3. Révision à la hausse des prévisions de mars 1997

Il est intéressant de se reporter aux prévisions du mois de mars qui annonçaient une croissance de 2,8 %.

a) Optimisme excessif sur l'environnement international

Les prévisions actuelles du gouvernement sont tributaires d'un environnement international favorable, amélioré par rapport à ce qui était alors prévu.

La croissance des partenaires de l'OCDE serait de 2,7 % en 1998, la croissance atteignant 2,5 % aux Etats-Unis et 2,9 % en Allemagne. Ces prévisions sont plus optimistes que celles du mois de mars où la croissance des pays de l'OCDE n'était que de 2,5 %, l'activité progressant de 2,3 % aux Etats-Unis et de 2,7 % en Allemagne.

La prévision retient en outre une hypothèse plus propice à la croissance en ce qui concerne la parité du franc contre dollar. En mars, cette dernière était de 5,65 francs contre 1 dollar en 1998 comme en 1997. Elle s'élève désormais à 5,88 francs pour 1997 et à 6,07 francs en 1998.

Il en résulte que la croissance moyenne des exportations au cours des deux années sous revue serait en 1997 et 1998 de 6,3 % contre une estimation antérieure de 5,5 %. De la même manière, les importations ne s'accroîtraient plus que de 4 %, contre 4,4 % dans la prévision de mars.

La réestimation des perspectives de croissance est donc entièrement due à la réévaluation des performances extérieures de l'économie française.

b) Pari fort sur l'accélération de la demande intérieure

En revanche, par rapport aux prévisions de mars, les estimations de croissance de la demande intérieure n'ont guère évolué . Elles reposent toujours sur une accélération de la demande intérieure, mais le rythme de celle-ci reste inchangé si ses composantes sont quelque peu modifiées :

- la contribution des stocks à la croissance passe de 0,2 à 0,3 point,

- la consommation des ménages est considérée avec un peu plus d'optimisme, son augmentation s'élevant à 2 % contre une prévision de 1,9 % antérieurement,

- en revanche, l'estimation portant sur l'investissement est révisée à la baisse (+ 3,1 % contre 3,8 %) sous l'effet d'une évolution moins favorable que prévu de l'investissement des entreprises (+ 4,1 % contre + 5,4 %).

Il n'en reste pas moins que le scénario du gouvernement est construit sur un redémarrage de la demande intérieure. Celle-ci repartirait d'abord sous l'effet d' une hausse de la consommation des ménages qui atteindrait 2 %.

Le revenu disponible des ménages progresserait en volume de 2,3 % . L'évolution de ses composantes serait la suivante :

Revenu disponible brut des ménages pour 1998

(taux de croissance annuels en valeur)

1998

Ressources

Salaires bruts

3,5

- Cotisations sociales salariales

5,1

Salaires nets

3,2

Excédent brut d'exploitation des EI

2,9

Prestations sociales brutes

2,5

Intérêts et dividendes

6,6

Autres ressources

1,3

Emplois

Impôts courants sur le revenu et le patrimoine

3,6

Intérêts et dividendes

0,5

Autres emplois

1,9

Revenu disponible brut

3,7

La masse salariale s'accroîtrait de 3,5 % en valeur et de 2,1 % en volume sous l'effet d'une évolution de 1,2 % du salaire par tête.

Le bilan des opérations de redistribution serait défavorable aux ménages : les cotisations sociales salariales progresseraient de 5,1 % tandis que les prestations sociales reçues par les ménages s'accroîtraient de 2,5 %.

Les ressources tirées des versements d'intérêts et de dividendes augmenteraient sensiblement (+ 6,6 %).

Ces différentes variations doivent être appréciées compte tenu de la structure du revenu disponible des ménages que rappelle le tableau ci-après.

Structure du revenu disponible des ménages en 1996

(en millions de francs)

Niveau

(x/A)
en %

(x/C)
en %

Ressources

Excédent brut d'exploitation

1.402,4

16,8

25,6

Salaires et cotisations sociales employeurs

4.103,2

49,1

74,9

Revenus des créances

730,2

8,7

13,3

Prestations sociales

1.979,3

23,7

36,1

Divers

141,2

1,7

2,6

Total (A)

8.356,3

100

152,5

Emplois

Impôts courants sur le revenu et le patrimoine

598,3

- 7,1

- 10,9

Cotisations sociales

1.826,6

- 21,8

- 33,3

Charges d'endettement

345,4

- 4,1

- 6,3

Divers

110,4

- 1,5

- 2

Total (B)

2.880,7

- 34,5

- 52,5

Revenu disponible brut (A - B = C)

5.475,6

65,5

100

Quelques données sur le revenu des ménages

Les ressources des ménages s'élèvent à 1,5 fois leur revenu disponible brut.

Hors ressources diverses, leur revenu provient essentiellement de leur activité à hauteur de 65,9 %, des prestations sociales qu'ils reçoivent pour 23,7 % et de leur situation de créditeurs pour 8,7 %.

Il est amputé à titre principal par des prélèvements obligatoires dans une proportion de 29,9 points, et par les charges d'endettement pour 4,1 point.

Le bilan des transferts noués entre les ménages et les administrations publiques pèse apparemment sur le revenu des ménages qui reçoivent des prestations sociales inférieures au montant cumulé de leurs impôts courants et de leurs cotisations sociales, le solde s'établissant à 445,6 milliards de francs.

Dans la réalité, il faut prendre en compte la contribution des salaires et cotisations versées par les administrations publiques à la formation de la masse salariale, soit 1.140,9 millions de francs en 1996. Dans ces conditions, le bilan global des transferts entre les deux secteurs apparaît favorable aux ménages à hauteur de 695,3 milliards de francs.

L'investissement des entreprises connaîtrait un rebond, progressant de 4,1 % en 1998 et, en moyenne annuelle sur 1997 et 1998, de 2,9 %.

Cette prévision est justifiée, par le gouvernement, par la combinaison du maintien de conditions financières jugées "très favorables" et par le redressement des perspectives de demande. Elle est jugée prudente.

En bref, l'effet d'accélérateur viendrait dynamiser un investissement favorisé par la restauration de la situation financière des entreprises.

Cette dernière est décrite dans le tableau ci-dessous.

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

Taux de marge
(EBE/VA)


30,9


30,3


30,3


30,5


30,9


30,3


30,6


31,1

Taux d'épargne
(épargne/VA)


16,6


16,2


16,6


17,9


18,0


16,8


17,1


17,3

Intérêts nets/EBE

23,3

28,1

26,3

21,2

20,2

18,1

15,4

15,2

Intérêts nets/VA

7,2

8,5

8,0

6,5

6,2

5,5

4,7

4,7

Taux d'investissement
(FBCF/VA)


17,6


17,6


15,6


15,9


15,9


15,3


15,1


15,5

Taux d'autofinancement
(épargne/FBCF)


94,5


91,6


106,4


112,4


113,3


109,8


112,6


111,7

La croissance de l'investissement en 1998 s'accompagnerait d'un léger redressement du taux d'investissement des entreprises qui passerait de 15,1 à 15,5 %.

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