Rapporteur spécial : M. Philippe MARINI
L'examen des crédits
de la fonction
publique recouvre deux exercices distincts :
- l'analyse des charges de personnel de l'Etat, dépenses
transversales à l'ensemble des départements
ministériels : plus de 600 milliards de francs en 1998 ;
-
la présentation des crédits du ministère
chargé de la gestion de la fonction publique, dont les crédits
sont individualisés dans le budget des services généraux
du Premier ministre : 1,4 milliard de francs en 1998.
Les observations
qui se dégagent de l'examen de ces
crédits peuvent s'ordonner autour de deux questions successives :
Comment l'Etat gère-t-il ses charges de personnel ?
Où va la réforme de l'Etat ?
I. PRÉSENTATION DES CRÉDITS
A. LES CHARGES DE PERSONNEL DE L'ETAT
1. Les dépenses de fonction publique "stricto sensu"
a) L'évolution générale
En 1998, les dépenses de fonction publique progressent de 2,9 % -soit deux fois plus vite que l'ensemble des dépenses de l'Etat- et dépassent le seuil de 600 milliards de francs, atteignant la part de 38,4 % du budget général 46( * ) .
Evolution des charges de personnel du budget général
(En milliards de francs)
|
LFI 1997 |
PLF 1998 |
Evolution 1998/1997 en % |
Rémunérations
d'activité
|
294,377
|
301,112
|
2,3 %
|
Pensions
|
98,564
|
103,945
|
5,4 %
|
Cotisations et prestations
sociales
|
68,277
|
69,655
|
2 %
|
Total des charges de
personnel
|
461,218
|
474,212
|
2,9 %
|
Total général |
591,351 |
608,726 |
2,9 % |
b) Les facteurs d'évolution
Cette progression de 17,4 milliards de francs des
charges
de personnel s'explique notamment par :
- les revalorisations salariales opérées en 1997
:
+ 0,5 % au 1er mars et + 0,5 % au 1er octobre,
qui occasionnent une dépense de 3,2 milliards de francs en 1997,
de 4 milliards de francs en 1998
;
- une provision de 3 milliards de francs qui est inscrite au budget des
charges communes, et
de 575 millions
de francs au budget de la
défense au titre des mesures diverses d'
ajustement salarial de 1998
(une négociation salariale venant d'être annoncée pour
les jours à venir) ;
- les mesures catégorielles (dont le plan Jospin et le protocole
Durafour) ont créé une dépense de 2,2 milliards de
francs en 1997, et devraient entraîner une dépense de
2,3 milliards de francs en 1998
(poursuite du "Jospin" et
mesures
ministérielles) ;
- la dérive spontanée des dépenses de pensions est de
+ 5 milliards de francs
en 1998
;
- le glissement vieillissement technicité contribue à une
dépense estimée à près de
4 milliards de
francs pour l'année 1998
.
Le glissement vieillissement technicité
Le "GVT" est issu de deux effets :
- un effet de carrière ou "GVT positif" qui retrace l'incidence
positive
sur la masse salariale des avancements à l'ancienneté, ou aux
choix, et de l'acquisition d'une technicité, estimé à
+ 2,2 % en 1997 ;
- un effet de "noria" qui traduit l'incidence négative sur la masse
salariale des entrées (moins "chères") et sorties (plus
coûteuses) des effectifs, estimé en 1997 à - 1,2 %.
La somme des deux effets constitue l'effet de structure ou "GVT
solde", qui
permet de mesurer l'évolution de la masse salariale due aux variations
de structure de la population des fonctionnaires. Il est estimé en 1997
à 1 %.
Le GVT "positif" est très largement automatique, car il n'est pas
lié à une politique de recrutement mais aux garanties
statutaires. Sa progression très nette entre 1987 et 1997 s'explique
essentiellement par les mesures catégorielles du plan Jospin et du
protocole Durafour.
Evolution du GVT positif (en %)
1988 |
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1,7 |
1,8 |
1,8 |
1,8 |
1,9 |
1,9 |
2,0 |
2,1 |
2,1 |
2,2 |
2. La dépense "induite" de fonction publique
La fonction publique de l'Etat "induit" des
dépenses
qui vont au-delà des charges liées aux fonctionnaires.
La dépense induite de fonction publique
Certaines dépenses évoluent de manière
directement liée aux charges de personnel de l'Etat.
Il s'agit notamment :
des subventions à l'enseignement privé sous contrat :
rémunération des personnels enseignants pour lesquels les
créations et suppressions de postes évoluent parallèlement
à l'enseignement public, contribution au fonctionnement, bourses...
des pensions et allocations aux anciens combattants, les pensions étant
liées à l'évolution des traitements de la fonction
publique par un "rapport constant".
L'ensemble de ces dépenses s'élève en 1997 à
78 milliards de francs et s'ajoute aux charges de personnel de l'Etat pour
constituer la "dépense induite".
En 1998, cette dépense devrait progresser de 3,1 % et atteindre
692,3 milliards de francs
, soit 43,7 % du budget
général de l'Etat.
Or, la dépense "induite" est indexée à plus de 90 %
sur le point fonction publique.
Ainsi ce sont plus de 39 % des
dépenses du budget général de l'Etat qui sont
indexées sur le point fonction publique.