II. LA POURSUITE DE LA RÉFORME DE LA POLITIQUE CULTURELLE

A. LA MISE EN OEUVRE D'UNE POLITIQUE DU CADRE DE VIE

1. La poursuite de l'effort engagé au cours de l'exercice précédent en faveur de l'architecture

a) Un effort destiné à accompagner le rattachement des services de l'architecture au ministère de la culture

Annoncée à l'automne 1995, le transfert des services de l'architecture du ministère de l'équipement au ministère de la culture avait suscité de nombreuses inquiétudes relatives aux moyens financiers qui leur seraient consacrés et aux possibilités de les voir intégrés à la direction du patrimoine.

Ces craintes se sont révélées sans fondement. La création d'une direction de l'architecture de plein exercice comme la progression des crédits prévue par la loi de finances pour 1997 ont permis au rattachement de l'architecture au ministère de la culture de s'effectuer dans des conditions satisfaisantes.

En 1997, les crédits consacrés à l'architecture avaient progressé de 17 % en dépenses ordinaires et en autorisations de programme.

L'effort est poursuivi pour l'exercice 1998. L'évolution des crédits pour 1998 (hors dépenses afférentes aux traitements des personnels permanents, titulaires et contractuels) est retracée dans le tableau suivant :

(en millions de francs)

LFI 1997

PLF 1998

% 1997/1998

DO 235,314 262,744 11,7 %
AP 81,888 84,090 2,7 %
DO + AP 317,202 346,834 9,3 %
b) Un renforcement des moyens de fonctionnement des écoles d'architecture
· 108,9 millions de francs avaient été transférés au ministère de la culture au titre des moyens de fonctionnement consacrés aux 22 écoles d'architecture du ministère. Ces crédits avaient été augmentés par la loi de finances pour 1996 à hauteur de 19,5 millions de francs et ont été portés à 137,4 millions de francs en 1997.

L'augmentation de 19 millions de francs (+ 14,1 %) inscrite au projet de loi de finances pour 1998 sera répartie comme suit :

- 6 millions de francs seront destinés à permettre le recrutement de 22 agents par les écoles, ce qui permettra de remédier en partie au déficit d'effectifs ATOS ;

- 5 millions de francs seront affectés à des travaux de maintenance du parc immobilier ;

- et 8 millions de francs seront consacrés à l'amélioration des conditions d'enseignement et de fonctionnement des écoles, préalable indispensable à la réussite de la réforme des études d'architecture.

Par ailleurs, 15 emplois de professeurs des écoles d'architecture sont créés sur le budget 1998.

Cet effort traduit la volonté de donner à ces établissements les moyens d'assurer correctement leur mission d'enseignement, afin de mieux préparer l'insertion des futurs architectes dans la vie professionnelle.

· Les crédits destinés aux investissements des écoles d'architecture sont reconduits en francs courants pour 1998, soit 55 millions de francs en autorisations de programme.
Celles-ci seront mobilisées à hauteur de 26 millions de francs pour solder les engagements de l'Etat pris dans le cadre des contrats de plan ; 22 millions de francs seront affectés à la mise aux normes de sécurité des écoles d'architecture, ainsi qu'à des travaux de grosses réparations ou de réaménagements ponctuels nécessaires au bon fonctionnement de ces services publics, opérations qui se poursuivront au cours des exercices budgétaires suivants. Par ailleurs, 7 millions de francs seront consacrés aux études et travaux à réaliser dans le cadre de la refonte de la carte scolaire de l'Ile-de-France. Il importe, en effet, de souligner que la région Ile-de-France accueille aujourd'hui 45 % des étudiants, ce qui semble excessif. Une action destinée à rééquilibrer l'offre de formation sur l'ensemble du territoire à partir de pôles régionaux de développement devrait contribuer à remédier à la concentration de l'enseignement de l'architecture en région parisienne.

Ce renforcement des moyens permettra de mener dans des conditions satisfaisantes la réforme des études d'architecture.
c) La réforme des études d'architecture

Annoncée en janvier 1993 à la suite du rapport remis au ministre de l'équipement par le recteur Armand Frémont, cette réforme visait à diversifier les enseignements et les formations pour accroître les débouchés et à favoriser une meilleure insertion professionnelle des jeunes diplômés.

Elle a été mise en oeuvre dans les écoles d'architecture à la rentrée 1997-1998.

Les études conduisant au diplôme d'architecte DPLG comportent désormais trois cycles d'études d'une durée de deux ans chacun (au lieu de deux cycles sur cinq ans). Leur durée totale est donc portée à six ans au lieu de cinq actuellement. La nouvelle organisation des enseignements permettra les réorientations et les reprises d'études. Enfin, la formation comportera, outre le travail personnel de fin d'études, un stage d'un semestre à effectuer au cours du 3e cycle.

Les enseignements ont été diversifiés afin de préparer les étudiants à la multiplicité des champs d'activités qu'ils seront amenés à aborder au cours de leur vie professionnelle : maisons individuelles, ouvrages d'art, projets urbains, réhabilitations, maîtrise d'ouvrage. A cet effet, les études seront structurées à partir d'un tronc commun centré sur l'enseignement du projet architectural et urbain et complétées par l'acquisition des autres savoirs indispensables à l'exercice de la profession d'architecte.

Cette réforme a été l'occasion de réaffirmer la place de l'architecture comme discipline de l'enseignement supérieur. Un protocole de coopération, de quatre ans a été signé en décembre 1996 entre le ministre de l'éducation nationale et le ministre de la culture. Dans le cadre de cette collaboration, la recherche a vocation à être développée dans les écoles : des DESS professionnalisants et des DEA organisés conjointement avec l'Université seront mis en place. A terme, la reconnaissance de l'architecture comme discipline scientifique devrait être consacrée par la préparation d'un doctorat dans les écoles d'architecture.

La mise en oeuvre de la réforme s'accompagnera d'une modification des statuts des écoles, qui bénéficieront d'une plus grande autonomie dans le cadre d'un projet d'établissement faisant l'objet d'une contractualisation avec l'Etat, et de celui des enseignants afin, notamment, de permettre la présence, dans les écoles, d'enseignants-chercheurs.

Votre rapporteur souhaite que cette réforme permette d'améliorer la formation des architectes afin de favoriser leur insertion professionnelle mais également qu'elle leur donne les compétences qu'ils auront à mettre en oeuvre dans les années à venir. En effet, les opérations de réhabilitation sont appelées à représenter une part de plus en plus importante de l'activité des architectes. Le temps n'est plus en effet aux programmes ambitieux de construction. Par ailleurs, le patrimoine bâti au XXe siècle étant fragile, il exigera un effort considérable de remise en état . Pour répondre à ces nouveaux besoins, il importe que les futurs architectes acquièrent les compétences nécessaires, qui leur font actuellement défaut. Par ailleurs, il est possible d'envisager qu'une meilleure formation des architectes aux techniques de la restauration permette de trouver une solution aux difficultés résultant de l'insuffisance des effectifs des architectes en chef des monuments historiques et des architectes des bâtiments de France.

2. La mise en oeuvre par le ministère de la culture d'une politique du cadre de vie

a) la création d'un réseau de diffusion de la création architecturale

Le rattachement des services de l'architecture au ministère de la culture doit être l'occasion de remédier à la quasi absence de l'architecture parmi les préoccupations culturelles des Français bien que l'" intérêt public " de l'architecture soit reconnu par la loi. L'article premier de la loi de 1977 sur l'architecture dispose, en effet, que : " l'architecture est une expression de la culture. La création architecturale, la qualité des constructions, leur insertion harmonieuse dans le milieu environnant, le respect des paysages naturels ou urbains ainsi que du patrimoine sont d'intérêt public. "

Le réseau de diffusion qui a en charge la promotion de la création architecturale est, jusqu'à présent, modeste. Il est constitué de l'Institut français d'architecture (IFA), de deux centres municipaux de grande qualité, l'un à résonance nationale, Arc-en-Rêve à Bordeaux, l'autre centré sur la capitale, le Pavillon de l'Arsenal à Paris, et de deux musées, le musée national d'art moderne au centre Georges Pompidou et le musée des monuments français à Chaillot.

Un effort particulier sera accompli en 1998 afin de renforcer ce réseau, l'organisation des premiers rendez-vous de l'architecture à la Villette les 2 et 3 octobre dernier en ayant été la première traduction symbolique.

Les crédits affectés à la promotion de l'architecture bénéficient d'une majoration de 4 millions de francs. Ils permettront notamment de soutenir l'exportation de l'architecture française notamment grâce à des mesures de soutien financier aux architectes intervenant à l'étranger notamment par le biais de l'Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles (IFCIC). En outre, le soutien apporté à l'Institut français d'architecture (IFA), dont la vocation sera d'être le fer de lance de la promotion de l'architecture française sera accentué en 1998, afin de permettre une politique de promotion visant à renforcer la présence des architectes dans la construction et l'aménagement de l'espace.

Par ailleurs, 4 millions de francs de mesures nouvelles permettront de développer des actions de sensibilisation à l'architecture, notamment en milieu scolaire. Votre rapporteur souhaite que ces actions puissent s'étendre à une information sur les métiers de l'architecture destinée aux élèves du secondaire afin de permettre une meilleure orientation des futurs étudiants et d'éviter un afflux de candidatures dans les écoles d'architecture.

b) La mise en oeuvre d'une politique du cadre de vie

Le regroupement au sein d'une direction unique des services de l'architecture et du patrimoine donnera tout son sens au rattachement des services de l'architecture au ministère de la culture.

L'augmentation des dotations consacrées au patrimoine monumental comme la progression de l'ensemble des crédits d'investissements de l'Etat contribueront à la mise en oeuvre de cet objectif. En particulier l'effort accompli en faveur des monuments historiques, en permettant de maintenir à un niveau constant les engagements de l'Etat, exercera un effet de levier sur les opérations de réhabilitation faisant intervenir des collectivités territoriales et des partenaires privés.

Une telle orientation se traduit également par la volonté de renforcer la protection des espaces protégés en relançant la constitution des zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager -ZPPAUP- instituées par la loi de 1983 et des secteurs sauvegardés créés par la loi " Malraux " du 4 août 1962.

Votre rapporteur se félicite d'une telle orientation qui correspond à une préoccupation ancienne de votre commission mais considère que l'augmentation des crédits demeure modeste compte tenu de l'ampleur de la tâche à accomplir.

Le projet de loi de finances pour 1998 maintient les crédits du titre V relatifs aux secteurs sauvegardés et aux ZPPAUP à leur niveau de 1997 soit 17,09 millions de francs et augmente de 2,2 millions de francs (soit +22 %) les crédits du titre VI afin de privilégier les réalisations exceptionnelles. Il importerait de poursuivre cette politique de façon plus déterminée.

L'application de la loi " Malraux " s'est traduite par l'élaboration de 88 " plans de sauvegarde et de mise en valeur ". Les obstacles qui s'opposent à leur développement ne sont pas uniquement d'ordre financier. L'élaboration de ces plans, si elle garantit la consultation des acteurs locaux, obéit à une procédure extrêmement lourde, coûteuse et centralisée qu'il semblerait judicieux de simplifier. Par ailleurs, les règles de protection prises en application du plan de sauvegarde sont très rigoureuses puisqu'elles prévoient l'" avis conforme " de l'architecture des bâtiments de France. Il faut noter que, sur ce point, la loi n° 97-179 du 28 février 1997 a introduit un assouplissement en prévoyant la possibilité de faire appel de la décision de l'architecte des bâtiments de France auprès du préfet de région.

Les ZPPAUP présentent, par rapport aux secteurs sauvegardés, l'avantage de la souplesse. Elles permettent de définir des périmètres de protection intelligents notamment en adaptant les mesures de protection à la diversité des situations locales, grâce à la possibilité de supprimer, pour les immeubles situés à l'intérieur de la zone et au profit des règles qu'elles prévoient les servitudes résultant des lois de 1913 et de 1930. Depuis 1983, 200 ZPPAUPP ont été instituées ce qui est peu au regard des 40.000 périmètres de protection des monuments historiques. Compte tenu de l'intérêt de la formule, il importe d'accélérer le rythme de leur création.

Enfin, on peut souligner pour s'en réjouir -bien que la mesure soit modeste- que les crédits consacrés aux conventions de ville ou pays d'art sont augmentés (+ 1 million de francs).

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