C. LA NÉCESSAIRE REDEFINITION DE LA POLITIQUE AUDIOVISUELLE INTERNATIONALE
En 1998, le ministère des affaires
étrangères consacrera 898 millions de francs à la
politique audiovisuelle extérieure. Le gouvernement n'a pas encore
arrêté officiellement ses orientations en la matière et se
donne encore le temps de la réflexion. Il est pourtant urgent d'agir sur
ce poste de dépenses à la fois important et susceptible de
rationalisation.
Ainsi, CFI devrait être recentrée sur sa mission initiale de
banque de programmes et cesser de faire concurrence à TV5 dans les
régions du monde où elle est diffusée en réception
directe (Afrique, Moyen-Orient et Asie).
L'optimisation des nouvelles techniques de diffusion pourrait permettre de
dégager des moyens afin d'améliorer en étendue et en
qualité la couverture de TV5 et de RFI, et de développer la
politique des décrochages régionaux.
Toutefois, ces mesures technique de financement ne sont qu'un préalable
à l'indispensable réflexion sur le contenu des programmes. La
question de fonds est de savoir si ceux-ci doivent être conçus
d'abord à l'usage des français expatriés ou plutôt
à destination des populations locales.
En tout état de cause, l'habillage de TV5 mériterait d'être
modernisé et son contenu enrichi en fictions. De même, une
politique de sous-titrage systématique apparaît opportune,
même si son coût n'est pas négligeable (10.000 francs de
l'heure).
D. LE DIFFICILE FINANCEMENT DE L'ENSEIGNEMENT FRANÇAIS À L'ETRANGER
L'enseignement français à l'étranger est
un élément essentiel du rayonnement de la France dans le monde.
Les 209 établissements recensés à la rentrée
1996/97 ont scolarisé 45.527 élèves français et
80.189 élèves étrangers. Ce réseau éducatif
contribue à la vitalité de la francophonie. Il est aussi une
condition du renforcement de la présence économique
française à l'étranger, car nos concitoyens n'acceptent de
s'expatrier que s'ils ont la certitude de pouvoir offrir sur place une
éducation de qualité à leurs enfants.
Or, le réseau de l'enseignement français à
l'étranger se heurte à un problème de financement
récurrent.
Les droits d'écolage demandés par les établissements ont
atteint un niveau de 25.000 à 30.000 francs, au-delà duquel il ne
serait pas raisonnable d'aller. En effet, il en résulte une
sélection par l'argent des élites locales désireuses de
scolariser leurs enfants dans les établissements français. On
observe également des phénomènes d'exclusion des familles
d'expatriés qui ne disposent pas du soutien d'une grande entreprise pour
prendre en charge tout ou partie des droits d'écolage. Fort
heureusement, dans ces cas là, les communautés d'expatriés
font habituellement preuve d'une solidarité financière
méritoire. Mais celle-ci a ses propres limites.
Un moyen simple de réduire les coûts de l'enseignement
français à l'étranger consiste à recruter des
professeurs résidents de préférence à des
professeurs expatriés. Mais cette solution de facilité risque de
se traduire par une dégradation de la qualité de l'enseignement,
surtout dans les classes supérieures qui doivent préparer
efficacement les enfants aux classes préparatoires ou aux études
universitaires.
Une autre solution consisterait à faire prendre en charge par le budget
de l'éducation nationale la rémunération des professeurs
expatriés. Les droits d'écolage retrouveraient ainsi des niveaux
plus compatibles avec le principe de gratuité de l'enseignement et les
crédits consacrés aux bourses pourraient être
réduits d'autant.
Enfin, en dehors du réseau plus ancien d'Europe occidentale et
d'Afrique, les établissements d'enseignement français à
l'étranger se trouvent souvent à l'étroit dans leurs
locaux. C'est notamment le cas de ceux situés en Asie du Sud-Est et dans
les pays d'Europe centrale et orientale, qui doivent faire face à des
afflux d'élèves avec des bâtiments exigus.
Certes, le dynamisme des marchés immobiliers dans ces pays
émergents a permis parfois de réaliser des opérations
"blanches" grâce à la valorisation des terrains existants. Mais
ces opérations restent aléatoires, comme est venu le rappeler
l'effondrement récent des marchés immobiliers en Asie du Sud-Est,
et supposent de disposer de liquidités pour tirer parti rapidement des
opportunités qui se présentent.
Les solutions de fortune imaginées par les proviseurs pour
accroître la capacité d'accueil de leurs établissements ne
présentent pas toutes les garanties de sécurité et
s'avèrent souvent, à terme, plus dispendieuses qu'un projet
entièrement nouveau. Le souci de bonne gestion des deniers publics
justifierait la programmation pluriannuelle des opérations
immobilières des établissements d'enseignements français
à l'étranger.