservent, en 1997, la
première place avec 46,9 %
, suivi des Néerlandais
(30,4 % en diminution par rapport à 1996), des Belges (8,1 %)
et des Autrichiens (9 %). Les navires hongrois, slovaques, luxembourgeois,
suisses et français représentent respectivement 3,2 % ;
1,2 % ; 0,3 % ; 0,4 % et 0,4 %.
Il convient donc de souligner que, contrairement à ce qu'affirment
certains opposants, le canal n'a pas profité aux seuls bateaux
néerlandais, et que tout au contraire, le pavillon allemand y conserve
une part de marché supérieure à celle dont il dispose
encore dans le reste du pays.
On constate, en outre, que les bateliers ne considèrent pas que
l'existence d'écluses soit un obstacle au développement du trafic
sur le canal.