PRINCIPALES OBSERVATIONS
Le projet de budget pour 1998 marque un soutien au
redressement des ports français
L'année 1996 a vu un léger redressement de l'activité des
ports maritimes français, du fait de l'amélioration du commerce
mondial.
En 1996, le résultat net global des ports autonomes est redevenu
positif (87,7 millions de francs) grâce à la progression du
chiffre d'affaire du Havre et de Saint-Nazaire.
Depuis 1995,
les ports se sont engagés dans une réduction
significative de certains de leurs postes de dépenses
, afin de
réduire leur déficit d'exploitation et
ils ont engagé
un effort de désendettement
qui a conduit à
l'amélioration de leur marge nette d'autofinancement, en progression de
20 % en 1996 par rapport à 1995.
En regard de ces efforts, le projet de loi de finances 1998 marque
un
arrêt de la diminution des crédits en faveur des ports maritimes
avec une stabilisation des dotations pour les crédits d'entretien et
d'exploitation
(+1,2%) et une hausse de 14,4% des dotations aux ports
d'intérêt national.
Votre rapporteur se félicite de cette stabilisation globale
même s'il déplore que les crédits des ports maritimes
connaissent toujours des mesures de régulation importante.
Une rénovation attendue du patrimoine des ports
maritimes
Votre rapporteur observe que la progression des crédits
d'équipement destinés aux ports maritimes pour 1998 se conjugue
avec un accroissement des financements par fonds de concours.
Le projet de loi de finances 1998 prévoit en effet une progression
significative des crédits d'engagement en faveur des ports maritimes.
Votre rapporteur se félicite qu'une rénovation du patrimoine des
ports autonomes et des ports d'intérêt national puisse ainsi
être entreprise.
Depuis 1995
les crédits d'équipement des ports maritimes ont
en effet connu une diminution constante, renforcée par de
régulières mesures d'annulation
. L'augmentation des
autorisations de programme pour 1998 rompt avec une tendance à la baisse
qui a fait passer de 257 millions de francs en 1992 à 161 millions de
francs en 1997 les moyens d'engagement pour les investissements des ports
maritimes.
La dotation prévue en moyens d'engagement est donc
équivalente à celle de 1995.
Votre rapporteur rappelle cependant que ce soutien reste très
limité car les ports concurrents bénéficient de soutiens
publics massifs
. A titre d'exemple, le plan " Rotterdam 2010",
dont
l'investissement total est estimé à 300 milliards de francs,
prévoit la participation de l'Etat pour 30 milliards de francs
d'investissement en infrastructures portuaires, ferroviaires et
routières.
La desserte terrestre, enjeu essentiel de la
compétitivité des ports français
Votre rapporteur estime que la question de la desserte terrestre des ports
maritimes est aujourd'hui plus que jamais essentielle
car c'est sur le
transport terrestre que peuvent être réalisés les plus
importants gains de productivité.
S'agissant de la
desserte routière
, un certain nombre de travaux
ont été entrepris. Cependant, la liaison complète
Abbeville-Rouen-Alençon-Tours ne devrait pas être mise en service
avant l'an 2000.
Concernant la desserte fluviale
, le canal à grand gabarit
Seine-Nord doit relier le bassin de la Seine au canal Dunkerque-Escaut,
améliorant ainsi la desserte des ports du Nord de la France mais aussi
de Belgique et des Pays-Bas.
En matière de
fret ferroviaire
,
une politique volontariste du
nouvel établissement public Réseau Ferré de France est
plus que jamais nécessaire
.
Votre rapporteur estime que l'engagement en faveur de la desserte
ferroviaire
doit s'inscrire dans un cadre européen
,
afin
de préserver les intérêts des ports français
,
notamment dans les décisions à venir en matière de
"corridors de fret ferroviaire". Ces liaisons rapides et à grande
capacité seront un élément essentiel de
développement des trafics de marchandises.
Les axes qui seront privilégiés au niveau européen
(Nord-Sud ou Ouest-Est), auront des conséquences décisives sur
l'activité et la compétitivité des ports français.
Faciliter le passage portuaire
En dehors des strictes dotations budgétaires,
l'Etat a un rôle
essentiel à jouer pour faciliter les procédures de passage dans
les ports maritimes français.
En matière de
facilités douanières
, un certain
nombre de mesures ont déjà été prises. Depuis mai
1997, une liaison télématique entre Paris et Le Havre permet
l'impression puis la délivrance de ces titres sur le port.
Des conventions d'application des
plans d'action
"Douanes-Ports"
constituant des chartes de qualité ont été signées
depuis 1995 dans de nombreux ports français, les derniers en date
étant Sète et la Guadeloupe, et les prochains Brest et Dunkerque.
Pour 1998, la mise en oeuvre du programme européen "Douane 2000"
d'harmonisation des procédures douanières devrait être une
priorité de la direction générale des douanes et des
droits indirects.
Une démarche analogue à celle menée avec la direction des
douanes est en cours, avec le concours des
services du ministère de
l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation
.
Votre rapporteur estime qu'à l'instar des avancées
réalisées en matière de simplification et d'harmonisation
douanière, une réforme des contrôles
vétérinaires et phytosanitaires est indispensable, avec les
précautions qu'exige la garantie d'un haut niveau de
sécurité.
I. LE CONTEXTE ÉCONOMIQUE ET FINANCIER
A. UNE PROGRESSION MODEREE DU TRAFIC PORTUAIRE
1. Le trafic des ports français progresse légèrement en 1996 mais plus significativement au premier semestre 1997
a) Une faible progression du trafic portuaire français en 1996
L'année 1996 a enregistré un léger
redressement de l'activité des ports maritimes français, du fait
de l'amélioration du commerce mondial.
Les ports maritimes français ont connu une progression de 0,4 % de
leur trafic en 1996
alors que le trafic des ports d'Allemagne et du Benelux
régressait légèrement (respectivement -0,4 % et -0,5 %).
Toutes marchandises confondues, la croissance des tonnages cumulés des
grands ports européens (ports français inclus) a
été inférieure à celle des ports français,
puisque elle s'est élevée seulement à 0,2% en 1996.
Parmi les plus importants ports européens, il faut constater une baisse
de tonnage à Anvers (-1,4%), Hambourg (-1,4%) ou Rotterdam (-0,5%). A
l'inverse, les trafics des ports de Marseille ou du Havre sont en forte
progression (respectivement +4,7% et +4,4%).
Les résultats sont contrastés suivant les zones
géographiques
: la façade méditerranéenne a
connu une forte de progression dans son ensemble (+3,2%), alors que le trafic
stagnait en Europe du Nord (-0,1%) et régressait significativement
sur la façade atlantique (-4,6%).
source : direction du transport maritime, des ports et du littoral.
La progression du trafic des ports maritimes français a concerné les ports autonomes comme les ports d'intérêt national.
Bilan d'activité des ports français en 1996
(en millions de tonnes)
Entrées |
Sorties |
Total |
||||
Ports métropolitains, dont : |
215,81 |
(+0,2 %) |
82,33 |
(+1,4 %) |
298,14 |
(+0,5 %) |
Ports autonomes |
177,82 |
(+0,3 %) |
55,42 |
(+0,8 %) |
233,24 |
(+0,4 %) |
Ports d'intérêt national |
34,78 |
(+0,2 %) |
25,78 |
(+4,0 %) |
60,56 |
(+1,8 %) |
Ports décentralisés |
3,21 |
(-6,0 %) |
1,13 |
(-19,2 %) |
4,34 |
(-9,8 %) |
Ports d'outre-mer |
7,32 |
(+2,3 %) |
1,83 |
(+3,8 %) |
9,15 |
(+2,6 %) |
Source : Direction du transport maritime, des ports et du littoral
Si les ports autonomes totalisent 78 % du trafic des ports
métropolitains,
les ports d'intérêt national, dont le
poids économique d'ensemble est plus modeste, ont connu en 1996 une
croissance plus soutenue de leur trafic
puisqu'elle s'est
élevée à 1,8 %.
Il faut noter également une progression relativement plus importante du
trafic des
ports d'outre-mer
en 1996 (+2,6%).
b) La progression du trafic portuaire s'est prolongée et amplifiée au premier semestre 1997 pour tous les types de marchandises
Le trafic total des ports français a
augmenté de 13,2 % au premier semestre 1997
, principalement sous
l'effet d'une reprise des trafics de vracs solides et de marchandises diverses.
Tous les types de marchandises sont concernés (vracs solides, vracs
liquides, conteneurs, marchandises diverses) mais la progression varie de
manière importante entre le trafic des marchandises diverses (+23%) et
celui des vracs liquides (+ 5%).
Ces résultats sont liés principalement à une reprise des
exportations de céréales pour les vracs solides, à la
poursuite de la progression des trafics de conteneurs ainsi qu'au
redémarrage des trafics particuliers concernant les marchandises
diverses, comme à Bayonne, où une aciérie s'est
installée fin 1996.
Le trafic de conteneurs atteint 10 millions de tonnes au premier semestre
1997, et progresse de 11,9 % par rapport au premier semestre 1996.
Il faut toutefois tenir compte de la structure du trafic portuaire
français : la faible progression des vracs liquides est
enregistrée sur un volume global déjà important. Si le
trafic de conteneurs progresse de 12 %, sa part dans l'ensemble du trafic
portuaire français demeure relativement faible.
2. Un léger redressement qui doit être relativisé par les caractéristiques et la structure du trafic portuaire français
Plusieurs éléments peuvent être observés quant à la structure et aux caractéristiques du trafic portuaire:
a) Une régression du trafic portuaire français sur moyen terme
Sur le moyen terme (1991-1996), il faut constater une
régression en termes réels du trafic total des ports
français puisque
le tonnage global, de 298 millions de tonnes en
1996, est inférieur à celui de 1991 (304 millions de tonnes).
Cette régression est en partie liée au déclin tendanciel
de l'utilisation de la voie maritime pour l'acheminement du commerce
extérieur, au profit du transport terrestre.
L'acheminement par voie maritime tend en effet à diminuer au profit de
l'acheminement par voie terrestre, même si ces trois dernières
années, une certaine stabilisation peut être constatée.
Alors qu'en 1991-1992, les deux modes de transports se répartissaient
à part égale, en 1996 la voie maritime ne représente plus
que 48 % du tonnage total.
Répartition de l'acheminement du commerce
extérieur entre la voie maritime
et la voie terrestre
Commerce extérieur |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
Exportations + importations |
458 336 |
456 476 |
432 920 |
451 613 |
454 364 |
455 862 |
Par voie terrestre |
50% |
50% |
49% |
52% |
53% |
52% |
Par voie maritime |
50% |
50% |
51% |
48% |
47% |
48% |
(en milliers de tonnes)
b) Une relative stabilité en structure
La répartition par catégorie de marchandises montre une relative stabilité en structure du trafic portuaire français avec toutefois une diminution tendancielle du trafic des vracs solides au profit des marchandises diverses , et notamment du trafic de conteneurs.
Structure du trafic portuaire français
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
|
tonnage total |
297 |
304,5 |
303 |
304 |
303,5 |
296,5 |
298 |
vracs liquides |
52% |
52% |
52% |
52% |
51% |
50% |
51% |
vracs solides |
27% |
26% |
27% |
24% |
23% |
24% |
23% |
marchandises diverses |
22% |
22% |
21% |
24% |
25% |
25% |
23% |
dont conteneurs |
5% |
5% |
4% |
5% |
5% |
6% |
6% |
(en millions de tonnes)
L'évolution de la structure du trafic des ports
français montre que l'accroissement du trafic de conteneurs reste
modeste puisque ce trafic ne représente que 6 % du trafic total en 1996.
En 1996, l'essentiel du trafic portuaire français est donc
constitué des vracs liquides (51%), et à part égale des
vracs solides et des marchandises diverses (23% chacun).
La structure du trafic des principaux ports européens concurrents
(Rotterdam, Anvers ...) montre
une proportion de trafic conteneurs
significativement plus importante
.
Ports |
Conteneurs |
Trafic total |
Part du trafic
conteneurs
|
Hambourg |
31 |
71,1 |
43,6% |
Brême |
15,7 |
31,6 |
49,6 % |
Rotterdam |
52,7 |
290,6 |
18,1% |
Anvers |
29,5 |
106,5 |
27,7 % |
(en millions de tonnes)
Par comparaison, le trafic de conteneurs du port du Havre
s'élève à 9,5 millions de tonnes, soit 17 % du trafic
global du port. L'ensemble du trafic de conteneurs des ports français,
qui concerne presque exclusivement les ports autonomes, s'élève
à 18,3 millions de tonnes.
Il représente moins de deux tiers
du trafic de conteneurs du seul port d'Anvers et l'équivalent d'un tiers
du trafic de conteneurs du port de Rotterdam.
En 1996, la progression des trafics de conteneurs a été plus
forte dans les grands ports européens que dans les ports autonomes
français, malgré de bons résultats (+7,9 % contre +6,9 %).
Les ports d'Anvers et d'Algésiras se sont principalement
distingués avec des progressions de 14,2 et 15,8 %.