II. LA FORTE PROGRESSION DES RESSOURCES PROPRES DES ÉTABLISSEMENTS PUBLICS SOUS TUTELLE DU MINISTÈRE DE L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET DE L'ENVIRONNEMENT
On ne parlera ici que des principaux établissements
publics intervenant dans le domaine de l'environnement et dont les
dépenses financées sur ressources propres s'élèvent
à 13,31 milliards de francs en 1997.
Il s'agit des agences de l'eau et de l'ADEME au sujet desquelles on peut
rappeler que l'essentiel de leurs ressources provient de ressources propres,
c'est-à-dire du produit de redevances ou de taxes parafiscales.
A. BILAN DE LA POLITIQUE DES AGENCES DE L'EAU
Bilan d'exécution du VIe programme (1992-1996)
Les aides financières attribuées par les six agences dans les
principaux domaines d'intervention peuvent être ainsi
résumées.
(millions de francs)
Domaine d'intervention |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
TOTAL |
Assainissement des collectivités locales |
2 053 |
4 084 |
5 241 |
5 791 |
5 163 |
22 332 |
Lutte contre la pollution industrielle |
1 453 |
1 402 |
1 455 |
1 555 |
1 386 |
7 251 |
Aménagement des ressources en eau |
426 |
511 |
564 |
314 |
399 |
2 214 |
TOTAL |
3 932 |
5 997 |
7 260 |
7 660 |
6 948 |
31 797 |
(Source : ministère de l'aménagement du
territoire et de l'environnement)
Comme en 1995, le rythme de croissance du niveau des aides s'est ralenti
en 1996, mais les grandes orientations de l'année
précédente ont été poursuivies.
L'année 1996, comme l'année 1995, a vu se poursuivre la
croissance importante des activités liées à la mise en
oeuvre du programme de mise en conformité des bâtiments
d'élevage suite à l'accord conclu avec la profession sur la
maîtrise des pollutions d'origine agricole.
Les comités de bassin se sont tout particulièrement
attachés à finaliser les schémas directeurs
d'aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) prescrits par la loi sur
l'eau n° 92-3 du 3 janvier 1992.
Ces projets pour l'eau et les milieux aquatiques pour les dix à quinze
années à venir, dans chacun des grands bassins, ont
été élaborés à l'initiative des
préfets coordonateurs, par les comités de bassin. Pour cela, les
comités se sont appuyés sur des commissions
spécialisées existantes, des commissions thématiques et/ou
géographiques créées à cet effet et des
secrétariats techniques communs aux agences de l'eau et aux directions
régionales de l'environnement de bassin.
Le contenu d'un SDAGE privilégie une approche géographique
permettant d'identifier les principaux problèmes des sous-bassins
concernés, les évolutions possibles et souhaitables et une
approche thématique permettant d'approfondir la connaissance et les
orientations relatives à la gestion qualitative et quantitative de la
ressource en eau, à la protection des milieux aquatiques, à la
gestion des risques et des grands aménagements hydrauliques.
Le projet de SDAGE de chaque bassin, après avis favorable du
comité de bassin à la fin de 1995, a fait l'objet d'une
consultation officielle des conseils généraux et des conseils
régionaux en 1996. Ces six projets ont été
examinés favorablement par la mission interministérielle de l'eau
le 9 mai 1996 et par le comité national de l'eau le
23 mai 1996. Les SDAGE ont été adoptés
définitivement par les comités de bassin et approuvés par
les préfets coordonnateurs de bassin au cours du deuxième
semestre de 1996 et ils sont donc entrés en application, début
1997.
Les perspectives pour 1998
L'année 1998, seconde année du VIIe programme
d'intervention des agences de l'eau, confirmera les orientations
arrêtées par les instances de bassin fin 1996.
Le montant global des aides sur l'ensemble du VIIe programme
d'intervention s'élève à environ 57 milliards de
francs et les redevances à 51 milliards de francs selon le tableau
ci-dessous :
(en millions de francs)
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
Total |
Total redevances |
|
Adour-Garonne |
846 |
885 |
940 |
961 |
988 |
4 620 |
4 039 |
Artois-Picardie |
791 |
801 |
817 |
812 |
824 |
4 046 |
3 708 |
Loire-Bretagne |
1 633 |
1 699 |
1 456 |
1 463 |
1 490 |
7 741 |
7 041 |
Rhin-Meuse |
943 |
961 |
936 |
910 |
876 |
4 626 |
4 670 |
Rhône-Méditerranée-Corse |
2 411 |
2 500 |
2 589 |
2 658 |
2 692 |
12 850 |
11 336 |
Seine-Normandie |
4 300 |
4 533 |
4 656 |
4 732 |
4 809 |
23 030 |
20 105 |
TOTAL |
10 924 |
11 379 |
11 394 |
11 356 |
11 679 |
56 913 |
50 899 |
Les montants globaux d'aides aux investissements
arrêtés dans le cadre des VIIèmes programmes des six
agences de l'eau sont les suivants :
- assainissement des collectivités 26,8 milliards de Francs
- lutte contre la pollution industrielle 6,2 milliards de Francs
- amélioration des pratiques agricoles 2,0 milliards de francs
- alimentation en eau potable 5,7 milliards de francs
- amélioration de la ressource et eaux
souterraines 2,6 milliards de francs
- milieux naturels 1,5 milliard de francs
soit un total d'aides aux investissements de
44,8 milliards de
francs
En matière d'aides au fonctionnement, les montants arrêtés
s'établissent ainsi :
- assistance technique 0,6 milliard de francs
- aides à l'élimination des déchets 1,0 milliard de
francs
- primes pour épuration et aides au bon
fonctionnement 10,2 milliards de francs
soit un total d'aides au fonctionnement de
11,8 milliards de francs
Les critiques du pré-rapport du Commissariat général du
Plan
Dans des premières conclusions diffusées en novembre 1997,
le rapport du Commissariat général du Plan sur
l'évaluation des politiques des agences de l'eau, demandé par le
précédent Gouvernement démontre que la montée en
puissance du dispositif des agences de l'eau ne s'est pas accompagnée
d'une réelle recherche d'efficacité économique dans leurs
interventions.
Selon ce rapport, la débudgétisation de la politique de l'eau au
profit des agences a certes permis de planifier au cours des programmes
quinquennaux les investissements à réaliser, mais les auteurs du
rapport s'interrogent sur la perte d'efficacité économique que
cette programmation quinquennale a entraînée. Le but pour l'agence
étant d'atteindre le montant des travaux programmés, cette
politique a en réalité favorisé les gros travaux, sans
faire une application suffisamment stricte de la théorie du coût
minimal.
Le rapport indique ainsi qu': "
on compte aujourd'hui
10.000 stations d'épuration en France, alors que
4.000 communes seulement dépassent le seuil de
2.000 équivalents-habitants qui rend cet équipement
obligatoire ".
Le rapport souligne également la faiblesse des aides au fonctionnement
et indique que les choix d'investissement portent sur des travaux
répondant plus à une logique pollution-dépollution que de
prévention, en amont, des sources de pollution.
Enfin, s'agissant de la prise en charge du coût de ces investissements,
le rapport considère que la logique pollueur-payeur n'est pas
véritablement respectée, en faisant valoir que les travaux
réalisés par les collectivités et les industriels ont
été essentiellement payés par l'usager individuel :
"
le consommateur d'eau participe pour plus de 80 % à
l'action collective de gestion et d'amélioration des ressources en eau,
l'industrie pour 18 % et l'agriculture pour à peine
2 % ".
En définitive, le rapport relève que la redevance pollution
domestique a été accrue de façon disproportionnée
pour compenser la faible participation des agriculteurs, alors même que
leur responsabilité dans la pollution des nappes phréatiques
serait avérée et il fait observer que la pollution brute
estimée des seuls éleveurs serait équivalente à
celle de 254 millions d'habitants.
Face à ces premières conclusions, à propos desquelles on
peut regretter que la presse s'en fasse l'écho alors même que les
rapports ne sont pas encore officiellement transmis, on ne peut qu'appuyer la
position de la ministre de l'aménagement du territoire et de
l'environnement qui préconise "
une logique
d'amélioration du système, mais pas de remise en cause... (car)
... le système des agences n'est pas en faillite, même si ces
rapports posent des questions auxquelles il faut répondre
. "
Devant la conférence des présidents de comités de bassins
qui s'est tenue à Douai, le 18 novembre dernier, Mme Dominique
Voynet a fait état de ses propositions de réformes :
améliorer l'application du principe " pollueur-payeur ", en
prenant en compte les intrants utilisés sur les cultures, ainsi qu'en
instituant une taxe sur les aménagements contribuant à aggraver
les crues.
La ministre entend également instaurer plus de " transparence
démocratique " dans le fonctionnement des agences de l'eau, en
proposant la création d'une Haute Autorité de l'eau et en
soumettant tous les cinq ans au contrôle du Parlement les programmes
d'intervention des agences.
Enfin, elle entend donner une place plus grande aux associations
représentant les usagers au sein des conseils d'administration des
agences.