II. DES PERSPECTIVES QUI POURRAIENT ÊTRE MOINS ENCOURAGEANTES POUR 1996 ET 1997
A. LES CONSÉQUENCES DE L'INTÉGRATION DES DÉPARTEMENTS D'OUTRE-MER DANS LES STATISTIQUES DU COMMERCE EXTÉRIEUR FRANÇAIS
Le Parlement avait soulevé l'an dernier l'incohérence des statistiques du commerce extérieur, tenant au mode de comptabilisation du commerce des DOM-TOM.
Les départements d'outre-mer seront intégrés, à partir des chiffres de 1997, dans le champ territorial de la balance commerciale.
Les échanges entre la métropole et les DOM ne seront plus comptabilisés dans la balance commerciale de la France, alors que les échanges réalisés par les DOM avec les pays étrangers seront, eux, pris en compte.
Il en résultera une baisse de l'excédent de l'ordre de 12 milliards de francs pour les quatre premiers mois de 1996.
Le tableau suivant présente l'impact qu'aurait eu l'intégration des DOM dans le commerce de la France pour les quatre premiers mois de 1996, en détaillant les flux à prendre en compte ou à exclure.
IMPACT DE L'INTÉGRATION DES DOM DANS LE COMMERCE FRANÇAIS JANVIER-AVRIL 1996
Les importations auraient connu une hausse de 0,5 % et les exportations une baisse de 2 %.
L'intégration des DOM aura donc un impact sensible sur le solde commercial de la France. Ainsi, pour les quatre premiers mois de 1996, l'excédent CAF/FAB (y compris le matériel militaire) serait passé de 21 à 8,7 milliards, soit une baisse de 12,2 milliards de francs.
B. LES PERSPECTIVES POUR 1996 ET 1997
•
Cumulé sur les cinq
premiers mois de 1996, l'excédent s'élève à plus de
46 milliards de francs, en progression
de 1,6 milliard de francs par
rapport à la période correspondante de 1995. Cette
légère amélioration se réalise dans un contexte de
très faible progression des flux, de l'ordre de 2 % à
l'exportation comme à l'importation.
Le solde agro-alimentaire dégage un excédent en progression de 2,5 milliards de francs par rapport aux cinq premiers mois de 1995, du fait d'une reprise des exportations des industries agro-alimentaires françaises et d'un tassement de nos importations dans les produits agricoles bruts.
La facture énergétique enregistre, en revanche, une dégradation sensible de 4,4 milliards de francs, du fait de la hausse du prix du pétrole brut et de l'augmentation des volumes importés.
Notre excédent industriel s'améliore de plus de 3 milliards de francs, malgré un recul de 10 milliards pour les biens d'équipement professionnel.
Après le niveau exceptionnel des ventes d'Airbus atteint sur les cinq premiers mois de 1995 (66 Airbus pour 25,9 milliards de francs), le retour à un niveau plus conforme à celui des années passées (37 Airbus pour 13,8 milliards) s'est traduit par un net recul, de l'ordre de 10 milliards, de notre excédent en biens d'équipement professionnel. Tous les autres secteurs de l'industrie civile ont enregistré une amélioration, notamment le secteur automobile et les biens de consommation courante. On peut noter une reprise de nos exportations de matériel militaire, qui se traduit par une progression de plus de 3 milliards de francs de notre excédent qui se dégradait depuis 1991.
• Cependant,
nos excédents
traditionnels (agriculture et armement) pourraient se trouver durablement
amoindris par la conjoncture internationale et par les nouvelles orientations
en matière de politique agricole.
Le retour à la
croissance en France devrait également amener un creusement de nos
déficits en matière de biens de consommation courante et de biens
d'équipement des ménages.
Le commerce dans le secteur agricole voit ses perspectives d'évolution dominées par le contexte international et communautaire.
La réforme de la PAC, entrée progressivement en application à partir du 1er juillet 1993, est devenue totalement opérationnelle en 1996. Ses conséquences, encore difficiles à évaluer, résultent essentiellement de la baisse des prix institutionnels des principaux produits agricoles (céréales, viande bovine, lait).
Si le commerce de produits agro-alimentaires a conservé une évolution positive au cours du premier semestre 1996, la politique de contrôle de la production dans le secteur des céréales résultant de la mise en place d'un taux de gel a conduit à une baisse significative des quantités exportées hors de l'Union européenne.
Enfin, la perspective de l'adhésion des PECO dans l'Union européenne constituera l'un des facteurs d'évolution de nos échanges agro-alimentaires.
Il paraît donc prématuré de conclure à un excédent commercial durable, d'autant que la France tend à se redéployer, mais avec un succès qui reste à confirmer, vers les économies émergentes à fort potentiel de croissance.