C. L'ALLÉGEMENT DU POIDS DE LA FISCALITÉ FRANÇAISE DOIT ACCOMPAGNER LA NÉCESSAIRE HARMONISATION DES FISCALITÉS EUROPÉENNES

1. L'Union Economique et Monétaire encourage la concurrence fiscale

Il n'est pas à exclure qu'avec l'Union économique et monétaire, l'accroissement de la concurrence fiscale fasse courir un risque de délocalisation non seulement des entreprises françaises mais aussi de la main d'uvre très qualifiée.

En effet, si la concurrence fiscale est d'une relative innocuité en régime de changes flexibles, elle peut avoir des conséquences dans une union monétaire. Dans le premier cas, les entrées de capitaux induites par la mise en place dans un pays d'une fiscalité très favorable vont conduire à une appréciation de la monnaie de ce pays qui dégradera sa compétitivité et annulera l'effet des allégements fiscaux. En revanche, dans le second cas, si un pays réduit par exemple les charges sociales, aucun mouvement du change n'apparaît par construction, et l'avantage compétitif est conservé. Il apparaît donc une forte incitation à substituer la concurrence fiscale et sociale à la concurrence par les changes.

On constate ainsi que la concurrence fiscale entre les Etats membres de l'Union Européenne a jusqu'à présent constitué un jeu à somme négative, qui explique en partie l'érosion des recettes fiscales des Etats membres. L'évolution à la baisse des taux de la fiscalité s'est en effet traduite en Europe par des phénomènes de délocalisations et de surtaxation du travail. C'est sur ce dernier facteur, beaucoup moins mobile que les capitaux, que les Gouvernements se retranchent pour faire face à la perte de ressources fiscales induite par les délocalisations.

Ainsi, entre 1981 et 1995, le taux implicite de prélèvement sur le facteur travail a été porté de 34,9 à 42 %, tandis que ce même taux est passé, pour les autres facteurs, de 45,5 à 35 %. Selon la Commission européenne, le phénomène de distorsion fiscale au niveau européen explique 4 points du taux de chômage européen qui s'élève à 10,6 %.

2. La France, qui dispose d'un système fiscal non compétitif par rapport à ses concurrents européens, pourrait bénéficier des progrès de l'harmonisation européenne

La poursuite de l'harmonisation de la fiscalité au niveau européen est urgente. Elle est d'autant plus conforme aux intérêts français que la structure de la fiscalité française apparaît peu compétitive, comme il a été démontré précédemment. En effet, la France pourrait pâtir de la trop forte divergence de sa fiscalité par rapport aux tendances européennes.

En effet, si la France ne s'inscrit pas dans le processus d'harmonisation de la fiscalité européenne, elle sera confrontée à deux solutions :

- le maintien d'une fiscalité atypique, à un niveau élevé, mais avec des ressources diminuant du fait des délocalisations.

- l'alignement à terme de son système fiscal sur les niveaux les plus bas de fiscalité locale, de taxation des bénéfices du revenu du capital, de protection sociale ...pour faire face à l'amplification de la concurrence.

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