II. LE TRAITÉ D'AMITIÉ, D'ENTENTE ET DE COOPÉRATION DU 20 DÉCEMBRE 1993 : UN CADRE JURIDIQUE ADAPTÉ AU DÉVELOPPEMENT À VENIR DES RELATIONS BILATÉRALES
Le présent traité tend à inscrire les
relations entre la France et l'Azerbaïdjan dans un cadre juridique
adapté au contexte international issu de l'effondrement du communisme.
La situation stratégique de l'Azerbaïdjan, et l'enjeu que constitue
l'exploitation de ses ressources pétrolières, confèrent au
développement de nos relations bilatérales un
intérêt évident. De son côté,
l'Azerbaïdjan souhaite diversifier ses relations étrangères,
et confirmer, par l'instauration de relations étroites avec la France,
ses bonnes relations avec l'Europe occidentale.
De manière très classique, le traité du 20 décembre
1993, comparable aux autres traités d'amitié qui lient la France
aux pays de l'espace ex-soviétique
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, se caractérise par la
volonté d'asseoir les relations entre la France et l'Azerbaïdjan
sur des bases régulières, par la fréquence des
références à l'Europe, et par le souci d'encourager les
différents domaines envisageables de la coopération
bilatérale.
A. DES RELATIONS BILATÉRALES FONDÉES SUR DES RENCONTRES RÉGULIÈRES
. Le rapprochement entre la France et l'Azerbaïdjan se
fonde sur la
reconnaissance des mêmes valeurs universelles de
liberté, de démocratie, de droits de l'homme et de
libertés fondamentales.
Le préambule du traité se
réfère, à cet égard, à la charte des Nations
unies, et à la nécessité, pour la France et
l'Azerbaïdjan, de "fonder leurs relations sur la confiance et sur le
respect des valeurs universelles de liberté, de démocratie et de
justice".
. L'article 3 du présent traité renvoie à l'organisation
de "consultations régulières, aux niveaux appropriés",
entre la France et l'Azerbaïdjan, en vue d'harmoniser dans la mesure du
possible leurs positions et, le cas échéant, de mener des
"actions conjointes ou concertées". Ces consultations concernent, non
seulement les relations entre les deux pays, mais aussi "les questions
fondamentales concernant la sécurité et la coopération en
Europe".
A cet effet, l'article 3 prévoit une
réunion annuelle entre
ministres des Affaires étrangères des deux parties
(de telles
rencontres ont généralement lieu en marge de rencontres
internationales), ainsi que des rencontres, "en tant que de besoin", entre
représentants des ministères des Affaires
étrangères français et azerbaïdjanais. De telles
rencontres informelles ont lieu, dans la mesure du possible, une fois par an.
Par ailleurs,
un courant de visites au niveau ministériel se met en
place progressivement
(dont témoignent les séjours en France
des ministres azerbaïdjanais de la Justice et de la Culture, en avril
1996, puis du Directeur général de l'Aviation civile
azerbaïdjanaise, qui fait office de ministre des Transports, en juin
1997). Ces échanges seront en quelque sorte institutionnalisés
par la mise en place de la Commission économique bilatérale, en
juin 1998, qui réunira à échéances
régulières, à partir de cette date, les ministres
chargés des secteurs économiques et des Affaires
étrangères des deux Parties.
Notons que les visites, à Bakou, du ministre français des
affaires étrangères, en octobre 1996 et avril 1997, puis le
séjour en France, en janvier 1997, du président Aliev, auront
permis, dès avant l'entrée en vigueur du présent
traité, une certaine
intensification du dialogue politique entre la
France et l'Azerbaïdjan
. La visite du Président de la
République à Bakou, en septembre 1998, contribuera ainsi
très certainement à conforter ce dialogue.
. L'article 4 pose le principe de
consultations bilatérales
en
cas de situation constituant une "menace contre la paix", ou mettant en cause
les intérêts majeurs de sécurité de l'une des
parties. Ces stipulations renvoient aux responsabilités incombant
à la France en tant que coprésident du groupe de Minsk, dans le
cadre des négociations relatives au conflit du Karabakh. Il convient,
à cet égard, de souligner que l'article 2 du présent
traité pose le principe de l'
inviolabilité des
frontières
. Dans le même esprit, l'article 5 invite la France
et l'Azerbaïdjan à se concerter au sein des
organisations
internationales
dont elles sont membres. Relevons, sur ce point, que
l'Azerbaïdjan est membre de l'OSCE (Organisation pour la
sécurité et la coopération en Europe) et de l'ONU,
signataire du Partenariat pour la paix de l'OTAN (ce pays participe donc aux
sessions du CCNA), et dispose du statut d'invité spécial du
Conseil de l'Europe depuis juin 1996. Ce pays appartient en outre à la
CEI (Communauté des Etats indépendants) et à certaines
organisations régionales : zone de coopération économique
de la mer Noire, Organisation de coopération économique, qui
regroupe, autour de la Turquie, de l'Iran et du Pakistan, l'ensemble de l'Asie
centrale, et Organisation de la Conférence islamique.