B. DE LA DÉFENSE TERRITORIALE A LA SÉCURITÉ COLLECTIVE, QUELLE OFFRE DE SECURITE PAR L'OTAN ?
1. Les nouvelles missions de l'Alliance
Comme
nous l'avons déjà indiqué, l'OTAN a été
conçue pour assister militairement tout pays membre qui serait victime
d'une agression ; c'est, au demeurant, le principe même de toute instance
de défense collective, fondé en l'occurrence sur la notion
d'indivisibilité de la sécurité du continent ouest
européen. Ce principe, que formalise l'article 5 du traité de
Washington, tout en restant au coeur du dispositif et du nouveau concept
stratégique élaboré en 1991, devrait, de fait, se trouver
complété par les "nouvelles missions" dites de "non article 5" de
l'Alliance, adaptées aux "nouveaux risques", pesant non seulement sur la
sécurité euro-atlantique -critère géographique de
la "zone OTAN", mais sur les intérêts des membres, entendus
largement.
Concrètement, c'est vers l'exécution de ses
"nouvelles
missions" de gestion des crises et de maintien et rétablissement de la
paix
que s'oriente l'OTAN. La création d'unités
multinationales, l'accent mis sur la mobilité des forces, en
témoignent. C'est d'ailleurs dans ce cadre que l'OTAN a
réalisé en Europe sa première opération militaire,
sur le théâtre de l'ex-Yougoslavie, par des frappes
aériennes tout d'abord, puis par le déploiement de l'IFOR-SFOR
après la conclusion, en décembre 1995, des accords de
Dayton-Paris. Cette opération à elle seule incarne le type de
missions que l'Alliance s'assigne pour l'avenir, d'autant qu'elle est
également l'occasion d'y associer des forces des pays du partenariat
pour la paix, voire d'utiliser, comme base, certaines de leurs infrastructures
sur leur territoire même (comme en Hongrie).
L'un des risques de l'élargissement eût été, en
accueillant les nouveaux membres d'Europe centrale et orientale, "d'importer"
leurs litiges territoriaux ou leurs conflits de voisinage. C'est pourquoi l'une
des conditions essentielle à l'adhésion des pays candidats a
été le
règlement préalable des différends
qui pouvaient les opposer à leurs voisins
. Ainsi la Hongrie est-elle
parvenue à régler ses litiges de frontières et de
minorités avec la Slovaquie et la Roumanie. La Pologne est parvenue
également à régler des différends anciens avec
l'Ukraine et la Lituanie, étant d'ailleurs allée jusqu'à
créer, avec ces deux pays, des unités communes de maintien de la
paix. De même en est-il de la Roumanie avec l'Ukraine.
C'est donc avec précaution que, par ce premier élargissement
à trois Etats considérés comme durablement
stabilisés, l'Alliance se propose d'apporter la garantie du
traité de Washington où
l'article 5
demeure
formellement inchangé
et continue d'être la base
essentielle de la solidarité alliée. L'OTAN entend cependant
dépasser cette seule hypothèse puisqu'au demeurant, la
réunion des conditions d'une agression territoriale
caractérisée s'avère heureusement plus improbable.