2. Le point de vue des opposants : un échec patent
Pour les
opposants, le seul trafic significatif est celui relatif aux marchandises qui
circulent entre le Danube et le Main, à l'exclusion des flux qui
transitent sur la partie ouest du canal, en aval du bief de partage. Selon eux,
afin de mesurer ces flux, il convient d'observer le trafic au passage de
l'écluse de Kelheim, située sur le versant est de l'ouvrage. Or
ce trafic ne s'élevait qu'à 3,468 mt en 1997.
Ils soulignent, en outre, que le gel ne peut être considéré
comme un simple " accident " climatique et que, tout au contraire, il
est appelé à bloquer régulièrement la circulation
sur le canal.
L'observateur constate que les statistiques de trafic méritent
d'être affinées. En effet afin de mesurer les flux de marchandises
qui transitent par des infrastructures terrestres, il est d'usage d'utiliser
une unité qui prend en compte, outre le poids des marchandises
transportées, la distance qu'elles parcourent. Cette unité est le
million de tonnes-kilomètre (mtk).
Les statistiques qui ne prennent en considération que le volume des
marchandises aux écluses ne permettent pas de mesurer la distance
parcourue par les convois. Or celle-ci peut varier de quelques dizaines
à plusieurs centaines de kilomètres.
Selon le Statistisches Bundesamt, le trafic a évolué comme
suit :
STATISTIQUES DU TRAFIC SUR LE CANAL MAIN DANUBE
EN
TONNES-KILOMÈTRES
Année |
Tonnage en mtk |
Distance moyenne
|
1993 |
521,6 |
103,8 |
1994 |
685,7 |
111,8 |
1995 |
810,8 |
118,1 |
1996 |
772,3 |
119,4 |
1997 |
708 |
122,6 |
Source : Statistisches Bundesamt
En 1997,
l'ensemble des voies d'eau allemandes
ont acheminé
62,6 milliards de tonnes-kilomètres
. Comme on le constate par
comparaison, le
trafic sur le canal Main-Danube
qui s'établit
à
708 millions de tonnes-kilomètres
(1,13 % du total)
est relativement modeste.
En outre, la distance moyenne de transport (rapport entre le nombre de
tonnes-kilomètres et le tonnage transporté) ne dépasse pas
122 kilomètres en 1997, bien qu'elle enregistre une augmentation
progressive. Or, la longueur totale de la liaison étant d'environ 171
kilomètres, il est loisible de penser que, comme le soutiennent les
opposants, une large partie du trafic a pour origine et pour destination un
port situé sur le canal qui ne répond pas encore parfaitement
à sa fonction d'artère européenne.
Pour les opposants au canal, il n'existe donc pas de justification
économique à la construction du canal qui a entraîné
de graves dommages pour l'environnement et spécialement une disparition
définitive de certaines espèces animales et
végétales liée à la destruction de zones humides.