C. ALLER PLUS LOIN

1. Faut-il continuer à réduire la dépense publique ?

Dans le contexte actuel où les prélèvements obligatoires atteignent 46 % du PIB -et ont manifestement dépassé le seuil de tolérance de nos concitoyens-, il n'y a d'autre solution pour contenir le déficit que de réduire la dépense.

Cette impérieuse nécessité de réduction de la dépense publique est d'ailleurs la conclusion des travaux d'audit conduits par MM. Jacques Bonnet et Philippe Nasse :

" Pourtant, agir sur la dépense est le seul moyen de réduire les déficits, comme la France s'y est engagée, sans accroître des prélèvements obligatoires déjà très lourds. Ce résultat ne pourra donc être obtenu que par des actions de fond. Il faudra tout à la fois rendre les services de l'Etat plus productifs et leur activité plus efficace. Dans le premier cas, c'est l'organisation des services, centraux et déconcentrés, et leur fonctionnement qui est en cause. Dans le second, c'est l'instabilité, la complexité et l'efficacité, souvent inconnue et parfois contestable, des législations qui gouvernent les diverses interventions de l'Etat.

Enfin, certaines questions très délicates telles que l'avenir des régimes de retraites publiques ne pourront pas être indéfiniment éludées, même si elles ne peuvent être abordées qu'avec précaution. La compatibilité durable du maintien d'un certain rôle régulateur et protecteur de l'Etat avec un niveau de prélèvements obligatoires ne pénalisant pas notre économie par rapport à celle de nos grands concurrents est à ce prix.
"

Toutefois, il ne faut pas perdre de vue le véritable objectif, qui n'est pas de faire passer le déficit budgétaire dans le "chas" des 3 %", mais de stabiliser l'endettement. Or, pour y parvenir, c'est une réduction de dépenses de 98,7 milliards de francs qui devrait être opérée en 1998...

2. Peut-on réduire la dépense publique ?

Il est communément admis que le budget de l'Etat est très peu flexible.

Au minimum, il faut en effet considérer que plus de la moitié des dépenses de l'Etat -soit les charges de personnel et les charges de la dette - ne peuvent donner lieu à un freinage massif à court terme.

Poids des charges de personnel et de dette dans le budget général

(en milliards de francs)

LFI 1997

en % du budget

Charges de personnel

591,355

37,8

Charges de la dette

250,583

16

TOTAL

841,938

53,8

TOTAL DEPENSES BUDGET

1.564

100

MM. Jacques Bonnet et Philippe Nasse, après avoir regretté que la Direction du Budget ne soit pas en état de mesurer la "rigidité" des dépenses de l'Etat, estiment à près de 90 % les charges inéluctables de l'Etat à législation constante 7( * ) .

Au sein de ces dépenses, les charges de pensions sont amenées à progresser, au cours des années à venir, dans des proportions considérables.

Les retraites de la fonction publique : une explosion programmée

Comme le reconnaît le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, le poids des retraites de la fonction publique va changer de dimension au cours des quinze années à venir :

"Les retraités de la fonction publique représentent actuellement près de 600.000 militaires et 1.200.000  pensionnés civils (y compris les retraités de La Poste et France Télécom). Si le nombre des retraités militaires est à peu près stable, celui des pensionnés civils augmente de façon significative. En 1995, le rapport du nombre des actifs cotisants au nombre de retraités de droit direct s'établissait à 2,53 pour les fonctionnaires civils. Il se compare favorablement à celui du régime général de la sécurité sociale (1,75 à la même date).

Ce rapport est un paramètre déterminant de l'équilibre d'un régime : plus il est faible, plus la charge du financement par actif est lourde. Pour les seuls fonctionnaires civils, il serait presque divisé par deux en vingt ans (1,39 à l'horizon 2015) alors que durant la même période, ce même rapport ne baisserait que d'environ un tiers pour le régime général (1,37 en 2015). L'écart tient pour une large part à une croissance plus rapide du nombre de retraités fonctionnaires en liaison avec des âges de départ à la retraite plus précoces que dans le régime général.

Au-delà des éléments démographiques, l'évolution des charges et des ressources des régimes considérés dépend de paramètres plus économiques, notamment de la croissance plus ou moins rapide du niveau moyen des pensions et de l'évolution des salaires de leurs cotisants.

Ainsi, pour les fonctionnaires civils , l'évolution démographique combinée à la croissance de la pension moyenne conduira à un coût croissant des charges de pensions du régime qui devrait mettre à la charge de la collectivité, à l'horizon 2010 , un coût additionnel, par rapport à aujourd'hui, de près de 79 milliards de francs en francs constants.

S'il apparaît, à la lumière des évolutions mises en avant ci-dessus, qu'une réforme structurelle devra inévitablement être mise en oeuvre dans les années à venir, il convient de noter toutefois que toute réforme en matière de retraite, ne conduit que très lentement à des économies significatives en raison d'une application limitée aux seuls flux des départs en retraite.

A titre d'illustration , une réforme qui réduirait de 1 % supplémentaire chaque année pendant dix ans , de 1998 à 2007, le montant moyen des nouvelles pensions concédées (- 10 % par rapport au montant tendanciel en 2007 pour les concessions 2007) ne procurerait que 3,9 milliards de francs d'économies (en francs constants), soit 2,5 % du montant total des pensions et 8,5 % de la dérive de leur coût résiduel pour l'Etat sur la période envisagée.

S'il apparaît que la situation financière attendue à moyen et long terme du régime des fonctionnaires de l'Etat comme de l'ensemble des régimes spéciaux de retraite nécessitera une adaptation de ces régimes, celle-ci doit être envisagée de façon globale, car les mesures mises en oeuvre ne peuvent pas se concevoir sans aborder tous les aspects propres à l'acquisition des droits.

Seule cette démarche d'ensemble et concertée avec les intéressés peut permettre de dégager des moyens de pilotage du régime plus performants et d'asseoir une certaine stabilité financière."

Par ailleurs, les crédits d' investissement sont en baisse continue depuis plusieurs années et ne représentent plus, en 1997, que 160,6 milliards de francs (soit un peu plus de 10 % du budget de l'Etat).

L'effort doit donc porter sur les dépenses de fonctionnement (hors personnel) et les dépenses d' interventions publiques .

Celles-ci se répartissent ainsi en 1997 :

Dépenses de fonctionnement (hors personnel) et d'interventions publiques en 1997

(en milliards de francs)

Dépenses de fonctionnement (hors personnel)

115,247

Interventions publiques

456,641

TOTAL

571,888

Au total, la somme des dépenses de personnel et de fonctionnement s'établit à 706,125 milliards de francs.

a) Les dépenses de fonctionnement : un effort inégal de maîtrise.

Les dépenses de fonctionnement se répartissent de la manière suivante en 1997 :

(en millions de francs)

Dépenses

Montant

Matériel et fonctionnement des services

45.284,9

Travaux d'entretien

1.657,6

Subventions de fonctionnement

52.008,5

Dépenses diverses

16.296,2

Les dépenses directes de matériel et fonctionnement de l'administration ont subi plusieurs années de baisse, portant davantage sur les services civils que sur le budget de la défense.

En effet, les grandes opérations d'informatisation des ministères sont en général terminées.

Par ailleurs, ces chapitres ont, notamment, subi les effets de régulations budgétaires successives, qui ont réduit des dépenses telles que les crédits de communication qui avaient eu tendance à s'accroître au début des années 1990.

Les dépenses de travaux d'entretien connaissent une baisse régulière, qui a ramené leur niveau total à un peu plus de 1 % du budget de l'Etat.

En revanche, les subventions de fonctionnement ont connu, entre 1993 et 1996, une progression de 13,1 %.

En 1997, cette augmentation se poursuit, à un taux de 3,19 %.

Evolution des dépenses de subventions de fonctionnement
(en exécution)

(en millions de francs)

1993

1994

1995

1996

Variation 96/95

Recherche

19.074

18.581

19.456

19.942

2,5 %

Enseignement supérieur

5.137

5.557

5.750

6.260

8,9 %

Travail, emploi et formation professionnelle

4.648

4.981

5.131

5.317

4,5 %

Industrie et postes et télécommunications

3.487

4.417

4.546

4.579

0,7 %

Education nationale

4.110

3.985

4.021

4.014

- 0,2 %

Culture

2.345

2.472

2.768

3.283

18,6 %

Affaires étrangères

1.485

1.348

1.458

1.545

6,0 %

Météorologie

0

901

915

932

1,9 %

Total des budgets civils

43.779

46.014

47.834

49.501

3,5 %

Défense (pour mémoire)

889

923

943

1.029

9,1 %

TOTAL

44.668

46.937

48.777

50.530

3,6 %

Source : Cour des Comptes.

Cette progression mérite de donner lieu à un examen attentif : l'Etat, en effet, ne peut pas permettre aux établissements publics ce qu'il ne se permet plus à lui-même...

Les " dépenses diverses ", dont le montant est de 16,3 milliards de francs en 1997, recouvrent des dotations de nature totalement hétérogène, et dont l'évolution n'est pas régulière : frais de gestion des protocoles avec les Etats étrangers, financement des partis politiques, rémunération des prestations de la Banque de France. Pour autant elles ne doivent pas échapper à l'effort de maîtrise de la dépense publique : on y trouve ainsi des dépenses dont la progression est continue, telles que les frais de justice qui atteignent 1,4 milliard de francs en 1997, et dont l'augmentation n'est aucunement maîtrisée.

b) Les dépenses d'interventions : des choix politiques difficiles

La nature des dépenses d'intervention

Ces dépenses représentent 456,6 milliards de francs en 1997 , en progression de 1,96 %.

La structure des dépenses d'interventions publiques en 1997 est la suivante :

(en milliards de francs)

Interventions publiques

Interventions politiques et administratives

dont :

Concours de l'Etat aux collectivités territoriales

Transport de la presse

Assistance financière et militaire au titre de la coopération

Action internationale

dont  :

Action culturelle et aide au développement

Contributions obligatoires aux organisations internationales

Coopération technique

21,547

15,403

1,957

1,549

9,723

3,082

3,265

1,992

Action éducative et culturelle

dont :

Enseignement scolaire :

Enseignement privé

Bourses et études

Formation professionnelle

Fonds de la formation professionnelle (national)

Dotation de décentralisation aux régions

Culture

Développement culturel

Enseignement et formation

Exonérations de redevance de télévision

Patrimoine

78,144

36,050

3,044

3,024

5,019

2,578

0,766

0,569

0,266

Action économique

Encouragement et interventions

dont :

Charges communes, e xonération de charges sociales pour l'emploi

Travail, emploi et formation professionnelle

Travailleurs handicapés

Conventions sociales de la sidérurgie

Fonds national de l'emploi

Exonérations de cotisations sociales

Charges communes

Encouragements à la construction immo-bilière

Participation de l'Etat au service d'emprunts à
caractère économique

Outre-mer

Fonds pour l'emploi

Action économique - Subventions aux entreprises d'intérêt national

dont :

Transports terrestres

SNCF

RATP

Industrie

Charbonnages de France

Action sociale - Assistance et solidarité

dont :

Solidarité

Aide sociale obligatoire

Allocation du RMI

Allocation aux adultes handicapés

Logement

Aides à la personne

Charges communes

Versements à divers régimes obligatoires de sécurité sociale

Rapatriés

Fonds spécial d'invalidité

Action sociale prévoyance

dont :

Charges de retraites de la SNCF

Etablissement national des invalides de la marine

Caisse autonome de sécurité sociale dans les mines

Lutte contre la toxicomanie, l'alcoolisme et le tabagisme,

Lutte contre le SIDA

146,229

46,896


4,945

1,542

38,687

20,852

7,335

6,864

1,487

24,867

21,421

5,300

2,940

147,234

10,165

24,230

22,260

29,730

1,349

3,500

1,576

23,108

13,931

4,599

2,304

0,878

0,474

Total général

456,641

Une progression soutenue

La progression des dépenses du titre IV est restée soutenue au cours des dernières années : + 5,2 % en 1994, + 4 % en 1995 8( * ) , + 3,3 % en 1996, + 1,96 % en 1997.

Le poste le plus important est celui de l'action sociale, assistance et solidarité : 149,4 milliards de francs, qui progresse de 1,52 % en 1997 ; au sein de ces dépenses figurent notamment le RMI, et l'allocation aux adultes handicapés.

Le poste le plus dynamique est incontestablement celui de l' action économique -encouragement et interventions, dont l'augmentation est de + 10,04 % en 1997 (soit 146,2 milliards de francs). En effet, pour l'essentiel, ces dépenses recouvrent les mesures de la politique de l'emploi.

Le troisième poste de dépenses, par ordre d'importance, est celui de l'action éducative et culturelle : 78,1 milliards de francs en 1997, soit - 4,6 %. Ces dépenses portent notamment sur l'aide à l'enseignement privé, les bourses et services d'études, et la formation professionnelle.

Par nature, les dépenses d'intervention apparaissent a priori comme les plus flexibles, car traduisant des décisions de politique économique et sociale délibérées de l'Etat. Elles présentent une vraie difficulté dès lors qu'elles enregistrent une croissance continue depuis de nombreuses années, ainsi qu'en témoignent les exemples suivants.

L'expansion du revenu miminum d'insertion

Ainsi, les crédits consacrés au revenu minimum d'insertion connaissent depuis l'institution du dispositif une progression continue : le nombre de bénéficiaires est en effet passé de 407.081 en décembre 1989 à 1.010.472 en décembre 1996.

L'évolution des crédits depuis 1989 a été la suivante :

(en milliards de francs)

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

6

8,6

14,3

13,17

16,63

19,22

22,02

23,18

24,4

+ 45 %

+ 65 %

- 8 %

+ 26 %

+ 16 %

+ 15 %

+ 5 %

+ 5 %

Depuis 1989, le nombre des bénéficiaires s'est accru de 148 % et le montant des allocations (en francs courants) de 306 %.

La progression continue de l'allocation aux adultes handicapés

Les crédits consacrés à l'allocation aux adultes handicapés évoluent de manière inquiétante :

(en milliards de francs)

1993

1994

1995

1996

1997

17,8

18,6

20,08

21,52

22,26

Le nombre de bénéficiaires est passée de 495.000 en 1987 à 630.000 en 1996 et ce malgré la réforme instituée par la loi de finances pour 1994, prévoyant que les bénéficiaires doivent justifier d'un taux minimal d'incapacité -fixé à 50 % par un décret du 16 mai 1994-.

L'inexorable (?) progression des aides personnelles au logement

Bien que leur généralisation à l'ensemble de la population sous conditions de ressources soit achevée depuis 1993, les aides personnelles au logement continuent de croître inexorablement. La charge budgétaire s'élève à 33,1 milliards de francs en 1998, en augmentation de 11,5% sur la dotation prévue pour 1997.

Part de l'Etat dans le financement des différentes aides

(en milliards de francs)

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

Total Etat (1)

Total employeurs

18,690

28,819

20,521

31,243

19,450

34,295

19,415

37,864

28,428 (2)

38,438

27,500

41,362

29,942

43,023

32,050

43,789

Part de l'Etat dans le financement total


39,3 %


39,6 %


36,2 %


33,9 %


42,6 %


39,9 %


41,0 %


42,3 %

(1) Montant des dotations budgétaires annuelles (LFI + LFR) ; les crédits pouvant être affectés à des régularisations concernant les années antérieures
(2) dont 2 milliards au titre des aides à la personne versées par les Caisses en 1992, régularisées en 1993.

Cette progression des dépenses est directement liée à celle du nombre de ménages bénéficiaires, particulièrement de l'allocation de logement sociale (ALS) ainsi que l'illustre le graphique suivant :

Le nombre de ménages bénéficiaires est ainsi passé de 4,579 millions en 1990 à 6,148 millions en 1996. Mais cette explication ne suffit pas à comprendre pourquoi l'effet "boule de neige" perdure actuellement

La réalité est que notre système d'aides personnelles est paramétré de telle sorte qu'il est voué à coûter toujours plus cher . 9( * )

On peut tout d'abord constater que la France a une conception généreuse de la population justifiant d'une aide personnelle , ce qui entraîne un coût par habitant parmi les plus élevés d'Europe. On considère ainsi que plus du quart des ménages ont besoin d'une aide au logement, contre 20% au Royaume-Uni, et 8 % seulement en Allemagne. Cette conception généreuse tend à faire des aides à la personne un revenu normal pour une frange importante de la population.

Ensuite, on doit observer que le bouclage intervenu entre 1990 et 1993 a quelque peu perverti la notion de conditions de ressources en profitant massivement aux étudiants, quel que soit le niveau de revenus de leur famille. Ainsi, au 31 décembre 1996, sur 997.120 ménages ayant bénéficié du bouclage de l'ALS de 1990 à 1996, 533.000 sont des étudiants, soit 53 % des ménages "bouclés" . Or on peut souhaiter que la population étudiante augmente plus vite que le nombre de ménages modestes.

Enfin, au-delà des imperfections liées aux méthodes de prises en compte des ressources, l'hystérésis budgétaire des aides personnelles provient surtout de ce qui fait leur essence même : elles augmentent au fur et à mesure qu'augmentent les dépenses de logement des ménages bénéficiaires.

La France a également une conception généreuse de la prise de la dépense de logement par l'aide, avec 52%, derrière le Royaume-Uni (90%), qui couvre une fraction plus faible de sa population, mais devant l'Allemegne (34%) et les autres pays comparables.

Or, plus le parc de logements se rénove et se renouvelle, plus son confort croît, plus son coût est élevé : les loyers s'élèvent davantage que les ressources des ménages. Les aides personnelles tendent donc structurellement à augmenter.

Les difficultés rencontrées pour maîtriser les dépenses d'intervention s'illustrent parfaitement à travers les crédits pour l'emploi : leur expansion est continue, et leur flexibilité est faible, sauf à s'interroger sur l'efficacité jamais vraiment mesurée de cet empilage de dispositifs.

L'exemple de la rigidité
des mesures pour l'emploi

Une analyse rapide des crédits pour l'emploi illustre la difficulté à désigner des pistes d'économies : en 1997, ces crédits s'élèvent à 150 milliards de francs , soit près de 10 % des dépenses de l'Etat, en progression de 8 % par rapport à 1996.

Sur ce total :

14 milliards de francs
sont consacrés au fonctionnement du service public de l'emploi : ministère du travail, Agence nationale pour l'emploi, Association pour la formation professionnelle des adultes.

8,5 milliards de francs représentent des dotations de décentralisation de la formation aux régions, indexées automatiquement sur l'évolution des prix ;

7,5 milliards de francs sont consacrés à l'indemnisation des chômeurs de fin de droits ;

4,7 milliards de francs correspondent à la garantie de ressources accordée automatiquement aux handicapés qui travaillent pour leur assurer un revenu minimum ;

1,5 milliard de francs sont destinés aux bénéficiaires des conventions sociales de la sidérurgie.

Ce total de 36,5 milliards de francs paraît a priori peu flexible.

Sur les 113,5 milliards de francs restants :

42 milliards de francs
sont destinés à l'allégement du coût du travail peu qualifié, sous forme de compensation de la ristourne de charges sociales accordée automatiquement pour les salaires allant jusqu'à 1,33 SMIC.

Les 71,5 milliards de francs restants financent des dispositifs d'aide à l'emploi :

16,4 milliards de francs sont consacrés à la prévention ou à l'encouragement des licenciements économiques (préretraites, chômage partiel...) ;

7,6 milliards de francs financent des actions pour les jeunes, essentiellement sous forme d'apprentissage et de contrats de qualification... ;

40,33 milliards de francs sont destinés aux actions pour les demandeurs d'emploi : CES, contrat initiative emploi, formations ;

2,2 milliards de francs sont consacrés à des mesures d'exonérations de charges sociales ciblées : zones franches, zones de revitalisation rurale, outre-mer...

Au total, cette enveloppe de 71,5 milliards de francs finance 1.520.000 entrées dans des dispositifs divers. La question pour l'Etat est de savoir comment maîtriser cette dotation, dans un contexte où plus de 3.500.000 personnes sont recensées comme demandeurs d'emploi.

Des choix difficiles

L'ampleur et le dynamisme des dépenses d'intervention révèlent le rôle redistributeur de l'Etat dans la vie économique et sociale 10( * ) .

La réduction de ces dépenses doit résulter d'un examen attentif de chacune de leurs composantes -certaines étant d'ailleurs non flexibles comme les dotations de décentralisation ou les participations aux organisations internationales.

Cet examen doit consister :

- à vérifier, en premier lieu, la bonne utilisation des fonds : c'est le cas pour l'allocation aux adultes handicapés par exemple ;

- à s'interroger sur l'efficacité de la dépense : les stages pour les chômeurs de longue durée sont-ils utiles pour les intéressés ? Mène-t-on une politique cohérente en matière d'encouragement à la construction ?

- à recalibrer, le cas échéant, les bases mêmes de la dépense : les aides personnelles au logement ne doivent-elles pas être reconsidérées en fonction du niveau des ressources des ménages ?

- voire à remettre en cause le principe même d'une intervention de l'Etat : ainsi celui-ci doit-il encore financer son programme de formation professionnelle, celle-ci étant décentralisée aux régions depuis 1983 ?

Ce n'est qu'au prix de cet examen minutieux et approfondi des mécanismes de formation de la dépense que la maîtrise des crédits d'intervention pourra être enfin assurée .

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