RAPPORT GENERAL N° 85 TOME III Annexe 36 - PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998 ADOPE PAR L'ASSEMBLEE NATIONALE - SECRETARIAT GENERAL DE LA DEFENSE NATIONALE
M. Michel MOREIGNE, Sénateur
Commission des Finances, du Contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation - Rapport Général - Tome III - Annexe 36
Table des matières
- PRINCIPALES OBSERVATIONS
-
CHAPITRE PREMIER
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS -
CHAPITRE II
LE SECRÉTARIAT GÉNÉRAL DE LA DÉFENSE NATIONALE- I. LA RÉFORME DU SGDN
-
II. LA NOUVELLE ORGANISATION DU SGDN, SES ACTIVITÉS ET SES PERSPECTIVES
- 1. Le pôle "défense et nation"
- 2. Le pôle "affaires internationales et stratégiques" (AIS)
- 3. Le pôle "affaires juridiques et européennes " (AJE)
- 4. Le pôle "économie et défense" (EDE)
- 5. Le pôle "technologies et transferts sensibles" (TTS)
- 6. Les activités liées à la coordination du renseignement
- 7. L'administration générale
-
CHAPITRE III
LE CENTRE DE TRANSMISSIONS GOUVERNEMENTAL -
CHAPITRE IV
LA TRANSFORMATION EN ÉTABLISSEMENT PUBLIC ADMINISTRATIF (EPA) DE L'INSTITUT DES HAUTES ÉTUDES DE LA DÉFENSE NATIONALE (IHEDN) -
CHAPITRE V
LE PROGRAMME CIVIL DE DÉFENSE -
CHAPITRE VI
L'ENSEMBLE DES CRÉDITS AFFECTÉS À LA DÉFENSE NON MILITAIRE DE LA NATION - EXAMEN EN COMMISSION
N° 85
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès verbal de la séance du 20 novembre 1997.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M. Alain LAMBERT,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 36
SERVICES DU PREMIER MINISTRE :
II
.
- SECRÉTARIAT GÉNÉRAL DE LA DÉFENSE
NATIONALE
Rapporteur spécial
: M. Michel MOREIGNE
(1) Cette commission est composée de :
MM.
Christian Poncelet,
président
; Jean Cluzel, Henri Collard,
Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Philippe Marini,
René Régnault,
vice-présidents
; Emmanuel
Hamel, Gérard Miquel, Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Alain Lambert,
rapporteur
général
; Philippe Adnot, Bernard Angels, Denis Badré,
René Ballayer, Bernard Barbier, Jacques Baudot, Claude Belot,
Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël
Bourdin, Guy Cabanel, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Yvon
Collin, Jacques Delong, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut,
Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Marc Massion, Michel
Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Oudin, Maurice Schumann,
Henri Torre, René Trégouët.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
(1997-1998).
Lois de finances. |
PRINCIPALES OBSERVATIONS
Le SGDN, à l'occasion de sa réforme, s'est
engagé dans un programme d'économies drastiques auxquelles
l'ensemble des personnels a loyalement consenti. Mais, pour un budget ainsi
resserré, la pleine exécution de ses missions, même
recentrées, ne pourra être maintenue sans un minimum de
crédits.
Il serait donc raisonnable que le processus de baisse
régulière des crédits du SGDN, depuis plusieurs
années, soit enrayé à ce niveau et que de nouvelles
mesures générales d'annulation de crédits n'interviennent
pas en cours d'exercice.
Votre rapporteur se doit, à l'instar de son prédécesseur
M. Michel SERGENT, de rappeler qu'il serait regrettable que le SGDN,
après avoir innové en matière de réforme de l'Etat,
soit en fin de compte victime de son " angélisme ".
Ainsi, par exemple, sur les 2 millions de francs demandés pour 1998, au
titre des investissements en matière de transmission, seuls 800.000
francs ont pu être obtenus lors de l'arbitrage budgétaire et
encore ceux-ci ne sont destinés qu'à couvrir la mise en chantier
de la partie française de la ligne rouge avec Moscou. Cette stagnation
des crédits nécessaires à la fiabilité du CTG
pourrait être lourde de conséquences en cas d'incident majeur. Par
ailleurs, l'inscription dans les dépenses du PCD pour 1998 de la
contribution à Nato-wide pour 2,9 millions de francs correspond à
la part du SGDN à la contribution française au réseau de
liaison avec l'OTAN, dont le paiement avait été
différé ces dernières années en raison des
diminutions successives des crédits affectés aux dépenses
en capital.
A l'évidence de tels retards de paiement ou de réalisation ne
peuvent qu'être préjudiciables.
La diminution des crédits de paiement, destinés à
l'investissement en faveur du PCD, a entraîné l'annulation ou le
retard d'exécution de certaines des opérations projetés.
Or si l'intervention du SGDN a été limitée à ces
actions c'est, d'une part, qu'elles relevaient bien de la défense
civile, et d'autre part, que ce moyen avait été jugé plus
efficace qu'une attribution de crédits aux départements
ministériels concernés, en ce sens qu'ils finissent par
être dilués dans leurs masses budgétaires sans que les
investissements nécessaires soient mis en oeuvre.
Il conviendrait donc de trancher sur la nécessité de ces
programmes et, si la réponse est positive, soit de maintenir leurs
dotations à un seuil suffisant soit d'imposer leur réalisation
aux ministères dont ils relèvent.
Si la transformation du statut de l'IHEDN en EPA est plus compatible avec la
vocation très générale de cet Institut il reste qu'il
continuera, pour la majeure partie de ses moyens de fonctionnement, de
dépendre de la bonne volonté d'autres départements
ministériels, en particulier de celui de la défense.
Enfin, et en réponse aux diverses interventions de parlementaires, lors
du débat sur la loi de finances pour 1997, qui s'interrogeaient sur la
coordination du renseignement en France, il convient de rappeler que si le SGDN
est bien impliqué dans le dispositif de coordination des divers services
de renseignement, sa mission ne recouvre ni celle de la recherche du
renseignement ni celle de l'action quotidienne des services.
CHAPITRE PREMIER
PRÉSENTATION
GÉNÉRALE DES CRÉDITS
I. ÉVOLUTION D'ENSEMBLE
Les
crédits demandés pour 1998, inscrits
à hauteur de 119 millions de francs,
subissent une
baisse de
14,08 %
par rapport aux crédits votés pour 1997 qui
s'élevaient à 138,502 millions de francs.
Le secrétariat général de la défense nationale
(SGDN) est ainsi confirmé dans sa position de plus modeste fascicule
budgétaire, après avoir déjà subi en 1996 une
diminution de 11,8 % et surtout en 1997 une baisse de 31,15 %, par rapport
à une dotation en crédits votés de 201,17 millions de
francs en 1996.
Toutefois, ces diminutions ne correspondent, pour l'essentiel, qu'à la
continuité de la restructuration et du recentrage du SGDN, entreprise en
1995 sous l'impulsion de M. Jean Picq, précédent
secrétaire général, concrétisée durant
l'exercice 1996 et dont la mise en œuvre se fera sentir jusqu'en
1999. En
effet, cette réforme a entraîné une forte réduction
des effectifs ainsi qu'une diminution sensible des besoins de fonctionnement.
Il convient d'y ajouter pour 1998, le transfert, en raison de sa transformation
en établissement public administratif (EPA), des crédits
destinés à l'Institut des hautes études de la
défense nationale (IHEDN), sur ceux des services généraux
du Premier ministre. En outre, l'augmentation, à hauteur de 10 millions
de francs des crédits alloués à l'IHEDN, s'est
effectuée au détriment de ceux demandés pour le SGDN.
Ce prélèvement affecte principalement les
autorisations de
programme
dont les
crédits
sont réduits
à 23 millions de francs en 1998, soit une baisse de 19,58 %
.
Cette dotation qui bénéficiait de 68,79 millions de francs en
1995 avait été successivement ramenée à 41 millions
de francs en 1996, puis à 28,6 millions de francs en 1995.
Le tableau ci-après présente, classés par titre, les
crédits demandés pour le SGDN pour 1998, en indiquant leur
évolution par rapport au budget voté pour 1997.
Cette présentation sommaire met en évidence une nette diminution tant des crédits de dépenses ordinaires que des dépenses d'investissement.
II. DÉTAIL DES CRÉDITS
A. LES DÉPENSES ORDINAIRES
Le champ d'action du SGDN ne recouvre pas de dépenses
d'interventions (titre IV). Les dépenses ordinaires se limitent donc aux
moyens des services (titre III).
Inscrites à hauteur de 94,9 millions de francs dans le projet de budget
pour 1998, ces dépenses diminuent de 13,63 % par rapport aux
crédits votés pour 1997. Cette évolution résulte
pour l'essentiel, d'une part, de la poursuite du recentrage des
activités du SGDN et de la réduction de ses effectifs et, d'autre
part, du transfert de crédits de personnel et de matériel et
fonctionnement de l'IHEDN.
Les crédits de
rémunération
évoluent de 49,2
à 41,7 millions de francs, en réduction de 15,1 %, et les
charges sociales
diminuent de 6,2 millions de francs à 5,5
millions de francs, soit une baisse de 11,6 %. Toutefois, cette diminution doit
être pondérée du transfert de 1,2 million de francs de
crédits à l'IHEDN.
Si les moyens destinés au
matériel et fonctionnement des
services
sont eux aussi en régression avec 47,7 millions de francs,
après 54,5 millions de francs en 1997, soit une baisse de 12,5 %,
celle-ci est liée principalement au transfert des crédits de
l'IHEDN, pour un montant de 5,9 millions de francs, auxquels ont cependant
été ajoutés 0,42 million de francs prélevés
sur ce chapitre en conférence budgétaire. Toutefois, même
si l'on tient compte du transfert, les crédits restent en diminution de
1,8 % .
Cette quatrième partie du titre III fait d'ailleurs l'objet d'un
recentrage puisque le chapitre 34-95 a été supprimé, de
même que le chapitre 37-02, ces crédits étant
regroupés sur le seul chapitre 34-98 (moyens de fonctionnement des
services) présentés dans le tableau ci-après :
CHAPITRES -ARTICLES |
L F I 1997 |
PLF 1998 |
Variation 1998/1997 |
34-98 - Moyens de fonctionnement des services |
54.502 405 |
47.699 630 |
- 12,48 % |
Article 10 - SGDN |
40.560 485 |
39.628.014 |
- 2,64 % |
Article 20 - IHEDN. |
5. 920 304 |
0 |
- 100 % |
Article 30 - Centre de transmissions et centre de déchiffrement (CTG) |
6 326 778 |
6.376.778 |
+ 0,79% |
Article 40 - Organisation gouvernementale de défense |
50 838 |
50.838 |
0 |
Article 50 - Transmissions spécialisées |
234 000 |
234.000 |
0 |
Article 60 - Programme civil de défense |
1 410 000 |
1.410.000 |
0 |
En raison de la réduction des personnels, cette évolution ne traduit pas, globalement, une détérioration des moyens de fonctionnement. Cependant ces crédits ne permettront que l'entretien de l'existant, l'absence de mesures nouvelles retardant tout travaux d'amélioration pourtant parfois nécessaires, à l'instar de ceux destinés à la sécurité incendie du Centre de transmissions gouvernemental (CTG).
B. LES DÉPENSES EN CAPITAL
Les crédits demandés pour 1998 atteignent
24,08 millions de francs, en crédits de paiement
, en diminution
de 15,8 % par rapport au budget voté de 1997,
et 23
millions de francs en autorisations de programme
, en réduction
de 19,6 %.
Cette baisse des crédits concerne uniquement le programme civil de
défense (PCD)
avec 16,3 millions de francs de crédits de
paiement et 15 millions de francs en autorisations de programme pour 1998
contre 21,6 millions de francs en 1997, en diminutions respectives
de 24,5 % et de 30,5 % après déjà une
réduction de 36,5 % en 1997. Les opérations qui, de ce
fait, devront être arrêtées et celles pourront être
financées en 1998 sont détaillées dans le chapitre
concernant le PCD.
Les crédits du CTG sont, dans le même temps,
légèrement réévalués,
passant de
7 millions de francs en 1997 à 7,8 millions de francs en
crédits de paiement et à 8 millions de francs en autorisations de
programme en 1998. Ils restent cependant insuffisants pour assurer le
renouvellement des matériels du Centre.
La priorité sera
donnée à la réalisation de la liaison
Elysée-Kremlin
(la partie russe de la réalisation est
opérationnelle depuis le 1
er
septembre 1995), puis à
la modernisation des transmissions avec les attachés de défense
à l'étranger.
III. L'ÉVOLUTION DES CRÉDITS EN COURS D'EXERCICE
Les mouvements de crédits consécutifs à
la poursuite de l'application de la réforme, rendant déjà
toute comparaison des évolutions de crédits difficile, il
était préférable de ne pas venir y ajouter au fil de leur
présentation des commentaires sur les annulations pratiquées
depuis ces dernières années.
Néanmoins, pour une analyse plus réaliste des crédits, il
convient de rappeler l'importance de ces annulations, qui ont
représenté en 1995 et en 1996, respectivement, 8,8 % et
8,5 % en crédits de paiement, d'une part, 36 % et 30 % en
autorisations de programme, d'autre part, des crédits votés. De
surcroît l'arrêté d'annulations du 9 juillet 1997, en
confirmant le montant du gel décidé en mars 1997, a réduit
pour l'exercice 1997 de 6 % en crédits de paiement et
de 25 % en autorisations de programme.
Le montant initial des crédits de paiement s'est ainsi trouvé
réduit de 138,5 millions de francs à 130,3 millions de francs.
Les dépenses ordinaires
(titre III uniquement pour le SGDN)
ont été diminuées de 5,77 millions de francs et
les dépenses en capital de 7,15 millions de francs en autorisations de
programme et de 2,44 millions de francs en crédits de paiement.
Les annulations ont été réparties, en dépenses
ordinaires, sur les moyens de fonctionnement des services, au prorata des
crédits initiaux, et le programme civil de défense (les
dépenses d'informatique et de télématique ont donc
été épargnées).
Les réductions de dépenses en capital, opérées sur
le programme civil de défense, ont surtout touché le programme
Rimbaud et les moyens d'intervention contre les actes terroristes. En revanche,
les crédits en faveur du réseau Demeter ont été
préservés. En ce qui concerne le chapitre équipements et
matériels, propre au SGDN, c'est le Centre de transmission
gouvernemental, seul service nécessitant actuellement des
investissements, qui a vu ses crédits diminuer.
Le tableau ci-après détaille ces annulations :
CHAPITRE II
LE SECRÉTARIAT
GÉNÉRAL DE LA DÉFENSE NATIONALE
I. LA RÉFORME DU SGDN
A. L'ORIGINE DE LA RÉFORME
1. Les attributions du SGDN
Elles sont fixées dans le cadre de l'ordonnance n°
59-147 du 7 janvier 1959 portant organisation générale de la
défense, par le décret n° 62-808 du 18 juillet 1962 relatif
à l'organisation de la défense nationale et par le décret
n° 78-78 du 25 janvier 1978, fixant les attributions du secrétaire
général de la défense nationale.
Il s'agit d'un organe
permanent de conseil et d'exécution, placé auprès du
Premier Ministre pour l'exercice de ses responsabilités
interministérielles en matière de direction
générale de la défense.
Il joue ainsi, dans son
domaine propre, un rôle analogue à celui du Secrétariat
général du gouvernement pour l'ensemble de l'activité
gouvernementale.
Le SGDN contribue à l'élaboration de la politique
générale de défense
: il assure le secrétariat
des conseils et des comités de défense, et joue un rôle de
coordination interministérielle par le biais des hauts fonctionnaires de
défense affectés dans chaque ministère. Il est
également chargé de renseigner les instances supérieures
de l'Etat sur l'évolution des crises et des conflits internationaux,
ainsi que d'assurer une veille scientifique et technologique dans les domaines
intéressant la défense.
Le SGDN est chargé de garantir la continuité de l'action
gouvernementale,
en organisant ses moyens de transmission et de
commandement. Il est responsable du contrôle des transferts de
technologies sensibles et des exportations d'armement. Il conçoit et
fait appliquer les mesures de protection du secret défense.
Enfin, une part importante de son activité concerne la défense
civile de la Nation : protection des populations contre les risques naturels ou
industriels majeurs, défense économique et prévention du
terrorisme.
2. Les critiques sur l'organisation du SGDN
Depuis le début de la Ve République, le SGDN a
connu avec le temps une certaine
"dérive bureaucratique"
. Il
était ainsi devenu une administration d'expertise parallèle,
voire même de gestion quasi autonome, ce qui était loin
d'être sa vocation initiale, en concurrence avec les ministères
(défense, affaires étrangères, économie et
finances, industrie) pour lesquels il devait plutôt être un lien et
un moyen de coordination.
Cette situation était devenu paradoxale en raison du décalage
observé entre la responsabilité sans cesse croissante du SGDN et
la modicité de ses crédits.
En revanche, il n'assurait plus, avec toute l'efficacité
nécessaire, son rôle de secrétariat interministériel
au service du Premier ministre, devant également présenter au
Président de la République les dossiers en cours d'examen.
Les critiques portaient également sur l'inadaptation du SGDN à la
complexité du monde moderne. Elles soulignaient, par ailleurs, la
pertinence du concept de défense globale, qui implique non seulement les
affaires militaires, mais également, le renseignement, la veille
technologique et la défense civile.
Ainsi, après la préparation des meilleures conditions d'arbitrage
interministériel, la deuxième mission du SGDN de prospective
minimale apportant une vision "longue" devait être
développé.
Enfin, pour sa troisième mission nationale qui consiste à assurer
la sécurité des moyens de transmission et de commandement
nécessaires au gouvernement et à veiller à
l'exécution du programme civil de défense, son action semblait
devoir relever davantage de l'impulsion que de la gestion.
B. LA MISE EN OEUVRE DE LA REFORME
Dans ces conditions, la nomination comme secrétaire
général de la défense de M. Jean Picq,
conseiller-maître à la Cour des Comptes, qui avait
présidé la mission sur l'organisation et les
responsabilités de l'Etat, dont le rapport avait été
publié en mai 1994, était apparue comme l'indice d'une
volonté forte de restructuration de cette institution à partir
d'une réflexion sur ses missions.
L'objectif majeur de réforme du SGDN définie par M. Picq et
approuvée par le Premier Ministre concernait le recentrage
de la
mission d'assistance du Premier ministre dans ses responsabilités de
direction générale de la défense et de son rôle de
secrétariat interministériel.
Pour remplir ce rôle, il devrait être en mesure d'exercer trois
fonctions auprès du Premier ministre :
·
synthèse et arbitrage, pour que soit mieux
assurée la cohérence de l'action gouvernementale ;
·
prospective, afin d'apporter "une vision sur
l'avenir" ;
·
sécurité, pour contribuer à la
protection des intérêts nationaux fondamentaux.
Ce secrétariat interministériel "intelligent"
devait ainsi
avoir pour vocation de préparer au mieux les dossiers soumis à
l'arbitrage du Premier ministre et du Chef de l'Etat.
Ce rôle et ces fonctions ont guidé la réorganisation du
SGDN dont les structures et les méthodes de travail ont
évolué. Menée à bien des égards de
façon exemplaire, entreprise en 1995 et appliquée à partir
du 1er janvier 1996, cette réforme est réalisée depuis la
fin 1996. La réduction des effectifs s'est accompagnée d'une
importante réduction de ses emplois budgétaires dont le nombre
est passé de 503 en 1996 à 236 en 1997.
Ce recentrage a entraîné 87 suppressions nettes d'emplois :
28 militaires, 39 contractuels et 20 appelés du service national.
Les transferts au ministère de la défense, des effectifs assurant
le fonctionnement du CTG, se sont soldés par une diminution de 180
emplois : 163 militaires et 17 civils.
La diminution d'effectifs, appliquée en 1998, traduit parfaitement la
poursuite du recentrage du SGDN puisque sur les 18 emplois supprimés 16
concernent du personnel déjà mis à la disposition d'autres
administrations, quant aux 2 autres ils étaient affectés
à l'IHEDN auprès duquel ils sont transférés.
Le tableau ci-après présente cette évolution :
C. LE BILAN DE LA RÉFORME
Après les dernières applications de la
réforme (érection de l'IHEDN en établissement public
administratif),
le nouveau SGDN a maintenant trouvé son rythme de
croisière.
Mais si la réforme a atteint ses objectifs, en
clarifiant les missions et en rendant l'organisation plus efficace, ses effets
n'ont pas donné toute l'ampleur que l'on était en droit
d'attendre.
Si le SGDN a su jouer un rôle majeur dans la grande phase de
réforme de la défense, il ne tient sans doute pas encore la place
qui pourrait lui être dévolue, au sein du système
institutionnel de défense.
Ainsi sa participation à la réflexion sur la réforme du
service national a été interrompue à plusieurs reprises.
En ce qui concerne la restructuration des industries d'armement, le SGDN, qui
avait entamé une réflexion sur le sujet, n'a pas
été impliqué, en 1997, dans la préparation des
décisions afférentes à ces restructurations industrielles,
ni même d'ailleurs dans celles relatives aux restructurations militaires.
Ce caractère intermittent de certaines interventions du SGDN ne lui
assure pas une compétence incontournable dans la coordination
interministérielle sur les questions de défense.
De plus, le recours au SGDN reste insuffisant, à l'exemple du domaine
international, de la sécurité des systèmes d'information,
où son rôle pourrait être plus systématiquement
affirmé, et de l'intelligence économique, qui a connu un
développement vigoureux plus spontané que coordonné.
Enfin, si la coordination du renseignement en France devait être
renforcée, en s'appuyant sur le caractère interministériel
du SGDN, le plan national du renseignement (PNR) n'est pas destiné
à couvrir cet objectif.
Une telle décision ne peut relever que du comité
interministériel du renseignement (CIR), organe pluri-institutionnel
sous la responsabilité du Premier ministre. Toutefois, il
n'apparaît pas opportun d'envisager de contraindre les divers services
concurrents à coopérer en période de cohabitation.
II. LA NOUVELLE ORGANISATION DU SGDN, SES ACTIVITÉS ET SES PERSPECTIVES
L'organisation du SGDN s'articule désormais autour de cinq grands " pôles " de compétence , issus de sa restructuration, dont l'un à vocation transversale et treize "cellules" et "observatoires", qui ont remplacés 4 directions, 10 sous-directions et 50 bureaux. Il dispose désormais d'une organisation plus légère et plus souple, il travaille en équipes moins hiérarchisées et très décloisonnées, composées de personnels de cultures plus différentes.
1. Le pôle "défense et nation"
Il est chargé de
maintenir la "continuité de
l'action gouvernementale"
en garantissant la liberté d'action du
gouvernement en toutes circonstances
et la cohérence de la politique
nationale de défense civile.
A ce titre, il a poursuivi la mise en
place du chiffrement sur le réseau téléphonique RIMBAUD
entre hautes autorités. L'exercice EXINNAT 96 s'est
déroulé en novembre 1996. Le pôle a continué
d'animer les travaux interministériels sur la lutte contre le terrorisme
à caractère nucléaire et la protection des points
sensibles (systèmes PERSIL II).
Il est également chargé de
coordonner la "protection du secret
de défense"
à travers le service de sécurité de
défense (SSD), qui a notamment en charge la mise en oeuvre du
décret du 10 juillet 1997, portant sur le matériel
d'écoute, et l'action menée pour la protection des secrets de
défense dans les accords internationaux, interalliés ou
alliés.
Il lui appartient aussi
d'exercer une fonction de "veille et de
prospective"
, face aux risques et menaces visant la cohésion
nationale et notre volonté de défense, pour laquelle l'essentiel
a concerné la réforme du service national.
Une réflexion sur le recentrage du programme civil de défense et
sur le rôle du SGDN et des ministères dans ce domaine a
également été conduite par ce "pôle".
Enfin, le
centre de transmissions gouvernemental
lui est rattaché
pour emploi.
2. Le pôle "affaires internationales et stratégiques" (AIS)
Le pôle AIS a succédé à la
direction d'évaluation et de documentation stratégique (EDS),
auparavant forte d'une quarantaine d'experts et la plus touchée par la
réforme. Il a abandonné ses tâches d'expertise et de centre
expertise, qui faisaient inutilement concurrence aux travaux menés dans
les différents ministères, pour se concentrer sur de nouvelles
fonctions de secrétariat interministériel, appuyé sur une
fonction de vielle légère. Si son champ d'activités
demeure le même : évolutions géostratégiques,
architectures de sécurité, menaces transverses, la nature de ses
activités a été profondément modifiée, non
seulement en raison de la baisse des ses effectifs mais aussi pour
répondre à un besoin public mieux défini.
C'est dans cette perspective qu'il a élaboré et fait adopter un
dispositif nouveau de veille stratégique
interministérielle
dont il assurera le secrétariat. A ce
titre, un premier exercice pilote a été réalisé et
présenté et un programme de travail a été
adopté pour les prochains mois.
Par ailleurs, le pôle AIS a apporté sa contribution à la
préparation des conseils de défense, aux secrétariats du
comité interministériel de renseignement (CIR) et des
activités d'intelligence économique.
Enfin, le pôle AIS a joué depuis l'automne 1995 un rôle dans
le suivi des négociations sur la rénovation de l'OTAN et son
européanisation.
3. Le pôle "affaires juridiques et européennes " (AJE)
Sa fonction est à la fois horizontale,
d'assistance
juridique
aux autres pôles, de coordination
interministérielle, pour la préparation des textes qui
relèvent de la compétence du SGDN
et de veille
,
notamment en matière de réglementation européenne.
Le pôle comprend une cellule affaires juridiques et un observatoire de la
réglementation européenne.
Dans le domaine des affaires juridiques, il a eu à répondre aux
nombreuses sollicitations des autres pôles au sujet de textes très
variés (décret sur le matériel d'écoute,
réforme de l'IHEDN). Il a d'autre part assuré la coordination
interministérielle de la phase finale de préparation des textes
nécessaires à la mise en oeuvre de la convention sur
l'interdiction des armes chimiques et du traité sur l'interdiction des
mines antipersonnel. Il a également participé, en liaison avec le
pôle TTS, à la préparation de la nouvelle
législation sur la cryptologie. Après avoir conduit la
réflexion sur les fondements constitutionnels du service national, il a
coordonné les travaux interministériels sur le volontariat.
En ce qui le concerne, l'observatoire de la réglementation
européenne a suivi avec attention les textes préparés
à Bruxelles et pouvant avoir des conséquences sur la
sécurité de la France. Il a conduit avec le pôle
"économie et défense" des travaux sur la politique
européenne d'armement et assuré une veille sur les interventions
européennes et de l'OCDE dans le domaine de la sécurité
des systèmes d'informations.
Durant l'année 1998, les travaux sur le volontariat devraient se
poursuivre et le pôle AJE intervenir également dans le projet de
création d'une autorité administrative indépendante dans
le domaine du secret défense.
4. Le pôle "économie et défense" (EDE)
La réforme de 1996 s'est aussi traduite par la
création d'un pôle économie et défense qui a
marqué l'extension des compétences du SGDN dans les domaines
économiques, industriels et financiers. Les activités de ce
pôle ont principalement concerné la préparation des
restructurations des industries d'armement et de la loi de programmation
militaire notamment sur les questions budgétaires.
Ce pôle, qui a pris à sa charge le secrétariat du
comité pour la compétitivité et la sécurité
économique du SGDN, anime et prépare la
réflexion sur
l'intelligence économique
dans les ministères et au niveau
gouvernemental au sein d'un groupe de pilotage interministériel. Le SGDN
prolonge cette action en direction des activités étatiques mais
également des entreprises privées.
5. Le pôle "technologies et transferts sensibles" (TTS)
La réforme n'a entraîné aucune rupture
essentielle des activités de la direction scientifique et des transferts
sensibles, si ce n'est le transfert au ministère de la défense
des missions de veille scientifique et technologique.
C'est ainsi qu'on été préservées dans la nouvelle
organisation, les activités liées au contrôle des
exportations des matériels de guerre et à la lutte contre la
prolifération. Ce nouveau pôle assure la présidence et
l'animation des réunions mensuelles de la Commission
interministérielle pour l'étude des exportations de
matériels de guerre (CIEEMG), ainsi que la préparation des
projets de directives du Premier ministre en matière d'exportations de
matériels de guerre.
Les réductions d'effectifs ont conduit le pôle TTS à se
dégager, partiellement, des tâches de suivi détaillé
des exportations de biens à double usage et de contrôle des
coopérations, visites et stages, pour se consacrer à l'animation
interministérielle dans ces deux domaines.
Il a essentiellement orienté son activité vers :
·
le suivi des négociations des arrangements
multilatéraux liés à la lutte contre la
prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs ;
·
l'élaboration des projets de directives
nationales en matière de lutte contre les proliférations
nucléaires et autres ;
·
la mise en oeuvre nationale du système
européen de contrôle des exportations des biens à double
usage ;
·
la rédaction ou la mise à jour de
documents de synthèse sur les risques de prolifération de
différents pays ;
·
l'étude et le devenir des matières issues
des armes nucléaires et devenues inutiles, dans le cadre des travaux du
G7.
Une cellule nouvelle chargée de la sécurité des
systèmes d'information a été créée pour
reprendre les attributions de la délégation
interministérielle pour la sécurité des systèmes
d'information (DISSI) supprimée par le décret 96-67 du 29 janvier
1996.
Ce même décret a ainsi rattaché pour emploi au SGDN
le
service central de la sécurité des systèmes d'information
(SCSSI),
implanté au Fort d'Issy-les-Moulineaux et qui dispose de
quatre-vingt personnes dont plus de quarante ingénieurs ou officiers.
Son champ d'action comprend trois domaines à l'intérieur desquels
il assure les missions de coordination et de veille technologique :
·
la cryptologie qui consiste à assurer la
confidentialité de l'information, mais désormais également
son intégrité ;
·
la protection "Tempest" contre les signaux parasites
compromettants ;
·
la sécurité du matériel
informatique.
A ce titre, il a assuré l'élaboration du nouveau régime
juridique des moyens et prestations de cryptologie défini par
l'article 17 de la loi n
o
96-659 de réglementation
des télécommunications.
Il a également présenté la position française au
sein des organismes multilatéraux et européens chargé de
ces questions (G5, SOGIS).
Enfin, cette cellule constitue l'un des organes d'exécution du
directoire de la sécurité des systèmes d'information
présidé par le SGDN.
L'année 1998 verra la poursuite des activités déjà
en cours. Le pôle TTS s'attachera également à animer les
travaux du comité d'action scientifique de la défense (CASD) afin
de renforcer le soutien de la recherche de défense et la protection du
patrimoine scientifique et technique. Dans le cadre de la veille
stratégique, il suivra notamment les coopérations scientifiques
internationales.
Il poursuivra enfin son action pour assurer la concertation
interministérielle préalable à la présentation des
positions françaises dans les négociations internationales.
6. Les activités liées à la coordination du renseignement
Le SGDN assure le secrétariat du
comité
interministériel du renseignement (CIR),
conformément au
décret n° 89-258 du 20 avril 1989, ainsi que du groupe permanent
des directeurs de cabinet des ministres qui participent au CIR. Ce dernier
s'est réuni en mars et en décembre 1996 pour y approuver le
projet de
plan national de renseignement (PNR)
couvrant la
période 1996-1998.
Par ailleurs, les groupes de projets prioritaires chargés de
l'exécution du PNR 1996-1998 ont poursuivi leurs travaux sur la base de
réunions périodiques. Le groupe permanent doit se réunir
à nouveau au quatrième trimestre et préparera en 1998 le
futur plan 1999-2001.
7. L'administration générale
Le pôle "administration générale", tout en
assurant les tâches de gestion administrative, financière et de
support pour le compte du SGDN, du CIR, du CTG et de l'IHEDN, s'est
attaché à la poursuite de la réforme du SGDN, par une
modernisation de ses méthodes de travail et un regroupement de ses
moyens, et à la préparation de la transformation de l'IHEDN en
EPA.
CHAPITRE III
LE CENTRE DE TRANSMISSIONS
GOUVERNEMENTAL
Le secrétaire général de la
défense nationale organise les moyens de commandement et de liaisons,
nécessaires au Gouvernement en matière de défense, et en
fait assurer le fonctionnement. Sous l'autorité du SGDN, le Centre de
Transmissions Gouvernemental (CTG) a ainsi pour mission
d'assurer la
permanence des liaisons gouvernementales
et, plus particulièrement,
celles
du président de la République et du Premier
ministre
, à Paris et lors de leurs déplacements.
Autour du centre principal d'exploitation, sous les invalides, le CTG
possède diverses antennes, à l'Elysée, à Matignon
et à Taverny. Son personnel, civil et militaire, des trois armées
représente un effectif de 180 personnes, désormais en
gestion au ministère de la Défense, dont une partie est
détachée dans vingt-six ambassades, situées dans des zones
sensibles, pour armer le réseau des stations radioélectriques des
attachés de défense. Il assure le traitement de près de
quatre mille messages par jour.
Après la réforme du SGDN, le centre a pris le statut d'organisme
en participation externe du ministère de la défense : il forme
corps et est dirigé par un officier supérieur de marine qui
relève organiquement du ministère de la défense, mais
reste sous l'autorité d'emploi du secrétaire
général de la défense nationale à l'instar de tout
le personnel du CTG.
Pour 1998, les crédits souhaités par le centre s'élevaient
à 21 millions de francs en autorisations de programme (AP) et 14,3
millions de francs en crédits de paiement (CP). L'attribution de 8
millions de francs en AP et 7,76 millions de francs en CP imposera des
choix. Si la réalisation de la liaison Elysée-Kremlin et la
modernisation des liaisons avec les attachés de défense pourront
être entrepris, en priorité, les autres projets d'investissement
risquent de se voir reportés. Il s'agit de :
- la modernisation du système de messagerie du CTG, devenue
obsolète ;
-l'amélioration des liaisons, entre le Président de la
République et le premier ministre, à l'étranger et leur
passage au support numérique ;
- la création d'un système de messagerie de secours en cas
d'incident grave ;
- l'équipement informatique, notamment de la station radio
électrique du centre et des stations extérieures.
Certains des ces projets sont déjà anciens.
Pour nous
assurer que le CTG pourra continuer à accomplir sa mission, dans les
conditions de fiabilité qu'elle requiert, il conviendrait, à
défaut de ne retenir que les projets nécessaires,
d'
établir,
pour le moins,
un ordre de priorité et un
programme de leur exécution.
CHAPITRE IV
LA TRANSFORMATION EN
ÉTABLISSEMENT PUBLIC ADMINISTRATIF (EPA) DE L'INSTITUT DES HAUTES
ÉTUDES DE LA DÉFENSE NATIONALE (IHEDN)
I. LE RÔLE DE L'INSTITUT
Les instructions données par le précédent
Premier ministre dans le cadre de la réforme du SGDN comportaient le
projet de conférer son autonomie à l'administration de l'IHEDN.
Il a en conséquence retenu la formule de l'établissement public
à caractère administratif (EPA). L'IHEDN a donc été
érigé en EPA, par un décret du 5 septembre 1997,
concrétisant ainsi la décision prise par le
précédent Gouvernement.
La mission de l'IHEDN
, définie par le décret du 6 mars
1979,
recouvre l'approfondissement des connaissances, en matière de
défense, des responsables de haut niveau de la Nation
. L'Institut
est, en outre, appelé à conduire des études et des
recherches et à apporter son concours aux établissements
d'enseignement supérieur qui exercent des activités dans ce
domaine. La diversité de son recrutement constitue le trait le plus
original de cette institution.
De plus,
la mission des études et enseignements de défense
(MEED)
, créée au SGDN il y a quelque vingt ans et dont la
coordination des enseignements supérieurs de défense
extérieurs à l'enseignement militaire supérieur est le
rôle principal, a été transférée à
L'Institut, avec les moyens dont elle disposait à cet effet, par
décision du 1
er
mars 1996 du secrétaire
général de la défense nationale.
En réalisant, au profit de 70 personnes en moyenne, chaque jour
ouvrable, une activité de promotion de l'esprit de défense,
l'IHEDN entretient depuis 60 ans un lien unique, entre la Nation et sa
défense, qui est reconnu par les plus hautes autorités de l'Etat.
Regroupant civils et militaires de haut rang, dans le cadre d'une formation
donnée sous l'autorité du Premier ministre, l'Institut a
contribué à faire connaître les concepts fondamentaux de la
défense française. La notion de défense globale, les
principes de la dissuasion, les modalités d'intervention des
armées ont été largement débattus et
commentés dans ce cadre privilégié de discussion et de
débat. Il a donc constitué un facteur essentiel de consensus et
de cohésion nationale.
II. LES ORIGINES DE LA RÉFORME
Pour tenir compte du bouleversement, qui affecte les
équilibres stratégiques du monde, et de la diversification des
menaces, de nouveaux concepts de défense devront être
développés dans les années à venir et
expliqués au citoyens. La distinction entre menace extérieure,
menace intérieure, risques militaires et risques économiques et
sociaux aura tendance à s'élargir. Il sera donc important de
préserver un lieu d'échanges, où cadres civils et
militaires pourront confronter librement la diversité de leurs
expériences. Enfin, l'abandon du service national et la réduction
correspondante du nombre des officiers de réserve, exigera un
renforcement, mais également une redéfinition, des liens existant
à tous les niveaux entre la défense et la nation.
Par ailleurs, lIHEDN ne disposait plus à proprement parler de
ÇÊpostes budgétairesÊÈ, mais de fonctionnaires
et de militaires mis à sa disposition par les ministères. Il
convient, à cet égard, de rappeler que le coût réel
de l'Institut dépasse largement la modicité des crédits
inscrits dans le budget du SGDN. En effet,
le ministère de la
défense fournit à titre gracieux 90 % des moyens en personnel
(47 militaires et 35 civils, soit 82 personnes)
et de nombreuses
prestations
, telles que les locaux de l'Ecole militaire et leur entretien
et une grande partie des transports. Même si le montant de ces
prestations ne peut être déterminé très
précisément,
le coût budgétaire global de
l'Institut a été évalué à 35 millions de
francs.
Le tableau ci-après détaille par catégories le personnel
mis à disposition de l'IHEDN.
GRADES |
EFFECTIF |
1 - MILITAIRES |
47 |
Officier général |
1 |
Officier d'active |
16 |
Officier appelé |
2 |
Sous-officier d'active |
18 |
Sous-officier appelé |
0 |
Militaires du rang |
10 |
2 - CIVILS |
35 |
Catégorie A |
13 |
Catégorie B |
3 |
Catégorie C |
14 |
Catégorie D |
5 |
TOTAL GENERAL |
82 |
Pour qu'il puisse continuer à remplir pleinement ces missions, il convenait donc de doter l'Institut d'une autonomie de gestion et de permettre une clarification de son financement.
III. LE CHANGEMENT DE STATUT
Si le texte, transformant l'IHEDN en établissement
public administratif, a confirmé les missions définies dans le
décret de 1979,
son rôle de coordonateur des enseignements de
défense y est réaffirmé.
Il est, en liaison avec le
ministre responsable de l'enseignement supérieur, chargé de
promouvoir les enseignements universitaires de défense.
Le rattachement de l'Institut au Premier ministre est confirmé
,
afin de marquer l'intérêt des plus hautes autorités de
l'Etat pour un organisme dont le rôle et le rayonnement sont
appelés à s'accroître dans le cadre du futur dispositif de
défense français. C'est à ce titre que
, le
Secrétariat général de la défense nationale
exercera la tutelle de l'IHEDN
et siégera, au côté de
son président nommé par décret, parmi les 17 membres
constituant
le futur
conseil d'administration comprenant, en outre,
un député et un sénateur,
8 représentants
de l'Etat désignés par les ministres concernés
(défense, enseignement supérieur, intérieur, affaires
étrangères, économie et finances, fonction publique et
budget), le président de l'Union des associations d'auditeurs, et 4
personnalités qualifiées (2 militaires et 2 anciens auditeurs
civils). Ce conseil orientera l'action du directeur et favorisera la
coopération des différents ministères autour des projets
de formation.
Ainsi
doté de la personnalité morale et de l'autonomie
financière,
l'Institut pourra bénéficier, hormis la
dotation annuelle de l'Etat, de contributions des ministères et des
employeurs, au titre de la formation professionnelle pour ces derniers, et de
subventions venant de collectivités et organismes. Ses recettes pourront
également comprendre les ressources tirées des activités
et prestations qu'il assure et les produits de ses travaux.
Ses responsables disposeront ainsi d'une organisation plus moderne pour une
adéquation toujours plus rigoureuse des missions et des moyens. De la
réussite de cette mutation dépendra, pour une part, la place
future de l'institut car son nouveau statut en fait un instrument
pouvant servir, dans l'avenir, de socle juridique à une
coordination, voire à un regroupement de l'ensemble des organismes
liés aux études de défense.
IV. LA MISE EN PLACE
Dans la perspective de sa transformation en EPA,
l'Institut
s'est
d'ores et déjà
réorganisé.
Il
dispose
désormais, outre
d'une direction
générale,
chargée d'impulser les orientations retenues
en matière de hautes études et d'assurer la cohérence
d'ensemble des activités de l'Institut,
de trois directions
compétentes respectivement, l'une en matière d'études, de
prospective et de conduite des formations centralisées, l'autre, pour
les activités décentralisées et les relations avec les
associations, enfin la troisième pour l'administration
générale et les moyens.
Les
mises à disposition de personnels et les prestations
en
nature, apportées par l'Etat, le seront
au moyen de conventions
conclues à cet effet.
Le principe de la participation des officiers suivant la formation du Centre
des hautes études militaires (CHEM) a été maintenu. Le
directeur de l'Institut devrait garder la direction du CHEM et dans
l'immédiat celle concernant la direction de l'Enseignement militaire
supérieur.
V. LES ACTIVITÉS DE L'IHEDN
Pour répondre à l'ambition d'excellence et
d'ouverture, formulée dans les propositions de réforme du SGDN,
l'Institut a depuis 1995 développé ses activités tout en
recevant de nouveaux auditeurs venant d'horizons très variés.
La mission première de l'IHEDN étant la formation et la promotion
de l'esprit de défense, ses résultats peuvent se chiffrer en
nombre de journées d'auditeur, même si la nature et la
qualité des bénéficiaires couvre un large spectre, depuis
les plus hauts niveaux d'éminence, jusqu'au public plus jeune des
nouvelles sessions d'été. Ainsi les sessions 1996-1997, et les
séminaires spécifiques, ont permis d'accueillir 571 auditeurs
supplémentaires, soit
un accroissement très significatif de
l'ordre de 32 %.
Au total, l'activité de l'Institut a
représenté
16.931 journées-auditeurs (+35%).
La progression de l'activité est notable dans tous les domaines et,
même si la session nationale demeure l'activité première de
l'IHEDN, à tous égards, on peut noter que pour la première
fois l'activité réunie des sessions régionales et des
sessions IHEDN/jeunes dépasse celle de la session nationale.
Le tableau ci-dessous met en évidence, après celle de
l'année antérieure, cette augmentation très sensible des
prestations de l'IHEDN.
Activités de l'IHEDN en 1996-1997 |
|||
Auditeurs |
Jours |
Total |
|
Sessions nationales | |||
49ème session |
84 |
65 |
5.460 |
Sessions régionales et actions au profit des associations 1996-1997 | |||
Rouen |
73 |
17 |
|
Dijon |
69 |
17 |
|
Ajaccio |
63 |
12 |
|
Strasbourg |
82 |
17 |
4.564 |
Associations |
273 |
480 |
|
Sessions internationales | |||
Session africaine et malgache |
32 |
16 |
512 |
Actions nouvelles diverses |
363 |
890 |
|
Sessions IHEDN Jeunes |
432 |
6 |
2.592 |
Mission pour les études et enseignements de défense | |||
ESSEC/HEC |
200 |
1 |
|
IRA |
400 |
3 |
|
ENM |
25 |
5 |
1.525 |
DESS/DEA |
165 |
5,5 |
908 |
TOTAL |
2.261
|
16.931
|
La 49ème session nationale (96-97)
avait comme
thème majeur: " Aire méditerranéenne et espace
européen ". En dehors de courts déplacements dans les
principales capitales européennes le voyage d'études principal
s'est déroulé en Grèce et en Turquie, espace
stratégique pour l'Europe. La 11
ème
session
internationale africaine et malgache, quatre sessions régionales et des
" Sessions IHEDN Jeunes " ont également été
organisées pendant le cycle d'études 1996-1997.
En 1997-1998, dans le cadre de la transformation de statut de l'IHEDN,
la
50ème session nationale
fera l'objet d'une distinction
particulière, pour laquelle l'intervention du Premier Ministre à
l'ouverture, et celle du Président de la République à la
cl™ture seront sollicitées. Le voyage d'étude devrait
revêtir également un caractère exceptionnel en portant
l'image de l'IHEDN et de la France vers des pays où se jouent l'avenir
du monde.
L'année tout entière aura pour fil directeur une réflexion
sur " vulnérabilités, défense et
sécurité de la France ". Dans l'hypothèse d'un voyage
aux Indes et en Asie centrale, l'approche en termes d'" émergences
et fractures: quelle géopolitique au tournant du
millénaire? " pourrait, parmi d'autres, être envisagée.
VI. BUDGET ET PERSPECTIVES
La transformation de l'Institut en établissement public
administratif a pour conséquence de le doter d'un budget autonome
dès l'exercice 1998, soit 10,6 millions de francs de crédits de
fonctionnement (10 millions de francs en provenance du SGDN et 0,6 million de
francs du ministère de la défense). Malgré le maintien de
la tutelle du secrétaire général de la défense
nationale,
ces crédits sont toutefois inscrits au budget des services
généraux du Premier ministre
. Par ailleurs ils ne couvriront
toujours qu'une part modeste des dépenses de l'Institut.
En effet, s'il est bien prévu que des postes budgétaires seront
créés en propre dès 1998, le ministère de la
Défense, à lui seul, continuera de mettre à la disposition
de l'IHEDN 40 militaires et 23 fonctionnaires civils et d'assurer sur ses
crédits un grand nombre de déplacements.
En tenant compte également, dune part, des personnels civils et
militaires mis à disposition de lInstitut par le ministère de la
défense et, dautre part, des personnels civils mis à disposition
par d'autres administrations à temps plein ou à temps partiel
(Intérieur, éducation nationale, SGDN pour ce qui concerne le
directeur général des activités régionales et le
chef de la Mission pour les études et les enseignements de
défense, Cour des Comptes et Conseil d'Etat, Affaires
étrangères à certaines époques),
on peut estimer
approximativement à 21,4 millions de francs le coút annuel du
personnel travaillant à l'IHEDN en 1997.
Cependant, ce premier budget autonome de l'Institut devrait lui procurer les
moyens d'assurer ces activités traditionnelles, son fonctionnement et
son entretien locatif. Il devra également adapter ses équipements
informatiques, pour intégrer les nouvelles charges de gestion et
développer sa communication, asseoir les nouvelles activités
expérimentées et poursuivre une ouverture internationale,
notamment en accentuant les partenariats au plan européen.
Le budget de la MEED a été infléchi dans un sens qui
ménage une plus grande capacité d'initiative et d'intervention,
et qui privilégiera la constitution progressive d'un véritable
réseau.
Enfin, même si la coordination des enseignements de défense reste
de la responsabilité du SGDN, l'IHEDN, toujours sous la tutelle de ce
dernier et devant pour sa part contribuer à leur promotion, a entrepris,
à l'occasion de sa transformation en EPA, une réflexion
stratégique sur les enseignements et études de défense,
conduite en concertation avec le ministère de l'éducation
nationale et de l'enseignement supérieur et le SGDN, qui devrait aboutir
au cours du quatrième trimestre 1997.
CHAPITRE V
LE PROGRAMME CIVIL DE DÉFENSE
Le programme civil de défense permet de contribuer au
financement d'opérations
d'investissement et d'études
qui ont trait à la défense non militaire.
C'est l'outil
dont le Premier ministre dispose pour lancer les actions liées à
la continuité de l'action gouvernementale, à la
sécurité générale et à la protection des
populations. Grâce à ce programme, le SGDN peut, au nom du Premier
ministre, donner l'impulsion aux actions que les ministres doivent mener en
vertu des responsabilités que leur attribue l'ordonnance du 7 janvier
1959 portant organisation générale de la défense.
Ce programme
, qui se voulait incitatif,
succombait au saupoudrage de
crédits
et devait être recentré. Au plan
budgétaire, la procédure de gestion directe introduite en 1995,
permet de contrôler l'attribution des crédits aux seules
opérations prioritaires. Celles-ci sont retenues pour leur
caractère interministériel et en réponse à des
priorités gouvernementales.
Ces dépenses recouvrent trois domaines d'intervention :
- protection des populations ;
- continuité de l'action gouvernementale et sécurité
générale ;
- action économique de défense.
Les annulations de crédits en cours d'exercice succédant
à ces réductions ont eu pour conséquences :
- l'arrêt du programme DEMETER, système de gestion de base de
données à dominante économique ;
- l'arrêt du programme concernant les postes sanitaires
mobiles ;
- le report de l'extension du réseau téléphonique
sécurisé RIMBAUD en mode automatique;
- un retard dans la mise en oeuvre du programme interministériel
relatif à la lutte contre le terrorisme NBC, comme l'a montré
l'exercice PIRATOX d'avril 1997.
Pour 1998 seuls pourront être financés :
- la poursuite de l'installation du réseau
téléphonique protégé RIMBAUD ;
- des moyens d'intervention contre les actes terroristes ;
- la contribution au système de messagerie NATO-WIDE (OTAN) dont le
paiement a pris deux années de retard.
L'évolution des opérations financées en 1996 et 1997 et
des prévisions pour 1998 est détaillées dans le tableau
ci-dessous.
CHAPITRE VI
L'ENSEMBLE DES CRÉDITS
AFFECTÉS À LA DÉFENSE NON MILITAIRE DE LA NATION
L'effort budgétaire, destiné en 1998 à la
défense civile de la Nation, comprend non seulement les crédits
affectés au SGDN mais également ceux que les ministères
civils lui consacrent. Ces montants, qui concernent les dépenses
permettant d'assurer la continuité de l'action gouvernementale et le
maintien de l'ordre et la sécurité générale
et celles concourant à
la protection des populations et à
la défense économique,
sont récapitulés dans un
"
Jaune budgétaire
" qui paraît depuis 1988.
Le tableau, ci-après, retrace les crédits des différents
ministères concourant à la défense de la Nation et leur
évolution par rapport à 1996 et 1997.
L'ensemble des crédits consacrés par les divers
ministères civils à la défense de la nation
s'élève, en 1998, à 8.483,1 millions de francs. Cette
dotation est donc, en francs courants, en légère augmentation de
près de 1 % par rapport à celle de 1997. Quant aux
autorisations de programme correspondantes, elles sont en nette augmentation,
de 21 %, par rapport à 1997.
Les deux types de dépenses y sont distinguées : les deux tiers
visent la préservation de la continuité de l'action
gouvernementale, le maintien de l'ordre et la sécurité
générale (5.517 millions de francs), un tiers la protection
des populations et la défense économique (2.966 millions de
francs
). Le ministère de l'intérieur assure 75 % du total
de ces dépenses
avec un effectif de près de
11.000 agents par jour, en moyenne sur l'année 1997, pour le seul
plan Vigipirate. Si l'on tient compte du temps partiel,
ce sont près
de 32.000 personnes de ce ministère
qui participent à
l'ensemble des activités de défense civile.
Le tableau ci-après détaille la répartition des personnels
participant à la défense civile de la Nation pour les principaux
ministères intervenants.
Parmi les activités qui relèvent en coordination
du SGDN ou uniquement du ministère concerné, il faut relever :
- la politique d'abritement des populations ;
- les plans de lutte contre le terrorisme de la famille "Pirate"
;
- la protection sanitaire des populations ;
- les conséquences d'un éventuel accident nucléaire.
En ce qui concerne la quantification de ces moyens, une redéfinition
plus précise des critères retenus mériterait d'être
engagée. Au-delà, il apparaît même souhaitable que
les objectifs et les responsabilités en matière de politique de
défense non militaire soient redéfinis. En effet, le moins que
l'on puisse dire est que rares sont les administrations qui font l'effort de
fournir, avec un minimum de rigueur, les informations nécessaires
à la comptabilisation de ces moyens.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le
mercredi 15 octobre 1997
, sous la
présidence de M. Christian Poncelet, président, la
commission a procédé à l'examen des crédits des
services du Premier ministre : II. - Secrétariat
général de la défense nationale, sur le rapport de
M. Michel Moreigne, rapporteur spécial
.
M. Denis Badré
a complété le propos du rapporteur
spécial en estimant que la transformation en établissement public
administratif de l'IHEDN ne pouvait que renforcer la mission et le rôle
de l'institut. Il a, à cette occasion, rappelé que l'Institut
restait le lieu de rencontre privilégié entre l'armée et
la nation et que son rôle, à la suite de la professionnalisation
des armées, était appelé à se développer
notamment dans l'organisation de manifestations et de rencontres avec les
citoyens.
Il a également souhaité que l'Institut étende son action
à la prise de conscience de la nécessité d'une
défense européenne.
Sur le plan financier, il s'est réjoui de la clarification du mode de
financement de l'IHEDN et a estimé que les crédits du SGDN
devaient, comme ceux des autres départements ministériels,
être mis à contribution pour la réduction des
dépenses publiques.
M. Philippe Marini
a souligné que les réserves
apportées par le rapporteur spécial, dans ses commentaires sur
les crédits du SGDN, justifiaient pour le moins un avis de sagesse sur
ce budget.
M. Jean-Philippe Lachenaud
, après avoir partagé cette
appréciation, a toutefois remarqué que les réductions de
crédits du SGDN étaient surtout liées à des
transferts d'emplois et que le montant global des moyens mis à
disposition de l'IHEDN, soit 35 millions de francs, lui paraissait
suffisant.
M. Christian Poncelet, président,
a constaté que la
réduction des crédits du SGDN était compatible avec
l'objectif de réduction des déficits publics.
La commission a alors
décidé de laisser les crédits du
secrétariat général à la défense nationale
à l'appréciation du Sénat.
Réunie le mercredi 15 octobre 1997, sous la présidence de
M. Christian Poncelet, président,
la commission a
décidé de laisser les crédits du secrétariat
général à la défense nationale à
l'appréciation du Sénat
.