CHAPITRE IV
LA TRANSFORMATION EN ÉTABLISSEMENT PUBLIC
ADMINISTRATIF (EPA) DE L'INSTITUT DES HAUTES ÉTUDES DE LA DÉFENSE
NATIONALE (IHEDN)
I. LE RÔLE DE L'INSTITUT
Les instructions données par le précédent
Premier ministre dans le cadre de la réforme du SGDN comportaient le
projet de conférer son autonomie à l'administration de l'IHEDN.
Il a en conséquence retenu la formule de l'établissement public
à caractère administratif (EPA). L'IHEDN a donc été
érigé en EPA, par un décret du 5 septembre 1997,
concrétisant ainsi la décision prise par le
précédent Gouvernement.
La mission de l'IHEDN
, définie par le décret du 6 mars
1979,
recouvre l'approfondissement des connaissances, en matière de
défense, des responsables de haut niveau de la Nation
. L'Institut
est, en outre, appelé à conduire des études et des
recherches et à apporter son concours aux établissements
d'enseignement supérieur qui exercent des activités dans ce
domaine. La diversité de son recrutement constitue le trait le plus
original de cette institution.
De plus,
la mission des études et enseignements de défense
(MEED)
, créée au SGDN il y a quelque vingt ans et dont la
coordination des enseignements supérieurs de défense
extérieurs à l'enseignement militaire supérieur est le
rôle principal, a été transférée à
L'Institut, avec les moyens dont elle disposait à cet effet, par
décision du 1
er
mars 1996 du secrétaire
général de la défense nationale.
En réalisant, au profit de 70 personnes en moyenne, chaque jour
ouvrable, une activité de promotion de l'esprit de défense,
l'IHEDN entretient depuis 60 ans un lien unique, entre la Nation et sa
défense, qui est reconnu par les plus hautes autorités de l'Etat.
Regroupant civils et militaires de haut rang, dans le cadre d'une formation
donnée sous l'autorité du Premier ministre, l'Institut a
contribué à faire connaître les concepts fondamentaux de la
défense française. La notion de défense globale, les
principes de la dissuasion, les modalités d'intervention des
armées ont été largement débattus et
commentés dans ce cadre privilégié de discussion et de
débat. Il a donc constitué un facteur essentiel de consensus et
de cohésion nationale.
II. LES ORIGINES DE LA RÉFORME
Pour tenir compte du bouleversement, qui affecte les
équilibres stratégiques du monde, et de la diversification des
menaces, de nouveaux concepts de défense devront être
développés dans les années à venir et
expliqués au citoyens. La distinction entre menace extérieure,
menace intérieure, risques militaires et risques économiques et
sociaux aura tendance à s'élargir. Il sera donc important de
préserver un lieu d'échanges, où cadres civils et
militaires pourront confronter librement la diversité de leurs
expériences. Enfin, l'abandon du service national et la réduction
correspondante du nombre des officiers de réserve, exigera un
renforcement, mais également une redéfinition, des liens existant
à tous les niveaux entre la défense et la nation.
Par ailleurs, lIHEDN ne disposait plus à proprement parler de
ÇÊpostes budgétairesÊÈ, mais de fonctionnaires
et de militaires mis à sa disposition par les ministères. Il
convient, à cet égard, de rappeler que le coût réel
de l'Institut dépasse largement la modicité des crédits
inscrits dans le budget du SGDN. En effet,
le ministère de la
défense fournit à titre gracieux 90 % des moyens en personnel
(47 militaires et 35 civils, soit 82 personnes)
et de nombreuses
prestations
, telles que les locaux de l'Ecole militaire et leur entretien
et une grande partie des transports. Même si le montant de ces
prestations ne peut être déterminé très
précisément,
le coût budgétaire global de
l'Institut a été évalué à 35 millions de
francs.
Le tableau ci-après détaille par catégories le personnel
mis à disposition de l'IHEDN.
GRADES |
EFFECTIF |
1 - MILITAIRES |
47 |
Officier général |
1 |
Officier d'active |
16 |
Officier appelé |
2 |
Sous-officier d'active |
18 |
Sous-officier appelé |
0 |
Militaires du rang |
10 |
2 - CIVILS |
35 |
Catégorie A |
13 |
Catégorie B |
3 |
Catégorie C |
14 |
Catégorie D |
5 |
TOTAL GENERAL |
82 |
Pour qu'il puisse continuer à remplir pleinement ces missions, il convenait donc de doter l'Institut d'une autonomie de gestion et de permettre une clarification de son financement.
III. LE CHANGEMENT DE STATUT
Si le texte, transformant l'IHEDN en établissement
public administratif, a confirmé les missions définies dans le
décret de 1979,
son rôle de coordonateur des enseignements de
défense y est réaffirmé.
Il est, en liaison avec le
ministre responsable de l'enseignement supérieur, chargé de
promouvoir les enseignements universitaires de défense.
Le rattachement de l'Institut au Premier ministre est confirmé
,
afin de marquer l'intérêt des plus hautes autorités de
l'Etat pour un organisme dont le rôle et le rayonnement sont
appelés à s'accroître dans le cadre du futur dispositif de
défense français. C'est à ce titre que
, le
Secrétariat général de la défense nationale
exercera la tutelle de l'IHEDN
et siégera, au côté de
son président nommé par décret, parmi les 17 membres
constituant
le futur
conseil d'administration comprenant, en outre,
un député et un sénateur,
8 représentants
de l'Etat désignés par les ministres concernés
(défense, enseignement supérieur, intérieur, affaires
étrangères, économie et finances, fonction publique et
budget), le président de l'Union des associations d'auditeurs, et 4
personnalités qualifiées (2 militaires et 2 anciens auditeurs
civils). Ce conseil orientera l'action du directeur et favorisera la
coopération des différents ministères autour des projets
de formation.
Ainsi
doté de la personnalité morale et de l'autonomie
financière,
l'Institut pourra bénéficier, hormis la
dotation annuelle de l'Etat, de contributions des ministères et des
employeurs, au titre de la formation professionnelle pour ces derniers, et de
subventions venant de collectivités et organismes. Ses recettes pourront
également comprendre les ressources tirées des activités
et prestations qu'il assure et les produits de ses travaux.
Ses responsables disposeront ainsi d'une organisation plus moderne pour une
adéquation toujours plus rigoureuse des missions et des moyens. De la
réussite de cette mutation dépendra, pour une part, la place
future de l'institut car son nouveau statut en fait un instrument
pouvant servir, dans l'avenir, de socle juridique à une
coordination, voire à un regroupement de l'ensemble des organismes
liés aux études de défense.
IV. LA MISE EN PLACE
Dans la perspective de sa transformation en EPA,
l'Institut
s'est
d'ores et déjà
réorganisé.
Il
dispose
désormais, outre
d'une direction
générale,
chargée d'impulser les orientations retenues
en matière de hautes études et d'assurer la cohérence
d'ensemble des activités de l'Institut,
de trois directions
compétentes respectivement, l'une en matière d'études, de
prospective et de conduite des formations centralisées, l'autre, pour
les activités décentralisées et les relations avec les
associations, enfin la troisième pour l'administration
générale et les moyens.
Les
mises à disposition de personnels et les prestations
en
nature, apportées par l'Etat, le seront
au moyen de conventions
conclues à cet effet.
Le principe de la participation des officiers suivant la formation du Centre
des hautes études militaires (CHEM) a été maintenu. Le
directeur de l'Institut devrait garder la direction du CHEM et dans
l'immédiat celle concernant la direction de l'Enseignement militaire
supérieur.
V. LES ACTIVITÉS DE L'IHEDN
Pour répondre à l'ambition d'excellence et
d'ouverture, formulée dans les propositions de réforme du SGDN,
l'Institut a depuis 1995 développé ses activités tout en
recevant de nouveaux auditeurs venant d'horizons très variés.
La mission première de l'IHEDN étant la formation et la promotion
de l'esprit de défense, ses résultats peuvent se chiffrer en
nombre de journées d'auditeur, même si la nature et la
qualité des bénéficiaires couvre un large spectre, depuis
les plus hauts niveaux d'éminence, jusqu'au public plus jeune des
nouvelles sessions d'été. Ainsi les sessions 1996-1997, et les
séminaires spécifiques, ont permis d'accueillir 571 auditeurs
supplémentaires, soit
un accroissement très significatif de
l'ordre de 32 %.
Au total, l'activité de l'Institut a
représenté
16.931 journées-auditeurs (+35%).
La progression de l'activité est notable dans tous les domaines et,
même si la session nationale demeure l'activité première de
l'IHEDN, à tous égards, on peut noter que pour la première
fois l'activité réunie des sessions régionales et des
sessions IHEDN/jeunes dépasse celle de la session nationale.
Le tableau ci-dessous met en évidence, après celle de
l'année antérieure, cette augmentation très sensible des
prestations de l'IHEDN.
Activités de l'IHEDN en 1996-1997 |
|||
Auditeurs |
Jours |
Total |
|
Sessions nationales | |||
49ème session |
84 |
65 |
5.460 |
Sessions régionales et actions au profit des associations 1996-1997 | |||
Rouen |
73 |
17 |
|
Dijon |
69 |
17 |
|
Ajaccio |
63 |
12 |
|
Strasbourg |
82 |
17 |
4.564 |
Associations |
273 |
480 |
|
Sessions internationales | |||
Session africaine et malgache |
32 |
16 |
512 |
Actions nouvelles diverses |
363 |
890 |
|
Sessions IHEDN Jeunes |
432 |
6 |
2.592 |
Mission pour les études et enseignements de défense | |||
ESSEC/HEC |
200 |
1 |
|
IRA |
400 |
3 |
|
ENM |
25 |
5 |
1.525 |
DESS/DEA |
165 |
5,5 |
908 |
TOTAL |
2.261
|
16.931
|
La 49ème session nationale (96-97)
avait comme
thème majeur: " Aire méditerranéenne et espace
européen ". En dehors de courts déplacements dans les
principales capitales européennes le voyage d'études principal
s'est déroulé en Grèce et en Turquie, espace
stratégique pour l'Europe. La 11
ème
session
internationale africaine et malgache, quatre sessions régionales et des
" Sessions IHEDN Jeunes " ont également été
organisées pendant le cycle d'études 1996-1997.
En 1997-1998, dans le cadre de la transformation de statut de l'IHEDN,
la
50ème session nationale
fera l'objet d'une distinction
particulière, pour laquelle l'intervention du Premier Ministre à
l'ouverture, et celle du Président de la République à la
cl™ture seront sollicitées. Le voyage d'étude devrait
revêtir également un caractère exceptionnel en portant
l'image de l'IHEDN et de la France vers des pays où se jouent l'avenir
du monde.
L'année tout entière aura pour fil directeur une réflexion
sur " vulnérabilités, défense et
sécurité de la France ". Dans l'hypothèse d'un voyage
aux Indes et en Asie centrale, l'approche en termes d'" émergences
et fractures: quelle géopolitique au tournant du
millénaire? " pourrait, parmi d'autres, être envisagée.
VI. BUDGET ET PERSPECTIVES
La transformation de l'Institut en établissement public
administratif a pour conséquence de le doter d'un budget autonome
dès l'exercice 1998, soit 10,6 millions de francs de crédits de
fonctionnement (10 millions de francs en provenance du SGDN et 0,6 million de
francs du ministère de la défense). Malgré le maintien de
la tutelle du secrétaire général de la défense
nationale,
ces crédits sont toutefois inscrits au budget des services
généraux du Premier ministre
. Par ailleurs ils ne couvriront
toujours qu'une part modeste des dépenses de l'Institut.
En effet, s'il est bien prévu que des postes budgétaires seront
créés en propre dès 1998, le ministère de la
Défense, à lui seul, continuera de mettre à la disposition
de l'IHEDN 40 militaires et 23 fonctionnaires civils et d'assurer sur ses
crédits un grand nombre de déplacements.
En tenant compte également, dune part, des personnels civils et
militaires mis à disposition de lInstitut par le ministère de la
défense et, dautre part, des personnels civils mis à disposition
par d'autres administrations à temps plein ou à temps partiel
(Intérieur, éducation nationale, SGDN pour ce qui concerne le
directeur général des activités régionales et le
chef de la Mission pour les études et les enseignements de
défense, Cour des Comptes et Conseil d'Etat, Affaires
étrangères à certaines époques),
on peut estimer
approximativement à 21,4 millions de francs le coút annuel du
personnel travaillant à l'IHEDN en 1997.
Cependant, ce premier budget autonome de l'Institut devrait lui procurer les
moyens d'assurer ces activités traditionnelles, son fonctionnement et
son entretien locatif. Il devra également adapter ses équipements
informatiques, pour intégrer les nouvelles charges de gestion et
développer sa communication, asseoir les nouvelles activités
expérimentées et poursuivre une ouverture internationale,
notamment en accentuant les partenariats au plan européen.
Le budget de la MEED a été infléchi dans un sens qui
ménage une plus grande capacité d'initiative et d'intervention,
et qui privilégiera la constitution progressive d'un véritable
réseau.
Enfin, même si la coordination des enseignements de défense reste
de la responsabilité du SGDN, l'IHEDN, toujours sous la tutelle de ce
dernier et devant pour sa part contribuer à leur promotion, a entrepris,
à l'occasion de sa transformation en EPA, une réflexion
stratégique sur les enseignements et études de défense,
conduite en concertation avec le ministère de l'éducation
nationale et de l'enseignement supérieur et le SGDN, qui devrait aboutir
au cours du quatrième trimestre 1997.