III. LA BAISSE DÉMOGRAPHIQUE, UNE OPPORTUNITÉ À SAISIR POUR LA MISSION ENSEIGNEMENT SCOLAIRE
A. UNE BAISSE STRUCTURELLE DES EFFECTIFS D'ÉLÈVES, QUI S'AMPLIFIERA DANS LES ANNÉES À VENIR
1. Une baisse de 12 % de la natalité en moins de 20 ans
Comme indiqué plus haut, le PLF pour 2025 annonce sur la mission Enseignement scolaire une baisse de 4 000 emplois d'enseignants, essentiellement dans le premier degré. Cette diminution des effectifs des personnels de l'éducation nationale est directement liée à la baisse constatée et à venir des effectifs des élèves.
En effet, la diminution de la natalité constitue le facteur démographique prédominant. Entre 2006 et 2022, le nombre de naissances par an a diminué en France de 12,5 %, soit 104 000 naissances en moins en 2022 par rapport à 2006. La chute de la natalité est particulièrement frappante à partir de 2014, et commence déjà à produire des effets. Ainsi, une génération d'élèves née en 2018 entre en maternelle en 2021, en primaire en 2024, au collège en 2028, au lycée en 2032 et en sort en 2035.
La baisse de la natalité, surtout si elle se poursuit, va donc produire tous ses effets sur les effectifs d'élèves scolarisés dans les années à venir.
Évolution du nombre de naissances en France entre 2006 et 2012
(en milliers)
Source : commission des finances d'après la DEPP
La baisse de la natalité a déjà commencé à produire ses effets. Ainsi, entre 2011 et 2023, le nombre d'élèves scolarisés dans le premier degré a baissé de 5,4 %, représentant près de 360 000 élèves scolarisés en moins. Cette baisse s'accentuera fortement dans les années à venir : d'après la DEPP, entre 2023 et 2028, les effectifs d'élèves diminueront de 5,6 %, représentant 352 206 élèves en moins, soit une chute du nombre d'élèves en cinq ans équivalente à celle qui s'est produite entre 12 ans.
Dans le second degré, les effectifs avaient augmenté de 5,1 % entre 2011 et 2023, sous l'effet de l'entrée au collège des enfants nés entre 1999 et 2001. La tendance s'inverse toutefois à partir de 2024, en répercussion de la baisse déjà constatée d'élèves dans le premier degré. Entre 2023 et 2024, le second degré perd déjà 14 000 élèves. Il devrait y avoir près de 130 000 élèves en moins entre 2023 et 2028 selon les projections, soit une perte de 2,3 %.
Évolution du nombre d'élèves
scolarisés dans le premier et le second degré
entre
2011 et 2028
Source : commission des finances d'après la DEPP
La baisse démographique est donc ressentie en premier lieu par le premier degré.
2. Le premier degré perdra 350 000 élèves d'ici à 2028
Le constat de la baisse des effectifs d'élèves dans le premier degré est particulièrement frappant parce qu'il reste vérifié en 2019, malgré la mise en oeuvre à la rentrée 2019 de l'obligation de scolarisation des enfants à 3 ans. Cette année-là, il y a quand même 50 000 élèves de moins dans le premier degré.
L'évolution des effectifs d'élèves du premier degré sera néanmoins différenciée selon le type de structure concernée, d'après la DEPP. Ainsi, le nombre d'élèves scolarisés en préélémentaire baissera de près de 100 000, soit une diminution de 4,4 %. L'élémentaire perdra jusqu'à 6,3 % de ses effectifs, soit plus de 250 000 élèves. À l'inverse, le nombre d'élèves scolarisés dans les classes « ULIS » (Unités localisées pour l'inclusion scolaire), qui constituent des unités spécifiquement dédiées à l'accompagnement des élèves en situation de handicap dans les établissements scolaires, devrait rester stable, voire légèrement augmenter. La volonté politique est en effet de favoriser les « ULIS », dispositifs globalement plébiscités par les acteurs de l'Éducation nationale pour prendre en charge certains élèves en situation de handicap.
Les prévisions ne diffèrent pas concernant les évolutions d'effectifs du public et du privé.
Évolution des élèves
scolarisés en élémentaire,
préélémentaire
et en écoles
« ULIS » entre 2023 et 2028
Source : commission des finances d'après la DEPP
Le nombre d'élèves du premier degré s'établirait à moins de 6 millions en 2028. Ces prévisions tiennent compte des évolutions politiques intervenues, notamment de la mise en oeuvre du choc des savoirs, qui devrait impliquer une hausse des redoublements en CM2, dernière année avant l'entrée au collège.
La baisse des effectifs du premier degré aura nécessairement un effet retardé sur le second degré.
3. Les effectifs d'élèves du second degré, une baisse moindre mais vouée à s'accentuer dans les années à venir
La baisse de 130 000 élèves du second degré d'ici à 2028 n'aura pas les mêmes effets selon la filière concernée. Ainsi, le collège perdra près de 140 000 élèves, soit 4,1 % de ses effectifs, d'ici quatre ans. Le lycée général et technologique perdra environ 18 000 élèves, soit 1 % de ses effectifs.
À l'inverse, les effectifs des lycées professionnels devraient augmenter de près de 30 %, en répercussion probablement de la réforme du lycée professionnel menée ces deux dernières années et qui a contribué à en renforcer l'attractivité. L'autre facteur de hausse des effectifs des lycées professionnels est la réforme annoncée du diplôme national du brevet (DNB), qui selon le ministère devrait s'appliquer à partir de 2026, rendant obligatoire l'obtention du DNB pour passer en seconde.
Évolution des effectifs
d'élèves au collège, lycée général et
technologique
et dans la voie professionnelle entre 2022 et
2028
Source : commission des finances d'après la DEPP
La diminution du nombre d'élèves constitue une justification évidente de la baisse annoncée du nombre d'enseignants. Toutefois, on peut la considérer également comme une opportunité pour améliorer les taux d'encadrement des élèves, par exemple en ne diminuant pas dans les mêmes proportions les emplois d'enseignants.