AVANT-PROPOS
Mesdames, Messieurs,
Le présent projet de loi tend à autoriser la ratification du
traité d'amitié, d'entente et de coopération conclu le 20
décembre 1993 entre la France et l'Azerbaïdjan. Ce traité
complète l'ensemble des traités d'amitié qui lient
aujourd'hui notre pays à ses nouveaux partenaires issus de la
disparition de l'URSS.
Il s'appuie sur des clauses désormais bien connues de notre commission
des affaires étrangères, de la défense et des forces
armées, et destinées à asseoir la coopération entre
la France et l'Azerbaïdjan sur des bases adaptées à la donne
postsoviétique et aux besoins nouveaux liés à
l'indépendance.
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Situé à l'extrémité orientale du
Caucase, l'Azerbaïdjan dispose d'une large façade sur la mer
Caspienne. Etat le plus peuplé (7,5 millions d'habitants) et le plus
étendu (86 600 km²) de Transcaucasie, il dispose de
frontières communes avec l'Arménie, la Géorgie et
l'Arménie. La république autonome du Nakhitchevan,
intégrée à l'Azerbaïdjan en 1921, est
séparée du territoire principal par un couloir de plusieurs
dizaines de kilomètres.
Avant d'aborder l'évolution récente de l'Azerbaïdjan et des
relations qu'entretient la France avec ce nouveau partenaire, votre rapporteur
a souhaité effectuer un rappel des repères historiques
susceptibles d'aider à la compréhension d'une région du
monde dont l'importance revêt aujourd'hui, essentiellement du fait d'un
potentiel pétrolier déterminant, une dimension stratégique.
"Pays du feu", où le pétrole affleurait aux abords de la mer
Caspienne, l'Azerbaïdjan a été conquis par les Perses au VIe
siècle, converti à l'Islam chiite au VIIe siècle, avant de
passer sous influence turque au XIe siècle. La conquête
mongole, au XIIIe siècle, inaugura une longue période
d'instabilité. Le pays se divisa en principautés, khanats et
sultanats. La conquête russe, au début du XIXe siècle (les
troupes du tsar pénétrèrent à Bakou en 1806) divisa
l'Azerbaïdjan. Certaines principautés s'accommodèrent, en
effet, de la tutelle russe, d'autres résistèrent à
l'"infidèle". En 1828, après la défaite perse de Gandja,
la partie occidentale de l'Azerbaïdjan passa sous domination russe.
A la fin du XIXe siècle, l'Azerbaïdjan fut saisi par la
fièvre de l' "or noir" : Bakou devint premier producteur mondial de
naphte. Il est possible que la révolution industrielle ait
perturbé l'émergence d'un mouvement national azéri
structuré. Ainsi pourrait s'expliquer le fait que Bakou se soit rendu
à l'Armée rouge, en 1920, après une brève
résistance : l'éphémère république
d'Azerbaïdjan avait donc duré deux ans.
En septembre 1920, l'Internationale communiste organisa dans la capitale
azerbaïdjanaise le Congrès des peuples de l'Orient, afin de
mobiliser les "masses de l'Orient" contre l'impérialisme. Laboratoire de
l'adaptation du bolchévisme au monde musulman, l'Azerbaïdjan fut
considérée comme une vitrine de l'Islam soviétique,
destinée à séduire les musulmans d'Asie centrale. C'est
dans cette perspective que Moscou eut pour objectif de constituer une
identité et une culture azéries indépendantes de la
filiation turque.
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