CHAPITRE PREMIER - LE CONTEXTE INTERNATIONAL
I. LA CONJONCTURE INTERNATIONALE
La nette accélération de l'activité mondiale en 1994 avait reposé sur la vigueur de la croissance des pays anglo-saxons et le vif redémarrage de l'activité européenne, assis sur le dynamisme des stocks et des exportations. En 1995, la croissance du produit intérieur brut (PIB) des six principaux pays de l'OCDE s'effrite : de 2,7 % au premier trimestre 1995, le glissement annuel du PIB est retombé à près de 1,5 % au quatrième trimestre.
En dépit du dynamisme des pays émergents, la demande mondiale en produits manufacturés adressée à la France ralentit donc sensiblement en 1995 : en glissement annuel, la croissance de la demande en provenance des pays de l'OCDE passe d'environ 13 % fin 1994 à moins de 4 % fin 1995.
A. 1995 : UN RALENTISSEMENT GÉNÉRAL DE L'ACTIVITÉ
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En Europe, la demande intérieure
hors stocks n'a pas pris le relais de la reconstitution des stocks.
En Europe continentale, le fort mouvement de restockage constaté en 1994 reposait sur des anticipations de redémarrage soutenu de la demande finale. Or, ce scénario ne s'est pas réalisé : fin 1994, la reprise de la demande intérieure finale paraissait peu vigoureuse dans les pays européens. En particulier, la consommation des ménages restait freinée par le maintien d'un certain attentisme sur l'évolution de l'emploi et par l'anticipation des mesures budgétaires nécessaires à l'assainissement des finances publiques.
Les perspectives des industriels se sont alors dégradées fortement en 1995, conduisant à un fort mouvement d'ajustement des stocks dans la seconde moitié de l'année, d'autant plus brutal que leur reconstitution avait été vive en 1994.
En outre, la confiance des ménages a baissé, provoquant un tassement de leur consommation.
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L'atterrissage en douceur des
économies anglo-saxonnes
Aux États-Unis et au Royaume-Uni, le ralentissement de la demande intérieure, induit par le durcissement des politiques monétaires intervenu en 1994, est accentué par le tassement de la demande étrangère qui leur est adressée. Pour autant, la demande des ménages est restée bien orientée, en raison d'une évolution toujours favorable du revenu disponible et de l'amélioration de la situation sur le marché du travail.
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La croissance japonaise a été
freinée par le niveau du yen et le manque de confiance des
ménages
Au Japon, en dépit des politiques économiques largement expansionnistes menées depuis quatre ans, la reprise ne s'est toujours pas enclenchée. En 1995, l'effet d'entraînement des politiques économiques est entravé, d'une part, par l'appréciation du yen survenue jusqu'à l'été et, d'autre part, par la forte progression de l'épargne des ménages.
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Des situations contrastées dans les
pays émergents
Au fléchissement de l'activité constaté dans les principaux de l'OCDE, s'est ajouté le tassement net de la croissance d'un certain nombre de pays d'Amérique latine en 1995 : la nécessité de mettre fin aux déséquilibres extérieurs après la crise du peso mexicain a, en effet, poussé ces derniers à s'engager dans des politiques de rigueur qui ont fortement pesé sur l'activité.
En revanche, la poursuite d'une croissance vigoureuse dans les pays émergents d'Asie, de l'ordre de 8 % en rythme annuel, a largement contribué au dynamisme du commerce mondial en 1995 et soutenu les exportations des principales économies de l'OCDE : les « nouvelles économies industrialisées » et les pays de l'ANSEA ont crû à un rythme soutenu, entretenu par la vigueur de la demande intérieure, et notamment de l'investissement productif, stimulé par les investissements directs en provenance du Japon. Toutefois, dans l'ensemble de la zone (à l'exception de Taiwan), ainsi qu'en Inde, le dynamisme des exportations n'a pas suffi à endiguer l'aggravation des déficits commerciaux. En Chine, la croissance a légèrement ralenti en 1995 (10 %, contre 12 % en 1994), suite à un durcissement de la politique monétaire.
Enfin, l'activité reste dynamique dans les pays d'Europe centrale et orientale, tandis que le rythme de croissance s'est stabilisé en Russie et s'est accéléré en Afrique.