III. LES DEPENSES DU PROJET DE BUDGET POUR 1998
Au terme de leur adaptation, les perspectives
financières pour la période allant de 1993 à 1999
s'établissent comme suit :
Perspectives
financières adaptées
|
||||||||
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
||
Ligne directrice agricole |
36.657 |
36.465 |
37.944 |
40.828 |
41.805 |
43.263 |
44.064 |
|
Actions structurelles |
22.192 |
23.176 |
26.329 |
29.131 |
31.477 |
33.461 |
36.618 |
|
Politiques internes |
4.109 |
4.370 |
5.060 |
5.337 |
5.603 |
6.003 |
6.231 |
|
Actions extérieures |
4.120 |
4.311 |
4.895 |
5.264 |
5.622 |
6.201 |
6.703 |
|
Dépenses administratives |
3.421 |
3.634 |
4.022 |
4.191 |
4.352 |
4.541 |
4.609 |
|
Réserves Compensations |
1.522 |
1.530 |
1.146 |
1.152 |
1.158 |
1.176 |
1.176 |
|
Total des crédits d'engagement |
72.021 |
73.486 |
80.943 |
86.604 |
90.229 |
94.744 |
99.401 |
|
Total des crédits de paiement |
68.611 |
70.352 |
77.229 |
82.223 |
85.807 |
90.581 |
94.032 |
|
Paiements en % du PNB |
1,20 |
1,20 |
1,20 |
1,20 |
1,22 |
1,23 |
1,25 |
|
Source : Relations financières avec l'Union européenne - PLF pour 1998 |
Les crédits prévus pour 1998 s'élèvent quant à eux à 82,9 milliards d'écus en progression de 0,7 % par rapport à 1997.
Le projet de budget des Communautés européennes pour 1998
(Millions d'écus courants)
Rubriques des perspectives |
Budget 1997 |
APB 1998* |
Projet de budget |
Ecart/APB |
|
||||
financières |
CE |
CP |
CE |
CP |
CE |
CP |
CE |
CP |
1996 (CP) |
Politique agricole commune |
40.805 |
40.805 |
40.987 |
40.987 |
40.987 |
40.987 |
0 |
0 |
39.108 |
Marge |
1.000 |
2.276 |
2.276 |
||||||
Actions structurelles |
31.477 |
26.300 |
33.461 |
28.400 |
33.461 |
27.400 |
0 |
- 1.000 |
24.329 |
Fonds structurels |
28.620 |
23.866 |
30.482 |
25.643 |
30.482 |
24.643 |
0 |
- 1.000 |
22.369 |
Fonds de cohésion |
2.749 |
2.326 |
2.871 |
2.649 |
2.871 |
2.649 |
0 |
0 |
1.872 |
Marge |
2 |
0 |
0 |
||||||
Politiques internes |
5.601 |
5.109 |
5.629 |
5.186 |
5.384 |
4.770 |
- 245 |
- 416 |
4.464 |
Marge |
2 |
374 |
619 |
||||||
Actions extérieures |
5.601 |
4.498 |
5.624 |
4.549 |
5.476 |
4.207 |
- 245 |
- 416 |
3.666 |
Marge |
21 |
577 |
725 |
||||||
Dépenses administratives |
4.283 |
4.283 |
4.374 |
4.374 |
4.301 |
4.301 |
- 73 |
- 73 |
4.102 |
Marge |
69 |
167 |
240 |
||||||
Réserves |
1.158 |
1.158 |
1.176 |
1.176 |
1.176 |
1.176 |
0 |
0 |
390 |
Compensations |
212 |
212 |
99 |
99 |
99 |
99 |
0 |
0 |
701 |
Total |
89.137 |
82.366 |
91.350 |
84.770 |
90.885 |
82.940 |
- 465 |
- 1.830 |
76.760 |
Marge (CE)/% PNB EUR 15 (CP) |
1.092 |
1.173 |
3.394 |
1.153 |
3.859 |
1.128 |
1.121 |
* Après prise en compte des demandes des institutions
Source : Relations financières avec l'Union européenne : PLF pour 1998
Par rapport à l'avant-projet de budget présenté par la Commission qui se caractérisait par un dérapage des dépenses avec une progression des crédits de paiement de 2,9 %, le Conseil réuni le 24 juillet 1997 est revenu à plus de sagesse. En dégageant des économies à hauteur de 1,8 milliards d'écus en crédits de paiement, il a mis en lumière les dérives du projet de la Commission et a montré que la voie des économies était ouverte lorsqu'une volonté politique était là.
De l'avant-projet de budget (APB) au projet de
budget
des
communautés européennes
Le projet de budget des Communautés européennes
arrêté par le Conseil pour 1998 est construit sur la base d'une
progression des crédits de paiement de 0,07 %, les crédits
d'engagements s'accroissant, eux, de près de 2 % par rapport
à 1997.
Il est empreint d'orientations plus rigoureuses que l'avant-projet de
budget
qu'avait élaboré la Commission. Celui-ci voyait les
crédits augmenter de 2,9 % s'agissant des crédits de
paiement et de 2,5 % pour les crédits d'engagement. Les corrections
apportées par le Conseil au schéma de la Commission sont les
suivantes en ce qui concerne les crédits de paiement.
Variations des crédits de paiement entre le projet de budget et l'APB
(en millions d'écus)
Politique agricole
commune
|
0
|
Actions structurelles
|
- 1.000
|
Politiques internes
|
- 416
|
Actions extérieures
|
- 342
|
Dépenses administratives |
- 73 |
Réserves |
0 |
Total |
1.831 |
Source : Relations financières avec l'Union européenne; PLD pour 1998.
L'effort d'économies entrepris par le Conseil s'est
donc élevé à 1.831 millions d'écus, soit
environ 11 milliards de francs. Il l'a conduit à amputer
trois-quarts des crédits supplémentaires prévus par la
Commission.
Les économies ont été centrées sur les fonds
structurels (55 % des abattements de crédits par rapport à
l'APB), les politiques internes (23 % des économies) et les actions
extérieures (19 % des économies).
L'exercice d'économies entrepris par le Conseil peut être
évalué au regard de l'observation suivante :
Contrairement aux apparences, la répartition des économies
entre les rubriques est, partiellement, optique.
Ainsi, le maintien des
crédits de la politique agricole commune au niveau prévu par la
Commission qui suppose une croissance de 0,4 % entre 1997 et 1998 ne
manifeste pas de la part du Conseil une quelconque volonté de
"sanctuarisation" des moyens de la PAC. La marge sous le plafond de
la ligne
directrice agricole fixée par la Commission à 2.276 millions
d'écus, en augmentation donc de 1.276 millions par rapport à
1997, est en effet préservée par le Conseil dans un contexte
d'augmentation des dépenses de marché par rapport à ce que
la Commission avait prévu.
En revanche,
l'abattement des crédits d'actions structurelles ne peut
être compris comme manifestant une réelle volonté de
rationalisation
. Il ne concerne que les crédits de paiement. Les
crédits d'engagement sont, quant à eux, entièrement
préservés et progressent de 6,3 % entre 1997 et 1998. Leur
niveau ne laisse aucune marge sous le plafond fixé par les perspectives
financières pour 1998. Quant aux crédits de paiement, si les
économies recherchées par le Conseil s'élèvent
à quelque 3,5 % du montant inscrit par la Commission, leur
progression s'établit dans le projet de budget du Conseil à
4,3 % par rapport au budget pour 1997.
Finalement, les seules rubriques sur lesquelles l'effort d'économies
s'est montré réellement significatif sont celles relatives aux
politiques internes (- 8 % par rapport à l'APB ;
- 7,1 % par rapport au budget pour 1997) et aux actions
extérieures (- 7,5 % par rapport à l'APB ;
- 6,5 % par rapport au budget de 1997).
Le projet de budget pour 1998 ne manifeste cependant aucun effort
d'économies
. Les dépenses européennes
s'accroîtraient de 574 millions d'écus
4(
*
)
, environ 3,7 milliards de
francs et les crédits en engagement augmenteraient de 2 %.
Pour un budget qui n'a pas à supporter le poids de la dérive
automatique des charges d'intérêt et dans lequel la part des
dépenses de personnel reste, malgré tout, réduite, la
performance n'a rien d'exceptionnel
.
Le budget européen est, en tant que budget d'interventions
"arbitrable" au premier écu.
En outre, la préoccupation d'économie telle qu'elle se
manifeste ne paraît pas entièrement appropriée.
D'abord, elle semble procéder, plutôt que d'une
démarche consistant à dégager des économies
à partir d'une remise en question en profondeur des dépenses
européennes basée sur l'évaluation de leur
efficacité, d'une volonté d'affichage d'une croissance nominale
faible des crédits. En témoigne l'écart entre les
prévisions de crédits d'engagement et de paiement.
Ensuite, il faut souligner que la logique même de la programmation
financière des dépenses européennes supposait de limiter
la croissance des crédits. Car, si les prévisions de croissance
retenues pour adapter les plafonds des différentes rubriques des
perspectives financières en 1998, ont permis un rehaussement sensible
des plafonds, il aurait été manifestement peu prudent, compte
tenu des pesanteurs économiques en Europe continentale, de faire
entièrement fond sur ces prévisions. Le niveau des marges
laissées sous les plafonds d'engagement, 3,8 milliards
d'écus, soit 4 % du plafond des crédits d'engagement
témoigne ainsi plus que d'une volonté d'économies, du
souci d'éviter d'être pris en défaut par
l'évaluation réelle de l'économie européenne.
Enfin, le projet de budget pour 1998 est construit sans réelle
considération des conditions de l'exécution budgétaire en
Europe.
Ainsi, si en 1996, dernière année connue, le taux de
consommation des crédits s'est élevé à 96,9 %
pour les crédits d'engagement, il n'a atteint que 92,3 % pour les
crédits de paiement.
Un calibrage plus réaliste des dépenses communautaires tenant
compte du niveau considérable des restes à liquider
accumulés au cours des ans, et des possibilités
financières des Etats membres, permettrait de réduire l'appel
à contribution demandé à ceux-ci.
A. LES DÉPENSES AGRICOLES
Les dépenses agricoles seraient stabilisées
ne s'accroissant que de 0,45 %.
Elles sont placées sous un plafond, la ligne directrice agricole qui
s'élève chaque année de 74 % du rythme de croissance
du PNB communautaire et est indexé sur l'évolution
prévisible des prix.
Le montant de la ligne directrice agricole est ainsi de 43.263 millions
d'écus en 1998. La Commission, lors de l'élaboration de son
avant-projet de budget avait laissé une marge significative sous ce
plafond qui, avec 2.276 millions d'écus, correspondait à
5,3 % du montant de la ligne directrice agricole. Le Conseil a maintenu
cette marge, mais l'a reportée différemment, décidant un
abattement forfaitaire linéaire de 3,3 % sur l'ensemble des lignes
du FEOGA-garantie.
Au total, les crédits de la PAC s'élèveraient ainsi
à 40.987 millions d'écus.
Exécution 1993 |
Exécution 1994 |
Exécution 1995 |
Exécution 1996 |
Budget 1997 |
Projet budget 1998 |
|
Produits végétaux |
21.258 |
21.853 |
22.983 |
24.980 |
25.199 |
26.392 |
Produits animaux |
11.657 |
9.804 |
10.750 |
12.003 |
13.421 |
11.516 |
Autres dépenses |
1.676 |
1.314 |
764 |
2.124 |
2.185 |
3.078 |
Total FEOGA-Garantie |
34.591 |
32.971 |
34.497 |
39.108 |
40.805 |
40.987 |
Source : Relations financières avec l'Union
européenne - PLF pour 1998.
Par rapport au niveau des dépenses effectives en 1996
-39,1 milliards d'écus- les crédits ouverts pour 1998
marquent une progression de 4,8 %, soit une croissance annuelle moyenne de
2,4 %. Cette prévision de dépenses peut être
jugée modeste. Mais, il faut, pour l'apprécier, tenir compte de
plusieurs données. Rapportée à 1995, la progression des
dépenses agricoles ressort à un niveau beaucoup plus
élevé de 18,6 %. Ce ressaut est pour partie le
résultat des dépenses liées à la crise de la vache
folle mais, si 2.200 millions d'écus avait été
budgétisés à ce titre en 1997, seuls 1.300 millions
d'écus le sont en 1998. Hors crise de la vache folle, la progression des
dépenses agricoles aurait été de 15 % entre 1995 et
1998.
De surcroît, la mise en oeuvre de la politique agricole commune fait
apparaître chaque année un écart d'exécution entre
les crédits de la ligne directrice agricole et les crédits
consommés. Entre 1990 et 1995 le cumul des sous-exécutions s'est
élevé à 20 milliards d'écus. Cette
année, la marge laissée sous la ligne directrice agricole
apparaît plus cohérente avec le niveau moyen d'exécution
des crédits.
Le budget de la politique agricole commune s'inscrit depuis quelques
années dans le cadre de la politique agricole commune
réformée.
Celle-ci a réorienté les dépenses agricoles vers le
versement
d'aides directes
qui représentent 23.700 millions
d'écus dans le projet de budget pour 1998, soit 57,8 % de
l'ensemble des crédits et baissent de 7,1 %. L'essentiel de ces
aides bénéficient au
secteur végétal
qui
bénéficie de 64,4 % du budget de la PAC en 1998 contre
61,7 % en 1997.
Le
secteur de la viande bovine
est le second bénéficiaire
de ces versements. Le montant total des dépenses de soutien à ce
secteur s'élèverait à 6.331 millions d'écus et
s'infléchirait ainsi de 1.120 millions d'écus. La plus
grande partie de ces abattements de crédits proviendrait de la baisse
des besoins de financement issus de la crise de la vache folle.
Contrepartie de la baisse des aides directes, les crédits
d'intervention et de soutien des exportations s'inscrivent en hausse
malgré une perspective de diminution de l'écart entre prix
communautaires et prix mondiaux.
Cette dernière évolution est à l'évidence
capitale car elle conditionne l'avenir même de la politique agricole
commune dont la redéfinition est en cours
. Si ce rapprochement
devait être jugé durable, il faudrait en tirer toutes les
conséquences.
B. LES ACTIONS STRUCTURELLES
La croissance des crédits destinés aux
actions structurelles s'élève à 6,3 % en
crédits d'engagement et à 4,2 % en crédits de
paiement.
Ainsi le projet de budget pour 1998 confirme l'inertie à la hausse de
ces crédits qui ont été multipliés par 4 en niveau
depuis 1988.
Cette inertie provient elle-même de la doctrine adoptée lors du
Conseil d'Edimbourg selon laquelle les plafonds de crédits
définis dans le cadre de la rubrique "Actions structurelles" des
perspectives financières de la Communauté sont en
réalité non des contraintes mises à l'essor des
crédits de cette nature, mais bien des objectifs de dépenses. Du
coup, nulle marge sous les plafonds des perspectives financières n'est
ménagée.
Il résulte, en outre, de cette doctrine que, normalement, les
crédits d'engagement non mobilisés lors d'un exercice
budgétaire sont reportés lors de l'exercice suivant.
Les développements ci-dessous démontreront assez l'ampleur de
l'anomalie budgétaire associée à cette règle.
On rappelle que les fonds structurels ont fait l'objet de deux exercices de
programmation :
·
le premier pour la période 1988 à 1993
pour un montant cumulé de 83.057 millions d'écus ;
·
le second pour la période 1994-1999 pour un
montant de 159.694 millions d'écus en hausse de 92 % par rapport
à la première période de programmation.
Les crédits d'engagement prévus au titre des actions
structurelles s'élèvent en 1998 à 0,37 % du PIB
communautaire.
Rapportée aux crédits d'engagement du budget
communautaire, la part des fonds structurels s'élevait à
12 % en 1984, atteignait 30 % en 1994 et s'élèverait
à 35 % en 1999.
Source : Relations
financières avec
l'Union européenne - PLF pour 1998.
L'objectif des actions structurelles est louable
. Il s'agit d'assurer
une correction des déséquilibres économiques et sociaux
dans le grand marché européen en vue d'une mise en oeuvre
convenable de l'Union économique et monétaire.
Plus précisément, les objectifs des fonds structurels sont au
nombre de six :
promouvoir le développement et l'ajustement structurel des
régions en retard de développement dont le PIB est
inférieur à 75 % de la moyenne communautaire (objectif 1) ;
reconvertir les zones industrielles en déclin à savoir celles
où le taux moyen de chômage est supérieur à la
moyenne communautaire et qui sont affectées par le déclin de
l'industrie (objectif 2) ;
combattre le chômage de longue durée (objectif 3) ;
faciliter l'insertion professionnelle des jeunes
(objectif 4)
;
accélérer l'adaptation des structures agricoles et de la
pêche
(objectif 5a)
;
faciliter le développement et l'ajustement structurel des zones
rurales
(objectif 5b).
promouvoir le développement et l'ajustement structurel des
régions connaissant une très faible densité de
population"
(objectif 6)
qui concerne essentiellement les régions
arctiques.
Les crédits d'actions structurelles sont pour l'essentiel - 80,5 %-
alloués aux trois fonds structurels de la Communauté, le Fonds
européen de développement régional (FEDER), le Fonds
social européen (FSE) et le Feoga-Orientation, auxquels il faut ajouter
l'Instrument financier d'orientation de la pêche (IFOP). Une partie des
moyens alloués (9 %) est réservée au financement de
programmes d'intervention communautaire (PIC), les moyens de la lutte
anti-fraude qui représentent 1,2 % des crédits d'actions
structurelles étant curieusement agrégés à ceux-ci.
Mais une part importante des crédits d'actions structurelles est
destinée au Fonds de cohésion. Celui-ci reçoit 9,7 %
des moyens prévus et ses interventions sont réservées aux
Etats membres dont le PIB par habitant est inférieur à 90 %
de la moyenne communautaire.
Enfin, une partie marginale des crédits sert, conformément
à l'acte d'adhésion des trois nouveaux membres de l'Union,
à prendre en charge leurs quotes-parts dans le financement du
mécanisme financier "Espace économique européen".
Le mode de versement des fonds doit être rappelé.
Il est différent selon les objectifs :
les objectifs à caractère national
: objectifs
3, 4 et 5a. Les crédits sont répartis entre les Etats membres
à charge pour les gouvernements de gérer les crédits ;
les objectifs à vocation spécifiquement régionale
: objectifs 1, 2, et 5b. Les crédits sont répartis entre les
régions des Etats membres.
Les règlements adoptés en 1993 visaient à concentrer
les ressources et les actions, à simplifier l'exécution des
programmes et à garantir le respect du principe
d'additionnalité.
Conformément à l'article 4 du règlement (CEE)
n° 2081/93 : "
L'action communautaire est conçue comme
un complément des actions nationales correspondantes ou une contribution
à celles-ci
". Sauf pour l'objectif n° 1 où les
fonds peuvent contribuer jusqu'à 75 % du coût d'un projet
(80 % dans les pays bénéficiaires du fonds de
cohésion), le principe d'additionnalité implique un cofinancement
qui limite l'intervention des fonds structurels à 50 % du
coût total d'un projet.
Les masses financières en jeu sont considérables mais
les
doutes portant sur l'efficacité et la bonne gestion du système
sont récurrents
.
Il faut d'abord relever que les experts estiment que des transferts de l'ordre
de 1 % au moins du PIB de la Communauté seraient nécessaires pour
réduire les disparités régionales alors qu'ils en
représentent moins de la moitié.
L'exigence de concentration des actions n'a pas été
respectée
, si bien qu'une proportion considérable des
populations européennes est couverte par les financements
européens.
Dans ces conditions,
les progrès de la convergence réelle
semblent décevants
.
Ceci conduit à s'interroger sur la pertinence économique des
actions favorisées et renvoie, par ricochet, au regret récurrent
d'une carence de l'évaluation des programmes financés. Ce besoin
d'évaluation doit impérativement être satisfait tout comme
l'exigence de recentrer les interventions sur des actions économiques
dynamisantes et d'éviter de financer des interventions en violation du
principe de subsidiarité.
Enfin, les conditions de gestion des fonds structurels restent
médiocres. Les retards dans les paiements sont excessifs ; ils cumulent
ceux qui résultent des tergiversations de la Commission et ceux qui
proviennent des difficultés pour certains Etats membres à
identifier le bénéficiaire final.
En 1996, on doit sans doute relever une amélioration du taux de
consommation des crédits :
- Le taux d'exécution en crédits d'engagement a
été de 98,4 % contre une moyenne de 94,1 % sur la
période 1993-1995, soit une sous-consommation annuelle de l'ordre de
deux milliards d'écus ;
- En crédits de paiement, les crédits non
exécutés, depuis 1994, ont atteint 11,9 milliards
d'écus à fin 1996. Mais le taux de consommation s'est
redressé lors de ce dernier exercice s'établissant à
94,8 % contre 83,4 % en moyenne entre 1993 et 1995.
Le total cumulé des crédits engagés et non encore
payés s'élevait cependant fin 1996 à 29,5 milliards
d'écus, soit une somme supérieure au montant des crédits
de paiement prévus au titre des actions structurelles par le budget pour
1998.
Face à cette situation, l'effort "d'économie"
réalisé en 1998, qui se résume à un abattement de
un milliard d'écus par rapport aux dépenses programmées
par l'avant-projet de la Commission, laisse subsister une progression des
crédits par rapport au budget de 1997 qui demeure conséquente et
qui se traduira immanquablement par un alourdissement des "restes à
payer".
C'est le moment de rappeler que l'exécution du budget européen
est loin d'être satisfaisante pour toute une série de raisons
parmi lesquelles figure le niveau très important atteint par les "restes
à liquider". Le tableau ci-dessous en récapitule le détail
pour les principales rubriques du budget communautaire.
Evolution du reste à liquider sur crédits dissociés pour 1996
(en millions d'écus)
Engagements d'exercices antérieurs |
Engagements de l'exercice |
TOTAL |
|||||||||
RUBRIQUE |
RAL
1
Exercice
|
Dégage-ments
réévalua-tion
|
Paiements sur RAL
1
|
RAL
1
sur exercices
précédents
|
% du RAL
1
liquidé
|
Engage-ments de l'exercice
|
Paiements
|
RAL
1
sur exercice
|
% d'augmen-tation
|
RAL
1
fin
d'exercice
|
%
d'augmen-tation
|
Politique agricole commune |
0,00 |
0,0 |
0,00 |
0,0 |
|||||||
Actions structurelles |
25.885,96 |
605,90 |
12.106,72 |
13.173,33 |
- 49,1 |
28.672,34 |
12.341,33 |
16.331,01 |
63,1 |
29.504,34 |
14,0 |
. Fonds structurels |
23.672,67 |
592,49 |
11.344,91 |
11.735,27 |
- 50,4 |
26.141,33 |
11.143,87 |
14.997,46 |
63,4 |
26.732,73 |
12,9 |
. Fonds de cohésion |
2.213,28 |
13,41 |
761,81 |
1.438,06 |
- 35,0 |
2.443,93 |
1.110,38 |
1.333,55 |
60,3 |
2.771,61 |
25,2 |
. Mécanisme financier EEE |
|
|
|
|
|||||||
Politiques internes |
6.221,62 |
211,72 |
2.394,26 |
3.615,54 |
- 41,9 |
5.354,04 |
2.150,03 |
3.204,01 |
51,5 |
6.819,65 |
9,6 |
Actions extérieures |
10.019,17 |
209,85 |
2.732,66 |
7.076,66 |
- 29,4 |
5.561,92 |
1.072,14 |
4.489,78 |
44,8 |
11.566,44 |
15,4 |
Dépenses administratives |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
TOTAL |
42.126,97 |
1.027,47 |
17.233,75 |
23.865,74 |
- 43,3 |
39.588,30 |
15.563,50 |
24.024,80 |
57,0 |
47.890,54 |
13,7 |
(1) RAL : Reste à liquider |
Fin 1996, le montant des crédits restant à
liquider s'élevait à 47,9 milliards d'écus, soit plus
de 58 % du budget voté pour cet exercice.
La répartition des reliquats était la suivante : pour
61,6 %, il s'agissait des crédits d'actions structurelles, pour
14,2 % des crédits consacrés aux politiques internes, le
reste, soit 24,2 % concernait les crédits d'actions
extérieures.
Exprimés en pourcentage des crédits ouverts pour l'exercice
1996, les restes à liquider représentaient 102,8 % pour les
actions structurelles, 128 % pour les politiques internes et 207 %
pour les actions extérieures.
Le montant des restes à liquider se répartissait à peu
près pour moitié entre les restes à liquider sur les
crédits d'engagement de l'exercice et les restes à liquider sur
des engagements d'exercices antérieurs. Le montant des apurements
d'engagements dormants s'est élevé à 1 milliard
d'écus en 1996, soit moins de 2,5 % des crédits restant
à liquider.
Ces données indiquent abondamment qu'il existe un écart
important entre les crédits engagés lors d'un exercice
budgétaire donné et les paiements réalisés sur ces
engagements. Ce phénomène peut s'expliquer lorsque les
engagements de crédits portent sur des dépenses d'investissement
dont la réalisation s'étale dans le temps. Il n'est, en revanche,
pas justifiable lorsqu'il s'agit de dépenses courantes.
En tout état de cause, s'il peut apparaître comme significatif
d'une gestion attentive des crédits de paiement de la part de la
Commission, il révèle également les difficultés
rencontrées par elle dans l'exécution des diverses politiques
qu'elle entend conduire.
Comme les crédits de paiement d'un exercice donné sont
destinés à couvrir pour une proportion considérable
(43 % en 1996) les engagements financiers d'exercices antérieurs,
il conviendrait à tout le moins que la progression des crédits
d'engagement d'un exercice sur l'autre soit modéré pour tenir
compte des délais d'exécution de la dépense communautaire.
Ce n'est pas ce que l'on constate.
L'observation selon laquelle le taux
d'engagement des crédits européen s'élève n'est
d'ailleurs pas de nature à rassurer. Ce dernier phénomène
laisse à penser que les gestionnaires des crédits
européens manifestent, par là, un biais dépensier peu
responsable en terme de gestion financière, laissant mal augurer de leur
capacité à choisir des dépenses utiles.
Une baisse importante des crédits d'engagement constituerait ainsi
un acte de bonne gestion
. C'est l'un des éléments sur
lesquels nous devons insister dans le cadre de la préparation des
futures perspectives financières. Si elle ne se traduirait pas dans
l'immédiat par une diminution des crédits de paiement du budget
européen dont le niveau doit être compatible avec celui des restes
à payer sur engagements antérieurs, elle jetterait les bases
d'une réduction de la dépense communautaire une fois le passif
apuré.
Il reste cependant à se poser la question du rythme d'apurement de ce
passif. Un calibrage cohérent des crédits d'engagement devrait
permettre de le résorber en trois ans, mais une estimation
entièrement fiable suppose de porter un jugement sur le niveau des
engagements définitivement compromis. Les dégagements de
crédits apparaissent en effet très faibles puisque, on l'a dit,
ils s'élevaient en 1996 à moins de 2,5 % des engagements sur
exercices antérieurs. Une politique d'apurement plus vigoureuse
favoriserait un assainissement financier plus rapide du budget communautaire.
Les perspectives ouvertes par ce dernier processus en terme d'appels à
contribution des Etats-membres se rapprocheraient d'autant.
Cet objectif doit d'autant plus être poursuivi qu'il ne faut en effet
pas oublier que l'utilisation des crédits structurels est soumise
à un
principe d'additionnalité
qui conditionne leur
paiement à une contribution des Etats membres.
Les contraintes pesant sur les finances publiques de ceux-ci conduisent
à douter de la cohérence du rythme de progression des
crédits européens avec l'existence de ce principe
d'additionnalité, voire à formuler des interrogations sur le
respect même de ce principe par les Etats membres.
Pour toutes ces raisons, il aurait été souhaitable de faire une
pause marquée dans la progression des crédits d'action
structurelle.
C. LES AUTRES DÉPENSES
1. Les politiques internes
Les crédits de paiement consacrés aux
politiques internes se replieraient de 8 % et s'élèveraient
à 4.770 millions d'écus.
L'essentiel des crédits, pour un montant en baisse de 3%, de
3.066 millions d'écus, soit 64,3 % du total, est
consacré à financer le quatrième programme-cadre de
recherche et de développement dont les principaux volets concernant les
technologies de l'information (28 %), l'énergie (18 %), les
technologies industrielles et des matériaux (16 %), les sciences et
technologies du vivant (13 %), l'environnement (9 %) et la formation et la
mobilité des chercheurs (6 %).
Le quatrième programme-cadre qui arrive à échéance
en 1998 prévoyait de dégager des financements à hauteur de
13,2 milliards d'écus, soit près de 87 milliards de
francs. L'importance des sommes en jeu et la négociation en cours d'un
5ème programme justifient qu'une attention particulière soit
portée à ces dépenses.
Votre rapporteur ne peut que réitérer ses préoccupations
sur :
la légitimité du processus de définition de la
stratégie européenne en matière de recherche avec, en
particulier, la quasi-absence à ce stade initial des grands
opérateurs de recherche que sont les entreprises ;
le manque d'évaluation de l'efficacité des dépenses
même si le quatrième programme-cadre contenait des dispositions
visant à corriger cette lacune ;
la légitimité même de nombreuses interventions
communautaires au regard du principe de subsidiarité lorsque lesdites
interventions ne s'accompagnent pas d'actions concertées entre
Etats-membres.
Une politique communautaire en matière de recherche ne se
conçoit qu'en tant qu'elle est susceptible d'apporter une plus-value par
rapport aux résultats que peuvent atteindre les politiques nationales.
Le vrai apport de la Communauté dans ce domaine serait de promouvoir
des projets exceptionnels articulés autour de la participation commune
de centres de recherche des pays membres.
Il ne semble pas que cette conception anime suffisamment les instances
européennes si bien que se dégage trop souvent l'impression
déplaisante de la constitution d'une "tirelire de la recherche"
où les plus habiles viendraient puiser au gré de leurs
besoins.
Le nombre des projets -3.000 nouveaux projets en 1995 pour 10.000
participants- témoigne du saupoudrage des moyens. Certains ont pu
évoquer à ce propos les "dérives cohésives" de la
"politique de recherche" des Communautés européennes faisant
observer que, la règle d'adoption des objectifs de recherche faisant
place à l'unanimité, une correction systématique,
était entreprise par la Commission au profit des pays les moins
compétitifs. On soulignera que les
moyens européens
consacrés à la recherche n'ont pas
a priori
à
être orientés en fonction d'objectifs de convergence
régionale qui relèvent d'autres instruments et, tout
particulièrement, des crédits d'actions structurelles.
Un réexamen complet de l'utilisation des moyens européens
consacrés à la recherche s'impose de toute évidence, et de
toute urgence, compte tenu des contraintes d'efficacité qu'imposeront en
la matière les orientations retenues pour construire les perspectives
financières à l'horizon 2006
. En tout cas, les
décisions concernant le 5ème PCRD ne sauraient être prises
hâtivement à l'écart des Parlements nationaux si bien que
leur calendrier doit permettre un débat argumenté sur le projet
de la Commission.
Les réseaux transeuropéens
bénéficieraient
d'une dotation de 560 et 413 millions d'écus en
crédits d'engagement et en crédits de paiement respectivement
(+ 20,2 % et + 26,3 %).
L'accroissement des provisions est ainsi apparemment conséquente et se
réalise dans le cadre d'une référence financière
globale pour la période 1995-1999 de 2.345 millions d'écus,
soit environ 15 milliards de francs.
La répartition indicative de cette enveloppe est la suivante :
1.785 millions d'écus pour les réseaux "transport"
(75 du total), 112 millions d'écus pour les réseaux
"énergie" et 448 millions d'écus pour les réseaux
"télécommunications".
Les programmes de réseaux transeuropéens doivent être
approuvés car ils soutiennent des projets réellement
européens et contribuant à construire les infrastructures
européennes et favorables à l'emploi.
Il est cependant à noter que le financement communautaire des projets
est minime.
Ainsi, s'agissant du TGV Est, si le coût total du projet a
été estimé à 33,15 milliards de francs, le
financement de la Communauté ne devrait pas excéder 2,7
milliards. Pour l'heure, les crédits employés n'ont du reste eu,
pour seul objet, qu'une série d'études préparatoires sans
doute utiles mais dont l'effet concret reste douteux. En 1996 et 1997, les
subventions communautaires reçues par la France n'ont pas
dépassé 41,5 millions d'écus au titre des TGV Sud et
Est.
Les moyens consacrés aux autres politiques internes s'effondreraient
de 20,5 % et 345 millions d'écus. Cette évolution
démontre abondamment que les crédits européens peuvent
être ajustés si la volonté politique s'en manifeste
. Il
reste qu'avec un niveau de crédits de l'ordre de 8,3 milliards de
francs, les politiques internes de la Communauté apparaissent toujours
aussi peu convaincantes. On pourrait même dire qu'elles le sont de moins
en moins, la réduction des crédits et le maintien des programmes
renforçant les aspects négatifs du saupoudrage, si bien qu'aucune
politique interne n'atteint la taille critique qui est pourtant, quasiment, la
seule justification à l'intervention européenne en la
matière.