2. Les pays qui réussissent à réduire le chômage se sont tous inspirés de la stratégie de l'OCDE pour l'emploi
L'organisation de coopération et de
développement économiques (OCDE) a eu l'occasion d'exprimer le
scepticisme que lui inspirait la politique de réduction du temps de
travail menée par le Gouvernement français dans son dernier
rapport sur les perspectives économiques
46(
*
)
. On peut lire dans ce rapport que
"
l'effet sur l'emploi d'une réduction du temps de travail
semble devoir être faible à moins que les gains hebdomadaires ne
diminuent à proportion des heures ouvrées et même alors les
effets à moyen terme sont incertains
". L'OCDE affirme
également qu'il faut "
viser à un accord mutuel entre
employeurs et salariés sur la réduction du temps de travail (de
préférence à un niveau décentralisé)
plutôt que de chercher à imposer des réductions
. ".
Loin de se cantonner dans un refus de principe des politiques actives de lutte
contre le chômage, l'OCDE a développé depuis 1994 un
ensemble de recommandations propres à faire reculer le
phénomène.
On peut souligner que ces recommandations qui visent toutes une meilleure
performance du marché du travail ont été
élaborées dans un souci d'équité et de
préservation de la cohésion sociale. Il a souvent
été considéré que les réformes tendant
à accroître la flexibilité des salaires et à
réformer les régimes étaient incompatibles avec l'objectif
d'une certaine équité. Il semblerait toutefois que l'augmentation
des emplois résultant des réformes soit bénéfique
pour tous, même si elle s'accompagne d'une plus grande dispersion des
taux de salaires. On peut notamment considérer que, dans nombre de cas,
un emploi peu rémunéré peut constituer un premier pas vers
un meilleur salaire, l'emploi même mal rémunéré
reste le plus sûr garant du bon fonctionnement de l'ascenseur social.
Le débat sur la flexibilité mériterait donc d'être
plus serein, moins théologique, ceci d'autant plus que cette crispation
est largement propre à la société française. On en
veut pour preuve les déclarations du Premier ministre britannique,
M. Tony Blair, qui a affirmé récemment devant les syndicats
réunis en congrès que l'on devait cesser "
de faire comme
si la flexibilité, au vrai sens du terme, était incompatible avec
la justice sociale, comme si la flexibilité signifiait toujours
l'injustice, et la justice la rigidité "
et
"
que son gouvernement maintiendrait l'actuelle flexibilité
du marché du travail, et que, même si certains avaient des
frissons à cette idée, ils s'apercevraient qu'au bout du compte,
il fait plus chaud dans le monde réel.
".
La stratégie de l'OCDE pour l'emploi
-
1. Elaborer une politique macro-économique qui favorise la croissance et qui, conjuguée à des politiques structurelles appropriées, la rende durable, c'est-à-dire non inflationniste.
2. Améliorer le cadre dans lequel s'inscrivent la création et la diffusion du savoir-faire technologique.
3. Accroître la flexibilité du temps de travail (aussi bien à court terme que sur toute la durée de la vie) dans le cadre de contrats conclus de gré à gré entre travailleurs et employeurs.
4. Créer un climat favorable à l'entreprise en éliminant les obstacles et les entraves à la création et au développement des entreprises.
5. Accroître la flexibilité des coûts salariaux et de main-d'oeuvre en supprimant les contraintes qui empêchent les salaires de refléter les conditions locales et le niveau de qualification de chacun, en particulier des jeunes travailleurs.
6. Revoir les dispositions relatives à la sécurité de l'emploi qui freinent l'expansion de l'emploi dans le secteur privé.
7. Mettre davantage l'accent sur les politiques actives du marché du travail et les rendre plus efficaces.
8. Améliorer les qualifications et les compétences de la main-d'oeuvre en modifiant profondément les systèmes d'enseignement et de formation.
9. Revoir les systèmes d'indemnisation du chômage et de prestations connexes -et leurs interactions avec le système fiscal- de sorte que les objectifs fondamentaux en matière d'équité de la collectivité soient remplis sans porter atteinte au bon fonctionnement des marchés du travail.
10. Développer la concurrence sur les marchés de produits de manière à réduire les tendances monopolistiques et à atténuer l'opposition entre travailleurs intégrés et exclus, tout en contribuant à rendre l'économie plus novatrice et plus dynamique.