II. LE FINANCEMENT DES ACTIONS CONSIDÉRÉES COMME PRIORITAIRES

Selon la présentation qu'en a faite le ministre de l'agriculture devant votre commission, le 14 octobre dernier, le budget pour 1998 permettra de financer les grandes priorités, à des degrés différents, que sont l'installation des jeunes, la sécurité et la qualité de l'alimentation et, enfin, la formation professionnelle.

A l'issue du vote du projet de budget pour 1998, une quatrième priorité a été dégagée : il s'agit de la revalorisation des retraites agricoles.

A. L'INSTALLATION DES JEUNES EN AGRICULTURE

La politique de l'installation a fortement été relancée depuis la loi de modernisation de 1995. La Charte pour l'installation a constitué, en novembre 1995, un moment fort de cette politique. Votre rapporteur pour avis se félicite que l'installation soit considérée comme une priorité par le nouveau Gouvernement.

1. Le bilan de la politique d'aide aux jeunes agriculteurs

a) Les différents volets des aides de l'Etat en faveur de l'installation des jeunes agriculteurs jusqu'en 1997

- La dotation d'installation aux jeunes agriculteurs (DJA), instituée en 1973, est une aide en capital qui permet notamment de compléter la trésorerie nécessaire au démarrage de l'activité agricole. La gestion de la DJA est, depuis l'origine, confiée au CNASEA.

- Les prêts à moyen terme spéciaux jeunes agriculteurs (MTS-JA), mis en place en 1965, sont destinés au financement de la reprise de l'exploitation par le jeune agriculteur.

- Les stages 6 mois consistent en une période de pratique obligatoire pour tout candidat aux aides à l'installation (DJA et prêts MTS-JA), né depuis le 01/01/1971. L'indemnité de tutorat versée au maître-exploitant et, depuis 1995, les bourses aux stagiaires sont gérées par le CNASEA.

- Les programmes pour l'installation des jeunes en agriculture et le développement des initiatives locales (PIDIL) regroupant les actions mises en oeuvre par l'Etat et les collectivités territoriales pour concourir à la réalisation des orientations fixées par la Charte nationale pour l'installation des jeunes en agriculture. Un fonds spécial (FIDIL) a été spécifiquement créé et doté de 150 millions de francs en 1997 pour financer les interventions de l'Etat visant notamment la mise en place des répertoires à l'installation, l'installation progressive des jeunes agriculteurs en association avec les cédants, les diagnostics d'exploitations sans successeurs, le soutien à la diversification des activités agricoles...

L'élaboration des PIDIL dans chaque région et la mise en oeuvre des crédits FIDIL sont largement déconcentrées au niveau des régions et des départements, dispositif qui s'inspire de celui des OGAF. Le CNASEA assure la liquidation et le paiement des aides.

- Les répertoires à l'installation sont en mise en oeuvre depuis plus de dix ans dans certains départements : ils ont été généralisés à l'ensemble du territoire depuis la loi de modernisation du 1er février 1995 et destinés à favoriser les mises en relation entre des agriculteurs cherchant un repreneur et des candidats à l'installation.

Le CNASEA est chargé de l'animation du réseau au niveau régional et national, de la coordination et du suivi du dispositif. Il conçoit et met à disposition des ADASEA les moyens et les outils nécessaires à sa gestion.

b) La dotation d'installation aux jeunes agriculteurs

La DJA a pour but de procurer aux jeunes agriculteurs remplissant certaines conditions réglementaires (notamment d'âge et de capacité professionnelle) et présentant un projet qui permet d'atteindre un objectif de revenu par unité de main d'oeuvre familiale compris entre 1 et 2 SMIC environ, une aide au financement du démarrage de leur activité. Cette aide en capital est accordée au vu d'une étude prévisionnelle d'installation (EPI) qui doit montrer la viabilité économique de l'installation.

Par ailleurs, le financement des investissements de reprise peut également être assuré par des prêts à moyen terme spéciaux à taux bonifié.

Certains avantages, d'ordre fiscal et social, en faveur des jeunes agriculteurs, complètent ces mesures.

L'évolution du nombre des DJA et du coût budgétaire sur les cinq dernières années

Années

Sommes versées (en millions de francs)

Nombre de bénéficiaires (premiers versements) (*)

1991

781

11.389

1992

586

10.445

1993

720

8.465

1994

778

7.246

1995

893

7.787

1996

931

8.677

(*) Le premier versement intervient lorsque le jeune s'installe effectivement. En 1996, 9.030 jeunes avaient fait agréer leur projet ; ce nombre correspond à des installations en 1996 ou en 1997.

L'évolution du pourcentage des installations sans DJA

Une étude réalisée à la demande du ministère de l'agriculture et de la pêche, sur la période 1989-1991 montre que les installations ne bénéficiant pas de la DJA représentent environ 29 % des installations par an, qu'elles sont souvent le fait d'agriculteurs âgés soit de moins de 21 ans, soit de plus de 30 ans (25 % sont âgés de 35 à 40 ans) et plus particulièrement de femmes (2/3 des installations sans DJA).

Les installations sans DJA sont réalisées sur des petites, voire très petites, exploitations (46 % des jeunes non aidés s'installent sur les exploitations de moins de 15 ha), alors que la superficie moyenne des exploitations sur lesquelles se sont installés les jeunes bénéficiaires de la DJA en 1991 était de 33 ha.

D'après les observations de la Caisse centrale de mutualité sociale agricole, le taux de jeunes agriculteurs qui s'installent sans les aides a encore diminué en 1996.

Le coût par installation

Il est délicat d'établir avec précision le montant moyen des aides dont bénéficie un jeune agriculteur qui s'installe du fait que certaines mesures, fiscales en particulier, sont assises sur une partie de la superficie de l'exploitation ou sur le montant des bénéfices agricoles. Néanmoins, pour ce qui concerne les principales aides à l'installation accordées par l'Etat, on peut donner les indications suivantes :

(en francs)

Zone de plaine

Zone défavorisée

Zone de montagne

Montant moyen de la DJA

82.700

106.800

171.700

Equivalent subvention pour un prêt MTS/JA de 500.000 F d'encours sur neuf ans

104.525

138.407

138.407

Total

187.225

245.207

310.107




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