CONCLUSION
Au terme de ce rapport, il apparaît que l'Albanie
traverse aujourd'hui une période difficile et doit faire face à
de multiples défis : maintenir l'ordre public et la paix civile, alors
qu'un nombre considérable d'armes restent aux mains de la population
mais aussi de bandes criminelles, assurer le bon fonctionnement des
institutions dans le cadre des règles élémentaires de la
démocratie pluraliste, reconstruire l'économie affaiblie par la
crise financière et les destructions opérées durant les
émeutes.
Ces éléments ne doivent cependant pas conduire notre pays
à se détourner de l'Albanie.
La France ne peut que souhaiter le retour de l'Albanie sur la voie de la paix
civile et du développement économique, pour le pays
lui-même et aussi pour l'ensemble de la région des Balkans. C'est
d'ailleurs pourquoi elle a activement participé à
l'opération Alba, puis au programme d'assistance financière
à l'Albanie, par le biais du budget communautaire ou de son aide
bilatérale.
La France doit en outre avoir conscience du capital que représente le
fait francophone en Albanie et le préserver. A ce titre, un renforcement
de nos relations culturelles paraît absolument indispensable,
étant précisé que quelques moyens supplémentaires
permettraient sans doute d'obtenir des résultats rapides et importants,
compte tenu de l'influence déjà forte de la francophonie.
Pour cet ensemble de raisons, votre commission des Affaires
étrangères, de la Défense et des Forces armées vous
demande d'approuver le projet de loi autorisant la ratification du
traité d'entente, d'amitié et de coopération entre la
France et l'Albanie.
EXAMEN EN COMMISSION
La commission des Affaires étrangères, de la
Défense et des Forces armées a examiné le présent
rapport au cours de sa réunion du mercredi 17 décembre 1997.
A l'issue de l'exposé du rapporteur, M. Philippe de Gaulle s'est
interrogé sur le comportement respectif des populations du nord et du
sud de l'Albanie durant les émeutes de 1997, sur les ressources
économiques de l'Albanie, sur les relations de ce pays avec la
Grèce et sur la présence militaire française en Albanie.
M. Claude Estier a confirmé l'importance du fait francophone en Albanie
tout en craignant que la place du français n'y recule dans les
prochaines années, surtout si les moyens de notre coopération
continuaient à diminuer. Il a souhaité connaître la
position de l'Albanie au regard des instances de la francophonie.
M. Christian de La Malène s'est demandé si les conditions du
déroulement des élections de juin 1997 n'avaient pas, dans une
certaine mesure, conduit le parti démocratique à en contester les
résultats et à boycotter les travaux du Parlement.
En réponse à ces différentes interventions, M.
André Rouvière a souligné que, si l'économie
albanaise reposait encore largement sur l'agriculture, le relatif essor
économique des années 1992-1996 avait conduit à une
élévation du niveau de vie, avant que ce dernier ne chute
brutalement cette année, la crise financière ayant ruiné
beaucoup d'Albanais réduits désormais à vivre
d'expédients.
Il a par ailleurs jugé souhaitable le maintien d'une assistance à
l'Albanie dans le domaine militaire, l'armée albanaise sortant
très affaiblie des événements de l'hiver 1997. Il a
précisé que l'Albanie venait d'être admise, comme
observateur, dans la communauté des pays ayant le français en
partage lors du sommet qui s'était réuni à Hanoi en
novembre dernier.
M. André Boyer a précisé que le contingent français
avait quitté l'Albanie au mois d'août 1997 et que, seuls 5
gendarmes français restaient aujourd'hui sur place pour des missions de
conseil en matière de police. Il a précisé que les
relations gréco-albanaises, longtemps difficiles en raison du
problème de la minorité hellénophone dans le sud de
l'Albanie, s'étaient récemment améliorées. Il a
souligné que si les émeutes de février et mars dernier
avaient gagné l'ensemble du pays, elles avaient été
particulièremenmt violentes dans le sud. Enfin, il a indiqué que
l'OSCE avait qualifié de "satisfaisantes et acceptables" les
opérations électorales de juin dernier, bien que le parti
démocratique ait considéré qu'il avait été
empêché de mener campagne dans le sud du pays.
M. Xavier de Villepin, président, a souligné l'importance de
l'Albanie dans un contexte régional troublé, la question du
Kosovo étant incontestablement, à ses yeux, la plus porteuse de
risques pour l'avenir de la paix dans la région.
La commission a alors approuvé le projet de loi qui lui était
soumis.