B. LE FONCTIONNEMENT DE LA CAISSE CENTRALE DE LA MUTUALITÉ SOCIALE AGRICOLE

L'an dernier, votre rapporteur avait rendu compte des critiques sévères de la Cour des Comptes à l'égard du fonctionnement interne de la Caisse centrale de la Mutualité sociale agricole.

La " crise " actuelle de la Caisse centrale doit être l'occasion d'un nouveau départ pour une institution : celle-ci doit à la fois améliorer les contrôles internes sur sa gestion et s'adapter aux réformes concernant l'ensemble de la sécurité sociale initiées depuis 1996.

1. Les observations du dernier rapport de la Cour des Comptes sur les contrôles

Ces observations complètent celles présentées en 1997. Elles indiquent que :

- L'organisation interne des caisses est variable ; parfois, les services de contrôle ont disparu en tant que tels, une sectorisation géographique ayant été substituée à l'organisation par fonction. La Cour observe que cette sectorisation " peut, à terme, nuire à l'indépendance, à l'objectivité et à l'impartialité des contrôles si une rotation géographique des agents n'est pas organisée. Pour prévenir ce risque, une des caisses contrôlées provoque une rotation quinquennale des affectations territoriales. Cet exemple pourrait être généralisé ".

- De même, la Cour relève qu'il existe souvent une certaine confusion des missions des agents chargés du contrôle : leur " activité va au-delà, jusqu'au conseil en protection sociale et à l'assistance notamment pour l'association " Présence verte " et au démarchage, au profit du régime complémentaire COREVA essentiellement. Les contrôleurs assurent même des tâches de recouvrement, d'animation, d'enquêtes et de statistiques pour la Caisse centrale. La multiplication des missions assignées aux agents assermentés ne peut qu'entraîner une confusion préjudiciable au bon exercice du contrôle tant les activités de conseil ou de démarchage. ".

- La formation des contrôleurs serait également défaillante : " les contrôleurs des caisses de MSA sont presque exclusivement recrutés au sein des caisses sur la base d'une expérience d'environ dix ans et de leurs compétences professionnelles. La plupart était déjà en poste au moment de la parution des textes de 1992 organisant une formation initiale des contrôleurs ; ils n'ont donc bénéficié à ce titre que d'une formation restreinte organisée localement. ".

- Il n'y aurait pas de véritable politique de contrôle : " à l'exception de deux caisses, il ressort de l'enquête que les organismes de base vus par les CODEC n'ont pas de politique de contrôle : objectifs purement quantitatifs, partiels et imprécis ; absence de programme annuel de contrôle ; critères d'évaluation inexistants ou bien disparates et frustes (nombre de sorties indemnisées, d'enquêtes, d'adhérents visités, de kilomètres parcourus) (...). Les résultats de chacun des contrôles (...) ne sont chiffrés que de façon très imprécise. En conséquence, peu de caisses sont en mesure d'élaborer un compte rendu de leur activité de contrôle ".

- Enfin, les contrôles effectués seraient peu efficaces : la lutte contre le travail illégal ne serait pas une priorité retenue par les caisses ; les redressements et pénalités seraient faibles et la transmission des affaires pénalement sanctionnables au Parquet inexistante ; le recours aux services fiscaux pour vérifier la concordance des revenus fiscaux et de l'assiette sociale des exploitants (art. L. 155 et L. 161 du livre des procédures fiscales) serait également rare.

2. Les mesures engagées pour apurer la situation constatée depuis 1997

Suite au précédent rapport de la Cour des Comptes qui faisait apparaître de graves irrégularités dans la gestion de la Caisse centrale de la Mutualité sociale agricole, un arrêté du 7 juillet 1997 a prononcé la suspension du conseil d'administration et a procédé à la nomination d'un administrateur provisoire : M. Christian Babusiaux. Celui-ci a été chargé d'établir un bilan complet de la situation de la Caisse centrale et de prendre ou de proposer, selon les cas, des mesures de redressement.

Par ailleurs, un nouveau directeur général, M. Daniel Lenoir, issu de l'Inspection générale des affaires sociales, a été nommé. Les membres du conseil d'administration de la caisse centrale ayant fait part de leur intention de démissionner, un nouveau conseil d'administration a été élu lors de la dernière assemblée générale.

Enfin, pour éviter le renouvellement des irrégularités qui se sont produites dans le passé, le ministre a annoncé, lors de son audition devant votre commission, que des aménagements seront apportés prochainement concernant les contrôles sur la Caisse centrale et sur les organismes auxquels elle participe.

Ces dispositions s'appuient sur les conclusions qui seront présentées par l'administrateur provisoire.

Votre commission se félicite de ces initiatives qui lui paraissent nécessaires afin d'éviter que les irrégularités de la Caisse centrale ne jettent le discrédit sur l'ensemble des caisses de mutualité sociale agricole, leurs administrateurs et leurs cadres qui gèrent avec beaucoup de dévouement et de compétence ce régime spécifique de sécurité sociale.

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