PREMIÈRE PARTIE -

EXPOSÉ GÉNÉRAL

I. LES PRINCIPES DE LA CODIFICATION

A. LE RENOUVEAU DE LA CODIFICATION

1. L'histoire de la codification

C'est avec Hammourabi, il y a 4000 ans, que naît le premier code à " droit constant ", regroupant les édits, c'est-à-dire les lois de son temps 1( * ) . 2000 ans plus tard vient le code Justinien. Ce code, constitué d'un document unique, est lui aussi à droit constant ; c'est de là que date notre système de découpage des codes en livres, titres, chapitres et articles.

Plus près de nous, le code d'Henri III est considéré comme le point de départ de la codification des temps modernes. Ce code, revendiqué par les États généraux de Blois, a répondu à l'époque au besoin de clarifier un droit devenu confus. Ce code a eu quelques éditions jusque sous Henri IV, puis il a été abandonné.

Avec la Révolution apparaît un programme d'élaboration de 28 codes, chacun couvrant une matière et s'appliquant à l'ensemble du droit.

Ce programme, non réalisé sous la Révolution, l'a été en partie sous l'Empire par Cambacères et Couthon. L'Empire a ainsi produit cinq grands codes : le code civil, le code pénal, le code de procédure civile, le code d'instruction criminelle et le code du commerce.

La France a connu ensuite un siècle et demi de non-codification, et même de " décodification ". Le cas le plus typique est celui du droit commercial : le code de commerce, qui avait 650 articles sous l'Empire n'en a plus que 150 aujourd'hui. Les grandes lois de droit commercial ont été faites hors du code et des études savantes ont été menées sur cette décodification ; dans le même temps, les nouvelles lois ne se sont pas insérées dans des codes existants, à l'exception importante du code du travail qui date du début du siècle. Des codes fiscaux ont été rédigés entre les deux guerres.

2. 1945-1996 : un demi siècle de codification

Depuis 1945, la codification des textes législatifs s'est faite en deux étapes décisives : la première, en 1948, a permis la publication d'une quarantaine de codes. On l'a souvent qualifiée de " codification administrative ", par un abus de langage ; c'est cependant effectivement une codification qui a été faite par l'administration, sanctionnée seulement par décret, même si ces décrets ont été parfois ratifiés ultérieurement par le Parlement. Ce fut une oeuvre importante, mais concernant plutôt des matières techniques. Le décret n° 48-800 du 10 mai 1948 a créé une commission supérieure chargée d'étudier la codification et la simplification des textes législatifs et réglementaires.

Lors du séminaire gouvernemental sur la réforme de l'État, le 14 septembre 1995, le Premier ministre, président de la Commission supérieure de codification, a arrêté dix mesures traçant le plan triennal de réforme de l'État, au nombre desquelles figure en troisième position, " la codification systématique de l'ensemble des textes législatifs et réglementaires dans un délai de cinq ans ".

Lors de la réunion du 4 décembre 1995, le Premier ministre a rappelé que la commission supérieure de codification avait regroupé, jusqu'à présent, environ 300 lois, riches de près de 5.000 articles, en une dizaine de codes.

Un programme ambitieux a été établi, prenant en compte notamment l'ordre des priorités suggéré par M. le Président René Monory, en accordant plus d'importance aux codes susceptibles d'une utilisation directe par le citoyen.

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