Avis n° 87, Tome I - Projet de loi de finances pour 1998 - Agriculture
M. Alain PLUCHET, Sénateur
Commission des Affaires économiques et du Plan - Avis n° 87 Tome 1 - 1997/1998
Table des matières
-
CHAPITRE Ier -
LE CONTEXTE DU PROJET DE BUDGET :
UN ENVIRONNEMENT NATIONAL ET INTERNATIONAL PLEIN D'INCERTITUDES-
I. LA SITUATION DE L'AGRICULTURE FRANÇAISE EN 1996
- A. UNE LÉGÈRE AUGMENTATION DU REVENU...
- B. ...QUI MARQUE DE FORTES DISPARITÉS
- C. LA DIMINUTION DU NOMBRE D'ACTIFS AGRICOLES
-
II. L'ACTION DU GOUVERNEMENT EN MATIÈRE AGRICOLE
- A. LE SUIVI DE LA CRISE DE L'ESB
- B. DE NOTABLES AVANCÉES
-
C. D'IMPORTANTS CHANTIERS LÉGISLATIFS INTERROMPUS
- 1. Le texte sur la qualité sanitaire des denrées destinées à l'alimentation humaine ou animale
- 2. Le projet de loi d'orientation pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt
- 3. Les conclusions de la commission des affaires sociales sur la proposition de loi relative à la sécurité alimentaire des produits alimentaires
- III. UN ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL ET COMMUNAUTAIRE EN PLEINE MUTATION
-
I. LA SITUATION DE L'AGRICULTURE FRANÇAISE EN 1996
-
CHAPITRE II -
LES CRÉDITS POUR 1998- I. L'ORIENTATION GÉNÉRALE
- II. LE FINANCEMENT DES ACTIONS CONSIDÉRÉES COMME PRIORITAIRES
- III. DES EXIGENCES INSUFFISAMMENT PRISES EN COMPTE
- IV. LES AUTRES DOTATIONS
- EXAMEN PAR LA COMMISSION
N° 87
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 20 novembre 1997.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME I
AGRICULTURE
Par M. Alain PLUCHET,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de :
MM. Jean
François-Poncet,
président
; Philippe François,
Henri Revol, Jean Huchon, Fernand Tardy, Gérard César, Louis
Minetti,
vice-présidents
; Georges Berchet, William Chervy,
Jean-Paul Émin, Louis Moinard,
secrétaires
; Louis
Althapé, Alphonse Arzel, Mme Janine Bardou, MM. Michel Barnier, Bernard
Barraux, Michel Bécot, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer,
Jacques Braconnier, Gérard Braun, Dominique Braye, Michel Charzat,
Marcel-Pierre Cleach, Roland Courteau, Désiré Debavelaere,
Gérard Delfau, Fernand Demilly, Marcel Deneux, Rodolphe
Désiré, Michel Doublet, Mme Josette Durrieu, MM. Bernard
Dussaut
,
Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Hilaire Flandre, Aubert
Garcia, François Gerbaud, Charles Ginésy, Jean Grandon, Francis
Grignon, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson,
Rémi Herment, Bernard Hugo, Bernard Joly, Gérard Larcher, Edmond
Lauret, Pierre Lefebvre, Jean-François Le Grand, Kléber
Malécot, Jacques de Menou, Louis Mercier, Jean-Baptiste Motroni,
Jean-Marc Pastor, Jean Pépin, Daniel Percheron, Jean Peyrafitte, Bernard
Piras, Alain Pluchet, Jean Pourchet, Jean Puech, Jean-Pierre Raffarin, Paul
Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Roger Rigaudière, Roger
Rinchet, Jean-Jacques Robert, Jacques Rocca Serra, Josselin de Rohan,
Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, M. Henri Weber.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
et
85
(annexe n°
3
)
(1997-1998).
Lois de finances. |
Mesdames, Messieurs,
Année après année, l'examen des crédits inscrits au
budget de l'agriculture prend un caractère de plus en plus artificiel,
tant l'avenir de ce secteur paraît aujourd'hui suspendu aux mutations en
cours de l'environnement international et communautaire.
La crise que traverse le monde agricole et même rural, par delà
ses aspects " nationaux " trouve, en effet, essentiellement
sa source
dans la dérive des mécanismes internationaux et communautaires
qui avaient permis son développement.
Ainsi, au-delà des mesures attendues en 1998, l'avenir de notre
agriculture est conditionné par la renégociation de la ligne
directrice budgétaire du " Paquet Santer ",
l'intégration des pays d'Europe centrale et orientale (PECO) et la
reprise des négociations agricoles dans le cadre de l'Organisation
mondiale du commerce (OMC).
Ces trois échéances engendrent plusieurs contraintes convergentes
dont nos agriculteurs subissent et subiront les effets. Il s'agit :
- d'une rigueur budgétaire accrue, imposée par la mise en
place de l'Euro et le coût de l'intégration des PECO, si les prix
en vigueur dans ces pays -approximativement inférieurs ou égaux
aux prix mondiaux- augmentent au niveau des prix communautaires ;
- de la nécessité d'un découplage accru des aides
directes, pour entrer dans la " boîte verte " de
l'OMC ;
- du besoin d'une meilleure prise en compte d'objectifs environnementaux
et ruraux dans la politique agricole.
Par ailleurs, les récentes propositions de la Commission
européenne sur le volet agricole de l'Agenda 2000 ne font que renforcer
les incertitudes pesant sur les agricultures française et
européenne.
C'est dans ce contexte que s'inscrit l'avis de votre commission sur les
crédits du ministère de l'agriculture
. Traditionnellement,
celui-ci est l'occasion non seulement de mesurer l'attention portée,
budgétairement, à ce secteur, mais aussi de retracer les
principaux événements ayant marqué son évolution au
cours de l'année écoulée.
Votre rapporteur pour avis souhaite, à ce propos, rappeler la
politique menée par le précédent Gouvernement
en 1996
et durant le premier semestre 1997,
à la fois courageuse,
afin de faire face aux difficultés du monde agricole et
ambitieuse
dans le cadre du projet de loi d'orientation pour
l'agriculture, l'alimentation et la forêt.
Il souhaite que le nouveau
Gouvernement prenne conscience de la nécessité, pour notre
agriculture comme pour l'ensemble de la société, d'établir
un nouveau contrat entre la Nation et ses agriculteurs
à travers un
projet de loi d'orientation agricole aussi audacieux que celui
déposé en mai dernier par le précédent Gouvernement.
En matière budgétaire, les crédits du ministère
de l'agriculture dans le projet de loi de finances pour 1998 baissent de
0,2 % par rapport à 1997 pour s'établir, hors pêche,
à 35,057 milliards de francs
.
Après son adoption par l'Assemblée nationale, ce budget
s'accroît de 1,22 % grâce notamment à une certaine
revalorisation des retraites agricoles.
En ce qui concerne les trois priorités budgétaires
définies initialement par le Gouvernement, le volet enseignement et
formation agricole étant examiné par votre Commission des
Affaires culturelles,
votre rapporteur pour avis constate en premier lieu la
baisse globale d'environ 1% du sous-agrégat intitulé
" installation et modernisation ".
De plus, l'annonce
de la
création du Fonds pour l'installation en agriculture (FIA) cache, en
fait, la suppression du Fonds d'installation et de développement des
initiatives locales (FIDIL), instrument utile et efficace qui donnait ses
premiers résultats. Votre rapporteur pour avis note, à cet
égard, que les conditions du fonctionnement du FIA restent encore
très imprécises. Ces crédits seront-ils
réservés aux jeunes agriculteurs non issus du milieu agricole,
comme cela a été annoncé ?
En second lieu,
l'augmentation des crédits affectés à
la sécurité et à la qualité de l'alimentation tient
aussi à l'adoption d'une nouvelle nomenclature
budgétaire
-dont votre rapporteur pour avis ne conteste en aucune façon la
nécessité- mais qui
doit être prise en compte afin
d'apprécier les augmentations de crédits à leur juste
valeur
. Par ailleurs, votre rapporteur pour avis souligne que la
sécurité et la qualité de l'alimentation ont
été considérées comme des priorités depuis
plus de deux ans, les crédits figurant dans le projet de loi de
finances pour 1997 étant déjà en nette augmentation.
A ces trois priorités,
le Gouvernement en a ajouté une
quatrième obtenue à la demande des parlementaires : il
s'agit de la revalorisation des retraites agricoles
. Votre rapporteur
souligne que sur les 680 millions de francs affectées à ce poste,
180 millions de francs proviennent d'une économie de constatation
effectuée par la Cour des comptes à la suite d'une
surévaluation des prestations maladies du BAPSA.
Si votre rapporteur
se félicite d'une telle économie, il tient néanmoins
à préciser que l'effort budgétaire du ministère en
faveur des retraites agricoles est nettement inférieur à celui
effectué par les précédents Gouvernements qui avaient su
mobiliser plus d'un milliard de francs en année pleine pour initier
réellement une revalorisation des retraites agricoles.
Votre rapporteur pour avis estime nécessaire, à côté
de ces priorités gouvernementales, de préciser tout d'abord les
politiques insuffisamment prises en compte, puis les crédits en
diminution, enfin ceux en reconduction.
Au titre des exigences insuffisamment prises en compte, votre rapporteur
pour avis note :
-
le soutien au secteurs fragiles et aux zones
défavorisées
. En effet le montant des indemnités
compensatrices de handicaps naturels baissent de plus de 5 %. Par
ailleurs, le ministre a déclaré le 14 octobre dernier devant
votre commission, son souhait de revoir le dispositif de prime à
l'herbe ? Que doit-on en conclure ?
-
le montant des crédits affectés à la SOPEXA
.
Ceux-ci sont en baisse de plus de 20 %. A l'heure où la
compétition internationale et communautaire est une donnée
inhérente à toute activité économique, la
diminution des crédits de promotion à l'exportation
constitue
une grave erreur.
Au titre des autres crédits en diminution, votre rapporteur pour avis
constate les dotations aux offices en baisse de près de 2 %, ainsi
que ceux consacrés à la valorisation de l'espace rural
. Si le
FGER est doté de 140 millions de francs, ce dont votre rapporteur
pour avis se félicite malgré la diminution de 10 millions de
francs par rapport à 1997, les subventions consacrées à la
forêt ainsi que celles en faveur de l'espace rural baissent
respectivement de 2 et 10 %.
Certains postes budgétaires font l'objet d'une reconduction. Il s'agit :
- des dotations consacrées aux opérations groupées
d'aménagement foncier (chapitre 44-41, article 60) à
hauteur de 45,23 millions de francs ;
- des crédits affectés à la garantie des
calamités agricoles (chapitre 46-33, article 10) à
hauteur de 225 millions de francs ;
- des subventions aux mesures agri-environnementales (chapitre 44-41,
article 24) à hauteur de 120 millions de francs ;
- les dotations de fonctionnement aux SAFER (chapitre 44-80,
article 60), à hauteur de 43,70 millions de francs.
CHAPITRE Ier -
LE CONTEXTE DU PROJET DE
BUDGET :
UN ENVIRONNEMENT NATIONAL ET INTERNATIONAL PLEIN
D'INCERTITUDES
I. LA SITUATION DE L'AGRICULTURE FRANÇAISE EN 1996
A. UNE LÉGÈRE AUGMENTATION DU REVENU...
Selon les comptes provisoires de l'agriculture, publiés
en juin 1997,
le revenu brut agricole moyen par exploitation augmente
en termes réels de 1 %.
Parallèlement, le revenu
agricole dans l'Union européenne a connu une hausse supérieure
à celle de la France, notamment en raison des résultats obtenus
en Espagne, en Allemagne et en Italie.
Cette faible croissance du revenu agricole intervient après deux
années de forte augmentation. Votre commission note que l'octroi des
subventions supplémentaires et la baisse du nombre d'exploitations
agricoles, assortie d'une augmentation de leur taille moyenne, ont permis de
minimiser la forte diminution de la valeur ajoutée brute aux prix du
marché et l'accroissement des cotisations sociales.
1. Une diminution de la valeur ajoutée
Après deux années de croissance, la valeur ajoutée brute aux prix du marché a diminué et ce malgré la forte croissance en volume des livraisons agricoles et la poursuite de la progression des consommations intermédiaires.
a) Malgré la hausse des livraisons agricoles et des consommations intermédiaires...
Une forte croissance en volume des livraisons
agricoles
Les livraisons agricoles ont connu en 1996, comme en 1995, une forte
croissance en volume (+ 2,4 %),
nettement supérieure
à la tendance observée sur le long terme (1,3 % par an en
moyenne au cours des quinze dernières années).
La forte croissance du volume de l'ensemble des livraisons est
concentrée sur deux groupes de produits : les céréales et
les animaux.
La récolte de céréales a bénéficié de
l'effet cumulé d'une nette augmentation des superficies, rendue possible
par la réduction du taux de " gel " obligatoire des terres,
et
des rendements exceptionnellement élevés. En conséquence,
le volume des livraisons s'accroît de 13,7 %.
Le volume des livraisons d'animaux, dont le marché à
été très perturbé par la crise de la " vache
folle ", s'accroît également à un rythme
élevé (+ 3,5 %). Le volume des livraisons de gros
bovins progresse fortement (+ 5 %), en raison notamment des
disponibilités importantes qui ont dû être vendues en 1996.
Le report de consommation de la viande bovine au profit de la viande de
volailles a fortement stimulé les livraisons de ce produit, qui
s'accroissent de 5,5 % en volume.
Par ailleurs, l'évolution du volume des livraisons des autres produits
agricoles est globalement négative (- 0,5 %).
Après deux années de reprise en 1994 et 1995, le prix
des livraisons diminue de 1 % en 1996
. En termes réels,
c'est-à-dire " déflatée " par l'indice de prix
du produit intérieur brut, la baisse atteint 2,3 %, taux
inférieur à la tendance sur le long terme.
Les prix des gros bovins et des veaux, dont la crise de la " vache
folle " accentue l'orientation à la baisse amorcée en 1995,
ceux des céréales et des pommes de terre, en raison de
l'abondance des disponibilités, connaissent des chutes très
marquées.
En revanche, les porcins et les ovins-caprins, dont les prix ont
été stimulés par la crise de la viande bovine, les oeufs,
dont le prix avait fortement diminué au cours des années
précédentes, et les légumes frais enregistrent une nette
augmentation.
Les livraisons agricoles s'accroissent ainsi de 1,4 % en valeur, soit
à un rythme sensiblement inférieur à celui de 1995.
LIVRAISONS DE PRODUITS AGRICOLES EN 1996
Évolution 1996/1995 (%) |
Valeur 1996 |
||||
Volume |
Prix |
Valeur |
(milliards de francs) |
||
Céréales |
+ 13,7 |
- 5,3 |
+ 7,7 |
39,5 |
|
Fruits et légumes |
+ 0,8 |
- 2,3 |
- 1,5 |
40,2 |
|
Plantes industrielles (1) |
+ 1,8 |
+ 0,5 |
+ 2,3 |
16,3 |
|
Vins |
- 2,4 |
+ 0,9 |
- 1,4 |
48,7 |
|
Produits végétaux divers |
- 1 |
+ 1,3 |
+ 0,3 |
9,6 |
|
Total livraisons de produits végétaux |
+ 2,9 |
- 1,6 |
+ 1,2 |
154,2 |
|
Gros bovins |
+ 5 |
- 12,5 |
- 8,1 |
28,7 |
|
Autre bétail (2) |
+ 1,2 |
+ 5,6 |
+ 6,9 |
36 |
|
Autres animaux |
+ 4,8 |
+ 2,5 |
+ 7,4 |
25,7 |
|
Produits animaux (3) |
- 0,5 |
+ 1,7 |
+ 1,2 |
57,1 |
|
Total livraisons de produits animaux |
+ 1,9 |
- 0,4 |
+ 1,5 |
147,5 |
|
Total livraisons de produits agricoles |
+ 2,4 |
- 1 |
+ 1,4 |
301,7 |
(1) Betteraves industrielles, oléagineux, tabacs et
autres plantes industrielles.
(2) Veaux, porcins, équins, ovins et caprins.
(3) Lait, oeufs et autres.
Une forte croissance des consommations intermédiaires
Confirmant la reprise de 1995,
les consommations intermédiaires ont
connu une croissance élevée en 1996
. Cette augmentation est
due notamment à des hausses de prix d'une ampleur inconnue depuis les
années soixante-dix.
ÉVOLUTION 1996/1995
(en %)
Volume |
Prix |
Valeur |
|
Ensemble |
+ 1,4 |
+ 3,5 |
+ 5,0 |
dont Aliments
pour
animaux (34 %)
|
+ 1,2
|
+ 4,2
|
+ 5,4
|
Cette croissance provient d'une hausse encore sensible des
volumes (+ 1,4 %), mais surtout d'une forte progression des prix
(+ 3,5 %, soit 2,2 %
en termes réels), la plus
élevée depuis 15 ans. Ainsi, après la baisse des
volumes de 1991 à 1993, les trois dernières années
enregistrent des augmentations soutenues, proches de celles de la fin des
années 80, même si en 1996, la hausse est inférieure
à celle de 1994 et surtout de 1995. La progression intéresse tous
les produits les plus importants, notamment les aliments pour animaux
(+ 4,2 %) et les engrais (+ 5,4 %) qui représentent
ensemble 46 % des achats de biens et services de la branche agriculture.
La consommation d'aliments pour animaux est en augmentation constante en
volume depuis le début des années 90
. Après le
léger ralentissement observé en 1995, elle reprend un rythme de
croissance plus soutenu (+ 1,2 %). En 1996, les agriculteurs ont
délaissé les tourteaux (-5,5 % en volume) en raison de leurs
prix élevés (+ 19,9 %), et se sont reportés sur
les aliments industriels (+ 1,9 % en volume) qui subissent
également une hausse de leurs prix (+ 2,7 %). Celle-ci
provient de la relative fermeté des prix des matières
premières (céréales, protéines, ..) entrant dans la
fabrication des aliments industriels, et des récoltes médiocres
de fourrages.
Malgré une nouvelle réduction du taux de " gel " des
terres qui a permis un développement des surfaces cultivées,
notamment en céréales,
la hausse ponctuelle des volumes
d'engrais constatée en 1995 ne se confirme pas en 1996
(- 1,2 %).
Les engrais achetés massivement au
1er semestre correspondent à des achats avancés dans
l'année, ce qui explique le ralentissement des achats de la fin de
l'année. Les prix des engrais continuent leur progression depuis 1994.
Par ailleurs,
la
consommation
de
produits de protection des
cultures
croît encore de 1,0 % en volume en 1996, après
la très forte augmentation de 1995 (+ 11,8 %), avec des prix
évoluant peu depuis une dizaine d'années.
De plus,
la consommation de produits pétroliers connaît la plus
forte progression
, avec une croissance de 3,6 % du volume et surtout
une hausse de prix de près de 10 %.
b) En rupture avec l'évolution des deux dernières années, la valeur ajoutée brute aux prix du marché a diminué en 1996
Après deux années de croissance, la valeur
ajoutée a diminué en 1996.
La
valeur ajoutée brute des livraisons en termes réels
est
de nouveau à la baisse et de façon marquée
(- 3,0 %). Le redressement observé en 1994 et 1995
(+ 0,5 % et + 2 % respectivement) après plusieurs
années de chute (plus de 30 % de 1991 à 1993) ne se confirme
pas en 1996.
Depuis 1980, la part de la valeur ajoutée brute de l'agriculture dans le
produit intérieur brut mesurée à prix courants diminue
tendantiellement. Seules les années 1982 et 1989 ne sont pas
concernées et depuis 1994, la forte baisse semble marquer une pause,
légèrement au-dessus de 2 %, soit deux fois moins qu'au
début des années 80.
Cette divergence d'évolution entre l'agriculture et les autres
activités résulte dans une très large mesure d'un effet
prix
: la part de la valeur ajoutée de l'agriculture dans le PIB
à prix constants (prix de 1980) est quasiment identique en 1996 à
celle de 1980 (3,9 %).
Le volume de la valeur ajoutée brute des livraisons
connaît une forte augmentation (+ 3,3 %) qui confirme celle de
l'année précédente (+ 2,2 %)
Depuis le début des années 80, le volume de la valeur
ajoutée suit une nette tendance à la hausse. Globalement, elle
est assez régulière et modérée. Toutefois, depuis
le début des années 90, des années 1993 et 1994, avec
le début de l'application de la réforme de la PAC, font
exception : le volume de la valeur ajoutée a accusé un net
recul provenant d'une baisse des livraisons agricoles plus forte que celle des
consommations intermédiaires.
Le
prix
de la valeur ajoutée en termes réels repart
à la baisse en 1996, après un palier marqué en 1994 et
1995. Sur le long terme, le prix réel de la valeur ajoutée suit
une nette orientation à la baisse, moins régulière depuis
la fin des années 80.
2. Une très légère hausse du revenu agricole
a) Le niveau du revenu agricole en 1996
L'évolution du revenu agricole est retracée dans
les comptes de l'agriculture établis par l'INSEE et le Service central
des enquêtes et études statistiques (SCEES) qui sont
examinés chaque année par la commission des comptes de
l'agriculture de la Nation.
L'indicateur de revenu habituellement retenu est le revenu brut agricole (RBA)
en optique " livraisons ". Son évolution est mesurée en
moyenne par exploitation et en termes réels. Le
" déflateur " utilisé pour ce calcul est le prix du
produit intérieur brut.
Après deux années de forte hausse en 1989 et 1990
(+ 9,5 %), le revenu agricole a diminué en 1991
(- 1,0 %) et surtout en 1992 (- 6,7 %). Il s'est
stabilisé en 1993 (+ 0,6) et
a, de nouveau, connu deux
années de forte hausse en 1994 (+ 12,6 %) et en 1995
(+ 10,4 %).
Pour 1996, il est quasiment stable avec une augmentation de + 0,9 %.
ÉVOLUTION DU REVENU BRUT AGRICOLE EN OPTIQUE " LIVRAISON " MESURÉE EN MOYENNE PAR EXPLOITATION ET EN TERMES RÉELS
Cette très légère hausse en France contraste avec celle,
plus importante, du revenu agricole en Europe qui est évalué
à environ 5 %, soit un chiffre comparable à celui de 1995.
Si on constate que 1996 est la quatrième année consécutive
de hausse, d'importantes différences sont à relever entre les
Etats membres.
ÉVOLUTION DE LA VALEUR AJOUTÉE NETTE AGRICOLE
AU COÛT DES FACTEURS EN TERMES RÉELS PAR UNITÉ DE TRAVAIL
EN 1996
DANS LES PAYS DE L'UNION EUROPÉENNE
Valeur ajoutée nette nominale |
Déflateur (Indice prix du PIB) |
Valeur ajoutée nette réelle |
Main d'oeuvre agricole (en UTA) |
Indicateur 1 (VAN réelle/UTA) |
|
1996/95 |
1996/95 |
1996/95 |
1996/95 |
1996/95 |
|
Belgique |
5,9 |
1,7 |
4,2 |
-2,6 |
6,9 |
Danemark |
3,7 |
1,7 |
2,0 |
-1,8 |
3,8 |
Allemagne |
2,8 |
1,5 |
1,3 |
-4,8 |
6,4 |
Grèce |
3,6 |
8,8 |
-4,8 |
-2,7 |
-2,1 |
Espagne |
18,7 |
3,9 |
14,2 |
-5,9 |
21,4 |
France |
-0,3 |
1,6 |
-1,8 |
-3,4 |
1,7 |
Italie |
7,1 |
4,9 |
2,1 |
-3,3 |
5,6 |
Luxembourg |
1,3 |
2,5 |
-1,2 |
-4,4 |
3,4 |
Pays-Bas |
3,6 |
1,6 |
2,0 |
-0,9 |
2,9 |
Autriche |
-10,0 |
1,7 |
-11,5 |
-4,9 |
-6,9 |
Finlande |
6,1 |
1,7 |
4,3 |
-4,3 |
9,0 |
Suède |
-4,0 |
1,9 |
-5,8 |
0,0 |
-5,8 |
Royaume-Uni |
-3,4 |
2,6 |
-5,9 |
-1,1 |
-4,8 |
EU13* |
4?5 |
1,3 |
-3,5 |
5,1 |
* Données non disponibles pour l'Irlande et le
Portugal
Selon Eurostat, la progression intervenue en 1996 par rapport à
l'année précédente s'explique, en premier lieu, par une
augmentation notable du volume de la production végétale (en
particulier céréales, pommes de terre, vin, fruits frais) due
à de meilleures conditions climatiques (en Espagne, par exemple, les
volumes de production se sont rétablis après quatre années
de sécheresse), à des meilleurs rendements dans certains Etats
membres et, dans une certaine mesure, à la réduction du taux de
gel des terres.
Eurostat relève également, pour expliquer cette tendance, la
hausse modérée du volume et du prix des consommations
intermédiaires et la confirmation de la tendance à la baisse du
volume de la main d'oeuvre agricole.
Par ailleurs, l'augmentation de la valeur de la production
végétale finale exprimée en termes réels se chiffre
à plus 3,1 %. Parmi les pays fortement orientés vers les
productions végétales, d'importantes augmentations des volumes de
production ont été enregistrées en France
(+ 5,4 %), au Royaume-Uni (+ 7,9 %), en Allemagne
(+ 10,2%) et en Espagne (+ 25,1 %). L'évolution, en
termes réels, de la valeur de la production animale finale se chiffre
à moins 0,4 %.
b) Les composantes de cette évolution
Le revenu de la branche agricole est déterminé
à partir de la valeur ajoutée, augmentée des autres
ressources perçues mais diminuée des différentes charges
supportées.
Or, en 1996, la baisse de la valeur ajoutée a été
quasiment compensée par l'octroi de subventions supplémentaires,
essentiellement accordées aux éleveurs dans le contexte de la
crise de la viande bovine. Par ailleurs, les cotisations sociales des
exploitants se sont accrues à un rythme élevé,
l'évolution de l'assiette intégrant les fortes augmentations du
revenu de 1994 et 1995. De plus simultanément, les prestations sociales
se sont réduites, sous l'effet du plan d'économie de l'assurance
maladie mis en place à la mi 1995.
(en milliards de francs)
Valeur 1995
|
Valeur 1996
|
Evolution en % |
|
Ressources |
|||
Valeur ajoutée brute des livraisons |
158,7 |
155,9 |
- 1,7 |
Subventions d'exploitation |
50,1 |
53,2 |
+ 6,2 |
Autres ressources dont : |
25,3 |
24,6 |
- 2,7 |
indemnités d'assurance |
5,1 |
4,9 |
- 2,3 |
prestations sociales |
20,2 |
19,7 |
- 2,4 |
Emplois |
|||
Salaires et cotisations sociales des salariés dont : |
29,5 |
30,1 |
+ 2 |
salaires |
22,25 |
22,7 |
+ 2 |
cotisations sociales (salariés) |
7,25 |
7,4 |
+ 2,1 |
Impôts liés à la production |
2 |
1,6 |
- 19,1 |
Impôts fonciers |
2,7 |
2,7 |
- 0,7 |
Charges locatives |
10,25 |
10,3 |
+ 0,5 |
Primes d'assurance |
8 |
8,3 |
+ 3,7 |
Intérêts |
12,1 |
11,9 |
- 1,3 |
Cotisations sociales (exploitants) |
17 |
18,3 |
+ 7,6 |
Revenu brut agricole (1) |
152,3 |
150,1 |
- 1,5 |
(1) après correction des transferts courants divers
et des écarts sur taxes
L'importance des subventions d'exploitation
Au cours de ces trois dernières années, les subventions
d'exploitation sont passées de 18 milliards de francs à
50 milliards en 1995.
Cette forte croissance s'inscrit dans le cadre
de la réforme de la PAC dont l'un des principaux volets consiste
à compenser les baisses des prix d'intervention des grandes cultures et
des gros bovins et le " gel " d'une partie des terres par le
versement de subventions supplémentaires.
En 1996, le montant total
des subventions d'exploitations s'est accru de 2,7 milliards de francs par
rapport à 1995
.
Les taux unitaires de l'aide compensatrice aux céréales, de
l'aide au gel des terres et des aides à l'élevage n'ont pas
été revalorisés dans le cadre de la réforme. Par
ailleurs, le taux de gel des terres a été réduit, ce qui a
permis une augmentation substantielle des superficies cultivées.
Ainsi, les montants des subventions relatives aux céréales sont
globalement stables : plus un milliard au titre de l'aide compensatrice
(augmentation des superficies cultivées) et moins un milliard au titre
de l'aide au gel des terres (baisse des superficies
" gelées ").
En revanche, les subventions au secteur bovin ont sensiblement progressé
pour compenser les difficultés financières des éleveurs,
liées à la crise de l'ESB à partir du printemps 1996. A ce
titre, environ 1,6 milliard a été versé en 1996,
notamment sous la forme de compléments exceptionnels à la prime
au maintien du troupeau de vaches allaitantes et à la prime
spéciale aux bovins mâles.
Les indemnités spéciales de montagne et de piedmont (ISM et ISP)
ont fortement progressé en raison d'un complément exceptionnel
décidé en 1995 et versé en 1996 (+ 633 millions).
SUBVENTIONS D'EXPLOITATION REÇUES PAR LA BRANCHE " AGRICULTURE "
Valeur 1995
|
Valeur 1996
|
|
Aides nouvelles ou revalorisées par la réforme de la PAC |
39.847 |
41.852 |
- Aides compensatrices pour les céréales, oléagineux et protéagineux (1) |
27.266 |
28.450 |
- Aide au gel annuel des terres (2) |
4.606 |
3.690 |
- Aides à l'élevage nouvelles ou revalorisées (3) |
7.975 |
9.712 |
Autres subventions |
10.206 |
10.910 |
TOTAL |
50.053 |
52.762 |
(1) Aides compensatrices aux producteurs de graines
oléagineuses et de protéagineux (SIDO) + Aide compensatrice aux
producteurs de céréales (ONIC).
(2) Aide au gel des terres (ONIC) + aide à la jachère
industrielle (SIDO).
(3) Prime à la vache allaitante + Prime aux gros bovins (OFIVAL)
+ Prime à l'herbe (CNASEA).
L'examen détaillé du compte d'exploitation et du compte de
revenu
-
au niveau du compte d'exploitation
Outre la part importante des subventions, les prises en charge de cotisations
sociales par l'Etat passent de 600 millions à près de
1,2 milliard. De plus, aux exonérations et réductions de
cotisations de prestations familiales sur les bas salaires, s'ajoutent en 1996,
comme pour les autres activités, des exonérations au titre des
autres cotisations sociales sur les bas salaires.
Les salaires versés progressent de 2 %
(3 % de hausse
de taux de salaire horaire et diminution de 1 % du volume de travail
salarié).
Les cotisations sociales à la charge des employeurs
s'accroissent de 2,5 %.
Compte tenu des prises en charge par l'Etat,
comptabilisées dans le poste " Subventions ",
le montant
des cotisations supportées in fine par la branche agriculture diminue de
6 %.
Les impôts liés à la production
versés par la
branche agriculture
continuent de se réduire en 1996
(1,8 milliard au lieu de 2 milliards en 1995). Cette diminution de
200 millions s'explique par la suppression à partir de la campagne
1996-1997 de la taxe de solidarité au profit du BAPSA, qui était
prélevée sur les céréales, les oléagineux et
les betteraves industrielles.
En quelques années, la diminution des
impôts liés à la production a été
particulièrement importante
: au début des années
1990, ils s'élevaient à environ 8 milliards de francs ;
- au niveau du compte de revenu
Selon les sources du SCEES et de l'INSEE, pour la quatrième année
consécutive,
le montant des intérêts versés par
la branche agriculture se réduit en 1996
: - 3,2 %.
Cet allégement des charges financières de l'agriculture est la
conséquence directe de la baisse des taux d'intérêt des
prêts à moyen et long terme (bonifiés et non
bonifiés) et surtout de la réduction importante des taux à
court terme (5,8 % au lieu de 7,8 % en 1995).
Les cotisations sociales des exploitants augmentent à un rythme
relativement rapide en 1996 (+ 5,3 %).
En effet,
l'évolution de l'assiette, sur laquelle reposent les cotisations de
1996, intègre en partie les fortes augmentations du revenu en 1994 et
1995.
Le montant des impôts fonciers
sur les terres exploitées en
faire-valoir direct
continue à se réduire en 1996
(- 8 % par rapport à 1995) en raison notamment de la poursuite
du démantèlement de la part départementale de la taxe sur
le foncier non bâti. En 1996, les montants versés sont
inférieurs d'environ un tiers à ceux de 1990.
Les transferts courants divers versés passent de 123 millions en
1995 à 719 millions en 1996. Ils comprennent cette
année
:
- 419 millions de pénalités laitières,
versés en 1996 au titre du dépassement du quota laitier au cours
de la campagne 1995-1996 ;
- 300 millions de cotisations interprofessionnelles versées
par les producteurs des grandes cultures au profit des éleveurs de
bovins ; ces 300 millions sont également comptabilisés
dans le poste " transferts courants divers reçus ", en
ressources du compte de revenu de la branche.
3. La poursuite de la croissance soutenue de l'investissement agricole
La
Formation brute de capital fixe
(FBCF) de la
branche
agriculture retrace quatre types de dépenses d'investissement se
rapportant d'une part à des biens non agricoles, les matériels et
les bâtiments, et d'autre part à des biens produits par la branche
agricole elle-même, le bétail et les plantations.
Après avoir connu une chute très importante au début des
années 1990 (- 30 % entre 1990 et 1993), le volume des
investissements de la branche agricole s'est fortement redressé en 1994
(+ 11,3 %), puis plus modérément en 1995
(+ 7,2 %).
Il augmente encore en 1996 mais plus faiblement
(+ 2,5 %).
Les investissements en matériels, principal poste de la formation brute
de capital fixe, expliquent pour une large part cette évolution
.
Après une reprise spectaculaire en 1994 et 1995 (+ 13,2 % et
+ 12,8 %), le volume des achats de matériels ne progresse en
1996 que de 6,5 %.
Le rythme de progression du volume des investissements en
bâtiments
se ralentit
également (+ 5,2 %
en 1994, + 7,8 % en 1995, + 3,8 % en 1996) mais le niveau
ainsi atteint dépasse ceux du début des années 90,
qui étaient les plus élevés depuis 1980.
Ainsi,
la formation brute de capital fixe en biens non agricoles augmente de
5,6 % en 1996
.
FORMATION BRUTE DE CAPITAL FIXE DE LA BRANCHE AGRICULTURE
(en milliards de francs)
Valeurs à prix courants |
Taux de croissance à prix constants |
||
1996 |
96/95 en % |
96/95 en % |
|
FBCF en biens non agricoles
(1)
|
38,0
|
+ 6,8
|
+ 5,6
|
FBCF de la branche agriculture (1) + (2) |
41,0 |
+ 5,1 |
+ 2,5 |
B. ...QUI MARQUE DE FORTES DISPARITÉS
1. L'évolution sectorielle et géographique
a) L'évolution selon l'orientation des exploitations
L'indicateur principal de revenu utilisé dans les
comptes par catégories d'exploitations est le résultat brut
d'exploitation (RBE) dans l'optique des livraisons. Il diffère du revenu
brut agricole (RBA) issu des comptes nationaux par l'exclusion du
" hors
exploitations " et par quelques divergences méthodologiques.
Le RBE, toutes exploitations confondues, atteindrait 116,7 milliards de
francs en 1996, soit une baisse d'un peu plus de 3 % en valeur courante
par rapport à 1995
.
Compte tenu de la baisse globale du nombre d'exploitations, estimée
à 4 % (chiffre identique à celui de 1995), et d'une
augmentation du PIB de 1,6 %, le RBE moyen par exploitation serait en
baisse de 1 % en termes réels par rapport à celui de 1995.
Le tableau ci-après illustre la disparité des évolutions
selon les orientations (optique livraisons).
ÉVOLUTION DU REVENU BRUT MOYEN PAR EXPLOITATION
EN TERMES RÉELS (en % annuel)
CATÉGORIE |
1995/1994 |
1996/1995 |
Exploitations à temps complet |
11,3 |
2,1 |
Grandes cultures |
15,4 |
2,9 |
Maraîchage et fleurs |
1,2 |
9,2 |
Viticulture
|
26,4
|
-3,3
|
Arboriculture fruitière |
20,7 |
-2,6 |
Bovins
|
1,3
|
-4
|
Ovins et autres herbivores
|
-1,5
|
14
|
Hors sol |
23,5 |
28,1 |
Polyculture |
3,8 |
-4,7 |
Autres orientations mixtes |
9,9 |
2,7 |
Exploitations à temps partiel |
-1 |
-0,6 |
Ensemble des exploitations |
10,7 |
2 |
Ainsi, on peut constater :
Un résultat positif de + 2,9 % en grandes cultures
Malgré une forte progression de la récolte
céréalière, la valeur des livraisons de l'orientation
" grandes cultures " a progressé assez faiblement en termes
réels en 1996. Cette augmentation a été, en effet, plus
que compensée par le renchérissement des consommations
intermédiaires résultant de la hausse des prix des engrais ou des
produits pétroliers.
Par ailleurs, le taux des aides compensatrices communautaires
consécutives à la réforme de la PAC n'a pas
été revalorisé en 1996.
Au total, le revenu moyen en grandes cultures se monte à 2,9 % en
termes réels en 1997 grâce, en partie, à l'accroissement de
la dimension économique des exploitations. Le revenu moyen de
l'orientation " grandes cultures " a ainsi augmenté pendant
quatre années consécutives.
Une évolution favorable pour l'horticulture, mais une baisse du
revenu en arboriculture
Résumé en termes réels, le revenu moyen des exploitations
horticoles (maraîchage et cultures florales) a augmenté par
exploitation de 9,2 % en 1996.
Cette forte hausse de revenu horticole découle, pour l'essentiel, de
l'augmentation des prix des légumes. Celle-ci concerne un certain nombre
d'espèces légumières importantes telles que les carottes,
les endives, les salades et les tomates. D'autres, en revanche, ont connu des
conjonctures moins favorables, avec des baisses de prix importantes
(artichauts, asperges).
L'année 1996 est ainsi la quatrième
année consécutive d'augmentation du revenu horticole.
En ce qui concerne les fruits, les situations sont très diverses en
1996
. Globalement, si la valeur des livraisons de fruits augmente de
2 % en termes réels, le revenu de l'orientation
" arboriculture fruitière " diminue de 2,6 % en
1996.
Il faut toutefois noter que cette situation moyenne recouvre des
disparités importantes selon les espèces fruitières. Les
producteurs de pommes devraient enregistrer une évolution de revenu
positive grâce à une croissance des prix de plus de 10 %.
Malgré des prix en baisse, les producteurs de cerises ou d'abricots
devraient maintenir leur recette, compte tenu de la croissance des volumes. Les
producteurs de pêche, en revanche, cumulent baisse des volumes et baisse
des prix et leur revenu devrait chuter fortement. Ainsi, si la valeur
ajoutée par exploitation est en hausse, l'augmentation des charges et la
quasi-stabilité des subventions ne permettent pas une évolution
positive du résultat brut par exploitation.
Après deux années favorables, la viticulture connaît un
léger recul de son revenu
Le revenu moyen des exploitations viticoles
, toutes catégories de
producteurs confondus, est
en baisse de 3,3 % en termes réels en
1996
. Cette baisse est équivalente en viticulture courante et en
viticulture de qualité.
En
viticulture courante
, la valeur des livraisons baisse de près
de 2 % en termes réels. Cette baisse est toutefois due
exclusivement aux vins pour cognac dont le volume des livraisons diminue de
plus de 17 % en 1996. La baisse du revenu s'expliquant, pour l'essentiel,
par la réduction des livraisons, on a donc au sein de l'orientation
" viticulture courante " de fortes disparités
d'évolution.
En
viticulture de qualité
, la baisse de 3,2 % de la valeur
réelle des livraisons est due, pour les vins calmes de champagne comme
pour les autres AOC, à des volumes inférieurs à ceux de
1995. En valeur totale, les livraisons baissent de 2,6 % (- 6 %)
(pour les vins de champagne et - 2 % pour les autres AOC).
Les aides exceptionnelles ont limité les baisses de revenu en
élevage bovin à viande
En 1996, le revenu des éleveurs bovins a été fortement
affecté par la baisse moyenne de 12 % du prix de la viande bovine. A
cela, s'est ajouté un retournement du coût de l'alimentation
animale en hausse de plus de 3 % après la baisse ces
dernières années. Les aides exceptionnelles attribuées
pour compenser des effets de la " crise de la vache folle ",
réparties essentiellement en fonction de la production de viande, ont
plus bénéficié aux élevages à viande qu'aux
élevages laitiers. Certaines exploitations bovines ont également
bénéficié en 1996, pour les zones concernées, des
versements du complément aux indemnités compensatrices de
handicaps naturels décidés en 1995.
Toutes exploitations
bovines confondues, le revenu diminue de 4 % en 1996.
Les livraisons des exploitations laitières sont composées,
en moyenne, pour environ 70 % de lait et pour près de 25 % de
viande bovine. La légère baisse de la collecte laitière et
la stabilité du prix du lait a entraîné une baisse en
valeur réelle de 1,4 % des livraisons de lait, à laquelle
s'est ajoutée celle des livraisons de viande. L'incidence du repli des
livraisons sur le revenu de l'orientation laitière peut être
estimée à près de 10 % auxquels s'ajoutent pour un peu
plus de 3 % les effets du renchérissement des consommations
intermédiaires ainsi que l'augmentation des pénalités
laitières. L'augmentation tendancielle de la dimension économique
moyenne des exploitations limite la diminution du revenu moyen dans
l'orientation bovins lait à 8,1 % en termes réels.
Dans les exploitations spécialisées dans
l'élevage à viande
, dont les recettes sont assurées
à plus de 90 % par la viande bovine, l'incidence négative
sur le revenu de la baisse de la valeur des livraisons peut être
estimée à environ 15 %. Ces exploitations ont toutefois
bénéficié, pour l'essentiel, des mesures exceptionnelles
communautaires ou nationales : revalorisation des primes au maintien des
vaches allaitantes, prime spéciale aux bovins mâles, enveloppes
départementalisées. On peut estimer que l'augmentation des
subventions, d'environ 26 % par exploitation, reçues par
l'orientation " bovins viande " la perte de recettes
générée par la baisse des prix de la viande.
Au total,
le revenu moyen de l'élevage bovin à viande augmente de
6,5 % en 1996
.
L'évolution négative du revenu des exploitations bovines met
fin à une période d'amélioration tendancielle depuis le
milieu des années quatre-vingt.
Entre 1985 et 1995, les revenus des
élevages laitiers et à viandes ont augmenté respectivement
de 61 % et 85 % contre 43 % pour l'ensemble des exploitations
à temps complet. Le revenu moyen des élevages bovins à
viande demeure toutefois inférieur de plus de moitié à la
moyenne nationale.
L'élevage ovin a bénéficié d'une
conjoncture très favorable
La progression de la valeur des livraisons est la principale raison de la forte
progression du revenu des élevages ovins spécialisés qui
augmente en moyenne de 23 % en 1996.
La forte progression de 1996 permet la poursuite de la lente
amélioration tendancielle du revenu des producteurs ovins. Ces
exploitations ont bénéficié d'une hausse de 5,8 % en
volume et de 7,6 % des prix des livraisons.
Le niveau moyen du revenu
de ces exploitations demeure malgré tout inférieur de plus de 50
% à la moyenne nationale.
Une forte hausse de revenu en élevage hors sol malgré le
coût de l'alimentation
L'élevage hors sol
, qui regroupe les exploitations
spécialisées en élevage porcin et avicole,
connaît de nouveau en 1996 une forte progression de revenu
(+ 28,1 %).
Cette évolution positive
bénéficie aux élevages porcins comme aux élevages
avicoles, compte tenu des évolutions conjoncturelles dans ces deux
secteurs.
L'année 1996 marque ainsi la troisième hausse
consécutive du revenu en élevage hors sol
, mais après
une chute de 36 % en 1993. Le revenu moyen de cette orientation revient
donc seulement à son niveau de 1991. Bien qu'il reste supérieur
de près de 80 % à celui de l'ensemble des exploitations à
temps complet, sa position relative s'est considérablement
dégradée depuis une quinzaine d'années.
Ainsi, alors que le revenu moyen pour l'ensemble des exploitations à
temps complet enregistre une quasi stabilité, trois
catégories
d'exploitation obtiennent des résultats
très positifs en 1996 grâce essentiellement à une forte
progression des prix. Il s'agit de l'élevage hors sol
(+ 28,1 %), de l'élevage ovin (+ 23 %) et de
l'horticulture (+ 9,2 %).
b) L'évolution géographique
En 1996, le revenu moyen exprimé en termes
réels est en hausse dans une majorité de départements
.
Mais trente-neuf d'entre eux subissent une baisse, qui fait souvent suite
à une augmentation forte en 1995.
Contrairement à
l'année précédente, la valeur ajoutée diminue au
niveau national
, ce qui se constate également dans trois
départements sur quatre. Les subventions continuent à
s'accroître du fait des aides exceptionnelles accordées aux
éleveurs de bovins, mais à un rythme sensiblement
inférieur à celui des années passées.
L'évolution du revenu est positive dans la moitié des
départements de grandes cultures
. Ces situations
hétérogènes dépendent pour une large part des
évolutions du volume de la récolte
céréalière. Dans la Marne, l'amélioration des prix
du vin calme de champagne est à l'origine des bons résultats
obtenus.
La progression du revenu est générale et forte dans les
départements d'élevage laitier de Bretagne
, mais elle
s'explique par l'augmentation des prix du porc. La situation est
également favorable en Lorraine, du fait de l'accroissement des
livraisons végétales.
Dans les départements
d'élevage bovin viande
, le revenu est en recul dans l'Ouest. Les
évolutions sont, par contre, en général positives dans le
Massif central grâce à l'accroissement des subventions concernant
les zones défavorisées.
Les départements viticoles ou spécialisés dans la
production de fruits et de légumes connaissent
, à l'exception
de la Gironde, de l'Aude et de l'Hérault, de
fortes baisses de
revenu.
Celles-ci sont liées aux évolutions de prix des
produits concernés.
A moyen terme, la comparaison des deux dernières périodes
triennales (" 1992 " et " 1995 ")
montre que
le revenu
est orienté à la hausse pour pratiquement tous les
départements
. Des augmentations supérieures à la
moyenne nationale se rencontrent le plus fréquemment dans les zones
d'élevage laitier de l'Est et du Massif central.
2. La poursuite de la baisse du nombre d'exploitations et de leur agrandissement
a) La baisse progressive du nombre d'exploitation
Comme chaque année, la diminution du nombre
d'exploitations permet de majorer l'évolution du revenu moyen par
rapport à l'évolution observée dans l'ensemble de la
branche : un nombre toujours plus réduit d'exploitations se partage
un revenu global.
En 1996, le nombre d'exploitations agricoles a, de nouveau, baissé
puisqu'il est passé de 734.800 fin 1995 à 700.500, soit une
baisse de près de 5 %.
ÉVOLUTION DU NOMBRE D'EXPLOITATION AGRICOLES
b) Une forte augmentation de la surface moyenne exploitée
La conséquence la plus visible de ce mouvement de
concentration est la baisse du nombre de petites et moyennes exploitations.
Parallèlement, les terres libérées par les cessations
d'activité ont permis au tiers des exploitations en place de s'agrandir,
chacune ayant accru sa surface de près de 20 % -les agrandissements se
faisant surtout en fermage-.
Parallèlement, le mouvement de concentration des terres des
unités de grande dimension s'est accéléré, le quart
de la superficie agricole utilisée étant détenu par des
exploitations de plus de 150 hectares. Ainsi, 10 % des exploitations
cultivent 40 % de la SAU.
La taille moyenne des exploitations agricoles atteint 41,8 hectares
aujourd'hui.
Elle a doublé en vingt-cinq ans.
ÉVOLUTION DE LA SURFACE AGRICOLE MOYENNE D'UNE EXPLOITATION
C. LA DIMINUTION DU NOMBRE D'ACTIFS AGRICOLES
L'effectif d'actifs agricoles diminue plus rapidement que celui des exploitations : 1.506.000 en 1995, soit quatre fois moins qu'en 1955. En 1995, chaque exploitation comporte en moyenne deux actifs. Il y en avait 2,6 en 1955, sur des unités plus petites et moins mécanisées. Toutefois, la productivité du travail agricole s'est accrue : 5,3 actifs agricoles pour 100 hectares en 1995, trois fois moins qu'en 1955.
ÉVOLUTION DU NOMBRE D'ACTIFS AGRICOLES
(1) Chefs d'exploitation + aides familiaux + salariés permanents.
(2) Estimation
(3) Projection
Source : AGRESTE, recensements agricoles 1955, 1970, 1979 et enquêtes de
structures.
II. L'ACTION DU GOUVERNEMENT EN MATIÈRE AGRICOLE
A. LE SUIVI DE LA CRISE DE L'ESB
1. Le point sur la crise de l'ESB
Votre rapporteur pour avis pour avis ne souhaite pas revenir
en détail sur le déroulement de la crise de l'ESB. Tout au plus,
rappellera-t-il les principaux événements survenus depuis le mois
de décembre 1996 :
le
16 décembre 1996,
la Grande-Bretagne a annoncé un
abattage sélectif de bovins, soit environ
100.000 têtes ; le
11 février 1997
, une
étude du comité d'experts scientifiques britanniques a
confirmé les possibilités de transmission de la maladie de la
vache au veau ; le
26 février 1997
, rejet d'une
motion de censure du Parlement européen contre la Commission
européenne accusée de mauvaise gestion de la crise ; le
21 avril 1997
, publication du règlement (CE)
n° 820/97 du Conseil établissant un système
d'identification et d'enregistrement des bovins et relatif à
l'étiquetage de la viande bovine et des produits à base de viande
bovine ; le
28 mai 1997
, le parquet de Paris ouvre une
information judiciaire contre X dans l'affaire de la vache folle ; depuis le
1er juin 1997
, l'étiquetage de la viande est rendu
obligatoire en France ; le
4 juin 1997
, les
États-Unis interdisent, pour l'alimentation du bétail, les
protéines animales provenant de mammifères autres que le porc et
le cheval ; le
18 juin 1997
, la Commission
européenne a formule une série de propositions visant à
accroître la protection contre l'ESB en préconisant l'interdiction
des " naturels à risques spécifiés " bovins,
ovins et caprins dans les chaînes alimentaires humaine et animale ;
le
2 juillet 1997
, la Commission européenne
dévoile que l'embargo frappant les exportations de viande bovine
britannique a été violé, plus de 1.000 tonnes de produits
étant concernés.
Le rapport n° 88 (1996-1997) présenté au nom de la
Commission des Affaires économiques et du Plan sur le projet de loi de
finances pour 1997
1(
*
)
, les conclusions de la
commission temporaire d'enquête en matière d'ESB
2(
*
)
et celles de la mission d'information commune sur
l'ensemble des problèmes posés par le développement de
l'épidémie d'ESB
3(
*
)
font, par
ailleurs, une analyse détaillée des dysfonctionnements entre les
institutions communautaires, d'une part, et des dysfonctionnements entre les
Etats membres et les institutions communautaires, d'autre part.
On peut ainsi estimer que les dysfonctionnements entre les institutions
communautaires sont survenus dans deux domaines : le processus de
décision et l'engagement des responsabilités. Quant aux
dysfonctionnements entre les Etats membres et les institutions communautaires,
ils se sont manifestés par des contradictions entre les mesures
nationales et les mesures communautaires et par l'opposition britannique
à la décision d'embargo.
2. Les conséquences de la crise
La crise de la vache folle a eu d'importantes
conséquences.
Le vote d'une motion de censure avec sursis par le Parlement européen le
19 février 1997 contre la Commission européenne a
été un événement institutionnel. Ce sursis, qui
s'achèvera à la fin de l'année 1997, exige de la part de
la Commission certaines réformes dont certaines ont été
déjà prises (étiquetage de la viande bovine) et d'autres
sont en cours (restructuration des services de la Commission...).
Il est important de préciser qu'en vertu d'un accord interprofessionnel
conclu en février 1997 et aussitôt étendu par les pouvoirs
publics, l'étiquetage de la viande bovine doit nécessairement
préciser, depuis le 1er octobre, l'origine nationale de l'animal
(si tant est qu'il soit né, ait été élevé et
abattu dans le même pays) et, s'il est d'origine française, sa
catégorie (jeune bovin, boeuf, taureau, génisse, jeune vache,
vache adulte : plus de 5 ans) et son type racial (laitier, mixte, à
viande). A défaut d'attestation de l'origine nationale de la viande,
l'étiquette devra indiquer "
origine : non
renseigné "
. Initialement, l'accord interprofessionnel avait
retenu la mention "
origine indéterminée "
, mais
celle-ci avait suscité de vives réticences à Bruxelles
où l'on craignait une tentative de dénigrement des viandes non
françaises. Les nouvelles informations sur l'origine, la
catégorie et le type racial compléteront les obligations
réglementaires déjà en vigueur (nom du morceau, poids,
prix, date d'emballage).
Sur le plan agro-alimentaire, l'industrie de la viande, confrontée
à une crise sans précédent, a -en partie grâce aux
soutiens publics- amorti le choc. Mais un véritable bouleversement est
en cours.
La qualité et la traçabilité constituent les
deux axes fondamentaux de cette nouvelle politique.
B. DE NOTABLES AVANCÉES
1. Le bilan de la loi n° 96-588 du 1er juillet 1996 sur la loyauté et l'équilibre des relations commerciales.
Durant ces derniers mois, on a pu assister, d'une part,
à un durcissement de la réglementation et, d'autre part, à
un renforcement du dialogue entre producteurs et le secteur de la distribution.
Les principaux points de la réforme de 1996 ont concerné, en
matière agricole, la simplification de la facturation, l'interdiction de
pratiquer la revente à perte et les prix abusivement bas ainsi que la
suppression du refus de vente.
Parallèlement au renforcement de la législation, distributeurs et
producteurs ont maintenu et parfois même accentué le dialogue. Des
partenariats se sont multipliés entre groupements de producteurs et
grandes surfaces, portant souvent sur des volumes modestes mais des produits de
qualité.
Si cette nouvelle législation a eu des effets sur les prix, notamment
dans le secteur des fruits et légumes, en déplaçant la
bataille des distributeurs sur le terrain de la qualité, les pratiques
de prix abusivement bas sont encore courantes.
Votre rapporteur pour avis tient à souligner l'importance du suivi de la
mise en oeuvre de cette réforme afin que celle-ci ne se retourne pas
contre les producteurs. Les pratiques qui ont resurgi lors de la période
de froid de l'hiver dernier, les événements survenus encore
récemment et certaines informations statistiques en matière de
prix conforment l'idée selon laquelle le rééquilibrage des
relations entre GMS et producteurs est une longue bataille dont l'issue est
souvent loin d'être favorable au secteur de la production.
2. La loi relative à l'équarrissage
Examinée tout d'abord par l'Assemblée nationale
puis au Sénat le 16 décembre 1996 et ayant donné lieu
à une commission mixte paritaire dont les conclusions ont
été adoptées le 20 décembre 1996, cette loi,
sur laquelle la procédure d'urgence avait d'ailleurs été
déclarée, a été publiée le
26 décembre 1996 pur une application au
1er janvier 1997.
Avec la parution de quatre décrets et d'un arrêté
interministériel, on peu considérer cette loi comme
entière applicable.
La rapidité dans la publication des différents textes
d'application n'est guère surprenante en raison des problèmes
rencontrés sur le terrain : l'absence dans certains endroits du
ramassage des cadavres d'animaux, la multiplication des stocks de farines dites
à haut risque et les difficultés à trouver les
financements appropriés exigeaient de parvenir rapidement à des
solutions concrètes. La crise de l'encéphalopathie spongiforme
bovine a en effet nécessité une gestion beaucoup plus rigoureuse
dans l'élimination des cadavres d'animaux et le traitement des
déchets d'abattoirs. Ainsi pour des raisons de sécurité et
de salubrité publique mais aussi l'exigence du financement du service
d'utilité publique de l'équarrissage ont permis la publication de
l'ensemble des textes d'application de ce texte.
a) Des changements majeurs par rapport à la loi de 1975
La nouvelle loi limite le champ d'application du service
public de l'équarrissage à la collecte et l'élimination
des cadavres d'animaux ainsi que celles des viandes et abats saisis à
l'abattoir reconnus impropres à la consommation humaine ou animale.
L'élimination des déchets d'origine animale provenant d'abattoirs
ou d'établissements de transformation ne relève plus du service
public d'équarrissage. Si leur élimination demeure sous
l'entière responsabilité de ces abattoirs et
établissements, elle doit cependant être confiée à
un établissement agréé pour cette activité.
Le financement du service public d'équarrissage est assuré par
un fonds géré par le CNSAEA et alimenté par une taxe
acquittée par toute personne qui réalise des vente au
détail de viandes et produits à base de viande.
Les entreprises dont le chiffre d'affaires est inférieur à
2,5 millions de francs hors taxes sont exonérées de la taxe.
La taxe, assise sur la valeur hors TVA des achats de viande, est limitée
à 0,6 % maximum du montant des achats lorsque ce montant mensuel
est compris entre 0 et 125.000 francs, et 1 % au delà de
125.000 francs. La taxe n'est pas due lorsque le montant mensuel des
achats est inférieur à 20.000 francs.
L'exécution du service public d'équarrissage, aux termes du
décret 96-1229 du 27 décembre 1996, est
confiée aux préfets qui sont chargés dans chaque
département de passer les marchés nécessaires.
En cas de non respect des délais d'enlèvement par l'entreprise
titulaire du marché de la collecte, les maires sont chargés de
mettre en demeure l'entreprise titulaire d'enlever le cadavre, et d'en avertir
le Préfet.
b) La mise en oeuvre de cette nouvelle réglementation
Les produits de la taxe sur les achats de viande
encaissés par le comptable du Centre national pour l'Aménagement
des structures des Exploitations Agricoles (CNASEA) pour le financement du
service public de l'équarrissage
s'élèvent à
273 MF au 18 août 1997
. D'ores et déjà,
il est possible d'indiquer que le rendement évalué par les
services statistiques à 700 MF ne sera pas atteint cette
année.
La détermination du rendement annuel de cette taxe est difficile
à réaliser en 1997, car les versements actuels constituent encore
des rattrapages, l'instruction relative au paiement de cette taxe
n'étant parue qu'au mois d'avril dernier.
Une estimation devrait conduire à une rentrée inférieure
à 500 MF pour l'année en cours. Les produits
recouvrés sont affectés dans un fonds rattaché au CNASEA
qui le gère dans un budget annexe. Il n'y aurait donc pas de risque
d'utilisation irrégulière et toutes les dépenses iraient
bien trait au service public de l'équarrissage.
L'application extrêmement rapide de cette loi n'est pas cependant
sans poser de problèmes. Le rapport n° 131 (1996-1997) de
M. Roger Rigaudière avait d'ailleurs souligné les
difficultés d'interprétation suscitées par ce texte de loi
notamment au regard à la fois de la composition des produits
visés dans l'article 1er de la loi précitée ainsi que
de la nature des personnes assujetties au paiement de la taxe instaurée
par l'article 302 bis Z du code général des impôts.
Ces difficultés d'interprétation ont donné lieu
à de nombreuses questions de la part des parlementaires qui, à ce
jour, n'ont pas obtenu de réponse
.
De plus, les représentants des commerçants et artisans qui
réalisent un chiffre d'affaires inférieur à 5 MF sont
obligés de tenir une comptabilité d'engagement pour le versement
de la taxe sur les achats de viande, alors qu'ils n'y sont pas tenus de par
leur statut. D'autre part, le tri entre les produits assujettis à la
taxe et les autres peut, de même, expliquer des retards dans le versement
de la taxe.
Par ailleurs, il serait intéressant de vérifier que la
distribution n'a pas répercuté la taxe d'équarrissage sur
les producteurs à l'occasion de la négociation des contrats
commerciaux.
Votre rapporteur pour avis pour avis rappelle que l'article 3 de la loi
prévoit à la fin de l'année 1997 un bilan sur le
fonctionnement de la première année du service d'utilité
publique de l'équarrissage.
C. D'IMPORTANTS CHANTIERS LÉGISLATIFS INTERROMPUS
La dissolution de l'Assemblée nationale et le changement de majorité parlementaire qui en a résulté ont interrompu un grand nombre de réformes en cours. Votre rapporteur pour avis pour avis souhaite néanmoins aborder ces projets de réforme, d'autant plus que M. Louis Le Pensec, ministre de l'Agriculture et de la Pêche, a déclaré souhaiter poursuivre ces différents chantiers, tout en les aménageant.
1. Le texte sur la qualité sanitaire des denrées destinées à l'alimentation humaine ou animale
Adopté par l'Assemblée nationale les 18 et 19
février dernier, la Commission des Affaires économiques et du
Plan a proposé l'adoption de ce projet de loi, le
26 mars 1997
4(
*
)
, après l'avoir
quelque peu modifié. La dissolution de l'Assemblée nationale a
suspendu l'examen de ce texte par le Sénat.
Votre rapporteur pour avis pour avis tient à en rappeler les grandes
lignes.
Ce projet de loi était relatif à la qualité et la
salubrité des denrées destinées à l'alimentation
humaine ou animale. Ces notions de qualité et de salubrité ne
concernent ni la loyauté des transactions, qui relève du code de
la consommation, ni les garanties officielles de qualité et d'origine,
inscrites dans le projet de loi de codification du livre VI (nouveau) du code
rural. Elles recouvrent, en fait, toutes les caractéristiques, tant
physiques qu'organaleptiques, qui permettent d'assurer la
sécurité alimentaire des consommateurs.
Ce texte, conçu avant le déclenchement de la crise de
l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), intéressait ainsi
l'ensemble de la chaîne alimentaire et portait sur tous les produits
destinés à l'alimentation humaine ou animale, qu'ils soient
d'origine animale ou végétale.
Parce que la qualité sanitaire de notre alimentation est d'ores et
déjà reconnue, la France est, aujourd'hui, capable d'exporter ses
produits dans le monde entier.
Pour autant, c'est un domaine dans lequel
s'impose une vigilance permanente, les filières étant de plus en
plus longues, la circulation des produits s'effectuant à un rythme
toujours plus rapide et leur hétérogénéité
s'accentuant. Ainsi l'hygiène est l'affaire de tous : des pouvoirs
publics, qui doivent contrôler les produits et les
opérateurs ; mais aussi des professionnels, qui doivent être
responsabilisés et placer l'hygiène en tête de leurs
priorités.
Or, le dispositif législatif actuel ne permet pas une approche globale
et coordonnée dans ce domaine. Par exemple, le contrôle de la
qualité et de la salubrité alimentaire relève du code
rural pour les produits animaux et du code de la consommation pour les produits
végétaux, l'utilisation de médicaments
vétérinaires du code de la santé publique, celle des
matières fertilisantes de la loi du 13 juillet 1979.
Afin d'assurer cette sécurité alimentaire et de donner des
moyens d'action supplémentaires pour intervenir encore plus rapidement
en cas de risque, ce texte tendait d'abord à mettre en place un
dispositif de contrôle unifié, cohérent et plus
opérationnel. Il mettait en place, ensuite, un dispositif de
contrôle de l'hygiène proprement dit par des mécanismes
plus efficaces et mieux coordonnés en amont de la production, ainsi
qu'à l'entrée de nos frontières.
2. Le projet de loi d'orientation pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt
Le projet de loi soumis déposé au Sénat
le 6 mai 1997 avait pour ambition de doter l'agriculture française pour
les vingt prochaines années des instruments appropriés
pour
répondre aux défis du XXIème
siècle en
établissant un nouveau "
pacte entre la Nation et ses
paysans
".
Ce projet de loi, annoncé par le Président de la
République, lors du cinquantenaire de la FNSEA au mois de
mars 1996, a fait l'objet d'une longue période d'élaboration
en concertation étroite avec l'ensemble des professionnels et de
nombreux experts.
Ce texte d'orientation, que votre rapporteur pour avis considérait
comme très ambitieux, s'inscrit dans la longue tradition des lois
agricoles.
Au lendemain de l'après-guerre, l'impératif de reconstruction et
de modernisation de l'économie s'est traduit en agriculture par
les
lois de 1960 et 1962
dont la force est d'avoir su s'ouvrir
des perspectives, d'avoir tracé les lignes directrices qui ont permis la
formidable modernisation et le large développement, notamment à
l'exportation, de notre secteur agricole et alimentaire.
Les grands défis étaient alors pour l'agriculture de couvrir les
besoins alimentaires de l'Europe en développant sa capacité de
production.
La mobilisation de toutes les ressources disponibles, l'entrée de la
France dans le marché commun avec la construction de la politique
agricole commune et les politiques d'accompagnement des pouvoirs publics
ont
permis d'atteindre ces objectifs.
Alors que les lois d'orientation de 1960 et 1962 étaient imposées
par la volonté de rénover les structures de production, en sorte
que les exploitants parviennent à une parité de revenus et de
conditions de vie avec les autres catégories professionnelles,
la loi
d'orientation agricole du 4 juillet 1980
, par delà les
dispositions juridiques qu'elle comportait,
était animée par
la volonté de promouvoir une revalorisation du revenu des exploitants,
tout en permettant à l'agriculture, d'une part, de renforcer sa
contribution au développement économique du pays et, d'autre
part, de relever le défi de la productivité lancé par
certains partenaires européens.
Ont succédé à cette dernière loi d'orientation
agricole un grand nombre de textes agricoles dont notamment la loi de 1982 sur
les offices d'intervention, celle de 1984 sur les structures d'exploitations,
celle de 1985 sur l'aménagement foncier rural, les textes de 1988 et
1990 portant adaptation des exploitations agricoles, ceux de 1991 et 1994 et
enfin
la
loi n° 95-95 du 1er février 1995
de modernisation de l'agriculture.
A ce stade de la réflexion, votre rapporteur pour avis souhaite se
féliciter de la diligence dont a fait preuve le précédent
Gouvernement dans l'application de la loi de modernisation de 1995
.
Publiée le 1er février 1995, le texte de loi ne
comptait pas moins d'une quarantaine de décrets. Dès le mois de
juillet 1995, une dizaine de textes d'application ont été
pris dans des domaines importants, constituant l'axe central de cette
réforme : programmes pour l'installation des jeunes en agriculture
et le développement des initiatives locales, pré-retraite, mise
en place des commissions départementales d'orientation agricole,
fonctionnement -parfois difficile- du fonds de gestion de l'espace rural,
déduction du revenu implicite du capital foncier de l'assiette des
cotisations sociales agricoles et signature de la charte nationale de
l'installation...
Tout au plus, peut-on constater, à regret, le
retard croissant mis par le Gouvernement à déposer sur le Bureau
des Assemblées les rapports expressément prévus par la
loi
.
Votre rapporteur pour avis se félicite de la volonté
affichée par le Gouvernement d'élaborer un projet de loi
d'orientation agricole. Sept thèmes feront l'objet de
réunions de travail.
Premier d'entre eux : "
l'équilibre du territoire et le contrat
de développement durable
". Viennent ensuite "
le
contrôle des structures
" puis "
l'organisation
économique
", "
la gestion des signes de
qualité
", "
la structure des
exploitations
",
"
la promotion des produits
" et enfin
"
l'enseignement, la recherche et le développement "
.
M. Louis Le Pensec a, d'ailleurs, indiqué que la France devait
"
replacer le territoire au coeur de la politique
agricole
".
Votre rapporteur pour avis, tout en approuvant cet objectif, souligne que le
projet de loi d'orientation doit se décliner autour de trois axes qui
correspondent aux trois fonctions de l'agriculture
: la fonction sociale
(les hommes), la fonction économique (les produits) et la fonction
territoriale (les territoires). Sans avoir besoin d'être
hiérarchisées, ces trois fonctions se complètent et
concernent, à des degrés différents, tous les
agriculteurs. C'est l'idée même de la multifonctionnalité
de l'agriculture.
3. Les conclusions de la commission des affaires sociales sur la proposition de loi relative à la sécurité alimentaire des produits alimentaires
La proposition de loi présentée par
MM. Charles Descours, Claude Huriet et plusieurs de leurs collègues
avait pour objet de donner un prolongement législatif aux conclusions de
la mission d'information de la commission des affaires sociales
consacrées aux conditions du renforcement de la veille sanitaire et du
contrôle de la sécurité sanitaire des produits
destinés à l'homme
5(
*
)
.
L'état des lieux réalisé par la mission d'information de
la commission des affaires sociales a montré que " la
multiplication des structures, la confusion des missions de contrôle et
de gestion, la complexité de l'organisation, l'insuffisance de la
réglementation et la dispersion des travaux nuisent à
l'efficacité de l'organisation de sécurité et de veille
sanitaire en France
6(
*
)
".
Au terme de ce constat, la commission des affaires sociales a formulé
des conclusions destinées à réformer l'action de l'Etat en
matière sanitaire.
Cette réforme, qui présente selon votre rapporteur pour avis,
un caractère d'urgence a pour ambition d'améliorer les structures
administratives
chargées du contrôle des produits et de la
veille sanitaire et de leur donner les moyens législatifs d'assumer
pleinement leur mission,
afin que la sécurité sanitaire soit
mieux garantie.
Répondant à un souci d'exhaustivité en matière de
sécurité sanitaire (évaluation des actes et des pratiques,
contrôle des produits et veille sanitaire)
votre commission s'est
félicitée que la réforme proposée ne vise pas
à faire table rase de l'existant, mais utilise les compétences et
les structures actuelles des administrations sanitaires et se fonde sur la
législation en vigueur afin d'en accroître les performances.
Votre commission a considéré que la création d'un
système de contrôle identique pour le médicament et pour
les produits alimentaires aurait conduit à un inévitable
échec : l'histoire différente de ces deux catégories de
produits et leur spécificité tant dans leur finalité que
dans leur production et les techniques de contrôle rendent
nécessaire de distinguer les produits de santé des produits
alimentaires.
Ainsi, les conclusions du Sénat sur la proposition de loi
prévoient-elles la création de quatre organismes. Tout d'abord,
un Institut de veille sanitaire, une Agence de sécurité sanitaire
des produits de santé et un Conseil national de sécurité
sanitaire. Le titre III de cette proposition a institué une Agence
de sécurité alimentaire des aliments. Cet établissement
public sera placé sous la tutelle des ministres chargés de la
santé, de l'agriculture et de la consommation. Cette agence aura pour
mission, conformément aux termes de l'exposé des motifs de la
proposition de loi, d'évaluer les risques sanitaires des produits
alimentaires depuis la production des matières premières
jusqu'à leur distribution au consommateur final.
Votre commission a émis au mois de septembre un avis favorable
à l'adoption des conclusions de la commission des affaires sociales du
Sénat qui les a adoptées le 25 septembre dernier.
III. UN ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL ET COMMUNAUTAIRE EN PLEINE MUTATION
A. LA PAC AU MILIEU DU GUÉ
1. La réforme de 1992 : une réforme inachevée
Votre rapporteur pour avis pour avis ne souhaite pas
reprendre
le bilan de la réforme de 1992, cette analyse ayant été
effectuée l'année passée lors de l'examen du projet de loi
de finances pour 1997.
Néanmoins, il lui semble important d'évoquer un certain nombre de
dossiers qui s'avèrent préoccupants.
a) Un constat en apparence paradoxal : une reconquête indéniable mais fragile du marché de l'alimentation animale et un déficit en protéines
Les matières riches en protéines (MRP) sont
utilisées pour compléter une alimentation de base
(céréales et fourrages dans le cas des bovins) qui satisfait les
besoins en énergie, mais qui est souvent
déséquilibrée en protéines. Elles peuvent
être d'origine animale (farines de poisson et de viandes) ou
végétale (tourteaux de soja, de colza, de tournesol, " corn
gluten " feed, protéagineux).
Une reconquête quantitative réussie
EVOLUTION DES IMPORTATIONS DE PRODUITS DE SUBSTITUTION DES
CEREALES PAR L'UNION EUROPEENNE
(Maroc, Corn Gluten Feed et Tourteaux de
maïs)
En volume, l'alimentation animale est devenue le premier débouché
des céréales.
Le taux d'incorporation pour l'ensemble de l'Union européenne est de
37 %, alors qu'il était à 15 % au tout début des
années 1990. La France fait figure de bon élève,
puisque son taux est de 44 %
Trois campagnes après l'application de la réforme de la PAC, la
reconquête du marché intérieur de l'alimentation animale de
l'Union par les céréales est indéniable. Les consommations
d'oléagineux et de produits de substitution pour l'alimentation animale
reculent et celles des céréales ont augmenté de
10 millions de tonnes.
Une reconquête fragile : un déficit croissant en
protéines
Cette reconquête est, en effet, confrontée à des
évolutions préoccupantes :
-
le déficit en protéines a tendance à
augmenter.
Ce retournement tient à deux facteurs : tout d'abord,
à l'augmentation régulière de 3 % par an de la
demande européenne, puis à la quasi-stagnation, voire à la
diminution progressive de la production européenne de protéines
végétales ;
-
le déséquilibre du marché mondial
s'accroît
. En effet, le marché des protéines
connaît, depuis 20 ans, un rythme de croissance de l'ordre de
3 % par an. Ainsi, le spectre d'une pénurie mondiale en
protéines végétales n'est pas écarté et ce
d'autant plus que les cours des différentes matières
premières sont à la hausse. Les aliments sont, en effet, plus
chers qu'avant la réforme, alors qu'il était prévu de
réduire de 20 % le prix des matières premières et de
15 % le prix des aliments.
Ainsi les prix, du fait du tourteau de soja et de la hausse du dollar, ont
augmenté de plus de 10 % entre 1995 et 1996.
PROVENANCE DES MATIÈRES RICHES EN
PROTÉINES
CONSOMMÉES EN EUROPE
(Chiffres en noir = en
provenance du reste du monde)
(Chiffres en blanc = en provenance de l'Union européenne)
Dans un tel contexte, l'Union européenne se doit de répondre aux
attentes des consommateurs européens en matière de
sécurité alimentaire, en préservant un taux de couverture
minimum en protéines végétales de l'Union
européenne, en amortissant les conséquences de la crise bovine,
en renforçant l'équilibre des grandes cultures et en contribuant
à l'aménagement du territoire et au maintien du tissu rural.
b) La poursuite de la réforme des OCM
La politique agricole commune, au travers des organisations
communes de marché, reste un des leviers majeurs de l'évolution
de l'agriculture française.
Plusieurs raisons sont invoquées par les instances européennes
pour justifier la réforme des OCM, telles que l'adaptation aux nouveaux
enjeux du marché, l'importance des fraudes et des abus, notamment dans
le secteur des fruits et légumes et de l'huile d'olive. Ainsi pour 1996,
les fraudes ont été estimées à 1,6 % du budget
européen, soit 1,3 milliards d'écus. Une autre cause, plus
rarement évoquée, est la volonté de maîtriser
véritablement les dépenses communautaires.
Les OCM en cours de réforme
-
La réforme des OCM du tabac, de l'huile d'olive et du lin
textile ne sont pas achevées.
Les OCM ont déjà donné lieu à de nombreux
échanges au sein des instances communautaires. Certains professionnels
restent très méfiants sur ces réformes, notamment sur les
propositions relatives à l'OCM " Huile d'olive ".
En ce qui concerne la réforme de l'OCM tabac
, il semblerait que
le nouveau projet de réforme maintienne les principes de l'OCM actuelle,
lui attribue la même enveloppe budgétaire et des quotas de
production identiques, mais avec un niveau des primes allouées non
à la surface mais au kilogramme produit.
Le projet de réforme de l'OCM " Huile d'olive "
suscite
plus de polémiques dans l'état actuel du dossier. Outre la
volonté d'instaurer une réelle transparence, deux
possibilités sont envisagées : soit le maintien du
régime actuel et l'instauration de limites nationales de production,
soit la mise en oeuvre d'une aide boisée sur le nombre d'oliviers.
L'entrée en vigueur de ces nouveaux régimes devraient s'effectuer
à partir de la campagne 1998/1999.
- La réforme de l'OCM vitivinicole est toujours en attente.
C'est en juillet 1993 que la Commission a présenté au Conseil un
document de réflexion sur " l'évolution et l'avenir de la
politique vitivinicole " qui devait servir de base à la proposition
de règlement portant réforme de l'OCM, soumise au Conseil en
juin 1994 et que le Gouvernement n'a transmis au Parlement qu'en avril
1995.
La France est résolue à ce que cette réforme aboutisse.
C'est pourquoi en juin 1995, afin de dessiner le cadre dans lequel la
réforme doit s'inscrire et dans le fil de la résolution
adoptée le 29 juin 1995, par le Sénat, sur le rapport
de votre commission, le ministre de l'agriculture avait présenté
lors du Conseil des ministres à Bruxelles, les grandes orientations qui
devraient présider à la réforme de l'OCM :
- la responsabilisation des pays producteurs vis-à-vis de leurs
excédents (c'est-à-dire la non mutualisation des
excédents) ;
- l'adaptation régionale des mesures structurelles afin d'offre
à chaque vignoble, selon ses spécificités, les outils
nécessaires à l'ajustement de sa production au
marché ;
- le renforcement des moyens communautaires de contrôle pour
parvenir à une application homogène de la réglementation
dans tous les États membres.
Parallèlement, sans pour autant renoncer à une réforme
complète, le ministre de l'agriculture et de la pêche avait
insisté sur la nécessité de remettre en place très
rapidement, au plan communautaire, une politique structurelle cohérente
-notamment d'aide au réencépagement- abandonnée depuis
deux ans dans l'attente de la réforme de l'OCM.
Les discussions sous présidence italienne avaient montré que le
projet de la Commission, axé sur la diminution du potentiel de
production communautaire pour éliminer des excédents structurels
importants, devait être reconsidéré à la
lumière de l'évolution du marché vitivinicole. Il
était nécessaire de tenir compte des besoins spécifiques
des différentes aires de production dans la Communauté afin de
sauvegarder et promouvoir la qualité et la compétitivité
de la production communautaire face à une concurrence de plus en plus
vive des pays tiers producteurs et une demande de plus en plus exigeante des
consommateurs.
Ces réflexions ont abouti à modifier positivement, dans le cadre
du paquet-prix 1996/1997, les règles communautaires relatives aux
plantations et à l'arrachage de vignes dans le sens d'une plus grande
souplesse et d'une meilleure prise en compte des contraintes et des exigences
économiques des différents bassins de production.
La nécessité d'une réforme de l'actuelle OCM demeure,
ne serait-ce que pour remettre en place au plan communautaire une politique
structurelle cohérente
-notamment d'aide au
réencépagement- abandonnée depuis trois ans.
Rappelons, pour mémoire, que les dépenses communautaires pour
le vin de table devraient représenter 2,2 % du Feoga en 1997
.
Des OCM " à refondre "
A côté de ces secteurs restant à réformer, des
décisions nouvelles s'imposent pour certaines productions. Le premier
d'entre eux est, bien sûr,
celui de la viande bovine
où la
crise de l'ESB a complètement bouleversé les données du
marché et nécessite l'adaptation des mécanismes de
soutien, d'intervention et de commercialisation.
Par ailleurs, un large débat doit avoir lieu autour du devenir du
système des quotas laitiers
. Si celui-ci a globalement bien
fonctionné jusqu'à présent, il paraît aujourd'hui
confronté à des limites tenant à la stagnation de la
demande, à la progression continue des rendements et aux contraintes du
GATT.
Lors de la campagne 1995/1996, le quota global de l'Union européenne
à 15 s'établissait à 117,4 millions de tonnes
de lait, pour une production mondiale d'environ 525 millions de
tonnes soit 22 % de la production mondiale. Malgré le
prélèvement d'une pénalité importante auprès
des producteurs en dépassement de leur référence, le
volume total de dépassement atteint pour l'Union 1,12 million de
tonnes en 1996.
Cette forte progression de la collecte intervient dans un contexte devenu
difficile, les débouchés intérieurs se trouvant
limités. D'où les actuelles tensions ressenties sur les
marchés et une pression accrue à la baisse des prix.
Enfin, un grand nombre d'intervenants, tant parmi les pouvoirs publics
européens et nationaux que chez les professionnels, reconnaissent qu'un
examen
des modalités actuelles et des évolutions
souhaitables du régime de soutien
aux cultures arables est devenu
indispensable
.
La Commission européenne a, sur cet "
exercice de mise à
jour et d'amélioration des mécanismes de la PAC "
présenté un document sur les perspectives à long terme
des marchés de la viande, des céréales et du lait. Le
message délivré par la Commission est que des excédents de
céréales, de blé surtout, et de viande bovine viendront
encombrer les stocks de la Communauté d'ici 2005 si les
mécanismes de la PAC ne sont pas refermés prochainement pour
freiner la production.
Si votre
rapporteur pour avis considère
l'adaptation de la PAC
comme nécessaire, il souhaite que celle-ci ne s'effectue pas dans la
précipitation et que, notamment, soient réaffirmées
à la fois la vocation exportatrice de la Communauté et la notion
de préférence communautaire, souvent négligée ces
derniers temps.
c) Une vocation exportatrice à renforcer
Jusqu'en 1995, la reconquête du marché
intérieur couplée à la maîtrise de la production a
entraîné de la part des instances communautaires une restriction
des importations : ainsi la campagne 1994/1995 a-t-elle été
gérée au détriment des exportations. Si l'année
1996 a permis quelques opportunités, la Commission réduit
à nouveau les restitutions à l'exportation invoquant les risques
de surproduction.
La pratique systématique des baisses homogènes,
linéaires et non négociées des restitutions par la
Commission ne doit pas être l'unique instrument d'ajustement et de
gestion des demandes de certificats
.
Par ailleurs, ces baisses systématiques et souvent mal calculées
des taux de restitution vont à l'encontre du maintien de courants
d'exportations réguliers et durables avec nos partenaires commerciaux
traditionnels et sont contraires à une politique d'exportation dynamique
et construite sur des bases solides.
A force de contrarier cette vocation exportatrice de l'agriculture
française et européenne ne risque-t-on pas de perdre des
marchés mondiaux ? La relance de l'exportation hors Union
européenne est pourtant une nécessité.
En raison du contexte international, l'agriculture européenne se trouve
face à des opportunités importantes de débouchés
supplémentaires. Cependant, ses concurrents sont nombreux dans le monde
et travaillent souvent à des coûts de production
inférieurs. Si l'agriculture européenne veut capter une fraction
de ces nouveaux débouchés, elle doit tenir compte, dans
l'orientation de ses productions, de ces objectifs à l'exportation.
Ainsi, l'élaboration de stratégies
" agro-exportatrices " ne doit pas être freinée en
permanence par une gestion contestable des restitutions qui conduit, à
certaines périodes, à ne pas remplir le " quota "
d'exportations autorisées dans le cadre du GATT.
C'est pourquoi, votre rapporteur pour avis soutient le Gouvernement
français qui a, dès 1996, demandé la mise en place d'une
véritable politique de gestion des restitutions, basée
:
- sur un meilleur ciblage des restitutions selon les destinations et les
produits (jugés prioritaires ou non) ;
- sur le principe du partage équitable des efforts entre les
différents pays exportateurs concernés ;
- sur une gestion plus stricte des certificats, afin de dissuader les
spéculateurs (augmentation des cautions liées aux certificats,
limitation de la cessibilité des certificats, réduction d'une
durée de validité des certificats), ceci ne devant pas aboutir
à des lourdeurs administratives dissuasives de toute exportation ;
- sur une plus grande transparence de la Commission concernant les
quantités de certificats délivrés et les montants de
restitutions préfixées par produit.
d) La réaffirmation de la préférence communautaire
La notion de " préférence
communautaire " a été dénaturée
- Par le mécanisme des droits fixes instauré par l'OMC
Il est certain que, depuis les accords du GATT sur le plan agricole, la
préférence communautaire a été quelque peu
malmenée, tout simplement parce qu'on en a supprimé les
mécanismes de protection. Il existait un système très
simple : celui des droits variables. Un produit valait 100 francs sur
le marché intérieur ; s'il était proposé
à 60 francs, lorsqu'il rentrait sur notre marché, on le
taxait à hauteur de 40 francs ; s'il arrivait à
80 francs, on le taxait à hauteur de 20 francs et ainsi de
suite. Par ce système, le marché était
protégé. Or, la suppression des droits variables en faveur d'un
système de droits fixes a fortement affaibli le niveau de la
préférence communautaire.
-
Par la multiplication des projets d'accords
préférentiels et de zones de libre échange
Que ce soit dans le cadre de révision des mécanismes existants
(par exemple, la réforme du système de préférences
généralisées en matière agricole), de la conclusion
de nouveaux accords de commerce et de coopération (avec, notamment, la
République sud africaine) ou de projets d'accord de libre échange
(avec les pays d'Amérique latine ou avec les États-Unis), on
assiste à
une multiplication de projets d'accords
préférentiels qui concernent, directement ou non, l'avenir de
l'agriculture communautaire
.
La Commission européenne a ainsi adopté tout un ensemble de
propositions visant à développer les relations de l'Union avec
les pays tiers (le Mexique, l'Afrique du Sud) ou des entités
régionales -comme le Mercor-sur-Argentin, Brésil, Uruguay,
Paraguay- ou les pays du Bassin méditerranéen).
L'excellent rapport de notre collègue Jean Huchon
7(
*
)
a montré les dangers de la multiplication de
tels accords. Ceux-ci
font peser une menace sur l'avenir de la politique
agricole de la Communauté
: les " produits sensibles ",
que sont notamment les produits agricoles, ne pourraient durablement
déroger au principe de l'élimination des droits de douane. Les
accords d'Uruguay ont, en effet, précisé que les
" délais raisonnables " pendant lesquels certains produits
pouvaient être exclus du libre échange ne peuvent excéder
dix ans. De son côté, l'OMC interdit qu'un " secteur
majeur " du commerce puisse être exclu de la négociation.
Il apparaît, en conséquence, qu'une vigilance extrême de
la part des autorités communautaires et française s'impose
à l'égard de tels projets, envisagés sans vision
d'ensemble.
Votre rapporteur pour avis estime urgent que la Commission fasse une
" pause active " dans la négociation de zones de
libre-échange avec les pays tiers.
2. Les enjeux de la politique agricole commune
D'aucuns ont qualifié la réforme de 1992 de " réforme de circonstance ". Face à un environnement international incertain, la politique agricole commune se trouve conduite, aujourd'hui et demain, à des choix très importants pour l'avenir de l'agriculture et du monde rural.
a) De fortes priorités...
Apporter des réponses aux nouveaux défis
Les nouvelles exigences de la société ont tendance parfois
à inquiéter le monde paysan, car elles remettent en cause
certaines pratiques et ont un coût certain.
Elles n'en constituent pas moins, de la part du secteur agricole et forestier,
une nécessité d'adaptation. En effet, s'il est reconnu que
l'agriculteur protège l'environnement rural par sa seule présence
sur le terrain et la poursuite de son activité professionnelle, il n'en
demeure pas moins vrai qu'un effort est impératif pour poursuivre
l'amélioration de la situation actuelle.
- L'importance de la qualité et de la salubrité des
produits alimentaires
Deux événements ont montré l'urgence d'une prise en compte
au niveau européen des questions de qualité et de
sécurité des produits destinés à l'alimentation
humaine et animale.
Il s'agit, en premier lieu, des organismes génétiquement
modifiés.
Le terme d'organisme génétiquement modifié (OGM)
s'applique aux organismes vivants dont le patrimoine génétique a
été modifié par la technique de la
transgénèse. La transgénèse est une technique
relativement récente, puisqu'elle est apparue il y a moins de vingt-cinq
ans. Elle permet de transférer un ou plusieurs gènes, aux
fonctions bien définies, depuis n'importe quelle espèce du
règne animal ou végétal, vers n'importe quelle autre
espèce.
Par rapport à la sélection variétale classique, la
transgénèse a donc ouvert un champ d'application
extrêmement intéressant, puisqu'elle permet de créer, de
façon très ciblée et dans un laps de temps
incomparablement plus rapide, des variétés présentant
directement des caractéristiques entièrement nouvelles.
Etat des lieux en Europe et aux Etats-Unis
Les applications de la transgénèse dans le domaine purement
végétal n'ont commencé à se développer
qu'à partir de 1983. Les premiers essais aux champs de colzas
transgéniques datent de 1984 (France, Belgique, Canada). Sur le plan de
la maîtrise de ces techniques, le savoir-faire acquis depuis lors en
Europe -et notamment en France- n'a rien à envier à celui qui a
parallèlement été développé aux Etats-Unis.
Pour la France, c'est la commission du génie biomoléculaire
(CGB), mise en place en 1986 qui autorise les essais de plein champ et examine
les demandes d'autorisation de mise sur le marché
. Depuis 1987, les
tests réalisés ont concerné près de
3.000 sites dans notre pays. Certaines plantes, après avoir
été testées depuis plusieurs années et
évaluées sur le plan de leur impact vis-à-vis de
l'environnement et de leur innocuité pour la santé humaine et
animale, sont désormais au stade de la mise sur le marché.
Dans l'Union européenne, deux plantes ont fait l'objet
d'autorisations communautaires
qui comprennent un usage pour la
consommation humaine : un soja tolérant à un herbicide
(décision de la Commission européenne du 3 avril 1996,
parue au Journal Officiel de la Communauté européenne du
30 avril 1996) et un maïs résistant à un insecte
(décision du 23 janvier 1997, parue au Journal Officiel de la
Communauté européenne du 1er février 1997). Dix
dossiers sont en cours d'examen auprès des instances européennes.
Aux Etats-Unis, une vingtaine de plantes transgéniques sont sur le
marché
(maïs, coton, pomme de terre, courge, soja et papaye),
une dizaine au Canada (colza, soja, pomme de terre, maïs) et au Japon
(soja, colza, maïs, pomme de terre).
Pour l'instant, l'Union européenne, à la différence des
Etats-Unis et du Canada, n'a pas lancé la production de plantes
transgéniques à grande échelle
. Le diagnostic
concernant l'intérêt de ces innovations pour l'agriculture est
évidemment le même, mais on a tendance, en Europe, à
s'entourer d'un maximum de précautions. C'est donc par l'importation et
dans un contexte psychologique particulièrement défavorable
(crise de l'encéphalopathie spongiforme bovine, qui est pourtant un
sujet d'une toute autre nature) que l'opinion publique européenne a
découvert les plantes transgéniques. L'arrivée des
premiers bateaux transportant ces produits à la fin de 1996 a
suscité une inquiétude qui a rendu les autorités
nationales prudentes au moment d'autoriser les premières mises en
production. C'est ainsi que le dossier du maïs, qui était à
cet égard le plus avancé, a été bloqué au
début de 1997 en France, en Italie et en Espagne.
Sur le plan économique, l'agriculture européenne se trouve
donc temporairement dans la pire des situations
: les importations sont
autorisées, la production ne l'est pas. A l'évidence, il y aura
des évolutions nécessaires. Elles devront concilier les attentes
spécifiques du consommateur européen et les impératifs
stratégiques de filières agro-alimentaires évoluant dans
un contexte mondial.
Aspects réglementaires
Les trois principaux aspects à distinguer sont les autorisations de mise
en marché, l'étiquetage et les autorisations de production.
Les autorisations de mise en marché
La demande peut être effectuée auprès des autorités
compétentes de n'importe quel Etat membre (exemple : demande
présentée au Royaume-Uni par MONSANTO EUROPE pour le soja
résistant au glyphosate) et l'autorisation est accordée sur
décision de la Commission pour l'ensemble de l'Union européenne.
Il convient toutefois de noter que l'Autriche et le Luxembourg ont
annoncé leur intention de ne pas se conformer à la
réglementation communautaire sur ce point.
L'étiquetage
Le règlement " Novel Food " concernant l'alimentation
humaine
(règlement relatif aux nouveaux aliments et aux nouveaux
ingrédients, publié au Journal Officiel de la Communauté
européenne du 14 février 1997) introduit l'obligation
d'étiquetage dès lors qu'il est établi que l'introduction
d'OGM confère au nouvel aliment des caractéristiques
différentes des aliments de la même catégorie. Cette
législation, entrée en vigueur le 31 juillet dernier
était nécessaire car absente de la directive 90/220/CEE relative
à la dissémination volontaire des OGM dans l'environnement.
De plus, la Commission européenne a adopté le 19 septembre
un règlement qui rend obligatoire l'étiquetage des aliments ou
ingrédients alimentaires fabriqués à partir de soja ou de
maïs transgéniques. La commercialisation de ces deux produits avait
été autorisée avant l'adoption du règlement
n° 258/97 sur les nouveaux aliments. La mise sur le marché de
fèves de soja génétiquement modifiées a, en effet,
été accordée le 3 avril 1996 et celle du
maïs trangénique le 23 janvier 1997. Le règlement
n° 258/97 sur les nouveaux aliments qui prévoit des exigences
spécifiques supplémentaires en matière d'étiquetage
pour informer le consommateur date, lui, du 27 janvier 1997. Les
dispositions de ce texte ne pouvant être rétroactives, un nouveau
règlement était nécessaire afin d'imposer les mêmes
exigences d'étiquetage pour le soja et le maïs.
La Commission s'est toutefois contentée de reprendre les termes de
l'article 8 du règlement n° 258/97, qui prévoit
d'étiqueter les produits dès lors qu'ils ne sont pas
équivalents à un aliment ou à un ingrédient
alimentaire classique. Le nouveau texte n'apporte donc pas d'avancée sur
le détail des règles qui font l'objet d'importants débats
et qui devaient être précisées au plus tard le
1er novembre. Le règlement du 19 septembre indique simplement
que "
les règles communautaires uniformes relatives à
l'étiquetage des denrées alimentaires seront adoptées
dès que possible
".
L'application en France du règlement européen " Nouveaux
Aliments " a conduit les Pouvoirs publics à rechercher une
législation sur l'étiquetage des aliments et ingrédients
constitués d'OGM ou issus d'OGM.
Le Conseil National de
l'Alimentation (CNA) a été chargé de remettre un avis sur
ce point.
Il recommande que l'étiquetage, ne se suffisant pas
à lui-même, s'inscrive "
dans le cadre de mesures
d'accompagnement de la mise en marché
", notamment par le
développement de procédures de traçabilité sur la
filière, et de surveillance de l'impact des OGM sur l'environnement, la
santé animale et humaine. Il propose, en particulier, la mise en place
d'un Observatoire national et européen pour assurer un suivi des
produits autorisés.
En matière d'étiquetage, il préconise les mentions du type
"
génétiquement modifié ...
" ou
"
issu d'OGM
" dans le cas où l'aliment n'est pas
équivalent à un aliment traditionnel. Par ailleurs, l'objet de la
modification génétique ou la caractéristique
modifiée sera mentionné. Enfin, il fait remarquer que la mention
"
susceptible de contenir ...
" proposée par le
règlement " Nouveaux Aliments " n'apporte pas d'information
pertinente et ne devra être employée qu'à titre
" transitoire et exceptionnel ".
En ce qui concerne les aliments équivalents aux aliments traditionnels,
le CNA propose de ne pas faire figurer d'étiquetage, en "
raison
de l'impossibilité de garantir la loyauté de toute
allégation ou identification
". Il reconnaît toutefois la
possibilité de revoir ce point, en fonction de l'évolution des
connaissances.
Le CNA recommande, en outre, l'apposition d'un numéro de dossier
permettant l'accès à une information large auprès d'un
organisme européen ou national, neutre et indépendant.
Il propose également que la mention "
sans recours aux
techniques de modification génétique
" puisse être
vérifiée selon "
des procédures de certification
s'inscrivant dans des dispositions déjà existantes ou des
démarches de contractualisation s'appuyant sur une
traçabilité sans faille
".
Avantages et inconvénients des OGM : un bref
résumé
Sans méconnaître les risques tant en matière alimentaire
qu'environnementale, votre rapporteur pour avis souhaite préciser les
avantages attendus en agriculture des OGM.
On peut ainsi envisager :
- une réduction des coûts de production ;
- des itinéraires techniques plus favorables à
l'environnement ;
- une amélioration des rendements ;
- la création de nouveaux produits.
Il ne faut toutefois pas se cacher que les OGM pourraient conduire à une
intégration totale du producteur dans une filière.
C'est dans un tel contexte que votre commission a souhaité
procéder à une mission d'information sur les conséquences
économiques des OGM.
Le rapport de notre collègue Alain Pluchet
8(
*
)
comporte une analyse détaillée de la
crise de la filière bovine. Ce " véritable
séisme ", comme l'a qualifié M. Joseph Daul,
Président de la Fédération nationale bovine et de
l'interprofession bétail et viande, n'a pas été une crise
classique de surproduction, mais plutôt une crise d'un nouveau type, de
la consommation de la demande
9(
*
)
.
Les différentes analyses menées notamment par l'Office national
interprofessionnel des viandes, de l'élevage et de l'aviculture ont
permis de mesurer plus particulièrement l'impact de la crise sur la
consommation des ménages au cours de l'année 1996.
Si la mise en place par l'interprofession bovine, avec l'appui du
ministère de l'agriculture et de la pêche du signe
" VBF " (Viande Bovine Française), dès le 25 mars,
a permis de freiner le mouvement à la baisse de la consommation, la
gravité exceptionnelle de la crise agricole induite par l'effondrement
de la consommation de viande bovine apparaît pour le moins surprenante au
regard du petit nombre de cas d'ESB constatés en France.
On peut
ainsi en déduire que cette crise de la consommation est, en grande
partie, une crise de confiance, due, pour une part, à l'ampleur des
incertitudes sur cette affection.
Ainsi, les effets provoqués par cette crise non seulement au sein de la
filière agricole et de la chaîne alimentaire, mais aussi dans le
comportement du consommateur témoignent de l'urgence à garantir
un maximum d'hygiène et la qualité de toutes les denrées
alimentaires, quelle que soit leur origine.
Votre rapporteur pour avis rappelle, à cet égard, que le
Règlement (CE) n° 820/97 du Conseil en date du 21
avril 1997 prescrit l'étiquetage de la viande bovine et des
produits à base de viande bovine à compter du
1er janvier 2000 ainsi qu'un système d'identification et
d'enregistrement des bovins.
- Le respect de l'environnement
Depuis 1972
, la politique de l'environnement est l'une des priorités
de l'Union européenne que
l'Acte unique européen
(1987) a
renforcée. Le
Traité de Maastricht
(1993) affirme
que : "
l'intégration des exigences en matière de
protection de l'environnement dans la définition et la mise en oeuvre
des autres politiques de la Communauté
" est une condition
essentielle.
Progressivement, les pays se sont efforcés d'harmoniser leurs
législations nationales en matière d'environnement : les
règles et les normes de protection sont donc, pour la plupart, d'origine
communautaire. Elles concernent tous les milieux naturels, industriels et
urbains.
Le cinquième programme d'action sur l'environnement 1993-2000
" vers un développement durable ", adopté par le
Conseil des Ministres, s'appuie sur une
situation pessimiste de
l'état de l'environnement de l'Union européenne
; il estime
nécessaire un changement radical de mesures et de moyens.
Cinq
secteurs
économiques ont été identifiés
en
priorité
: industrie, énergie, transports, tourisme et
agriculture.
En ce qui concerne l'
agriculture
, la Commission européenne
dresse, dans son rapport "
Vers un développement
durable
" (mars 1992), le constat suivant :
les
mécanismes de la PAC
ont permis d'atteindre plusieurs objectifs
économiques, mais exercent
des effets moins positifs
en
matière d'environnement : hyper-intensification, dégradation
des ressources naturelles, érosion des sols, uniformité
génétique en élevage, conséquences des effluents
d'élevage, rôle néfaste du drainage vis-à-vis des
zones humides et du phénomène d'eutrophisation lié
à l'usage exclusif et excessif des engrais dotés et
phosphatés.
Ces orientations générales de l'Union européenne en faveur
de l'environnement ont donné naissance à plusieurs directives ou
règlements communautaires concernant l'agriculture, parmi lesquels :
Le règlement agri-environnemental
, qui a accompagné
la réforme de la PAC (1992) : encouragement à
l'extensification, reconversion à l'agriculture biologique, protection
des races menacées...
Près de 150.000 agricultures français ont souscrit un
contrat agri-environnemental pour cinq ans. Cette
politique de
contractualisation est appelée à se développer
dans
les prochaines années dans la mesure où elle constitue une
manière efficace de concilier au niveau local les impératifs
économiques avec les nécessités environnementales.
La lutte contre la pollution par les nitrates
. La directive
" Nitrates " élaborée en 1991 par l'Union
européenne s'est traduite dans la législation française
par divers textes réglementaires notamment :
Le décret du 27 août 1993 qui prescrit
l'établissement d'un inventaire des zones vulnérables à la
pollution par les nitrates d'origine agricole.
Sont désignées comme " vulnérables " les zones
dans lesquelles les eaux souterraines ou superficielles dépassent ou
risquent de dépasser une teneur en nitrate de 50 mg/l. La
procédure de délimitation des zones vulnérables est
achevée (cf carte) et le dossier a été notifié
à la commission européenne.
Le décret du 4 mars 1996 et son arrêté
d'application définissent le cadre des programmes d'action à
mettre en oeuvre dans les zones vulnérables en vue de la protection des
eaux par les nitrates d'origine agricole. Ces programmes sont définis
par chaque préfet de département, en concertation avec l'ensemble
des partenaires concernés, sur la base d'un diagnostic
établissant pour chaque secteur les principales pratiques
générant des risques de pollution.
Grâce au programme d'action, les plus graves erreurs dans les pratiques
de fertilisation pourront être corrigées en
généralisant les " bonnes pratiques agricoles ". Ce
dispositif s'articule, pour les effluents d'élevage, sur le programme de
maîtrise des pollutions d'origine agricole et sur les financements qui y
sont liés.
A la date du 15 août 1997, 27 programmes d'action ont
été arrêtés par les préfets ;
23 programmes sont dans la phase de concertation ; 22 programmes
sont en cours de rédaction.
L'interdiction de mise en décharge des boues
. Les
directives communautaires visant l'épuration des eaux usées, tout
en interdisant parallèlement la mise en décharge des boues de
stations d'épuration, vont conduire les collectivités locales
à chercher à utiliser la voie de l'épandage des boues sur
les terres agricoles. Devant l'insuffisante harmonisation des
législations nationales, comme du manque d'organisation de la
filière,
la profession agricole
a fait des propositions pour
durcir la réglementation française
, pour améliorer
les relations entre les acteurs et la transparence des échanges.
La tendance de l'Union européenne à renforcer la protection de
l'environnement pourrait être poursuivie.
Toutefois, l'agriculture européenne est face à un
paradoxe :
- l'Union européenne développe, d'une part des
contraintes environnementales
(milieu naturel, bien-être des
animaux)
qui renchérissent les coûts de production
. Or,
cette tendance est bien moins développée dans d'autres pays
caractérisés par des espaces agricoles vastes et par une moindre
densité démographique (États-Unis, Australie,
Argentine) ;
- d'autre part, les pays tiers exportateurs et
l'Organisation mondiale
du Commerce
exercent une pression en faveur d'une libéralisation des
échanges agricoles qui exige
la recherche du moindre coût
en agriculture.
L'Union européenne doit donc :
-
valoriser les fonctions positives
de l'agriculture concernant
l'environnement (gestion de l'espace, paysage, biodiversité....) et
éviter de reporter les problèmes d'un secteur sur un autre (cas
des boues urbaines par exemple) ;
- faire prendre en compte la réalité environnementale
communautaire dans les
négociations internationales
;
- prévoir, dans le cadre de la discussion sur l'évolution de
la PAC,
des soutiens environnementaux spécifiques
et distincts
des aides économiques accordées aux productions
végétales et animales.
De son côté,
l'agriculture doit pouvoir répondre aux
nouvelles attentes de la société
: celle-ci
s'inquiète de la dégradation des ressources naturelles devenues
rares, de la disparition de paysages ruraux et d'une certaine culture paysanne.
Par ailleurs, un modèle de développement économique non
maîtrisé conduit à une mauvaise gestion des ressources
naturelles.
L'
agriculture
ne peut pas échapper à cette logique. En
tant qu'activité productive, elle entraîne des effets dommageables
pour l'environnement qu'il lui faut corriger et minimiser. Toutefois, elle n'a
pas qu'une action de prélèvement et d'exploitation du milieu
rural ; elle
génère un ensemble d'effets positifs
sur
l'environnement par la reconstitution du potentiel du sol, et
par une action
d'occupation et de mise en valeur du territoire.
- La protection des paysages
Les exigences de l'agriculture moderne ont contribué à la
dégradation des paysages ruraux par l'agrandissement des parcelles, la
disparition des haies, ou la construction de bâtiments agricoles
fonctionnels. Il serait évidemment ridicule d'imaginer reconstituer le
paysage d'il y a cinquante ans. Mais un travail patient
d'aménagement du paysage actuel est possible et, d'ailleurs,
déjà engagé, qui ne remette pas en cause la recherche de
la productivité.
Cette prise en compte de la protection des paysages est intégrée
plus largement dans le code de la politique régionale de l'Union
européenne, mise en place afin de renforcer sa cohésion
économique et sociale en réduisant les écarts de
développement au profit des régions les moins favorisées,
dont les zones rurales fragiles.
Cette politique s'appuie, pour l'essentiel, sur la mobilisation des
" fonds structurels " : FEDER (Fonds européen de
développement régional), FEOGA-section Orientation et FSE (Fonds
social européen).
Cette politique a été mise en oeuvre sur l'ensemble du territoire
communautaire à partir de 1989 avec une première programmation de
cinq ans -1989-1993- et se poursuit au cours de la seconde programmation
(1994-1999). Elle constitue une part grandissante dans le budget communautaire
et représentera environ
1/3 du budget
à la fin de
l'année 1999, tandis que la PAC passera à moins de 50 %.
Une double perspective : l'élargissement de l'Union
européenne aux pays associés d'Europe centrale et orientale et le
renforcement de la coopération économique avec les pays
méditerranéens du Sud
Une Union européenne élargie des Balkans à la
façade atlantique, de la mer Baltique au bassin
méditerranéen sera forcément différente de l'Union
européenne à quinze.
L'élargissement aux PECO, un enjeu pour la PAC
L'élargissement de l'Union européenne à des pays d'Europe
centrale et orientale et baltes (Pologne, Hongrie, République
Tchèque, Slovaque, Slovénie, Roumanie, Bulgarie, Lituanie,
Lettonie et Estonie) est, autant au regard du passé qu'à la
lumière des perspectives qu'il ouvre, un véritable défi
que l'Union européenne doit aborder dans les prochaines années.
La première nécessité consiste à bien
connaître les données naturelles de ces pays et notamment
l'importance que revêt l'agriculture tant en matière d'emploi que
de surfaces agricoles.
Surface agricole
|
Part de l'emploi agricole dans la population active |
Part de l'agriculture dans le PIB (%) |
|
Pologne |
18,6 |
25,6 |
6,3 |
Hongrie |
6,1 |
10,1 |
6,4 |
R. Tchèque |
4,3 |
5,6 |
3,3 |
R. Slovaque |
2,4 |
8,4 |
5,8 |
Slovénie |
0,9 |
10,7 |
4,9 |
Roumanie |
14,7 |
35,2 |
20,2 |
Lituanie |
3,5 |
22,4 |
11,0 |
Lettonie |
2,5 |
18,4 |
10,6 |
Estonie |
1,4 |
8,2 |
10,4 |
Total PECO 10 |
60,3 |
26,7 |
7,8 |
Union européenne à 15 |
138,1 |
5,7 |
2,5 |
Chiffres de 1993, source Commission européenne
Malgré l'importance de ce secteur agricole, ces pays traversent depuis
quelques années une grâce crise d'ajustement de l'économie.
En agriculture, cette crise s'est traduite par un effondrement de la
production, plus marqué pour les productions animales que
végétales.
A partir de 1993, et plus encore en 1994 et 1995, on a pu commencer
à entrevoir une inversion de la tendance. Les productions
céréalières repartent, après deux années
très affectées par la sécheresse. Les productions animales
continuent à diminuer, mais à un taux plus faible.
La production devrait croître dans les années qui viennent,
à un rythme qui dépendra de l'ajustement structurel.
Si ces nouveaux pays présentent des situations très
différentes par rapport à celle de l'Union européenne, de
nombreux handicaps continuent de freiner le développement de
l'agriculture.
Compte tenu de ces différents facteurs, la valorisation du potentiel
agricole reste difficilement prévisible.
La deuxième précaution consiste à adopter une
démarche progressive.
C'est en effet dès les début de 1998 que la commission doit
rendre ses avis sur les candidatures et présenter une document
d'ensemble. Si les négociations d'adhésion doivent débuter
quelques mois après la conclusion de la Conférence
intergouvernementale (CIG), elles seront conduites individuellement en fonction
de la situation particulière des pays candidats à progresser vers
l'Union européenne par les accords d'association.
Cette démarche permettra,
d'une part
, à ces pays de se
familiariser avec les priorités et les contraintes de l'Union
européenne et,
d'autre part
, à ces pays de
vérifier si l'application des mécanismes de la PAC doit
être revue. Le défi pour l'Europe est donc de préserver une
véritable politique qui, tout en étant commune, prenne en compte
les spécificités très hétérogènes des
agricultures nationales.
Il est enfin important de bien mesurer le coût de cet
élargissement.
Les estimations de la commission prévoient qu'en cas de reprise totale
de la PAC actuelle par les dix PECO, le coût annuel supplémentaire
de l'extension de la PAC actuelle à partir de 2010 serait de
12 milliards d'Ecus par an. Ce coût est théorique car
l'intégration de ces pays sera progressive et la PAC évoluera.
Il apparaît plutôt que l'impact budgétaire des
adhésions se situera dans le domaine des fonds structurels pour lesquels
les PECO seront fortement demandeurs.
Votre
rapporteur pour avis souligne
cependant que tout
élargissement doit cependant, de la part des PECO, nécessiter un
effort d'adaptation de leur vision de l'Europe et de la PAC afin
d'éviter l'orientation de l'Union européenne vers une simple zone
de libre échange.
La poursuite des négociations avec les pays
méditerranéens
L'Union européenne, ayant pris conscience de la nécessité
de donner une perspective stratégique à sa politique
méditerranéenne, a clairement manifesté cette intention
dès le Conseil européen de Corfou, en juin 1994.
C'est au Conseil d'Essen, en décembre 1994, qu'a été
lancé le projet d'établir un véritable partenariat
euro-méditerranéen avec douze partenaires
méditerranéens
10(
*
)
pour la
période 1995-1998.
Cette orientation a été confirmée par le Conseil
européen de Cannes, en juin 1999, qui assuré la
crédibilité du projet de partenariat en quadruplant l'avis
budgétaire consacrée aux pays tiers méditerranéens
(PTM), manifestant ainsi concrètement un souci de
rééquilibrage par rapport à l'action entreprise en
direction des PECO.
Le règlement " MEDA ", définissant les modalités
de gestion de cette aide financière d'un montant de 4,685 milliards
d'écus, est entré en vigueur le 2 août 1996.
Dans la perspective des orientations décidées par les
différents Conseils européens, un intense travail de
négociation a été conduit entre les partenaires des deux
rives de la Méditerranée. Il a porté en particulier sur le
renouvellement des accords de coopération, entre l'Union et ses
partenaires méditerranéens, dans la perspective de la
création d'une zone de libre-échange
euro-méditerranéenne à l'horizon 2010.
En 1995, trois accords d'association euro-méditerranéen avaient
été conclus avec la Tunisie, le Maroc et Israël.
En 1996, les négociations ont progressé avec l'Égypte, le
Liban, la Jordanie, la Turquie, les Palestiniens et l'Algérie.
AIDE COMMUNAUTAIRE (EN MILLIONS D'ÉCUS)
PECO |
Pays tiers méditerranéens (PTM) |
PTM/PECO
|
|
1995 |
1.154 |
550 |
47,66 |
1996 |
1.235 |
900 |
72,87 |
1997 |
1.273 |
1.000 |
78,55 |
1998 |
1.397 |
1.092 |
78,16 |
1999 |
1.634 |
1.143 |
69,95 |
Total |
6.693 |
4.685 |
70 |
Source : d'après Commission européenne, 1995.
b) ... Dans un cadre contraignant
Un contexte budgétaire rigoureux
Si la réduction de la part des dépenses agricoles dans l'ensemble
du budget européen est une réalité, cette tendance
pourrait s'accélérer dans les années à venir. En
effet, la préparation du " Paquet Santer ", qui doit tracer
les grandes lignes du développement de l'Union européenne,
proposera un cadre financier extrêmement rigoureux.
D'après les informations obtenues par votre rapporteur pour avis,
l'engagement des Quinze à ne pas faire progresser les
prélèvements au-delà de 1,27 % du PNB pourrait
être atteint en 1999.
Au delà de cette date, la commission semble aujourd'hui proposer la
reconduction de ce plafond.
Avec l'élargissement aux PECO, la politique structurelle pourrait ainsi
devenir la nouvelle grande priorité de l'Europe. Les actions
structurelles mobilisent aujourd'hui environ le tiers du budget des Quinze avec
29 milliards d'écus.
En raison de ces priorités, il avait été
décidé dès 1988 de limiter l'augmentation du poste
agricole à 74 % de la croissance du PNB.
Compte tenu de ces perspectives, votre rapporteur pour avis s'interroge sur
deux points
:
- le chiffre de 74 % ne sera-t-il pas revu à la baisse si le
coût de l'élargissement s'avère plus élevé
que prévu ?
- ne risque-t-on pas d'assister à des coupes dans le poste agricole
en faveur des autres postes ?
Ces interrogations sont d'autant plus justifiées que le financement de
la PAC des PECO ne sera que très faiblement pris en compte par ces
nouveaux États en raison de leur faible part contributive.
A la suite de la présentation par la Commission européenne du
volet agricole d'Agenda 2000, votre commission a souhaité mettre en
place une mission sur l'évolution de la PAC.
Une politique agricole sous contraintes extérieures
L'environnement international de la PAC (application de l'OMC, nouvelle
politique agricole américaine...) la soumet à un certain nombre
de pressions entraînant l'obligation pour l'Union européenne
d'examiner les questions liées au découplage et au plafonnement
des aides.
Le problème du découplage des aides
La réforme de la politique agricole commune a introduit une rupture
entre la politique de gestion des marchés et la politique des revenus
des agriculteurs, puisque le revenu est désormais moins assuré
par les prix payés par le consommateur, mais davantage par des aides
directes payées par le contribuable.
Ces " paiements " compensatoires, introduits pour compenser
la baisse
des prix s'ils sont découplés, restent proportionnels aux
facteurs de production et liés aux produits. Ainsi, le découplage
des aides vis-à-vis de la production signifie qu'il y a
déconnexion par rapport aux produits réels, mais non par rapport
à l'activité productive.
Ce problème du découplage a suscité de nombreuses
réflexions lors de l'élaboration du Fair Act. Si les
États-Unis ont accentué avec cette réforme le
découplage de leurs aides transférant ainsi le maximum d'aides
directes de la " boite jaune " vers la " boite
verte du
GATT " afin de les mettre à l'abri de toute contestation future par
rapport à la production,
le soutien à l'agriculture en Europe,
malgré la réforme de la PAC de 1992, reste encore
réalisé pour près des 2/3 par les prix.
L'Union européenne se doit, pendant la période où
s'applique " la clause de paix " négociée à
l'OMC d'engager une réflexion sur ce thème sous peine d'avoir des
difficultés pour maintenir les aides actuelles.
L'épineux débat sur le plafonnement du montant des aides
Le système actuel de primes compensatoires met en lumière le
montant individuel des aides dont bénéficient les agriculteurs.
En grandes cultures, il est approximativement proportionnel à la surface
de l'exploitation et peut donc conduire à des montant
élevés. Les responsables européens pourraient être
amenés à imposer un plafonnement des aides directes. Cependant un
tel plafonnement ne doit pas conduire à justifier à lui seul la
réduction des crédits consacrés à la PAC. Si cette
hypothèse devait se confirmer, sa mise en oeuvre supposera que soit au
préalable répondu aux questions suivantes :
- Le plafonnement éventuel sera-t-il global ou s'appliquera-t-il
production par production ?
- A quel niveau le fixer ? Doit-il être dégressif ?
- Doit-il concerner toutes les aides ou seulement les primes
jachère ?
- Comment éviter qu'il soit tourné, comme c'est le cas aux
USA, par la création ou par le maintien d'exploitations fictives ? ...
- Un système trop strict ne risque-t-il pas de mettre en cause
l'amélioration de l'efficacité de l'outil de production ?
Toutes ces questions doivent faire l'objet d'un examen minutieux avant de
s'engager de manière précipitée vers un plafonnement
généralisé et systématique des aides qui pourrait
s'avérer dangereux.
c) Une échéance proche : l'euro
Sur la base du Traité de Maastricht, le Conseil
européen de Madrid (15 décembre 1995) a
décidé du scénario de 1998 à 2002 conduisant
à la monnaie unique, l'Euro.
La réalisation de l'Union économique et monétaire et
l'instauration de la monnaie unique représentent plusieurs avantages
pour l'agriculture : un cadre monétaire stable, un concurrent effectif
du dollar, un gain pour les entreprises et un facteur de cohésion
politique.
Cependant certains problèmes resteront à résoudre
:
ainsi les dévaluations compétitives seront possibles pour les
pays qui refuseront d'adhérer à l'UEM. En outre, du fait de sa
stabilité qui la prédispose à devenir une monnaie
relativement forte, l'Euro pourrait conditionner les prix à
l'exportation plutôt à la hausse. Enfin la perspective de
l'adhésion future des PAECO constitue un défi
supplémentaire en matière monétaire.
B. UN CONTEXTE INTERNATIONAL INCERTAIN
Loin de vouloir dresser la liste de l'ensemble des questions agricoles internationales et de leurs répercussions sur l'agriculture française, votre rapporteur pour avis pour avis souhaite, en premier lieu, faire une synthèse du bilan de deux années de fonctionnement de l'OMC et, en second lieu, présenter les prochaines échéances internationales dont l'issue ne sera pas sans conséquence sur la PAC.
1. Le nouveau mécanisme de règlement des différends : un bilan mitigé
Le renforcement du dispositif de règlement de
différends constitue l'un des atouts de l'OMC par rapport au GATT. Ce
dernier disposait bien d'une procédure de règlement, mais elle
était lente et la mise en oeuvre des conclusions était mal
assurée. Le nouvel organe de règlement des différends
(ORD) est en charge d'un nouveau mécanisme plus rapide et plus fiable
grâce à un calendrier précis pour les différentes
étapes.
Si les consultations entre les deux parties en conflit n'aboutissent pas
à une conciliation, un panel -c'est-à-dire un groupe d'experts
chargés d'étudier le dossier- désigné par l'ORD
établit un rapport. Un pays incriminé peut faire appel, mais la
durée de l'ensemble de la procédure doit être comprise
entre quatorze et vingt-deux mois. La règle d'approbation des
recommandations des panels est inversée par rapport au GATT puisqu'elles
sont automatiquement adoptées, sauf en cas de consensus des pays-membres
pour les rejeter.
En près de deux ans de fonctionnement, plus de soixante conflits ont
été notifiés à l'OMC, nombre d'entre eux concernant
le secteur agro-alimentaire. La solution a été trouvée au
stade de la consultation dans le tiers des cas.
Certains cas ont attiré plus particulièrement l'attention de
votre rapporteur pour avis pour avis.
- En 1996, la taxation des boissons non spiritueuses au Japon,
attaquée par la Communauté européenne, les
États-Unis et le Canada a fait l'objet d'un panel, puis de rapports du
panel et de l'organe d'appel de l'ORD. Ces rapports condamnent le Japon
à ne pas soumettre les boissons spiritueuses importées à
des taxes supérieures à celles appliquées aux produits
nationaux. Cette décision est une victoire importante pour l'Union et la
France (le cognac et d'autres alcools forts français sont
concernés) et devrait inciter d'autres pays ayant recours à des
pratiques similaires (par exemple la Corée ou le Chili) à revoir
leur réglementation.
- S'agissant du panel coquilles Saint-Jacques, un accord amiable est
intervenu entre la Communauté européenne opposée au
Canada, eu Pérou et au Chili, nos principaux fournisseurs de
pectinidés. L'accord prévoit que les pétoncles pourront
être importés sous la dénomination coquilles Saint-Jacques
à la condition que soient indiqués le pays d'origine et le nom
scientifique de l'espèce. la France a modifié en
conséquence sa législation (arrêté publié le
1er juillet dernier).
- En ce qui concerne le régime d'importations, de ventes et
distribution de bananes dans l'Union, un panel, opposant l'Union
européenne aux États-Unis, à l'Équateur, au
Honduras, au Mexique et au Guatemala, a condamné les règles
européennes d'importation.
Afin de préserver, dans les zones particulièrement
vulnérables de l'Union et dans des pays ACP très
dépendants des exportations de bananes, l'équilibre
nécessaire à leur développement économique et
social, M Jacques Santer, Président de la Commission
européenne, a souhaité que ne soient pas lésés les
intérêts de ces régions et de ces pays et a ainsi fait
appel.
Le rapport sur l'OCM banane a été adopté au mois de
septembre dernier à la suite de l'appel introduit par l'Union
européenne. Il confirme que la condamnation du mécanisme
d'attribution des licences d'importation. Ce rapport conforte néanmoins
le régime d'aide aux producteurs communautaires, le contingentement des
importations et le traitement tarifaire préférentiel
accordé aux Pays ACP.
Après le rejet de cet appel, l'Union européenne a
désormais le choix entre réformer son système de licences
d'importation pour les bananes ou offrir des compensations aux producteurs
d'Amérique latine.
Malgré la divergence de l'Allemagne sur ce dossier, votre rapporteur
pour avis considère que l'Europe doit faire preuve d'unité face
à la condamnation par l'OMC, qui remet en question la politique de
coopération de l'Union européenne avec les pays ACP.
- En mai dernier, à la suite des conclusions des experts de la
commission d'arbitrage de l'OMC, un rapport préliminaire transmis
à Bruxelles et à Washington a jugé la position des Quinze,
en matière d'interdiction d'importation en Europe de la viande
traitée aux hormones, non conforme aux règles du commerce
international. Pour le panel, la position des Quinze ne repose pas sur des
critères scientifiques indiscutables.
Votre
rapporteur pour avis rappelle
que l'importation de viande
contenant des hormones dans l'Union européenne est interdite depuis le
1er janvier 1988, les États Unis appliquant jusqu'à
l'an dernier des mesures de rétorsion sur certains produits
européens comme le concentré de tomate, les pâtes
alimentaires et certains agrumes.
Selon les règles de l'OMC, Bruxelles disposait d'un délai de
30 jours pour répondre à ce rapport préliminaire en
date du 7 mai dernier. Elle a estimée avoir apporter la preuve du risque
soulevé par l'utilisation des hormones lors d'une conférence
scientifique organisée fin 1995 -soit le 30 juin dernier-. A
l'issue de ce délai, le rapport définitif a été
adopté. L'Europe a fait appel des conclusions du comité
d'arbitrage.
Votre
rapporteur pour avis pour avis souhaite
vivement que l'Europe ne
cède pas sur ce dossier, quitte à accorder des compensations
commerciales aux États-Unis. Alors que le marché de la viande
bovine a particulièrement souffert de la crise de la vache folle, le
retour de la viande aux hormones risquerait de briser les efforts faits pour
regagner la confiance des consommateurs.
Si votre
rapporteur pour avis
pour avis conçoit que ce nouveau
cadre pour les échanges agricoles soit l'occasion pour l'agriculture
française de valoriser ses atouts, l'OMC ne doit pas pour autant
affranchir le marché mondial de toute prise en compte des
problèmes environnementaux, sociaux et alimentaire.
La libéralisation progressive des échanges agricoles
nécessite de la part de la France et de l'Europe un certain nombre de
décisions. Cependant ces mesures, au-delà de leur aspect
ponctuel, contribuent à fixer les précédents et les
niveaux de référence dont l'Europe pourra se prévaloir ou
qu'on lui opposera lors de futures négociations.
C'est dire que la
vigilance doit être grande sur les conditions de mise en oeuvre de
l'accord de Marrakech
. En effet, les processus nés du cycle
l'Uruguay ne sont pas achevés puisque l'accord de 1994 contient une
clause de réouverture des négociations agricoles
multilatérales dès 1999.
La pression des politiques agricoles mondiales
L'agriculture française et européenne sont de plus
concernées par l'évolution de la politique de production et de
commercialisation de ces partenaires. Ainsi la nouvelle politique agricole
américaine et l'économie chinoise s'avèrent être des
éléments déterminants dans le nouveau cadre agricole
mondial.
L'Amérique de Nord s'oriente vers le marché
Le Fair Act américain (Federal agricultural and improvement reform act),
signé le 4 avril 1996, s'inscrit dans un nouveau contexte
puisqu'il va dans le sens d'une moins grande implication de l'État dans
le secteur agricole et d'une plus grande place laissée au marché.
Outre, l'objectif d'équilibre du budget fédéral à
l'horizon 2002, la loi de 1996 est résolument tournée vers
une réelle ambition exportatrice et la dérégulation des
soutiens par le découplage des aides et de la production, notamment dans
le secteur des grandes cultures.
Les conséquences de cette nouvelle réglementation au niveau
européen sont de deux ordres : en ce qui concerne le positionnement
commercial, le Fair Act permet aux américains de se doter d'outils
politiques conduisant de manière prévisible à une
augmentation des volumes produits. De plus, les cours mondiaux devraient
être progressivement tirés à la baisse du fait du
système d'aides fixes découplées de la production.
En matière de négociations internationales, l'abandon progressif
des politiques de régulations américaines dans le domaine
agricole risque fort de se traduire par des positions de plus en plus dures vis
à vis des pays subventionnant leurs exportations, leur agriculture ou
des structures étatiques contrôlant les marchés.
La Chine, partenaire incontournable du troisième
millénaire
Pendant les années 1970, la stagnation de la production agricole et
l'augmentation des importations de céréales vivrières ont
conduit la Chine à transformer son agriculture pour la faire entrer dans
l'économie du marché. Ces réformes ont suscité un
accroissement notable de la production agricole.
D'importatrice nette de
produits alimentaires et agricoles, la Chine est devenue exportatrice nette.
Alors que le changement radical de politique agricole avait aidé
à faire reculer sensiblement le paupérisme
généralisé du pays pendant la première
moitié de années 80, le ralentissement de la croissance de
l'agriculture pendant la seconde moitié de la décennie a maintenu
la pauvreté rurale à un niveau constant.
Les responsables de la politique agricole chinoise craignent que l'effet
conjugué des prix d'achat relativement faibles des
céréales livrées à l'État, de la forte
hausse du prix des engrais et des autres instants ainsi que de l'ouverture de
nouveaux créneaux économiques dans les autres secteurs ne
réduisent les investissements privés dans l'agriculture et la
superficie consacrée à la céréaliculture.
L'écart entre les revenus ruraux et les revenus urbains se creuse, ce
qui accélère l'exode rural. Pour remédier à ces
problèmes, le Gouvernement tente d'améliorer l'approvisionnement
en intrants, de développer les réseaux d'irrigation et les
infrastructures connexes, d'accroître les investissements dans la
production d'engrais minéraux et de renforcer les services
d'éducation, de recherche et de vulgarisation agricoles.
De nombreux observateurs, tant en Chine qu'à l'extérieur,
s'inquiètent de l'impact que va avoir l'immense population chinoise sur
la production agricole et la demande d'importation de produits alimentaires et,
notamment, de céréales.
La Chine sera de plus en plus active sur les marchés agricoles mondiaux.
Si elle réussit à maintenir un taux de croissance stimulé
par un volume d'exportation proche du taux actuel, les marchés
internationaux en seront profondément affectés.
Quoi qu'il en
soit, la Chine jouera, pendant le siècle prochain, un rôle
primordial dans le commerce agricole mondial
.
La prochaine reprise des négociations dans le cadre de l'OCM
Après avoir poursuivi ses activités dans le courant de
l'année 1996, le comité " agriculture " de l'OMC a
rendu son premier rapport d'activité dans la perspective de la
Conférence ministérielle de Singapour de
décembre 1996. Contrairement au groupe de CAIRNS
11(
*
)
, le Comité a réaffirmé que les
négociations agricoles ne devaient pas être engagées avant
l'horizon 2000.
La Conférence de Singapour a clos ses travaux par une déclaration
ministérielle. Malgré l'insistance de l'Argentine, soutenue par
l'Australie, aucune mention spécifique de l'agriculture n'a
été retenue dans la partie relative au programme de travail issu
des accords de Marrakech. Les Etats se sont montrés favorables,
conformément au rapport du Comité agriculture " à un
nouveau processus d'analyse et d'échange d'informations (...) pour
permettre aux membres de mieux comprendre les questions en jeu et
définir les intérêts avant de procéder aux
négociations convenues. "
La prochaine conférence se tiendra au siège de l'OMC à
Genève en 1998. En 1999, les négociations agricoles
reprendront.
Les disciplines devront être renforcées,
grâce notamment à une définition plus restrictive des aides
directes de soutien interne -par exemple, en excluant des aides ayant encore
trop d'influence sur la production, comme les " deficiency
payments "
et les paiements compensatoires-. Mais surtout, une véritable
libéralisation, sous la forme d'une baisse des droits de douane
consolidés, sera alors au programme.
Les deux ans qui nous séparent de cette date sont amplement suffisants
pour adresser un message clair aux agriculteurs français : il leur
faut utiliser ce laps de temps pour se préparer à un monde plus
ouvert. Ils pourront profiter de nombre de mesures de l'Uruguay Round -y
compris des mesures prises hors du cadre de l'accord agricole- telle que la
consolidation des droits de douane, en vertu de laquelle un pays ne pourra plus
doubler les droits sur les vins français du jour au lendemain (comme ce
fut le cas, en novembre 1993, avec les menaces américaines), ou les
règles d'origine et de propriété intellectuelle, qui
permettent de mieux défendre appellations d'origine et marques -deux
aspects essentiels sur les marchés agricoles.
Votre rapporteur pour avis considère
que la France doit tirer
parti de cet environnement international en valorisant ses atouts tels que la
diversité de ses produits, ses compétences techniques,
l'avancée de sa recherche, sa position de premier exportateur
alimentaire et de deuxième exportateur agro-alimentaire au niveau
mondial...
CHAPITRE II -
LES CRÉDITS POUR 1998
I. L'ORIENTATION GÉNÉRALE
A. LES CRÉDITS DU MINISTÈRE
Votre rapporteur pour avis tient à souligner,
à titre liminaire, que le projet de loi de finances pour 1998 subit
certaines modifications de nomenclature.
Comme chaque année, l'examen de l'évolution des dotations du
ministère peut autoriser des appréciations contrastées.
Le budget général, hors pêche, passe de 35,057 milliards
de francs (dépenses ordinaires + crédits de paiement) en 1997
à 35,486 milliards de francs en 1998, soit une augmentation de
1,22 %
12(
*
)
.
Ce chiffre ne prend pas en compte les retours agricoles de la France provenant
du budget communautaire estimés à plus de 69 milliards de
francs.
En revanche, si l'on ne prend pas en compte la contribution de l'Etat au
BAPSA, le projet de budget s'élève à 26,88 milliards
de francs
.
1. Par type de dépenses
Le tableau figurant ci-après présente les
grandes évolutions contenues dans le projet de budget de l'agriculture,
de la pêche et de l'alimentation pour 1998.
Votre rapporteur pour avis constate que
les dépenses d'administration
(titre III) sont en hausse
de 2,07 % alors que les dotations
consacrées aux interventions publiques (Titre IV) et notamment celles
relatives aux interventions économiques sont en baisse.
BUDGET DE
L'AGRICULTURE,
DE LA PECHE ET DE L'ALIMENTATION
|
||||||
(en millions de francs) |
||||||
1997 LFI |
PLF 1998 |
1998/1997
|
||||
Dépenses ordinaires (DO) |
||||||
Titre III - Moyens des services |
||||||
Personnel |
7.915,16 |
8.076,88 |
2,07 |
|||
Fonctionnement |
1.660,68 |
1.667,21 |
0,39 |
|||
Total titre III |
9.575,84 |
9.744,10 |
1,77 |
|||
Titre IV - Interventions publiques |
||||||
Action éducative |
3.022,94 |
3.245,98 |
7,38 |
|||
Action économique |
13.466,53 |
13.099,07 |
- 2,46 |
|||
Action sociale |
8.126,12 |
8.596,12 (1) |
- 5,78 |
|||
Total titre IV |
24.615,59 |
24.941,17 |
- 1,32 |
|||
Total dépenses ordinaires hors BAPSA/AAH |
24.027,43 |
24.143,279 |
0,48 |
|||
Total dépenses ordinaires |
34.186,43 |
34.685,27 |
1,46 |
|||
Total dépenses en capital (AP) |
1.107,36 |
997 |
- 9,97 |
|||
Total dépenses en capital (CP) |
1.057,51 |
987,1 |
- 6,66 |
|||
Total budget (DO+CP) hors BAPSA/AAH |
25.084,94 |
25.130,37 |
0,18 |
|||
Total budget (DO+CP) |
35.243,94 |
35.672,37 (2) |
1,22 |
|||
Source : Ministère de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation |
(1) Compte tenu d'une économie de constatation de
180 millions de francs, les sommes supplémentaires affectées
à la revalorisation des retraites s'établissent à
680 millions de francs en net des moindres retours du FSV (soit
772 millions de francs en brut).
(2) Y compris PEDE.
2. Les dépenses ordinaires
Le montant des dotations ordinaires sont en quasi
reconduction. Il passe, en effet, de 34.186,43 pour 1997 à 34.685,27
pour 1998.
Votre rapporteur pour avis souhaite présenter de manière
objective l'évolution détaillée de l'ensemble des
dépenses ordinaires par agrégats et sous agrégats,
c'est-à-dire les crédits des titres III et IV du fascicule
budgétaire pour 1998 consacré aux crédits du
ministère de l'agriculture et de la pêche.
Ancienne Nomenclature |
Nouvelle |
Nomenclature |
||||
AGREGATS |
LFI 1997 |
LFI 1998 |
% |
|||
Chap, Art, |
Mil, de F |
Mil, de F |
98/97 |
Chap, Art, |
Mil, de F |
|
1 - ACTIVITES AGRICOLES PRODUCTIVES |
10902,96 |
10842,08 |
-0,56% |
10842,08 |
||
1,1 - Installations et modernisation |
3229,33 |
3171,72 |
-1,78% |
3171,72 |
||
Stages de préparation à l'installation |
43-23-10 |
79,00 |
100,00 |
26,58% |
43-23-10 |
100,00 |
Modernisiation des exploitations |
44-40-30 |
0,00 |
44-41-30 |
0,00 |
||
Potentialités de l'appareil de production agricole |
44-40-40 |
2,60 |
2,21 |
-15,00% |
44-80-40 |
2,21 |
Développement des systèmes d'information en agriculture |
44-40-70 |
1,50 |
1,28 |
-14,67% |
44-53-60 |
1,28 |
Dotation d'installation des jeunes agriculteurs |
44-41-21 |
645,00 |
645,00 |
0,00% |
44-41-21 |
645,00 |
Aide spéciales aux jeunes agriculteurs |
44-41-22 |
0,00 |
||||
FIDIL |
44-41-26 |
150,00 |
0,00 |
-100,00% |
||
Fonds pour l'installation en agriculture |
160,00 |
44-41-27 |
160,00 |
|||
Opérations groupées d'aménagement foncier |
44-41-60 |
45,23 |
45,23 |
0,00% |
44-41-60 |
45,23 |
Charges de bonification |
44-42-10 |
2306,00 |
2218,00 |
-3,82% |
44-42-10 |
2218,00 |
1,2 - Productions : orientation et soutiens |
4365,16 |
4289,22 |
-1,74% |
4289,22 |
||
Agence centrale des organismes d'intervention dans le secteur agricole |
37-11-82 |
66,40 |
59,90 |
-9,79% |
36-22-42 |
59,90 |
Retrait des terres, extensification et autres actions agri-environnementales |
44-41-23 |
45,20 |
21,00 |
-53,54% |
44-41-23 |
21,00 |
Sélection animale |
44-50-20 |
92,20 |
92,20 |
0,00% |
44-70-50 |
92,20 |
Organisation de la production (identification permanente animaux) |
44-50-30 |
14,00 |
14,00 |
0,00% |
44-70-60 |
14,00 |
Autres actions |
44-50-40 |
0,00 |
0,00 |
44-53-90 |
0,00 |
|
Interventions en faveur de l'orientat, et de la valorisat, de la prod, agricole |
44-53-10 |
3112,47 |
3059,00 |
-1,72% |
44-53-10 |
3059,00 |
Onilait |
44-54-11 |
0,00 |
0,00 |
44-53-21 |
0,00 |
|
Oniflhor |
44-54-12 |
0,05 |
0,00 |
-100,00% |
44-53-22 |
0,00 |
Onippam |
44-54-13 |
0,03 |
0,00 |
-100,00% |
44-53-23 |
0,00 |
Onivins |
44-54-21 |
0,10 |
0,00 |
-100,00% |
44-53-24 |
0,00 |
Gestion du régime économique des alcools |
44-54-22 |
24,00 |
12,00 |
-50,00% |
44-53-40 |
12,00 |
Onic |
44-54-30 |
0,00 |
0,00 |
44-53-25 |
0,00 |
|
Firs |
44-54-40 |
0,00 |
0,00 |
44-53-26 |
0,00 |
|
Sido |
44-54-50 |
0,00 |
0,00 |
44-53-27 |
0,00 |
|
Ofival |
44-54-60 |
0,00 |
0,00 |
44-53-28 |
0,00 |
|
Odeadom |
44-54-71 |
0,00 |
0,00 |
44-53-29 |
0,00 |
|
Apurement des comptes avec le F,E,O,G,A, |
44-54-76 |
0,00 |
0,00 |
44-53-76 |
0,00 |
|
Soutien à la production du sucre dans les DOM |
44-54-77 |
338,70 |
359,20 |
6,05% |
44-53-77 |
359,20 |
Divers |
44-54-79 |
12,36 |
15,42 |
24,76% |
44-53-90 |
15,42 |
Actions complém, au prog, "Agriculture demain" et autres actions d'orient, |
44-55-10 |
2,00 |
0,00 |
-100,00% |
||
Primes au maintien du troupeau des vaches allaitantes |
44-55-30 |
650,00 |
650,00 |
0,00% |
44-55-30 |
650,00 |
Sélection végétale |
44-55-80 |
7,65 |
6,50 |
-15,03% |
44-70-70 |
6,50 |
Ancienne Nomenclature |
Nouvelle |
Nomenclature |
||||
AGREGATS |
LFI 1997 |
LFI 1998 |
% |
|||
Chap, Art, |
Mil, de F |
Mil, de F |
98/97 |
Chap, Art, |
Mil, de F |
|
1,3 - Compensation |
2855,14 |
2725,00 |
-4,56% |
2725,00 |
||
Mesures agri-environnementales |
44-41-24 |
120,00 |
120,00 |
0,00% |
||
Prime au maintien de l'élevage extensif |
44-41-25 |
715,00 |
715,00 |
0,00% |
||
Programme agri-environnemental |
44-41-22 |
835,00 |
||||
Actions en faveur des agriculteurs en difficulté |
44-54-80 |
140,00 |
100,00 |
-28,57% |
||
44-41-28 |
30,00 |
|||||
44-53-90 |
70,00 |
|||||
Interventions spéciales dans les zones agricoles défavorisées |
44-80-30 |
1650,00 |
1560,00 |
-5,45% |
44-80-30 |
1560,00 |
Actions spécifiques en zone défavorisée |
44-80-50 |
5,14 |
5,00 |
-2,72% |
44-80-50 |
5,00 |
Calamités agricoles |
46-33-10 |
225,00 |
225,00 |
0,00% |
46-33-10 |
225,00 |
1,4 - Luttes contre les maladies |
259,70 |
313,60 |
20,75% |
313,60 |
||
Promot, et cont, de la qualité : protect, et cont, sanitaire des végétaux |
44-70-10 |
30,00 |
30,00 |
0,00% |
44-70-10 |
35,00 |
Promotion et contrôle de la qualité : Lutte contre les maladies des animaux |
44-70-20 |
221,10 |
275,00 |
24,38% |
44-70-20 |
278,60 |
Promot, et cont, de la qualité : moyens d'interv, liés au person, |
44-70-40 |
8,60 |
8,60 |
0,00% |
cf, 44-70-20 |
|
1,5 - Autres financements |
193,63 |
342,54 |
76,90% |
342,54 |
||
Apprentissage |
43-23-20 |
12,57 |
11,18 |
-11,06% |
43-23-20 |
11,18 |
Animation en milieu rural |
44-23-30 |
17,07 |
17,07 |
0,00% |
44-23-30 |
17,07 |
Programme national - Formation et emploi en milieu rural |
43-23-40 |
17,21 |
14,63 |
-14,99% |
43-23-40 |
14,63 |
Promotion collective |
43-23-50 |
34,77 |
34,80 |
0,09% |
43-23-50 |
34,80 |
Fonctionnement CNASEA |
44-41-81 |
54,76 |
204,76 |
273,92% |
44-41-81 |
204,76 |
S,A,F,E,R, - Fonctionnement |
44-44-10 |
43,70 |
43,70 |
0,00% |
44-80-60 |
43,70 |
Mesures d'accompag, des opérations de restruct, des coop, céréalières |
44-54-75 |
0,00 |
0,00 |
44-53-90 |
0,00 |
|
Promotion et contrôle de la qualité : Promotion de la qualité alimentaire |
44-70-30 |
13,55 |
16,40 |
21,03% |
44-70-30 |
16,40 |
2 - INDUSTRIES AGRO-ALIMENTAIRES |
272,91 |
238,92 |
-12,45% |
238,92 |
||
Institut national des appellations d'origine (I,N,A,O,) |
37-11-83 |
66,21 |
72,00 |
8,74% |
36-22-43 |
72,00 |
Subventions pour fermetures d'abattoirs communaux |
44-45-10 |
8,50 |
8,72 |
2,59% |
44-53-50 |
8,72 |
Actions de promotion (SOPEXA) |
44-54-14 |
197,80 |
157,80 |
-20,22% |
44-53-30 |
157,80 |
Actions diverses en faveur des industries agricoles et alimentaires |
44-54-78 |
0,40 |
0,40 |
0,00% |
44-53-90 |
0,40 |
3 - ESPACE RURAL ET FORET |
1260,71 |
1238,51 |
-1,76% |
1238,51 |
||
3,1 - Mise en valeur de la forêt |
1089,62 |
1080,17 |
-0,87% |
1080,17 |
||
Anciens harkis |
35-92-10 |
66,50 |
60,00 |
-9,77% |
35-92-10 |
60,00 |
Sauvegarde de l'espace forestier |
35-92-90 |
60,00 |
62,00 |
3,33% |
||
Sauvegarde de l'espace forestier, Crédits non déconcentrés, |
35-92-80 |
45,20 |
||||
Sauvegarde de l'espace forestier, Crédits déconcentrés, |
35-92-90 |
16,80 |
||||
Inventaire forestier national |
36-23-10 |
29,88 |
29,17 |
-2,38% |
36-22-41 |
29,17 |
Production forestière et sauvegarde de l'espace forestier |
44-92-10 |
82,24 |
83,00 |
0,92% |
||
Product, forest, et sauveg, de l'espace forest, Crédits non déconcentrés |
44-92-10 |
11,40 |
||||
Ancienne Nomenclature |
Nouvelle |
Nomenclature |
||||
AGREGATS |
LFI 1997 |
LFI 1998 |
% |
|||
Chap, Art, |
Mil, de F |
Mil, de F |
98/97 |
Chap, Art, |
Mil, de F |
|
Prod, forest, et sauveg, de l'espace forestier, Crédits déconcentrés |
44-92-20 |
71,60 |
||||
Contrib, de l'Etat aux frais de gest, des for,des col, assurés par l'O,N,F, |
44-92-70 |
851,00 |
846,00 |
-0,59% |
44-92-70 |
846,00 |
3,2 - Espace rural |
171,09 |
158,34 |
-7,45% |
158,34 |
||
Interventions pour l'aménagement rural |
44-80-21 |
21,09 |
18,34 |
-13,04% |
44-80-21 |
18,34 |
Co-financement du F,E,O,G,A, (objectifs 1 et 5b) |
44-80-80 |
0,00 |
0,00 |
44-80-80 |
0,00 |
|
F,G,E,R, |
44-83-10 |
150,00 |
140,00 |
-6,67% |
44-83-10 |
140,00 |
4 - ENSEIGNEMENT ET RECHERCHE |
6164,34 |
6462,12 |
4,83% |
6412,12 |
||
4,1 - Enseignement technique et supérieur |
3804,47 |
3908,20 |
2,73% |
3908,20 |
||
Dépenses de personnel |
2774,98 |
2829,14 |
1,95% |
2829,14 |
||
Rémunération des enseignants du temps plein classique |
43-22-10 |
1029,49 |
1079,06 |
4,82% |
1079,06 |
|
4,2 - Enseignement technique |
1778,28 |
1935,47 |
8,84% |
1885,47 |
||
Dépenses pédagogiques en faveur de l'enseignement agricole public |
36-20-50 |
81,76 |
89,19 |
9,09% |
36-20-50 |
89,19 |
Actions incitatives en liaison avec l'enseignement agricole |
44-40-20 |
5,00 |
4,25 |
-15,00% |
36-20-50 |
4,25 |
Enseignement technique agricole - bourses |
43-21-20 |
437,95 |
444,74 |
1,55% |
43-21-20 |
444,74 |
Fonds social lycéen |
43-21-50 |
7,00 |
43-21-50 |
7,00 |
||
Ramassage scolaire |
43-21-90 |
1,35 |
1,35 |
0,00% |
43-21-90 |
1,35 |
Subvention de fonction, aux établis, d'enseig, agricole privés |
43-22-20 |
1252,22 |
1388,94 |
10,92% |
43-22-20 |
1338,94 |
4,3 - Enseignement supérieur |
337,72 |
354,60 |
5,00% |
354,60 |
||
Enseignement supérieur agricole public |
30-20-30 |
196,40 |
207,39 |
5,60% |
36-20-30 |
207,39 |
Enseignement supérieur agricole - Bourses |
43-21-30 |
39,00 |
39,00 |
0,00% |
43-21-30 |
39,00 |
Bourses à l'étranger |
43-21-40 |
4,91 |
6,91 |
40,73% |
43-21-40 |
6,91 |
Enseignement supérieur agricole privé |
43-22-30 |
97,41 |
101,30 |
3,99% |
43-22-30 |
101,30 |
4,4 - Accompagnement de la recherche |
176,58 |
195,21 |
10,55% |
195,21 |
||
Centre national du machinisme agricole |
36-21-41 |
28,10 |
29,15 |
3,74% |
36-22-11 |
29,15 |
INRA : missions complémentaires |
36-21-50 |
18,87 |
20,00 |
5,99% |
36-22-12 |
20,00 |
CNEVA |
36-21-71 |
126,31 |
133,76 |
5,90% |
36-22-13 |
133,76 |
IFREMER |
36-21-80 |
3,30 |
3,30 |
0,00% |
36-22-14 |
3,30 |
INFOMA |
36-22-15 |
9,00 |
36-22-15 |
9,00 |
||
4,5 - BCRD |
67,29 |
68,64 |
2,01% |
68,64 |
||
Personnel |
22,34 |
22,56 |
0,98% |
22,56 |
||
CEMAGREF - Programmes de recherche |
36-21-42 |
0,93 |
0,94 |
1,08% |
36-21-21 |
0,94 |
CNEVA - Programmes de recherche |
36-21-72 |
33,22 |
34,34 |
3,37% |
36-21-22 |
34,34 |
Recherche ACTA |
44-21-60 |
6,80 |
6,80 |
0,00% |
44-21-60 |
6,80 |
ACTIA |
44-21-70 |
4,00 |
4,00 |
0,00% |
44-21-70 |
4,00 |
Ancienne Nomenclature |
Nouvelle |
Nomenclature |
||||
AGREGATS |
LFI 1997 |
LFI 1998 |
% |
|||
Chap, Art, |
Mil, de F |
Mil, de F |
98/97 |
Chap, Art, |
Mil, de F |
|
5 - PROTECTION SOCIALE ET SOLIDARITE |
9442,29 |
9678,50 |
2,50% |
9678,50 |
||
IVD |
44-41-11 |
690,00 |
441,90 |
-35,96% |
44-41-10 |
441,90 |
Aide au départ (préretraite) |
44-41-12 |
618,14 |
657,50 |
6,37% |
44-41-12 |
657,50 |
Organisme de mutualité agri, pour l'attrib, des IVD |
44-41-90 |
3,03 |
2,98 |
-1,65% |
44-41-90 |
2,98 |
Aide alimentaire et autres actions de coopération technique |
44-54-73 |
230,00 |
205,00 |
-10,87% |
44-53-73 |
205,00 |
Financement des prestations sociales agricoles |
44-32-10 |
7279,00 |
7806,00 |
7,24% |
46-32-10 |
7806,00 |
Régime d'assurance contre les accidents du travail en agriculture |
46-32-20 |
0,00 |
0,00 |
46-32-20 |
0,00 |
|
Participation de l'Etat au financement des adult, handicapés |
46-32-30 |
574,00 |
518,00 |
0,00% |
46-32-30 |
518,00 |
Hygiène santé sécurité du travail |
46-39-10 |
2,12 |
2,12 |
0,00% |
46-32-50 |
2,12 |
Subv, à la caisse de prévoyance des cadres d'exploit, agric, rapatriés |
46-39-20 |
46,00 |
45,00 |
-2,17% |
46-32-40 |
45,00 |
Participation de l'Etat au financ, de l'allocation aux adultes handicapés |
46-32-30 |
574,00 |
518,00 |
-9,76% |
46-32-30 |
518,00 |
6 - PECHE |
147,60 |
147,13 |
-0,32% |
147,13 |
||
Interventions en faveur des entreprises de pêche et de cultures marines |
44-30-20 |
22,60 |
22,00 |
-2,65% |
44-36-20 |
22,00 |
Organisation des marchés - Industrie et commercialisation |
46-36-30 |
125,00 |
125,13 |
0,10% |
44-36-30 |
125,13 |
7 - SERVICES GENERAUX |
5995,59 |
6078,03 |
1,38% |
6078,03 |
||
7,1 - Administration centrale |
714,34 |
712,31 |
-0,28% |
712,31 |
||
Dépenses en personnel |
464,11 |
471,55 |
1,60% |
471,55 |
||
Administtration centrale |
34-97-10 |
250,23 |
240,76 |
-3,78% |
34-97-10 |
240,76 |
7,2 - Services déconcentrés |
3057,66 |
3074,14 |
0,54% |
3074,14 |
||
Dépenses de personnel |
2632,74 |
2666,64 |
1,29% |
2666,64 |
||
Services déconcentrés - Crédits programmés |
34-97-20 |
93,26 |
93,37 |
0,12% |
34-97-20 |
49,76 |
Services déconcentrés - Crédits déconcentrés |
34-97-30 |
231,04 |
215,60 |
-6,68% |
34-97-30 |
314,13 |
Moyens de fonctionnement : Personnel |
34-97-40 |
86,66 |
86,66 |
0,00% |
cf34-97-30 |
|
Qualité : analyses vétérinaires |
34-97-70 |
43,61 |
||||
Centres de responsabilité - DDAF et DRAF |
34-98-10 |
11,20 |
9,11 |
-18,66% |
cf 34-97-30 |
|
Cent, de resp, - Moyens de fonction, : Personnel |
34-98-30 |
2,76 |
2,76 |
0,00% |
cf34-97-30 |
|
7,3 - Autres moyens généraux |
2223,59 |
2291,58 |
3,06% |
2291,58 |
||
Pensions civiles |
32-97-10 |
2021,00 |
2087,00 |
3,27% |
2087,00 |
|
Actions sociales déconcentrées |
33-92-10 |
15,11 |
17,61 |
16,55% |
||
Services médico-sociaux |
33-92-20 |
5,95 |
5,95 |
0,00% |
||
Moyens : actions sociales liées à la prise en charge par l'Etat |
33-92-40 |
0,01 |
0,09 |
1025,00% |
||
Secours |
33-92-50 |
1,29 |
1,29 |
0,00% |
||
Sociétés de secours mutuels |
33-92-60 |
2,60 |
2,60 |
0,00% |
||
Action sociale et subventions à des organismes sociaux |
33-92-70 |
14,68 |
14,68 |
0,00% |
||
Aménagement de postes pour handicapés |
33-92-80 |
1,10 |
1,10 |
0,00% |
||
Associations d'action sociale |
33-92-90 |
10,35 |
10,35 |
0,00% |
||
Actions sociales déconcentrées |
33-92-10 |
15,20 |
||||
Actions sociales non déconcentrées |
33-92-30 |
38,47 |
||||
Ancienne Nomenclature |
Nouvelle |
Nomenclature |
||||
AGREGATS |
LFI 1997 |
LFI 1998 |
% |
|||
Chap, Art, |
Mil, de F |
Mil, de F |
98/97 |
Chap, Art, |
Mil, de F |
|
Enquêtes statistiques |
34-14-10 |
31,20 |
29,00 |
-7,05% |
||
Enquêtes statistiques et RICA, Crédits non déconcentrés |
34-14-10 |
0,50 |
||||
Enquêtes statistiques et RICA, Crédits déconcentrés |
34-14-20 |
44,00 |
||||
RICA |
34-14-30 |
21,50 |
20,00 |
-6,98% |
||
Recensement général de l'agriculture |
34-14-50 |
1,00 |
1,00 |
0,00% |
||
RGA, Crédits non déconcentrés |
34-14-50 |
0,50 |
||||
RGA, Crédits déconcentrés |
34-14-60 |
0,50 |
||||
Services à compétence nationale |
34-97-50 |
5,97 |
||||
Fonds de rénovation |
34-97-60 |
4,68 |
4,32 |
-7,69% |
34-97-60 |
4,32 |
Centres de responsabilité - SNM |
34-98-20 |
7,04 |
5,97 |
-15,20% |
cf34-97-50 |
4,50 |
Centres de responsabilité - MGA |
34-98-40 |
0,00 |
0,00 |
37-11-84 |
0,00 |
|
Prises en charge des objecteurs de conscience |
37-01-10 |
0,00 |
0,00 |
37-12-70 |
0,00 |
|
Diffusion de l'information : relations publiques |
37-11-10 |
1,14 |
0,97 |
-14,91% |
37-11-10 |
0,92 |
37-12-10 |
0,05 |
|||||
Programme assistance technique 1 et 5 b |
37-11-20 |
0,00 |
0,00 |
37-11-20 |
0,00 |
|
Programme assistance technique 1 et 5 b (leader II) |
37-12-20 |
0,00 |
||||
Protection sociale en agriculture : commissions |
37-11-30 |
0,05 |
0,04 |
-20,00% |
||
Commissions |
37-11-43 |
0,02 |
||||
Commissions |
37-12-43 |
0,02 |
||||
Amélioration des structures agricoles : commissions |
37-11-41 |
1,20 |
1,02 |
-15,00% |
37-12-41 |
1,02 |
CIFAR |
37-11-42 |
0,63 |
0,54 |
-14,29% |
37-11-42 |
0,48 |
Commissions |
37-11-43 |
0,06 |
||||
Etudes programmées |
37-11-44 |
5,90 |
37-11-44 |
5,90 |
||
Valorisation de la production agricole et aide au développement |
37-11-50 |
3,40 |
2,89 |
-15,00% |
37-11-50 |
2,89 |
Alimentat, - dépenses diverses au profit d'organ, commiss, et manif, |
37-11-60 |
1,52 |
2,00 |
31,58% |
37-11-60 |
2,00 |
Partiq, communautaire aux actions struct, pour la pêche |
37-11-70 |
0,00 |
0,00 |
37-11-70 |
0,00 |
|
CSO CPFA |
37-11-81 |
0,60 |
0,51 |
-15,00% |
37-11-81 |
0,51 |
Autres participations |
37-11-90 |
6,10 |
5,31 |
-12,95% |
37-11-90 |
5,31 |
Autres participations |
37-12-90 |
|||||
Aides PAC - Dépenses diverses |
37-21-10 |
45,00 |
45,00 |
0,00% |
37-12-60 |
45,00 |
Frais judiciaires et réparations civiles |
37-91-11 |
21,44 |
21,44 |
0,00% |
37-91-11 |
21,44 |
Réparat, des accid, du trav, des élèves et étudiants |
37-91-12 |
5,00 |
5,00 |
0,00% |
37-91-12 |
5,00 |
TOTAL DEPENSES ORDINAIRES |
34 186,40 |
34 685,29 |
1,459% |
34 635,29 |
3. Les dépenses en capital
Les dépenses en capital diminuent de 9,97 % en
autorisations de programme (1.107,36 millions de francs pour 1997,
997 millions de francs pour 1998) et de 6,66 % en crédits de
paiement (1.057,51 millions de francs pour 1997 à
987,1 millions de francs pour 1998).
Ancienne Nomenclature |
Nouvelle |
Nomenclature |
||||
AGREGATS |
LFI 1997 |
LFI 1998 |
% |
|||
Chap, Art, |
Mil, de F |
Mil, de F |
98/97 |
Chap, Art, |
Mil, de F |
|
1 - ACTIVITES AGRICOLES PRODUCTIVES |
381,06 |
341,90 |
-10,28% |
341,90 |
||
1,1 - Installations et modernisation |
380,46 |
341,90 |
-10,14% |
341,90 |
||
Travaux hydrauliques |
51-92-20 |
0,33 |
0,4 |
21,21% |
51-92-20 |
0,4 |
Modernisation des exploitations |
61-40-30 |
137 |
137 |
0,00% |
61-40-30 |
137 |
Aménagement foncier et hydaulique |
61-44-10 |
141,43 |
124,5 |
-11,97% |
61-44-10 |
124,5 |
SAR |
61-84-10 |
101,7 |
80 |
-21,34% |
61-84-10 |
80 |
Aménagementdes conditions de transformation des produits sylvicoles |
61-83-50 |
0 |
0 |
61-83-50 |
0 |
|
1,5 - Autres financements |
0,60 |
0,00 |
-100,00% |
0,00 |
||
Elevage des chevaux |
61-85-10 |
0 |
0 |
61-44-60 |
0 |
|
Equipements hippiques |
61-85-20 |
0,6 |
0 |
-100,00% |
61-44-60 |
0 |
2 - INDUSTRIES AGRO-ALIMENTAIRES |
188,57 |
173,00 |
-8,26% |
173,00 |
||
POA nationale |
61-61-10 |
68,76 |
49,79 |
-27,59% |
61-61-10 |
49,79 |
POA régionale |
61-61-20 |
66,89 |
68,53 |
2,45% |
61-61-20 |
68,53 |
Abattoirs publics |
61-61-30 |
16,83 |
11,48 |
-31,79% |
61-61-30 |
11,48 |
FRAII |
61-61-80 |
25,59 |
26,63 |
4,06% |
61-61-80 |
26,63 |
Actions de restructuration |
61-61-90 |
10,5 |
16,57 |
57,81% |
61-61-90 |
16,57 |
Amélioration des conditions de transformation des prod, agric, |
61-83-10 |
0 |
0 |
61-83-40 |
0 |
|
3 - ESPACE RURAL ET FORET |
259,54 |
235,10 |
-9,42% |
235,10 |
||
3,1 - Mise en valeur de la forêt |
233,91 |
215,97 |
-7,67% |
215,97 |
||
Acquisitions |
51-92-80 |
1,27 |
1,22 |
-3,94% |
51-92-80 |
1,22 |
Travaux de sauvegarde du domaine |
51-92-90 |
21,9 |
23,38 |
6,76% |
51-92-90 |
23,38 |
CFM |
61-02-10 |
62 |
62 |
0,00% |
61-02-10 |
62 |
Forêt et acquisitions |
61-44-30 |
123,34 |
106,82 |
-13,39% |
61-44-30 |
106,82 |
Amélioration de la productivité forestière |
61-44-40 |
25,4 |
22,55 |
-11,22% |
61-44-40 |
22,55 |
3,2 - Espace rural |
25,63 |
19,13 |
-25,36% |
19,13 |
||
Amélioration du cadre de vie et de développement rural |
61-44-20 |
25,63 |
19,13 |
0,00% |
61-44-20 |
19,13 |
Cofinancement du FEOGA - Orienta, objectifs 1 et 5b |
61-83-10 |
0 |
61-83-10 |
|||
4 - ENSEIGNEMENT ET RECHERCHE |
136,46 |
143,35 |
5,05% |
143,35 |
||
4,2 - Enseignement technique |
8,70 |
7,27 |
-16,44% |
7,27 |
||
Enseignement technique agricole public |
56-20-20 |
6,3 |
4,5 |
-28,57% |
56-20-20 |
4,5 |
Enseignement technique agricole privé |
66-20-20 |
2,4 |
2,77 |
15,42% |
66-20-20 |
2,77 |
Ancienne Nomenclature |
Nouvelle |
Nomenclature |
||||
AGREGATS |
LFI 1997 |
LFI 1998 |
% |
|||
Chap, Art, |
Mil, de F |
Mil, de F |
98/97 |
Chap, Art, |
Mil, de F |
|
4,3 - Enseignement supérieur |
55,28 |
59,23 |
7,15% |
59,23 |
||
Equip, inform, audio,, scient, et techno, (enseig, techn,) |
56-20-60 |
0,23 |
0 |
-100,00% |
56-20-60 |
0 |
Enseignem, sup, agr, public - Maintenance et entret, des bâtiments |
66-20-10 |
12,22 |
22,22 |
81,83% |
66-20-10 |
22,22 |
Enseignem, sup, agr, privé |
66-20-32 |
1,67 |
1,37 |
-17,96% |
66-20-32 |
1,37 |
Enseignem, sup, agr, public - Constructions |
66-20-50 |
37,56 |
32,68 |
-12,99% |
66-20-50 |
32,68 |
Equip, inform, audio,, scient, et techno, (enseig, sup,) |
66-20-60 |
3,6 |
2,96 |
-17,78% |
66-20-60 |
2,96 |
4,4 - Accompagnement de la recherche |
7,58 |
9,25 |
22,03% |
9,25 |
||
CEMAGREF |
61-21-30 |
2,15 |
2,15 |
0,00% |
61-21-30 |
2,15 |
Sélection végétale |
61-21-42 |
0,3 |
0 |
-100,00% |
0 |
|
CNEVA : equipement des laboratoires |
61-21-73 |
2,5 |
4,5 |
80,00% |
61-21-73 |
4,5 |
Actions incitatives sur la forêt et le bois |
61-21-92 |
2,63 |
2,6 |
-1,14% |
61-21-92 |
2,6 |
4,5 - BCRD |
64,90 |
67,60 |
4,16% |
67,60 |
||
Formation par la recherche |
61-21-10 |
16 |
17,25 |
7,81% |
61-21-10 |
17,25 |
Recherche appliquée et sélection en agriculture |
61-21-43 |
10,4 |
12,52 |
20,38% |
61-21-43 |
12,52 |
Recherche appliquée et secteur agro-alimentaire |
61-21-61 |
25,3 |
24,03 |
-5,02% |
61-21-61 |
24,03 |
CNEVA : soutien ux programmes de recherche |
61-21-71 |
13,2 |
13,8 |
4,55% |
61-21-71 |
13,8 |
6 - PECHE |
38,70 |
38,70 |
0,00% |
38,70 |
||
IFOP |
61-83-20 |
0 |
0 |
61-83-20 |
0 |
|
Participation communautaire au titre de PESCA |
61-83-30 |
0 |
0 |
61-83-30 |
0 |
|
Modernisation et dévelop, des entrep, de pêche et de cult, mar, |
64-36-20 |
18,1 |
18,1 |
0,00% |
64-36-20 |
18,1 |
Organisation des marchés |
64-36-30 |
20,6 |
20,6 |
0,00% |
64-36-30 |
20,6 |
7 - SERVICES GENERAUX |
47,29 |
50,05 |
5,84% |
50,05 |
||
7,1 - Administration centrale |
11,54 |
16,07 |
39,25% |
16,07 |
||
Administtration centrale |
57-01-10 |
11,54 |
16,07 |
39,25% |
57-01-10 |
16,07 |
7,2 - Services déconcentrés |
35,75 |
33,98 |
-4,95% |
33,98 |
||
Services déconcentrés |
57-01-30 |
19,35 |
18,08 |
-6,56% |
57-01-30 |
18,08 |
Incidence application de la loi n°85-1098 du 11/10/85 |
57-01-50 |
10,9 |
10,9 |
0,00% |
57-01-50 |
10,9 |
Promotion et contrôle de la qualité |
57-01-70 |
5,5 |
5 |
-9,09% |
57-01-70 |
5 |
7,3 - Autres moyens généraux |
51-12-11 |
5,9 |
5 |
-15,25% |
57-01-60 |
5 |
TOTAL DEPENSES EN CAPITAL |
1057,5 |
987,10 |
-6,66% |
987,10 |
Votre rapporteur pour avis regrette au titre IV (interventions publiques) la baisse significative des crédits d'action économique (- 2,46 %), ainsi que la forte diminution des dépenses en capital de 6,6 %.
B. L'ENSEMBLE DES DÉPENSES EN FAVEUR DE L'AGRICULTURE ET DE LA FORÊT : L'ÉVOLUTION DES CONCOURS PUBLICS
Traditionnellement, la présentation du budget du
ministère de l'agriculture s'accompagne de celle de l'ensemble des
dépenses publiques en faveur de ce secteur. Son évolution permet
ainsi nuancer l'appréciation susceptible d'être portée sur
l'évolution des seuls crédits du ministère de
l'Agriculture et de la Pêche.
On rappellera pour mémoire que cet indicateur n'est pas totalement
satisfaisant.
Comme le relevait déjà votre commission dans les avis
budgétaires des années passées :
" on notera, tout
d'abord, que s'il se veut l'agrégat de toutes les dépenses
concernant le secteur agricole, cet indicateur est incomplet : il ne comprend
ainsi ni les dépenses fiscales de l'Etat, ni les taxes parafiscales, ni
les dépenses des collectivités locales, ni la part
équipement rural de la DGE. A rebours, cet indicateur additionne des
sommes de nature complètement différentes "
et dont
l'imputation à l'agriculture productrice est discutable.
L'évolution de cet agrégat fera apparaître pour 1998 une
augmentation de 0,25 %.
DÉPENSES BÉNÉFICIANT À L'AGRICULTURE ET À LA FORÊT
(En millions de francs)
1997 |
1998 |
1998/97
|
|
Ministère de l'agriculture et de la pêche |
|||
Budget général (hors pêche) (1) |
35.057,64 |
35.486,54 |
+ 1;22 (3) |
Budget annexe des Prestations sociales agricoles (2) |
63.723 |
63.580 |
- 0,22 |
Comptes spéciaux du Trésor |
2.365,8 |
2.268 |
- 4.13 |
Autres ministères |
|||
Recherche : INRA, CEMAGREF |
3.575,56 |
3.660,9 |
2,39 |
Intérieur : décentralisation de l'enseignement |
349,22 |
355,44 |
1,78 |
Travail |
81,44 |
82,52 |
1,33 |
Estimation des dépenses agricoles de l'Union européenne bénéficiant à la France |
69.307 |
69.465 |
0,23 |
Total |
174.459,66 |
174.898,4 |
+ 0,25 |
Total hors BAPSA |
110.736,66 |
110.818,4 |
+ 0,07 |
(1) Non compris les crédits en faveur de la
pêche inscrits sur le budget de l'agriculture et de la pêche
(2) BAPSA net des cotisations agricoles et de la subvention du budget du
ministère de l'agriculture
(3) Après amendement sur l'article d'équilibre du projet de loi
de finances.
C. LES DÉPENSES CONCERNANT L'AGRICULTURE PRODUCTIVE
Une approche moins extensive consisterait à mesurer les crédits concernant la seule agriculture productive, que ce soit dans le budget du ministère ou dans l'ensemble des dépenses bénéficiant à l'agriculture et à la forêt.
1. Dans le projet de budget
Dans la présentation des crédits du ministère, l'ensemble des dépenses destinées à l'agriculture productive sont rassemblées au sein d'un agrégat spécifique (agrégat 01 : activités agricoles productives). Ces dépenses devraient représenter 11.184 millions de francs en 1998.
2. Dans l'ensemble des dépenses
La nouvelle nomenclature retenue dans le document relatif aux
concours publics à l'agriculture budgétaire permet de mesurer, au
sein de l'ensemble des dépenses en faveur de l'agriculture, celles qui
vont aux activités agricoles productives.
Le
domaine 1
regroupe ainsi tous les concours budgétaires
affectables directement aux activités et aux produits agricoles. Il
s'agit donc d'actions économiques, d'encouragements et d'interventions
financières en faveur du secteur agricole, qui figurent principalement
au titre IV, ainsi que les financements communautaires qui viennent
compléter ces lignes budgétaires, ou qui sont directement mis en
oeuvre par les offices par produits.
Les dépenses y sont regroupées en huit ensembles, allant des
actions les plus directes en faveur de la production (telles les aides à
l'installation des jeunes agriculteurs) jusqu'aux moins directes comme la
formation continue.
Ainsi, sur plus de 170.891,2 millions de francs de concours nets,
75.502,2 millions de francs vont aux activités agricoles
productives en 1996.
Le graphique ci-après fait apparaître que, si l'on excepte la
protection sociale, les dépenses en faveur de l'agriculture productive
constituent le premier poste de l'ensemble.
Répartition par domaines et ensembles des dépenses bénéficiant à l'agriculture
Source Ministère de l'Agriculture (en millions de francs)
II. LE FINANCEMENT DES ACTIONS CONSIDÉRÉES COMME PRIORITAIRES
Selon la présentation qu'en a faite le ministre de
l'agriculture devant votre commission, le 14 octobre dernier, le budget
pour 1998 permettra de financer les grandes priorités, à des
degrés différents, que sont l'installation des jeunes, la
sécurité et la qualité de l'alimentation et, enfin, la
formation professionnelle.
A l'issue du vote du projet de budget pour 1998, une quatrième
priorité a été dégagée : il s'agit de
la revalorisation des retraites agricoles.
A. L'INSTALLATION DES JEUNES EN AGRICULTURE
La politique de l'installation a fortement été relancée depuis la loi de modernisation de 1995. La Charte pour l'installation a constitué, en novembre 1995, un moment fort de cette politique. Votre rapporteur pour avis se félicite que l'installation soit considérée comme une priorité par le nouveau Gouvernement.
1. Le bilan de la politique d'aide aux jeunes agriculteurs
a) Les différents volets des aides de l'Etat en faveur de l'installation des jeunes agriculteurs jusqu'en 1997
- La dotation d'installation aux jeunes agriculteurs
(DJA), instituée en 1973, est une aide en capital qui permet notamment
de compléter la trésorerie nécessaire au démarrage
de l'activité agricole. La gestion de la DJA est, depuis l'origine,
confiée au CNASEA.
- Les prêts à moyen terme spéciaux jeunes agriculteurs
(MTS-JA), mis en place en 1965, sont destinés au financement de la
reprise de l'exploitation par le jeune agriculteur.
- Les stages 6 mois consistent en une période de pratique
obligatoire pour tout candidat aux aides à l'installation (DJA et
prêts MTS-JA), né depuis le 01/01/1971. L'indemnité de
tutorat versée au maître-exploitant et, depuis 1995, les bourses
aux stagiaires sont gérées par le CNASEA.
- Les programmes pour l'installation des jeunes en agriculture et le
développement des initiatives locales (PIDIL) regroupant les actions
mises en oeuvre par l'Etat et les collectivités territoriales pour
concourir à la réalisation des orientations fixées par la
Charte nationale pour l'installation des jeunes en agriculture. Un fonds
spécial (FIDIL) a été spécifiquement
créé et doté de 150 millions de francs en 1997 pour
financer les interventions de l'Etat visant notamment la mise en place des
répertoires à l'installation, l'installation progressive des
jeunes agriculteurs en association avec les cédants, les diagnostics
d'exploitations sans successeurs, le soutien à la diversification des
activités agricoles...
L'élaboration des PIDIL dans chaque région et la mise en oeuvre
des crédits FIDIL sont largement déconcentrées au niveau
des régions et des départements, dispositif qui s'inspire de
celui des OGAF. Le CNASEA assure la liquidation et le paiement des aides.
- Les répertoires à l'installation sont en mise en oeuvre
depuis plus de dix ans dans certains départements : ils ont
été généralisés à l'ensemble du
territoire depuis la loi de modernisation du 1er février 1995 et
destinés à favoriser les mises en relation entre des agriculteurs
cherchant un repreneur et des candidats à l'installation.
Le CNASEA est chargé de l'animation du réseau au niveau
régional et national, de la coordination et du suivi du dispositif. Il
conçoit et met à disposition des ADASEA les moyens et les outils
nécessaires à sa gestion.
b) La dotation d'installation aux jeunes agriculteurs
La DJA a pour but de procurer aux jeunes agriculteurs
remplissant certaines conditions réglementaires (notamment d'âge
et de capacité professionnelle) et présentant un projet qui
permet d'atteindre un objectif de revenu par unité de main d'oeuvre
familiale compris entre 1 et 2 SMIC environ, une aide au financement du
démarrage de leur activité. Cette aide en capital est
accordée au vu d'une étude prévisionnelle d'installation
(EPI) qui doit montrer la viabilité économique de l'installation.
Par ailleurs, le financement des investissements de reprise peut
également être assuré par des prêts à moyen
terme spéciaux à taux bonifié.
Certains avantages, d'ordre fiscal et social, en faveur des jeunes
agriculteurs, complètent ces mesures.
L'évolution du nombre des DJA et du coût budgétaire sur
les cinq dernières années
Années |
Sommes versées (en millions de francs) |
Nombre de bénéficiaires (premiers versements) (*) |
1991 |
781 |
11.389 |
1992 |
586 |
10.445 |
1993 |
720 |
8.465 |
1994 |
778 |
7.246 |
1995 |
893 |
7.787 |
1996 |
931 |
8.677 |
(*) Le premier versement intervient lorsque le jeune
s'installe effectivement. En 1996, 9.030 jeunes avaient fait agréer
leur projet ; ce nombre correspond à des installations en 1996 ou
en 1997.
L'évolution du pourcentage des installations sans DJA
Une étude réalisée à la demande du ministère
de l'agriculture et de la pêche, sur la période 1989-1991 montre
que les installations ne bénéficiant pas de la DJA
représentent environ 29 % des installations par an, qu'elles sont
souvent le fait d'agriculteurs âgés soit de moins de 21 ans,
soit de plus de 30 ans (25 % sont âgés de 35 à
40 ans) et plus particulièrement de femmes (2/3 des installations
sans DJA).
Les installations sans DJA sont réalisées sur des petites, voire
très petites, exploitations (46 % des jeunes non aidés
s'installent sur les exploitations de moins de 15 ha), alors que la
superficie moyenne des exploitations sur lesquelles se sont installés
les jeunes bénéficiaires de la DJA en 1991 était de
33 ha.
D'après les observations de la Caisse centrale de mutualité
sociale agricole, le taux de jeunes agriculteurs qui s'installent sans les
aides a encore diminué en 1996.
Le coût par installation
Il est délicat d'établir avec précision le montant moyen
des aides dont bénéficie un jeune agriculteur qui s'installe du
fait que certaines mesures, fiscales en particulier, sont assises sur une
partie de la superficie de l'exploitation ou sur le montant des
bénéfices agricoles. Néanmoins, pour ce qui concerne les
principales aides à l'installation accordées par l'Etat, on peut
donner les indications suivantes :
(en francs)
Zone de plaine |
Zone défavorisée |
Zone de montagne |
|
Montant moyen de la DJA |
82.700 |
106.800 |
171.700 |
Equivalent subvention pour un prêt MTS/JA de 500.000 F d'encours sur neuf ans |
104.525 |
138.407 |
138.407 |
Total |
187.225 |
245.207 |
310.107 |
2. La politique d'installation pour 1998
a) Le maintien d'une priorité
Près d'un milliard de francs est consacré
à l'installation dans le budget 1998.
Le projet de loi de finances pour 1998 crée un nouvel instrument
financier :
le Fonds pour l'installation en agriculture
doté de
160 millions de francs.
Le
FIA
, selon le Gouvernement, est
principalement destiné
à aider l'installation des jeunes qui ne sont pas issus du milieu
agricole
.
Par ailleurs, un effort est effectué en matière de formation avec
un accroissement de 26,6 % des crédits consacrés aux
stages à l'installation
. La dotation est portée à
100 millions de francs. Elle permettra d'accueillir un nombre plus
important de stagiaires, d'améliorer leurs conditions d'accueil et
d'adapter les modalités de la formation à un public dont une part
croissante n'est pas issue du milieu agricole.
Les crédits en faveur des installations classiques est poursuivi avec
près de 10.000 DJA financées en 1998 avec la reconduction de
la dotation à 645 millions de francs.
b) L'appréciation des crédits affectés à l'installation
Votre rapporteur pour avis tient à effectuer trois
précisions :
- il regrette, tout d'abord, que le FIA soit présenté comme
devant être réservé en priorité aux jeunes qui ne
sont pas issus du milieu agricole : il y a ici une inégalité
dont votre rapporteur pour avis a dû mal à percevoir la logique.
Cette dotation, étant destinée à des agriculteurs de
59 ans prêts à céder leur exploitation à ces
jeunes, serait de l'ordre de 50.000 francs et serait versée
après avis de la CDOA si le projet correspond effectivement à une
installation qui n'aurait pas eu lieu sinon. Ce mécanisme devra, selon
votre rapporteur pour avis, faire ses preuves en évitant les effets
d'aubaine.
- il constate que cette grande innovation que constitue le FIA est
née sur " les ruines du FIDIL ", ce fonds commençant
à être connu de tous et à produire ses premiers effets.
Mais il est vrai qu'il est aisé de présenter une grande
réforme en ne procédant qu'à un simple changement de
sigle. Votre rapporteur pour avis rappelle que 80 millions de francs ont
été versés pour financer les Pidil en 1997 ;
- les crédits de bonification (chapitre 44-42) s'établissent
à 2,3 milliards de francs, soit une diminution de 90 millions
de francs par rapport à la loi de finances initiale pour 1997. Si cette
évolution est la conjugaison de plusieurs causes (décrochage des
réalisations des prêts agricoles, baisse du coût de la
ressource bancaire...), il est néanmoins regrettable que la relance de
la politique de bonification des prêts à l'agriculture
française, entamée en 1994 et 1995 et confortée en 1996 et
1997, ne soit pas poursuivie. Elle doit constituer une priorité de la
politique agricole nationale de façon à accompagner les
nécessaires efforts de modernisation et d'adaptation de l'agriculture
française à la compétition européenne et
internationale.
B. LES CRÉDITS CONSACRÉS À LA SÉCURITÉ ET À LA QUALITÉ DE L'ALIMENTATION
Votre rapporteur pour avis se félicite que le
Gouvernement ait souhaité maintenir comme une priorité les
crédits destinés à l'hygiène et à la
qualité de l'alimentation.
Le chapitre 44-70, consacré aux
actions de promotion et de
contrôle de la qualité
voit ses crédits augmenter en
1998 de 26, 1 % (de 273,25 millions de francs en 1997 à 330 pour
1998).
Ne doivent pas être comptabiliser dans ce chapitre les crédits des
articles 50, 60 et 70 qui sont relatifs à la sélection
animale et végétale.
Les deux principales lignes de ce chapitre sont :
-
les actions de lutte contre les maladies des animaux
,
essentiellement pour la santé publique (actions de dépistage,
vaccinations, indemnisation des éleveurs)
voient leurs moyens
s'accroître de 20 %
(chapitre 44-70, article 20 :
278,6 millions de francs). Votre rapporteur pour avis rappelle qu'en 1997
quarante-cinq emplois de titulaires avaient été
créés dans le corps des vétérinaires
inspecteurs ;
- de la même façon,
les dotations de la protection et du
contrôle sanitaire des végétaux sont augmentées de
16,7 % pour 1998
à hauteur de 35 millions de francs
(chapitre 44-70, article 10). Il s'agit là aussi d'actions
essentielles. Les moyens en personnels des services déconcentrés
de la protection des végétaux sont, par ailleurs, accrus avec la
création de cinq emplois d'ingénieurs des travaux agricoles.
Les moyens destinés aux actions de
contrôle et d'expertise dans
le domaine des signes de qualité et à la maîtrise de la
qualité des produits
sont, eux aussi, en augmentation
(chapitre 44-70, article 30 : 16,4 au lieu de 13,5 millions de
francs).
La subvention de fonctionnement
au centre national d'études
vétérinaires et alimentaires
(chapitre 36-22,
articles 13 et 22) est portée à 168,09 millions de
francs, soit une hausse de 5,38 %.
Les subventions d'investissements de cet organisme sont augmentées de
16,5 % pour atteindre 18,3 millions de francs.
La dotation à
l'INAO
(chapitre 36-22, article 83)
passe de 66,2 à 72 millions de francs.
Votre rapporteur pour avis rappelle que l'INAO avait donné lieu en 1997
à une création de 10 postes supplémentaires.
Les
crédits de sélection végétale
(chapitre 44-70, article 70) qui visent à une création
variétale plus diversifiée, sont en diminution de 15 % avec
6,5 millions de francs.
Votre rapporteur pour avis regrette cette diminution des crédits qui
pourrait affaiblir les capacités d'accès des entreprises de
sélection aux technologies de modifications biologiques.
Enfin, les actions visant à la sélection animale
(chapitre 44-70, article 50) sont reconduites à hauteur de
92,2 millions de francs, à l'instar des crédits
destinés au dispositif d'identification permanente
généralisée du bétail avec 14 millions de
francs (chapitre 44-70, article 60).
C. L'ENSEIGNEMENT ET LA FORMATION PROFESSIONNELLE
Votre rapporteur pour avis constate, qu'après une
croissance de 2,3 % en 1997, les crédits de l'enseignement agricole
et de la formation professionnelle poursuivent leur augmentation avec
près de 4,9 % pour atteindre 6.438 millions de francs.
L'examen détaillé des crédits consacrés aux actions
de formation ainsi que l'appréciation susceptible d'être
portée sur l'évolution de ces dotations sont, traditionnellement,
du ressort de votre commission des affaires culturelles qui y consacre un avis
spécifique " Enseignement agricole ".
Votre rapporteur pour avis se félicite d'une telle augmentation. Il
réaffirme en outre son attachement à la spécificité
de cet enseignement et ne souhaite pas que la notion de
" mutifonctionnalité " de l'aménagement agricole, promu
par M. Le Pensec, Ministre de l'Agriculture et de la Pêche, conduise
à affaiblir la spécificité et l'autonomie de cet
enseignement.
D. LES RETRAITES AGRICOLES
Votre rapporteur se félicite de l'effort consenti
par le Gouvernement en matière de retraites agricoles
. Le coût
de la revalorisation des pensions agricoles au 1er janvier prochain
devrait s'élever à 680 millions de francs. Cette revalorisation
devrait bénéficier aux conjoints ayant travaillé sur les
exploitations, aux anciens aides familiaux et à ceux d'entre eux qui ont
été chefs d'exploitation pendant quelques années seulement.
Néanmoins, en raison d'une surestimation de 180 millions de francs
des prestations maladie, le coût réel de cette mesure est de
500 millions de francs.
Votre rapporteur s'étonne que, si cette revalorisation constitue une
priorité de longue date du Gouvernement, rien n'ait été
prévu à cet effet dans le projet initial pour la financer.
Par ailleurs, cette mesure s'avère en année pleine très
inférieure aux dispositions prises en la matière par les
Gouvernements précédents.
Votre rapporteur pour avis pour avis rappelle que la moyenne nationale est de
2.300 francs pour les non salariés agricoles en 1996. Ainsi la
quasi totalité des retraités sont en dessous des 75 % du
Smic.
III. DES EXIGENCES INSUFFISAMMENT PRISES EN COMPTE
A. LE SOUTIEN AUX SECTEURS FRAGILES ET AUX ZONES DÉFAVORISÉES
1. L'élevage
a) La prime au maintien du troupeau de vaches allaitantes (PMTVA)
Instituée afin d'assurer le maintien du revenu des
éleveurs se consacrant à la production bouchère et
à corriger les distorsions de prix au détriment de la viande
bovine, la
prime au maintien du troupeau de vaches allaitantes
est un
instrument d'orientation de l'élevage bovin
. La réforme de la
PAC a revalorisé sensiblement cette prime, afin de compenser la baisse
des prix d'intervention et la compétitivité accrue des viandes
blanches, qui bénéficient de la baisse du prix des
céréales. Elle est versée sous condition d'un niveau de
chargement et est limitée, pour chaque exploitation, à un nombre
de primes de référence (1992).
Les crédits de la PMTVA, portés à 659 millions de
francs en 1996, sont reconduites dans le projet de budget pour 1998 à
650 millions de francs (chapitre 44-55, article 30).
Il faut rappeler l'importance de cette prime pour la France, dont le cheptel
allaitant, avec 4 millions d'animaux, représente 40 % du
cheptel européen, 70 % des vaches étant dans des zones
défavorisées.
b) Les indemnités compensatrices de handicaps naturels
Ces aides sont principalement destinées au
140.000 éleveurs des zones de montagne ou
défavorisées.
Les crédits inscrits à ce titre au budget national
(chapitre 44-80, article 30),
sont en baisse de 5,5 % avec
1.560 millions de francs
.
Votre rapporteur pour avis regrette une telle baisse en raison des besoins
importants des zones concernées par ces indemnités et ce,
malgré l'augmentation des retours communautaires.
Principal soutien en faveur de la montagne et des zones
défavorisées dans le cadre d'une politique d'aménagement
du territoire, cette mesure n'est plus revalorisée depuis de nombreuses
années.
On peut rapprocher de ces dotations celles allouées à la
construction et à la rénovation des bâtiments
d'élevage réservées depuis le 1er janvier 1991
aux zones de montagne et retracées au chapitre 61-40. Ces
subventions sont reconduites tant en autorisations de programme
(220 millions de francs) qu'en crédits de paiement
(137 millions de francs).
2. La prime au maintien de l'élevage extensif : une mesure agro-environnementale importante
La prime à l'herbe, ou prime au maintien à
l'élevage extensif, a été instituée en 1993, dans
le cadre du plan d'accompagnement de la réforme de la politique agricole
commune et, à la demande de la France, reconnue comme l'un des
éléments du dispositif agri-environnemental.
Elle concerne les élevages dont le chargement n'excède pas
l'équivalent d'une unité de gros bétail par hectare (UGB)
ou 1,4 UGB lorsque les prairies représentent plus des trois quarts
de la surface agricole utilisée (SAU). L'éleveur doit respecter
ses engagements d'entretien pendant cinq ans. La prime a été
fixée, de 1995 à 1997, à 300 francs par hectare.
Les crédits consacrés à cette prime sont
regroupés au sein du chapitre 44-41, article 22 pour un
montant identique à celui de 1997, soit 715 millions de francs.
3. La mise aux normes
En ce qui concerne les aides de l'Etat à la mise aux
normes environnementales des bâtiments d'élevage, il semble que
sur 220 millions de francs, 175 millions de francs soient
consacrés au Programme de Maîtrise des pollutions d'origine
agricole (45 millions étant consacrés aux bâtiments de
montagne).
Outre ce montant de 175 millions de francs, la possibilité d'une
mobilisation financière du FNDAE au profit du PMPOA a été
offerte en 1996 pour trois ans.
Votre rapporteur pour avis considère qu'il est indispensable que
l'engagement du FNDAE au côté du PMPOA soit en 1998 au même
niveau qu'en 1997, soit 150 millions de francs.
Or, le montant des recettes et donc des dépenses du FNDAE sont en baisse
de 1 % pour 1998 -de 990 à 981 millions de francs-.
Ainsi votre rapporteur pour avis s'interroge sur la capacité du
Gouvernement à mobiliser les sommes nécessaires au PMPOA.
B. LES CRÉDITS À LA PROMOTION À L'EXPORTATION DES PRODUITS AGRICOLES ET AGRO-ALIMENTAIRES
L'analyse de ces crédits de politique
industrielle
est effectuée dans l'avis de votre commission portant
sur les industries agro-alimentaires.
Votre rapporteur pour avis souligne néanmoins que les crédits
diminuent en 1998
, ce qu'on ne peut que déplorer, les industries
agro-alimentaires constituant le " fer de lance " de notre
économie agricole.
Les crédits affectés à la SOPEXA
La France est le deuxième exportateur mondial de produits agricoles et
alimentaires avec un chiffre d'affaires de plus de 213 milliards de francs
et un solde commercial excédentaire s'élevant à
58,5 milliards de francs.
L'exportation avec près du quart du chiffre d'affaires global est le
réel moteur interne de la croissance du secteur agricole et
agro-alimentaire. 15.670 entreprises exportatrices sont à l'origine
de ces performances exceptionnelles. Plus de 500.000 emplois directs, et
autant d'emplois indirects en dépendent. Ces entreprises sont
essentiellement des PME, 2.100 réalisent un chiffre d'affaires
supérieur à 10 millions de francs, et sont implantées
sur l'ensemble du territoire.
Au moment où les marchés internationaux s'ouvrent, où la
concurrence est de plus en plus vive et où les grands pays exportateurs
(les Etats-Unis d'Amérique notamment) maintiennent, voire renforcent les
moyens publics consacrés à la promotion des produits, utilisant
en cela la compatibilité de telles aides avec les règles du
commerce mondial conformément aux accords de Marrakech,
il serait
paradoxal et dangereux que la France, précurseur en ce domaine, baisse
sa garde et se replie sur l'hexagone.
L'investissement public consenti au travers de la dotation allouée
à la SOPEXA est une des clés du renforcement de la
capacité exportatrice de notre pays et doit être renforcé
afin de :
- faciliter et encourager l'accès opérationnel aux
marchés extérieurs par nature plus lointains, plus risqués
et plus complexes, eu égard à la taille relativement petite des
entreprises exportatrices ;
- stimuler le partenariat entre le secteur public, les organismes
interprofessionnels et les entreprises d'une même filière sur la
base de stratégies communes, à coûts partagés ;
- permettre l'effet de levier entre le pré-investissement
effectué par les pouvoirs publics et l'effort de financement par les
opérateurs privés.
Ainsi, votre rapporteur pour avis considère que la diminution de
20,22 % des crédits consacrés à la SOPEXA est une
grave erreur.
Il rappelle que cette dotation (chapitre 44-53, article 30) passe de
197,80 millions de francs à 157,80 millions de francs.
Votre rapporteur pour avis estime que les crédits à la SOPEXA
doivent être au minimum maintenus par rapport à ceux de 1997, ce
qui suppose 40 millions de francs supplémentaires.
IV. LES AUTRES DOTATIONS
A. LES CRÉDITS EN BAISSE
1. Les crédits aux offices agricoles
Les offices sont un instrument essentiel de la politique de
restructuration et d'adaptation des filières ainsi que de traitement des
problèmes conjoncturels.
Les crédits des différents offices d'intervention agricoles
s'élèvent pour 1998 à 3,05 milliards de francs au
lieu de 3,112 milliards de francs en 1997 (chapitre 44-53,
article 10), soit une baisse de 53 millions de francs
(1,7 %).
La dotation de ce chapitre est répartie entre les différents
offices d'intervention par le Conseil Supérieur d'Orientation (CSO).
Les offices d'intervention financent, dans la pratique, deux grandes
catégories de dépenses :
- les dépenses de fonctionnement, ainsi que celles liées
à la réglementation communautaire (exemple : participation
nationale aux dépenses d'intervention : TVA sur les aides
communautaires, etc...) ; ces dépenses ont un caractère
obligatoire et enregistrent une baisse pour l'essentiel liée à la
réforme de la PAC ;
- les dépenses aux actions nationales qui sont, en fait, soit au
travers des engagements pluriannuels (contrats de plan notamment), soit au
travers des engagements annuels, le véritable levier d'orientation de la
politique en faveur des différentes filières de production.
En conséquence, les crédits d'orientation des offices traduisent
une volonté politique, fléchissante en 1998, de contribuer
à la
modernisation et à l'adaptation des filières
agricoles à un contexte international de plus en plus ouvert et
concurrentiel.
Au risque de remettre en cause leur capacité à agir en faveur de
la nécessaire adaptation des filières agricoles et
agro-alimentaires, il importe de
renforce de façon significative
les crédits d'orientation économique des offices.
2. La valorisation de l'espace rural
Les crédits spécifiques consacrés
à l'aménagement rural sont en repli. Leur évolution est
détaillé dans l'avis consacré par votre commission
à l'aménagement rural.
Néanmoins, outre le FGER, qui tout en bénéficiant d'une
inscription initiale de 140 millions de francs dans le projet de loi de
finances pour 1998, voit sa dotation diminuer de 6,67 %, votre rapporteur
pour avis pour avis constate une diminution des crédits consacrés
à la fois à la mise en valeur de la forêt et à
l'espace rural.
a) La baisse des crédits de mise en valeur de la forêt
La politique forestière n'apparaît pas être
une priorité du projet de loi de finances pour 1998.
Ces dotations passent respectivement de 1.323,53 millions de francs
pour 1997 à 1.296,14 millions de francs dans le projet 1998, soit
une baisse de plus de 2 %.
Ce sont les crédits affectés
à la sauvegarde de l'espace forestier (chapitre 35-92,
article 10), aux travaux et acquisitions (article 61-44,
article 30) et à l'amélioration de la productivité
forestière (chapitre 61-44, article 40) qui subissent les plus
fortes baisses.
Par ailleurs,
votre rapporteur pour avis souligne la faiblesse des recettes
du fonds forestier national qui passent de 443,80 millions de francs
à 422 millions de francs.
Votre rapporteur pour avis regrette qu'après une hausse de 7,3 %
des crédits pour 1997, le projet de loi de finances pour 1998
présente une telle diminution des crédits relatifs à la
forêt.
b) La baisse des dotations en faveur de l'espace rural
Ces crédits baissent de près de 10 %,
passant de 196,72 millions de francs en 1997 à 177,47 millions
de francs pour 1998.
Tous les chapitres de ce sous-agrégat sont en diminution
. Il
s'agit :
- des crédits en faveur des interventions pour l'aménagement
rural (- 13 %) ;
- des dotations à destination du FGER (- 6,67 %) ;
- des subventions à l'amélioration du cadre de vie et du
développement rural (- 25,36 %).
B. LES CRÉDITS FAISANT L'OBJET D'UNE RECONDUCTION
Il s'agit :
- des dotations consacrées aux opérations groupées
d'aménagement foncier (chapitre 44-41, article 60) à
hauteur de 45,23 millions de francs ;
- des crédits affectés à la garantie des
calamités agricoles (chapitre 46-33, article 10) à
hauteur de 225 millions de francs ;
- des subventions aux mesures agri-environnementales (chapitre 44-41,
article 24) à hauteur de 120 millions de francs ;
- les dotations de fonctionnement aux SAFER (chapitre 44-80,
article 60) à hauteur de 43,70 millions de francs.
Compte tenu de ce qui précède et suivant les conclusions de
son rapporteur pour avis, la Commission des Affaires économiques a
donné un avis défavorable à l'adoption des crédits
du ministère de l'agriculture pour 1998.
EXAMEN PAR LA COMMISSION
Au cours de sa réunion du
jeudi 13 novembre 1997 sous la présidence de M. Jean
François-Poncet, président, la commission a procédé
à l'examen du rapport pour avis de M. Alain Pluchet sur l'agriculture.
M. Alain Pluchet, rapporteur pour avis,
a tout d'abord indiqué
que le revenu agricole avait augmenté de 1 % en 1996 après
de fortes augmentations en 1994 et 1995. Il a tenu à rendre hommage
à la politique menée par les deux précédents
ministres de l'agriculture qui avait permis, notamment lors de la crise de la
vache folle, le maintien du revenu des agriculteurs. Il a souligné d'une
part l'importance du montant des subventions communautaires, qui était
passé en trois ans de 18 à 50 milliards de francs, et
d'autre part la croissance de la part de l'Etat dans le montant des cotisations
sociales. Il a, également, noté la diminution de 8 % des
impôts fonciers pour 1996 et la croissance soutenue de l'investissement.
Il a, en outre, fait remarquer la disparité de l'évolution des
revenus en fonction à la fois des régions et de l'orientation
technique des différentes exploitations. Il a regretté la baisse
constante du nombre d'exploitations et d'actifs agricoles.
Abordant la politique des pouvoirs publics en 1996 et 1997,
M. Alain
Pluchet, rapporteur pour avis,
s'est félicité de l'action
gouvernementale menée lors de la crise de la " vache
folle ".
Il a ensuite effectué un premier bilan de la loi de juillet 1996
tendant à instaurer un meilleur équilibre entre la grande
distribution et les producteurs. Il a par ailleurs rappelé qu'un bilan
sur le service public de l'équarrissage devait être
présenté avant la fin de cette année. Il a enfin
noté que le Sénat attendait avec impatience l'examen du projet de
loi sur la qualité des denrées humaines et animales et le projet
de loi d'orientation agricole.
Après avoir fait le point sur l'état d'avancement des
différentes organisations communes de marché,
M. Alain
Pluchet, rapporteur pour avis,
a rappelé les différents
enjeux de la politique agricole commune (PAC), notamment celui lié
à l'élargissement de l'Union européenne. Il a
insisté sur ces nouvelles exigences de notre société de
consommation que constituaient la qualité des produits alimentaires
-notamment face au problème des organismes génétiquement
modifiés-, l'environnement et l'aménagement de l'espace rural.
M. Alain Pluchet, rapporteur pour avis,
a poursuivi son propos en
indiquant que le budget général hors pêche
s'établissait à 35,486 milliards de francs pour 1998, soit
une augmentation de 1,22 %. Il a regretté la baisse de 10 % en
autorisations de programme et de 7 % en crédits de paiement des
dépenses en capital.
Rappelant les différentes priorités du Gouvernement, il a
estimé peu opportun le remplacement du fonds pour l'installation et le
développement des initiatives locales (FIDIL) par le fonds pour
l'installation en agriculture (FIA). Il s'est inquiété de la
volonté affichée par le Gouvernement d'attribuer en
priorité les crédits du FIA aux jeunes issus d'un milieu non
agricole. Après avoir rappelé l'évolution du nombre des
installations agricoles depuis le début des années 1990,
M.
Alain Pluchet, rapporteur pour avis,
a regretté l'absence de baisse
des taux des crédits bonifiés.
M. Jean François-Poncet, président
, et
M. Marcel Deneux
sont intervenus pour expliquer les causes de la diminution du nombre
d'installations d'exploitants agricoles en 1994 en rappelant, notamment, les
effets de la réforme de la PAC.
M. Alain Pluchet, rapporteur pour avis,
a précisé que les
crédits consacrés à la qualité et la
sécurité des denrées alimentaires étaient en
augmentation de 26 %. Après avoir noté la croissance des
dépenses affectées à l'enseignement agricole, le
rapporteur pour avis s'est félicité de l'augmentation des
crédits destinés aux retraites agricoles les plus faibles.
Après avoir répondu à
M. Jean Huchon
qui
l'interrogeait sur le montant annuel nécessaire à la
revalorisation de l'ensemble des retraites agricoles, il a ensuite
évoqué les aspects insuffisamment pris en compte par le
ministère de l'agriculture dans le projet de loi de finances pour 1998 :
il s'agit du soutien aux régions à handicaps, des crédits
consacrés à la Société pour la promotion et
l'exportation des produits agricoles (SOPEXA) et des politiques en faveur de la
forêt et de l'espace rural.
M. Alain Pluchet, rapporteur pour avis,
a demandé que la
commission donne un avis défavorable à l'adoption des
crédits consacrés à l'agriculture en raison de la hausse
des frais de fonctionnement, et du caractère insuffisamment prospectif
du projet de loi de finances pour 1998.
M. Marcel Deneux
, après avoir approuvé les propos du
rapporteur pour avis, a regretté la baisse de l'agrégat
n° 1 consacré aux activités agricoles productives. Il a
ensuite constaté que les procédures et les méthodes
utilisées par la commission des comptes de l'agriculture -notamment
l'utilisation comme référence de l'année civile et
l'absence de comptes de bilan et de stock- suscitaient des interrogations.
Abordant la question des charges de bonification, il a rappelé
qu'actuellement les taux réels s'établissaient à
près de 3 %. Il a constaté qu'en 1977, plus de
7 milliards de francs étaient consacrés à la
bonification alors qu'actuellement seulement 2,3 milliards y
étaient affectés. Il a rappelé que la bonification des
crédits permettait d'atténuer le poids des frais financiers pour
des agriculteurs qui investissaient dans des productions de longue
période.
M. Marcel Deneux
a regretté que peu d'informations aient
été données aux parlementaires sur les discussions entre
les autorités communautaires et le Gouvernement, notamment lors de
l'apurement des comptes du FEOGA.
Après avoir rappelé l'utilité de la SOPEXA, il a
considéré qu'il y avait une contradiction entre le fait de
vouloir développer les exportations et celui de diminuer les
crédits de cette entreprise. Il s'est déclaré, dans ce
contexte, défavorable à l'adoption des crédits de
l'agriculture.
M. Raymond Soucaret
s'est interrogé sur le montant des
subventions communautaires, rappelant le mouvement de baisse des prix
engagé depuis 1992.
M. Jean François-Poncet, président,
a rappelé que
la réforme de la PAC de 1992 avait entraîné une baisse des
prix compensée par une hausse des subventions.
M. Alain Pluchet, rapporteur pour avis,
a tenu à rappeler
l'importance des retours communautaires.
M. Marcel Deneux
a précisé, à cet égard, que
les agriculteurs soumis à une comptabilité au réel avaient
contribué notablement depuis quelques années à
l'accroissement des recettes fiscales de l'Etat.
M. Michel Souplet
a regretté que la France ne se dote pas de
moyens suffisants pour promouvoir et développer ses exportations dans
les pays émergents. Abordant la question de l'installation des jeunes,
il a rappelé qu'une exploitation de cent hectares qui dégageait
un chiffre d'affaires de plus de 800.000 francs nécessitait un
investissement en capital de plus de cinq millions de francs. Il a fait
remarquer que lors d'un départ à la retraite, la cession de
l'exploitation constituait pour l'agriculteur un complément de retraite
indispensable.
M. Alain Pluchet, rapporteur pour avis,
après avoir
approuvé les propos des précédents orateurs, a
confirmé que l'examen détaillé des comptes de
l'agriculture notamment en matière d'exportation, suscitait quelques
interrogations. Il a souhaité que la commission auditionne le
président de la commission des comptes de l'agriculture de la Nation.
M. Michel Souplet
a rappelé la distinction en matière
d'installation entre les zones de grandes cultures et les régions
à handicap naturel.
M. Louis Moinard,
après avoir regretté la baisse de la
dotation consacrée aux interventions spéciales dans les zones
agricoles défavorisées, s'est interrogé sur les
réactions du Gouvernement face aux propositions de la Commission
européenne en matière de fonds structurels dans le volet agricole
d'Agenda 2000.
M. Alain Pluchet, rapporteur pour avis
, a précisé que ce
point précis pourrait être abordé par la prochaine mission
de la Commission sur la future réforme de la PAC. Il a ensuite
considéré comme problématique la baisse de
70 millions de francs des crédits affectés au fond national
des haras.
M. Jean François-Poncet, président
, s'est
inquiété de l'apparente volonté du ministère de
l'environnement de récupérer les crédits affectés
au fonds national pour le développement des adductions d'eau (FNDAE),
aujourd'hui gérés par le ministère de l'agriculture. Il a
évoqué le risque de diminution de la dotation du FNDAE et s'est
inquiété du souhait éventuel des pouvoirs publics de
confier aux agences de bassin les missions du FNDAE. Il a noté, à
cet égard, que les agences de bassin risquaient de se voir confier de
nouvelles missions sans pour autant constater une augmentation de leurs moyens
financiers. Il a fait remarquer que cette " débudgétisation
rampante " conduirait inéluctablement à une minoration des
crédits pour l'adduction d'eau. Il a, enfin, évoqué les
inquiétudes que suscitait l'adoption de nouvelles directives
européennes en matière environnementale, notamment celle relative
à la limitation de la teneur en plomb dans l'eau.
Un large débat s'est ensuite instauré sur les problèmes de
gestion de l'eau, auquel ont participé
MM. Marcel Deneux, Louis
Moinard
et
M. Jean François-Poncet, président
.
Mme Anne Heinis
a regretté que la préoccupation du
ministère de l'environnement semble être, de façon
systématique, le maintien des choses en l'état.
M. Jean François-Poncet, président
, a rappelé que
la prochaine commission d'enquête sur les infrastructures, dont la
création était démandée, pourrait être
l'occasion d'aborder ces questions.
M. Jean Huchon
s'est interrogé sur le nombre exact de postes de
fonctionnaires créés au ministère de l'agriculture et de
la pêche dans le projet de loi de finances pour 1998.
La commission a ensuite émis
un avis défavorable à
l'adoption des crédits consacrés à l'agriculture dans le
projet de loi de finances pour 1998.
1
Avis n° 88 - Sénat
(1996-1997) présenté par M. Alain Pluchet au nom de la Commission
des Affaires économiques et du Plan sur le projet de loi de finances
pour 1997, adopté par l'Assemblée nationale -TOME i - Agriculture.
2
Rapport du 2 février 1997 (A4 - 0020/97/Partie A) de MM.
Manuel Medina Ortega sur les allégations d'infraction ou de mauvaise
administration dans l'application du droit communautaire en matière d'ESB
3
Rapport d'information n° 329 (1996-1997) -
Assemblée nationale - déposé par la mission d'information
commune sur l'ensemble des problèmes posés par le
développement de l'ESB - Président : Mme Evelyne Guilhem -
Rapporteur pour avis : M. Jean-François Mattei.
4
Rapport Sénat n° 288 (1996-1997)
présenté par M. Marcel Deneux au nom de la Commission des
Affaires économiques et du Plan sur le projet de loi adopté par
l'Assemblée nationale relatif à la qualité sanitaire des
denrées destinées à l'alimentation humaine ou animale.
5
Proposition de loi n° 329 (1996-1997)
présentée par MM. Charles Descours, Claude Huriet, Maurice
Blin, Guy Cabanel, Henri de Raincourt, Josselin de Rohan, Jacques Bimbenet,
Paul Bland, Mme Annick Bocandé, MM. Louis Boyer, Dominique Leclerc,
Bernard Seillier et Jean-Pierre Fourcade, relative au renforcement de la veille
sanitaire et du contrôle de la sécurité sanitaire des
produdits destinés à l'homme.
6
Rapport d'information n° 196 Sénat (1996-1997)
présenté par M. Claude Huriet au nom de la commission des
affaires sociales à la suite de la mission d'information sur les
conditions du renforcement de la veille sanitaire et du contrôle de la
sécurité sanitaire des produits destinés à l'homme
en France présidée par M. Charles Descours.
.
7
Rapport n° 294 (1995-1996) présenté par
M. Jean Huchon au nom de la Commission des Affaires économiques sur la
proposition de résolution sur la proposition du Conseil concernant la
conclusion des négociations avec certains pays tiers dans le cadre de
l'article XXIV-6 du Gatt.
8
Avis - Sénat n° 88 (1996-1997)
présenté par M. Alain Pluchet, au nom de la Commission des
Affaires économiques, sur le projet de loi de finances pour 1997, Tome I
Agriculture.
9
Rapport Assemblée nationale n° 3291 (1996-1997)
présenté par M. Jean-Jacques Mattei au nom de la mission
d'information commune sur l'ensemble des problèmes posés par le
développement de l'épidémie d'encéphalopathie
spongiforme bovine.
10
Ces partenaires sont : l'Algérie, Chypre,
l'Égypte, Israël, la Jordanie, le Liban, Malte, le Maroc, la
Turquie, la Tunisie, la Syrie et l'Autorité parlementaire.
11
Le groupe rassemble 14 pays à vision libérale
dont l'Australie, la Nouvelle-Zélande, l'Argentine, le Chili, le Canada,
la Hongrie, la Thaïlande, le Brésil, la Colombie, l'Uruguay, les
Fidji, l'Indonésie, la Malaisie et les Philippines.
12
Après l'adoption par l'Assemblée nationale.
Initialement le projet de budget s'élevait à
34,986 milliards de francs, soit une baisse de 0,2 %.